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(Dix heures trente-trois minutes)
M. St-Pierre Plamondon :
Alors, bonjour, tout le monde. Je veux revenir rapidement sur la décision de la
Cour d'appel d'invalider la loi 59, donc, essentiellement, d'intervenir
dans la volonté unanime des partis de maintenir la carte électorale actuelle.
Donc, rappelons que le Parti québécois, comme tous les autres partis, s'était
fortement opposé à cette réforme-là parce qu'essentiellement, à plusieurs
endroits, ce qui était proposé n'avait aucun sens, puis on comprend qu'il y a
des questions de ratio d'électeurs par comté, mais il y a d'autres
considérations, surtout dans un territoire où la réalité urbaine ou de banlieue
n'a rien à voir avec la réalité en Gaspésie, dans un territoire aussi comme... Si
on prend le comté de Camille-Laurin, parce que ce qui était proposé, c'était de
redécouper Camille-Laurin avec Anjou, puis enlever des parties de
Camille-Laurin qui sont imbriquées avec l'autre partie en termes de groupes
communautaires, en termes de fonctionnement, pour Camille-Laurin, on se retrouvait
littéralement avec une circonscription Frankenstein à tous les niveaux, rien à
voir... pas de connexion avec Anjou, même géographiquement, au niveau des
routes, il y a vraiment une division qui est évidente.
Donc, la proposition qui était... celle qui
avait été débattue, à l'époque, était contre le principe des communautés
naturelles à plusieurs égards, elles posaient problème parce qu'on parlait
d'une fusion des circonscriptions de Gaspé et de Bonaventure. C'est vraiment
mal comprendre c'est quoi, le travail d'un député. Et là se pose la
question : est-ce qu'un juge de la cour d'appel, qui est non élu, est bien
placé pour évaluer ces considérations-là? On est en train d'invalider la
volonté unanime d'un Parlement démocratiquement élu au nom d'une interprétation
de l'article 3 de la Charte canadienne des droits. Allez lire cet
article-là, c'est un article succinct qui parle du droit de vote, et donc on
est devant, ce que je pense, est un manque de prudence des pouvoirs non élus,
c'est-à-dire le DGE et les tribunaux vis-à-vis le pouvoir démocratique,
rappelons que la démocratie, c'est que des gens élus soupèsent plusieurs
considérations. Si des pouvoirs non démocratiques prennent une seule de ces
considérations-là dans un raisonnement juridique et laissent tomber toutes les
autres conséquences sociales entourant n'importe quel projet de loi, bien, je
pense que la démocratie recule, parce que la démocratie, c'est l'expression de
la volonté populaire à travers des élus qui vont vers le peuple et qui disent :
Nous, on pense ça. Ensuite, exercez votre droit de vote.
Donc, ce n'est pas acceptable et ça va
mener à plusieurs problèmes qui vont bien au-delà du nombre d'électeurs par
circonscription. Il y a d'autres critères qui, de notre avis puis de l'avis de
tous les partis, donc on ne peut pas dire que c'est de la partisanerie, tous
les partis pensent qu'il y a un problème, mais ça ne semble pas peser très
lourd dans la balance de gens qui sauraient mieux, puis comprendraient mieux,
ces questions là, notamment, comprendraient mieux le travail d'un député,
c'est...
M. Paradis : ...avec des
intérêts électoraux distincts.
M. St-Pierre Plamondon :
Bien, c'est ça. C'est ça.
Journaliste
: Est-ce
que ça doit aller en Cour suprême, ça?
M. St-Pierre Plamondon : Je
le souhaite. Le problème, c'est que là, il faudrait évaluer... parce
qu'évidemment, on a demandé une suspension de la décision. Ça a été refusé. Ça
veut dire que, là, le DGE se trouve pris à procéder dans la préparation de la
prochaine élection. Et là, bien, se pose la question : Est ce que la Cour
suprême veut et va se saisir de la question dans des délais qui permettent de
vraiment se pencher sur ce rapport entre les choix démocratiques d'élus, dans
une longue tradition de changements, seulement s'ils sont consensuels, parce
que sur ces questions-là, là, la tradition veut que... on... on s'entend tous
avant de bouger, ou est ce que ce soit... ça devrait être des juges ou d'autres
non élus comme le DGE, qui décident de ces questions-là? Elle est fondamentale,
elle mérite, à mon avis, d'être évaluée par la Cour suprême, mais dans quels
délais et comment? Les partis politiques, en ce moment, sont censés se
préparer. Si on ne sait même pas si on a une candidature dans Gaspé?
Journaliste : Mais pour
passer par-dessus un jugement comme ça, s'il y avait, par exemple, une
modification de la loi par... de façon unanime par le Parlement, le Parlement
est au-dessus de... des décisions des tribunaux dans une loi, non?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est ce qu'on peut évaluer sur une base transpartisane, c'est-à-dire qu'on
avait un consensus de tous les partis la dernière fois. Les tribunaux
interviennent assez loin en disant : Non, on va forcer le jeu, dans quel
cas commencera, aujourd'hui, une discussion transpartisane de comment...
indépendamment, parce que c'est très intéressant comme situation, l'intérêt des
libéraux n'a rien à voir avec l'intérêt des péquistes sur le plan électoral.
Donc, on est... je pense qu'on est un peu au-dessus de considérations terre à
terre de partisanerie, on est devant la question : Est-ce que le
Parlement, l'Assemblée nationale, va maintenir son droit de faire des lois
lorsque d'autres pouvoirs veulent s'arroger ce... ces questions-là?
Journaliste
: ...droit,
j'imagine.
M. St-Pierre Plamondon :
Exact, mais...
Journaliste
: Oui?
Donc, vous reconnaissez que les tribunaux... que les citoyens et les groupes
ont le droit de s'adresser aux tribunaux pour contester des lois ou des choses
qui se passent dans ce Parlement, aussi souverain soit-il.
M. St-Pierre Plamondon : Exact.
Que faisons-nous, suivant votre logique, si le pouvoir des tribunaux s'élargit
aux dépens du pouvoir de l'Assemblée nationale, constamment, à même des
interprétations que je qualifierais de créatives? Parce qu'allez lire l'article 3
de la charte canadienne...
Journaliste : ...élargissement
par rapport à l'exemple très concret de ce jugement-là qui a été émis hier.
M. St-Pierre Plamondon : Contrairement
au jugement de première instance, où est-ce qu'on exerce une forme de prudence
dans l'interprétation créative qu'on fait de l'article 3, et ensuite on se
demande, suivant le test Oakes, l'article 1, est-ce que c'est raisonnable,
est-ce qu'on laisse un peu les Parlements faire ce qu'ils ont à faire avec un
doute, on est devant, à la Cour d'appel, un interventionnisme important, mais
de la même manière que d'autres jugements récemment veulent forcer et
contraindre le Parlement de légiférer sur toutes sortes de questions en
contravention d'une volonté démocratique claire.
Et ce débat-là a lieu pas seulement au
Québec, il a le lieu partout en Occident, c'est-à-dire quoi faire pour demeurer
dans un État de droit, maintenir la confiance puis le principe de l'État de
droit, mais en ayant quand même une réflexion sur comment on protège la
démocratie de pouvoirs de non-élus, qui va toujours en accroissement, au
détriment de la capacité du Parlement de s'exprimer au nom du peuple. C'est une
vraie question.
Journaliste
: ...dans
ces articles-là, là.
M. St-Pierre Plamondon :
Pardon?
Journaliste
: La clause
dérogatoire ne pourrait pas s'appliquer dans...
M. St-Pierre Plamondon : Elle
ne s'applique pas, mais... en tout cas, pas de ce qu'on a compris à date.
Journaliste : ...vous avez
dénoncé la volonté du gouvernement de museler des contre-pouvoirs.
M. St-Pierre Plamondon :
Exact.
Journaliste : Est-ce que, de
ce cas-ci, ce n'est pas, justement, l'expression d'une saine démocratie que de
constater que ces contre-pouvoirs-là fonctionnent?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
parce que la démocratie, dans son essence, c'est de laisser des élus faire des
lois à la majorité du Parlement, et on constate un empiétement toujours plus
grand sur ce principe qu'est la démocratie. Et dans quels cas il ne faut pas
museler les contre-pouvoirs, mais il faut aussi les baliser, parce que, si le
contre-pouvoir devient le pouvoir, au détriment de la démocratie, se posent
d'autres problèmes d'abus.
Et donc la question, ici, c'est quel est
l'équilibre entre ces contre-pouvoirs nécessaires? Et là moi, je trouve ça
déséquilibré parce que tous les partis de l'Assemblée nationale, qui n'ont pas
les mêmes intérêts partisans, ont clairement indiqué une volonté claire, et il
y a à nouveau une intervention des tribunaux pour se substituer à ce pouvoir
démocratique, suivant quelques critères mais en omettant tous les autres
critères qui nous ont amenés, nous, à dire : Là, il y a d'autres choses
que juste le ratio d'électeurs, avec le nombre de comtés, là, il y a des
considérations géographiques puis des considérations de communauté cohérente.
Pas qu'on va laisser ça là pour toujours, là, il y a d'autres réformes, il y a
d'autres... mais, clairement, le résultat qui nous avait été présenté était à
l'insatisfaction de tout le monde. C'est ce que la première instance, le juge
de la Cour supérieure, c'est ce qu'il a exercé comme jugement et comme
prudence, de dire : Il y a quand même une longue tradition d'avoir les
partis politiques, d'accord, je ne m'immiscerai pas puis je ne substituerai pas
mon jugement à tous les partis politiques unis de l'Assemblée nationale.
Journaliste : Ça reste que
l'unanimité de ça reflète une certaine partisanerie. Vous l'avez dit, vous avez
votre vision de ça, qui n'est sans doute pas la même que le Parti libéral du
Québec. C'est que vous avez avantage à ce que ça ne change pas, pour le Parti
québécois.
M. St-Pierre Plamondon : Non,
c'est ça, c'est qu'en fait, si on regarde en termes de probabilités de gagner,
là, des comtés, nos probabilités en général sont plus faibles sur l'île de
Montréal qu'à l'extérieur. Puis donc suivant notre raisonnement, c'est dans
notre intérêt de gagner plus de comtés dans le 450 puis dans le Centre-du-Québec
puis d'avoir moins de comtés à Montréal, mais on n'est pas là-dedans du tout.
Des partis politiques qui n'ont pas le
même intérêt électoral sont tous d'accord que la réforme proposée posait
problème. Si les tribunaux ne respectent pas ce constat, au-delà de la
partisanerie, parce que nos intérêts partisans sont contradictoires, si même
des partis qui n'ont pas les mêmes intérêts finissent par dire ça ne fonctionne
pas puis qu'il n'y a pas de respect pour ça, on a un problème.
M. Paradis : Ce sont des
questions concrètes, puis là je veux mettre deux questions en lien. La question
des contre-pouvoirs... des pouvoirs et contre-pouvoirs, c'est une question de
dialogue. Ça n'implique pas que c'est toujours un seul des pouvoirs qui a le
dernier mot et les autres pouvoirs doivent se taire. Donc, ici, on est en
dialogue. Et, pour revenir à cette question-là, c'est parce que... Pourquoi,
pourquoi la Coalition avenir Québec, Québec solidaire, le Parti québécois, le
Parti libéral, qui, lorsqu'on parle des régions affectées, ont des intérêts
électoraux et des intérêts politiques complètement distincts, pourquoi on est
d'accord sur le caractère inapproprié de la réforme proposée? C'est parce qu'il
y a d'autres considérations qui ne sont pas assez soupesées par les tribunaux.
Par exemple, à quel point ça va rendre plus difficile l'accès des citoyens à
leur député, parce qu'il faut rouler plusieurs heures pour aller rencontrer son
député? À quel point la grandeur des circonscriptions va être considérée ou pas
par les tribunaux? À quel point la réalité géo... géopolitique, sociale,
économique des quartiers ont été considéré? Paul St-Pierre Plamondon le disait
tout à l'heure, dans le cas de l'île de Montréal, on a divisé très
artificiellement des gens qui ne vont pas ensemble. En fait, donc, ce sont des
considérations qui vont au-delà des intérêts partisans des partis, mais dont le
tribunal, manifestement dans sa décision, n'a pas assez tenu compte. Donc,
c'est pour ça l'intérêt du dialogue.
Journaliste
: De façon
très concrète, est-ce que c'est réaliste ou dans quelle mesure c'est réaliste
pour le DGEQ de redessiner la carte électorale d'ici les élections de 2026...
M. St-Pierre Plamondon :
C'est un autre problème très tangible. Bonne question, mais je... Je ne
comprends pas trop comment ça fonctionnerait. Puis là il va y avoir un appel de
ça. Il va y avoir... Bref, je reprends les propos de Pascal Paradis parce que
ça traduit bien notre pensée. Vous avez devant vous deux juristes, deux membres
du Barreau pour l'État de droit. Et on vous dit : Les contre-pouvoirs ne
doivent pas devenir finalement la... l'appropriation du pouvoir par un de ces
contre-pouvoirs-là au détriment du principe démocratique. Donc, rappelons
qu'est-ce qui était l'échafaudage des démocraties occidentales. Le pouvoir
s'exerce de manière démocratique, sauf exception. Et ces exceptions-là doivent
être limitées à des cas précis, parce que plus ça devient la norme et moins
c'est l'exception, bien, plus on s'éloigne du principe démocratique de lien
entre le peuple et ses choix à travers ses élus. Et il est là le débat dans
cette question-là, je veux dire. Le Parti québécois va s'en remettre, là. Peu
importe l'issue de ça, là, on va... on va prendre des décisions en conséquence
puis on... Mais... Mais au-delà des considérations du découpage de la carte se
pose la question qui me tient plus à cœur de la faculté de l'Assemblée
nationale de refléter la volonté populaire sans qu'il y ait un autre pouvoir
qui vient s'arroger le pouvoir démocratique.
Journaliste
: Qu'est ce
que vous avez pensé des révélations du bureau d'enquête ce matin?
M. St-Pierre Plamondon :
Bien, je... J'ai le mérite de vous avoir parlé de culture de corruption au PLQ
depuis maintenant un mois? Au début, on a menacé de me poursuivre parce que
j'osais dire ça. Je ne pense pas que je vais me faire poursuivre... on s'entend
bien. Et là-dessus comprenons que... Que Pablo Rodriguez soit au courant ou non
de ce stratagème de prête-nom n'a plus d'importance parce que, vraisemblablement,
à l'échelle du parti au complet, il y a des pratiques qui sont acceptées et
connues de plus d'un individu, puis que ça n'a fait réagir personne à l'interne
avant que les journalistes fassent leur travail. Et ça, c'est un problème de
culture généralisée.
Donc, compte tenu... Également, je
regardais les chiffres d'argent amassé, là, plus de 300 000 $ pour
une chefferie, là, c'est trois fois ce qu'un candidat comme moi a pu ramasser
au Parti québécois dans un parti de membres, alors que le Parti libéral n'est
pas un parti de membres. Le nombre de membres est limité. Donc, comment on fait
pour ramasser autant d'argent quand on n'a presque pas de membres puis que ces
membres-là ne sont pas actifs? Je réitère ce que je vous ai dit il y a maintenant
une semaine et demie, le pot aux roses de cette affaire-là, si vraiment il y a
eu des brownies pour influencer le résultat de la course, puis si vraiment il y
a eu des prête-noms pour influencer la course, c'est d'où vient l'argent? Parce
qu'on n'influence pas une course avec trois fois 500 $. Ce n'est pas trois
votes qui font la différence. Si vraiment il y a des activités pour influencer
l'issue de la course, on parle de dizaines, voire de centaines de milliers de
dollars. Et la question à 1 000 $, et c'est le cas de le dire, ça va
être qui finance ça, et pour quels intérêts?
Journaliste
: ...retour
d'ascenseur.
M. St-Pierre Plamondon :
Et voilà. C'est exactement ça.
Journaliste
: ...on a
l'impression que ça... Il y a peut-être plus d'histoires du genre en raison de
la... des sommes d'argent avancées.
M. St-Pierre Plamondon :
C'est le même stratagème. C'est le même stratagème que le financement sectoriel
découvert à la commission Charbonneau, à savoir qu'on finance un parti à
travers toutes sortes de méthodes douteuses en échange d'un avantage économique
lorsque ce parti-là sera au pouvoir. Et c'est ça, le Parti libéral. C'était le
même deal dans les années 70, c'était dans le même deal dans les années de
Taschereau. C'est ça, le Parti libéral, échanger du financement puis des moyens
pour gagner une élection en échange d'avantages une fois au pouvoir.
Journaliste
:
...conclusion que de dire que c'est répandu quand, jusqu'à preuve du contraire,
c'est une personne qui envoie un texto ou en tout cas un échange de textos, là?
M. St-Pierre Plamondon : C'est-à-dire
que moi je défends le point de vue depuis mon livre de 2020, que je vous ai
cité, qu'il y a dans ce parti-là, le Parti libéral, un historique constant de
scandales de cette nature-là. Donc c'est basé sur les années 70, 80, 90,
2000, la constance de ce genre de conflits d'intérêts, puis de pratiques
douteuses qui m'amènent à dire il y a toujours eu cette culture-là, donc est-ce
que je suis surpris d'apprendre qu'on paye des gens 100 $ pour les faire
voter puis influencer le soir de la course, qu'on utilise des prête-noms, que
peut-être un ou une élu de l'Assemblée nationale aurait même triché sa propre
investiture pour devenir candidat aux candidates? Tout ça n'est pas surprenant
si on s'intéresse au modus operandi du Parti libéral à travers toutes les
décennies précédentes. C'est dans ce sens-là que je pense qu'il y a une
culture.
Journaliste : ...aussi on
fait du sectoriel par le passé, là, le PQ aussi en a fait du sectoriel, là.
M. St-Pierre Plamondon : On
n'est pas du tout dans cette culture-là. La preuve, c'est que quand on mobilise
nos membres pour faire des dons, on a des vraies personnes qui sont des
militants...
Journaliste : Vous avez
changé de méthode ou il y a eu des prête-noms à une certaine époque au Parti
québécois aussi, là.
Journaliste : Il y avait eu
des remboursements d'ailleurs du Parti québécois. Comme tous les partis,
d'ailleurs.
M. St-Pierre Plamondon : Je
pense que la culture est très différente. Et de comparer ce que le Parti
libéral nous a fait vivre avec tout ce que vous pourrez trouver sur 50 ans
d'histoire du parti, parce qu'évidemment le Parti québécois n'est pas parfait,
mais de dire que la culture du Parti québécois en termes de lutte à la
corruption serait la même que les libéraux c'est, à mon avis, indéfendable. Et
en ce qui a trait au Parti québécois sous ma gouverne puis sous ce que je
contrôle, on est un parti libre, puis qui a profité de son caractère
improbable. C'est-à-dire que participer à la course à la chefferie 2020,
là où on était dans les sondages à l'époque, puis encore aujourd'hui, la
manière dont on s'est bâti, on est on ne peut plus libre.
Journaliste : ...aucune trace
du rapport... de ce qui était évoqué dans le rapport Moisan, par exemple, au
Parti québécois, on ne peut pas trouver aucune...
M. St-Pierre Plamondon : Du
tout. Mais c'est le Parti québécois qui a permis les réformes pour ne plus être
là-dedans. Rappelez-vous que, ce que vous mentionnez là, c'est avant nos
réformes pour essayer de contrôler le financement politique. Ce sont des
réformes péquistes qui ont mené à l'amélioration et l'assainissement des mœurs
politiques. À l'évidence, on n'est pas au bout de nos peines. Mais c'est
beaucoup mieux que dans les années 70 où il y avait carrément des sacs de
cash qui transitaient, là. Donc le PQ va continuer son travail d'assainir le
mieux possible, puis je comprends que ça nous occupe beaucoup, là, ce qui est
au Parti libéral, mais il y a des chances que ce soit à l'insu du chef Pablo
Rodriguez, puis que ce ne soit pas si répandu, puis, dans tel cas, il faut se
souvenir de comment fonctionne une démocratie comme les Américains juste au
Sud, là, puis comment fonctionne plusieurs endroits dans le monde. Sur une base
comparée, même si c'est fâchant d'entendre, puis de voir ce qu'on voit là, sur
une base comparée, nos mœurs politiques sont nettement meilleures que bien des
pays dans le monde, mais à l'évidence, on n'est pas allé au bout.
Par exemple, il y a un trou dans la loi
sur les courses à la chefferie. Ça paraît. Bien, on va juste le réformer, puis
on va s'améliorer jusqu'à tant qu'on ait complètement assaini des mœurs qui se
sont améliorées depuis ces réformes-là.
Journaliste
: Est-ce
que Pablo Madrigal est un chef illégitime?
M. St-Pierre Plamondon : Ça
fait quelques fois qu'on me pose cette question-là...
Journaliste
: Il y a
des allégations sur sa chefferie, donc ça pose quand même la question.
M. St-Pierre Plamondon : Pour
poser des constats sur la légitimité de son poste, ça prend plus que des
allégations. Moi, je ne suis pas surpris de ce qu'on apprend, je fais
entièrement confiance au travail journalistique et donc je pense qu'il y a une
grave erreur du côté du Parti libéral de simplement alléguer que c'est des
rumeurs, là, et poursuivre en plus. Mais de là à faire du commentariat sur les
autres partis, puis les autres chefs...
Journaliste : Qu'est-ce qu'il
devrait faire?
M. St-Pierre Plamondon : Ah,
je le laisse gérer ça, c'est... c'est son monde, c'est son parti, je...
Journaliste : ...est-ce que
ce serait une bonne nouvelle qu'il soit encore là aux prochaines élections?
M. St-Pierre Plamondon : En
tout cas, moi, je ne me serais pas présenté au Parti libéral. Ça fait que lui,
s'il a fait ce choix-là, il va vivre avec. Il va... il va vivre avec cet
environnement-là, il va essayer de défendre ça ou il va essayer de réformer ça.
Il fera ce qu'il veut.
Journaliste : ...ça fait mal
à l'image de Pablo Rodriguez en ce moment, ça fait mal à l'image du Parti
libéral, mais est-ce que ça fait aussi mal à la politique québécoise en
général? C'est pour ça qu'on vous pose la question. Dans le sens où on est-tu
rendus à dire que Pablo Rodriguez devrait se retirer parce que le malaise est
généralisé?
M. St-Pierre Plamondon : Je
pense que le Parti libéral doit aller au bout des enquêtes qu'il a promises
d'abord et avant tout, qu'on comprenne dans le menu détail de quoi il s'agit,
puis ensuite on pourra peut-être énoncer des raisonnements. Puis encore là, le
principe, c'est qu'on ne s'immisce pas dans les affaires internes des autres
partis. Mais si je devais le faire, ce serait sur la base d'une enquête qui a
été faite de manière complète où est-ce qu'on a toutes les explications. En ce
moment, on a des bribes, c'est comme un casse-tête où est-ce que la moitié des
morceaux nous manquent donc, non, pour l'instant je n'ai pas de commentaire.
Journaliste : ...peut-être le
pouvoir, là. Comment en ce moment vous êtes capable de vous protéger du fait
qu'il y a peut-être des gens qui vont vouloir profiter de cette situation, là?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
super intéressant. C'est une discussion qu'on a à l'interne avec des gens qui
ont lutté contre la corruption pendant plus de 20 ans à l'international,
comme Pascal Paradis, ici présent. Puis essentiellement, les lois nous protègent
beaucoup plus qu'à une autre époque, ou beaucoup plus qu'aux États-Unis. Parce
que moi, si quelqu'un me donne 100 piasses, là, pour l'année électorale,
qu'est-ce que vous voulez que ça change dans mon... ma prise de considération
des sujets dont on discute ce matin? Rien.
Donc, la réforme nous a amenés quand même
loin en termes d'indépendance d'esprit puis d'impartialité des élus. Mais à
l'évidence, il y a encore des trous et il y a peut-être aussi des mécanismes de
surveillance défaillants. C'est-à-dire qu'une fois que les règles ont de
l'allure, il y a toujours des tricheurs, là. Donc, supposons que Pablo
Rodriguez n'était pas au courant, mais que certaines personnes dans le parti
l'étaient, mais qu'est-ce que ça dit sur nos mécanismes de vérification de ces
processus-là? Donc, peut-être qu'on va aller du côté de renforcer le DGE ou
d'autres instances en accompagnant ces événements-là comme une course à la
chefferie pour être certain que les lois soient respectées. Peut-être que c'est
là qu'on va aller, mais je fais juste plaider la chose suivante : Quand
Lévesque est élu en 1976, il se plaint de la corruption de Bourassa, puis il
fait des publicités en disant on va faire le ménage, ça a mené à la première
réforme sur le financement des partis politiques. Puis, même si c'est un
caquiste, je salue Bernard Drainville. Il y a eu une autre réforme, ensuite,
sur le Parti québécois, en se disant on n'est pas assez... on n'est pas allé
assez loin puis il y a encore des conflits d'intérêts.
Donc, somme toute, on est une société qui
s'est améliorée en matière de prévention des conflits d'intérêts à travers le
financement. Là, il y a un trou dans les chefferies. Un gouvernement du Parti
québécois va légiférer là-dessus et sur tout autre renforcement des mesures pour
qu'on ne soit pas pogné là-dedans, parce que, comme vous le soulignez, ça joue
sur la confiance de la population, même si entre vous et moi, on ne le sait pas
ce qu'il y a devant nous. Il y a peut-être un gars étourdi qui s'est mis à
faire du zèle. On ne le sait pas.
Journaliste : C'est quoi la
responsabilité de M. Rodriguez si sa campagne a été financée, entre autres, par
des prête-noms à son insu? C'est quoi sa responsabilité si c'est arrivé?
M. St-Pierre Plamondon : Ça
m'a fait penser, moi, aux dépliants. Les dépliants ont pris beaucoup de place
en 2022 et ni QS... à mon avantage, rappelons-le, mais ni QS, ni le PQ, ni les
libéraux ont vraiment le contrôle sur leurs militants dans une boîte à malle.
Je ne pense pas que QS a donné instruction à qui que ce soit de voler mes
dépliants. Ça ne se peut pas, là. Donc, il y a un bout pour les chefs
politiques où est-ce que tu ne contrôles pas tous tes militants. Puis, à ce
moment-là, il faut en prendre puis en laisser par rapport à la responsabilité
du chef, si c'est un acte isolé. Là où ça vire mal, puis là où le Parti libéral
a une longue... c'est, pour reprendre les mots de Gomery puis reprendre les
mots de la Commission Charbonneau, lorsqu'on est devant un système bien huilé.
C'est quoi un système huilé? C'est la systématisation des prête-noms, de
l'argent. Puis regardez les chiffres de la dernière chefferie, là, du PLQ.
C'est impressionnant. Ramasser plus de 300 000 $ quand tu n'as
presque pas de militants réels, là. Ils ont peut-être des pouvoirs magiques que
je n'ai pas.
Journaliste : Avez-vous
l'impression que le Parti libéral du Canada est en train de prendre le contrôle
jusqu'à un certain point du Parti libéral du Québec?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
drôle, moi j'ai vu ces analyses-là, puis je ne les partageais pas. À mon avis,
le Parti libéral du Canada a toujours eu le contrôle du Parti libéral du Québec
sur le plan de la philosophie politique. Peut-être que là, on est passé à un
autre niveau où est-ce que c'est la prise de contrôle effective du parti. Mais
en termes de lien féodal entre le PLQ puis le PLC, le PLQ a toujours été le
perroquet du régime fédéral, quitte à travailler contre l'intérêt des
Québécois. De mon point de vue à moi, il n'y a rien de neuf là.
Une voix : ...
M. St-Pierre Plamondon :
Bien, c'est ça. Comme si on allait une étape plus loin. Et je leur souhaite
bonne chance avec ça, parce que du point de vue d'une majorité d'électeurs, tu
regardes ça puis tu dis : Mais là, vous travaillez pour qui vous? Pour
vrai, là. Normalement, on est supposé travailler pour les électeurs.
Une voix : ...
M. St-Pierre Plamondon :
Pardon?
Journaliste
: Joël
Lightbound comme Lieutenant du Québec. Avez-vous un commentaire?
M. St-Pierre Plamondon :
Écoutez, là. Ce n'est pas tant Lightbound que Marc Miller, moi, qui m'a fait
avaler mon café de travers. Le gars était en charge de nous faire croire que
l'identité canadienne n'existe plus, puis on est dans un monde postnational. Le
gars a travaillé très fort contre le Québec dans plusieurs dossiers puis là, il
est en charge de la promotion de cette même unité canadienne, identité
canadienne qu'on prétendait il n'y a pas si longtemps n'existe plus puis que l'identité
québécoise, ce serait une forme de repli sur soi douteux. Écoutez, là, moi
je... j'espère que les gens vont prendre un peu de temps pour voir ce qui se
passe en politique fédérale. Notre problème, puis là, je me permets, je m'en
permets ce matin, à l'évidence...
Une voix : ...
M. St-Pierre Plamondon : Il
ne vient pas? Bon, bien, je suis là pour vous. Le... Ce qui se produit...
Des voix : ...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
mais c'est mon... mon équipe est comme : Non, non! Réfléchissons un peu.
Dans votre travail, moi, ce qui me fascine, c'est que c'est comme si la seule
vraie politique qui existe, c'est ici, à Québec. Alors, regardez comment nos
médias traitent la politique fédérale, on traite ce qui se passe au fédéral un
peu comme si c'était un pays étranger dont on entend vaguement les nouvelles,
mais on ne suit pas ce qui se passe. Regardez le faible niveau de commentariat
puis d'éditoriaux ou de réflexions sur ce qui se passe à Ottawa, c'est comme si
ce n'était pas notre gouvernement parce que c'est le cas, mais c'est quand même
la moitié de nos impôts, puis un gouvernement qui, souvent, nous fait des coups
inqualifiables en termes de travailler contre le Québec. Donc sur des affaires
comme Marc Miller, Joël Lightbound, ce que Steven Guilbault dit... Il faut que
les gens s'intéressent un peu au régime fédéral, c'est un endroit rempli de
conflits d'intérêts, rempli de gaspillage et qui, malheureusement, souvent, utilise
nos impôts québécois contre nous, contre le Québec. Et ce... il faut mettre du
temps, un peu, pour s'en rendre compte, parce que sinon, ce qu'on entend
vaguement, c'est toujours leur ligne, là : Nous allons continuer à
collaborer, à travailler ensemble pour plus de collaboration, de travail, etc.
Aller au-delà de ça nous permet de découvrir que c'est un régime véritablement
toxique.
Journaliste
: So, basically, Pablo
Rodriguez or the Québec Liberal Party is not holding a scrum as usual at 11:20...
M. St-Pierre
Plamondon : I just learned this.
Journaliste
:
They are supposed, maybe, to speak later today, we don't know yet for sure.
What does that tell you, the alleged scheme that was revealed by the
Investigation team of Québécor, again today? What does that tell you?
M. St-Pierre
Plamondon : For the benefit of everyone who
listens to those press conferences, journalists don't publish things if they
haven't verified the authenticity of it. Of course, we make mistakes, so
journalists can make mistakes, politicians can make mistakes, but those
mistakes don't occur very often, especially when the stakes are very high. When
the thing is really big, people do their verifications, so the whole theory of
the Liberal Party that there are rumors, but they don't hold, we… we won't take
into account that information because it is information, that's what it is…
It's just a wrong path and I think the reason why, I'm just learning, right
now, that they're not holding their press conference, is that they realized
that they are in a corridor without any doors, and that is a highway to hell.
That is to say to everyone that what is published about text messages, that has
been verified, have not existed and that everything is not true. It's not going
to hold, obviously, and it corresponds to the history of the Liberal Party of
Québec throughout all decades.
Journaliste
:
…strong to say say that…
M.
St-Pierre Plamondon
:
I believe and I have facts in
support, of… stating that in the 70's, in the 80's, in the 90's and the 2000's,
whether it's for elections or the referendum, the Liberal Party of Québec have
always… has always been involved in very dubious schemes and conflicts of
interests and corruption. And that's why I'm spending a lot of time giving
interviews and talking to anglophones in… in Montreal and throughout Québec,
telling them: I know in a certain era, we used to say “Better crooks that
separatists.” It's… I don't know which… which person from The Gazette said
that…
Journaliste
:
Philippe would know.
M. St-Pierre
Plamondon : Yeah?
Journaliste
:
Yeah. He's not here today, but I'll…
M. St-Pierre
Plamondon : “Better crooks than separatists.”
We need to get out of that. We do not deserve corruption, we don't want a new
era of corruption, and the government of the Parti québécois will make
anything, any reform necessary to deal with those issues, there are issues
pertaining to leadership races and there's a blank in the law, we will deal
with it. But… to deal with our own finances, to make our own decisions, to
exist internationally is a good thing, and in no circumstances we should accept
corruption because we fear our own Parliament, and we fear that we are not all
together in the same society, in the same future, so for me, it's going to be
important, in the next month, to spend time talking with all Quebecers and
telling them: we are Quebecers, all of us, and we have a common interest in
having sound, intelligent policies and as little corruption as we can achieve.
Journaliste
:
As you said earlier, there are allegations so far. It's not enough for you
yet to put into question the leadership of Pablo
Rodriguez.
M. St-Pierre
Plamondon : Not really, no.
Journaliste : Not yet?
M. St-Pierre
Plamondon : Not yet, because the verifications
and the inquiries are not done, and it's very difficult and it's not
appropriate, I think, for a leader of a party to just have an involvement in
internal affairs of other parties. If an external inquiry tells us that it's
really problematic, you'll hear me out. No, no doubt. Thank you. Merci.
(Fin à 11 h 04)