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(Treize heures trente-huit minutes)
M. St-Pierre Plamondon : Alors,
bonjour, tout le monde. Très heureux d'être ici avec mon collègue Pascal
Paradis pour vous parler du troisième chapitre du Livre bleu qui porte sur les
questions de Constitution et qui s'intitule L'avenir constitutionnel du Québec.
Donc, c'est une journée bien choisie parce que s'ouvrent aujourd'hui les
consultations de la CAQ sur leur Constitution. Donc, on trouvait ça important
de faire connaître notre marche à suivre, advenant un gouvernement du Parti
québécois, par rapport à ces questions-là. Nous allons essentiellement vous...
vous présenter un calendrier en cinq étapes et ce calendrier sera suivi point
par point. C'est important, donc, d'être clair et précis sur notre démarche, à
l'image de ce qu'on a fait sur les autres questions, là, la monnaie par
exemple, récemment, les relations internationales. Et c'est la démarche qu'on
va suivre sur tous les sujets qui sont pertinents en préparation de cette
transition importante.
Donc, sur la question constitutionnelle,
vous trouvez cinq étapes, je vais vous les expliquer une par une et ensuite on
répondra avec plaisir aux questions. La première étape, advenant l'élection d'un
gouvernement du Parti québécois, nous mettrons en place une commission
itinérante de consultation et d'information strictement sur la question d'une
constitution provisoire. Donc, notre point de vue, en préparation de... d'un rendez-vous
avec l'histoire qui mènera à la constitution d'un pays qui s'appelle le Québec,
c'est que cette transition vers le pays doit se faire dans un cadre qui assure
que cette transition-là soit respectueuse du fonctionnement des institutions,
des droits de la personne, donc l'essentiel de ce qu'est le fonctionnement d'une
démocratie normale. Donc, dans ce cas-là, on a l'intention de ne pas répéter
les erreurs de la CAQ. Comme vous le savez, ce qui cloche le plus, en ce moment,
avec le projet de constitution de la CAQ, c'est qu'il est le fruit d'un travail
en vase clos entre quelques constitutionnalistes et le bureau de Simon Jolin-Barrette,
et ça soulève de graves questions de légitimité, de manque de consultation qui
soulève des questions très, très pointues pour lesquelles on n'a aucune réponse,
par exemple, là, plus récemment, on a parlé du droit à l'avortement. Plusieurs
experts viennent nous dire : Faites attention. Mais on ne les a pas
écoutés, ces experts-là, en amont. Donc on ne peut pas répéter ce genre de
problème là, donc, même pour une Constitution qui se veut simplement
provisoire, il y aura une série de consultations partout à travers le Québec.
Le but ici, c'est d'arriver à la base, une Constitution, somme toute, qui vise
l'essentiel et qui permet la stabilité et la continuité de ce qu'on connaît
déjà. Parce que la dernière chose qu'on veut, c'est qu'il y ait, tout d'un
coup, un trou dans le fonctionnement de nos institutions ou dans les droits de
la personne. On s'inspire largement, on ne se le cachera pas, de la
Constitution provisoire du 18 juillet 1995. Donc, c'est un travail qui
avait déjà été conçu dans le cadre du deuxième référendum. Essentiellement, à l'époque,
on s'était posé la question, à quels grands principes, et vis-à-vis quelles
institutions, faut une réflexion pour être certain que tout se passe dans l'ordre.
Et en ce sens, on va répondre à un certain nombre de questions dans cette
constitution provisoire. Merci.
Donc, par exemple, quels sont les
principes fondamentaux de l'État du Québec, donc la liberté, la responsabilité,
la tolérance, la forme de cet État-là, donc une république parlementaire
décentralisée. On va répondre à des questions comme les frontières, la
capitale, le drapeau, le serment d'allégeance, j'allais dire le serment au roi,
mais vous comprenez qu'il n'y en aura pas. La constitution des institutions
politiques, donc, qui est le chef d'État, quelle est l'organisation du
gouvernement, comment fonctionnent les tribunaux, les questions des droits
politiques des citoyens. Évidemment, la préservation des droits individuels, donc
on va être dans la continuité de ce qu'on connaît déjà, et la question des
collectivités spécifiques, là, je parle spécifiquement, ici, notamment, des
anglophones, des autochtones et des minorités, pour être certain que tout le
monde comprenne comment ça va fonctionner en attendant la vraie Constitution.
Et à ce niveau-là, je veux simplement dire
que cette constitution-là, on ne se donne pas beaucoup de temps, là, pour y
arriver, c'est-à-dire une année, deux années, dépendamment du rythme de nos...
consultations itinérantes, et on va essayer d'aller à l'essentiel seulement.
Donc, si jamais des questions pointues et innovantes sont soulevées, on va
faire le choix de déférer des débats de fond pour la vraie Constitution, en
disant : là, pour l'instant, tout ce qu'on se donne, c'est un cadre
transitoire un peu minimaliste, certes, mais qui va amener à une vraie
constitution éventuellement.
Ce qui amène à l'étape deux, l'adoption
par l'Assemblée nationale de cette Constitution provisoire du pays qui rentrera
en vigueur au moment... de l'effectivité de l'indépendance. Donc, ce que ça
permet, c'est qu'au jour un de l'effectivité de l'indépendance, on ne se
retrouve pas dans le vide. Il y a quelque chose qui assure la continuité de ce
qui fonctionne déjà, au Québec, dans le respect de ce qu'on connaît pas mal
déjà comme principes directeurs.
Et ça nous mène à l'étape trois. Après la
victoire du Oui, on va commencer le vrai travail menant à une véritable
Constitution, donc un processus d'assemblée constituante menant à la Constitution
permanente du pays, donc là, on tombe dans «après la victoire du Oui», donc là,
on commence le vrai travail et ce vrai travail-là, il est vraiment intéressant
parce que là, on va faire les choses correctement. On se donne du temps...
donc... deux à quatre ans après l'effectivité, la victoire du Oui, on arrive à
des consultations qui vont être complètes. Ça va prendre un certain nombre
d'années, parce que si on se fie à des processus comme ce qui a mené à
l'adoption de la Charte des droits et libertés au Québec, ça prend un certain
nombre d'années, mais le travail sera bien fait. On veut laisser comme... comme
je le disais, un certain moment, dans un premier temps, pour assurer de la
continuité, la stabilité et insister sur la vigueur économique. Et dans une
période de deux à quatre ans, on commence un véritable, une véritable
consultation, ce qui nous mène à l'étape... quatre, qui est la fin de cette
Assemblée constituante qui prendra le temps qu'il faut que ça prenne, là, il
n'y a pas de... On est déjà avec une Constitution provisoire, donc il n'y a pas
de pression sur la population, on va écouter tout le monde et ça nous mène,
donc à une proposition de Constitution permanente dans un Québec indépendant,
ce qui devra mener à une approbation. Et comme tous les peuples qui se
respectent, bien, on va soumettre au peuple cette nouvelle constitution par la
voie d'une consultation populaire. Donc, suite à la... au fait que le peuple
entérine le travail d'assemblée constituante, ce... cette proposition de Constitution
permanente, bien, il y aura l'adoption de notre nouvelle Constitution.
Donc sur ce, il n'y a rien qu'on vous
présente ce matin qui est différent de ce que tous les autres peuples normaux
dans le monde font et feraient dans des circonstances équivalentes,
c'est-à-dire donner véritablement la voix au peuple, créer un véritable contrat
social, mais sans pour autant miner la stabilité de... des affaires normales
d'une société, là, c'est-à-dire que ça prend du temps à ce qu'on fasse bien les
choses, donc ça prend un plan provisoire. Vous aurez compris que, étant donné
que c'est ça notre plan, ça a un impact sur la légitimité et la portée de ce
que la CAQ a proposé. Parce que la CAQ n'aura consulté personne ou presque,
précipite ses choses, les experts sont presque tous unanimes que la légitimité
populaire au soutien de cette mesure là est très limitée. Et sachant que la CAQ
ne sera pas toujours au pouvoir, ce qu'on vous propose, à notre avis, a un
impact sur l'actualité politique aujourd'hui, mais surtout, donne espoir d'un
travail bien fait en matière constitutionnelle et non pas ce qui a été décrié,
là, par à peu près tous les experts, comme une manœuvre de marketing politique
qui, malheureusement, mine la crédibilité d'un processus important. Nous, on trouve
ça important et sérieux, on va faire une job à la hauteur du sérieux de cet
exercice-là. Donc sur ce, je... je vais prendre vos questions.
Le Modérateur : Merci. On va
effectivement passer à la période des questions, en commençant avec Antoine
Robitaille, le Journal de Québec.
Journaliste : Est-ce qu'il
n'y aurait pas des choses à faire tout de suite en matière constitutionnelle
avant de passer à l'étape du référendum? Est ce qu'il y a... est ce qu'il n'y a
pas des éléments, dans le projet de loi nº 1, qui pourrait faire avancer
le Québec? D'autres chefs souverainistes dans le passé, je pense à Pauline
Marois, quand même... justement, a fait avancer le Québec en matière
constitutionnelle en... par exemple, en passant de commissions scolaires...
linguistiques, c'est-à-dire... commission scolaire confessionnelle à
linguistique, est-ce... Donc, il n'y a rien à faire jusque là? Ou êtes-vous
pris dans une espèce d'impasse, c'est-à-dire que si vous montrez qu'on peut
améliorer le fédéralisme, bien, vous minez votre propre option?
M. St-Pierre Plamondon : C'est-à-dire
que le bilan honnête de huit ans de caquisme, c'est que la prétention de faire
des gains dans le Canada au profit de notre avenir linguistique, culturel et
économique est un échec sur toute la ligne. Nous, c'est notre conclusion et
c'est la conclusion, honnêtement, là, à la lumière des sondages, d'une bonne
partie de la population. Et dans quel cas, on ne s'entêtera pas dans une
démarche et une philosophie politique qui a mené à un mur. Le caquiste va
mourir là-dedans, à mon avis, va se terminer dans cet échec-là, qui a une
valeur pour l'avenir du Québec, parce que des gens qui prétendaient qu'avec un
mandat fort on va obtenir des gains importants dans le Canada et donc faire
progresser la francophonie, nos intérêts économiques et nos intérêts
culturels... ces gens-là ont démontré que c'était faux, que ce n'était pas
vrai.
Donc, nous, on est dans une tout autre
démarche où le Québec va devenir un pays. Et ce que vous avez devant vous,
c'est les étapes normales et sérieuses pour que ça advienne. Donc, c'est très
différent de la philosophie caquiste. Et notre mandat ne sera pas animé par des
subterfuges à se faire croire que la loi n° 96 ou un amendement unilatéral
à la Constitution canadienne va changer quoi que ce soit à notre déclin
linguistique.
Journaliste : Victoire du
oui, c'est vers quelle date, déjà? Non, mais sérieusement...
M. St-Pierre Plamondon : Très
habile comme question, M. Robitaille.
Journaliste : Après la
victoire du oui, est-ce qu'il va y avoir des négociations avec le reste du
Canada pour un partenariat ou une souveraineté-association?
M. St-Pierre Plamondon : Bien
non, c'est plutôt qu'il va y avoir une négociation de bonne foi entre les
parties suivant ce que la Cour suprême du Canada a déjà indiqué, là, ce à quoi
on est... avec quoi on est d'accord. Mais c'est une négociation menant à l'avènement
d'un... d'un pays qui s'appelle le Québec, dans le cadre duquel, bien là, il y
a une discussion qui va avoir lieu avec d'autres provinces canadiennes aussi
qui voudront réagir à ça, dépendamment d'elles sont rendues où. Je pense
notamment à l'Alberta.
Journaliste : ...pourrait
influer sur la définition de la Constitution, c'est-à-dire selon le modèle, là,
tu sais, admettons que vous vous entendez sur une sorte de parlement commun à
l'européenne ou un truc comme ça.
M. St-Pierre Plamondon : Ah,
je comprends. Oui. OK. Supposons qu'on prend l'hypothèse.
Journaliste : Le régime
politique pourrait être déterminé par la négociation.
M. St-Pierre Plamondon : Très
bon point. Si on prend l'hypothèse, en effet, que les autres provinces
canadiennes ont des réflexions sur leur indépendance en ce moment et que ça
pourrait mener à des alliances entre les provinces en disant : On met fin
à l'abus de pouvoir du fédéral puis à l'empiétement du fédéral dans nos champs
de compétence, on est tous d'accord que ça ne fonctionne pas, mais on a intérêt
à collaborer ensemble sur plein de sujets. Puis je m'avance là-dessus parce
que, c'est ce que j'ai constaté dans les autres provinces canadiennes
lorsqu'elles parlent au chef du Parti québécois, on a des affinités. Puis
l'indépendance du Québec, ce n'est pas l'isolement, là, par rapport aux autres
provinces. Ça me semble assez clair. Donc, votre question est juste et c'est
pour ça qu'on commence par une transitoire, simplement pour qu'il y ait de la
continuité, puis qu'on continue dans le système actuel d'une certaine manière
et qu'on donne de l'espace, là. Vous regarderez la flexibilité qu'on se donne,
on dit : Deux à quatre ans pour déclencher la constituante puis le nombre
d'années qu'il faut pour consulter la population. Donc, ça donne un coussin
puis un espace dans le temps de discussion pour savoir, justement, si ça s'en
va où en termes de niveau de collaboration vis-à-vis les autres provinces. Mais
je n'ai pas de doute, en effet qu'il y aura collaboration, mais la différence,
c'est que ce sera désormais dans le respect de chaque parlement.
Journaliste : ...Est-ce
qu'après un oui est-ce que vous... est-ce que les... les citoyens québécois
continuent de payer des impôts au gouvernement fédéral, à l'État fédéral?
M. St-Pierre Plamondon : Ça,
c'est des questions de transition qu'on vous présentera dans un autre document.
Là, on est strictement sur la Constitution.
Journaliste : Je... je vais
m'arroger quelques questions. M. St-Pierre Plamondon. François Carabin, Le
Devoir. Bonjour. Vous parlez donc de constitution, votre propre
constitution transitoire. Donc, qu'est-ce qu'on fait avec la constitution de la
CAQ qui pourrait très bien être entrée en vigueur, là, si éventuellement
vous... vous entrer au pouvoir en 2026?
M. St-Pierre Plamondon : Vous
avez... totalement raison. En fait, en toute vraisemblance, elle va rentrer en
vigueur, hein, parce que, peu importe ce qu'en pensent les autres partis, ils
ont la majorité et ils traitent la Constitution comme une simple loi. Et c'est
ça l'avantage du désavantage de la Constitution caquiste. Le désavantage, c'est
que c'est une simple loi qui ne change rien à l'ordre constitutionnel canadien,
donc qui n'offre que très peu d'avancées, de l'aveu même des experts que Pascal
Paradis questionnait il y a quelques instants. Mais l'avantage, c'est que c'est
une simple loi, c'est-à-dire qu'elle s'appelle Constitution, mais sa légitimité
et son pouvoir vis-à-vis la Constitution canadienne actuelle est tellement
faible qu'elle se remplace par une autre simple loi très, très simplement. Et
c'est malheureusement, étant donné les... les étapes bâclées, là, c'est
malheureusement, je pense, le destin de cette simple loi... simple loi là.
Journaliste : OK. Donc, on la
jette aux poubelles ou, tout au moins, on adopte une loi qui va...
M. St-Pierre Plamondon : La
remplacer.
Journaliste
: ...la
remplacer.
M. St-Pierre Plamondon : Une
loi qui va la remplacer et qui va éviter, là, tous les débats épineux qui ont
mal été évalués parce qu'on veut bâcler le travail en fin de session, là, en
fin de régime.
Journaliste : Sur la question
plus précise de l'avortement, parce que le gouvernement Legault a décidé
d'inscrire, là, la liberté d'accéder à l'interruption volontaire de grossesse
dans sa Constitution, qu'est-ce que vous feriez avec ce droit-là, cet accès-là?
Et, si on se porte un peu dans le futur, dans une éventuelle constitution du
Québec, là, d'un Québec indépendant, est-ce qu'il n'y aurait pas une obligation
d'inscrire le droit à l'avortement dans ce document-là, considérant...
M. St-Pierre Plamondon : En
fait, cette question-là est l'exemple le plus tangible qu'on a à date des
risques d'adopter une constitution sans consulter personne. Donc, je ne sais
pas si la CAQ a mis ça dans la Constitution parce qu'elle croyait faire un
grand coup pour le droit des femmes, mais on se retrouve assez rapidement avec
un certain nombre d'experts très crédibles qui viennent dire en fait :
Vous ouvrez une boîte de Pandore et vous créez peut-être plus de problèmes que
vous régler de questions là-dedans. Ça peut être vrai, ça peut ne pas être
vrai. Mais l'avantage de ce qu'on propose, c'est que, dans la constitution
provisoire, ne vous attendez pas à voir ce genre d'innovation là parce qu'on
veut la base pour de la stabilité, mais ensuite on offre une fenêtre de
plusieurs années où tout le monde sera entendu et que le travail va être fait
avec sérieux pour ne pas commettre d'erreurs dans la précipitation. Et c'est
une grande différence avec le problème qu'on a devant nous, c'est-à-dire très
peu de temps puis des questions fondamentales qui... qui, à l'évidence, ont été
minimalement escamotées, là.
Journaliste : Qu'est-ce qui
se passe avec la jurisprudence canadienne à ce moment-là? Parce que c'est le
droit... le droit à l'avortement, actuellement, dépend de l'arrêt Morgan
Taylor, notamment, alors...
M. St-Pierre Plamondon : Exact.
Sauf que la Cour d'appel, dans la constitution provisoire... je veux dire, le
régime des tribunaux, pour vérifier les lois puis la jurisprudence, ne s'efface
pas du jour au lendemain. Donc, si on a une constitution provisoire, le
modèle 95 prévoyait que la Cour d'appel devenait le dernier tribunal au
Québec. Et cette jurisprudence-là, là, ce n'est pas comme si on faisait tabula
rasa, là. L'idée, justement, c'est d'avoir une continuité. Donc, il n'y a pas
de changement à ce niveau-là.
Le Modérateur : Pierre-Alexandre
Bolduc, Radio-Canada.
Journaliste : Bonjour.
J'aimerais vous entendre sur un texte de ma collègue à Ottawa ce matin qui a
été publié sur le fait qu'à Ottawa on commence à se préparer pour le
référendum, un possible référendum. Ça a l'air que des libéraux qui sont assez
nerveux. Comment vous réagissez à ça, qu'on se prépare déjà, à Ottawa?
M. St-Pierre Plamondon : Je
pense que les sorties récentes des libéraux fédéraux témoignent en effet d'une
absence de préparation, mais surtout d'une absence d'innovation, hein? On nous
sert exactement ce qu'on nous a servi dans les années 90, c'est-à-dire la
peur. On a inventé toutes sortes de choses sur Trump, des sorties qui sont
regrettables, ils vont se faire des rencontres pour y inventer d'autres
tactiques et d'autres stratégies. Mais moi, ce qui me frappe dans les derniers
mois, c'est la spontanéité et la transparence avec laquelle ce régime-là est
venu nous dire qu'en 95 ils allaient tricher et ils étaient de mauvaise foi.
C'est quand même spécial. Un ancien premier ministre du Canada nous a dit pour
le 30e anniversaire : Oui, je vous avais dit durant le référendum que
je reconnaissais le droit à l'autodétermination puis la démocratie des
Québécois, mais en fait, je mentais tout le long, et j'avais un plan de
répression advenant le oui, et j'avais un plan de répression des Québécois
advenant le non. C'est devenu le scandale des commandites et le plan B.
Donc, vous comprenez que, maintenant, il
faut voir, ces questions-là de tactiques, à la lumière des aveux absolument
surprenants, parce que, je veux dire, c'est d'une transparence et d'une clarté
indéniables, la mauvaise foi fait partie du régime canadien par rapport au
droit démocratique des Québécois de s'autodéterminer et leur volonté d'avoir
une société distincte en français pour la suite des choses. Donc, ils peuvent
faire les stratégies qu'ils veulent, mais on sait à peu près quand même ce qui
s'en vient là, ça va être des campagnes de dénigrement, de peur. Parce que les
arguments au soutien de la fonctionnalité du Canada à l'avantage du Québec
n'existent plus, on n'est plus en 95, donc c'est un contexte plus difficile à
justifier à la lumière de ce que je viens de vous dire.
Journaliste : Je change de
sujet. Vous avez été attaqué par tout le monde ce matin, M. Paul St-Pierre
Plamondon, par rapport à vos propos sur les artistes. Il y en a certains qui
ont sorti le fait qu'à l'époque, quand Donald Trump avait gagné, vous aviez
salué sa victoire puis il y en a qui se demandent : Est-ce que ça, c'était
un manque de loyauté, de votre part, en lien avec l'économie du Québec, une
victoire de Donald Trump?
M. St-Pierre Plamondon :
Quoi? Je ne comprends même pas votre question.
Journaliste
: Il y a un
lien.
M. St-Pierre Plamondon : Le
lien entre critiquer certains porte-parole de la culture qui salue Marc Miller,
alors que Marc Miller travaille contre la pérennité de la culture québécoise,
il y aurait un lien avec le fait de saluer des chefs d'État qui sont élus
lorsqu'il y a des élections en France, en Angleterre, puis aux États-Unis. Vous
êtes sérieux, là? Je ne sais même pas quoi vous dire. Je ne sais par où partir.
Donc moi, j'ai un travail de représentation du Québec et ma loyauté est
seulement envers le Québec en tout temps. Et contrairement à ce que certains
peuvent penser, mes sorties sont en fonction de l'intérêt du Québec et non pas
en fonction de calculs politiques à court terme, puis je le sais que j'ai un
style peut-être un peu trop direct des fois, je m'en excuse, mais on ne peut
quand même pas m'accuser de manquer de sincérité, puis de manquer de loyauté
envers le Québec à chaque fois que je fais des réflexions et des sorties. Et
là, je veux répondre à votre question, mais je n'en vois pas de lien, je suis
désolé.
Le Modérateur : ...Gosselin,
TVA.
Journaliste
: Bonjour,
M. St-Pierre Plamondon. Le ministre de la Culture, aujourd'hui, M. Lacombe, est
allé dire qu'il n'est pas plus d'accord que vous avec la nomination de M.
Miller comme ministre de la Culture canadienne et de l'identité. N'empêche que,
selon lui, vous vous attaquez à la mauvaise cible, donc les porte-parole de la
culture québécoise. Est-ce que ce n'est pas la mauvaise cible pour faire
avancer le débat?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
je pense que c'est une discussion qui est saine et je pense que je me fais le
porte-voix de plusieurs artistes, artisans en ayant une réflexion sur la
relation entre les porte-parole et le régime fédéral, mais surtout l'omerta sur
notre déclin et les causes de notre déclin linguistique et culturel. Et je dois
vous demander quand même de prendre en contexte quand vous dites que les
attaques fusent de partout, c'est mes adversaires et ils sont ligués. Vous
remarquerez l'alliance QS, PLQ, là, ce matin, qui tiennent le même discours
dans le but de miner le Parti québécois en faisant croire que je parlais de
tout le monde dans le milieu artistique, alors que dans chacun de mes points de
presse j'ai dit : on ne met pas tout le monde dans le même panier, mais
ceux qui ont la voix, ceux qui sont porte-parole ont beaucoup de poids, là,
c'est une partie substantielle quand même du milieu. Donc évidemment que dans
l'environnement actuel, connaissant les sondages que vous avez vus, les autres
partis vont tenter d'amplifier ça, de... ce n'est pas la première fois que je
suis dans des situations comme celle-là après avoir dit le fond de ma pensée,
mais demeure que... lors des prochaines élections, le parti qui va vouloir en
faire le plus, puis qui va s'engager le plus pour la culture québécoise, puis
l'avenir de la francophonie, notre culture francophone au Québec, ça va être le
Parti québécois, sans l'ombre d'un doute. Donc le reste, évidemment que QS puis
le PLQ saute là-dessus, on connaît les crises qu'il traverse, là, évidemment
qu'il se garroche avec Éric Duhaime en plus, en bonus. Bonne chance avec cette
équipe-là.
Journaliste : Je comprends,
vous avancez le fait qu'il y a de la politique, là, là-dedans, n'empêche que,
je vais vous poser ma question autrement : était-ce nécessaire? Parce que
là, vous utilisez notamment certains communiqués qui ont été envoyés dans
l'espace public pour, vous dites louanger, M. Miller, mais pourquoi on ne vous
a pas entendus là-dessus, sur les artistes ou sur les porte-parole d'artistes
auparavant? Je veux dire, là, c'est arrivé comme ça, puis vous avez utilisé des
mots qui ont blessé notamment les porte-parole en question qui sont sortis, là,
sur la... sur la place publique.
M. St-Pierre Plamondon : Ils
sont sortis, puis je vais leur parler en privé...
Journaliste : Il n'y a pas
juste la politique, c'est les gens concernés également. On dit que vous êtes
allés trop loin, là.
M. St-Pierre Plamondon : Évidemment,
mes adversaires disent ça, mais, moi, j'ai des appels avec eux de prévus, là.
Puis c'est un...
Journaliste : Vous leur avez
parlé ou pas encore?
M. St-Pierre Plamondon : J'ai
un appel, là, tout de suite après le point de presse de cédulé, puis je vais
faire ce travail-là dans le sens... il y a du temps devant nous, mais je ne
sais pas comment vous le dire autrement, il y a, de mon point de vue, une
indignation que j'ai témoignée par rapport à la déconnexion entre le mur qu'on
est en train de frapper sur le plan culturel en français au Québec et cette
attitude absolument élogieuse qu'on a vis-à-vis des gens qui travaillent contre
l'avenir du fait français en Amérique. C'est mon point de vue, ça va... j'en
aurais pas mal de discussions, j'ai l'impression, dans les prochaines semaines.
Mais, au final, ce qui a des chances de tous nous rallier, c'est qu'il n'y aura
pas un programme plus solide et déterminé pour ramener en force la culture en
français au Québec que celui du Parti québécois aux prochaines élections. Et
ça, bien ça va peut-être aussi permettre de s'unir autour d'un plan de match.
Alors que là, la discussion porte sur le personnage de Marc Miller et comment
on devrait... à quel degré on devrait agir, parce qu'évidemment, je ne reproche
pas la situation financière difficile du milieu artistique. Je ne leur reproche
pas d'essayer d'avoir des subventions, mais je trouve inacceptable que ces
subventions-là, du fédéral, viennent avec autant de contraintes, de conditions
idéologiques et soient portées par des gens qui travaillent... qui nient le...
le déclin du français, là, ce n'est pas rien. Donc, c'est une discussion qui va
avoir lieu dans les prochaines semaines, mais qui ne sera pas nécessairement
négative, à la fin. Une fois que tout le monde se sera... qu'on aura pu
échanger là-dessus... donc, voilà.
Le Modérateur : Marc-André
Gagnon, Journal de Québec.
Journaliste
: Oui,
bien, j'aurai une question aussi à ce sujet là, mais d'abord, concernant la
Constitution. Pour M. et Mme tout le monde à la maison, qui, contrairement à
mon distingué collègue Antoine, n'a pas d'expertise en matière
constitutionnelle, il n'y a vraiment rien, dans tout le travail que M.
Jolin-Barrette est en train de faire en ce moment, qui pourrait servir à votre
Constitution provisoire?
M. St-Pierre Plamondon : Pas
vraiment.
Journaliste
: Et aussi,
l'autre élément... c'est quoi la différence, encore une fois, pour M. et Mme
tout le monde, avec l'Assemblée constituante que QS propose depuis des années?
M. St-Pierre Plamondon : OK,
ça, c'est très important. OK, je vais essayer de le vulgariser, là. Il n'y a
pas que des mauvaises choses dans la Constitution de la CAQ, mais elles devront
être soumises à la population dans le cadre d'un vrai travail qui mène à une
Constitution permanente. Le problème de la Constitution de la CAQ, c'est qu'il
y a du bon et du mauvais, et que ça ne correspond à aucune légitimité ni
consultation populaire. Et là, on veut précipiter ça en fin de régime, ça
complexifie les choses, le droit à l'avortement en étant un exemple. Ça ne veut
pas dire que lorsqu'on sera dans le processus de consultation de la population
pour avoir une vraie Constitution, que ces idées là de la CAQ ne reviendront
pas, puis il y en a certaines qui sont bonnes, qui seront probablement
reprises. Mais quand on fait une Constitution de transition, le but, c'est
simplement de continuer et d'assurer la stabilité. Donc on ne sera pas dans
beaucoup de nouveautés, là, pour être honnête.
Par rapport à QS, QS veut assujettir le
Oui ou le Non à un pays à la Constitution et son... le fait d'entériner une
Constitution. Et ça rend l'indépendance du Québec absolument impossible.
Pourquoi? Parce que dans le processus des fédéralistes et des indépendantistes,
avant que l'indépendance ait lieu, vont tenter de s'entendre sur la
Constitution d'un pays. Ce sera une foire d'empoigne, là, et ensuite, les gens
vont arriver pour voter, non pas sur la question fondamentale de si on mérite
d'exister comme pays, puis de... d'exister... de décider par nous-mêmes,
pardon. Ils vont devoir voter sur chaque article de cette Constitution, ce qui
va amener à des jeunes... des gens à dire, puis on le voit souvent sur les
médias sociaux : moi, je serais pour l'indépendance, mais là, à cause de
tel sujet pointu, là, tu viens de perdre mon vote. C'est ce que vous allez
voir, mais à très grande échelle si on suit le plan proposé par QS, donc ça
rend impossible l'avènement de l'indépendance du Québec, cette approche-là,
alors que notre approche, c'est de voter simplement sur Oui ou Non un pays,
puis ensuite de se faire confiance comme peuple normal, on se consulte puis on
arrive avec notre Constitution qui reflète ce que nous, on veut là-dedans.
N'importe quel peuple normal a fait ça par le passé.
Journaliste : OK, je reviens
sur le sujet précédent. Je sens, aujourd'hui, et cet après-midi, un certain
effort pour... pour baisser le ton, M. Plamondon, notamment par rapport à vos
dernières publications sur les réseaux sociaux. Puis récemment, il y a eu Régis
Labeaume, il y a eu Dimitri Soudas, là, je voyais sur les réseaux sociaux,
toujours, vous... là, vous vous en prenez à Radio-Canada, Patrice Roy, en
remettant en question leur partialité. Est-ce que vous mettez vos énergies au
bon endroit lorsque vous faites ces longues publications sur les réseaux
sociaux? Tu sais, en quoi ça vous est utile? Puis il n'y a pas... il n'y a pas
un moment où, comme chef de parti qui aspire à devenir premier ministre, que
vous auriez intérêt, peut-être, à vous doter d'une carapace par rapport à... à
ça?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
je pense que les gens me connaissent comme un gars qui est sincère dans sa
démarche, réfléchi lorsque j'interviens et qui donne l'heure juste, même quand
c'est difficile. Je me tiens debout, même quand il vente, et c'est pour ça,
entre autres, j'imagine qu'on a un appui, au dernier sondage, de 39 % de
la population, ce qui n'est quand même pas si mal. Donc, est-ce que je vais me
dénaturer parce qu'on me met de la pression ou est ce que je vais changer,
comme personne, parce que je suis à un an des élections? Pas du tout. Je...
nous allons être constants, solides sur le plan de la préparation et du fond,
comme on vous présente ce matin, le travail est bien fait puis on va amener des
gens qualité pour former un gouvernement qui est à la hauteur de défis majeurs
de notre société. Et je touche parfois, sans même faire par exprès, pour être
honnête, je touche parfois à des questions plus sensibles que ce que je
l'aurais estimé. Mais des fois, dire la vérité telle qu'on la voit, ça peut
déranger, ça peut peut-être créer de l'inconfort, mais quelques mois plus tard,
ça peut amener une évolution intéressante à force d'en jaser, de ces
questions-là. On l'a vu pour... à travers certaines de mes interventions
controversées, souvenez-vous de la réaction quand je disais qu'il fallait
fermer Roxham, souvenez-vous de mon intervention lorsque je voulais qu'on
s'attarde au temps d'écran chez les enfants, les réactions vives pour le
serment au roi, les réactions vives pour certaines de mes sorties par rapport
aux pendaisons puis à l'historique violent du Canada vis-à-vis des
francophones. À chaque fois, j'ai des partis d'opposition puis le fédéral au
complet pour dire que je suis un vilain personnage qui a perdu le nord puis dit
des folies. Mais, six mois plus tard, pour chacun des sujets que je viens de
vous nommer, constater qu'à la fin ce sont des sorties qui aujourd'hui sont
assez consensuelles.
Journaliste
: ...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
je n'ai pas toujours raison. Je veux simplement mentionner que ce n'est pas la
première fois que ça m'arrive, que je dis quelque chose et que, sur le coup,
j'ai évidemment des adversaires qui me sautent comme dans un bac à piranhas,
là, mais que quelques mois plus tard, la discussion a évolué sur quelque chose
d'utile et c'est beaucoup moins sensible quelques mois plus tard que sur le
coup. Donc, jamais, pour répondre à la question, jamais je ne vais altérer ce
que je pense est dans l'intérêt du Québec comme discussion. Jamais je ne vais
me restreindre de peur en fonction d'un calcul électoral, parce que, là, on
approche de l'élection. Il y a une constance dans la démarche du Parti
québécois puis ça attire des gens, puis ça attire des candidats de qualité. Et
ça va être exactement ça maintenant, pendant l'élection et après l'élection.
Le Modérateur
: Charles
Lecavalier, La Presse.
Journaliste
: Bonjour.
Je vous cite, là : Il serait bon de rappeler que l'argent du fédéral, il
s'agit de notre argent qui nous est désormais retourné seulement si on
acquiesce à ce régime fédéral et à ses conditions de dogme idéologique qu'il
impose. Est-ce que vous... on comprend que vous élargissez le diagnostic que
vous avez porté sur l'apport substantiel du milieu culturel à d'autres, par
exemple les professeurs d'université qui reçoivent des fonds de chaires de recherche
du Canada? Oui?
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
Radio-Canada, les universités, le milieu artistique, c'est... ce sont des
décisions qui ont été prises en 1996-1997 par Jean Chrétien et Sheila Copps. Et
dans les trois cas, on s'est dit : il y a trop d'indépendantistes dans les
universités. Il y a trop d'indépendantistes dans le milieu artistique puis il y
a trop d'indépendantistes à Radio-Canada. Et on s'est mis donc à violer, à
abuser du sens de la Constitution du Canada qui octroie les pouvoirs en culture
à Québec et à prendre nos impôts puis les dépenser dans le champ de compétence
de Québec, moyennant l'adhésion au fédéral et l'adhésion à certaines idéologies
imposées par le fédéral. Et ce modus operandi là, il est indéniable, il est...
il a des impacts sur notre société.
Journaliste
: Donc, il
y en a qui peuvent manquer de loyauté, par exemple, c'est... Je disais :
Est-ce que vous posez le même diagnostic? Est-ce qu'il y a des professeurs
d'université, parce qu'ils souscrivent, selon vous, au dogme d'Ottawa, qu'ils
viennent de manquer de loyauté à l'égard...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
ce n'est pas tant le manque de loyauté qu'on restreint leur liberté. Ottawa
restreint la liberté académique, restreint la liberté d'expression et la liberté
artistique de nos artisans en posant ces conditions-là. Et Ottawa impose à
Radio-Canada parce que c'était ça la mission, là, il faudra retrouver les
citations. Mais à l'époque de Mélanie Joly, son entrée en poste à... comme
responsable de Radio-Canada, il y avait une volonté, même explicite, là, de
faire le ménage dans les indépendantistes de Radio-Canada. On retrouvera les
citations. En fait, Sheila Copps a été très, très explicite, puis là je...
peut-être, vous pouvez m'aider, on va retrouver ses citations de 1996 et de
1997. Mais elle disait grosso modo : Peut-être que ces milieux-là sont
favorables à l'indépendance en ce moment, mais quand on leur a donné... on leur
a redonné des subventions puis on aura fait notre travail, les choses vont
changer. Il faudrait trouver cette citation-là, là, mais ça date de 1996-1997.
C'était le plan B, le plan de répression de l'indépendantisme à travers un
pouvoir de dépenser qui est illicite, parce que ce n'est pas ça que la
Constitution du Canada dit. Et si vous allez en Alberta, ils vont vous parler
du même abus de pouvoir, la même fatigue d'être avec un gouvernement qui abuse
et qui ne respecte pas sa propre Constitution à des fins de centraliser et de
décider à la place des parlements provinciaux. Donc, c'est une dynamique qui
est pancanadienne.
Journaliste
: Vous
soulignez aussi, bon, que Radio-Canada reçoit l'argent du fédéral, ce qui
explique peut-être le ton de l'entrevue avec Patrice Roy. C'est ce que vous
avez écrit, là, aujourd'hui. Est-ce que les quotidiens québécois, là, La
Presse, Le Devoir, Le Journal de Montréal, qui reçoivent
aussi de l'argent d'Ottawa, sous forme de crédits d'impôt, à votre avis,
risquent la même chose, c'est-à-dire de venir tordre leur...
M. St-Pierre Plamondon : Je
vais juste reprendre ce que j'ai dit, là, pour être précis.
Journaliste
: Oui. Ça
explique peut-être le ton de l'entrevue.
M. St-Pierre Plamondon : Oui.
Attention, j'ai dit : Pour les fins de l'entrevue, Radio-Canada n'hésite
pas à promouvoir l'ingérence du fédéral en culture, qui est un champ de
compétence du Québec, en soulignant que CBC Radio-Canada a obtenu
150 millions de plus de Mark Carney en promesses électorales lors de la
dernière élection fédérale. Donc, je fais référence spécifiquement au fait que,
pendant que je parle, il y a une image qui vante l'intervention du fédéral en
culture en suggérant, à mon avis, là, grosso modo : Regardez comment le
fédéral nous aide parce qu'il vient de donner 150 millions de dollars
de plus à CBC Radio-Canada. Je trouve qu'en termes d'apparence, de partialité
pour un débat qui porte sur l'ingérence du fédéral et les effets délétères du
fédéral...
Journaliste
:
...Patrice Roy.
M. St-Pierre Plamondon : Ça a
été une entrevue quand même assez spéciale, là, disons-le.
Journaliste
: Mais
pensez vraiment que c'est lié au fait que Mark Carney a donné plus d'argent à
Radio-Canada?
M. St-Pierre Plamondon : Je
souligne que, de leur propre chef, ils font la promotion de l'ingérence
fédérale en disant : Regardez, ça a été payant pour nous. Je trouve ça
particulier dans le cadre d'une entrevue qui se veut, justement, une réflexion
sur cette ingérence qui entraîne le recul du fait français au Québec et de la
vitalité de la culture au Québec. À vous d'en juger après. Là, tu sais, je veux
dire, je ne commencerai pas à... Puis vous renoterez, hein, que j'étais à 2460
après, là. Je fais toutes les entrevues puis je ne me cache pas d'aucune
entrevue. Je fais juste dire, quand même, il y a eu un choix éditorial de faire
la promotion de l'ingérence du fédéral dans le cadre d'une entrevue qui porte
sur les effets délétères de cette ingérence-là. C'est un choix éditorial qu'on
doit...
Journaliste
:
...Patrice Roy? Promotion de quoi?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
non, je... je ne pense pas que durant l'entrevue...
Journaliste
: ...un
ancien souverainiste.
M. St-Pierre Plamondon :
Je... je fais juste mentionner, je ne pense pas que dans l'entrevue de
M. Charron, on a fait la promotion des interventions du fédéral en
culture. Bon. Dans le cadre de mon entrevue qui portait là-dessus, on présente
les investissements du fédéral parce que, rappelons-le, c'est juste notre
argent qui est allé à Ottawa puis qui nous revient, mais on le présente comme
un appart positif puis on me le met dans le visage en voulant dire «regardez,
ça marche». Puis là je suis comme : Mais, attendez, là, en termes de... de
partialité, là, vous êtes en train de me dire que parce que vous, vous avez
reçu 150 millions de dollars de Mark Carney comme promesse
électorale, c'est bon pour le Québec puis que la vitalité de la culture du
Québec est... est garantie. Ça n'a pas de sens, là. Donc, je le laisse aux...
aux regards de tout le monde, mais je ne m'empêche pas puis je continue à
donner des entrevues à toute personne qui les sollicite, à commencer par vous.
Le Modérateur
: Rémi
Léonard, Le Soleil.
Journaliste : Oui. Quand vous
dites que les... les turbulences actuelles, là, concernant le milieu culturel
vont quand même mener à une discussion saine puis peut tout de même faire
avancer les choses pouvez-vous préciser, quand vous dites dans les prochains
mois, en quoi le débat aura évolué autour des relations entre Québec, Ottawa et
le milieu culturel?
M. St-Pierre Plamondon : Je
pense que c'est un besoin qu'on arrive à des états généraux sur l'avenir de la
culture au Québec, parce qu'il y a une prise de conscience généralisée qu'on
est en train de frapper un mur, notamment quand on regarde la consommation culturelle
des plus jeunes. Projetez-le sur 20, 30 ans et il y a un déclin indéniable
de la culture québécoise. C'est lié au manque de soutien puis même au vote
contre le Québec venant du fédéral dans plusieurs contextes et c'est lié à ce
système de subvention qui impose l'idéologie puis la... la loyauté envers le
fédéral à chaque subvention qui est octroyée.
À nouveau, si j'ai pris un ton qui dérange
trop, j'en suis désolé, mais je pense que ça a le mérite de soulever une vraie
question. Si tout le monde dans le milieu sait qu'on... qu'on est dans un mur,
est-ce qu'on peut arrêter de faire semblant que le fédéral travaille pour nous?
Puis, je le sais qu'il y a des subventions à aller chercher à court terme parce
que le contexte financier des artistes est difficile, mais est-ce qu'on peut
imaginer un véritable plan pour s'assurer de donner une pérennité au fait
français et à la culture québécoise en français au cours des prochaines
décennies, dans un environnement où on n'a pas eu le soutien du fédéral vis-à-vis
des géants du Web et vis-à-vis les questions linguistiques, culturelles et
migratoires qui sont nécessaires à cette pérennité-là?
Donc, si jamais on peut se rendre à cette
discussion là, du fait qu'en fait on est d'accord sur le fond puis il n'y a pas
un parti plus commis à l'avenir de la culture en France et au Québec que le
Parti québécois, mais ça, oui, peut déboucher. C'est ce que j'espère à tout le
moins, là, que ça débouche sur un plan de match commun. Parce que, sur le fond
des choses, ma loyauté, elle est envers l'avenir de la culture en français au
Québec. Il n'y a personne de plus commis que nous autres à ce niveau-là.
Journaliste : Puis, pour
revenir sur votre démarche constitutionnelle, comment... Je n'ai pas vu de
mention des Premières Nations, probablement que dans la...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
ils sont là.
Journaliste : Mais
probablement que c'est dans la commission itinérante qu'ils seront rencontrés,
mais...
M. St-Pierre Plamondon : Les
deux.
Journaliste
:
...votre... votre approche, là, pour qu'ils se sentent réellement inclus, on
sait que c'est souvent une question épineuse.
M. St-Pierre Plamondon : C'est
le problème avec la CAQ, en passant.
Journaliste : Donc, comment
faire autrement? Comment être certain que ça ne soit pas un obstacle, dans
votre cas?
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
pour la provisoire, il y a un aspect qui est déjà prévu de consultation,
évidemment, ça fait partie d'un processus qui est quand même plus succinct, là,
c'est-à-dire qu'on reconduit ce qui existe déjà, mais on va quand même
s'assurer que, de leur point de vue, ce qu'on prépare dans la provisoire comme
processus menant à la vraie constitution... on va juste s'assurer qu'ils sont
d'accord puis qu'ils sont confortables.
Puis là, bien, on a vraiment un vrai
processus menant à la vraie constitution, où est-ce que leur participation est
bienvenue et où est-ce qu'on va avoir, à travers ça, d'autres négociations,
c'est un autre pan, là, c'est un autre chapitre, mais où est-ce qu'on débute,
après la déclaration d'indépendance, une véritable discussion négociation de
nation à nation, rappelons-le, dans le cadre duquel, si une nation autochtone
veut demeurer dans le statu quo fédéral en termes de financement et de fonctionnement,
on leur offre. Donc, c'est un peu la logique de la constitution provisoire. Si
quelqu'un veut demeurer, si une nation veut demeurer dans la stabilité du
provisoire et du statu quo, on leur offre. Mais, s'ils veulent profiter du fait
qu'on brise un régime colonial et on brise la Loi sur les Indiens pour se doter
de relations d'égal à égal suite à une négociation qui, probablement,
impliquera les Nations Unies, bien, nous, on ne demande pas mieux que de
réussir et d'être parmi les premiers dans le monde à réussir des relations
d'égal à égal et durable. Donc, c'est ça que ça permet, le cycle de
constitution permanente. Mais il y aura un chapitre entièrement dédié à ça.
Pascal.
M. Paradis : Oui. Donc, il y
aura... il y aura un chapitre sur cette question-là. Mais donc, on le réitère,
avec la constitution transitoire, l'idée est d'avoir de la continuité, de la
stabilité. Et on va participer, bien sûr, à la commission itinérante, et ce
qu'il va y avoir, et ça, c'est sûr, c'est que toutes les garanties actuelles,
tout ce qui existe actuellement pour préserver les droits et l'autonomie des
Premières Nations, ça va être minimalement protégé dans la constitution
transitoire. Donc, tout ce qui va suivre va être une amélioration notamment,
comme Paul vient de le mentionner, dans le cadre de la préparation de la
véritable constitution du Québec. Là, il y aura une participation des Premières
Nations pour prévoir autre chose. La Constitution de 1995 prévoyait, donc, en
son seing qu'il y aurait négociation d'ententes d'autonomie avec les Premières
Nations. On peut très certainement imaginer que ça va être la même chose avec
cette constitution transitoire, qui va mener à des discussions pour améliorer,
finalement, l'autonomie des Premières Nations.
Le Modérateur : Thomas
Larberge, La Presse canadienne.
Journaliste : Oui. Bonjour à
vous deux. Pour revenir sur le sujet de ce matin et d'hier, vous avez dit,
donc, qu'une partie du milieu culturel manquait de loyauté envers le Québec.
Quels sont les critères pour déterminer la loyauté envers le Québec?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
je n'ai pas... je n'ai pas élaboré une jurisprudence, là. Je dis simplement que
le fédéral, pour l'obtention de subventions qui proviennent de notre argent,
demande une loyauté à travers des critères fortement idéologiques et ça amène
des situations où un nouveau ministre qui est explicitement dans la négation du
déclin du français est accueilli très, très chaudement par certains acteurs du
milieu, ce qui, à un moment donné, là... Tu sais, j'ai tout commenté ça. Donc,
les faits sont là puis l'observation est là.
Journaliste : Est-ce que vous
considérez que les partis fédéralistes manquent de loyauté envers le Québec?
M. St-Pierre Plamondon : Bien
sûr, c'est un régime, c'est un régime dans le cadre duquel on a 20 % des
sièges et ce sont... c'est un Parlement qui décide en fonction d'autres
intérêts que ceux du Québec dans plusieurs sujets. On n'est pas indépendantiste
parce que c'est facile ou parce que c'est la voie qui favorise la victoire aux
prochaines élections. On est indépendantiste simplement parce qu'on constate
que c'est un régime qui travaille tellement fort, surtout, là, dans l'ère
Trudeau, Carney, qui travaille tellement fort contre la volonté démocratique du
Québec qu'on n'a pas d'avenir linguistique et culturel à moyen terme. Ça va
très vite. Donc, ce n'est peut-être pas toujours le chemin le plus facile, mais
c'est le seul qu'on pense nous donne espoir et nous donne un avenir.
Journaliste : Mais, même ici,
il parle... je veux juste... parce qu'il a dit que les partis fédéralistes,
là... Par exemple, le Parti libéral du Québec ou la CAQ, est-ce que vous les
mettez...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
je parlais des... je parlais du fédéral, là, je parlais du parlement fédéral.
Journaliste : OK, OK.
Journaliste : Oui, mais les
partis fédéralistes au Québec, CAQ, et PLQ, et Parti conservateur?
M. St-Pierre Plamondon : Bien
là, c'est au cas par cas, mais, si on parle de la corruption des libéraux que
j'ai... de la corruption du PLQ que j'ai dénoncée en parlant de culture de
corruption...
Des voix : ...
M. St-Pierre Plamondon : Là,
je ne veux pas affirmer ça, non. Il a échoué...
Bien, c'est quoi, la différence entre...
M. St-Pierre Plamondon : Il a
échoué à plusieurs égards, mais, non, je n'ai pas utilisé ça. C'est parce que,
là, vous vous parlez d'une... C'est intéressant comme exercice, je comprends,
là, mais vous parlez d'une déclaration qui suit deux, trois intervenants du
milieu culturel, puis là vous me dites : Est-ce qu'on peut repasser ces
observations-là pour chaque acteur politique? C'est à moi de...
Journaliste : Tous les
représentants fédéralistes à Ottawa du Québec, vous dites...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
j'ai dit les partis fédéraux...
Journaliste : Non? OK.
M. St-Pierre Plamondon : ...sont
dans un régime qui travaille très souvent contre le Québec. Là, j'ai nommé
notamment les décisions du fédéral qui travaille contre nous. Il n'y a aucun
doute là-dessus.
Journaliste : Mais les
députés conservateurs à Ottawa qui sont au Québec ou les députés libéraux du
Québec à Ottawa, est-ce que vous considérez aussi qu'ils manquent de loyauté?
M. St-Pierre Plamondon :
Bien, au cas par cas, dépendamment de leur geste, il y a des fois je suis
intervenu pour décrier des propos absolument contre les intérêts du Québec,
puis il y a des fois je suis d'accord, donc là je... mais, structurellement,
les partis d'Ottawa travaillent pour les intérêts d'Ottawa et c'est souvent
contre le Québec. Ça, il n'y a pas de doute.
Journaliste : M. St-Pierre
Plamondon, je veux juste une petite précision parce que tantôt on vous a parlé
de messages de la communauté artistique qui référait à votre tweet de
félicitations envers M. Trump lors de sa victoire, puis j'aimerais juste
comprendre, parce que je pense que ces personnes-là se posent la question, en
quoi ce n'est pas de l'à-plat-ventrisme de saluer la victoire de M. Trump sans,
par exemple, parler des impacts de ses décisions économiques sur le Québec,
mais c'est de l'à-plat-ventrisme de saluer l'arrivée de Marc Miller dans son
poste à Ottawa?
M. St-Pierre Plamondon : Il y
a deux différences. Premièrement, quiconque représente ou cherche à représenter
l'État québécois, va saluer l'élection de chefs d'État de ses partenaires
commerciaux en toute circonstance et peu importe ce qu'on pense du choix
démocratique d'une autre nation, surtout quand c'est les États-Unis, notre
partenaire partenaire commercial principal. Sur le plan factuel, la différence,
parce que je ne serais pas intervenu si les acteurs visés, là, qui ont salué
Marc Miller, avaient simplement salué poliment, comme je l'ai fait, sa
nomination en disant : Bien hâte de collaborer avec vous, là, tu sais, les
salutations d'usage, ce que j'ai fait. Moi, j'ai fait des salutations d'usage somme
toute, vous constaterez, minimalistes. Si c'est ce qui avait été fait, on
n'aurait pas cette discussion-là. On est devant des propos qui dépassent les
salutations d'usage, mais où, vraiment, on célèbre une excellente nouvelle d'un
ministre d'envergure et de calibre qui, sans l'ombre d'un doute, va maîtriser
ses dossiers et travailler pour la culture québécoise qu'il... qu'il aime. Il y
a un tel décalage avec la réalité et ça distingue très, très clairement la
situation de salutations d'usage en diplomatie, puis il ne faut pas confondre
la diplomatie entre les pays de la politique interne avec des propos qui sont
plus qu'élogieux pour quelqu'un qui a travaillé explicitement contre le fait
français au Québec, à mon avis.
Le Modérateur : Je vais en
prendre une petite dernière d'Antoine Robitaille avant de passer à l'anglais.
Journaliste : Vous vous êtes
abstenu sur le projet de loi n° 3, là, sur les syndicats. C'est assez
rare, ça. Pouvez vous nous expliquiez votre abstention?
M. Paradis : Oui. Comme on
l'a déjà indiqué, il y a une partie du projet de loi qui nous semble très, très
appropriée : le renforcement de la démocratie au sein des organisations,
le renforcement de la transparence, les dispositions sur les finances. Donc,
là, il y a des principes qui sont très intéressants, qui doivent être
retravaillés parce qu'on l'a vu en commission parlementaire, plusieurs sont
venus nous dire qu'il y en a qui sont impraticables, mais sur ces principes-là,
nous sommes d'accord et plusieurs des intervenants sont venus nous dire :
On est d'accord avec ça. Il y a une tout autre partie qui concerne la... ce
qu'on appelle la cotisation facultative, qui est lié a des dispositions
notamment qui restreignent très fortement ou même voire empêchent les organisations
de faire valoir leur point de vue sur la place publique ou devant les
tribunaux, avec laquelle nous avons exprimé un profond désaccord la semaine
dernière, et nous nous sommes même engagés, Paul St-Pierre Plamondon l'a dit,
je l'ai réitéré moi-même, nous nous sommes engagés à faire en sorte que si des
telles dispositions sont adoptées, nous allons les abroger, parce qu'on veut
préserver la liberté d'expression et la liberté d'ester devant les tribunaux.
Donc, pour nous, ce sont deux parties très distinctes du projet de loi, c'est
la raison pour laquelle nous nous sommes abstenus. Donc, il y a un principe
avec lequel on ne peut pas exprimer notre accord, et il y a d'autres principes
avec lesquels nous sommes très en accord.
Journaliste : Qu'allez-vous
répondre à ceux qui vont voir de l'à-plat-ventrisme à l'égard des syndicaux,
des syndicalistes, des syndicats?
M. Paradis : Bien, je
pense... je pense que toutes les Québécoises et tous les Québécois nous ont
entendus au cours des derniers jours. On a fait des appels au calme qui
s'adressait notamment aux représentants des syndicats. Je suis allé porter ce
message-là même au Congrès de la FTQ. Donc, nous avons exprimé un avis assez
distinctif aussi sur le conflit de travail à la STM et vous aurez remarqué que
la prise de position de Paul St-Pierre Plamondon a certainement été un des
éléments qui a mené à ce qu'on s'aligne différemment dans ce conflit-là. Donc,
personne ne peut honnêtement et sincèrement prétendre que c'est de
l'à-plat-ventrisme, c'est au contraire une position qui est très centrée sur là
où se trouvent la plupart des Québécois sur ces questions-là : ils veulent
de la mesure, ils ne veulent pas un gouvernement qui fait du clivage, d'un
autre côté, pour des intérêts purement électoralistes, puis ils ne veulent pas
non plus des réactions exagérées. Ils veulent qu'on se parle avec calme pour
prendre les meilleures positions dans l'intérêt collectif des Québécoises et
des Québécois.
Le Modérateur
: On
passe en anglais avec Phil Authier.
Journaliste : On the
Constitution... Good afternoon. In the...
Une voix : ...
Journaliste
: ...Good day. In the CAQ's Constitution, there's a barely a mention
of the minority rights for the Indigenous or Anglophones or anybody else.
There's… it's mentioned in the preamble that it would be… that the objective
would be to be respectful of institutions. Now, in your document, you actually
use the word «rights».
M. St-Pierre
Plamondon : Sure.
Journaliste
: And could you give us the scope of the rights that you would
entrench in, let's say, in the provisional version and the permanent version?
M. St-Pierre
Plamondon :
Of
course the permanent version will be more elaborated, because what's going to
happen when Québec becomes a country is that you have a reversal of the
situation with regards to minorities, especially English speaking Québecers.
One of the difficulty for English speaking Québecers over the past decades is
that Québec has a defensive stance that translates into a lot of regulations,
in the hope of preserving the French language and the French culture within a
system, the Canadian system, that is adversarial to that mission.
On the day that you
change completely the context and the legal framework, and that Québec is now a
country with an official language that is French, but with a minority that is
English speaking, we will need to change the approach completely. And that will
mean less regulation, I think, in terms of language, because you will not have
anymore the Canadian government funding initiatives to work against that
principle. And you will have a duty of care that will be heightened because
then you have the responsibility, the genuine responsibility of taking care of
a minority. Whereas right now, oftentimes the English-speaking spokesperson are
related to the federal system. So, there's this situation that will not exist. But
I think what we're dealing with here is a genuine discussion about rights and
not just random accommodations, because the context will be very different. And
just to state that, in my view, there's no doubt, given the Québec temper that
is really directed at social peace, that English-speaking Québecers will be
treated very fairly and in the objective to come all together as one people in
the respect of our linguistic differences that are part of our history.
Journaliste :
And would you put... would you put...
Oh, sorry.
M. Paradis :
And if I may...
Journaliste
: Sure.
M. Paradis : ...Really, the Transitional Constitution is about continuity and
stability. It's really setting forth what are the main institutions and how the
state will be functioning and the work, and on imagining what is the country
and what is the Constitution, the real Constitution of the country is the work
that is done in the further steps of determining how we see ourselves being
governed by a Constitution...
Journaliste :
...Commission, they go on further...
M. Paradis :
...All together, all Québecers working
together to define this.
Journaliste :
And you said, Mr. St-Pierre Plamondon,
that there was some good parts in the CAQ Constitution which we're covering
now. Technically, what would you do? PQ takes power. Do you amend it? Do you
amend the...
M. St-Pierre
Plamondon : No. It's gone.
Journaliste
: ...Or do you just get rid of it?
M. St-Pierre
Plamondon :
It's
gone.
Journaliste
: It's gone? OK.
M. St-Pierre
Plamondon : It's gone. It's replaced by a
provisionary constitution that is really just the backbone of continuity and
stability in terms of what we already know. And then, you give proper time for
everyone to say : OK, now that we're a country, what do we need to invent to be
in accordance with the social peace we want to achieve? And that's where,
especially for First Nations and the English-speaking Québecers, we're in a
whole different environment, I think. And it's going to be... it's going to be,
I think, a positive era of our society because it's going to bring dialog and a
mutual agreement on what leads to social peace and respect among us, whereas
the federal government is a regime that divides to govern. So, it makes the
social dialog oftentimes way more difficult.
Journaliste
:Thank you.
Le Modérateur
: Merci. C'est ce qui met fin à cette conférence de presse.
(Fin à 14 h 32)