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Point de presse de M. Stéphane Bédard, ministre responsable de l'Administration gouvernementale

Version finale

Thursday, March 28, 2013, 12 h 02

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Douze heures deux minutes)

M. Bédard: Alors, ça me fait plaisir d'être avec vous aujourd'hui. Je tiens à saluer la présence de M. Lévesque. Et là j'ai oublié le nom de la personne qui vous accompagne, M. Lévesque.

Une voix: Nathalie Pitre.

M. Bédard: Alors, Mme Pitre, des services partagés. Donc, aujourd'hui... Et je le remercie pour son travail, d'ailleurs, au niveau des centres de services partagés. C'est un jeune qui a relevé ce défi-là dans les derniers mois. Donc, je le remercie de son travail qu'il a fait pour la préparation d'aujourd'hui, ce que je vous dis, ce que je vais vous annoncer, et en même temps, évidemment, tout le travail autour du logiciel libre. Et ça s'inscrit dans de la transparence aussi. Vous avez vu, dans le dossier du logiciel libre, nous avons choisi la voie de la transparence, de dire, effectivement, les engagements du gouvernement et de les suivre.
Dans ce cas-ci, aujourd'hui... J'ai annoncé, vous le savez, la semaine dernière, huit mesures pour accroître l'utilisation du logiciel libre dans les organismes publics. C'est un engagement ferme de notre gouvernement pour se donner plus de marge de manoeuvre dans nos choix en matière informatique à moyen et à long terme. C'est un choix évidemment technologique, mais c'est aussi un choix économique au niveau de la concurrence mais même au niveau de valoriser les PME dans ce domaine, où le Québec peut jouer un rôle intéressant évidemment à l'échelle québécoise mais, je pense, aussi à l'échelle internationale.
Mais, à très court terme, nous sommes placés devant une situation où nous devons adopter deux mesures transitoires, et j'insiste sur le mot «transitoire», pour poursuivre la prestation de services aux millions de Québécois.
Donc, le gouvernement a adopté deux décrets hier. Le premier décret vise l'acquisition des logiciels de système d'exploitation Windows et de suite Office pour 76 000 postes informatiques. Le coût de ces logiciels est 30 millions de dollars. Donc, c'est 30 millions. Et à ça sont associés des coûts, évidemment, au niveau de la préparation, de la formation, que je pourrai décrire un peu plus, mais le coût des licences est de 30 millions de dollars. Vous comprendrez que c'est bien loin des chiffres de 1,4 milliard qui circulaient jusqu'à tout récemment, il y a encore quelques jours.
Le second décret prolonge d'un an, donc temporairement, le décret logiciel qui prend fin dans deux jours. Ce décret a été adopté initialement en novembre 2011 et il permet d'encadrer des situations où des logiciels sont acquis de gré à gré. Ce décret, contrairement à ce qu'on peut entendre, n'est pas un moyen de contourner la loi. Au contraire, il fixe plusieurs conditions et s'applique à des cas précis, notamment ajouter quelques licences à celles qu'on a déjà achetées pour un besoin précis.
Je vous donne un exemple très simple, là. Au RQAP, il y a, disons, 90 agents qui travaillent avec un logiciel x. Avec la demande accrue au RQAP, disons qu'il faut ajouter des agents de plus, une dizaine, cinq, 10, donc un nombre de licences associé au nombre d'agents qu'on ajoute. Est-ce qu'on doit refaire, évidemment, un appel d'offres avec le nombre de licences additionnelles qu'on réclame? Évidemment, non. Ça ne nous conduirait nulle part, de toute façon, parce que les gens doivent travailler sur la même licence. Donc, ce décret est très balisé, et nous le suivons.
D'ailleurs, on est très transparents. La liste des entreprises et technologies qui sont utilisées sont disponibles sur le site du... services partagés... ou du ministère, plutôt, du Conseil du trésor. Je précise que l'autorisation d'octroyer des contrats de gré à gré touche 10 fournisseurs et évidemment pas seulement Microsoft. Il y a 10 fournisseurs qui sont listés, dont une entreprise dans le logiciel libre, d'ailleurs, que je tiens à souligner.
Nous avons des copies des deux décrets, qui seront dans la Gazette officielle dans deux semaines. Donc, notre but, évidemment, vous comprendrez que c'est la transparence. Nous pourrons vous fournir toutes les explications techniques nécessaires après ce point de presse, et c'est pour ça que j'ai amené quelqu'un de très compétent dans le domaine, M. Lévesque.
Alors, je le répète, ce sont deux mesures temporaires qui visent essentiellement à assurer la sécurité de nos postes informatiques et à maintenir la qualité des services offerts aux citoyens. Il y a 1 200 systèmes de mission au gouvernement. Ces mesures temporaires, combinées à l'annonce de la semaine dernière pour développer notre expertise en logiciel libre, vont nous permettre d'être plus libres dans nos choix dans un avenir rapproché. Nous nous sommes fixé des échéanciers et nous allons les respecter.
Ce qu'on souhaite, c'est de faire en sorte que, d'ici quelques années, nous allons avoir la concurrence nécessaire pour aller en appel d'offres dans le renouvellement de ces choix technologiques. Si l'approche que nous avons prise... que nous prenons aujourd'hui, plutôt, avait été celle de l'ancien gouvernement, nous n'en serions pas là. Il y a des échéances qui arrivent à court terme, vous le savez, dont le 1er avril, où certains propriétaires de logiciel vont abandonner la mise à jour, et les coûts seraient énormes dans le contexte actuel. Malheureusement, je l'ai constaté à mon arrivée, on n'était pas prêts à faire cette transition-là. Moi, mon objectif maintenant c'est de la préparer.
En même temps, d'ailleurs, vous me permettrez de réaffirmer notre engagement du gouvernement pour développer un gouvernement plus ouvert, un gouvernement ouvert, donc... Et cette approche-là est pilotée par mon collègue Bernard Drainville. Et en même temps aujourd'hui... J'avais annoncé, il y a de cela... il y a deux semaines, les interventions du gouvernement par rapport au logiciel libre et j'avais promis la mise en place de ce centre d'expertise en logiciel libre. J'annonce aujourd'hui la nomination de M. Patrice Di Marcantonio, qui est bien connu, on me dit aussi, dans le domaine et qui a été bien reçu - nomination qui a été jusqu'à maintenant bien reçue - comme étant le dirigeant de ce centre-là. Et il aura le mandat de développer, évidemment, son équipe au départ et, par la suite, de réaliser l'ensemble des mandats que nous lui avons demandés au niveau du logiciel libre. Voilà.

M. Chouinard (Tommy): M. Bédard, donc, pour le premier décret, je comprends que ça concerne l'acquisition de licences pour une valeur de 30 millions.

M. Bédard: Oui.

M. Chouinard (Tommy): Mais le deuxième décret, en le prolongeant d'un an, ce décret-là, qui datait de 2011, je pense...

M. Bédard: 2011. À l'époque, le décret était de 17 mois. Là, on l'a réduit à 12 mois.

M. Chouinard (Tommy): Bon. Là, vous le prolongez d'un an.

M. Bédard: Oui.

M. Chouinard (Tommy): Vous estimez qu'il y a pour combien de... pour quelle valeur de contrats vont être octroyés pendant cette période-là? Parce que je comprends que c'est pour permettre le gré à gré auprès des fournisseurs qui était prévu dans le décret, mais ça va être pour quelle valeur? L'avez-vous estimé, ça?

M. Bédard: Sur, justement... Vous l'avez vu... Bien, sur le passé, on s'est donné un petit historique, je pense. Pour le dernier décret, on en a autour de, je pense, 17 millions de dollars qui ont été accordés pour les cas que je viens de vous donner et des cas de même nature. Donc, on est encore très loin des chiffres qu'on a entendus, là, qui ont été véhiculés, là.

M. Chouinard (Tommy): Pourquoi le 1,4 milliard circulait?

M. Bédard: Bien, c'est qu'on partait de projections. Entre autres, on parlait du réseau de l'éducation - c'est un exemple - où tu as beaucoup d'ordinateurs, mais à des fins pédagogiques, qui sont exclus de la migration. Et là on parle de 300 quelques mille postes.
Deuxièmement, c'est qu'à travers les négociations qu'on a faites aussi avec - et je tiens à féliciter M. Lévesque et son équipe - avec les compagnies qui ont ces logiciels, on a réussi à diminuer les coûts. Si on était allés en appel d'offres comme avait prévu... comme on aurait pu le faire, là, les coûts auraient peut-être doublé ou triplé, littéralement. Parce que les coûts d'impact étaient trop élevés pour les autres concurrents, donc ça venait tout simplement à se lancer dans le vide en étant sûrs de payer plus. Alors, il y a une négociation serrée qui a été faite avec cette compagnie-là pour être capables d'arriver à un montant qui est beaucoup plus bas que ce qu'on avait auparavant en termes de renouvellement, là.

M. Chouinard (Tommy): O.K. Mais là, quand vous... Vous parlez de Microsoft?

M. Bédard: Oui.

M. Chouinard (Tommy): Pour les 30 millions, là?

M. Bédard: Spécifiquement.

M. Chouinard (Tommy): Spécifiquement pour les 30 millions.

M. Bédard: Oui, 30 millions. Voilà.

M. Chouinard (Tommy): O.K. Est-ce que...

M. Bédard: Et, du 30 millions... C'est pour ça... À ça est associé... Bon, il y a la formation, il y a une partie qui peut être incluse, je vous dirais, dans les... c'est du temps personne. Je partais pour dire du temps homme. Donc, du temps personne. On parle de montants qui sont associés... Mais le renouvellement des licences en soi, c'est 30 millions.

Mme Dufresne (Julie): Mais combien ça coûte, ce dont vous parlez, là, la formation qu'on... C'est quoi, le montant additionnel?

M. Bédard: C'est sûr que ce n'est pas une lecture exacte, tu sais, c'est une évaluation. Mais il y a de la formation. Ça peut aller, tout dépendant des situations à l'intérieur du ministère... Il y a des gens qui le font déjà, mais on peut parler de sommes qui peuvent aller autour de 50 millions à peu près.

Mme Dufresne (Julie): ...additionnels.

M. Bédard: Additionnels. Mais ça inclut aussi, je vous dirais, d'autres équipements, là, qui vont permettre de soutenir ceux et celles qui vont faire cette migration-là.

M. Chouinard (Tommy): Donc, 30 millions pour l'acquisition, 50 millions pour le reste.

Mme Dufresne (Julie): Ça fait 80 millions finalement.

M. Bédard: Bien, c'est que le coût des licences... On a parlé beaucoup des licences. C'est ça qui est important: c'est le coût des licences.
Le reste, c'est que... À la limite, ce que je vous dis là, c'est que, ces montants-là, ils auraient dû les mettre peu importe le choix qu'on aurait fait, là. On irait dans un autre type de choix technologique, et il faut bien former le monde, là, il faut avoir les équipements qui viennent autour. Donc, le vrai coût, c'est 30 millions. Le reste, c'est que, peu importe ce que tu fais, évidemment, il y a avec des coûts, nous, qu'on a estimés... qui sont importants. Mais ça, ça ne tient pas compte... ce n'est pas parce que c'est Microsoft. N'importe quel nous aurait amené aussi des coûts. Dans ce cas-ci...

M. Chouinard (Tommy): Le Parti québécois avait dénoncé beaucoup le décret libéral.

M. Bédard: Oui.

M. Chouinard (Tommy): Aujourd'hui, vous renouvelez... vous le prolongez. Est-ce que... Vous dites: On n'a en quelque sorte pas le choix, mais l'avez-vous faite, l'évaluation, une évaluation précise?

M. Bédard: Oui, oui. Non, non.

M. Chouinard (Tommy): Si on avait mis fin à ce décret du jour au lendemain, ça aurait été quoi, l'impact, exactement?

M. Bédard: Bien, c'est que, de toute façon, on serait devant un cul-de-sac, O.K.? Parce qu'il y a les deux décrets. Quand vous me parlez du décret logiciel... Sur Microsoft, c'est que la migration, de toute façon... on n'était pas prêts à aller au 1er avril 1994...  2014, O.K.? C'était comme... On était... L'autobus, là, il s'en allait droit dans le mur avec un conducteur qui n'était même plus dans l'autobus puis qui disait: On s'en va dans le mur. Pourquoi? Parce que l'ancienne présidente du Conseil du trésor, le Parti libéral, tout ce qu'ils disaient, c'est que nous, on veut favoriser le logiciel libre, et il n'a rien fait en termes d'actions concrètes, O.K.?
Et, cette préparation-là, comme elle n'a pas été faite, bien, nous, à travers ça, il y a des systèmes où il y a des risques importants parce qu'ils sont utilisés à tous les jours dans des domaines qui sont, vous le savez... où il y a beaucoup de roulement ou d'utilisation: au ministère du Revenu, que ce soit dans certaines fonctions... prêts et bourses par exemple, j'imagine, où il y a beaucoup d'utilisateurs. Donc, on teste rapidement ces systèmes-là en termes de rudesse, là, et ce qui fait que tu peux arriver en rupture de service littéralement si tu n'as pas des systèmes qui sont bien adaptés. Donc, tout ça, ça ne s'était pas fait, il n'y avait pas eu de regroupement.
C'est pour ça que j'ai préféré, moi, aller en annonçant une stratégie du logiciel libre avec un centre d'expertise. On va développer nous-mêmes, à l'interne, cette approche-là. On a fini le combat, là, où les gens... il y avait le libre contre ceux qui utilisaient des logiciels des compagnies que vous connaissez bien. On est allés dans une approche plutôt: On va se préparer, on va leur laisser de la place. Et là on n'est plus en opposition. Tout le monde collabore, et on est allés avec de ministères qui avaient cette volonté réelle de la développer, cette expertise-là. Donc, moi, je suis convaincu que cette approche-là va fonctionner.
Sur l'autre décret, cette situation est là depuis des années, O.K.? Elle existe depuis des années dans des cas où... Je vous disais l'exemple type, là, qui était celui où tu as 200 personnes qui utilisent, puis là ça augmente parce qu'il arrive telle situation au niveau de la sécurité publique, au niveau de tel type de travail qui est fait par les employés. Tu as besoin de 20 licences additionnelles, tu sais que tu n'iras pas en appel d'offres pour les 20 licences vis-à-vis les 200 que tu utilises déjà. Donc, ce qu'il faut, c'est bien l'encadrer, être transparents puis être capables, dans certains cas... Justement, à travers nos choix technologiques qu'on va faire, peut-être qu'on aura sûrement moins l'occasion d'utiliser ce type d'outils là. Voilà.

Mme Dufresne (Julie): Moi, je m'explique mal encore comment on passe de 1,5 milliard à 30 millions. C'est peut-être moi qui comprends mal.

M. Bédard: Bien, c'est le nombre, c'est tout ça. Vous savez, on parle... le coût des licences, je le sais que tout le monde... Mais vous comprendrez que moi, je ne vous ai pas détrompés là-dedans, là. C'est un peu votre problème, entre guillemets, dans le sens qu'il peut s'écrire n'importe quoi, là. Moi, je suis dans le domaine, et vous aussi là, où, à partir du moment où il y a une rumeur, qu'elle soit sur Twitter ou n'importe où, elle va prendre une proportion. Alors, moi, j'ai laissé faire ça, là, en voyant que... il me semble que ça ne correspond pas vraiment à ma réalité.
On s'est assurés, nous... Ce qu'on fait aujourd'hui, c'est concernant les 78 000 postes de la fonction publique, évidemment, et des ministères et organismes. Et après ça il y avait tout le secteur de l'éducation, que je vous dis, qui n'est pas couvert. Le secteur de la santé, ils ont une approche qui est différente. Il y a des ordinateurs, dans le secteur de l'éducation, comme je vous disais, 360 000, à des fins pédagogiques. Bien, on ne le fait pas. Que voulez-vous, c'est aussi simple que ça.
Alors... Et après ça, même les coûts, on s'est donnés une façon aussi de négocier, on a été capables de diminuer les coûts qui étaient projetés il y a encore deux ou trois ans, là, donc l'historique ne tient plus. Puis, nous, ce qu'on souhaite, c'est toujours négocier pour s'assurer que les coûts soient les moins élevés possible. Donc, l'approche qu'on a choisie fait en sorte, effectivement, qu'on est capables, tu sais, de déglinguer ce chiffre-là de 1,4 milliard. Moi, les chiffres, je suis très à l'aise, très transparent. Aujourd'hui, vous le voyez, puis ça...

Mme Dufresne (Julie): Mais vous dites quand même que vous avez réussi à réduire les coûts par rapport à la situation... le portrait que vous aviez quand vous êtes arrivés. C'était quoi, le portrait réel que vous...

M. Bédard: Bien, avant ça... Non, mais tout ça, c'est des projections. Tu sais, les gens disent: Bon, combien vaut le logiciel? Si tu n'as pas négocié, tu ne sais pas. Deuxièmement, les coûts de... pas d'entretien mais de préparation, comment tu les évalues? Mais évidemment la grosse différence dans le cas actuel, c'est qu'on avait surestimé le nombre de postes qui vont faire l'objet du décret, tout simplement. Puis là vous comprendrez que mon but n'est pas d'accréditer les rumeurs, mais moi, à partir du moment où j'ai vu ça, j'ai discuté avec M. Lévesque, parce que, ce chiffre-là, je l'entendais, et le décret est circonscrit à ce que je vous dis puis...

M. Chouinard (Tommy): Mais ça, c'est pour le premier décret. Moi j'essaie de voir le deuxième décret.

M. Bédard: Oui, je le sais, mais là je réponds à... vous comprendrez. Alors, on peut parler du deuxième.

M. Chouinard (Tommy): Oui, mais je pense qu'elle parlait aussi en général, là, l'opération en général. Parce que, là, le premier décret, je comprends...

M. Bédard: Alors, le deuxième décret, je vous l'ai dit...

M. Chouinard (Tommy): ...mais, le deuxième décret, on dirait qu'il y a comme une porte ouverte...

M. Bédard: Non, non. Bien, c'est...

M. Chouinard (Tommy): ...où là on... Ça fait que je veux voir dans quelle mesure est-ce qu'il va y avoir des contrats de gré à gré avec les fournisseurs déjà présents.

M. Bédard: Bien là, je vous l'ai dit, le passé est garant de l'avenir, là. Dans l'ancien, là, sur 18 mois, c'est 18 millions. Ce n'est pas 18 milliards, là, ce n'est pas 180 millions, c'est 18 millions. Et ça correspond...

M. Chouinard (Tommy): Et vous estimez que le prolongement, ça va entraîner des contrats de gré à gré d'une valeur d'environ...

M. Bédard: Bien là, j'aurais tendance à vous faire un chiffre, une règle de trois, mais ça serait de mauvais goût, je pense. Alors, je peux... Les besoins... C'est que ce qui est bien là-dedans, c'est qu'on est transparents. Puis on va chercher peut-être à améliorer encore plus la transparence. Mais, jusqu'à maintenant, on a les logiciels, on a les compagnies visées.
Et aujourd'hui je vous donne même le chiffre du... Je ne suis pas responsable, mais je l'ai vu très rapidement, parce qu'on a tous des doutes, il y a des rumeurs, beaucoup, qui circulent, ça représente combien. Et le chiffre aussi au départ m'a étonné. C'est triste un peu, ça fait moins un gros titre dans le journal, mais... Puis là je vous dis ça un peu à la blague, dans le sens que ce qui circule versus la réalité, effectivement, c'est deux choses.
Moi, je vais m'assurer qu'on conserve cette transparence-là et que l'utilisation du décret... Et c'est le mandat de M. Lévesque qu'il soit selon, je vous dirais, les barèmes qu'on a donné. Mais, moi, l'exemple que je vous donne est peut-être le plus évident. C'est sûr que ça correspond peut-être à, pour moi qui n'est pas dans ce domaine-là, là, une compréhension qui est totale. C'est l'ajout de postes liés à un service qu'on donne, qu'on a identifié, là, le... Donc, dans ce cas-ci, j'ai pris l'exemple du RQAP, le Régime québécois d'assurance parentale. S'il y en a 200, puis on en ajoute 10, il n'y a personne qui va penser qu'on va aller en appel d'offres pour un nouveau système pour les 10 qui travaillent avec les 200 autres. Ce serait absolument ridicule de faire ça.
Mais il faut toujours circonscrire. Cette façon de faire là existe depuis des années, depuis plus de 10 ans. Simplement, à partir du moment... En 2011, ce qui est arrivé, c'est qu'on l'a étendue à plus, au réseau de la... voilà, au réseau de la santé, donc ça a fait en sorte qu'on a dû procéder par décret. Mais je continue à suivre la situation.
Moi, mon objectif, à terme, c'est quoi? C'est que, d'ici quelques années - on s'est donné un horizon, là, - on va être capables, au niveau du renouvellement de ces technologies-là, d'avoir de la vraie concurrence. C'est ce qu'on souhaite. Et c'est pour ça qu'on va travailler beaucoup sur le cadre d'interopérabilité. Donc, les données qui sont stockées vont pouvoir servir et vont pouvoir être utilisées, dans le cadre de nouveaux systèmes, à toutes sortes de technologies.
Et souvent, par un choix anodin, on va s'enfermer dans un choix technologique pour des années à venir. Parce que plus tu as de données, plus ça coûte cher, transférer tes données sur un autre support, et c'est là que tu es prisonnier de la technologie. Moi, je vois ça actuellement, là. Tu fais un choix il y a 10 ans; bien, 10 ans plus tard, tu ne peux même pas aller en appel d'offres parce que, les données sur lesquelles ils sont, seulement faire le transfert coûterait plus cher que le choix que tu veux faire en termes technologiques, donc ça devient ridicule.

M. Chouinard (Tommy): Vous avez dit tantôt, là, que, d'ici quelques années, vous voulez une vraie concurrence. Le Vérificateur général, il avait justement relevé le fait qu'il n'y en a pas, de vraie concurrence. Il avait constaté toutes sortes de problèmes dans les contrats informatiques. Là, vous êtes en poste depuis six mois. Les avez-vous vus, ces problèmes-là, puis avez-vous pris des mesures?

M. Bédard: Exactement. Et c'est...

M. Chouinard (Tommy): Avez-vous constaté de la collusion, par ailleurs?

M. Bédard: Bien là, ça, c'est un terme qui est... Vous savez, la collusion a un caractère qui est criminel. Ça, vous le savez. Donc...

M. Chouinard (Tommy): ...c'est juste une question, là.

M. Bédard: Non. Bien, et ça, j'ai eu la chance de répondre à plusieurs reprises là-dessus, c'est que le domaine informatique, c'est une autre réalité que le domaine de la construction. C'est qu'il y a beaucoup d'argent avec peu de joueurs. C'est ça, la réalité. Nous, ce qu'on souhaite, c'est augmenter le nombre de joueurs, tout simplement.

M. Lecavalier (Charles): Peut-être sur un autre sujet. Je ne sais pas si... Les trois entreprises qui ont obtenu le plus de contrats avec le ministère des Transports depuis cinq ans, c'est Dessau, Cima+ et... J'ai un blanc pour la troisième, mais les trois vont témoigner...

Une voix: Genivar.

M. Lecavalier (Charles): ...devant la commission Charbonneau. Le vice-président de Dessau... l'ex-vice-président de Dessau lui-même a admis qu'il y a des activités criminelles qui se sont produites à l'insu... avec la haute direction qui le savait. L'AMF n'a pas besoin d'attendre d'accusations criminelles, avec votre projet de loi... pardon, avec votre Loi sur l'intégrité, pour mettre fin à ça.
Mais ma question n'est pas là. Je sais que vous allez laisser l'AMF faire son travail. Mais est-ce que votre gouvernement est prêt à perdre les plus gros joueurs dans l'industrie du génie-conseil, qui ne pourront plus appliquer aux contrats? Est-ce qu'il y a un plan de prévu si jamais ces grandes entreprises-là disparaissent du décor? C'est quoi, le plan? Est-ce qu'il y en a un?

M. Bédard: Ne présumons pas de la réponse de l'UPAC ni de l'Autorité des marchés financiers. Au gouvernement du Québec, la règle, maintenant, elle est claire pour tout le monde. On souhaite traiter avec des gens qui rencontrent des critères de probité. Il y va de la confiance du public.
La chance qu'on a au Québec, c'est qu'on a formé beaucoup d'ingénieurs, on a développé cette expertise-là, et je tiens à vous dire que cette expertise-là, elle ne partira pas. Elle reste sur le territoire québécois, elle bien québécoise. Donc, moi, ce que j'invite toutes les firmes, c'est de ne pas attendre la commission Charbonneau, des révélations, c'est de prendre toutes les mesures pour, à l'interne, développer des pratiques qui correspondent à un idéal de probité. Et je pense qu'elles ont cette responsabilité-là.

M. Lecavalier (Charles): Est-ce que vous invitez les firmes à faire le ménage dans leurs hautes directions?

M. Bédard: Écoutez, je n'ai pas à me mêler de la gestion interne des compagnies. Ce que je leur dis, c'est... Ils savent où est-ce qu'on s'en va, on a annoncé nos couleurs. Nous, ce qu'on souhaite, c'est avoir des cocontractants publics qui correspondent à nos standards. Et, moi, le domaine de l'ingénierie, c'est un domaine que je connais bien. Je connais des gens qui sont aussi soucieux que moi de la probité et du respect des lois.
Donc, au contraire, moi, ce que je souhaite, c'est que... ce que je dis à ceux qui respectent la loi puis qui ont ce souci-là, là, de probité: Bien, ils vont avoir une chance plus importante de contracter avec l'État. Je pense que c'est une bonne nouvelle pour tout le monde. Pour le reste, ne présumons de rien. Alors...
Mais ce qui se passe actuellement reste navrant, gênant. Mais il faut de temps en temps, justement, passer un petit coup de balai et après ça de reconstruire sur des bases qui sont solides où... Les précédents, des fois, qui sont invoqués en termes de pratique, moi, me catastrophent littéralement, là, à tous niveaux, là. Ce que j'ai vu à la commission, c'est symptomatique de quelques joueurs, et ils doivent en tenir compte, et je les invite à ne pas attendre des révélations devant la commission Charbonneau. S'il y a des gens qui ont des choses à se reprocher, à l'interne, on a tous des mécanismes.
Puis, quand on donne des ordres clairs, on n'est pas à l'abri de quelqu'un qui peut agir de mauvaise foi ou de façon illégale. Ça, c'est vrai pour le gouvernement, mais c'est vrai pour les compagnies. Donc, il peut arriver que quelqu'un ait, lui, avec toutes les règles qu'on peut se donner, je vous dirais, un état d'esprit malicieux, et, ça, on ne peut pas empêcher ça. Mais, je vous dis, dans, eux, les façons qu'ils ont de se gouverner, j'imagine qu'ils tiennent compte du cadre qu'on s'est donné au niveau de la loi n° 1 et de faire en sorte qu'ils rencontrent les plus hauts standards de probité.

M. Chouinard (Tommy): Mais ce que vous dites, ça vaut aussi pour le Parti québécois.

M. Bédard: Pardon?

M. Chouinard (Tommy): Parce que, dans ce qui est gênant... ou navrant, là, il y a eu aussi des histoires de prête-noms qui touchent, oui, beaucoup le Parti libéral mais également le Parti québécois.

M. Bédard: Écoutez, honnêtement, là, je ne vois pas comment on peut associer ce que j'entends, là, devant la... à ça, là. Moi... C'est votre opinion, là, je vous avouerais, et...

M. Chouinard (Tommy): Il y a des allégations qui parlent de financement illégal au Parti libéral...

M. Bédard: Oui, oui. Mais je vous dis, moi: C'est votre travail. Moi, je ne suis pas capable de faire le lien que vous faites, O.K., étonnamment, là, alors...

Une voix: ...

M. Bédard: Exactement. Je pense que de voir les révélations que j'ai entendues devant la commission Charbonneau, là... Nous, ce qu'on s'est dit avec le DGE, c'est qu'on allait faire en sorte de travailler avec eux. Et Mme Papineau, elle ne peut pas vérifier, sur chacun, c'est quoi la pratique des entreprises. Puis tout le monde ici qui connaît Lucie Papineau peut constater que c'est une personne qui a toujours respecté des hauts standards à ce niveau-là, puis elle a toujours eu toute notre confiance comme députée.
Alors, ce que fait la compagnie après ça par rapport à ce qui est demandé à travers les gens, là, qu'elle va rencontrer... Moi, ça va me faire plaisir de rembourser ce qu'on doit rembourser. Mais l'idée, c'est qu'il y a des pratiques qui s'étaient établies qui ne sont pas conformes à nos lois, puis les gens vont devoir répondre de ça. C'est pour ça que je vous dis que je ne vois pas le lien entre ce que j'entends...

M. Chouinard (Tommy): ...à travers, est-ce qu'il y a une pression politique exercée auprès de firmes pour donner...

M. Bédard: Oui, mais je viens... Regardez, on a brisé le cycle de l'argent, là. On l'a brisé, là, avec les lois. Moi, je me suis battu en commission parlementaire pour ramener de 3 000 $... Souvenez-vous, à l'époque, c'était 500 $ parce que le Parti libéral ne voulait rien savoir. Puis ça a pris bien des révélations pour finalement... j'ai voté contre, mais arriver à 1 000 $. Mais le Parti libéral, à l'époque, prônait une possible augmentation du plafond. Là, maintenant, on est rendus à 100 $ parce qu'on est rendus majoritaires... pas majoritaires, mais on est rendus au gouvernement. Ça nous a permis de dire: Bien, c'est 100 $.
Alors, ce cycle de l'argent là, là, il est brisé. Depuis qu'on est arrivés au pouvoir, on a adopté... La loi n° 1 en fait partie. Vous avez vu, au niveau municipal, mon collègue a agi, il n'a pas toléré ces situations-là. Et, même, maintenant, un maire qui est accusé doit se retirer en attendant quand c'est des infractions qui sont liées à son poste. Donc, c'est ça, agir de façon claire puis de donner l'indication à la population que maintenant on ne tolère plus ces situations-là. Voilà.

Une voix: Merci.

(Fin à 12 h 26)

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