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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Wednesday, April 17, 2013, 11 h 36

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures trente-six minutes)

M. Khadir: Bonjour, tout le monde. Nous avons appris avec étonnement ce matin la nomination de M. Pierre Karl Péladeau, qui est un grand... un des grands patrons du Québec, à la tête d'Hydro-Québec, en fait, comme président du conseil d'administration. Nous trouvons ça très déplorable, parce que, si le gouvernement du Parti québécois cherchait à, disons, renforcer l'impression de copinage entre les gouvernements et les milieux d'affaires, entre les grands patrons et les décisions que prennent nos gouvernements et nos décideurs, bien, il vient d'aggraver la situation, il vient d'aggraver le cynisme qu'on ressent chez la population qui trouve l'influence de certains milieux d'affaires et les milieux financiers et patronaux démesurés auprès des pouvoirs publics.
Il y a une proximité que tout le monde déplore. En Europe, aux États-Unis, au Canada, au Québec, on s'évertue à dire qu'il faut éviter la trop grande proximité, il faut éviter les Club 357, il faut éviter que les entreprises contournent la loi puis financent les partis politiques parce que ça augmente leur influence sur les décisions publiques. Et là on vient de voir une nomination qui a toutes les apparences d'une très grande proximité, surtout, surtout lorsqu'on nomme à cette fonction très importante d'une grande entreprise publique, le chef d'un groupe de presse. Les groupes de presse, les médias sont supposés être un contre-pouvoir, sont supposés être dans une position, avec leurs dirigeants, tout à fait... sans aucune espèce de compromission, sans aucune espèce d'attachement, d'obligation, de restriction par rapport aux pouvoirs publics.
Or, le chef de Québecor, qui contrôle... on sait, au Québec, à quel point les médias sont déjà très, très concentrés. On est un des endroits au monde où les médias sont les plus concentrés. Une partie de cette concentration vient de l'emprise importante de Québecor sur les médias québécois, sur les ondes, sur les médias écrits. Or, maintenant, bien, le chef d'une de ces entreprises-là se trouve à la tête d'une grande entreprise publique. Quelle est l'indépendance à ce moment-là? Quelle est l'aisance avec laquelle dorénavant, moi, comme député d'opposition, je pourrai m'adresser à ces médias-là, et critiquer l'action du gouvernement, et m'assurer que le message passe sans aucun tamisage, aucune restriction, aucun malaise.
Donc, nous trouvons ça excessivement déplorable, d'autant plus que... Mme Marois est une femme à la tête du gouvernement du Québec, c'est une bonne nouvelle pour le Québec d'avoir une femme à sa tête. À la tête du ministère des Ressources naturelles, on trouve une femme exceptionnelle, Mme Martine Ouellet. Nous savons que les occasions sont rares, si on veut enlever la cloche de verre qui empêche l'ascension des femmes aux plus hautes fonctions, aux plus hauts postes de responsabilités. Ça aurait été l'occasion de trouver une femme compétente dans le milieu des affaires publiques et non privées, parce que c'est une entreprise publique, qui répond à d'autres impératifs que le secteur privé. Donc, ça aurait été l'occasion de nommer quelqu'un qui vient du milieu des affaires publiques et, pourquoi pas, une femme à la tête du fleuron des entreprises publiques québécoises.
Troisième considération, qui, pour moi, est aussi importante: Mais quelle est la compétence particulière de M. Pierre Karl Péladeau, là, pour diriger Hydro-Québec? Je ne comprends pas. Compétence en énergie? Je ne crois pas. Compétence particulière en affaires? Bien, je m'excuse, mais M. Péladeau n'a même pas été capable, comme d'autres le font, de monter un plan d'affaires pour une équipe professionnelle sans avoir besoin de l'aide massive du gouvernement québécois. C'est sûr que... En fait, quand on regarde Vidéotron, l'histoire de M. Pierre Karl Péladeau est jalonnée de ces épisodes où il est allé chercher le secours de l'État par millions, parfois par milliards, comme levier pour pouvoir réaliser ses plans d'affaires. C'est quoi cette... Est-ce qu'il a une compétence particulière? Je ne crois pas que ce soit une compétence si remarquable.
Et, en plus, on sait que M. Péladeau est particulièrement prompt à créer des conflits avec ses employés. Il a, je pense, été à l'origine de 14 lock-out en à peine 14 ans, lorsqu'il dirigeait ses entreprises. 14 lock-out, 14 confrontations avec ses employés, et là on s'apprête à l'envoyer à la tête d'une entreprise d'État, avec des dossiers litigieux à venir: augmentation du tarif, augmentation du taux patrimonial, toute la question de l'efficience, là, on veut faire devenir au Québec une vache à lait à tout prix, il y a toute la question des compteurs. Tu sais, il y a tout plein de dossiers très acrimonieux, très conflictuels... à la tête de laquelle on envoie M. Péladeau. Je ne comprends pas très bien. Merci de votre attention.

M. Robitaille (Antoine): C'est annonciateur d'un lock-out à Hydro-Québec, selon vous?

M. Khadir: Je ne le sais pas, mais j'espère que M. Péladeau ne va pas appliquer le même régime qu'il applique dans Québecor. Nous avons, à Hydro-Québec, l'exemple d'une entreprise qui offre de bonnes conditions salariales à ses employés et qui donne un exemple de comment on peut gérer les relations de travail. Moi, je ne voudrais pas voir importer le modèle de Québecor à Hydro-Québec. Ça ne serait pas bon, ni pour Hydro-Québec, ni pour le reste de la société québécoise. On a besoin de bons exemples. On n'a pas besoin d'affrontements et de casser les syndicats, de casser du sucre sur le dos des travailleurs.

M. Robillard (Alexandre): Est-ce qu'il y a un intérêt politique pour le gouvernement de le nommer à cette fonction-là?

M. Khadir: C'est sûr qu'il y a quelque chose qui a tout l'air de ça. On sait l'alliance stratégique qu'en tout cas certains éléments au sein du PQ veulent établir entre les visées à long terme ou à court terme, électoraux... électorales du Parti québécois et Québecor ou, enfin, M. Péladeau, que sais-je. Ce qui est certain, c'est que, chez la population, c'est une impression de copinage. C'est l'impression d'un grand Club 357, hein, où les grands patrons sont en lien permanent, sont en copinage permanent avec les décideurs publics.
Et c'est ça qui heurte le citoyen ordinaire qui, lui, n'a pas accès au pouvoir, ne peut pas faire ses représentations, dire: Moi, là, je suis endetté, vous me taxez tous les jours, vous augmentez mes impôts, alors que ces messieurs, ces mesdames au plus haut, non seulement ils bénéficient de réductions fiscales importantes, ils peuvent trouver toutes sortes de moyens à échapper à l'impôt, en plus, vous les nommez aux plus hautes fonctions de l'État.

M. Robillard (Alexandre): Mais en quoi ça concentre beaucoup de pouvoir entre les mains d'un seul homme, ça?

M. Khadir: L'entreprise Hydro-Québec est la principale source de revenu de l'État québécois, même avant, en quelque sorte, les impôts venant des autres entreprises. En fait, quand on regarde ce qu'on reçoit... M. Yves Séguin l'avait montré, l'ancien ministre des Finances du gouvernement libéral avait montré qu'on donne autant aux entreprises qu'on en reçoit de l'autre main. Donc, la seule entreprise, avec quelques autres entreprises d'État, qui contribue à la caisse de l'État québécois, c'est Hydro-Québec. C'est une des entreprises les plus importantes au Québec en termes d'emplois, en termes d'activité économique. C'est sûr que ça a énormément de puissance. Si ce n'est pas si important, pourquoi M. Péladeau y va? Il faudrait lui poser la question.

M. Journet (Paul): Qu'est-ce que vous pensez du processus de sélection? On a appris ce matin que c'est M. Péladeau qui a dit à Mme Marois qu'il aimerait servir et on lui a offert ce poste-là sans approcher d'autres candidats.

M. Khadir: Votre question est la réponse, c'est-à-dire c'est tout à fait inacceptable. Qu'est-ce qu'on peut penser de ça? Qu'est-ce qu'on peut penser d'un gouvernement dont la première ministre répond aussi favorablement à la demande, au désir de quelqu'un qui est à la tête d'un empire médiatique très influent? Qu'est-ce qu'on peut penser de ça? Dites-moi. Autrement qu'on essaie de s'acheter des alliances, et de l'influence et, je dirais, des retours d'ascenseur. Quelle impression d'autre ça donne? Dites-le moi.

Mme Prince (Véronique): Vous êtes celui qui avez demandé des changements, justement, au conseil d'administration d'Hydro-Québec, donc visiblement vous n'êtes pas satisfait de cette décision. Mais qui vous auriez vu à sa place?

M. Khadir: Quelqu'un avec des compétences environnementales et sociales marquées. C'est une entreprise publique, et ce, dans l'Occident, hein? Regardez Joseph Stiglitz, il est venu ici tout dernièrement à l'invitation d'un grand parti. C'est l'ancien conseiller économique de M. Clinton et président de la Banque mondiale... ancien vice-président ou président de la Banque mondiale, prix Nobel de... Il nous dit qu'il y a un problème. Les décisions qui se prennent pour l'économie ne respectent pas des questions environnementales et sociales, et ça, ça aggrave notre situation économique, ça nous pousse vers la ruine. Comment ça se fait qu'on sait ça, que les meilleures compétences nous disent qu'il faut s'orienter là, et on nomme quelqu'un du secteur privé, sans aucun égard... Je ne pense pas que M. Péladeau a même la prétention d'avoir des compétences environnementales ni sociales.

M. Séguin (Rhéal): Mais en quoi cette nomination-là reflète sur l'orientation sociale-démocrate du Parti québécois?

M. Khadir: Moi, je pense qu'encore une fois c'est une occasion ratée. Le PQ, le Parti québécois déçoit sur toute la ligne. Après avoir renié toutes ses promesses sociales-démocrates, ses engagements les plus primordiaux et les plus élémentaires qui pouvaient encore permettre peut-être au PQ de prétendre que c'est un parti progressiste, il vient ici de montrer quel est l'exemple qu'ils veulent donner lorsqu'ils nomment un des patrons les plus conflictuels de l'histoire contemporaine du Québec à la tête d'Hydro-Québec, le fleuron des entreprises publiques au Québec. Parlez-moi de social-démocratie.

Mme Plante (Caroline): Mr. Khadir, did I hear you correctly that you think that the PQ appointed Mr. Péladeau for electoral reasons?

M. Khadir: I don't know. It has this impression, because otherwise I cannot explain. He doesn't have the appropriate competencies, capacities in terms of... You know, I don't think Mr. Péladeau is in the energy sector. He has been a relatively unable businessman, he has always needed the State, the Government to help him to arrange his business affairs. Look for the «amphithéâtre»... Comment on dit ça en anglais?

Mme Plante (Caroline): Amphitheater.

M. Khadir: Look for the amphitheater and for his hockey team, he can't do it without the help of the State. So what is his competency, other than the fact that he is the boss of a big media corporation that could render appropriate services, in due time, to the Marois' Government? Unfortunately, this is the only impression we get. I am not sure of that, but how could you explain that otherwise, that without proper selection, without proper criteria, we nominate somebody like that at the head of...

Mme Plante (Caroline): So you worry that he could import Québecor's model to Hydro-Québec?

M. Khadir: And he's a very bad «gestionnaire», he is a very bad manager because he's very conflictual. In the last 15 years, he has had 14 lockouts, 14 conflicts with his employees. We don't want to have that at the head of Hydro-Québec. Hydro-Québec is an example of good workplace relations between bosses and their employees. We don't want conflict in there. We want somebody with vision, somebody with environmental concerns, somebody with social concerns, somebody with a global vision of the development of energy for the future of Québec.

Mme Plante (Caroline): You're genuinely disappointed with this...

M. Khadir: We are very disappointed. It seems to... It will increase the bad impression that the people have, that there is too much close relations between the business sector and the power. Everybody... Everything that the business sector wants, they can have it right away. They had anxiety over taxes, Mrs. Marois responded positively. Mr. Péladeau seems to want to have this nomination, it appears that it was easy for him to obtain it from Mme Marois. It's not good, it's not fair, it's not... A just society, a democratic society doesn't proceed like that.

M. Séguin (Rhéal): Just a technical question. You talk about 14 lockouts over the last 14 years. Do you mean 14 lockouts or 14 labor disputes?

M. Khadir: It's 14 lockouts in the 15... last 15... Because it was like that last year or... So, it's in last 16 years, because I remember that was in 2011 when they put in lockout the journalists of Journal de Montréal. At that time, in the last 14 years, they had had 14 lockouts.

Mme Plante (Caroline): I'm just curious, but do you see a problem with him not getting paid? Do you think that the PQ Government will...

M. Khadir: That's not the question.

Mme Plante (Caroline): ...owe him something?

M. Khadir: That's not the question. That's not at all the question, being paid or not. It's so irrelevant for the global context. The issues are much more important.

M. Séguin (Rhéal): Do you see him influencing his media empire to give better coverage or favorable coverage of Hydro-Québec? Do you see anything like that?

M. Khadir: This is the question we are entitled to ask, and it presents a problem. Even the appearance of it presents a problem. The fact that the head of... There are two important global medias in Québec. The head of one of them is at the head of the most important public enterprise of Québec, Hydro-Québec, with very conflictual issues at stake in the future months. So how journalists will feel, how Opposition people will feel that the issues are appropriately represented and transmitted to population? Even the appearance of it is problematic. That's why, in my opinion, in no place in democracies, governments should nominate people at the direction of big medias in any public nomination.

M. Séguin (Rhéal): Do you know of any other... in the world.

M. Khadir: I don't know. I don't know, but it appears to me just problematic, a conflict of interest by essence.

M. Séguin (Rhéal): So is this like naming Rupert Murdoch to the head of the access to information in Great Britain?

M. Khadir: That could be... Yes, of course, or - how is he called - the head of Fox News...

M. Séguin (Rhéal): Rupert...

M. Khadir: Ah, c'est Rupert Murdoch, Fox News? O.K., c'est bon.

Une voix: Ce n'est pas CNN, là?

M. Khadir: Je me mélange, là, il y en a...

Des voix: Ted Turner.

M. Khadir: Ted Turner.

(Fin à 11 h 51)

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