Point de presse de M. Yves Bolduc, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé
Version finale
Wednesday, May 1, 2013, 11 h 20
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Onze heures vingt minutes)
M. Bolduc (Jean-Talon): Écoutez, merci d'être présents. Vous avez vu la question que j'ai posée ce matin, là. Je dénonce vraiment la décision du gouvernement de mettre le jeu... de mettre l'alcool disponible lorsque les gens jouent, tout simplement parce que le fait de prendre de l'alcool enlève l'inhibition, et les gens, en prenant de l'alcool, vont jouer plus. D'ailleurs, l'intention du gouvernement, c'est d'aller chercher 40 millions de dollars de plus en profits. Ça, ça veut dire qu'il y a plus d'alcool qui va se boire, il y a plus de personnes qui vont jouer, et ça a des impacts.
Premier impact, c'est que, si les gens perdent leur contrôle, ils vont s'endetter plus. Ça va amener des problèmes sociaux, ça va juste augmenter, chez des gens qui sont déjà très vulnérables, une plus grande dépendance.
Ce matin, j'ai trouvé triste... parce que les questions s'adressaient directement au ministre de la Santé, et, à deux reprises, c'est le ministre des Finances qui s'est levé, avec des réponses plus ou moins compréhensibles, là. Je pense qu'il se mêlait dans son texte. Et puis, après ça, ça a été le ministre de la Sécurité publique qui est venu nous faire un discours qui n'avait pas beaucoup de sens par rapport aux questions que je posais. Entre autres, les médecins directeurs de la santé publique, habituellement, donnent des avis au ministre. Et dans ce cas-ci, je suis certain que l'avis est défavorable. J'ai demandé au ministre s'il avait demandé un avis, mais il n'a pas osé se lever sur la question.
Donc, aujourd'hui, je pense qu'il faut déplorer cette décision de vouloir augmenter les revenus de 40 millions de dollars du côté gouvernemental en allant directement atteindre les gens les plus vulnérables, c'est-à-dire des joueurs qui, souvent, ont déjà... pas tous, mais une partie a un problème de dépendance.
Également, les joueurs occasionnels, lorsqu'ils vont être aux tables, il y a des gens qui vont s'endetter. Et l'endettement est un problème chez cette clientèle parce que ça amène des problèmes familiaux et des problèmes de santé, problèmes sociaux chez les personnes mêmes. Et puis, jusqu'à date, là, moi, je pense que c'est une très mauvaise décision de la part du gouvernement, surtout - puis comme je l'ai dit dans ma première question - que c'est pour compenser une perte de revenus qui a été causée par d'autres secteurs.
L'autre élément, qui est le dernier que j'aimerais vous mentionner: il va y avoir des coûts de santé. Ça n'a pas été calculé, mais il va y avoir des coûts de santé au niveau social, au niveau familial, au niveau de l'emploi. Et je pense qu'il faut être capables de baliser le jeu, être capables de le contrôler. Mais lorsque les gens sont assis à une table puis qu'on les encourage ou on favorise à ce qu'ils prennent de l'alcool, ça va augmenter la problématique.
Mme Lajoie (Geneviève): Est-ce que vous, lorsque vous étiez ministre de la Santé, vous aviez un rapport des directeurs de santé publique qui vous indiquait...
M. Bolduc (Jean-Talon): On n'avait jamais pensé à mettre l'alcool, ça fait qu'on n'avait pas de rapport de la santé publique par rapport à la prise d'alcool lorsque les gens sont assis à une table de jeu.
Mme Lajoie (Geneviève): O.K., mais vous n'avez jamais demandé des études là-dessus ou...
M. Bolduc (Jean-Talon): Non, parce qu'on n'a jamais eu l'idée de le faire non plus, tu sais.
Une voix: ...mais un des arguments...
M. Journet (Paul): Ça ne vous a jamais été suggéré par d'autres personnes?
M. Bolduc (Jean-Talon): Non, ça n'a jamais été suggéré non plus, là. C'est la première fois qu'on entend parler de ça. Parce qu'au Québec c'était dans les conditions... qu'ils ont été mis, les casinos, en place. On veut être... que les gens soient capables de jouer de façon raisonnable. Il y a eu des mécanismes de mis en place pour essayer de protéger les gens qui sont des gros joueurs, dont, entre autres, la déclaration volontaire. Souvent, s'il y a des gens qui sont problématiques, qui ont des problèmes de jeu, on leur demande de mieux contrôler...
Parce que le jeu, ça peut être correct quand c'est fait de façon raisonnable. Mais, dans ce cas-là, il y a des gens qui vont jouer à l'occasion, qui vont probablement prendre de l'alcool et - vous savez comment c'est - l'alcool enlève l'inhibition, et puis, à un moment donné, ils vont tout simplement tout jouer leur argent puis ils vont même s'endetter, ce qui va amener d'autres problèmes qui sont encore plus sévères.
M. Dutrisac (Robert): Maintenant, le jeu avec l'alcool, ça existe déjà, là. Il y a des loteries vidéo, là, dans les bars.
M. Bolduc (Jean-Talon): Oui, mais ça, déjà... Mais nous autres, on avait déjà limité... on avait diminué le nombre d'appareils, et puis, on essaie de le contrôler de plus en plus. Et puis ça, justement, ça, c'est un bel exemple où est-ce qu'il y avait de l'alcool avec du jeu. Il y a des gens qui, à un moment donné, vont jouer encore plus, puis ils vont s'endetter. Donc, ce n'était pas une mesure à mettre en place dans des casinos, qu'on veut... où les gens aient du plaisir, mais on ne veut pas que les gens se donnent des problèmes.
M. Dutrisac (Robert): L'argument du gouvernement, c'est de dire qu'il y a une hausse une hausse du jeu illégal et qu'il y a notamment la concurrence des provinces voisines, la concurrence des casinos autochtones. Qu'est-ce que vous dites là-dessus?
M. Bolduc (Jean-Talon): Bien, je pense que c'est se donner bonne conscience. Mais ce n'est pas en causant un problème, puis en disant que je vais avoir plus de revenus, puis en disant que les autres le font que ça justifie que toi, tu dois le faire. Ce n'est pas un mal qu'on voit ailleurs, qu'on doit répéter parce que les autres le font.
M. Lacroix (Louis): Est-ce que vous avez déjà calculé l'incidence du jeu sur la santé? Parce que vous avez parlé d'impact financier, là, pour le système de santé. Est-ce que vous avez déjà eu cette curiosité d'évaluer quel impact ça peut avoir sur le système de santé?
M. Bolduc (Jean-Talon): Bien, dans les études - puis là je vous dis ça de mémoire - c'est 1 % à 2 % des gens qui ont des problèmes sérieux de jeu. Et ça, ça a un impact au niveau de la dépendance, au niveau familial. Oui, il y a un coût à ça, mais il y a clairement une question de liberté, d'autonomie des gens de décider si, oui ou non, ils sont capables de contrôler cette dépendance. Et il n'y a pas eu d'étude, à ma connaissance, qui le chiffrait en termes de dollars, mais on sait qu'il y a un coût social aux gens qui sont dépendants au jeu, et qui leur cause des problèmes sociaux et des problèmes de santé. Mais il reste que le jeu, pour 98 % de la population qui joue dans nos casinos, ça ne cause pas de problème.
Sauf que là, on rajoute un élément différent. En ajoutant de l'alcool, ceux qui sont déjà dépendants, ça cause un plus gros problème, et ceux qui ne le sont pas ont plus de chances de devenir avec un problème. Et ça, ce n'est pas un plus un, là, c'est comme une multiplication par 10 des facteurs de risque, en mêlant les deux facteurs ensemble.
Mme Montgomery (Angelica): Mr. Bolduc, can you explain what is the problem that you see in that?
M. Bolduc (Jean-Talon): You know, today, I told that we don't agree with the decision of the Government to have alcohol with... when the people are playing in casinos. We think that it can be dangerous, it's going to give problems. And also we know that, when you drink alcohol, you don't have inhibition. And, at this moment, we're going to have people who are going to play more, they're going to have more debt and also they're going to have more social problems and probably health problems. And today we said that it's not a good decision for the Government to have taken this decision.
Mme Montgomery (Angelica): What do you think of the argument that the PQ is bringing forward, that instead they will go to illegal casinos, reportedly on First Nations reserves, and that this will bring them closer to organized crime?
M. Bolduc (Jean-Talon): It's not a good justification. You know, it's not because something... someone is doing something wrong that we can do the same thing. In this case, we increase the risk of the people to have more debt, to be sicker and also to have more social problems. You know, it's not like one plus one. It's more that you increase the risk by 10 when you have alcohol with the play.
Mme Montgomery (Angelica): Do you think it's fair to be connecting aboriginal casinos to organized crime and...
M. Bolduc (Jean-Talon): I think they just gave a reason to have more money and, if they see something who is doing wrong, it's not a justification to do the same thing.
M. Dougherty (Kevin): Do you think they should crack down... If there are illegal casinos, should they crack down on them?
M. Bolduc (Jean-Talon): Well, it's another thing that, you know, we try to have... not to have any illegal games in Québec, but it's difficult to control, it's like the «contrebande». There is work to do, but there is not a justification, when someone is doing wrong, to do the same thing because these people are doing that.
Thank you very much.
(Fin à 11 h 28)