To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de M. Jacques Duchesneau, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de sécurité publique

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de M. Jacques Duchesneau, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de sécurité publique

Version finale

Wednesday, May 8, 2013, 16 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Seize heures deux minutes)

M. Duchesneau: Merci beaucoup d'être là. Bien sûr, je tiens à réagir à l'annonce inquiétante du ministre de la Sécurité publique. En fait, je veux parler de trois points en particulier, là, concernant cette annonce. Premièrement, les fausses prémisses, fausses prétentions qui ont amené la création de ce comité. On dit notamment que la population avait un problème avec la façon dont les... la gestion de ces manifestations-là. Il y a sûrement des personnes dans la population qui ont des problèmes avec ça, mais ce n'est pas l'ensemble de la population. Au contraire, je peux vous dire que j'ai entendu des gens nous rencontrer et venir nous parler régulièrement qu'ils étaient satisfaits du travail de la police.
Le deuxième point, c'est la composition de cette commission. Je connais personnellement M. Ménard, je le connais depuis à peu près 40 ans. Je connais M. Grenier depuis une trentaine d'années. Je peux vous dire que ces deux personnes là sont inattaquables au niveau de l'intégrité et de la droiture, donc leur jugement ne peut être biaisé d'aucune façon. Ce qui me préoccupe, et ça ne touche pas la personne, mais que Mme Carbonneau, ancienne présidente d'une centrale syndicale, siège sur ce comité-là, alors qu'on vient de terminer l'étude du projet de loi n° 12 où, justement, on ne voulait pas avoir un policier comme président du Bureau d'enquêtes indépendantes ou de vice-président parce que ça pouvait donner une mauvaise impression. Bien là on vient de manquer notre coup avec une ancienne présidente d'une centrale syndicale, d'autant plus que je pense que c'est un secret de polichinelle que les centrales syndicales ou quelques-unes, pas toutes, mais ont aidé, justement, à soulever une partie de la population. Bien, au niveau de la perception du manque d'objectivité, je pense que c'est clair pour tout le monde, en tout cas pour une bonne partie de la population, qu'on n'aura pas cette objectivité-là. À ce compte-là, pourquoi ne pas mettre, si on veut regarder les deux côtés de la médaille, pourquoi ne pas mettre un président de syndicat aussi policier pour pouvoir entendre les deux côtés de la médaille?
Et, parlant des deux côtés de la médaille, quand j'ai entendu le point de presse du ministre tantôt, c'est que le seul angle qu'on veut prendre, finalement, c'est regarder ce que les policiers ont pu faire de croche. Pour vous donner une idée, il y a eu 711 manifestations à Montréal lors du printemps érable, etc. Il y a seulement 33 % de ces 711 manifestations qui ont demandé une intervention policière, donc c'est le tiers. Mais il y a eu d'autres événements, et on en a inventorié plus d'une centaine. Est-ce que c'est la faute des policiers s'il y a des gens qui ont lancé des engins fumigènes sur les voies ferrées du métro? Est-ce que c'est la faute des policiers si on a lancé des sacs de briques pour faire dérailler le métro? Est-ce que c'est la faute des policiers si on a voulu intercepter le Grand Prix?
Alors, quand j'entends le ministre nous donner déjà son angle d'attaque ou l'angle d'attaque qu'il veut donner à cette commission, bien, vraiment, je suis déçu. Et je ne crois pas du tout aux coïncidences. Hier, on devait terminer et adopter le projet de loi n° 12 sur le Bureau des enquêtes indépendantes, et, parce qu'il manquait un membre de la formation de l'opposition officielle, M. Poëti, qui était absent hier, ça va se terminer demain. Mais la coïncidence fait que le lendemain où ce principe de projet de loi n° 12 sur le Bureau des enquêtes indépendantes, la journée où c'est accepté, on fait cette annonce-là le lendemain.
Puis l'autre chose qui m'a surpris, c'est que tantôt j'ai vu Mme Martine Desjardins et Gabriel Nadeau-Dubois être en direct au moment où le ministre annonce la formation de ce comité spécial là. Ils étaient déjà à la télévision en direct, alors que, nous autres, on a été informés à la dernière minute. Alors, je vous dis, ça me laisse vraiment un goût amer. Pas que je sois contre qu'on ait une enquête, au contraire, on aurait pu faire une commission parlementaire publique, mais, au point où on en est rendus, là, on veut tout faire en catimini, mais poussons plus loin la réflexion et faisons vraiment une enquête publique pour que les deux côtés soient entendus, mais qu'ils soient entendus vraiment par la population et non pas seulement par trois commissaires.

Mme Prince (Véronique): Justement, avec ce comité de travail là, il n'y a pas de contrainte à obliger les gens à témoigner. Est-ce que vous trouvez que ça va être une façon efficace de savoir réellement ce qui s'est passé des deux côtés?

M. Duchesneau: Bien, non, mais je trouve ça ridicule, complètement ridicule. Pensez-vous que les gens du Black Block vont venir volontairement à la commission pour se faire entendre? Est-ce que les gens qui ont infiltré des groupes d'étudiants, par exemple, est-ce qu'ils vont venir se vanter de ça devant ce comité spécial? La réponse, c'est non. Alors, on fait une demi-enquête.
Alors, si les policiers ont fait des choses de pas correctes, ils sauront l'expliquer, mais qu'on leur donne la chance de s'expliquer en public et non pas de filtrer l'information via un comité spécial qui travaille à huis clos, alors qu'on veut connaître tout ce qui s'est vraiment passé.

Mme Prince (Véronique): Pensez-vous que les dés sont déjà pipés à l'avance? On entend plusieurs fois les péquistes dire que c'est de la faute des libéraux. Pensez-vous que les recommandations vont être évidentes?

M. Duchesneau: Si vous voulez connaître une de mes frustrations comme nouvel élu, c'est justement cette réponse que j'entends depuis que je suis en Chambre, que chaque fois qu'un ministre se lève, peu importe la question, c'est de nous dire que c'est la faute des libéraux. Ça, je l'ai entendu, là, plus d'une centaine de fois. Et, quand j'ai entendu le ministre parler de ça tantôt dans son propos, bien, ce n'est pas un exemple de neutralité, c'est le moins qu'on puisse dire, et ça, je trouve ça décevant.
Et puis je pense qu'on était bien parti. Le ministre l'a dit hier, on s'est assis pour trouver un terrain d'entente pour avoir un bureau d'enquêtes indépendant, on l'a fait vraiment, là, de bonne foi, de part et d'autre. Là, avec ce qu'il vient de nous sortir aujourd'hui, bien, je suis déçu puis je pense que je vais lui dire.

M. Journet (Paul): Si... excusez-moi, j'ai raté peut-être les 30 premières secondes...

M. Duchesneau: Non, non, il n'y a pas de problème.

M. Journet (Paul): ...vous m'excuserez, si je vous demande de vous répéter...

M. Duchesneau: Je disais bonjour.

M. Journet (Paul): Bonjour. Mais, si on avait le pouvoir de contrainte avec le mandat actuel à huis clos, est-ce que vous seriez satisfait? Ce serait quoi vos réserves, dans ce cas-là, qui demeureraient?

M. Duchesneau: En autant qu'on amène toutes les parties qui ont pu être impliquées dans le printemps érable, pas juste cibler les policiers comme si c'était de leur faute. Est-ce qu'on va entendre les marchands du centre-ville qui ont perdu des centaines de milliers de dollars? Est-ce que ça fait partie de la dynamique? Je ne le sais pas. Je regarde le mandat, là, puis je ne vois pas... parce qu'on regarde les circonstances qui ont emmené une perturbation. Les marchands du centre-ville, ils n'ont rien demandé, eux autres, ils ont été victimes. Est-ce qu'on va les entendre?

M. Journet (Paul): Mais je ne vois pas ce qui, dans le mandat, ferait en sorte qu'on ne voudrait pas les entendre ou qu'on ne prendrait pas l'initiative de les entendre. Il me semble que le mandat, sauf erreur, incite autant à aller voir du côté des manifestants que des corps policiers et des autres citoyens qui ont pu être impliqués.

M. Duchesneau: Mais qu'est-ce qu'on a entendu du ministre tantôt? Tous les gens qui nous écoutent, si vous avez des plaintes à faire contre les policiers, allez-y, c'est la déontologie qui va s'en occuper. C'est ce message-là qui est revenu presque continuellement dans son point de presse. Moi, ce que je veux... puis M. Breton a fait un vidéo la semaine dernière, j'ai été le premier à dire que, franchement, son opinion était équilibrée. Je trouvais... je l'ai même félicité aujourd'hui.
On veut savoir ce qui s'est passé, parfait, mais pas de façon biaisée comme ce qui nous a été présenté aujourd'hui. Aujourd'hui, tout ce qu'on veut regarder, c'est le côté de la police, c'est la faute de la police s'il y a eu des événements. Mais les exemples que je vous ai donnés tantôt, les engins fumigènes, les bouteilles d'urine lancées envers des policiers, y a-tu quelqu'un qui va venir se vanter de ça s'il est appelé à venir volontairement? Moi, je connais déjà la réponse.

M. Lapierre (Raphael): Oui, mais, M. Duchesneau, ça, c'est des gens qui ont eu affaire, là... justement, quand vous parlez des fumigènes dans le métro, ces gens-là, ils ont déjà fait face à la justice, ils ont été arrêtés, ces gens-là sont déjà dans le processus. Là, ce qu'on parle, c'est regarder le travail des policiers qui, eux, n'ont pas à faire face à la justice dans ces endroits-là. C'est ça, en fait, la question.

M. Duchesneau: Attendez, là, ils n'ont pas à faire face à la justice. Il y a le Code criminel qui est capable d'intervenir, le code de déontologie, des poursuites civiles, le code de discipline. Il y en a une multitude, de moyens, si on veut...

M. Lapierre (Raphael): C'est ça que le ministre nous disait justement, c'est leur dire de... les inciter à faire ça.

M. Duchesneau: C'est ça.

M. Lapierre (Raphael): Il me semble que c'est ça qu'on a compris.

M. Duchesneau: Mais là-dessus, ce bout-là, je suis entièrement d'accord, mais qu'on regarde les deux côtés de la médaille. Ceux qui n'ont pas été arrêtés, ceux qui ont lancé des bombes fumigènes, des boules de billard, des briques en direction des policiers, est-ce que ces gens-là, ils n'ont aucune contrainte? Comment ces gens-là, on va être capables de les faire entendre s'ils n'ont pas été arrêtés?

M. Marceau (Julie): Comment vous la qualifiez globalement cette commission-là? Est-ce qu'il y a quelque chose de bon ou...

M. Duchesneau: Non, je vous dis, la seule chose qui me console vraiment, là, c'est la participation de M. Ménard et M. Grenier. Je suis sûr et certain que ces deux personnes là vont nous donner l'heure juste. Encore faut-il que les gens aient comparu devant eux. On n'a aucun moyen de faire comparaître les gens. Qu'on leur donne un pouvoir de contrainte mais qu'on fasse venir tout le monde. À la rigueur, qu'on fasse une enquête publique, je n'ai aucun problème avec ça. Puis je vous le dis, s'il y a des policiers qui ont fait des choses de pas correctes, ils savent quelles peuvent être les conséquences.
Mais là, actuellement, là, c'est on regarde un côté, et ils vont nous donner un rapport au mois de décembre en fonction de ce qu'ils auront entendu. Mais, si on entend juste une partie de la population... Vous savez, ce n'est pas les gens qui crient le plus fort qui ont nécessairement raison. Alors, est-ce que vous avez entendu un policier porter plainte au ministre pour... Là, on a été inondés, depuis un mois, d'une lettre circulaire qui a été envoyée à tous les membres de l'Assemblée nationale et qui nous demandait une enquête. Donc, fort de ça, le ministre, il dit: Bien, il y a beaucoup de gens qui se sont plaints. Bien oui, mais il y a une majorité silencieuse qui ne s'est jamais fait valoir et qu'on devrait aussi entendre.

M. Journet (Paul): Le ministre a dit que, si on avait une enquête publique, ça aurait compromis des éléments de preuve dans le processus, qu'il soit de déontologie ou criminel. Est-ce que vous pensez qu'il y aurait un moyen de gérer ce risque-là et donc qu'une commission d'enquête publique, avec le pouvoir de contrainte que vous souhaitez, aurait été souhaitable?

M. Duchesneau: Ce qui est paradoxal, c'est que c'est le même discours que nous ont tenu les libéraux quand ils ne voulaient pas avoir de commission d'enquête publique sur l'industrie de la construction. C'est drôle, il y a des gens qui ont été accusés au criminel, puis on a une commission d'enquête publique quand même. Alors... Et il y a combien de policiers qui ont été accusés en déontologie? Alors, on est capables de ne pas faire témoigner les policiers qui sont déjà accusés en déontologie. Mais, pour l'ensemble des policiers, parce que je trouve qu'on peinture très large, c'est comme si c'est la faute de la police en général. Mais non, c'est peut-être... S'il y a eu des choses de pas correctes, c'est peut-être l'oeuvre de quelques personnes, et ça, le processus de déontologie ou même le processus criminel doit suivre son cours. Et un n'empêche pas l'autre.

M. Journet (Paul): Pour... je veux juste finir le volet. La commission d'enquête publique, vous avez parlé du pouvoir de contrainte, mais, de façon générale, la commission d'enquête publique, elle aurait été souhaitable?

M. Duchesneau: Beaucoup mieux que ce qu'on a entendu aujourd'hui.

M. Journet (Paul): C'est une demande ou ça aurait été mieux sans que ce soit forcément votre demande?

M. Duchesneau: Bien, j'en fais la demande. Qu'on aille vers une commission publique, tant qu'à faire. On veut connaître la vérité. Les policiers n'ont rien à cacher. J'ai même déjà rencontré le chef de police, il y a quelques semaines, le chef de police de Montréal, qui dit: Nous autres, on est prêts à aller devant n'importe quelle commission. Alors, allons-y, ne faisons pas juste la lumière sur un côté. Si on a à mettre les réflecteurs, qu'on les mette des deux côtés, et là tout le monde va être satisfait.

M. Dougherty (Kevin): Mr. Duchesneau, en anglais. You had a... when you had the collusion inquiry for the Transport Department, it was closed. Now, this is a... they propose a closed commission in this case. What do you think the advantage... this advantage is of a closed commission, and they will work with you, right?

M. Duchesneau: Yes. The main reason why we did a secret investigation, sort of, it's because we did not have any clues as to where to start, and people who wanted to talk, really, didn't want to talk, you know, in front of the cameras. So we had to, you know, do the investigation, find out if they were grounds for, you know, a thorough investigation or a public inquiry, a commission. And, when we did so, when I testified before the parliamentary commission, that was the first thing I asked. I mean, we did the footwork; now, it's for you to listen, and it, you know, worked perfectly.

M. Dougherty (Kevin): So, in this case, then, you would have a huge favor for public inquiry?

M. Duchesneau: Sure. Much better than this. I mean... You know, how can people be reassured? Because the same arguments were brought when we did the Bill 12, you know, commission, and we were confronted with the idea that, if we were to... were behind closed doors, people would not be satisfied. And so...
And one of the main arguments that we brought was that we needed to have a better communication with the population. And it went through, so same thing here. How do you think... If people are not satisfied with the results of the group that, you know, special group that will do the investigation, do you think that they're going to be satisfied? You know... Because it's... all the people who will, you know, report on what happened... What we need now is to inform the public and, right now, we're not doing that. So we might as well go with a public inquiry commission. O.K. Merci.

(Fin à 16 h 16)

Participants


Document(s) Related