Point de presse de M. Stéphane Billette, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'agriculture et de pêcheries
Version finale
Friday, June 7, 2013, 11 h 37
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Onze heures trente-huit minutes)
M. Billette: Bon, bien, merci beaucoup. Bienvenue à chacune et chacun d'entre vous. C'est un plaisir de me retrouver en compagnie de collègues. Comme vous avez pu remarquer, c'est des collègues de régions, à ce moment-là, régions principalement agricoles, où on retrouve en grande partie des producteurs de pommes et des vergers également. Donc, je... c'est un plaisir pour moi d'être entouré d'eux.
Le sujet que je vais aborder avec vous aujourd'hui, c'est le projet de loi n° 395, un projet de loi que je viens de déposer à l'Assemblée nationale, un projet de loi d'intérêt public, et, comme vous avez vu, par vote nominal, qui a été appuyé par tous les partis pour le dépôt, à ce moment-là, et même la Coalition avenir Québec en a fait une question, donc il y a un souhait également de leur part d'approuver ce projet de loi là. M. Gendron, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec a bien répondu que c'était une priorité également pour lui. Donc, je pense que la table est mise - on est dans le milieu agroalimentaire - la table est mise pour l'appel de ce projet de loi là. C'est un projet intéressant. Donc, je pense, c'est le souhait de tous les parlementaires. Ils l'ont manifesté ce matin.
Et le projet de loi, je vais en parler rapidement pour votre intérêt également. C'est presque la semaine du vin. On en a parlé beaucoup dans d'autres circonstances, dans d'autres projets de loi au cours de la semaine, et je vais dire, il y a vraiment cinq parties au projet de loi.
Premièrement, Société des alcools du Québec, introduire, dans la mission de la Société des alcools du Québec, la Loi sur la Société des alcools du Québec, le point 16, dans la mission de la SAQ, on ne trouve aucune ligne sur la promotion. On parle des vins, mais tous les produits alcoolisés du Québec, que ce soient les cidres, les cidres de glace, les vins, les vins de glace, les hydromels, toute la gamme des produits. Et la vente, pour vous donner une petite idée, au niveau de la SAQ, on parle d'environ 0,85 % de produits québécois qui sont vendus. En Ontario, ça se joue entre 40 % et 50 %. Donc, on voit le recul, le travail qu'on a à faire pour rattraper ou être capable au moins d'augmenter la marge, le pourcentage de vente qui est de 0,85 %. Donc, c'est le premier jalon du projet de loi, de s'assurer que la SAQ fasse la promotion et une bonne promotion des produits québécois, et surtout laisser la disponibilité aux gens.
Deuxième modification, ça va être beaucoup plus sur la distribution des produits. On va permettre une nouvelle gamme de permis qui s'appelle le permis de distillerie. Donc, les surplus des producteurs... Je vais vous donner un exemple. Un producteur de vin où le raisin est pressé, le cépage qui reste de sa production, actuellement il n'y a aucune valorisation ou presque pas qui est effectuée. C'est envoyé à l'enfouissement. Ce qu'on va permettre, c'est d'avoir des distilleries artisanales. Donc, le produit qui... le produit restant de sa matière première, il va pouvoir le transformer dans une distillerie, aussi bien faire des vodkas de pomme et tout autre produit, et ce produit-là va pouvoir être distribué, la même chose que les boissons alcoolisées.
Et lorsqu'on parle de distribution, actuellement un producteur, je vais vous l'exemple du producteur de vin, de cidre ou d'hydromel, il n'y a qu'une place... que trois endroits qu'il peut vendre son produit. C'est à la ferme, donc les gens doivent se rendre sur place; il peut le vendre dans un restaurant qui a un permis de distribution de vin, d'alcool; ou la dernière place, c'est à la Société des alcools du Québec. Je ne vous ferai pas la nomenclature des articles, vous avez lu, cette semaine, au niveau de la rentabilité lorsqu'il y a une incursion, où on les met sur les tablettes de la SAQ, la disponibilité du produit.
Donc, ce qu'on fait, on ouvre, avec le projet de loi, des possibilités de distribution. En plus des marchés publics, on va retrouver maintenant dans les épiceries, le IGA du coin, le Metro du coin ou toute épicerie, je ne veux pas en nommer non plus pour ne pas faire de préférence à une chaîne ou à une autre, l'épicerie du coin va pouvoir distribuer les produits locaux de ces producteurs de vins.
Il ne faut pas juste penser que c'est un projet de loi pour le producteur, c'est un projet de loi également pour le consommateur. Il y a des consommateurs qui en recherchent, des vins, des cidres, des cidres de glace, des hydromels du Québec. Ils vont avoir une facilité d'accès. Donc, l'épicerie du coin va avoir une possibilité et ça va donner, en plus, une saveur locale à nos épiceries.
Une autre, également, possibilité, ça va être de créer une coopérative de producteurs. Des producteurs d'une certaine région vont pouvoir, dans une ville ou dans un village, avoir un regroupement de producteurs, sept, huit, 10, 20 producteurs - on parle qu'il y a actuellement 60 vignobles à la grandeur du Québec et beaucoup plus de producteurs de petits fruits ou de pommes - donc vont pouvoir se regrouper dans un même endroit.
Donc, le consommateur va pouvoir se rendre à un endroit et va avoir accès à 10, 15, 20 vignobles au même endroit, donc va pouvoir goûter le vin québécois qui, je vais vous dire, est parmi les meilleurs vins au monde. En 16 ans, c'est 200 médailles de test à l'aveugle qu'ils ont reçues. Donc, on a d'excellents vins au Québec. C'est de les faire connaître, les faire reconnaître. C'est très important.
Pourquoi faciliter l'accès par des coopératives, des regroupements? Premièrement, le consommateur a un endroit où il peut en trouver plusieurs. Et deuxièmement, les vignobles, c'est souvent des entreprises familiales. On en a tous ici, dans nos comtés, nos collègues en ont, et c'est des gens qui font la production, qui font la transformation, qui font la mise en bouteille, qui font la distribution, qui vont dans les encans la fin de semaine et, s'ils doivent être à la ferme pour accueillir les gens de 8 heures le matin à 10 heures le soir, pendant sept jours-semaine, c'est mission impossible. Donc, c'est de permettre l'accès aux consommateurs et permettre également aux vignobles de pouvoir croître à un rythme très intéressant et très important pour avoir de plus en plus de vignobles ou de transformateurs de boissons alcoolisées au Québec.
Le dernier point important, c'est dans les restaurants pour servir, communément appelés les restaurants apportez votre vin. Qui n'est jamais arrivé dans un restaurant apportez votre vin sans le savoir que c'était apportez votre vin, et malheureusement, la Société des alcools du Québec est fermée à cette heure-là ou il n'y en a pas à proximité? Donc, on autoriserait, par le projet de loi, à avoir en consigne des produits fabriqués au Québec. Et j'insiste sur le mot «fabriqués», pas des produits embouteillés au Québec, vraiment des produits fabriqués au Québec, où le consommateur va arriver dans un restaurant apportez votre vin et va pouvoir... malheureusement qui a oublié, qui n'a pas eu le temps de se rendre à la SAQ à cause des heures, des fois, ou la proximité d'une succursale, va pouvoir, à ce moment-là, avoir accès à un vin québécois. Ça va permettre à nos vignobles d'avoir une nouvelle fenêtre et surtout aux consommateurs de découvrir des excellents vins du Québec.
En résumé, c'est le projet de loi qui a été déposé ce matin. C'est sûr et certain que le souhait, je crois que les deux partis, le gouvernement et la deuxième opposition officielle, ont lancé un signal. Ce que je leur demande ce matin, c'est dès la semaine prochaine, c'est un, deux, trois, on approuve le projet de loi. On est prêts, mardi matin on est prêts, on va l'approuver avec eux, et c'est hors de toute partisanerie, ce projet de loi là. Je pense, c'est pour nos vins québécois, c'est pour l'occupation dynamique de nos territoires et c'est ce qu'on recherche avec ce projet de loi là, et ça rentre exactement, comme M. Gendron l'a si bien dit, le ministre, ce matin, dans les lignes de sa souveraineté alimentaire du Québec. Donc, on lui tend la main, on lui offre notre aide et on le démontre bien ce matin, hors de toute partisanerie.
M. Ouellet (Martin): M. Billette, les intentions sont sans doute nobles, mais est-ce qu'il y a eu... est-ce que vous avez une idée de l'impact que ça pourrait avoir? Parce que si on ouvre le marché à des produits locaux, notamment dans les épiceries, on se trouve à réduire ou à diminuer celui de la SAQ. Est-ce qu'il n'y pas un risque qu'on diminue le dividende, dans le fond, là, qui est versé chaque année à l'État?
M. Billette: Il y a deux manières qu'on peut voir ça. Premièrement, quand je vous ai dit tantôt, les ventes de produits québécois, c'est de 0,85 % à la Société des alcools du Québec qui sont des vins québécois, je veux dire, si on peut en avoir plus à la SAQ, il faut faire découvrir les vins québécois. Donc, il y a une possibilité d'accroître le marché des vins québécois.
Il ne faut pas juste prouver sur une question de rentabilité. Je pense qu'il y a beaucoup plus que ça. Il y a un principe également d'occupation de nos territoires, diversification de notre agriculture et surtout création d'emplois au Québec. Quand quelqu'un va s'acheter une bouteille de vin, au Québec, qui est arrivée en France, je n'en connais pas beaucoup de Québécois qui ont pu travailler à part celui qui l'a placée sur les tablettes. Donc, c'est une valeur ajoutée supplémentaire au produit. Et, lorsqu'on dit consommer québécois, c'est exactement un exemple qui est frappant.
En Ontario, ils ont pris exactement le même virage. Ça a fait découvrir... On a vu la vallée du Niagara, comment elle est développée. C'est des producteurs, ils ont eu le soutien, et on voit que le consommateur maintenant demande le produit ontarien lorsqu'il arrive dans une LCBO, puis je pense que c'est un modèle à suivre. On ne peut pas dire qu'on est meilleurs qu'ailleurs, là.
M. Ouellet (Martin): Oui. Mais, tant qu'à ouvrir la loi, est-ce qu'il ne faudrait pas s'interroger sur le monopole qu'exerce la SAQ, sur le traitement qu'elle réserve, par exemple, aux importateurs? Est-ce qu'il ne faudrait pas tout revoir, au fond, le fonctionnement de la SAQ tant qu'à faire quelque chose?
M. Billette: Je pense que le premier jalon qu'on doit poser, qui est important, c'est premièrement faire la promotion des produits du Québec. Lorsqu'on dit qu'on a une société québécoise qui est détenue par tous les Québécois, je pense que c'est notre Société des alcools du Québec, qu'on n'a seulement pas une ligne sur la promotion des produits du québécois. C'est beau d'avoir les intentions, mais, lorsqu'on a une entreprise, il faut commencer avec sa mission, et les gestes doivent suivre cette mission-là par la suite.
M. Gagné (Louis): Est-ce que ça ne pourrait pas... Je vous demande ça comme ça, ça ne pose pas un problème au niveau des règles commerciales, les accords commerciaux dans lesquels... que le Québec a signé, en acceptant juste les vins fabriqués au Québec dans les restaurants, là, servez votre vin? Est-ce que ça pourrait causer un problème ou...
M. Billette: Il y a... On ne voit pas de problème, à l'heure actuelle. Ce qui est vendu va être en consignation. Je pense, les juristes se sont penchés là-dessus. On va évaluer, à ce moment-là, les impacts.
Et même hier, en commission parlementaire, au niveau des ententes pour le transfert des vins d'une province à l'autre, on a même approuvé un projet de loi pour le transport suite à l'abandon par les accords de commerce intérieur. Donc, ce qui est important, c'est d'avoir un accès. Et, contrairement à plusieurs accords commerciaux, comme la SAQ nous dit souvent, le rabattement est difficile à cause qu'on donne un avantage financier. Mais là ce n'est pas un avantage financier, c'est une distribution qui est différencée, à ce moment-là, pour avoir accès.
Ce n'est pas... On n'encourage pas uniquement le vignoble, on encourage également... on facilite la vie aux consommateurs des vins et des cidres. Il faut le dire, c'est les boissons alcoolisées, là, du Québec, pas uniquement les vins. Même si on le dit souvent, l'image nous vient à la tête, c'est les vins, bien, il y a beaucoup d'autres produits à découvrir. La gamme est très large.
Le Modérateur: Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 48)