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Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin, et de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Tuesday, September 17, 2013, 13 h 31

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures trente et une minutes)

Mme David : Alors, bonjour. Nous voilà de retour à l’Assemblée nationale pour la session parlementaire d’automne. Ce qu’on veut, à Québec solidaire, c'est établir tout de suite les grands axes de nos interventions de l’automne. On va y aller rapidement.

D’abord, on va avoir comme axe central vraiment toutes les questions relatives à la justice fiscale et sociale. En fait, si on nous pose la question : De quoi les Québécoises et les Québécois ont besoin d’entendre parler en ce moment?, bon, il y a une certaine charte, bien sûr, qui est à l’ordre du jour, mais il y a vraiment un autre sujet, qui est celui des inégalités, celui du fait que les Québécoises, les Québécois se refusent à payer des tarifs d’hydroélectricité plus cher, alors que le gouvernement en place avait promis de les geler. Les Québécoises et les Québécois veulent des services publics, et ils les veulent en dehors de la privatisation, et ils veulent en avoir pour leur argent. Ils sont déjà assez étranglés par toutes sortes de taxes et de tarifs. Nous ne voulons pas qu’il y en ait davantage et, là-dessus, nous allons être extrêmement vigilants tout au long de l’automne.

Nous allons plaider aussi, avec le gouvernement actuel, qu’on peut, oui, avoir plus d’argent dans les coffres de l’État, mais ça n'est pas en allant le chercher dans la classe moyenne. Et on ne fera pas passer les commissions scolaires pour des valises, faisant entendre que c'est de leur faute si les taxes ont augmenté, alors que le gouvernement lui-même savait pertinemment que ça allait se terminer comme ça.

On a un projet, vous le savez, il s’appelle Pharma-Québec. Avec ça, on peut économiser entre 1 et 2 milliards par année. On peut taxer le capital sur les entreprises financières; 600 millions par année de plus dans les coffres du gouvernement du Québec. Autrement dit, oui, on peut prendre les moyens pour que l’État ait les moyens de ses ambitions, et c’est ce dont nous allons parler tout au long de l’automne. Nous allons vraiment mettre de l’avant que justice fiscale et sociale et prospérité vont de pair, et on aura plein de propositions, bien sûr, relatives aussi à la création d’emplois.

Autre thème incontournable, évidemment, celui de la laïcité, parce que c’est comme ça qu’il faut l’appeler. C’est de ça qu’on est en train de discuter. Vous connaissez nos positions, nous les avons élaborées assez longuement, je pense, depuis huit ou neuf jours. Nous n’avons pas changé d’avis. Donc, oui, bien sûr, nous l’avons dit, à l’inclusion de la laïcité dans la Charte des droits et libertés; oui à des balises qui existent déjà, mais on peut les codifier, on peut les mettre noir sur blanc pour encadrer les accommodements religieux; oui à l’interdiction de port de signes religieux pour les employés de l’État en situation d’autorité coercitive — et là on parle de juges, d’avocats, etc. — mais non à cette interdiction qui serait faite à l’ensemble des autres employés, soit de la fonction publique ou des services publics, de porter des signes religieux. Donc, nous allons continuer de défendre cette position et nous aurons bientôt des propositions concrètes pour aller plus loin sur ce sujet.

M. Khadir : Un autre sujet important, la question de l’exploitation du pétrole au Québec. Tout au cours de l’automne, nous allons vraiment encourager, plaider, insister auprès du gouvernement pour qu’il abandonne l’idée d’exploiter le pétrole dans le golfe du Saint-Laurent, d’autant plus qu’on vient de recevoir un rapport du… en fait le rapport d’évaluation environnementale stratégique qui devait être la base de toute décision, hein? Ça fait plusieurs années qu’on parle de tout ça, de l’exploitation du pétrole dans le territoire québécois, notamment dans le golfe du Saint-Laurent.

Et je me rappelle du consensus bâti alentour du fait que, bon, on va voir qu’est-ce que dit le rapport d’évaluation environnementale stratégique. Or, il se trouve que le rapport dit qu'on ne possède pas les capacités d’intervenir vraiment convenablement s’il y a une marée noire, quelle que soit son ampleur, d’ailleurs. L’histoire de Sept-Îles récemment le prouve bien. Donc, ça ramène, avec la tragédie qu'on a connue au lac Mégantic, avec tous les problèmes que soulève l’inversion du flux pétrolier dans les oléoducs, on réalise à quel point c'est dans notre intérêt, dans l’intérêt de l’avenir du Québec, de notre prospérité à l’aube du XXIe siècle de sortir le plus rapidement possible de l’ère du pétrole, de notre dépendance au pétrole.

Il y a une période de transition, bien sûr, mais c'est aujourd’hui qu’il faut commencer. Et on n’ira pas bien loin si, nous-mêmes, on retombe dans le cycle, je dirais, très coûteux, à la fois sur le plan environnemental, sur le plan humain, du développement pétrolier au Québec. On ne le dira pas assez souvent, c'est le corollaire de ce que je viens de dire, s’occuper de l’environnement, c'est la chose la plus raisonnable, c'est la chose la plus judicieuse, c'est la chose, sur le plan économique, la plus responsable à faire, parce que les dégâts environnementaux qu’on se prépare, comme plusieurs qui, alentour de nous… puis on voit à quel point c’est coûteux, les décontaminations des sites miniers, les décontaminations de… la décontamination à venir, qu’on va devoir encore payer, à Pointe-Claire, pour les BPC. Ça prouve à quel point, quand on est irresponsable sur le plan environnemental, ça peut coûter très cher à notre société. Et ça, c’est sans parler sur les milliards que les rapports d’experts internationaux, dont un de l’ONU, nous annoncent déjà.

Donc, nous croyons qu’il est plus que temps que jamais de bâtir la prospérité du Québec, de bâtir la prospérité du Québec sur la justice fiscale et sur un modèle économique compatible avec leur environnement. Ça, ça veut dire il faut sortir du pétrole, mais il faut surtout s’engager à bâtir une économie tournée vers de nouvelles énergies et vers des secteurs où on crée des emplois de qualité, mais en dehors des secteurs traditionnels dangereux pour l’environnement et qui creusent les inégalités, comme Françoise vient de le mentionner.

Bon, pour terminer, simplement, c’est d’actualité en plus, hein, on a vu la… enfin, on a appris les perquisitions au bureau du Parti libéral du Québec.  Nous, ça fait longtemps qu’on a présenté notre rapport. C’était, je crois, avril 2010, le premier rapport sur le financement sectoriel des partis. On a montré à quel point, tout au long des années 2000, surtout de 2003-2004 jusqu’en 2008 — et, je vous rappelle, M. Couillard était ministre du gouvernement libéral, à cette époque-là — le parti a installé un véritable… ce parti-là, une véritable culture où tout était permis, tout était permis, et n’importe quel secteur, y compris le secteur du monde interlope, pour aller chercher du financement pour le Parti libéral. Maintenant, les exemples font foison. M. Couillard plaide l’ignorance et plaide qu’il veut tout savoir. Il perd de plus en plus de crédibilité là-dessus.

Moi, j’espère que la commission Charbonneau va s’attaquer le plus rapidement possible à la question du financement des partis au Québec parce que c'est une donnée importante, et le choix des électeurs, pour être éclairé, doit reposer forcément aussi là-dessus. Alors, on a déjà eu une élection sans qu'on puisse en connaître les tenants et les aboutissants dans une commission formelle. J’espère que nous allons, avant les prochaines élections… que le peuple québécois aura l’occasion de savoir qu’est-ce qui s’est passé au cours de toutes ces années 2000 et même avant dans le financement illégal du Parti québécois et du Parti libéral. Merci beaucoup pour votre attention.

M. Gagné (Louis) : Vous voulez placer la justice fiscale et sociale au coeur de vos priorités. Êtes-vous un peu préoccupé par les chiffres au niveau de l’emploi, la baisse des revenus autonomes du gouvernement? On parle, bon, il y a des chiffres qui se contredisent, là, mais de plusieurs dizaines de milliers d’emplois, là, depuis janvier. C’est quoi, vos impressions par rapport à ça?

Mme David : Bien, c'est sûr que ça n’est jamais une bonne nouvelle de voir des pertes d’emploi au Québec. Le secteur manufacturier est atteint, mais je vous rappelle aussi que les coupes qui se succèdent constamment dans les services publics font en sorte aussi d’éliminer des emplois. Je n’ai pas de chiffres précis, mais c’est écrit dans le ciel. Quand on est en situation de crise et d’insécurité économique, la bonne vieille approche keynésienne devrait prévaloir. C’est le moment d’investir.

Évidemment, nous autres, on propose d’investir dans une économie verte. On peut aussi investir dans les services publics, dans les soins aux personnes, par exemple, dans le maintien à domicile pour les gens âgés. On peut investir dans la culture, dans l’agriculture. Oui, il faut faire tout ça. Avoir un emploi, pas toujours, remarquez bien, mais très souvent, c’est une manière de sortir de la pauvreté. Encore faut-il qu’il soit à temps plein et payé décemment.

M. Khadir : L’économie sociale, là, au Québec, c’est 17 milliards. En 2009, c’était 17 milliards d’activités; l’aérospatiale, 12 milliards, 65 000 emplois; l’autre, 125 000 emplois. Ça, c’est 2009, ça a progressé depuis. Autrement dit, il y a des emplois ailleurs que dans la grosse machinerie, dans l’industrie lourde ou dans le pétrole et il est plus que temps de tabler sur les forces du Québec parce qu’on est relativement forts au Québec. Pourquoi ne pas miser sur nos forces? D’autant plus que c’est des forces à venir, c’est l’économie d’avenir, l’économie des services, l’économie à utilité sociale, l’économie tournée vers les énergies vertes. L’économie nouvelle repose sur autre chose que le pétrole du XIXe siècle.

M. Dutrisac (Robert) : Sur la question de la laïcité, on a vu, par exemple, que le Parti libéral avait une position très arrêtée, où il n’y avait pas de place aux compromis. Est-ce que, de votre côté, vous voyez qu’il y a une possibilité de faire des propositions qui iraient dans le sens d’un compromis avec le Parti québécois?

Mme David : Moi, je pense qu’il faut aller dans ce sens-là. On ne va quand même pas continuer, pendant des mois, à camper chacun sur des positions, et surtout aux deux extrêmes, les positions les plus rigides, celle du PQ d’un côté, celle du PLQ de l’autre. Il va falloir que la classe politique se sente responsable de trouver des compromis honorables pour tout le monde, qui font avancer la laïcité — parce que ça, nous y croyons, à Québec solidaire — mais qui ne vont pas au-delà de ce que, je dirais, le consensus québécois est prêt à accueillir.

Alors, il faudra que tous les partis politiques réfléchissent en ces termes, à notre avis. Il faut absolument, d’ici quelques semaines, trouver des chemins, les bons chemins pour être capables de faire des compromis et arriver à un résultat satisfaisant.

M. Dutrisac (Robert) : Mais, dans votre cas à vous précisément, ça voudrait dire faire des compromis sur le port des signes religieux. Est-ce qu’il y a une…

Mme David : Nous proposons déjà, nous, ce qui était une proposition de la commission Bouchard-Taylor, c’est-à-dire qu’il soit interdit de porter des signes religieux pour les employés de l’État — puis là je choisis bien mes mots — qui sont non seulement dans cette vague situation d’autorité dont plusieurs parlent, mais une autorité qui est coercitive. Et là on parle des juges, des gardiens de prison, des procureurs et des policiers et policières. Pour ces personnes-là, nous, nous disons non, parce que c'est terriblement important que ces personnes qui ont vraiment des droits extraordinaires… ils ont cet immense privilège, en quelque sorte, de rendre la justice, de l’appliquer, et là il y a des personnes, par exemple, qui peuvent être mises en prison parce que des juges, des avocats, bon, etc., y ont contribué.

Alors, pour ces personnes-là, nous disons : Là, vraiment, c'est l’État lui-même qui s’exprime, et c'est important, à ce moment-là, d'être assurés de la plus grande neutralité dans la réalité, mais aussi dans les apparences, pour ces personnes-là. C'est le compromis que, nous, nous faisons. On est en train de réfléchir, il y en aura peut-être d’autres. Pour le moment, c'est là que nous en sommes.

M. Pépin (Michel) : Votre programme parle précisément de devoir de réserve, hein, ceux qui occupent des fonctions, là, qui exigent un devoir de réserve, ce qui est à la fois, peut-être, plus restrictif, peut-être plus large. C'est ça, le… Et, vous, vous interprétez que le devoir de réserve s’applique donc aux juges, policiers, procureurs de la couronne, gardiens de prison.

Mme David : Oui. Exact, vous avez très bien compris.

M. Pépin (Michel) : Et ça s’en tient à ça.

Mme David : Absolument.

M. Corbeil (Michel) : Sur le rapport D’Amours, qu’est-ce que vous pensez de l’omission du gouvernement, au sens où il va tabletter le rapport?

M. Khadir : C'est dommage. C'est… D’après ce qu'on comprend, on va voir, ça semble devoir se diriger vers un enterrement de première. Et, en même temps, ce qui est pire, c'est qu'on retient juste l’histoire des régimes volontaires d'épargne-retraite, qui était la proposition mineure, un peu par dépit et tout à fait secondaire du rapport D’Amours, qui est la pire, qui repose uniquement sur l’épargne privée individuelle gérée par les grandes compagnies d’assurance. Donc, c'est un autre cadeau, comme le gouvernement du PQ et des libéraux ont été habitués de faire depuis les 15 dernières années. Je ne veux pas en faire la nomenclature, là, mais, les REER, c'est un peu ça, le régime d’assurance médicaments actuel, à deux vitesses, c'est un peu ça. C'est tous des cadeaux pour le secteur financier. Donc, voilà un autre cadeau que le PQ compte faire au secteur financier, sans parler des autres que je ne nommerai pas.

Donc, pour nous, c'est vraiment dommage, parce que voilà un enjeu majeur pour notre société, qui aurait exigé du courage, de la ténacité puis la capacité de mobiliser du leadership pour convaincre le secteur privé, le patronat et les employés de contribuer, au total, 3,3 % pour assurer, par exemple, la rente de longévité qui — ce n’était pas notre meilleure solution à nous, mais on était capables de se rallier — qui aurait été quand même, disons, une correction importante ou nécessaire pour la retraite de nos gens. Malheureusement, le PQ, encore une fois, déçoit.

Mme Biron (Martine) : Est-ce que Maria Mourani a répondu à vos appels?

M. Khadir : Elle répond toujours à nos... moi, quand je téléphone, oui. Quel appel dont vous parlez?

Mme Biron (Martine) : ...qu’elle répond à votre invitation de joindre...

M. Khadir : Quelle invitation? Personne n’appelle pour une invitation.

Mme David : C’est ça, on va mettre les choses bien au clair. Vendredi dernier, Mme Mourani a annoncé qu’elle demeurait députée fédérale d’ici à l’élection de 2015, hein? C'est ce qu’elle vous a dit, c'est ce qu’elle a dit à tous les médias, c'est ce qu’elle a dit à la population. Et, jusque-là, nous n’avions pas encore parlé à Mme Mourani, nous avions simplement laissé un message de gentillesse et de sympathie à son endroit au répondeur téléphonique de son bureau.

Alors, je vais être complètement franche avec vous, j'ai parlé avec Mme Mourani dimanche au téléphone pour lui répéter ma sympathie, mon amitié, ma solidarité. Je lui ai répété ce que j’ai dit abondamment vendredi dernier. C'est que, si un jour elle décidait de venir atterrir sur le terrain québécois, bien sûr, les bras de Québec solidaire seraient grands ouverts. Mais Mme Mourani a été très claire au téléphone, comme elle l’a été vendredi matin, elle demeure députée fédérale d’Ahuntsic. C'est le choix qu’elle fait pour le moment et d’ici à l’élection de 2015. Donc, je pense que les paramètres sont extrêmement clairs. Tout le reste est un conte de fées.

M. Khadir : Mais, si vous nous surprenez à aller manger une poutine ensemble, il ne faut pas supputer toutes sortes de suppositions.

Mme Biron (Martine) : ...que ça évolue?

Mme David : Ah! Mais, vous savez, la vie politique est pleine d’évolutions et de rebondissements. Alors, dans quelques mois ou quelques années, Mme Mourani peut absolument changer d’idée. Mais une chose doit être très claire, c'est que, Mme Mourani, il lui est arrivé ce que vous savez. On s’est parlé pour la première fois, d’ailleurs, depuis des mois et des mois, dimanche, et elle maintient exactement la même position. Et, nous, nous maintenons aussi notre estime et notre affection à son égard.

M. Corbeil (Michel) : Est-ce que sa foi souverainiste était revenue quand vous lui avez parlé? Ça avait semblé faiblir.

M. David (Michel) : Moi, ce que j'ai compris de tout ce que j’ai lu et de ce que j'ai entendu — évidemment, parce que je l’ai écoutée, la conférence de presse de Mme Mourani — je n’ai jamais entendu qu’elle n’était plus souverainiste. J’ai entendu qu’elle mettait en garde le mouvement souverainiste contre des dérives qui, selon elle, allaient éloigner ce mouvement, aujourd’hui et pour longtemps, des communautés culturelles. C'est tout.

M. Khadir : Elle remettait en question la possibilité, pour le mouvement souverainiste, de pouvoir percer chez les communautés immigrantes, chez les communautés récemment établies, œuvre dans laquelle elle a contribué depuis à peu près une dizaine d’années, dans laquelle je crois très modestement avoir aussi contribué. Mais tout ça peut être balayé avec certaines politiques, disons, mal réfléchies ou à courte vue, qui cherchent un bénéfice électoral immédiat sans penser aux conséquences sur le mouvement indépendantiste et notre but ultime qui est l’indépendance du Québec.

M. Chouinard (Tommy) : Est-ce que la pensée politique de Maria... de Mme Mourani, oui, est compatible avec celle de Québec solidaire?

Mme David : C'est vraiment amusant que vous posiez toutes ces questions-là, parce que, nous, ce que nous connaissons de Maria Mourani, ce sont ses positions dans différents dossiers, les gangs de rue, par exemple, ou certains aspects de relations internationales, où on pourrait avoir des discussions. Moi, je pense qu’elle porte des valeurs de solidarité, Maria Mourani. C'est ce que j’ai toujours entendu d’elle.

Maintenant, lorsqu’elle lira un jour, si elle en a envie, le programme de Québec solidaire, est-ce qu’elle sera d’accord en tous points? Mais je n’en sais rien. Vous lui poserez la question à elle, un jour, si vous avez l’occasion de la rencontrer. Tout ce que nous disons, nous, c'est très simple, c'est : oui, c'est une personne pour qui nous avons beaucoup d’estime, beaucoup d’affection. Si elle veut venir discuter un jour avec nous, si elle veut s’asseoir avec nous, qu’on débatte de notre programme, de nos plateformes électorales, ça va nous faire extrêmement plaisir. Et là, à ce moment-là, on verra sur quoi on s’entend, sur quoi on s’entend peut-être moins.

M. Khadir : Le Bloc québécois a toujours été un parti très progressiste, et Mme Mourani a travaillé au Bloc québécois depuis des années et sur bien des questions comme, justement, la question, disons, de la laïcité, de la manière de l’implanter. Le Bloc québécois et Québec solidaire ont toujours été très, très proches. Je parle de ce qui... en congrès, et chaque parti a adopté... C'est sûr que là il y a des interprétations différentes. Donc, sur beaucoup de choses, je pense qu’il y a beaucoup de proximité, mais je vous rappelle aussi que, dans notre parti, il y a bien des gens qui ne sont pas d’accord avec tout. Alors, il y a de la place pour les gens qui... bon, puis, à l’interne, il y a des choses qui changent aussi.

M. Pépin (Michel) : M. Khadir, est-ce que vous croyez que le projet actuel, là, tel que formulé par M. Drainville, les orientations, envoie un message négatif aux communautés culturelles, coupe les ponts avec les communautés culturelles par rapport à la question de l’indépendance ou de la souveraineté du Québec?

M. Khadir : Bien, moi, je ne pense pas que ce soit l’intention des députés du Parti québécois. Je ne pense pas que M. Drainville ou Mme Marois ont fait ça pour ça. Mais il faut mesurer l’impact, le message qui est entendu et...

Par exemple, si le projet avait été accompagné pour un engagement ferme, pour aller au bout de l’idée, même si on n'est pas d’accord, mettons, que l’application d’une laïcité judicieuse au Québec du XXIe siècle n’exige pas la laïcisation des individus, c'est juste les institutions, mais, au moins, si le Parti québécois veut aller aussi loin, bien, il aurait fallu dénoter une cohérence et une sincérité; par exemple, que le Parti québécois annonce qu’on va déplacer la croix, on va cesser le financement des écoles privées, dont une bonne partie ont une connotation religieuse. Ça, ça aurait envoyé un message moins, je dirais, divisif, moins, disons, susceptible d’être perçu comme une discrimination, comme une favorisation d’une culture, d’une racine, d’une religion par rapport à une autre.

À sa face même, de la manière dont ça a été présenté, malheureusement... et je ne pense pas que c'est l’intention de M. Drainville, mais c'est comme ça que c'est reçu. C'est que, dans le fond, quand c'est une croix, quand c'est une prière en salle d’assemblée municipale ou dans... pour le financement des écoles privées, bien, ce n'est pas un problème parce que ça concerne surtout les chrétiens, les catholiques. Mais, quand c'est le fichu sur la tête d’une Musulmane qui travaille comme inhalothérapeute à l’Hôpital Jean-Talon, là c'est un problème.

M. Pépin (Michel) : Vous dites, et c'est encore dans votre programme, que, bon, l’État doit être laïque, mais pas les individus. Mais, en même temps, votre position est de dire : Bien, les juges, il y en a qui ont un droit de réserve, eux autres ils doivent… ils ne doivent pas afficher de symboles religieux, n’est-ce pas, hein?

M. Khadir : Oui.

M. Pépin (Michel) : Et j’en viens à ma question, justement. Mais là, là, ce n'est pas tout à fait ce que vous… vous dites : L’État doit être laïque, mais pas les individus. Mais, en même temps, vous dites : Il y a des individus qui doivent être laïques, eux autres. Alors…

M. Khadir : Oui, oui. Oui, parce qu’il y a toujours déséquilibre. La laïcité… revenons à l’histoire de la laïcité au cours du XXe siècle. C'est un équilibre, il n’y a jamais de perfection là-dessus. Ce n'est pas une indépendance totale de l’État par rapport à toute présence de la religion en son sein, parce que les individus pourraient bien travailler et avoir des convictions. Mais en même temps ce n'est pas une liberté totale de l’exercice et de la croyance religieuse.

Dans toutes les tentatives d’introduire la laïcité, que ça soit en 1905 par Briand en France, que ça soit tout au cours de ces années en Europe, en Allemagne, dans les pays d’Europe du Nord, c'est toujours accompagné de certains équilibres qui demandent des concessions aux trois piliers qui sont : l’indépendance de l’État par rapport à l’Église, mais aussi la garantie corollaire de liberté totale des croyances religieuses, et un troisième élément qui est une équidistance, c’est-à-dire qu’on ne favorise pas une religion par rapport à une autre, ce qui, dans la proposition Drainville, manque, malheureusement.

Mme David : Et, sur le cas précis que vous soulevez, ma réponse va être très précise. Il y a quelque chose de particulier à occuper une fonction de juge, policier, gardien de prison ou avocat, je l’ai dit tout à l’heure. C'est que vous êtes, au moment où vous siégez, au moment où vous travaillez avec des prisonniers, au moment où vous arrêtez quelqu’un, vous êtes vraiment, comme individu, le représentant autorisé et officiel de l’État et du pouvoir de l’État, allant jusqu’à la coercition, c’est-à-dire jusqu’à la possibilité de vous mettre en prison.

Honnêtement, quand vous êtes une fonctionnaire au ministère du Revenu en train de gérer les rapports d’impôt des citoyens, quand vous êtes une enseignante en classe, et que votre rôle, c'est un rôle pédagogique, c'est un rôle d’enseignement des connaissances, des savoirs, votre rôle, c'est d’inculquer toutes ces connaissances qui sont dans des programmes. Quand vous êtes médecin, vous soignez des gens, les gens ne voient pas l’État à travers vous, ils voient un médecin, appartenant à un service public ou à une clinique qui vient vous soigner. C'est complètement différent, la nature du rôle de ces personnes est différente.

M. Pépin (Michel) : Est-ce qu’il n’y a pas une différence pour les enseignants, cependant? Vous parlez des enseignants. M. Drainville semble croire que c'est le cas, qu’il y a… ou, en tout cas, que l’influence, là — je ne me souviens pas des termes qu’il a utilisés exactement — mais que l’influence des enseignants à l’égard des enfants… Qu’est-ce que vous pensez de la position de M. Drainville à cet égard-là? Et ça rejoint la Coalition avenir Québec qui a une position pour que les enseignants portent ces… ne portent pas ces symboles religieux?

Mme David : C'est sûr que, des enseignants, des enseignantes, des éducatrices en service de garde — parce qu’on parle d’elles aussi, hein — évidemment, ont de l’influence sur nos enfants. Mais là, si on commence à vouloir légiférer sur tout ce qui a de l’influence sur nos enfants, je peux vous dire par expérience, ces temps-ci, qu’on va légiférer sur pas mal de choses. Est-ce qu’on va interdire les allées bleues et roses chez Toys "R" Us qui franchement, là, introduisent des biais totalement sexistes dans la vente de jouets aux enfants selon qu’ils soient des garçons ou selon qu’ils soient des filles? Est-ce qu’on va interdire les publicités de Wal-Mart à la veille de la rentrée scolaire, où il n’y a que les mamans qui achètent des choses pour leurs enfants? Ça a échappé à Wal-Mart que les pères existaient aussi.

De l’influence sur les enfants, il y en a à la pelletée, y compris dans les jeux Internet, y compris dans tout. Alors, il ne faut pas penser que les enfants sont des pauvres petites malheureuses victimes qui vont être influencées uniquement et principalement par la personne qui porte un signe religieux. Il y a un papa, il y a une maman aussi qui peuvent très bien, le soir à la maison, dire : C'est vrai, Mlle Unetelle, ton professeur, ou Mme Unetelle porte un voile. Pourquoi? Bien, demande-lui. Elle, elle pense que sa religion lui demande de faire ça, mais maman, elle, n’en porte pas. De la même façon que, quand mon fils m’a dit : Ma grand-maman va à la messe, pourquoi pas toi? Bien, je lui ai expliqué que sa grand-maman croyait en Dieu et en le petit Jésus et allait à la messe, mais pas sa maman. Les enfants, là, c'est des êtres intelligents et qui sont capables de reconnaître la diversité des adultes.

Mme Plante (Caroline) : Mr. Khadir, is it a surprise today to see that Liberal offices were raided and to see the Liberals being put on the defensive?

M. Khadir : Well, it was not a surprise to us. We produced a report in April 2010 showing how, during the years 2000, from 2003‑2004 up to 2009, Liberal Party has really installed a corrupt culture of financment of their party by giving «des permis», permits of day-care to… meeting with people from the organized crime, as we’ve seen in different stances, and mainly from corporate business that have supported them.

So, our question is: Why so late? But we understand that sometime building this proof is hard. But what is surprizing to us is this capacity of Mr. Couillard, as Mr. Charest did, to deny that, in fact, he has responsibility. He says that he wants to know the truth, pretending somehow that he didn’t know about it, but he was there. All through those years, he was minister of this government, he appeared in the same cocktails of financement of his party. He had to shake the same hands, give the same contracts as other colleagues.

So I think, if Mr. Couillard wants to show a real difference, he has to admit what he knows. He has himself to explain to Quebeckers how it functions, he was there. He can do, he can do the job. If he wants the truth to be known, he can begin himself to indicate: That was the way we were doing things, I will facilitate your job, OK, I will say, I will explain to you, and we’re not going to do that again.

Mme Plante (Caroline) : So why do you think the police operation was kept secret?

M. Khadir : I don’t know. I know that, when my daughter was arrested the 6th of June 2012, everybody knew in a matter of 30 minutes, and they knew also the accusation and everything. But I don’t know, I have no explanations. You have to ask to those involved.

Mme Plante (Caroline) : …something you were urging the commission Charbonneau to quickly…

M. Khadir : Yes. I think, we need, you know, the people of Québec to make their choices. A lot of people continue to vote Liberals because they don’t believe these things happen. So we have now a commission that I think is relatively reliable, I urge them to take care of what… the files concerning the financement of the PQ and the Liberal Party, because the people are going to have to vote in less than a year, and this information is tantamount to a wise manner of making choices.

M. Perreaux (Leslie) : …when quick things … if I can, the PQ is trying to drive his back again today into a discussion of the rest of Canada piling on us for our discussion. You’re both back from big cities ridings in Montréal, where this is a burning issue. How badly they’re dividing Quebeckers versus what Canada is doing to…

M. Khadir : Unfortunately, I think, sometimes, some opinion makers in Canada are prompted to say anything. I remind them that James Cameron is doing the same thing than the PQ in Great Britain, OK? And he’s not a nationalist, ethnic nationalist, OK ? He’s just doing some populistic approach, as the PQ is doing. Angela Merkel, in Germany, the same.

So I advise the rest of Canada to just hold their breath, continue to also think like us, make some constructive proposal instead of attacking the whole Québec and the Parti québécois being bigot, and so on, so on. PQ’s ministers, PQ’s members are not bigots, OK? They might be tempted by some populistic approach to politics, and we deplore that, but we’re not going to say, you know, to join the voice of those who accused them of everything, of ethnocide or, you know, God knows what.

Mme David : I agree.

M. Khadir : Thank you.

(Fin à 14 heures)

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