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Point de presse de Mme Christine St-Pierre, porte-parole de l'opposition officielle en matière de culture, Mme Karine Vallières, porte-parole de l'opposition officielle en matière de lutte à la pauvreté, et de Mme Kathleen Weil, porte-parole de l'opposition officielle en matière d’emploi et d’économie sociale

Version finale

Monday, September 23, 2013, 14 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quatorze heures trente et une minutes)

Mme St-Pierre : Alors, bonjour, mesdames et messieurs les journalistes. Alors, nous faisons ce pont de presse aujourd’hui évidemment dans la foulée de ce qui s’est passé la semaine dernière au Conseil du statut de la femme. Mme Kathleen Weil will address questions in English.

Alors, la semaine dernière, la présidente du Conseil du statut de la femme a affirmé, à la suite de quatre nominations au sein de son organisme, que le gouvernement Marois l’avait noyauté afin de s’assurer qu’il donnerait sa bénédiction à la charte des valeurs. Cette sortie publique est troublante. La présidente a aussi dit avoir reçu des pressions. Je vous cite les propos de Mme Miville-Dechêne lors d’une entrevue à Radio-Canada : «Est-ce qu’on a voulu me dicter un message? Certainement. Et le message était : "Ce qu’il faut défendre, c’est notre avis; affirmer la laïcité telle quelle, voici la voie".»

Ce geste du gouvernement a été décrié non seulement par l’opposition, mais aussi par des organismes comme la Fédération des femmes du Québec et la CSN. Le choc est brutal. Il s’agit là bel et bien de nominations idéologiques. L’indépendance du Conseil du statut de la femme est en jeu. Le ministre Drainville a admis n’avoir aucune étude en sa possession, et le ministre de la Justice refuse de rendre publics ces avis juridiques. Le conseil voulait participer au débat et apporter son éclairage sur les impacts de la charte auprès des femmes qui agissent et qui travaillent dans la fonction publique. Je vous rappelle qu’on parle ici d’égalité hommes-femmes. Le geste méprisant et purement idéologique qu’a posé le Conseil des ministres en acceptant la proposition de Mme Maltais discrédite l’ensemble de ce gouvernement.

Nous, députées de l’opposition officielle, nous nous devons d’agir. Ainsi, une lettre sera envoyée à toutes les députées de l’Assemblée nationale, la première ministre en tête, pour annoncer le dépôt d’une motion mardi, qui sera débattue mercredi puis suivie d’un vote. Nous voulons débattre afin que l’Assemblée nationale réitère l’indépendance du Conseil du statut de la femme. Rappelons que la semaine dernière, nous avons demandé, en vain, que le gouvernement suspende ces nominations. L’ingérence et les cachotteries sont rendues un modus operandi au sein de ce gouvernement. En d’autres mots, si vous partagez mon opinion, ça vous vaut une nomination.

Alors, merci. Nous allons répondre à vos questions.

Le Modérateur : Martine Biron, Radio-Canada.

Mme Biron (Martine) : Bonjour. Est-ce que vous avez eu des discussions avec la CAQ concernant cette motion que vous voulez déposer?

Mme St-Pierre : Non, mais la lettre, évidemment, sera envoyée, comme je l’ai dit, à toutes les députées, alors les représentantes de la CAQ vont recevoir aussi cette lettre. Cependant, si vous vous souvenez, la semaine dernière, les déclarations de la CAQ — c’est Mme St-Laurent qui a commenté — Mme St-Laurent a, elle aussi, parlé de nominations idéologiques. Alors, on s’imagine que la CAQ sera en faveur de la motion. Vous comprendrez qu’on ne peut pas vous donner le texte, le libellé de la nomination… de la motion. Ce texte doit être rendu public au moment du dépôt en Chambre. Nous sommes ici pour vous parler de cette lettre que nous envoyons puis vous annoncer que nous déposerons une motion.

Mme Biron (Martine) : Est-ce que vous avez l’intention d’attendre le débat sur la motion ou si vous allez contacter la CAQ pour voir si vous allez pouvoir faire front commun avec eux là-dessus?

Mme St-Pierre : Nous allons, évidemment une fois que la lettre sera rendue, nous allons parler à toutes les députées, tenter de rejoindre toutes les députées, incluant les députées du gouvernement. Nous voulons que toutes les députées, quel que soit le parti, comprennent l’importance du Conseil du statut de la femme, comprennent l’importance de l’indépendance de cette institution. Et nous allons aussi également réitérer notre intention de vraiment débattre, de vouloir débattre, notre volonté de débattre de cette question à l’Assemblée nationale, cette question qui est si importante.

Mme Biron (Martine) : Est-ce que vous pensez qu’il y a des femmes du gouvernement qui pourraient appuyer votre démarche?

Mme St-Pierre : Nous le souhaitons. Et les femmes… En fait, tout le monde devra voter, alors nous souhaitons que tout le monde, les députés de l’Assemblée nationale — députés, députées — appuient cette motion.

Le Modérateur : Jean-Luc Lavallée, Journal de Québec.

M. Lavallée (Jean-Luc) : Bonjour, Mme St-Pierre. À l’époque, quand Mme Pelchat était présidente du Conseil du statut de la femme, elle a été dégommée avant la fin de son mandat. Pourquoi, quelques mois seulement après la diffusion de l’avis dont on parle?

Mme St-Pierre : Je ne veux pas rentrer dans certaines considérations, mais vous comprenez que Mme Pelchat avait fait un travail vraiment important au Conseil du statut de la femme et elle a été nommée déléguée générale du Québec à Mexico. Alors, nous avons, à ce moment-là, lorsque Mme Pelchat a été nommée déléguée du Québec à Mexico, nous avons cherché à la remplacer, et c’est moi qui ai soumis à M. le premier ministre Charest le nom de Mme Miville-Dechêne, qui arrivait à la fin de son mandat comme ombudsman.

M. Lavallée (Jean-Luc) : Qui était votre ancienne collègue à Radio-Canada, votre amie. Est-ce que, avant de nommer Mme Miville-Dechêne, vous lui avez demandé ce qu’elle pensait de l’avis de sa prédécesseure?

Mme St-Pierre : Nous avons eu des discussions, non pas sur l’avis… les avis, parce qu’il y a eu avis en 2008, avis en 2011, nous avons eu des discussions sur ces questions-là et surtout sur le projet de loi n° 94 qui avait été… qui a été piloté par ma collègue, alors ministre de la Justice, Mme Kathleen Weil. Nous avons expliqué… J’ai expliqué à Mme Miville-Dechêne pourquoi nous avions décidé d’y aller avec le projet de loi n° 94. Et je vous rappelle que Mme Christiane Pelchat avait d’ailleurs salué le projet de loi n° 94. J’ai ici le communiqué : «Avec ce projet de loi, le gouvernement affirme on ne peut plus clairement qu’il prend en charge le dossier des accommodements de façon responsable. Les valeurs d’égalité entre les sexes et de neutralité sont affirmées sans compromis.»

Alors, les discussions qu’il y avait, c’était que nous avions la conviction profonde que les avis… en fait, l’interdiction des signes religieux ostentatoires ne respectait pas les chartes canadiennes et la charte québécoise des droits et libertés, que nous avions fait le choix de déposer le projet de loi n° 94.

M. Lavallée (Jean-Luc) : Je repose ma question différemment, si vous le permettez. Est-ce qu’à l’époque Mme Pelchat a été tassée pour sa prise de position sur le port des signes religieux?

Mme St-Pierre : Non, pas du tout.

Le Modérateur : Michel Pépin, Radio-Canada.

M. Pépin (Michel) : Bonjour, mesdames. Mme St-Pierre, juste une question de… Quand même, il y a eu deux avis du Conseil du statut de la femme. Normalement, ces avis-là aident le gouvernement… c’est un rôle conseil auprès du gouvernement. Et là le gouvernement va de l’avant avec quelque chose qui ressemble pas mal, hein, aux avis. Est-ce qu’il n’y a pas un problème, là, quand même que... Voilà que le gouvernement va de l’avant. Je comprends qu’il y a la question des nominations, mais une réaction à cet égard-là, c’est conforme aux avis du conseil.

Mme St-Pierre : C’est-à-dire…

M. Pépin (Michel) : Le conseil a le droit de changer d’avis? Je ne sais pas trop. J’essaie de bien voir qu’est-ce qui est intéressant, l’impact de tout ça, là. Un conseil fournit un avis au gouvernement, le gouvernement va de l’avant, puis finalement, hop, il y a problème de ce côté-là. Qu’est-ce que vous pensez de tout ça, vous?

Mme St-Pierre : Bien, ce qu’on pense de tout ça, c’est que la question est de savoir quelle est l’indépendance du conseil. Le conseil est un organisme qui conseille le gouvernement. Les avis, en 2008 et en 2011....

Parlons de celui de 2008. Je ne veux pas faire des réponses trop longues, mais vous avez vraiment besoin de comprendre. En 2008, le Conseil du statut de la femme arrive avec son avis et le Conseil du statut de la femme recommande essentiellement deux choses. Je pense qu’il y avait six recommandations, mais les deux plus importantes, c’était de placer l’égalité entre les hommes et les femmes dans la charte québécoise des droits et libertés. L’égalité entre les hommes et les femmes, dans la charte — je pense qu’elle datait de 1974 — on ne retrouvait nulle part le mot «égalité entre les hommes et les femmes». Alors, on s’entend pour dire que c’était assez essentiel, pour envoyer vraiment un message des valeurs de notre société, d’indiquer l’égalité entre les hommes et les femmes dans la Charte des droits et libertés, projet de loi n° 63.

On discute de la question des signes religieux ostentatoires. Nous avons fait des recherches… J’étais responsable de la Condition féminine et responsable du Secrétariat à la condition féminine. Nous avons fait des recherches à savoir : Est-ce que c’est faisable? Est-ce que cela respecterait nos chartes? La réponse est non. M. le ministre de la Justice a des avis juridiques en ce sens. On lui demande de les rendre publics, et demandez-lui de rendre publics ces avis juridiques.

Alors, nous arrivons avec 94. Ma collègue, qui est ministre de la Justice, et moi, puis on est un certain nombre de ministres à travailler sur le comité ministériel pour se pencher sur cette question-là, et on arrive avec 94 qui est une loi qui était, je vous rappelle, selon les sondages, appuyée par 95 % de la population, c’est-à-dire : Vous donnez des services? Vous allez le faire à visage découvert. Vous voulez recevoir des services? Vous allez le faire à visage découvert. Et c’est pour des raisons de communication, d’identification et de sécurité.

Le Conseil du statut de la femme, la journée où notre projet de loi est déposé — on parle du 24 mars 2010 — Mme Pelchat… Je recite encore, parce que, je pense, c’est bien important : «Avec ce projet de loi, le gouvernement affirme on ne peut plus clairement qu’il prend en charge le dossier des accommodements de façon responsable. Les valeurs d’égalité entre les sexes et de neutralité sont affirmées sans compromis.» Alors, voilà. Donc, après, le Conseil du statut de la femme décide de poursuivre encore sa recherche. Je ne sais pas ce qui s’est passé au conseil, mais Mme Pelchat est retournée avec cette déclaration-là au sein de son conseil, et là Mme Weil commence ses audiences, et le conseil arrive avec un autre avis nous disant qu’il faut interdire les signes ostentatoires dans la fonction publique. Ça ne passe pas le test des chartes. Faites-le comme vous voulez, de toutes les manières, regardez la pierre de tous les côtés, ça ne passe pas le test. Puis peut-être que Mme Weil pourra en ajouter parce qu’elle est avocate, mais on l’a regardé, ça ne passe pas le test. On veut voir les avis juridiques.

M. Pépin (Michel) :…ajoute davantage de questions sur la crédibilité du Conseil du statut de la femme, si vous me permettez. Parce que là vous dites…

Mme St-Pierre : Bon, voilà. Maintenant, on arrive à… ce que Mme Miville-Dechêne nous a dit en conférence de presse, c’est-à-dire en entrevue et dans les médias, c’est qu’elle a dit : Bon, maintenant, il y a quelque chose de concret, on parle d’une charte des valeurs. On veut aller tout simplement vérifier… Il n’y a pas d’étude. M. Drainville, hier, à Tout le monde en parle, après plusieurs questions de M. Bouchard, n’a jamais été capable de nommer une seule étude en sa possession qui dit combien il y en a de femmes, dans la fonction publique, qui seront touchées par cette mesure. Il est incapable. Tout ça est basé sur un malaise et sur des gens qu’il rencontre dans la rue. Bien, moi aussi, j’en rencontre du monde dans la rue, puis, mes collègues, on en rencontre tous et toutes du monde dans la rue qui viennent nous dire que ça n’a pas de bon sens.

Alors, on ne fait pas des projets de loi sur des malaises puis des rencontres dans la rue. Je m’excuse, il faut que ce soit plus sérieux que ça, il faut que ce soit documenté. Ce que le Conseil du statut de la femme a dit : On voudrait documenter davantage. On ne vous dit pas qu’on est pour, on ne vous dit pas qu’on est contre, on vous dit qu’on veut documenter davantage. On veut un autre éclairage pour voir comment on peut voir si cela est faisable, ça touche combien de femmes. Puis je vous rappelle que la meilleure intégration d’une immigrante, là, c’est son autonomie économique, c’est de lui permettre d’avoir une carrière puis de pouvoir avoir son autonomie économique. C’est la meilleure intégration qu’on puisse donner à une immigrante, puis on ne sait même pas combien il y en a dans la fonction publique.

M. Pépin (Michel) : Charles, est-ce que tu permets que je pose une question à Mme Vallières? Cela est possible? Vous allez devoir vous approcher du micro. C’est concernant la pétition que vous avez mise en ligne, hein, pétition de l’Assemblée nationale concernant, justement, ce projet de charte des valeurs québécoises. J’aimerais, en gros — je me doute bien, là, pourquoi vous faites ça — mais, en gros, que vous me disiez pourquoi vous avez décidé de passer par ce canal-là d’une pétition. Voilà. Commençons par ça.

Mme Vallières : En fait, ce n’est pas moi qui ai décidé de passer par ce canal-là, hein? Donc, le procédé, c’est qu’on rencontre des gens dans nos bureaux. Je rencontre gens autant des gens qui sont en faveur ou en défaveur, et il y a un citoyen du comté de Sherbrooke qui m’a approchée pour demander tout simplement de parrainer cette pétition-là.

M. Pépin (Michel) : Vous n’êtes pas obligée cependant.

Mme Vallières : Non, on n’est pas obligés, mais, en fait, c’est mon travail et mon devoir de le faire, qu’on soit pour ou qu’on soit contre. Et on le voit à tous les jours quand on siège, hein, qu’on soit au gouvernement ou dans l’opposition, on peut déposer des choses pour lesquelles on est en faveur ou pas.

M. Pépin (Michel) : Le fait que ce soient des orientations sur un projet de charte des valeurs québécoises et que vous ne le spécifiez pas dans cette pétition, est-ce que c’est un problème, à votre avis?

Mme Vallières : Encore là, je vous le répète, ce n’est pas moi qui ai libellé cette pétition-là. Les gens nous arrivent avec la pétition. La procédure veut qu’on la dépose à l’Assemblée nationale. Les gens la vérifient, nous mentionnent si c’est légal ou pas, si on peut la déposer en ligne. Et tout ce que je fais, moi, c’est de dire : J’accepte, comme députée, de représenter le citoyen à l’Assemblée nationale, tout simplement.

M. Pépin (Michel) : Merci, Mme Vallières.

Le Modérateur : Véronique Prince

Mme Prince (Véronique) : ...l’ont signée jusqu’à maintenant?

Mme Vallières : Je crois qu’on me disait ce matin autour de 2 000, là, pour l’instant, oui.

Une voix : 2 200.

Mme Vallières : 2 200.

Mme Prince (Véronique) : Parfait. Est-ce que vous avez parlé à Mme Miville-Dechêne depuis la semaine passée? Est-ce qu’il y a quelqu’un du Parti libéral qui lui a parlé, qui est entré en contact avec elle?

Mme St-Pierre : Pas à ma connaissance.

Mme Prince (Véronique) : Donc, aucun contact, à ce sujet-là, de votre part?

Mme St-Pierre : Il y a eu, en toute transparence, un seul contact, qui est un message texte. C’est tout.

Mme Prince (Véronique) : Est-ce qu’on peut savoir le sujet?

Mme St-Pierre : Bien, c’était au sujet de ça.

Journaliste : Vous avez piqué ma curiosité. Que disait votre message?

Mme St-Pierre : C’est privé.

Journaliste : Mais c’est un message de soutien à l’endroit de Mme Dechêne?

Mme St-Pierre : C’est un court, très, très court message d’inquiétude.

Journaliste : Face à...

Mme St-Pierre : Elle est inquiète pour... Elle a tout simplement dit : Je suis inquiète pour la suite des choses.

Journaliste : Donc, c’est elle qui vous a envoyé le message texte?

Mme St-Pierre : Moi, j’ai envoyé un message pour savoir si je pouvais lui parler, à quelqu’un, puis elle m’a répondu qu’elle ne pouvait... voulait pas me parler et qu’elle est inquiète.

Journaliste : Fin de l’histoire.

Mme St-Pierre : Oui. Il n’y a pas d’autres histoires.

Le Modérateur : Tommy Chouinard.

M. Chouinard (Tommy) : Mme St-Pierre, dans la mesure où vous êtes personnellement et directement impliquée dans ce dossier-là — vous avez vous-même nommé Mme Miville-Dechêne — vous n’êtes pas porte-parole du dossier de la Condition féminine, c’est une autre députée, qui d’ailleurs n’est pas présente ici, est-ce que ce serait... Pourquoi la personne qui porte ce dossier-là, c’est vous aujourd’hui et non Mme Gaudreault?

Mme St-Pierre : C’est que Mme Gaudreault ne pouvait pas être ici aujourd’hui. C’est elle qui devait faire la conférence de presse, elle ne pouvait pas être ici aujourd’hui. Et ce qu’on s’est dit, c’est que j’ai... comme j’ai porté le dossier, justement, comme ministre de la Condition féminine, j’étais tout à fait capable de répondre aux questions et de faire cette déclaration-là.

Alors, je pense que c’est évidemment dommage que Mme Gaudreault ne soit pas là, mais c’est vraiment hors de son contrôle, elle ne peut pas être ici aujourd’hui. Les autres collègues qui se sont déplacées, il y en a qui ont été appelées à la dernière minute, c’est-à-dire vendredi, pour que tout le monde s’organise. Mais on a nos vies de comté, on a des rencontres à faire. Puis celles qui pouvaient venir, bien, je les remercie, elles sont venues aujourd’hui, mais celles qui sont absentes, ce n’est pas parce qu’elles ne veulent pas être ici.

M. Chouinard (Tommy) : Vous parlez beaucoup de l’indépendance du Conseil du statut de la femme, mais est-ce que vous êtes indépendante, dans la mesure où vous dites, vous avez échangé même un message texte avec Mme Miville-Dechêne dans ce dossier-là. Est-ce que… 

Mme St-Pierre : Bien, j’aurais pu vous dire que je n’avais rien…

M. Chouinard (Tommy) : …une proximité qui est un petit peu…

Mme St-Pierre : J’aurais pu vous dire que je n’avais rien échangé puis là je vous aurais menti. J’ai passé un message, j’ai demandé si je pouvais lui parler, en fin de journée vendredi, et le message est revenu en me disant : Je ne peux pas te parler, ce n’est pas le moment. Et je voulais avoir, évidemment, des informations sur ce qui s’était passé de jeudi soir à samedi… à vendredi matin, alors que toutes les entrevues ont été annulées. Je n’ai pas insisté puis je n’insisterai pas non plus.

M. Chouinard (Tommy) : Maintenant, j’aimerais savoir… Ça fait des années qu’on parle des nominations. On parle ici, je reprends votre expression, une nomination… des nominations idéologiques. On a aussi parlé beaucoup de nominations partisanes.

Croyez-vous qu’il serait opportun d’élargir l’éventail des nominations qui peuvent être faites par l’Assemblée, un comité de députés au lieu que ce soit vraiment des décisions qui relèvent, des nominations qui relèvent de l’Exécutif, du Conseil des ministres? Est-ce que ce serait opportun, selon vous, d’avoir…

Mme St-Pierre : Bien, c’est-à-dire, moi, j’ai été à la tête de plusieurs… à la tête, c’est-à-dire, j’ai été… il y a eu plusieurs organismes sous mon autorité. J’ai été ministre de la Culture, des Communications, de la Condition féminine, porte-parole de la Charte de la langue française. Alors, j’en avais, je pense, 14 ou 15 sous ma responsabilité. À chaque fois qu’on faisait des nominations, on demandait des commentaires des différents organismes touchés par ces organismes-là.

Dans le cas du Conseil du statut de la femme, on donnait environ 30 jours pour avoir des commentaires, s’ils avaient des suggestions à faire. Ça ne veut pas dire que le gouvernement va retenir la suggestion, mais on demande : Est-ce que vous avez des noms, des personnes à nous proposer pour siéger sur le conseil d’administration? On l’a fait pour les organismes, Télé-Québec, Place des Arts, Grand Théâtre, tous les organismes, puis mes autres collègues aussi qui ont été ministres, qui avaient des organismes sous leur responsabilité, c’est normal.

Dans ce cas-ci, ce que le Fédération des femmes du Québec dit, c’est qu’ils ont reçu l’information jeudi qu’ils devaient remettre des noms pour lundi ou mardi. Ce n’est pas long, là, pour soumettre des noms. Alors, ça donne aussi… Si vous regardez le film des événements, on répète un peu ce qu’on a dit vendredi, mais, si vous regardez le film des événements, ces postes-là pouvaient… devaient être comblés depuis un an. Il me semble qu’on arrive à la dernière minute, on nomme quatre personnes. Tout le monde s’entend sur les C.V., que les C.V. sont impeccables. On nomme quatre personnes qui se sont prononcées en faveur de la charte, et on a la présidente du Conseil du statut de la femme qui affirme, avoue avoir eu des… affirme avoir eu des pressions.

Journaliste : …l’idée qu’on retire certaines nominations du pouvoir de l’Exécutif pour revoir un peu ces procédures-là, est-ce que vous êtes ouvertes à cette idée-là ou vous croyez que ça doit rester comme ça et que les consultations avec d’autres groupes suffisent pour régler la question?

Mme St-Pierre : Bien, écoutez, moi, je pense que, pour avoir… avec l’expérience que j’ai, je pense que ces nominations-là peuvent être faites par le Conseil des ministres. Il faut que le Conseil des ministres ait aussi une certaine autonomie, là, quand même. Mais, dans ce cas-ci, la question, c’est de savoir et de voir à quel point ce gouvernement-là voulait avoir des personnes en faveur de la charte pour siéger au Conseil du statut de la femme et ainsi faire en sorte que le Conseil du statut de la femme — appelons ça par son nom — soit noyauté. Le gouvernement a noyauté le Conseil du statut de la femme. Et il y a un modus operandi qui semble s’installer, là. Regardons M. Breton qui débarque au BAPE pour aller leur dire : Si vous ne faites pas ce que je vous dis, je ne serai pas content; Jean-François Lisée, le ministre Jean-François Lisée qui intervient pour empêcher une nomination au 375e anniversaire de la Ville de Montréal, sans compter toutes les nominations qui sont faites en cachette. Je veux dire, il y a quelque chose qui est un peu troublant dans le modus operandi.

Le Modérateur : Michel Corbeil, Le Soleil. Une dernière en français.

M. Corbeil (Michel) : Si je ne me trompe pas, Mme St-Pierre — bonjour — Mme Pelchat avait été nommée déléguée avant la fin de son mandat.

Mme St-Pierre : Oui.

M. Corbeil (Michel) : Pourquoi ne pas tout simplement avoir laissé aller le mandat, ceux qui sont courts? On a l’impression que vous attachez ainsi, là, le gouvernement suivant avec une…

Mme St-Pierre : Bien, regardez, il y a des choses, évidemment, qui se décident au moment où il peut y avoir une ouverture. Il y a un poste qui s’est ouvert à la Délégation du Québec à Mexico. Mme Gagnon-Tremblay, responsable des relations internationales, a fait la suggestion que ce soit Mme Christiane Pelchat. Peut-être que Mme Pelchat, une personne que j’apprécie énormément, là, j’ai eu de bons… puis, évidemment, elle est assez sanguine, là, on a des bons échanges avec elle, mais Mme Pelchat avait peut-être besoin d’avoir une promotion, avait peut-être besoin d’aller à l’extérieur pour aller œuvrer dans sa carrière. Et elle fait un excellent travail à la Délégation du Québec à Mexico. J’ai eu affaire à elle, à un moment donné, lors d’une mission, ça a été impeccable. Alors, des fois, on veut relever de nouveaux défis pour toutes sortes de raisons, puis je pense que vous êtes capable de lire entre les lignes. Alors, pour toutes sortes de raisons, on veut relever de nouveaux défis, puis c’est une femme en qui nous avions confiance.

Maintenant, le poste du Conseil du statut de la femme, c’est moi qui ai suggéré Mme Miville-Dechêne parce qu’elle achevait son poste d’ombudsman à Radio-Canada. C’était la première femme qui avait été nommée ombudsman à Radio-Canada. Je connaissais ses décisions parce que je les ai lues pour… elle prenait des décisions souvent. Il est arrivé quelquefois que la direction de Radio-Canada n’aimait pas beaucoup ses décisions, puis elle avait son indépendance, comme ombudsman.

C’est pour ses qualités d’ombudsman puis ses qualités d’ancienne reporter diplômée de Columbia, la meilleure école de journalisme au monde… Alors, je pense qu’elle avait les qualités… puis ce n’est pas une histoire d’amies, c’est une histoire de qualité, c’est une histoire de compétence, elle avait les compétences pour… elle a les compétences pour être présidente du Conseil du statut de la femme, ça, je pense que personne ne peut remettre ça en question. Et c’est une femme aussi de terrain et elle est allée chercher ses vieux réflexes de vieille journaliste puis elle a dit : Moi, je vais aller voir, sur le terrain, comment ça se passe cette affaire-là, qu’est-ce que qui se passe.

Drainville n’a aucune étude à l’appui, à part M. et Mme Tout-le-monde dans la rue, que je respecte énormément, mais il faut avoir des études pour savoir comment ça va se passer. On parle d’égalité entre les hommes et les femmes, puis on veut que les immigrantes s’intègrent, puis on leur dit : Venez ici, on a les bras ouverts puis on veut absolument que vous veniez travailler avec nous, puis vous… Quand une femme est docteure en mathématiques, ce qu’on lui demande d’être docteure en mathématiques puis de faire une bonne job de mathématicienne et non pas de nous parler de sa religion. Puis allons plus loin. Moi, dans ma circonscription, j’ai un CHSLD, il y a une médecin qui porte le voile, le foulard. On va faire quoi avec cette médecin-là? Je pense qu’on a besoin de médecins au Québec puis je pense qu’on a besoin de médecins qui soignent des personnes âgées puis des personnes en perte d’autonomie dans des CHSLD.

M. Corbeil (Michel) : Vous annoncez le dépôt d’une motion. Québec solidaire l’avait déjà fait. En quoi ça va être différent? Ça va être…

Mme St-Pierre : Bien, c’est que la nôtre, elle va être soumise à un vote. C’est la motion du mercredi. Alors, notre motion à nous va être soumise à un vote, donc il va falloir que tous les députés de l’Assemblée nationale, présents à l’Assemblée nationale, se prononcent sur notre motion. Puis il va y avoir un débat aussi.

Le Modérateur : En anglais. Shawn Lyons, CBC.

M. Lyons (Shawn) : So we’ll start, I guess Mrs. Weil will be taking… with something very basic and tell me about this motion that has to be presented tomorrow. What do you want?

1235 33 Mme Weil : Essentially, for the Government to roll back these nominations, and we want to vote on this motion and we are going to be calling all of the women from the other parties to seek their support. Of course, at the outset, we’re dealing, I think, it’s important to say, with a very, very sensitive issue. We’re dealing with an issue that is shaking, I think, Québec’s society to its core. We all meet women who are very worried about the impact of the government’s policy, decision, orientation.

So, we object, of course, vigorously to the Government’s intervention into an independent organization whose mission is to protect women and to seek the equality of women. And our concern, of course, and all those who have a concern about the Drainville charter — we’ll call it Drainville charter or the PQ charter — is that it will lead to discrimination. Not only is it a breach of freedom of religion, freedom of expression, but it will lead to discrimination.

So the president, Julie Miville-Dechêne, had this concern and she wanted some time to study the impact of this future charter and the disposition s. And, as you know, as you heard, last Thursday, there was an intervention, very high-placed intervention on the PQ Government… attempting to strong-arm the president to essentially follow the advice or follow the opinion and the policy orientation of the Government . She said she needed more time, that the «conseil», the board, that they were concerned, there was going to be a vote. And then, of course, on the Monday or just, you know, within a matter of days, I don’t know how many days between the time she got this pressure, there were four new nominations, all of the new nominees, of course, supporting the Government ’s position on a very sort of closed secularism.

M. Lyons (Shawn) : But you mentioned the legal opinions that have been given to the Justice Department, that you want Mr. St-Arnaud to release those. Is that part of you motion as well?

Mme Weil : No, it’s not in this motion, but we have publicly asked them, as have many people asked them to render his opinions public. We know that he went outside to get an opinion, but it’s a sort of an opinion that’s a very cautionary opinion, it’s not an all-out support of the Government’s position.

M. Lyons (Shawn) : Now, given all of the accusations of ideology and partisanship that have been flying one side to the other, you want this motion to be widely supported by women and others in the other parties as well. So, why not have some of them with you on this news conference right now to show people that this is not a partisan...

Mme Weil : Well, we have time to get their support, they’ve all expressed it. Québec solidaire has expressed opposition to the Government’s actions and actually outraged. Honestly, let’s put ourselves back to last Thursday. I was watching RDI. We were frankly outraged. I had dealings with the Conseil du statut de la femme . It wasn’t always easy. Sometimes publicly, the president would come out with opinions. Did I ever think to pick up the phone? Did I ever think to… Never.

If you have an independent organization, the best thing for a government to do is to listen to the advice of that independent organization. That’s why they exist, to illuminate you on some of the risks that are involved. They weren’t interested in the risks, they wanted the answer that they wanted and they said : You give us the answer we want or we’re going to pack the house. And, essentially, that’s why we’re so outraged. So we will make the cause that we have to make. It’s Friday that we all decided to come up with this, of course this motion. We have time to get the support of the other «députés», hopefully male and female, to support this motion.

M. Lyons (Shawn) : Je vais demander une question boni, parce que je pense que je suis le seul en anglais, s’il n’y a personne d’autre.

Just want to know, as people watch this unfold, what are your concerns and what will you do so that Quebecker s won’t watch this argument going on here, at the National Assembly, and think this is just politics as usual, one party yelling at another political party; this has nothing to do with me anymore, this is about the Liberals versus the PQ?

Mme Weil : It’s a motion. We’ve done… We present many motions, it’s a motion that people vote on. I think it’s a very rational way to proceed. This is the National Assembly, this is where we have these debates. In fact, I would tell you this is what makes people feel a little more secure. When I have women who tell me they’re very worried, they’re upset, they have their stomachs in knots. Their children are upset, their children are worried that their mothers are going to lose their jobs. Literally, we have phone calls of people who are telling us this. I tell them we live in a democracy. We have freedom of the press, we have the National Assembly, we have strong Opposition , we have the courts. And I tell them not to worry, that we’re in Québec, it’s a democracy.

So I think, if anything, these are vigorous debates. They’re not fights, they’re vigorous debates with different opinions on a very important matter. And it requires transparency on the part of the Government and it requires governments to listen to the advice and not politically interfere with an independent organization.

Le Modérateur : Alors, exceptionnellement, on va en prendre une dernière en français. Martin Ouellet.

M. Ouellet (Martin) : Merci. Mme St-Pierre, mesdames. Pensez-vous vraiment, Mme St-Pierre, que les députés péquistes vont rompre la ligne de parti? On a vu qu’est-ce qui s’est passé avec Mme Mourani, là. C’est dangereux, là, de rompre la ligne de parti au PQ, mais dans tous les partis, là, généralement. Mais pensez-vous que des femmes… vraiment, des femmes péquistes vont se joindre à vous?

Mme St-Pierre : On va voir mercredi, mais je l’espère et je le souhaite, la première ministre en tête. Je pense que, là, nous sommes dans une situation où il faut absolument dire à quel point le Conseil du statut de la femme est un organisme qui doit avoir son indépendance. Alors, on va voir mercredi. Il y aura un débat de deux heures, alors on va mesurer tout ça. Vous serez en mesure de mesurer tout ça mercredi.

(Fin à 15 h 2)