(Treize heures)
M.
D’Amour : Alors, ce
matin on a eu, à l’Assemblée nationale, au salon bleu, une interpellation
portant sur l’emploi. Je devrais plutôt dire sur le chômage. Le but de l’interpellation,
c’était de définir le mandat du Parti québécois,
à venir jusqu’à maintenant, en matière
d’emploi, et c’est un bilan, à mon sens, qui est tout à fait désastreux, en ce
sens que le Québec a perdu, au cours de la dernière année, 45 000 emplois
au même moment où, au Canada, on a augmenté le nombre d’emplois de
145 000. Alors, on peut voir… on ne peut pas dire que, dans le fond,
l’économie va mal partout, l’économie va bien au Canada avec 145 000
emplois créés. Et, 45 000 emplois perdus, c’est une diminution du pouvoir
d’achat des citoyens, puis les économistes s’entendent sur une chose à ce
moment-ci, la chose est la suivante : on se
dirige allègrement vers une récession s’il n’y a pas un coup de barre
qui est donné maintenant.
Il y a des conséquences à ça, ces pertes
d’emploi là en région, c’est clair. Il n’y a pas…
45 000 emplois, il n’y a à peu près pas une famille, surtout pas une
région, qui n’écope pas de ce mandat du gouvernement
du Parti québécois depuis un an. Alors, la situation, elle est pénible,
elle touche des citoyens qui, au moment de recevoir leurs comptes de taxes
scolaires au cours des dernières semaines, bien d’entre eux ont reçu une
mauvaise nouvelle, ils perdaient leur emploi, hausse des tarifs d’Hydro-Québec,
alors le portrait est sombre. Et, s’il fallait que la tendance se maintienne,
là, et qu’on se dirige vers une récession, les prochaines semaines et les
prochains mois, au Québec, pourraient être pénibles. Je dis bien «pourraient», parce qu’on n’en est pas rendus là, sauf qu’il faut espérer maintenant qu’il y ait
des coups de barre.
L’interpellation qu’on a tenue ce matin,
moi, je croyais que le gouvernement allait profiter de la tribune qui s’offrait
à eux pour annoncer des projets, pour annoncer des mesures concrètes qui
pourraient avoir une portée maintenant, mais, au contraire, on a assisté à un déluge de mots dans un désert d’idées ce matin. Moi, je
suis très, très déçu. Une interpellation, ça se prépare quand on est dans
l’opposition, mais aussi quand on est au gouvernement. Alors, ce matin, on est
venu nous livrer des lignes toutes faites, celles auxquelles on est habitués.
Le gouvernement continue à faire dans le déni, et ce n’est pas rassurant. Puis
on vit au quotidien, là, des exemples concrets de drames économiques puis de
situations économiques qui sont difficiles à vivre pour des citoyens et des citoyennes du Québec. Et mon collègue de
Mégantic, qui m’accompagne cet après-midi, vit, j’oserais dire, au quotidien, des exemples
concrets, et justement ce matin. Alors, cher collègue.
M.
Bolduc
(Mégantic) :
Merci. Et, écoutez, le gouvernement nie les pertes d’emploi. Dans ma région, ce
sont des pertes d’emploi directes subies par la créatrice de chômage. Le Plan
Nord est mort, donc les roulottes qu’on envoyait dans le Nord, il y a un
ralentissement. Les maisons préfabriquées qui étaient
très en demande sur la Côte-Nord sont en
ralentissement, les chaussures pour les travailleurs du Québec sont en baisse de demande, les usines pensent de
faire du temps partagé. Je vous donne des exemples pas dans le Nord, dans
l’Estrie. Dans le sud du Québec, des emplois, des effets directs de la
politique du gouvernement péquiste qui fait que les emplois sont perdus. Non
seulement les emplois sont perdus, beaucoup de nos travailleurs qui étaient
dans le Nord avant s’en vont en Alberta, en Saskatchewan parce qu’ils perdent
le courage et ils s’en vont travailler ailleurs. Donc, la ministre nous dit
que les infrastructures, ce n’est pas structurant. Qu’est-ce qu’il faut penser
du port de Sept-Îles sans le quai, sans la voie
ferrée? Elle ne voit pas ça comme un effet structurant. On continue de pelleter
par en avant. On annonce, on fait des annonces prochaines. Ça fait un an qu’on
fait des annonces prochaines. Comment de temps ça va durer? La politique
industrielle qui s’en vient avec des mesures-chocs, est-ce que ça veut dire que
le pire est à venir? C’est ce genre de désastre économique, de pertes d’emplois manufacturiers, de pertes d’emploi dans
l’agriculture, dans la forêt qui va se perpétuer.
C’est ça qu’on se pose comme question. On a interpellé la ministre, pas de
réponse. Merci.
M.
D’Amour : Alors, on
ajoute à ça la moitié des faillites au Canada ont été vécues, au cours de la
dernière année, au Québec. Ça parle. On ajoute à ça des coupures drastiques
dans certains ministères. Puis je pense que le
meilleur exemple — et je conclurai là-dessus — qu’on
puisse donner, c’est le ministère des Ressources naturelles. Ça, ça a des
portées directes dans les régions. La ministre a
accepté... a laissé sur la table, au moment de la planification
budgétaire du gouvernement, 23 % de son budget.
Alors, il ne faut pas s’étonner qu’il y ait des coupures, au niveau de la sylviculture et à bien d’autres
égards, du ministère. Voilà, c’est le message qu’on voulait vous livrer. J’aurais aimé sincèrement vous dire qu’il y
avait, de la part du gouvernement, des mesures qui allaient nous conduire à de
la création d’emploi. Malheureusement, le gouvernement crée du chômage plutôt
que des emplois.
M. Gagné (Louis) : Vous parlez d’emplois perdus dans le secteur
manufacturier. Ce matin, il y a 200 quelques personnes qui se retrouvent
officiellement au chômage à Lachine, les
travailleurs de l’usine Old Dutch. Ce que dit… L’entreprise
a argué, pour justifier la fermeture, que ses installations n’étaient pas à jour.
Qu’est-ce que votre gouvernement, vous, a fait, là, sous les libéraux, pour
encourager une usine comme Old Dutch à se moderniser et qu’est-ce qui fait
qu’on se retrouve avec une fermeture aujourd’hui?
M.
D’Amour : Et c’est
drôle que vous me posiez la question, je vous dirais des exemples concrets de
choses qu’on a vécues il y a un peu plus d’un an. Un jour, quelqu’un m’appelle
et il me dit : Moi, j’ai 175 travailleurs, on manque de liquidités, on est dans une situation particulière. Le
lendemain, on était avec les gens du ministère du Développement économique et
les gens d’Investissement Québec, et, trois semaines plus tard, il y avait une
aide financière qui était versée sous forme de prêt. C’est ça, faire dans
l’action.
Là, il y a deux
choix, là : il y a ce qu’étaient
les libéraux comme gouvernement à l’époque, qui dit : Nous, on fait dans l’action; puis le Parti québécois
présentement, avec la ministre Zakaïb qui dit : Bien, nous autres, là, on
va éventuellement déposer une politique industrielle transversale, dans le cadre d’un supercyle, alliée à une stratégie puis à un plan. On ne fait pas dans l’action. Alors, concrètement,
là, dans ce cas-là, là, il faut que le gouvernement prenne le dossier en main
maintenant. Il y a des solutions à ça. Si l’entreprise veut investir, bien, il
faut définir des moyens d’action. C’est aussi simple que ça, là.
M. Gagné (Louis) : Bien, dans ce cas-là, elle a clairement dit qu’elle ne
souhaitait pas investir puis que…
M.
D’Amour : Bien, voilà,
vous avez une partie de la réponse, elle ne souhaite pas investir. Le
gouvernement, carrément, laisse tomber les entreprises puis,
ce faisant, là, laisse tomber les régions. C’est ça, la réalité. Puis le
gouvernement a beau faire dans le déni à ce
moment-ci — non, non, il n’y a pas de problème,
on a créé des emplois — le net du net, là, ce sont des taux de
chômage comme à 11 % sur la Côte-Nord, à
16 % en Gaspésie, on arrive à 10 % dans le Bas-Saint-Laurent,
c’est la même chose au Saguenay—Lac-Saint-Jean puis
en Abitibi.
Les faits parlent de façon on ne peut plus… de façon très éloquente. Alors, il y a un coup de barre à donner maintenant. Tu
sais, il faut une stratégie maintenant, pas une hypothétique stratégie alliée
d’une campagne électorale qui va arriver. On ne loge pas là, là. Le Québec a
besoin d’un remède immédiat.
M. Gagné (Louis) : Oui, vous
avez dit qu’on se dirigeait vers le mur. Vous avez parlé de fiasco ce matin.
Dans ce cas, comment expliquer que le Conseil du patronat ait décerné la même
note que vous aviez eue, là, au sujet de l’économie du Québec pour la dernière année, là?On a donné un C, alors c’est la même note sous les
libéraux. Pourquoi est-ce qu’on ne se ramasse pas avec un D, un D-?
M.
D’Amour : Et le
Conseil du patronat… Il faudrait leur poser la
question, mais le Conseil du patronat dénonce le fait que le pouvoir
d’achat, au cours de la dernière année, s’est ratatiné, s’est rétréci. Ça, ce
n’est pas du tout des bonnes nouvelles. Alors, dans ce cadre bien précis, là,
on va s’entendre sur une chose : il y a un coup de barre à donner. Et les
faits sont les suivants : 45 000 jobs perdues, la moitié des
faillites au Canada se retrouvent au Québec. Ça parle, ça parle. Pour moi,
c’est très clair, et il faut un coup de barre maintenant.
Mme Prince (Véronique) : Qu’en
est-il de ce que vous aviez demandé avec le Vérificateur général, une mise à jour signée d’ici le 30 septembre? Ça
approche pas mal, cette échéance-là.
M.
D’Amour : Ça
approche pas mal. Je n’ai pas eu de retour, on n’a pas eu de retour là-dessus
ces dernières heures, mais il faut que les choses se passent. C’est clair qu’il
faut qu’on sache exactement où est-ce qu’on s’en va au niveau des finances
publiques. Là aussi, il y a un mur qui est prévisible. Et, si on ajoute à ça toute la
question de la perte d’emploi, ça ne va pas bien au Québec. J’aimerais dire le contraire.
Puis moi, comme porte-parole au niveau du
développement économique régional, hier, j’étais au congrès de la Fédération
québécoise des municipalités, qui se tient aussi aujourd’hui, là, juste de l’autre côté de la rue, et les élus municipaux
nous le disent. Des maires non seulement de ma
circonscription, là, les maires des régions nous disent : Ça ne va
pas bien, on est inquiets, on perd des emplois. Mon collègue de Mégantic vient
de parler de l’Estrie, c’est particulier.
Tu sais, prenons
conscience où la mesure… enfin, de la portée, là, d’une fermeture
d’entreprise. Tu sais, chez nous, là, 25 emplois dans une communauté locale,
qu’elle soit à Saint-Antonin ou à Saint-Cyprien, ça fait mal. Et le… Prenez
45 000, là, prenez la carte du Québec, puis établissons ça sur l’ensemble
du territoire : ça ne va pas bien, ça va même très mal. Puis notre rôle à
nous, c’est de le dire, puis de proposer, puis de dire : Écoutez, le Plan Nord était
une belle alternative. C’était un projet qui permettait la création de richesse
sur les prochaines années, mis au rancart. Il faut revenir avec ce projet-là.
Mais le mal est fait. Il faudra du temps pour le faire, mais on est disposés à
le faire, par exemple.
Mme Prince (Véronique) : Puis
est-ce que vous pensez que le gouvernement Marois devrait continuer de faire confiance à André Boisclair comme délégué?
M.
D’Amour : Bien, écoutez. Le point de presse ne porte pas sur cette
question-là. Je crois comprendre que M. Boisclair
aura des choses à dire lundi prochain. On va voir, et ces débats-là vont se
poursuivre. Il y a un débat entre M. Duchesneau
et le PQ, alors on va laisser aller ça. La direction générale des élections,
éventuellement, dira ce qu’elle a à dire. Je pense que le temps va nous
permettre de voir plus clair là-dedans.
M. Gagné (Louis) : Sur un
autre sujet parallèle, j’aimerais vous entendre. Est-ce
que votre caucus est divisé sur la question de la
charte? Vous avez peut-être lu l’article sur
Mme Houda-Pepin, là, qui refuse systématiquement de comprendre. On sent qu’il y a
un malaise, là, alors qu’il y aurait soi-disant
une unanimité très forte au sein de votre caucus.
M.
D’Amour : Ce que vous sentez comme malaise, là, sans dévoiler de secret de caucus, je vous
dirais que le caucus est uni comme jamais sur l’ensemble des questions. On fait
nos débats. Et, sur cette question-là de façon
particulière, il n’y a pas de division au
caucus.
(Fin à 13 h 10)