(Quatorze heures une minute)
Mme
St-Pierre
:
Alors, bonjour, madame, bonjour, messieurs les journalistes. Bien, écoutez, on
vous a convoqués pour, vraiment, réagir aux propos inacceptables de M. Lisée.
Alors, décidément, le ministre Jean-François Lisée, ministre de la Métropole,
va nous surprendre toujours, mais voilà maintenant qu'il s’attaque directement
aux candidats à la mairie de Montréal qui s’expriment sur la charte des
valeurs. Et d’ailleurs il dit des faussetés puisqu’il fait référence au maire
Drapeau qui, selon lui, ne s’était pas exprimé sur la Charte de la langue
française, alors que c'est faux, il était venu en commission parlementaire lors
de la première mouture.
Alors, pour qui se prend M. Lisée? Cela,
cette attitude de M. Lisée est franchement méprisante pour les candidats à la
mairie de Montréal, et c'est une attitude également condescendante. Le PQ
bâillonne, exclut ou prend de haut ceux et celles qui ne pensent pas comme lui.
Le message du Parti québécois est toujours le même : ceux qui ne pensent
pas comme lui doivent se la fermer : Maria Mourani, et la présidente du Conseil
du statut de la femme, et aujourd’hui les candidats à la mairie de Montréal, et
ce, sans compter d’anciens premiers ministres comme MM. Bouchard et Parizeau,
qui font la une sur cette question importante de la charte des valeurs. Ils
font la une des journaux, la une des médias, des téléjournaux, des radios, et
on les traite en simples citoyens.
Quelle société le PQ veut-il nous offrir? Est-ce
une société qui exclut? Est-ce une société qui divise? Est-ce une société où
les droits sont bafoués? Les candidats à la mairie de Montréal doivent éclairer
leurs citoyens et leurs citoyennes. C'est tout à fait normal, c'est leur droit
légitime. Nous vivons dans une société libre et démocratique. La charte touche
non seulement les citoyens de Montréal, mais elle touche également les employés
qui seront sous la responsabilité… que le prochain maire ou la prochaine
mairesse va diriger… qui va diriger Montréal. Je demande donc à la première
ministre, Mme Pauline Marois, de rappeler son ministre à l’ordre immédiatement.
Merci. Alors, je vais répondre à vos
questions, si vous avez des questions, bien entendu.
Mme Lajoie (Geneviève)
: Mme
St-Pierre, M. Lisée parle aussi... dit aussi que, puisqu’il n’y a pas de...
dans les quatre principaux candidats, il n’y a pas de candidat pro-charte. Évidemment,
si un de ceux-là, après ça, voulait contester la charte, il ne pourrait pas...
n’aurait pas le mandat de le faire. Que pensez-vous de ça?
Mme
St-Pierre
:
Il dit que, s’il n’y a pas de candidat pro-charte...
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Oui. Puisque les quatre candidats qui sont en lice, les quatre principaux
candidats en lice...
Mme
St-Pierre
:
Oui, puis je pense que...
Mme Lajoie (Geneviève)
:
... il n’y en a pas un qui est pro-charte, O.K., ils se sont tous prononcés
contre la charte. Donc, il dit, à la lumière de ça : Bien, écoutez, si...
au lendemain des élections municipales, le maire, le prochain maire de Montréal
ne pourra pas contester la charte au nom des électeurs, puisque les électeurs
de Montréal sont divisés sur la question et non pas tous anti-charte comme les
quatre candidats.
M. Dutrisac (Robert)
:
Ils ne se seront pas prononcés, parce que tout le monde... parce qu’il n’y a
pas de candidat pour dire : Bien, on est pro-charte.
Mme
St-Pierre
:
Alors, si tous les candidats étaient pour la charte, je pense que M. Lisée
ne dirait pas à ces candidats de se taire, n’est-ce pas? Je pense que cet
argument ne tient pas. Les candidats à la mairie de Montréal analysent la situation
de Montréal, ils vivent à Montréal, ils comprennent la réalité de Montréal, ils
comprennent les citoyens et les citoyennes de Montréal. Et, si ces candidats-là
ont des craintes par rapport à la charte des valeurs, c’est parce qu’ils le
sentent sur le terrain, là. Ils sont sur le terrain depuis des semaines.
Moi aussi, je suis sur le terrain, je suis
dans mon comté, ma circonscription, et je peux vous dire qu’il y a des
craintes. Il y a des craintes de pertes d’emploi, il y a des craintes de femmes
qui ont des ambitions professionnelles et qui se font dire : Ah! Bien, tes
ambitions professionnelles, oublie-les, parce que tu vas avoir un code
vestimentaire. Donc, moi, je pense qu’il faut que M. Lisée, là, reprenne
ses esprits. Il faut que Mme Pauline Marois ramène M. Lisée dans le
droit chemin, c’est-à-dire lui dire : Écoute, il faut que les gens
puissent s’exprimer. Ça ne se fait pas, d’empêcher les gens de s’exprimer, puis
les exemples sont nombreux. Il y a quelque chose, dans l’idéologie péquiste, qui
est franchement décourageant.
Maria Mourani, une femme qui a des idées
bien arrêtées, bien sûr, se fait tasser du Bloc québécois parce qu’elle n’est
pas d’accord avec eux. La présidente du Conseil du statut de la femme se fait
noyauter son conseil parce qu’elle veut faire des études, justement, sur
comment ça va s’appliquer dans la réalité : combien on a de cas, comment
ça va s’appliquer, quels seront les impacts? C’est tout à fait normal. On voit
maintenant les candidats à la mairie de Montréal qui disent que, eux, ils sont
contre. Et même il y en a deux qui disent qu’ils vont aller devant les
tribunaux. Puis là, ça ne fait pas son affaire, ils devraient s’abstenir. Bien, voyons donc.
M. Dutrisac (Robert)
:
Il y a Amir Khadir qui a dit qu’essentiellement, si le Parti québécois faisait
de cet enjeu, la charte, un enjeu électoral, il se comporterait comme un parti
européen d’extrême droite. Qu’est-ce que vous pensez de ça…
Mme
St-Pierre
:
Bien, ils vont... S’ils choisissent de faire un enjeu,
ils vont frapper un mur, parce que les gens, les citoyens — et
les sondages le démontrent — quand on leur demande : Est-ce que
vous accepteriez que quelqu’un perde son emploi parce que cette personne-là ne
veut pas avoir le code vestimentaire qu’on veut lui
imposer?, les citoyens, les Québécois disent
non. Puis M. Parizeau le dit très bien dans sa lettre, les Québécois
ne veulent pas ce genre de société là dans laquelle le Parti québécois veut
nous amener, une société qui exclut, une société qui divise, une société qui
est fermée sur le monde. Les Québécois veulent une société où on est ouverts,
une société prospère. Ils cherchent la prospérité, ils cherchent de l’emploi,
ils veulent que chacun ait sa chance dans la vie.
Moi, dans
ma circonscription, j’ai trois cégeps, là, puis ces trois cégeps-là, ce sont
des cégeps, vraiment,
où on a tout un… vraiment, on a le... c'est l’arc-en-ciel, là, c'est les
Nations unies dans les cégeps. Ces jeunes-là, qu’est-ce qu’ils veulent? Ils
veulent avoir une carrière, ils veulent être ouverts sur le monde, ils veulent
bâtir le Québec, puis à certains on dit : Ah! Bien, toi, tu ne pourras pas
bâtir le Québec parce que tu n’as pas la tenue vestimentaire qu’il faut.
Je pense que les Québécois sont très
intelligents, les Québécois comprennent ces enjeux-là et les Québécois ne
veulent pas aller là-dedans. Et, quand M. Drainville
raconte aux gens que, sur le terrain, il se fait donner des belles petites
tapes dans le dos, bien, je l’invite à venir dans ma
circonscription. Je vais l’accompagner, il choisira l’endroit où il veut
aller, puis on verra qu’est-ce qu’il va se faire dire. Ça va être des gens inquiets qui vont lui parler; ça va être des
mères qui vont dire : Ma fille n’aura pas de carrière. C’est ça, moi, que j’ai dans mon… et c'est ça que
les candidats à la mairie et les conseillers… les candidats, pas juste à la mairie,
mais les candidats conseillers municipaux voient sur
le terrain.
M. Dougherty (Kevin)
: The argument… in English?
Mme
St-Pierre
: Yes, sure.
M. Dougherty (Kevin)
: The argument of Mr. Lisée is that… he says one-quarter of Anglophones, one-third of
Allophones, two-thirds of Francophones find some positive
elements in the charter. Now that’s not exactly saying they endorse the
charter… saying they like some parts of the
charter, and therefore the candidates for mayor don’t have a mandate to speak
for a divided population that has… part of it supports the charter. What do you
say to that?
Mme
St-Pierre
: I don’t follow him on that suggestion because, you know, what the
candidates see on the ground is the fact that people doesn’t like this charter
and doesn’t like the fact that they want to say to
the people: Hey! Shut up, and you don’t have to talk about it. The
people in Montréal won’t buy this argument of Mr. Lisée, they won’t buy it, and I think it’s very, very, very sad. And what I say to Mrs. Pauline
Marois is to say to Mr. Lisée: Jean-François, please — I try to find the word in English, mais… de «backtracker» — backtrack and rapidly. It’s
very, very important that the Minister
Jean-François Lisée backtrack on this opinion because it’s not acceptable in a
society where we have the freedom of speech.And the freedom of speech doesn’t apply to the candidate
for the Mayor of Montréal? I don’t like it.
M. Harrold (Max) : Well, don’t you think that maybe they could be a little more
open-minded since we haven’t seen a bill?And that’s what
he’s saying. He’s saying, you know: You don’t know the exact contents of the
law and yet they’ve all come out and said… the four main
candidates said no already.
Mme
St-Pierre
: There were leaks two months ago, many leaks. There was the statement of Mr. Drainville. We
have a lot of information
concerning this charter.And what they say,
if they want to see people talk about the charter and when a candidate of Montreal wants to talk, they say: Shut up! We don’t
buy it. We don’t like it. We will defend that.
M. Harrold (Max) : You were saying you had three CEGEPs
and people are worried in your…
Mme
St-Pierre
: Yes.
M. Harrold (Max) : Can you talk a little bit about that?
Mme
St-Pierre
: I have people who are calling in my
office. They called… a mother called me and she said: My daughter,who wants to be, for instance, a criminologist, she won’t be able to work in Tanguay prison. She won’t be able to work at the Tanguay penitentiary because
she’s Muslim. And a lot of calls in my riding and on the ground, this is the same thing.
You know that people don’t like to be
excluded of our society. What they want is to build a society. The
parents came here and they have their kids here. They were born in Québec. They were born here, they were not
born abroad. Their parents, maybe, but they
were not born abroad and what they want is to be able to have a career in the
public service. So it’s very sad and frankly I don’t like the kind of society that the PQ proposes to Quebeckers. I don’t like this
kind of society because this is not the society that we want to show abroad and
we want to promote.Merci. Thank you very
much.
(Fin à
14 h
12)