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Point de presse de Mme Stéphanie Vallée, porte-parole de l'opposition officielle en matière de services sociaux, et porte-parole de l'opposition officielle en matière d’adoption et pour la protection de la jeunesse

Version finale

Tuesday, October 29, 2013, 13 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures trente-deux minutes)

M. Couillard (Philippe) : Merci. Bonjour, tout le monde. Je suis avec vous aujourd’hui en compagnie de Mme Stéphanie Vallée, députée de Gatineau, et on voudrait vous communiquer certaines informations concernant l’étape législative importante d’aujourd’hui dans l’adoption éventuelle du projet de loi sur les soins de fin de vie. Aujourd’hui, on vote pour le principe du projet de loi.

Alors, j’ai deux choses à vous communiquer personnellement là-dessus, puis, par la suite, Mme Vallée va faire de même, parce qu’il s’agit essentiellement d’une situation nouvelle à l’Assemblée nationale, et je pense que vous ne devez pas sous-estimer l’aspect significatif de ces expériences-là, où on demande à chaque député de s’exprimer clairement, selon sa conviction, également selon son impression du terrain dans lequel elle agit ou il agit politiquement et des personnes qu’elle représente. Il s’agit donc d’un vote personnel, sur une question qui nous touche tous et toutes, bien sûr, de près dans nos familles maintenant, certainement, puis, un jour, chacun d’entre nous, dans cet endroit, aura à faire le passage, et c’est de ça dont on parle aujourd’hui.

Sur cette question, de façon à me mettre à niveau avec mes collègues, j’ai communiqué tantôt la façon dont je me comporterais aujourd’hui, si j’étais à l’Assemblée nationale, de façon à être à niveau complètement avec eux et elles et surtout de ne pas tenter, par ma communication, de tenter de les convaincre que mon opinion était la bonne et qu’il fallait qu’ensemble nous suivions la même règle, parce qu’un vote personnel doit être un vote véritablement personnel et ne doit pas répondre à ce type d’influence là.

Alors, aujourd’hui, si je siégeais à l’Assemblée nationale, je voterais en faveur du principe du projet de loi. Pourquoi? Parce que je crois que, sur une question aussi délicate, il est légitime de laisser le débat parlementaire se poursuivre. Il y a plusieurs questions importantes qui doivent être clarifiées, il y a des choses à préciser, il y a des gens à entendre. Il y a nos députés à entendre également à chacune des fois où il y aura un vote à prendre, parce que, si le principe est adopté aujourd’hui, par la suite, c’est l’étude détaillée article par article, et, sur chaque article, les députés auront l’occasion de se prononcer. Je l’ai expliqué à mes collègues également récemment, le discours qu’ils ont fait, qu’elles ont fait, chacun et chacune, en préparation du vote d’aujourd’hui est un discours très important de leur carrière politique, puisqu’ils ont l’occasion de présenter à leurs électeurs, à la population et à eux-mêmes l’essence de leur position personnelle sur cette question.

Plus largement, je dirais qu’on peut diviser ce projet de loi, selon moi, en trois parties, hein? Il y a une partie sur les soins de fin de vie, l’accès aux soins palliatifs, sur lequel je crois qu’il n’y aura jamais du désaccord. On veut tous qu’il y ait davantage d’accès aux soins de fin de vie. Il y a quelque chose également sur ce qu’on appelle la sédation terminale, qui, à mon avis, doit être largement précisé et approfondi dans le projet de loi, de quoi on parle. Et enfin la dernière section, qui, pour moi, me cause problème, je peux vous dire un problème important compte tenu de mon histoire de vie, compte tenu de ma formation médicale, des années que j’ai passées à m’occuper de patients gravement malades, où j’ai moi-même vécu ces situations de fin de vie avec eux et elles de façon répétée, c’est la partie de ce qu’on appelle véritablement l’aide médicale à mourir, qui est un geste actif causant la mort, avec lequel je suis profondément mal à l’aise. Alors, si aujourd’hui on me demandait de voter sur les articles correspondants à cette section-là, dans la forme actuelle, je ne pourrais pas soutenir cette partie du projet de loi. Mais, justement, l’importance du processus législatif, c’est de préciser des choses, les rendre plus compréhensibles et puis de savoir de quoi on parle, de qui on parle et de quels types d’actes on parle.

Alors, voilà ce que je voulais vous communiquer sur mon attitude personnelle sur ce projet de loi là. Stéphanie, veux-tu t’exprimer également?

Mme Vallée : Bien, en fait, je pense que certains d’entre vous avez pris connaissance des déclarations qui ont été faites la semaine dernière. Lorsque je me suis exprimée à titre de porte-parole pendant une heure, j’ai élaboré un peu sur l’absence de définitions, dans le projet de loi, qui, en soi, constitue un malaise et qui constitue un questionnement. J’ai aussi précisé l’existence, dans la société, de plusieurs points de vue sur la question, sur la nécessité d’aller de l’avant avec l’aide médicale à mourir. Pour certains, l’aide médicale à mourir est requise parce que la liberté individuelle, le désir de ne pas souffrir le commanderaient. Pour d’autres personnes, elle ne devrait pas être mise en place, pour des motifs religieux, des motifs éthiques, des motifs juridiques et aussi, pour certains qui oeuvrent dans les soins palliatifs, l’acceptation du principe qu’à un certain moment donné on ne peut plus rien faire et il n’y a pas d’autre geste à faire. Donc, c’est ces deux éléments-là qui viennent un petit peu en contradiction.

Comme M. Couillard, et puis c’est ce que j’ai indiqué la semaine dernière, moi aussi, je suis en faveur du principe du projet de loi parce que je crois qu’il n’y a pas de meilleure enceinte que l’Assemblée nationale pour poursuivre ce débat-là. Et puis, même si, d’une façon ou d’une autre, le principe n’était pas adopté, c’est un débat qui referait surface. C’est un débat qui a mobilisé l’ensemble de la population et donc qui doit se faire à ce moment-ci, et l’Assemblée nationale, vous conviendrez, est le meilleur forum.

Donc, c’est la raison pour laquelle je voterai en faveur du principe, mais, lors du processus de l’étude article par article du projet de loi, j’entends, ainsi que mes collègues, déposer des amendements au projet de loi, qui est incomplet dans sa forme actuelle puis qui soulève des questionnements sérieux. Et c’est la beauté aussi du vote que nous aurons cet après-midi. Je pense que les collègues… la démonstration du vote des collègues va être aussi démonstratif de ce qui se passe dans la société. C’est faux de prétendre qu’il y a unanimité de points de vue dans la société. J’ai fait des consultations dans ma circonscription, et il n’y a pas d’unanimité, les gens sont tiraillés. Il est normal que les parlementaires soient tiraillés sur une question aussi importante que d’introduire… de permettre de donner la mort.

Le Modérateur : On va passer à la période de questions. Je vous demanderais de vous identifier ainsi que le média que vous représentez, pour les fins de transcription. On va commencer avec le micro de droite.

M. Lafille (Julien) : Bonjour, M. Couillard. Julien Lafille, de Radio-Canada. Il y a plusieurs de vos députés qui disent que, l’aide médicale à mourir, c’est de l’euthanasie purement et simplement. Est-ce que vous partagez ce point de vue?

M. Couillard (Philippe) : Oui. De la façon dont c’est écrit actuellement, c’est ça. Appelons les choses par leurs noms. Et c’est la raison pour laquelle cette partie du projet de loi m’indispose sérieusement. Vous savez, j’ai fait plusieurs rencontres, dans ma carrière, mais récemment également, dans le cadre de mon activité politique… et très récemment j’ai visité une maison de soins palliatifs puis, chaque fois que je vais dans un milieu de ce domaine-là, je demande aux gens leur opinion.

Et une personne de ce milieu, qui est très expérimentée, m’a dit : Vous savez, M. Couillard, ce que les gens… ce qui se produit quand les gens arrivent chez nous, c’est qu’ils ont peur. On va tous avoir peur, le jour où la mort arrive, mais ils ont peur de souffrir, d’être inconfortable, la perte de dignité qui peut se produire à la fin de la vie. À partir du moment où on réussit à les rassurer, à leur montrer que les soins d’aujourd’hui permettent d’éloigner la souffrance et de les rendre confortables, la peur disparaît, et ils deviennent très sereins. Et c’est ce qu’on appelle véritablement mourir dans la dignité, à ce moment-là, sans qu’on ait eu besoin de poser un geste actif. Alors, je comprends le besoin que les gens expriment autour de ça, mais je pense que ça doit être précisé de façon très importante.

M. Lafille (Julien) : Et donc est-ce que vous pensez que c’est ce terme d’aide médicale à mourir qui, peut-être…

M. Couillard (Philippe) : C’est un euphémisme actuellement.

M. Lafille (Julien) : Est-ce que vous pensez que c’est ça qui est à l’origine, peut-être, du malaise qu’il y a au sein de votre caucus?

M. Couillard (Philippe) : Le malaise, il existe dans toute la société. De dire que c’est… je trouve… Ça me fait sourire quand je vois les articles qui disent qu’il y a un désaccord dans le caucus libéral sur cette question-là. J’espère bien qu’il y en a un. J’espère bien qu’il y en a un. Une députation doit être le reflet de la société. Un groupe parlementaire qui me dirait qu’ils vont procéder à un vote personnel sur cette question-là, et dont le résultat du vote serait unanime, m’amènerait à me poser des sérieuses questions sur la réalité du vote personnel qui a été pris, là. Alors, on doit s’attendre à ce que les désaccords dans la société se reflètent dans la députation.

Le Modérateur : On va passer au micro de gauche.

M. Salvet (Jean-Marc) : Bonjour. Jean-Marc Salvet, Le Soleil. Vous dites : L’aide médicale à mourir, c’est un euphémisme, il faudrait parler d’euthanasie. Est-ce qu’on comprend que, sur le fond, de toute façon, vous êtes contre, malgré votre vote… Si vous seriez là aujourd’hui, vous voteriez pour le principe. C’est une technicalité pour aller plus loin. Mais, sur le fond, vous semblez être, de toute façon, opposé. Il n’y a pas d’amendement qui pourrait vous satisfaire sur l’aide médicale à mourir?

M. Couillard (Philippe) : Remarquez que je n’ai pas utilisé la même façon de vous parler de ça que je l’ai fait pour les libertés dans le cas de la charte des valeurs, où ma position est tranchée et ne bougera pas. Je me laisse une zone, là, d’information. Moi, comme personne, comme citoyen, j’ai besoin d’entendre plus. On me dit : C’est exceptionnel. Vraiment? Mais alors précisez comment c’est exceptionnel, précisez comment ça va être véritablement exceptionnel, parce que… L’anecdote que je vous ai contée tantôt sur la peur de la souffrance… Je comprends qu’il peut arriver, dans la réalité, que, parfois, malheureusement, les gens ne réussissent pas à être soulagés. Donc, je comprends qu’il peut y avoir des situations véritablement exceptionnelles, mais j’aimerais qu’on me précise davantage quelles sont ces situations-là. C’est la différence que je fais entre les deux.

M. Salvet (Jean-Marc) : J’entends bien. Et, pour la journée d’aujourd’hui, est-ce qu’une majorité d’élus libéraux voteront en faveur de l’adoption du principe ou une majorité d’élus libéraux voteront contre l’adoption de principe?

M. Couillard (Philippe) : Je pense que c’est à peu près égal actuellement, voyons voir… Puis les gens évoluent rapidement, ça peut changer d’ici le vote, là. Et vous verrez, mais je crois que c’est à peu près 50-50 dans la députation.

Le Modérateur : Micro de droite.

M. Dutrisac (Robert) : Bonjour, M. Couillard. Robert Dutrisac, du Devoir. Si on a pensé, justement, à… Si on a pensé à avoir une loi pour encadrer toute cette pratique-là, les soins palliatifs, etc., c’est que, dans la pratique, comme vous le savez très bien, il arrive qu’un médecin abrège la vie de ses patients en phase terminale. Et c’est pourquoi on avait besoin probablement, ou c’est une des raisons, en tout cas, pour avoir un cadre légal qui soit... qui balise ces pratiques-là.

Alors, comment concilier la pratique où, effectivement, un médecin doit poser... on dit un geste actif, mais, enfin, doit poser certains gestes qui, lui, il sait que ça va abréger la vie du patient?

M. Couillard (Philippe) : Alors, je vais vous expliquer la distinction que, moi, je fais entre les deux. Puis, moi, j’ai pratiqué la neurochirurgie pendant de nombreuses années, près de 20 ans, toujours avec du monde très malade, malheureusement, souvent, avec des gens qui avaient des maladies mortelles puis qui étaient dans une situation de fin de vie. Ce que j’ai vu souvent pratiqué et ce qui se pratique quotidiennement dans les hôpitaux, c’est ce qui est appelé, dans le projet de loi, la sédation terminale.

Mais, en pratique, ça veut dire quoi? Ça veut dire qu’un jour l’équipe médicale — puis ça, c’est capital, hein — rencontre la personne et/ou sa famille et selon le niveau de compétence pour décider puis dit : Écoutez, la science médicale ne peut plus rien pour votre maladie. On peut faire beaucoup pour soulager votre souffrance, mais il faut que vous compreniez que ça peut diminuer votre état de conscience. C’est dit de façon très directe à la personne et c’est accepté. Puis, là encore, ça doit être précisé : de combien de jours parle-t-on? Qu’est-ce que ça veut dire… le mot «terminal», il veut dire quoi?

Si, vous, vous avez — j’espère que ça ne se produira jamais, M. Dutrisac — mais une maladie qui, vous le savez, peut abréger vos jours dans six mois, vous apprenez ça aujourd’hui, est-ce qu’aujourd’hui vous pouvez demander la sédation terminale? Vous n’êtes pas à la veille du décès, là. Tandis que l’autre, qui est appelé l’aide médicale à mourir, c’est un acte actif… un geste actif — pardon du pléonasme, là — un geste actif où je vais chercher, dans une armoire, une solution quelconque que j’injecte à la personne, puis elle décède là, devant moi.

On est dans deux niveaux différents, puis, là encore, les précisions sont très faibles. Qu’est-ce que ça veut dire la fin de vie? À partir de quand on est en fin de vie? Si, moi, j’ai une maladie chronique qui peut me faire souffrir pendant des années et des années, est-ce que je suis déjà en fin de vie? Est-ce que je peux dire, un bon matin : J’en ai assez puis je veux que quelqu’un m’injecte quelque chose pour mourir? Je n’aime pas cette affaire-là. Alors, pour moi, il y a une différence entre les deux.

M. Dutrisac (Robert) : Mais juste une précision pour préciser... pour que je comprenne mieux. En adoptant le principe, on est ouverts à certains amendements. Est-ce qu’il y a une possibilité d’amendement, justement, sur cette disposition-là du droit à mourir?

M. Couillard (Philippe) : Bien, voilà ce que je disais à votre collègue tantôt. Si, moi, j’étais en Chambre aujourd’hui… on ne sait pas, il y a des rumeurs qu’un jour j’y sois, là, mais, si j’étais en Chambre aujourd’hui, je me poserais la question suivante : Prouvez... Je poserais la question au législateur, la question suivante : Prouvez-moi que c’est véritablement exceptionnel.

Je vous ai dit tantôt qu’en 20 ans de pratique je n’ai pas vu souvent de situations où la souffrance et l’inconfort ne pouvaient pas être soulagés de façon très, très, très correcte. Prouvez-moi qu’il existe effectivement des cas exceptionnels, ce que j’accepte, qui sont véritablement exceptionnels. Définissez l’exceptionnalité, si vous me permettez le long mot, là, et puis je vais être ouvert à considérer la question.

Donc, mon attitude n’est pas complètement fermée. Je comprends qu’on ne peut pas tout prévoir et tout assumer dans ce genre de situation là, mais il y a une ouverture, justement, pour accueillir les ajustements, mais il faut qu’ils soient vraiment très précis. Ce serait le test que j’imposerais au législateur ici.

Le Modérateur : On va passer au micro de gauche.

Mme Prince (Véronique) : Véronique Prince, TVA. À part ce que vous venez de nous dire là, pouvez-vous nous redire clairement les amendements que vous pourriez demander?

M. Couillard (Philippe) : Bien, je ne vous parlerai pas des amendements détaillés, je vous parle des questions que je poserais, parce que l’étude article par article, ça se fait beaucoup par échanges entre le législateur puis l’opposition. Je dirais : Qu’est-ce que vous voulez dire par fin de vie? À partir de quand ça commence, la fin de vie? Est-ce qu’on parle d’une catégorie de maladies? Est-ce qu’on parle d’un nombre de jours? Est-ce qu’on parle d’un nombre de semaines? Est-ce qu’on parle d’un essai préalable qui prouve que, définitivement, d’après les meilleures autorités, là, que tout a été essayé et rien ne fonctionne? Montrez-moi toutes ces barrières à traverser, et là je peux me laisser convaincre qu’effectivement, dans un cas exceptionnel, on pourrait accepter d’avoir recours à une mesure exceptionnelle comme celle-là. C’est le genre de questions que je poserais. Comment ça se traduit dans un amendement, là, vous comprendrez que c’est un peu tôt aujourd’hui pour le dire. Mais c’est ça, ma préoccupation.

Mme Prince (Véronique) : Puis pour revenir sur la question de mon collègue Jean-Marc, au fond, si vous voteriez pour, puis la raison pour laquelle il y a des libéraux également qui votent pour, c’est pour laisser une chance au projet de passer à l’autre étape.

M. Couillard (Philippe) : Moi, oui.

Mme Prince (Véronique) : C’est simplement ça.

M. Couillard (Philippe) : Oui. Mais il y en a, puis il faut respecter cette opinion-là, Mme Prince, il y en a qui sont tellement profondément opposés à l’esprit même du projet de loi qu’ils veulent s’exprimer pour faire en sorte d’arrêter le processus aujourd’hui, et c’est légitime. Ce n’est pas pas correct de dire ça, c’est légitime, les gens ont tout à fait le droit d’avoir ce genre de réflexion.

Le Modérateur : Est-ce qu’il y a d’autres questions en français? On va aller au micro de gauche.

Journaliste : Bonjour, M. Couillard.

M. Couillard (Philippe) : Bonjour.

Journaliste : Vous disiez tout à l’heure que c’est normal que les avis soient partagés au sein de votre caucus, c’est le reflet de la société. On nous dit que le PQ va également permettre le vote libre à ses députés. Est-ce à dire que, s’il y a unanimité au PQ, vous doutez de leur liberté de voter?

M. Couillard (Philippe) : J’ai tellement parlé aux gens, j’ai tellement vécu ces situations-là, tout ce que je dis, je ne veux pas faire de procès d’intention à personne, là, je trouverais surprenant que dans n’importe quel groupe humain, incluant, tiens, le groupe de journalistes de la tribune, si on me disait : On est unanimes là-dessus, ça marche 100 milles à l’heure, on n’a pas de problème, il faut que ça rentre, j’aurais beaucoup de doutes quant à la véracité du processus de réflexion autour de ça. Il me semblerait quand même douteux qu’un vote véritablement personnel sur cette question, surtout si on a un groupe aussi grand que le groupe majoritaire ou presque majoritaire à l’Assemblée, soit unanime. C’est ce que je voulais exprimer.

Journaliste : Rapidement, j’aimerais vous entendre sur un autre sujet. M. Boisclair n’a toujours pas été réaffecté dans une nouvelle tâche. Il est payé, évidemment. Pensez-vous qu’il devrait retourner à New York? Qu’est-ce qu’on devrait faire avec…

M. Couillard (Philippe) : Bien, il doit surtout être utilisé… M. Boisclair a des compétences qui sont certaines et reconnues. Il est rémunéré par les fonds publics, par l’État. Il faut que ces compétences-là soient utilisées le plus rapidement possible pour qu’on lui trouve quelque chose à faire pour son salaire, parce qu’en même temps il y a un intérim qui est rémunéré également au poste de New York.

Alors, que la décision se prenne, d’ailleurs, pour la permanence du poste de New York, un, puis, deuxièmement, que M. Boisclair, rapidement, soit affecté à une tâche précise qui correspond à son niveau de rémunération. C’est la demande que j’ai.

Le Modérateur : On va encore passer au micro de gauche.

Journaliste : M. Couillard, bonjour. Est-ce que vous estimez que la situation actuelle, le statu quo, pose problème pour le dossier de l’aide médicale à mourir et mourir dans la dignité?

M. Couillard (Philippe) : Moi, je n’ai jamais vu de geste posé, dans ma carrière médicale, correspondant à ce qu’on appelle l’aide médicale à mourir, ou l’euthanasie, ou quoi que ce soit. Par contre, j’ai vu régulièrement, régulièrement ce qu’on appelle la sédation terminale. Et je peux comprendre qu’il y a besoin de clarifier certains éléments, certainement, premièrement.

Deuxièmement, si on se rend à mes demandes et qu’on m’explique à quel point le caractère exceptionnel est délimité, précisé, et que j’en viens à accepter que, dans des cas exceptionnels, c’est une mesure possible, bien là, à ce moment-là, il faut qu’on me le montre de façon très, très crédible.

Journaliste : Mais vous voulez quand même qu’il y ait des balises, là. Malgré toutes vos préoccupations, il faut…

M. Couillard (Philippe) : Bien oui. Là, c’est clair que ça prend des balises…

Journaliste : …qu’il y ait quelque chose de nouveau à ce qui existe déjà actuellement, là.

M. Couillard (Philippe) : Oui, oui, oui. Absolument.

Journaliste : À tout le moins, vous êtes d’accord là-dessus.

M. Couillard (Philippe) : Bien, il y a trop de flou là-dedans. Il y a des mots qui sont mentionnés qui ne sont pas définis, exemple «fin de vie». C’est quoi, «fin de vie»? Un esprit cynique dirait que la fin de vie commence à la naissance, là, mais je ne veux pas exagérer non plus, là. Mais la définition peut varier d’une personne à l’autre, selon la condition pathologique qu’on a, la maladie qu’on a ou qu’on n’a pas, maladie chronique, maladie aiguë, cancer; cancer, c’est 400 maladies différentes.

Alors, on parle de quoi, on parle de quel intervalle, on parle de quelle situation et on parle de quel cheminement préalable? Parce que, là, on parle beaucoup du consentement, etc., c’est très bien, mais je voudrais qu’on m’assure que tout est mis en place pour garantir le caractère exceptionnel de la situation.

Le Modérateur : On va passer en anglais, à votre droite, M. Couillard.

Mme Plante (Caroline) : Hello, Mr. Couillard.

M. Couillard (Philippe) : Sorry, there’s a lot of background noise.

Mme Plante (Caroline) : OK, I’ll try to talk loudly. Caroline Plante, Global News. You talked about the importance of the passage and principle. Were you not able to convince your MNAs to vote for the… Can you hear me?

M. Couillard (Philippe) : Yes. I’m sorry, there’s a lot of noise. I didn’t try my colleagues to think like… to convince them that they had to think like me, not at all.

Mme Plante (Caroline) : No, but you said that it’s important. The passage and principles would have been…

M. Couillard (Philippe) : For me, but I would understand someone telling me : You know, this law is so wrong in my eyes that even the principle is not acceptable. I think that there’s something also to realize : it’s wrong to transfer the unanimity of the commission to the public. You cannot say the population, which was in its own world during many weeks working together, hearing a lot of situations, came to that unanimous conclusion, it’s wrong to believe that because of that, then therefore, the public and the population will be unanimous as well. There’s a big disconnect, here. I think it has to be reconciled.

Mme Plante (Caroline) : You talked about the three parts of this bill. At the heart of the issue, what bothers you the most about this bill?

M. Couillard (Philippe) : The third part, and it’s not the longest part, by the way, in the bill, because the longest part, Stéphanie, I think, is the part dealing with end of life care.

Mme Vallée : Yes.

M. Couillard (Philippe) : It’s active «aide médicale» or active action at the end of life, that’s what bothers me. My whole medical training, my whole medical experience makes me really fearful about that type of things. I can accept though that there could be very, very, very exceptional situations where that could be justified. But, therefore it has to be shown by the legislator that all steps are being taken to demonstrate the exceptional character of that situation, which is not the case in the current formulation of the bill.

Journaliste : You’ve talked about the vague wording in the bill. Well, so, there was a commission, and I’m told that were many hours of debate and discussion, and they came up with this wonderful document. Are you surprized, now, here we are in the second reading, and there’s still all the stuff that hasn’t been worked out?

M. Couillard (Philippe) : It had to be that way because of the nature of the issue. When you start, first, you start a commission, then you write a report. There is a huge step between the report and a piece of legislation, and now we see the difference between the two.

What I also see in this situation, it’s that a lot of people believe that it’s OK, that’s fine, and they don’t really have to justify that much why they say that. Whereas the people who are fearful in some way fear that they could not voice their opinion because it’s not as popular, let’s say, in the general public. This has to be appreciated, and people have to be respected for what they believe in.

Mme Vallée : And if I may.

Journaliste : Did you make…

M. Couillard (Philippe) : And, Stéphanie… Sorry.

Mme Vallée : I’d like to add something. But, in the commission report, definitions are there, and they’re clear, and they don’t appear, they don’t show up in the bill. So that’s a big difference.

Journaliste : You’ve talked about making it more precise. Is there a risk, if you’re so precise, that it’s become inflexible and can’t apply to, as you say, the mystery that the way nature works in terms of end of life care?

M. Couillard (Philippe) : This is why I’m referring to the exceptional character of the situation, one is trying to address with this piece of legislation. Exceptional means exceptional, so show me how do you define exceptional, show me all the steps that have to be taken before the decision is made to ensure that we are indeed dealing with an exceptional situation. That’s the type of precision we’d like to see in the bill.

And I’m not saying it’s not possible to do that. I’m just telling you that today, myself, and I’m not trying to convince anyone here, I would vote in favor of the principle of the bill so that the debate can… goes on. But, if it was unchanged until… between now and the final vote, I would not be able to support the bill at the end, today.

Le Modérateur : On va prendre une question au micro de droite.

M. Lyons (Shawn) : Shawn Lyons, CBC. First, to Mme Vallée, one quick question for you. You don’t seem to share the concerns that your leader has about the end of life care. Why do you support the bill as it is now?

Mme Vallée :Actually, I do have concerns about end of life care. I’ve clearly stated it last week, during the different hearings on the issue. Right now, end of life care is not being defined. Medical aid in dying is not defined in the bill, which is, if you want to have… if you want to take a decision, and it’s free, and it’s a decision that is with all the information, you need to know what you’re going to decide upon, and, at the... aid in dying is not being defined, for one thing.

And then, as I mentioned, I’m for the principle because I think this place, this place here is the best place to have the debate. But, at the same time, personally, I’m still struggling between the... some of the people requesting to be able to end their suffering and the idea that, sometimes in life, you can’t control everything. And that’s an issue, but that’s my personal reflection on the issue.

But I believe that, this afternoon, it will be important for me, for myself, to bring the debate to another stage, which is the studying of the bill article by article.

M. Lyons (Shawn) : And, Mr. Couillard, just very briefly for you, two very quickly things. The first, are you surprised, given the range of opinion in your own party, that the PQ seems strangely unanimous in their support of the...

M. Couillard (Philippe) : Well, either it’s a party line or it’s a personal vote. When a group tells me that they’re going to vote on a personal level on that, I’m, by definition, surprised that the vote is unanimous. I haven’t seen yet a group of human beings having the same opinion on that issue. So I’d be surprised that this would apply in a larger group like the majority party here, the relative majority party here, at the Assembly. I’m not inferring anything, it would be just surprising.

M. Lyons (Shawn) : And finally, if this bill... as we move forward, if this bill does become a law at some point, do you think it would... it’s going to withstand any legal challenge? We know Ottawa is going to be against it, the Government insists that it’s perfectly fine.

M. Couillard (Philippe) : Well, it’s hard to tell, because you have to see the final shape of the bill. That’s why, maybe, some words were chosen instead of other words, not to make it open to criticism from the Criminal Code point of view. I would reserve these comments until the end of the process.

Journaliste : Can we just get, briefly… You said in French that medical aid to dying amounts to euthanasia. Can you explain that a bit?

M. Couillard (Philippe) : Well, the way it’s phrased today in the bill, I frankly don’t see the difference between medical aid to die — I don’t know if I have the right terms in English — and what’s called active euthanasia. I don’t see a lot of difference there. I would accept though that there are exceptional circumstances that one can not control, because, as Stéphanie very rightly said, it’s not true that, in life, you can control everything.

My opinion, because of my professional career and my experience, is that, in the vast majority of cases, pain is being relieved. People have dignity and they end their days in peace, and it’s fear that they have when they enter this last phase of their life. Once fear dissipates, I will not say death because easy, it would be wrong to say that, but it comes easier to accept. So that’s the difference I would make between the two. Merci beaucoup.

Mme Vallée : Merci.

(Fin à 13 h 57)

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