To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Conférence de presse de Mme Agnès Maltais, ministre du Travail et ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale.

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Conférence de presse de Mme Agnès Maltais, ministre du Travail et ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale.

Dévoilement du contenu et de l’échéancier du plan d’action gouvernemental pour redresser la situation des régimes de retraite.

Version finale

Thursday, December 12, 2013, 14 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Quatorze heures trois minutes)

Mme Maltais : Bonjour, tout le monde, ça fait plaisir d'être avec vous aujourd'hui. Vous voyez que Noël va arriver bientôt,puisque je vais déposer le plan d'action du gouvernement concernant les régimes de retraite. M'accompagnent pour ce moment fort important, d'abord, à ma droite, le président de la Régie des rentes du Québec, M. Denys Jean; le vice-président, M. Villeneuve; et la sous-ministre au ministère du Travail, Mme Manuelle Oudar.

Je suis heureuse de déposer aujourd'hui le plan d'action du gouvernementen matière de régimes de retraite. Ce plan d'action fait suite au dépôt, en avril dernier, du rapport D'Amours. Je tiens, d'entrée de jeu, à remercier M. D'Amours ainsi que les personnes qui l'ont aidé à produire un rapport qui s'avère fort important et dont nous allons assurer le suivi grâce à ce plan d'action. J'ai parlé à M. D'Amours aujourd'hui, il était très content de voir que le rapport donne des fruits tangibles et qu'il a provoqué une prise de conscience dans la société sur l'état de nos régimes de retraite.

Le gouvernement a décidé de prendre des orientations qui sont fondées d'abord sur deux choses. Nos régimes à prestations déterminées sont menacés. On l'a vu en commission parlementaire quand on a fait le suivi du rapport D'Amours. Ils sont menacés, certains d'entre eux, beaucoup d'entre eux, depuis la crise économique de 2008. Alors, suite à cette commission parlementaire, le gouvernement a pris deux décisions. D'abord, nous devons bouger pour assurer la pérennité des régimes de retraite, assurer la sécurité financière des retraités. Le meilleur régime jusqu'ici est le régime à prestations déterminées, alors nous allons, comme le recommande le rapport D'Amours, nous organiser pour sécuriser les régimes à prestations déterminées. Deuxièmement, les régimes de retraite sont le fruit de relations de travail, de négociations de conventions collectives, de relation patrons-syndicats, alors nous avons abordé ce thème par la mécanique des relations de travail.

Les grandes orientations gouvernementales qui vont être la base de toute la réflexion, de toutes les discussions et de toutes les actions qui vont amener… et qui vont être sur un échéancier de deux ans, maximum deux ans, donc les grandes orientations gouvernementales sont d'abord : l'équité intergénérationnelle, l'équité doit être au coeur des préoccupations et des discussions; deuxièmement, la vérité des coûts, il faut absolument nous assurer que les coûts associés aux régimes de retraite soient clairs et transparents; la situation des retraités est importante, c'est une orientation gouvernementale que les rentes des retraités soient protégées, il ne faut pas qu'il y ait de gens qui voient leurs chèques diminuer comme c'est arrivé, par exemple, pour la White Birch où les retraités ont vu leurs chèques coupés de 40 %, 60 %; enfin, quatrième grande orientation gouvernementale, il faut tenir compte de la capacité de payer des contribuables. Évidemment, on pense ici aux municipalités, particulièrement.

Ces grandes orientations gouvernementales, je vous le dis tout de suite, feront l'objet d'une législation avec d'autres éléments, mais ils seront inscrits dans une loi pour que nous soyons sûrs qu'ils soient véritablement un guide pour tous les travaux qui auront lieu ensuite.

Les positions du gouvernement quant au rapport D'Amours. D'abord, sur la rente longévité, je vous le dis tout de suite : Comme le disait M. D'Amours, nous devons faire des travaux avec les provinces et territoires canadiens pour essayer d'harmoniser les choses. Alors, le ministre des Finances partira bientôt dans une rencontre fédérale-provinciale-territoriale où seront abordés, comme le demandait M. D'Amours, la rente longévité — elle commence à faire l'objet de discussions au Canada — et deuxièmement, évidemment, le gouvernement a décidé de discuter aussi d'une bonification potentielle du Régime de rentes du Québec en lien avec la bonification qui est en train de se préparer du Régime de pension du Canada. Donc, on mène les travaux de façon parallèle. Ce sont, de toute façon, des travaux qui concernent les régimes publics.

Le financement des régimes de retraite : le gouvernement a décidé que des solutions distinctes en matière de financement doivent être prises en ce qui concerne les secteurs privés et les secteurs publics. Concernant le secteur privé, les régimes de retraite privés, nous allons maintenant les calculer sur la base de la capitalisation améliorée. Ce ne sera plus la règle de la solvabilité qui va être appliquée, mais la règle de la capitalisation améliorée pour les secteurs privés. C'est véritablement quelque chose qui découle entre autres des travaux de la commission parlementaire, de ce qui avait été demandé par les gens. Secteur public, comme il avait été demandé en commission parlementaire, nous allons maintenir la capitalisation telle quelle dans le secteur public. Un passage à un autre type de capitalisation comme la capitalisation améliorée grèverait gravement, là, les déficits des municipalités et des universités. Donc, deux types de méthodes de financement.

Partage des coûts d'un régime entre les employeurs et les participants actifs : le gouvernement prend comme orientation et même comme position que, dorénavant, entre les employeurs et les participants, le mode de cotisation sera à 50-50. Évidemment, on parle du secteur public, puisque le secteur privé, ce n'est pas à nous, là, ce n'est pas notre domaine, mais, dans le secteur public, dorénavant, à tout le moins pour les services futurs, c'est 50-50, on va appliquer cette règle.

Maintenant, la restructuration des régimes à prestations déterminées qui seraient en danger : je vous invite à regarder sur la dernière page, il y aexactement l'échéancier et la façon dont nous allons travailler. L'échéancier est sur deux ans. Je vous rappelle que le rapport D'Amours proposait une restructuration des régimes à prestations déterminées sur cinq ans. En commission parlementaire, les gens sont venus nous dire que c'était beaucoup trop long; nous proposons deux ans. Pour ce faire, nous déposerons deux projets de loi. Le premier projet de loi sera déposé dès fin avril, début mai, pour être adopté, donc, possiblement dans la première session.

Pendant que nous préparons ce projet de loi, nous allons tenir trois tables de travail; trois tables de travail, trois forums. Ces forums seront, un… Pour le secteur privé, ce forum sera le Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, où sont déjà réunies les principales associations d'employeurs et les principales associations patronales. Nous joindrons à ce forum un siège pour la FADOQ et un siège pour Force Jeunesse. Nous allons les associer aux travaux sur les régimes privés. Ces forums seront… chacun des forums — secteur privé, municipalités, universités — associera donc patrons et syndicats face à face. Ils seront tous présidés, d'abord, par le sous-ministre en titre du secteur concerné. Au forum, au CCTM, ce sera Mme Oudar, et il y aura la présence du P.D.G. de la Régie des rentes, M. Jean, qui sera là. Municipalités, le sous-ministre des Affaires municipales avec la sous-ministre au travail, le P.D.G. de la régie. Même chose pour les universités : le sous-ministre du ministère de l'Enseignement, de la Recherche, des Sciences, Technologie, le sous-ministre avec la sous-ministre du Travail et le P.D.G. de la régie ou le représentant. Donc, ces trois forums seront coprésidés par les sous-ministres en titre, qui veilleront d'abord au dépôt des orientations gouvernementales, au type d'application qui pourrait être faite sur ces orientations gouvernementales et aux préparatifs pour les deux projets de loi qui pourraient venir.

Alors, comme il y aura un dépôt de projets de loi qui est en préparation pour fin avril, début mai, ils pourront participer aux travaux. Les gens pourront bonifier ce premier projet de loi et… qui sera sur… premier projet de loi, entre autres, sur les orientations gouvernementales, on va légiférer là-dessus. Deuxièmement, sur l'encadrement de toute la restructuration. L'encadrement va être dans la première loi et les pouvoirs, parce que le Régie des rentes du Québec n'a pas les pouvoirs actuellement de faire une restructuration des régimes à prestations déterminées. Donc, ça va être dans cette loi.

Ensuite, bon, commission parlementaire, préparation, adoption de la loi, ensuite, on tombe du 1er juillet au 31 décembre. Nous allons avoir une première… pour les régimes qui seront considérés encore comme en danger, première période de négociation, les gens sont face à face, négocient. S'il y a entente, c'est réglé, il y a adoption du nouveau régime. Deuxième… Évidemment, pendant ce temps, on dépose un deuxième projet de loi, où seront les détails techniques de la restructuration des régimes à prestations déterminées, O.K.? Donc, un premier projet de loi qui est sur l'encadrement; le deuxième sur la technique, les méthodes de financement, les nouveautés. Alors, on va faire ça, mais, première période : six mois, négociation. Après six mois de négociation, s'il n'y a pas entente, d'office, je nomme un conciliateur à la table de négociation. Je ne sais pas, mais, dans les règles actuelles, il faut attendre qu'une des deux parties le demande. D'office, nous nommerons un médiateur et, pendant six mois, il y aura une deuxième période de négociation. S'il y a entente, c'est réglé, on enregistre les changements au régime; s'il n'y a pas d'entente à la fin, un dernier six mois où nous envoyons le dossier à la Commission des relations du travail.

La Commission des relations du travail est une grande institution crédible, en laquelle les gens ont confiance, c'est celle déjà que Mme Oudar pourra vous donner, là, un peu les pouvoirs et les travaux qui se font à la Commission des relations du travail. Toutefois, j'ajoute que nous allons associer, à la Commission des relations du travail, toute l'expertise de la Régie des rentes du Québec, qui enverra… qui donnera un avis, une recommandation, à chaque fois, sur deux choses : Est-ce que cette proposition qui va être avalisée ou qui va être décidée par le commissaire de la Commission des relations du travail, correspond, un, aux balises gouvernementales, aux orientations gouvernementales, capacité de payer du contribuable… régimes de retraite seront-ils pérennisés? Est-ce que ça va être durable dans le temps? Est-ce que ça va — je vous dirai les quatre — respecter l'équité intergénérationnelle? Alors, ce sont des balises qui vont être… La Régie des rentes a l'expertise pour évaluer ça, quand arrive un règlement de convention collective… ou un règlement de régime de retraite, plutôt, et deuxièmement les balises qui vont avoir été décidées lors des travaux du forum sont-elles appliquées dans ce règlement-là? Donc, c'est la Commission des relations de travail plus la Régie des rentes.

La Commission des relations de travail, actuellement, n'a pas les pouvoirs de faire cela. Alors, en même temps qu'on va avoir une loi qui va permettre de donner des pouvoirs supplémentaires à la Régie des rentes du Québec, nous allons donner des pouvoirs supplémentaires à la Commission des relations du travail.

Donc, en deux ans, on est capables de faire face à tous les problèmes de régimes à prestations déterminées, de leur trouver des solutions par la voie de la négociation et de la conciliation. Voilà la proposition que nous faisons. L'orientationgouvernementale est claire. L'échéancier est très serré. N'oubliez pas, le rapport D'Amours donnait cinq ans, nous croyons possible de le faire en deux ans. J'ai parlé ce matin à tous nos partenaires des grandes associations patronales et syndicales, j'ai parlé à des gens des universités, j'ai parlé à des maires, j'ai parlé à M. D'Amours, je pense qu'à travers ce calendrier nous sommes capables de faire face aux problèmes qui ont été soulevés dans le rapport D'Amours. Merci beaucoup.

La Modératrice : On va passer à la période des questions. Michel Pépin, Radio-Canada.

M. Pépin (Michel) : Bonjour, Mme la ministre. Je vais vous poser des questions sur ce qu'il n'y a pas dans votre document. Concernant les autres régimes de retraite, qu'en est-il? Où il y a des déficits importants, hein, employés du secteur public en particulier, qu'est-ce que vous faites? Pourquoi ce n'est pas là? Qu'est-ce que vous faites avec ça?

Mme Maltais :Parce que, d'abord, ils ne l'étaient pas, dans le rapport D'Amours, parce que M. D'Amours considérait que la CARRA n'était pas en danger et qu'elle ne vivait pas les problèmes que nous avons actuellement dans les régimes à prestations déterminées. Ce que nous faisons, c'est une restructuration possible des régimes qui sont en danger.

M. Pépin (Michel) :Il y a des déficits pourtant importants, là, à cet égard-là, de plusieurs dizaines de milliards de dollars, si je ne me trompe pas, là. Ils sont calculés… Entre autres, je pense que, dans le budget, je peux me tromper, là, je dis ça… la dernière mise à jour, on a évoqué quoi, un 500… un 400 plus un 100 millions, là, de coûts supplémentaires liés à ces régimes de retraite là. Ils ne sont peut-être pas menacés, mais je pense que les Québécois paient pour ça, si je ne me trompe pas, là. Alors, je m'interroge, là.

Mme Maltais :Parce que je suis en train de donner le suivi au rapport D'Amours, qui a approfondi le sujet sur les régimes en danger. Et actuellement nous faisons véritablement le suivi du rapport D'Amours.

Ceci dit, du fait de la présence de l'État et de la force de l'État, les autres régimes ne sont pas considérés comme en danger. Je vous dis ceci : Nous avons pris acte, là, de la dernière évaluation actuarielle, nous autres aussi. Alors, à ce moment-là, on prendra les gestes qu'il faut, mais il n'y a pas de danger du côté des grands régimes publics.

M. Pépin (Michel) : Autre aspect, si vous le permettez. Concernant, justement, la rente de longévité, la question du Régime des rentes du Québec, en fait, l'autre problème, pas le problème… le problème non pas des riches, si on veut, là, de ce qui coûte trop cher, mais le problème de ceux qui n'ont pas assez d'argent quand ils arrivent à la retraite, là qu'est-ce qui se passe pour… qu'est-ce qui se passe avec ça? Qu'est-ce qu'on fait avec ça, là? Je comprends qu'il y a des discussions avec le fédéral, la rente de longévité, vous ne voulez pas affecter la compétitivité des entreprises québécoises. Très bien, mais quelles sont les solutions à court terme qui pourraient être mises de l'avant, et là... Est-ce qu'il y a du court terme là-dedans ou c'est juste du long terme?

Mme Maltais : Deux solutions… Deux choses. Deux choses, M. Pépin. Premièrement, quand nous sommes arrivés au pouvoir, nous avons changé la façon de voir du... qu'avait le précédent gouvernement dans nos relations fédérales-provinciales-territoriales et la possibilité de bonifier le Régime des rentes du Québec. Le précédent gouvernement n'avait pas embarqué dans le train des autres provinces qui voulaient bonifier le RPC. Nous avons ouvert à une bonification dans nos relations avec les autres provinces, à une bonification du Régime des rentes du Québec. C'est nouveau, là, ça, et ça, c'est en discussion actuellement. Donc, nous avons une position comme gouvernement. On est passés d'une position de fermeture à une position d'ouverture à une bonification du Régime des rentes.

Deuxièmement, en 2015 — 2016, 2015? — la RRQ, Régime des rentes du Québec doit être revue. Il doit y avoir une commission parlementaire… une audience publique sur le Régime de rentes du Québec. À ce moment-là, on pourra débattre de notre régime des rentes public. C'est déjà dans la loi.

M. Pépin (Michel) : Oui, mais...

Mme Maltais : On ne peut pas tout faire en même temps. Ceci dit, nous avons changé de position, et le gouvernement du Québec est ouvert à une bonification des régimes des rentes du Québec. D'autre part, quant à ceux... les 2 millions de personnes, eux et elles qui n'ont pas de régime de retraite, je vous rappelle que, dès le dépôt du rapport D'Amours, nous avons commencé les audiences, dont déposé le projet de loi sur les régimes volontaires d'épargne-retraite, qui permet aux 2 millions qui n'ont pas de régime de retraite supplémentaire, complémentaire, d'avoir maintenant une possibilité de s'ouvrir un régime de retraite. Ce projet de loi a été adopté tout récemment, à l'unanimité.

La Modératrice : Simon Boivin, Le Soleil.

M. Boivin (Simon) : Bonjour, Mme Maltais. Si ma mémoire est bonne, lors de l'interpellation sur le projet de loi que la CAQ essayait de faire passer à l'automne, vous parliez d'un projet de loi à la mi-février, et là on parle de fin avril, début mai. Qu'est-ce que vous allez répondre à ceux qui vous disent que vous cherchez peut-être à gagner du temps, à passer par-dessus la fenêtre électorale du début mars?

Mme Maltais : Le projet de loi de mi-février qu'on pensait voir était un projet de loi qui aurait permis de régler rapidement les détails concernant la... plein de détails techniques qui étaient dans le rapport D'Amours, concernant la possibilité d'achat de rentes, par exemple. Alors, c'était ce qu'on avait prévu. L'autre était sur les modes de financement. Ce qu'on dit maintenant, c'est : Écoutez, on va redéposer le projet de loi fin avril, début mai. Maintenant... Et il y a même eu des jugements de la Cour suprême qui disent qu'avant de changer les modalités d'un régime de retraite, il faut qu'il y ait des tables, il faut qu'il y ait un partage, il faut qu'il y ait une consultation avec les partenaires. Alors, on fait cette consultation très rapidement, en même temps qu'on écrit le projet de loi, et il va être déposé assez rapidement. Alors, de ce côté-là…

D'autre part, ce que nous vous présentons en ce moment est beaucoup plus… je pense qu'on est allés plus loin que ce que je pensais qu'on allait faire au début. On a vraiment des travaux resserrés, un échéancier clair, il y a des interventions très précises qui sont faites. Alors, je pense qu'on est beaucoup plus en profondeur que ce que, même, je croyais qu'on ferait quand on était encore en septembre. On a travaillé très fort et je pense qu'on arrive avec quelque chose de beaucoup plus sérieux que ce qu'on pensait au début.

M. Boivin (Simon) : Sur la question de partage des coûts d'un…

Mme Maltais : Je ne sais pas s'il y a des choses que vous voulez ajouter, M. Jean? Ça va aller.

M. Boivin (Simon) : Je vous en prie. Aviez-vous quelque chose à ajouter?

M. Jean (Denys) : Ça va, ça va.

M. Boivin (Simon) : Sur la question d'un partage des coûts d'un régime entre l'employeur et participants, là vous dites 50-50, est-ce que ça, ce n'est pas, justement, intervenir d'emblée dans une négociation en fixant des nouveaux paramètres sans consultation des partenaires?

Mme Maltais : Je pense qu'ils sont tous rendus là. Je pense que la plupart d'entre eux sont rendus là. Très honnêtement, il n'y a pas tant… je pense qu'il n'y a pas tant que ça de régimes, M. Jean, qui ne sont pas à 50-50 actuellement. Puis je pense que les messages que j'ai reçus, c'est que les gens sont prêts à passer à ça.

M. Jean (Denys) : Bien, d'abord il faut vous rappeler que c'est une recommandation ferme du rapport D'Amours pour le secteur public. Il y a un certain nombre de régimes de retraite qui sont déjà à 50-50, d'autres progressent vers le 50-50. Je vous rappellerai le dernier règlement des cols bleus à Montréal, où ils ont revu le partage des coûts. Et en commission parlementaire, on a bien compris, Mme la ministre, je pense, qu'il y avait une volonté des parties de bien travailler là-dessus à partager les coûts.

M. Boivin (Simon) : Peut-être rapidement, la constitution, là — je pense que les syndicats avaient mis ça sur la table aussi — d'un fonds qui permettrait de stabiliser les régimes advenant des périodes plus difficiles. Ça, est-ce que c'est écarté, on…

Mme Maltais : Pas du tout, ce n'est pas écarté. Je vais vous dire… M. Jean va vous dire comment ça va entrer dans la séquence.

M. Jean (Denys) : Merci, Mme la ministre. Effectivement, dans le rapport d'Amours, vous vous rappellerez qu'il y avait une proposition qui consistait à augmenter la provision pour écart défavorable de 7 % à 15 %. Par ailleurs, vous avez raison, M. Boivin, en commission parlementaire, on s'est fait présenter un fonds de stabilisation et d'indexation qui avait été développé dans le cadre de la discussion avec les cols bleus à Montréal. Et là le mandat qu'on a du gouvernement, c'est de discuter avec les partenaires, avec les concernés — employeurs et syndicats — de qu'est-ce… est-ce que le fonds de stabilisation et d'indexation, en lieu et place de la provision pour écart défavorable, serait une option intéressante, puis éventuellement aboutir à un projet de loi qui permet aux parties, s'ils décidaient, de mettre en place ce genre d'outil de stabilisation des régimes de retraite.

La Modératrice : Véronique Prince, TVA.

Mme Prince (Véronique) : Si vous rencontrez de la résistance de la part de l'opposition, est-ce que ça peut mettre en péril votre projet de restructuration? Parce qu'il y a deux projets de loi à venir, là.

Mme Maltais : Écoutez, jusqu'ici, j'ai eu beaucoup de collaboration de l'opposition. On a… J'ai réussi à faire tous les travaux que j'avais à faire en matière soit de travail, soit de régimes de retraite avec l'opposition.

Je vous rappelle que j'avais le système de référence dans la construction, qui a été finalement vu par l'Assemblée nationale, et tout le monde était content, ça fonctionne bien. Les projets de loi sur White Birch ont été adoptés à l'unanimité, les régimes volontaires d'épargne-retraite viennent de traverser très rapidement, et l'opposition a trouvé que j'avais travaillé rapidement sur les suites au rapport D'Amours. Alors, jusqu'ici, on a évolué ensemble. J'ai toujours demandé à l'opposition de ne pas faire de travail partisan quand il s'agissait des régimes de retraite. On travaille pour très longtemps, là. Ça va influencer le Québec, ça, pour des dizaines d'années, là, à l'avenir, on travaille pour du 20 ans, du 30 ans, peut-être même du 50 ans, alors je pense qu'on est capables d'arriver ensemble.

D'autre part, je les ai entendues, leurs propositions, et je pense qu'on trouve là-dedans — dans le resserrement du temps, dans le resserrement des règles — beaucoup de choses qu'ils ont eux-mêmes entendues en commission parlementaire et donc qu'ils ont abordées et qu'ils ont vues comme étant des solutions à nos problèmes. Je ne vois pas, fondamentalement, de problème, d'autant que le premier projet de loi, c'est beaucoup sur le renforcissement des pouvoirs de la régie, ce que même eux seraient obligés de faire, sur les objectifs auxquels je crois qu'ils vont adhérer. Je ne pense pas qu'ils soient contre le fait d'assurer l'équité intergénérationnelle, de respecter la capacité de payer des contribuables, de protéger la rente de base des retraités. Je pense que ce sont des choses auxquelles tout le monde adhère.

Mme Prince (Véronique) : Si vous n'avez pas de critiques de l'opposition...

Mme Maltais : Il va y avoir des critiques, mais vont-ils embarquer dans la législation? Je pense que oui.

Mme Prince (Véronique) : Mais vous risquez par contre d'en avoir de certains maires, comme Régis Labeaume, qui, lui, aurait souhaité que ce soit un an de négociation, puis après que la municipalité puisse imposer les conditions, ce qui est... Vous ne donnez pas du tout le choix d'imposer, finalement?

Mme Maltais : Écoutez, nous, dès le départ, la capacité de décréter — je pense qu'en campagne électorale ça avait été demandé, capacité de décréter, capacité de lock-out — notre position a toujours été claire là-dessus. Toutefois, on a bien entendu les maires et les municipalités qui demandent qu'on revoie les règles du jeu et qu'on les aide, les doter d'outils qui leur permettent de ne pas faire porter le poids aux contribuables des dettes de régimes de retraite.

Moi, je veux dire, j'ai parlé à tout le monde ce matin : j'ai parlé à M. Coderre, j'ai parlé à Éric Forest, j'ai parlé à Bernard Généreux; même s'ils n'ont pas le pouvoir de décréter — ce qu'ils ne voulaient pas tous, d'ailleurs, je le comprends très bien, là, puis je l'ai vu en commission parlementaire, ils ne voulaient pas tous le pouvoir de décréter — ils ont là-dedans, je crois, les outils nécessaires pour qu'on puisse les aider. C'est ça qui est important, c'est qu'à la fin les objectifs auxquels on adhère tous, et les maires et nous, là, respect de la capacité de payer des contribuables, équité intergénérationnelle, vérité des coûts, ces objectifs-là, je pense qu'on a la mécanique pour les atteindre.

La Modératrice : Isabelle Porter, Le Devoir.

Mme Porter (Isabelle) :Justement, concernant les demandes du maire Labeaume, vous ne touchez pas à toute la question du partage des déficits passés, qui a fait couler beaucoup d'encre. Qu'est-ce que vous préconisez dans ce domaine-là?

Mme Maltais : Écoutez, première chose : juste sur le futur, là, on est à 50-50, ça, on comprend, c'était une des demandes. Il est rendu en grande majorité à 45 % à la ville de Québec, mais là on est à 50-50. Deuxièmement, dans le temps, c'étaient des échéanciers serrés. Sur le passé, on a une table de travail, un forum qui s'appelle le forum des municipalités. À cet endroit-là, ils vont pouvoir décider s'il est nécessaire — ils vont pouvoir en parler ensemble — de toucher aux droits acquis pour pérenniser le régime de retraite. Il est plus dangereux de perdre un régime de retraite, à l'heure actuelle, que de le surprotéger puis... Alors, on va essayer, avec eux, de trouver des solutions. S'ils veulent aborder cela, c'est possible. Si c'est nécessaire, on le prendra de face.

Mme Porter (Isabelle) : Si je peux me permettre, c'est un peu ce que vous vouliez dire tout à l'heure quand vous avez dit : À tout le moins, on va... 50-50 pour les services futurs.

Mme Maltais : Voilà.

Mme Porter (Isabelle) : Donc, vous seriez ouverte à ce que ce soit prêté, mais vous attendez de voir qu'est-ce que les municipalités vont décider.

Mme Maltais : Tout à fait, mais l'autre... pas seulement les municipalités, les associations syndicales aussi. Ce sont des tables de travail, qui ont… d'abord les grands principes du gouvernement qui sont présentés, sur lesquels on va travailler. Deuxièmement, ils vont regarder comment on peut appliquer les règles du jeu pour réussir à pérenniser leur régime de retraite. Mais les grandes orientations gouvernementales doivent baliser tout le travail qui doit se faire après. Alors, il faut qu'on arrive à véritablement sécuriser nos régimes à prestations déterminées dans le futur, pour longtemps, là. On ne fera pas ça à tous les deux ans, là, changer les règles du jeu des régimes de retraite. C'est une opération extrêmement importante qu'on met en branle, là.

La Modératrice : Rhéal Séguin, The Globe and Mail.

M. Séguin (Rhéal) : Mme la ministre, pouvez-vous m'expliquer en quoi la règle de capitalisation améliorée est mieux que ce qui existe en ce moment pour les entreprises?

Mme Maltais : Je vais... Comme là on tombe dans du fin détail, je vais laisser les gens de la Régie des rentes répondre exactement.

M. Jean (Denys) : D'abord, je pourrais... Denys Jean. Je pourrais... D'abord, la règle actuelle pour le secteur privé, c'est la solvabilité. La solvabilité, c'est que vous faites un test de fermeture de régime. Vous dites : Mon régime est terminé, est-ce que j'ai l'argent suffisamment dans la caisse pour payer les dettes que j'ai par rapport à mes participants actifs et retraités? Ça, c'est la règle actuelle, et cette règle-là, elle pose un certain nombre de difficultés. À preuve, le gouvernement est appelé à adopter plusieurs règlements d'exception pour permettre aux entreprises d'étaler le paiement des déficits.

La proposition du rapport du comité d'experts, c'est d'introduire une nouvelle méthode de financement qu'on appelle la capitalisation améliorée qui se compare à la capitalisation actuelle dans le secteur public, mais avec des modifications, particulièrement au taux d'actualisation utilisé pour projeter dans l'avenir le coût du régime de retraite. Et la différence, c'est qu'à la place de faire un test de fermeture vous présumez que l'entreprise a une forme de pérennité, donc ça dure dans le temps. Et selon, même, le rapport D'Amours, appliquer cette méthode-là au secteur privé, ça réduit d'un certain pourcentage les déficits actuels des entreprises.

M. Séguin (Rhéal) : Durée dans le temps est aussi associée au fait que, même si l'entreprise ferme boutique, le fonds qui est là ou les régimes de retraite vont continuer à survivre?

M. Jean (Denys) : C'est ça. Bien, les cas de fermeture vont se vivre pareil, là, là, bon. Sauf que, si on réussit, comme la ministre le souhaite et le gouvernement, à assainir les régimes de retraite, donc on pourvoit les caisses de retraite de manière suffisante. Le jour où une entreprise ferme, les fonds sont là, puis on assure les rentes. C'est ça, dans le fond, l'objectif fondamental. Le drame, par exemple — excusez-moi — de White Birch, c'est que, quand ça a fermé, c'est qu'il n'y avait pas assez d'argent dans la caisse de retraite. Si le régime avait été pourvu financièrement de manière adéquate, on ne vivrait pas les drames qu'on a vécus, là, à la fermeture. Donc, l'orientation du gouvernement, c'est de donner un financement adéquat aux régimes de retraite pour éviter ce genre de situation.

M. Séguin (Rhéal) : Pourriez-vous nous dire… peut-être c'est dans le rapport D'Amours, mais je ne me souviens plus… On parle ici des régimes à prestations déterminées. Il y en a combien au Québec et ils touchent combien de travailleurs?

M. Jean (Denys) : On a ces données-là. Je vais demander à mon collègue de vous les donner.

M. Villeneuve (Roland) : Actuellement, sous la surveillance de la Régie des rentes du Québec, il y a 800 quelques… 860 régimes à prestations déterminées qui sont surveillés. Ça couvre 1,2 million de participants, c'est-à-dire de travailleurs actifs et retraités. La moitié, environ, sont des retraités, et les actifs, dans ces régimes-là, sont présentement, au 31 décembre 2012, de 100 milliards de dollars.

M. Séguin (Rhéal) : Quand vous dites que ce sont des régimes surveillés par la Régie des rentes, est-ce que c'est l'ensemble des régimes ou s'il y en a là-dedans qui ne le sont pas?

M. Villeneuve (Roland) : Bien, c'est-à-dire qu'on ne surveille pas les régimes… la CARRA, par exemple, on ne surveille pas les régimes qui sont de compétence fédérale, mais tout le reste des régimes privés…

Mme Maltais : Les 863 sont surveillés par la Régie des rentes.

M. Villeneuve (Roland) : Il y en a 863.

Mme Maltais : Ils le sont tous.

M. Séguin (Rhéal) : Sous les règles du gouvernement du Québec, c'est ça, de la province?

Mme Maltais : Tout à fait. Comprenez bien aussi que ce n'est pas les 863 qui sont en danger, là. On veut vraiment… on a à protéger les régimes qui sont en danger, mais il y a quand même un haut niveau d'endettement dans nos régimes actuellement. Il faut protéger les régimes à prestations déterminées. Ce sont les meilleurs régimes pour la future… pour la sécurité financière des retraités.

M. Séguin (Rhéal) : Et une dernière question, Mme la ministre. Vous dites : Ce sont les meilleurs régimes, sauf que l'entreprise privée, de plus en plus, estime que ce ne sont pas des meilleurs régimes, que de plus en plus, on s'éloigne des régimes de prestations déterminées. Alors, comment empêcher cette tendance-là? Est-ce que ce que vous faites aujourd'hui va pouvoir mettre un frein à la tendance de s'éloigner des régimes à prestations déterminées?

Mme Maltais :Tout à fait, c'est ce que nous voulons. Parce que le problème des régimes à prestations déterminées, c'était la règle de financement à la solvabilité.

M. Séguin (Rhéal) : Est-ce que ça va être dans la loi, d'interdire?

Mme Maltais : Non. On ne peut pas interdire, parce qu'il peut y arriver des cas... Par exemple, il y a des régimes qui passent à des régimes à cotisation déterminée. On n'est pas toujours contents de ça, ce n'est pas le meilleur. Mais il y a un régime qui est en... qui, actuellement, est en élaboration au Québec, qui a été essayé dans le domaine des pâtes et papiers, c'est le régime à prestations cibles, qui est un régime qui est entre la prestation déterminée et la cotisation déterminée, qui permet une meilleure protection des travailleurs. Alors, il y a un intermédiaire qu'on commence à avoir essayé, qu'on a utilisé dans les pâtes et papiers, qui a donné des bons résultats, qui est utilisé aussi. Un peu l'équivalent d'un régime de retraite à financement salarial.

Alors, il y a des intermédiaires qui, parfois, peuvent permettre de sauver des régimes de retraite, de rassurer tout le monde sans tomber dans le moins bas de gamme... plus bas de gamme, si j'ose parler en acheteuse de... future acheteuse du temps des fêtes, un jour, un peu plus bas de gamme, qui est le régime à cotisation déterminée.

La Modératrice : On va passer à Denis Lessard, LaPresse.

M. Lessard (Denis) : De façon générale, Mme Maltais, est-ce que vous estimez que les régimes de retraite dans le secteur municipal ont été trop généreux dans le passé?

Mme Maltais : Je n'ai pas à juger du passé, j'ai à donner aux gens des municipalités et aux associations syndicales les clés pour solutionner leurs problèmes.

M. Lessard (Denis) : Mais, s'ils font des déficits, c'est qu'ils ont ouvert trop largement la porte?

Mme Maltais : Il y a plein d'éléments, mais je vous dirais que 2008 a été très problématique. C'est la crise de 2008 qui a créé une... qui a vraiment plongé beaucoup de régimes dans les déficits.

M. Lessard (Denis) : Comment vous vous sentez comme...

Mme Maltais : Je ne sais pas si vous avez des éléments de plus à ajouter.

M. Villeneuve (Roland) : Les taux d'intérêt ont joué un facteur essentiel dans la...

M. Lessard (Denis) : Mais c'est épisodique, donc c'est limité dans le temps...

M. Jean (Denys) : Si vous permettez, ce n'est pas épisodique, M. Lessard, parce que, depuis 2008, depuis la crise de 2008, la bourse est très volatile. La crise européenne affecte les marchés boursiers régulièrement, un. Deuxièmement, les taux d'intérêt n'ont jamais été aussi bas depuis le milieu des années 50. Et une variation de 1 % des taux d'intérêt, ça a un impact entre 10 % et 15 % sur le passif d'un régime de retraite. Alors, depuis ce temps-là, il y a des régimes qui ont de la peine à se reconstituer financièrement.

M. Lessard (Denis) : Vous êtes législateur, Mme Maltais, bien, vous souhaitez imposer 50-50, quelle réflexion ça vous amène? Parce que je pense que le régime des députés, c'est de l'ordre de... votre participation est de l'ordre de 20 %. M. François Côté, l'ancien secrétaire de l'Assemblée a dit : Ce n'est pas la Cadillac, le régime, c'est une Ferrari, que les députés ont. Est-ce que ça ne vous met pas mal à l'aise, personnellement?

Mme Maltais : Pas du tout, puisque la position du gouvernement en cette matière est la même que les recommandations de M. Côté, c'est-à-dire que nous devrions en arriver, dans les régimes publics, à un financement de 50-50.

Toutefois, le régime de l'Assemblée nationale est un régime particulier qui n'est pleinement et vraiment pas en danger puisqu'il va durer longtemps, on s'entend? L'Assemblée nationale ne fermera pas demain matin. Puis il y a très peu de participants et de retraités futurs, il y a 125 députés. Toutefois…

M. Lessard (Denis) : …capitalisé. Ça fait que ce n'est pas… Ce n'est pas l'avenir de l'Assemblée nationale, là.

Mme Maltais : Je vais continuer, M. Lessard. Ça ne sera pas long. Toutefois, ce que je veux vous dire, c'est que ce sont quand même les contribuables qui paient en majorité. Alors, de ce côté-là, la position gouvernementale sur les autres régimes rejoint la recommandation du rapport. Je pense que c'est un message.

M. Lessard (Denis) : Sur la capitalisation améliorée, pourquoi vous n'appliquez pas ça au secteur public aussi si c'est…

Mme Maltais : Parce que, demain matin, ça… D'abord, c'est inutile. Les municipalités, elles, on est sûrs de leur durée, O.K.? Quand il y a une municipalité qui est fusionnée ou qui disparaît, le régime est pris en charge par l'autre municipalité.

Deuxièmement, ça, de façon tout à fait théorique, ferait hausser leur niveau de déficit. Donc là, on se trouverait à handicaper terriblement la capacité de payer des contribuables. On plomberait les budgets des villes.

La Modératrice : Une dernière en français. Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour, Mme la ministre. Bonjour, messieurs, bonjour, madame. On peut lire, donc, sous le chapitre Rente longévité : «Le gouvernement étudiera [...] la bonification du Régime des rentes du Québec.» Vous avez dit tout à l'heure que vous êtes ouverts à la bonification. Qu'est-ce que vous entendez comme ouverture? Avez-vous des scénarios sur la table pour la bonification du régime des rentes?

Mme Maltais : Ce sera en discussion à la prochaine rencontre des ministres des Finances. Il y en a une très, très, très bientôt, d'ici quelques jours. Alors, à cet endroit-là, le Québec a… Les autres provinces faisaient corps pour faire bonifier le Régime de pensions du Canada. Nous avons dit que nous étions d'accord, de notre côté, à une bonification des régimes publics. Alors, c'est ça qu'on fait. C'est qu'on s'en va à la… Notre ministre des Finances part avec le mandat d'étudier les deux choses : un, une bonification éventuelle de la Régie des rentes; deux, est-ce que ce pourrait par le biais de la rente longévité.

M. Bergeron (Patrice) : Et vous n'avez pas d'autres scénarios quant au taux d'augmentation, ou de bonification, ou de cotisation?

Mme Maltais : Non. On n'a pas de scénario actuellement, parce qu'on ne peut pas faire ça de façon unilatérale. Ce serait… D'habitude, on fait ça, là, à peu près au même… On essaie de faire ça… de tenir ça au même niveau. C'est pour ça qu'il faut… On ne peut pas arriver tout de suite avec un ordre de grandeur.

M. Bergeron (Patrice) : Est-ce que vous ne craignez pas d'envoyer un message un peu à l'inverse de la cigale et la fourmi, en un tel sens que le contribuable, il va savoir qu'il va avoir de l'argent pour lui à la fin de sa vie puis il n'aura pas besoin d'épargner comme d'autres font ou…

Mme Maltais : Je ne comprends pas le…

M. Bergeron (Patrice) : Je pense que vous savez que l'État va prendre en charge la fin de votre vie, là, si vous avez une rente de longévité, vous avez une amélioration des bonifications du régime de retraite avec la RRQ. Donc, les gens n'auront plus d'épargner de l'argent, de mettre de l'argent de côté pour leurs vieux jours, quoi.

Mme Maltais : Les gens auront toujours besoin d'avoir un régime. Je souhaite que tout le monde ait un régime, une façon d'épargner, d'avoir un régime complémentaire de retraite. Il faudrait terriblement hausser le régime. Ce serait très coûteux de hausser le régime de retraite, seulement le régime de retraite public, pour être capables d'avoir une retraite qui soit suffisante. Croyez-moi, vous avez besoin d'épargner. Je vous souhaite d'y penser maintenant, M. Bergeron.

La Modératrice : Une petite dernière, Véronique.

Mme Prince (Véronique) :Oui. Bien, j'ai juste une question pour mes collègues du Canal Argent concernant un décret ministériel pour permettre à des papetières et pour permettre aussi à Power Corporation d'avoir un congé de 15 ans avant de devoir payer la caisse de retraite.

Mme Maltais : Oui. C'est...

Mme Prince (Véronique) :Est-ce que ça vous dit quelque chose?

Mme Maltais : Oui, tout à fait, je connais. C'est que ce sont des régimes qui avaient des difficultés. Alors, c'est très différent dans le cas des papetières. Les papetières, c'est parce qu'elles étaient en grande difficulté. Alors, on a négocié serré avec elles — croyez-moi, la Régie des rentes, en général, négocie serré — pour leur donner une chance de survivre et de faire que le régime ne ferme pas, parce que, si le régime ne ferme pas, les retraités perdraient une partie de leur rente, comme c'est arrivé à White Birch. On essaie d'éviter des White Birch. Mais, on vous l'a dit, depuis 2008 il y avraiment un problème dans les régimes de retraite à prestations déterminées, particulièrement dans les secteurs fragiles.

Quant au régime de Gesca, ce qui s'est passé, c'est qu'il y a une modificationà l'intérieur et il y a une entente, ce qui est très important, il y a eu des travaux à la régie. Ils ont demandé 15 ans, mais on l'a appliqué à quelque chose de très, très, très restreint, et il y a eu une entente pour ça, et on a exigé ça entre les employés, entre l'employeur et les retraités. Donc, il y a eu… on a exigé qu'il y ait accord de tout le mondelà-dessus.

La Modératrice : Kevin Dougherty, The Gazette.

M. Dougherty (Kevin) : Yes. Mme Maltais, I'm just trying to understand what your priorities are. Is the municipal problem we know — we talked about a lot here in the municipal campaign, and Mr.Labeaume talked about it a lot — is that your first priority to deal with the municipalities, the problem they have?

Mme Maltais : No.

M. Dougherty (Kevin) : No.

Mme Maltais : We have to deal with the situation which has been described in the rapport D'Amours, which is : deficits are sometimes putting in difficulty the «régimes de retraite». Comment ça se dit, «régimes de retraite» en anglais, là?

Des voix : Pension plans.

Mme Maltais : Pension plans. They're putting in difficulties pension plans. So, we have to deal with these difficulties in the private pension plans, the municipalities and specially, I would say, and very specially, the universities. So, we have to deal with all the problems. But the municipalities, effectively, have mayors which have been very «sonores»…

Une voix : Vocal.

Mme Maltais : … — vocal, yes, thank you — vocal on that point.

M. Dougherty (Kevin) :OK. And, on the longevity pension, that's what I focused on when D'Amours came out, and, from what I understand, this is not something Québec can do alone, there has to be... and I imagine it would be portable, too, like between the Canada Pension Plan, the Québec Pension Plan, there's a portability, and so Québec can't move alone on this. Is that… because you say it's going to come up with the Finance Ministers, they're going to discuss this among other things. So is it something that Québec can do on its own or…

Mme Maltais : Yes, Québec can do it on its own, but if Québec do that on its own, we can affect the competitivity because of the provincial commercial rules… intercommercial rules… interprovincial rules on commerce. So we have to be careful about that but the other provinces are going in front of Québec. Until we're arrived to Government, the other provinces want to raise the public pension plans, so we are working with them.

M. Dougherty (Kevin) : So, are your trying to find a way that Québec's approach would be compatible with what happens in other provinces?

Mme Maltais : We are working with the other provinces, but at the end Québec will decide by itself because we have our own public pension plan and that's very important for Quebeckers. We've been the first to think about that kind of public pension plan, we have our own rules, so we'll take care of our people by ourselves. But we're working in Canada which still is a country and we have to be careful.

La Modératrice : Max Harrold, CTV.

M. Harrold (Max) : Bonjour, madame. You said you went much further than you thought you would, can you explain why? Why and why was that necessary?

Mme Maltais : I was talking about the first bill which will be presented. We wanted to act on points that have been indicated by Mr. D'Amours, which were very specific, eh? But we have decided to… We had so much work to do, we have decided to wait a bit and to present the first bill which will reinforce the possibilities for the Régie des rentes du Québec and the Commission des relations du travail to be able to help pension plans which would be in debt.

M. Harrold (Max) : OK. And someone asked you in French, you know : Do you think you're being… Is this too harsh, the 50-50 and the mandatory within two years? And you said : People are there, they're ready for that.

Mme Maltais : They're ready for that. I've talked… This morning, I've made phone calls, I've talked with all the presidents of patronal associations, syndical associations, universities, municipalities and I do think everybody was waiting for a move from the Government. And I cannot talk for them but what I've heard this morning is that everybody is very happy to see the Government have that kind of move and the rapidity… the two years only. When we know that rapport D'Amours was saying, you must take five years, we'll do it in two years. It's something that is much appreciated.

Mme Plante (Caroline) : Vous allez sûrement m'en permettre une en anglais.

Mme Maltais : Oui, allez.

Mme Plante (Caroline) : Why are you saying the the status quo is not acceptable at this point?

Mme Maltais : Listen, that's one of the major consensus of the parliamentary commission that we have hold in September. Everybody was saying : We have pension plans which are in difficulty, help us. And like M. Jean was saying some minutes ago : Month after month after month, people come, these private companies come, unions come to our office and say : We need to be helped, we need 15 years, we need new rules, we need to be helped because our pension plans are in danger. So, we had to move that consensus of the parliamentary commission.

Mme Plante (Caroline) : Can you try to sum up what you are announcing today? If you could sum it up in a nutshell.

Mme Maltais : To resume, what we're doing in one sentence is quite a «défi».

Mme Plante (Caroline) : Let me put it this way, how would you explain to Quebeckers watching at home tonight who may not be familiar with all of this?

Mme Maltais : We're saying that we are giving new tools to the leaders like la Régie des rentes, le ministère du Travail and all the actors like the municipalities, the universities, even the private companies to assure the financial security of the retreats. And we are doing a big move, bringing new tools, bringing new way of doing, two laws to be sure we'll protect, for the years to come, the pension plans of the people.

M. Séguin (Rhéal) : Is Québec the first province to act on this?

Mme Maltais : Yes. Yes, first province, first Government.

M. Pépin (Michel) : Est-ce que vous pouvez revenir sur les droits… Si vous le permettez, je ne pense pas qu'il y aura d'autres questions en anglais, ça va?

Mme Maltais : …Mme la présidente.

M. Pépin (Michel) : Ça va? D'accord. Là, j'essaie de voir… Bon, le futur, ce n'est pas trop mal, revenir en arrière, c'est souvent un peu plus compliqué, certainement dans le cas… Est-ce que vous voudriez, dans la législation, mettre des éléments pour que, justement,il y ait une révision des droits acquis ou faciliter cette révision des acquis? Comment vous envisagez ça… ou c'est seulement à la négociation que vous laissez ça?

Mme Maltais : C'est dans les tables de discussion, les forums de discussion où on va voir s'il y a nécessité d'ouvrir sur les droits acquis, et deuxièmement, après, c'est régime par régime par régime qu'il va y avoir révision des règles, mais c'est toujours à travers une négociation. Tout le monde a intérêt à protéger son régime de retraite. Il y a des gens actuellement qui viennent nous voir en disant : Donnez-nous le moyen de nous assurer que notre régime de retraite ne ferme pas, qu'il soit encore solvable. Et nous n'avons pas la capacité actuellement à la Régie des rentes de revoir des droits ou même de répondre à des demandes de gens qui auraient réussi, qui auraient dit : Nous autres, on veut faire ça, on veut revoir telle règle. On n'a même pas la capacité de répondre aux demandes des gens. Mais croyez-moi…

M. Pépin (Michel) : Même si c'est négocié?

Mme Maltais : Même si c'est négocié, on ne peut pas le faire.

M. Pépin (Michel) : Donc, vous devez réviser la loi, nécessairement, à cet égard-là.

Mme Maltais : On est obligés. Mais la négociation et le régime de relations de travail, c'est la base de la façon dont on fait notre proposition.

M. Pépin (Michel) : Donc, vous allez réviser la loi pour permettre la révision des droits acquis. Vous allez modifier, amender la loi.

Mme Maltais : Si nécessaire, si nécessaire. On va voir qu'est-ce qui va se discuter, si les gens aux tables sont… croient qu'il faut aller jusque-là.

M. Pépin (Michel) : Parce qu'actuellement, là…

Mme Maltais : Mais on peut l'ouvrir, on est prêts. On dit : On est corrects, on le fait. Si vous le… Si c'est possible, si c'est nécessaire, on va le faire.

M. Pépin (Michel) : Parce que, là, vous avez édicté un règlement, là, le 4 décembre dernier, là, qui… dans la Gazette officielle, qui est, bon, un peu technique, là, mais qui fait que… qui permet de modifier les régimes de retraite, par exemple, à Montréal. Donc, vers le futur, vous faites ce que vous appelez… ce qu'on appelle souvent incorrectement le mur de Chine, mais on va parler de la Grande Muraille de Chine peut-être et…

Mme Maltais : Ah! Les cols bleus de Montréal.

M. Pépin (Michel) : C'est la ville de Montréal, hein, c'est ça, pour les cols bleus, où ça a été mis en place. Mais ça peut servir, évidemment, à d'autres exemples, ce n'est pas un règlement seulement pour les cols bleus.

Mme Maltais : Pouvez-vous y aller?

M. Jean (Denys) : Bien, c'est un moyen. Dans le fond, ce que la ministre explique, c'est qu'il y a un problème, il s'agit d'établir avec le partenaire les moyens d'arriver à le solutionner. Donc, le mur de Chine, que vous appelez, le partage des coûts 50-50 pour le futur, c'est des moyens pour permettre d'assainir le financement des régimes de retraite.

M. Pépin (Michel) : Actuellement, les déficits, est-ce que vous pouvez les définir? Là, je pense que je m'adresse à messieurs de la Régie des rentes. Les déficits pour les municipalités, les universités et le privé, ça ressemble à quoi? De quoi on parle?

M. Jean (Denys) : Donne les chiffres.

M. Villeneuve (Roland) : Je vais vous trouver ça.

Mme Maltais : Je pense, c'est 5 milliards. Public, c'est 5 milliards, total.

M. Villeneuve (Roland) : Dans les déficits pour les universités et les municipalités, donc le secteur public, 5 milliards de dollars. Et les déficits pour le secteur privé, en solvabilité cette fois-là, parce que ce n'est pas les mêmes règles…

Mme Maltais : 26 milliards.

M. Villeneuve (Roland) : …26 milliards.

M. Séguin (Rhéal) : 26?

Mme Maltais : 26 milliards.

M. Villeneuve (Roland) : 26, oui.

M. Pépin (Michel) : Est-ce que vous êtes capables de faire…

M. Séguin (Rhéal) : …juste une question technique. Est-ce que vous pouvez nous dire, à ce moment-là, il y en a combien des 816 qui sont en difficulté? 863, je veux dire.

Mme Maltais : Ça, non, c'est un peu difficile.

M. Pépin (Michel) : Est-ce que vous pouvez ventiler, municipalités, universités, cependant?

M. Villeneuve (Roland) : Universités… En capitalisation, sur le 5 milliards, là, il y a environ 800 millions dans les universités.

M. Boivin (Simon) : …forum, là, advenant que les partenaires ne parviennent pas à s'entendre, par exemple, sur les critères qui vont guider la Commission des relations de travail lorsqu'elle va avoir à solutionner des différends, comment on fait pour passer à l'étape ensuite si…

Mme Maltais : On va décider.

M. Boivin (Simon) : C'est le gouvernement, à ce moment-là? Si eux ne s'entendent pas, vous allez des barèmes…

Mme Maltais : Oui, oui. On dépose une loi fin avril, début mai. On veut qu'ils la bonifient, qu'ils nous aident, mais on dépose aussi une loi à l'automne et puis on va avoir le contenu qu'il va falloir pour régler nos problèmes. Il faut qu'on règle nos problèmes. Écoutez, il faut qu'on règle ces problèmes, parce que, là, on est en train de les régler à la pièce, à la carte, régime par régime. Je passe mon temps à passer des règlements pour essayer d'accommoder les gens pour qu'ils survivent, pour que les retraités conservent leurs retraites, pour que ceux qui sont en train de travailler puissent avoir un revenu à la fin, quand ils vont vieillir.

On n'a pas le choix d'aborder le problème. Il y a une commission parlementaire, il y a 61 mémoires, 42 mémoires… 42 groupes sont venus avant. Tout le monde… S'il y a un consensus de cette commission parlementaire, c'est : le statu quo n'est plus une option. Alors, la démarche d'aujourd'hui, là, c'est : le statu quo n'est plus une option.

M. Pépin (Michel) : Je peux revenir sur la précision des deux projets… distinguer juste les deux projets de loi? Juste une petite question. Si je comprends bien, là, Mme Maltais, le premier projet de loi, c'est sur le processus, la démarche, justement, les forums, les négociations, si on a une entente, si on n'en a pas, etc…

Mme Maltais : Et les orientations gouvernementales.

M. Pépin (Michel) : Donc, le 50-50, les quatre qui sont là.

Mme Maltais : Oui.

M. Pépin (Michel) : Et le deuxième projet de loi, à ce moment-là, étant donné que vous avez déjà les orientations, quand même, vous avez déjà le processus. Exactement, ça ressemble à quoi, là? C'est l'opérationnalisation des ententes, quelque chose comme ça?

Mme Maltais : Tout à fait. Allez, M. Jean.

M. Jean (Denys) : Ça va être les mécaniques plus fines, comme, par exemple, sur la méthode de financement, sur la gestion des surplus, sur la… par exemple, ce dont on a parlé tantôt, la prévision pour écarts défavorables, versus le fonds de stabilisation, donc des modalités plus fines sur la gestion des régimes de retraite.

La Modératrice : Merci beaucoup.

Mme Maltais : Merci, tout le monde.

(Fin à 14 h 53)

Participants


Document(s) Related