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Point de presse de M. Bernard Landry, chef de l'opposition officielle, deMme Pauline Marois, députée de Taillon, et deM. Léandre Dion, député de Saint-Hyacinthe

Version finale

Tuesday, March 22, 2005, 11 h 03

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures trois minutes)

M. Landry: Bon, nous voulons vous entretenir ce matin d'un sujet important pour le Québec. Pourquoi ce matin? Bien, c'est parce que le gouvernement a pris par décret la décision d'enseigner l'anglais en première année du primaire et qu'il a 40 jours pour faire des observations et des commentaires de la population ou des critiques, et l'opposition fait les siennes ce matin.
Il est évident que, comme tous les pays avancés, le Québec doit avoir la plus grande proportion de sa population qui parle plusieurs langues. D'ailleurs, la bonne nouvelle, c'est que c'est déjà le cas. Le Québec est un des endroits les plus bilingues d'Occident et les plus trilingues aussi, parce que plusieurs Québécois parlent trois langues. Et il est évident que, dans les vues de notre parti, qui est un parti d'ouverture sur le monde, qui est un parti d'échange et de diversité culturelle, nous sommes tout à fait d'accord que nos enfants parlent le plus de langues possible, dont l'anglais, évidemment, qui est la langue de la globalisation et de la mondialisation.
Cela dit, il ne faut pas confondre les moyens, les méthodes et, avec des bonnes intentions, faire plus de tort que de bien. Et hélas! ce que le gouvernement nous propose, au dire d'à peu près tous les experts, c'est ça. C'est une mauvaise approche pour l'enseignement des langues. Mauvaise approche d'abord, parce que les pédagogues et les gens qui sont spécialisés dans ces matières dans le monde entier, à peu d'exception, mais il y en a, recommandent la prudence. Et, un des grands experts québécois, Gilles Bibeau, qui est un expert international aussi, qui a enseigné dans plusieurs pays du monde, dit qu'il ne faut pas faire cela à cause des risques de confusion tant que la langue maternelle, la langue principale n'est pas consolidée, il y a des risques à aller trop vite à introduire d'autres paramètres linguistiques.
Un autre expert français, lui, M. Hadège, dit la même chose, mais il fait l'exception québécoise d'ajouter que la situation du Québec dans le monde n'est pas la même que la situation de la Grande-Bretagne, la situation de la France. Nous sommes 6 ou 7 millions de francophones dans un continent surtout anglophone. Donc, il y a une situation particulière, là. Puis, il y a aussi la situation particulière qu'une des grandes stratégies progressistes du Québec d'aujourd'hui, c'est l'intégration des enfants issus de l'immigration. Alors, est-ce que c'est un bon signal à leur donner, puisque, dès qu'ils arrivent à l'école française, où la loi 101 les amène, la première année on leur enseigne l'anglais?
Un des exemples à suivre aussi, c'est celui de la Grande-Bretagne. La Grande-Bretagne, c'est le pays de la langue la plus puissante de l'époque contemporaine, c'est l'anglais qui est parlé partout dans le monde. Or, la Grande-Bretagne n'enseigne pas de langue seconde en première année, bien au contraire, je pense qu'ils commencent à 11 ans.
Alors, pourquoi est-ce que M. Reid, qui a été l'auteur de tant de décisions catastrophiques, a été prendre celle-là aussi? Alors, c'est dans la grande collection d'un gouvernement qui n'a rien approfondi, qui n'a pas de vision, qui agit pour agir, et, ce faisant, qui agit mal.

Journaliste: Qu'est-ce qu'il faudrait faire, là?

M. Landry: Je pense qu'avant la période des questions, je vais laisser parler mes collègues qui peut-être vont répondre à votre question. Puis, après ça, vous reviendrez.

Mme Marois: Entre autres, l'une des réponses justement à votre question - et c'était sur ça que je voulais intervenir - on sait très bien qu'il y a d'autres méthodes pédagogiques qui sont plus efficaces, et, entre autres, l'immersion, les bains linguistiques, et que ceux-ci, on peut y procéder en cinquième, en sixième années et ça donne des résultats bien meilleurs. En ce sens-là d'ailleurs, ce que nous croyons qu'il serait préférable de faire, c'est non pas ce qu'on fait maintenant en sélectionnant les meilleurs élèves pour participer à de l'immersion, mais permettre à tous les élèves de pouvoir se prévaloir d'une telle approche pédagogique, et le résultat... et, on pourrait faire référence aux mêmes spécialistes cités par M. Landry, les résultats se montrent beaucoup plus positifs et intéressants. Alors, c'est vers cela que nous souhaitons aller.
J'aimerais revenir sur le fait que dans la projet de réforme du primaire et du secondaire, non seulement nous souhaitions l'apprentissage d'une deuxième langue, l'anglais - je pense que ça va de soi, nous vivons en Amérique - mais, au-delà de ça, ça devient la «lingua franca», mais il reste que c'est une troisième langue aussi que l'on souhaitait que nos jeunes apprennent.

M. Landry: Et Léandre et moi, on donne l'exemple, parce qu'on est trilingue tous les deux.

M. Dion: Oui, oui. Sauf que ma deuxième langue, c'est l'espagnol.

M. Landry: Moi aussi.

M. Dion: Oui. D'ailleurs, je pense que tout ce qu'on discute là, on ne le discute pas dans l'espace sidéral, là, on le discute dans le concret dans lequel on vit. M. Landry et Mme Marois ont très bien exposé la fragilité dans laquelle on est en Amérique du Nord, 2 % de la population à peu près qui parle français. Alors, nécessairement, ça crée une situation particulière qui nous a amenés à adopter une loi très importante, la loi 101, qui fait consensus au Québec, qui fait consensus et dans laquelle on a mis beaucoup de millions et de dizaines et de centaines de millions de dollars pour l'administration depuis 30 ans pour faire en sorte que la langue, qui est la nôtre, se perpétue. Et c'est un bon placement quand on pense au rayonnement dans le monde entier de nos artistes et de toute la main-d'oeuvre qui a été développée par le fait qu'on parle le français en Amérique du Nord, c'est quelque chose de très important au plan économique. Alors, le fait de mettre sur le même pied dès la première année, tout d'abord, c'est mauvais au plan économique parce que c'est un mauvais placement, ça a été très bien démontré, le meilleur moment pour apprendre une langue, c'est beaucoup plus tard dans... c'est plus tard en tout cas dans la vie. Et en plus de ça, bien, tout ce placement collectif qu'on a mis pour faire en sorte de renforcer ce vecteur économique, ce secteur économique qui est la culture et la langue, bien, il ne faudrait pas l'annuler maintenant avec une mauvaise décision prise précipitamment et qui donnera des effets, tels qu'ils sont démontrés par les principaux spécialistes, des effets probablement très négatifs sur même notre héritage culturel et la persistance de notre langue dans le milieu. Alors, ça, je pense que c'est une très mauvaise décision.

M. Thivierge (Jean): Comment on explique qu'il n'y ait pas eu d'étude d'impact? Vous dites qu'il n'y a pas eu d'étude d'impact, il me semble que c'est une question qui en aurait mérité une...

M. Dion: ...c'est le grand mystère. Avec Mme Marois, on est sortis encore il y a à peu près 15 jours pour demander des études d'impact et il n'y en a pas. Et même M. Reid à un moment donné a même dit que ce n'était pas une question d'étude d'impact, que c'était une promesse électorale.

Mme Marois: C'est ça. Nous l'avons questionné lors des engagements financiers, il n'a jamais été capable de déposer quelque étude que ce soit.

M. Landry: M. Reid, il a commencé à déraper dès le début. Le 103 millions, c'est le dérapage le plus spectaculaire de l'histoire contemporaine, là, à toutes fins pratiques. Mais il y a eu aussi la corporation professionnelle pour les enseignants. Il a appris ça dans le porte-là-porte durant l'élection, vous vous rappelez, puis il devient ministre de l'Éducation puis il dit: Ça va être ça. Et puis cette obsession-là d'enseigner l'anglais en première année... Ici c'est une des décisions pour laquelle il n'y avait eu aucune étude d'impact et on est obligés d'en rappeler quelques-unes et puis celle-là, il devrait la rappeler aussi.

M. Larocque (Paul): M. Landry, je me mets dans la peau des parents qui souhaitent tous, au fond, ou à peu près tous que leurs enfants...

M. Landry: Ah! Tous les parents souhaitent que les enfants soient multilingues.

M. Larocque (Paul): C'est ça. Mais pourquoi arrivez-vous avec cette prise de position aujourd'hui? A priori, on se dit: Bon, plus tôt, c'est le mieux, apprendre une deuxième et une troisième langue...

M. Landry: Non, c'est parce qu'on veut que les enfants soient multilingues qu'on veut les meilleures méthodes. Et ça, ça n'est pas une bonne méthode, d'après tous les spécialistes. Et le grand spécialiste québécois, c'est Gilles Bibeau, qui est formel. Les syndicats d'enseignants sont formels. L'Alliance des professeurs de Montréal, je suis sûr qu'ils veulent que leurs enfants soient multilingues ou trilingues. Leurs élèves, ils sont contre ça, parce qu'ils savent que ça va avoir le résultat opposé. Gilles Bibeau, dans ses travaux, même, dit que ça... il peut y avoir un renforcement négatif contre. Au lieu de porter à l'anglais, ça va aller contre.

Mme Marois: Et pourquoi maintenant? C'est parce qu'il a publié son règlement pédagogique. Et dans le règlement pédagogique, il est prévu que l'apprentissage de l'anglais va commencer en première année dès 2006. Et c'est maintenant qu'il faut faire des recommandations et des représentations. Et en ce sens-là, effectivement, nous ne sommes pas seuls à faire de telles représentations, beaucoup d'autres groupes qui ont réfléchi à ces questions, et depuis un long moment, proposent aussi qu'on aille vers autre chose.

M. Chouinard (Tommy): Plus sur l'immersion, ça fonctionnerait comment exactement ce que vous envisagez, c'est-à-dire qu'en cinquième, sixième année, il y aurait une partie de l'année où l'enseignement de toutes sortes de matières serait fait en anglais finalement? On évolue dans un monde...

M. Landry: C'est ça. On a réfléchi au fait de passer un semestre, et là, à mon avis, ça, c'est un lancement pour la vie après. Tu passes un semestre à baigner dans une langue étrangère, tes chances sont bonnes de parler pour le restant de ta vie, cette langue étrangère.

M. Larocque (Paul): À quel niveau?

Mme Marois: Cinquième, sixième année qu'on prévoit.

M. Landry: Cinquième, sixième.

M. Larocque (Paul): Dans le même domaine, le gouvernement a une autre décision importante à prendre en éducation sur l'enseignement religieux. Quelle est la position de l'opposition officielle? Est-ce que le gouvernement doit réintroduire une deuxième fois la clause dérogatoire ou abandonner ça?

M. Landry: On s'est déjà exprimé là-dessus, ma collègue en particulier, je vais lui demander de le refaire.

Mme Marois: Oui. Alors, effectivement, vous savez que le Conseil supérieur de l'éducation a recommandé qu'on ne recourre plus à la clause «nonobstant». Cependant, le Conseil supérieur propose un aménagement et un certain nombre d'orientations pour qu'on continue à enseigner la religion à l'école dans le sens de l'histoire des religions, la culture des religions, et c'est une position qui nous convient bien. Vous savez que notre parti politique a adopté une résolution au dernier conseil national sur cela. Il y a actuellement des résolutions dans les congrès de comté et éventuellement nous ferons état d'une position très claire à cet égard pour dire par quoi cela serait remplacé. Maintenant, est-ce que la clause «nonobstant» devra être évoquée pour un an, deux ans, le temps d'implanter cela ou, comme le dit le Conseil supérieur, sans qu'on ait recours d'aucune façon à la clause «nonobstant», mais que le ministre indique quelles sont ses intentions et définisse le calendrier d'implantation.

M. Larocque (Paul): Question d'actualité, M. Landry, dans le conflit étudiant, il y a un groupe qui est passé à une autre phase des moyens de pression. Vous avez vu, ils ont bloqué l'accès au port de Montréal, en ce moment. Est-ce que vous êtes d'accord avec ce moyen de pression? Qu'est-ce que vous en pensez?

M. Landry: D'abord, conformément à ce que nous avons dit depuis le début, les étudiants, étudiantes ont raison à 100 % sur le fond des choses, et nous les appuyons sans réserves. Quant aux moyens qu'ils utilisent, on ne veut pas être paternalistes, c'est à eux de décider, à condition que les lois soient respectées, que ça se fasse dans un contexte de non-violence absolue. Des moyens de pression, c'est des moyens de pression, dans une société démocratique, on a droit d'en prendre.

M. Tremblay (Félix): Ça veut dire que vous approuvez ou que vous n'approuvez pas ce qu'ils ont fait ce matin?

M. Landry: D'abord, je ne sais pas vraiment ce qu'ils ont fait ce matin, puis je dis que ça ne nous regarde pas, nous, de décider quels sont les moyens de pression que les étudiants veulent employer, pourvu que ce soit légal et non violent.

Le Modérateur: En Anglais.

Mme Rich (Kristy): In English, I was always under the impression like Chomsky talk about a critical period and that the earlier a
student learns a language the more likely they are to really pick it up. So, why do you think that it should be taught at a later age?

M. Landry: Because technically it is not true. You do not have a better result in English in teaching that first year, first day of school and there are a lot of foreign experiments and internal research. Gilles Bibeau, great searcher in that matter, knowing the situation in Québec and all over the world is absolutely definite on that matter: It's counter productive to start too soon. Great Britain, the country of the stronger language on earth at this moment, is starting at 11 and not in the first grade not because they don't want people to be multilingual, they are member of the European Union but they know very well that it is more efficient to start later. So, we want to be absolutely clear. First, Québec is already one of the most plurilingual countries on earth and we want that to be more and more true and not only with English but with Spanish and other languages. But lets use the more productive methods and not what the Government is advocating.

Mme Rich (Kristy): What are the more productive methods.

M. Landry: Pardon me?

Mme Rich (Kristy): What are the more productive methods they recommend?

M. Landry: Later and using immersion and we hope that someday at around grade 5 or 6 there will be one semester totally in a foreign language. This way, young people will be impressed for their whole life with that period of immersion.

M. DeSouza (Mike): ...the threats Québec as a minority in North America, what's the difference between starting in grade 1 or starting in grade 5 and with regards to...

M. Landry: It's one more dimension particular to Québec but I've said up to now it could be true in England or in Scotland or anywhere. But in Québec, there is a specific situation. We had to legislate to have children of immigrants to go to French schools. It's not to give to them a counter signal that English and French are as important one as the other. They must start and be impressed early with French the language of Québec plus the fact that, to start with English too soon, it's unproductive.

M. DeSouza (Mike): So, by that logic, by the time they're in grade 5 or 6 at that point the French is solid enough that's is no longer a threat?

M. Landry: Exactly. And if you have experiment to learn languages, it's very difficult to learn two new languages at the same time, especially if it's Spanish and Italian.

M. Duboyce (Tim): Where would you find enough teachers to offer immersion to every student in Québec in places like Saint-Hyacinthe, in places like Gaspé, in places like Saguenay?

M. Landry: Due to our geographical situation and the advance they have because we are neighbors of United States and English Canada, plus the fact that we have mega universities, a lot of English-speaking institutions, it is not unfeasible to recruit all the personnel needed even if they have to switch from one system to the other. You can leave Dawson College for one morning and participate in immersion course in geography in Secondary school.

M. Duboyce (Tim): In places...

M. Landry: Absolutely. Québec is an ideal place to do that.

M. Duboyce (Tim): But it still means hiring, so how much would that cost in extra hiring?

M. Landry: Not especially hiring, you can just change, instead of teaching geography in English, in an English school, you teach geography in English in a French school. The same person.

M. Duboyce (Tim): So actually, the shrinking student population in the English schools would actually help because there are extra teachers who would become available?

M. Landry: Yes. In an accessory way, you're right.

Mme Rich (Kristy): In English. On the students that are protesting the cuts, they are now targeting economic, pressure tactics, they are blocking the port. I'm just wondering what you think of that.

M. Landry: I say what I have said in French. We approve 100% the objective of the students, they are right and more than that, but we do not have to appreciate their methods in the way they do their pressures with the qualifications that it must be legal, non violent, and conform to our democracy.

M. Tremblay (Félix): Do you feel everything is fair game blocking streets, stopping businesses from...

M. Landry: I do not have to appreciate that or judge, I fix the principles and I say: The means are in the hands of the students. We do not want to be paternalistic, but the way is clear, democratic, non violent, respectful of our laws.

Une voix: Merci.

M. Landry: Bien, merci.

(Fin à 11 h 21)