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Point de presse de M. Bernard Landry, chef de l'opposition officielle

Version finale

Wednesday, April 27, 2005, 11 h 54

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures cinquante-quatre minutes)

M. Séguin (Rhéal): M. Landry, est-ce que vous... Vous avez vu le sondage ce matin où la moitié des Québécois disent qu'ils veulent un référendum, 54 % disent qu'ils sont en faveur de la souveraineté. Si vous formez le prochain gouvernement, est-ce que vous vous engagez maintenant aujourd'hui de tenir un référendum dans le prochain mandat, un engagement ferme de le tenir?

M. Landry: Sondage ou pas, c'était déjà fait de ma part. J'ai dit à plusieurs reprises que je voulais que, dans notre prochain mandat, nous tenions un référendum le plus rapidement possible, et je crois que c'est ce que les délégués au congrès de juin vont également décider.

M. Séguin (Rhéal): Mais il y en a qui...

M. Landry: Alors, jusqu'à maintenant, c'est comme mon opinion personnelle, mais mon parti, j'en suis sûr, voudra faire la prochaine campagne électorale pour conduire le Québec à la souveraineté, et nulle part ailleurs.

M. Séguin (Rhéal): Mais est-ce que vous pouvez aujourd'hui, comme plusieurs délégués le demandent, prendre un engagement ferme de le tenir durant le prochain mandat?

M. Landry: Moi, ça fait des mois, voire des années, et c'est l'histoire de ma vie. Pensez-vous, pensez-vous que je serais encore ici, malgré l'estime que j'ai pour vous, si ce n'était pas pour faire la souveraineté du Québec?

M. Dutrisac (Robert): Mais à chaque campagne électorale, M. Landry, vous tentez, légitimement sans doute, de séduire les fédéralistes, de faire la campagne sur autre chose que la souveraineté. Est-ce que la...

M. Landry: Attendez. Je ne saisis pas bien la question, là.

M. Dutrisac (Robert): Bien, on peut prendre 2003, la question de bien gouverner le Québec, c'est important, comme province, là, et l'accent sur la souveraineté n'est peut-être qu'une chose, mais on vous a vu aussi faire un appel aux fédéralistes en 2003. Est-ce que justement des résultats comme...

M. Landry: Bien, oui, mais ça, je ne vois pas qu'est-ce qu'il y a de répréhensible de dire, pour un chef politique, de dire au monde de voter pour nous autres dans une élection. Tu sais, c'est... Ça ne vous surprend pas!

M. Dutrisac (Robert): Oui, mais...

M. Landry: Bon, alors tout le monde...

M. Dutrisac (Robert): Mais pour attirer ces gens-là, vous avez peut-être tendance à mettre la pédale douce sur la souveraineté. Est-ce que les choses vont changer?

M. Landry: Attendez, attendez. Dans la dernière campagne électorale, je n'ai pas fait un seul discours sans consacrer une partie majeure à la souveraineté, dernière campagne électorale. Vous savez que je ne parle jamais en public, ni à Vancouver, ni à Berlin, ni à Rimouski sans parler de souveraineté; c'est au coeur de ma vie publique et de mon engagement, alors je vais continuer à faire ça à la prochaine campagne électorale.
Sauf qu'une campagne électorale ne peut pas négliger le problème du trajet de l'autoroute, si c'est au nord ou au sud, ou ne peut pas ne pas répondre aux problèmes d'urgence qui pourraient se présenter à Shawinigan ou ailleurs. Une campagne électorale, en démocratie, c'est composite, mais quand la question nationale n'est pas réglée, bien, la question nationale prend un rôle très important dans la campagne électorale, et ça va être ça la prochaine fois, au moins autant qu'avant, et plus encore à cause du cheminement du peuple vers la souveraineté.

M. Dutrisac (Robert): Est-ce que vous vous engagez donc, une fois la prise de pouvoir, à enclencher concrètement, là, la souveraineté, un peu comme M. Parizeau l'avait fait?

M. Landry: Oui, mais, M. Parizeau l'avait fait comme je le ferai moi-même, en respectant la loi. Alors, les gestes illégaux qui nous plongeraient dans des procès et des bagarres et des recours collectifs sont exclus. Mais ce qu'a fait Parizeau, c'est ce qui devait être fait. Il a respecté scrupuleusement les lois, on aurait aimé que nos adversaires en fassent autant.
Alors, c'est ça, quelque chose du genre et un peu plus. Je vous l'ai dit, par exemple, M. Parizeau n'a pas pensé - il ne pouvait pas imaginer que l'imposture serait aussi grande - de demander des observateurs internationaux. Nous le ferons et un certain nombre d'autres choses. M. Parizeau ne pensait pas que l'imposture serait aussi grande, alors il n'a pas resserré les lois du Québec pour empêcher des gens de perturber notre démocratie. Nous le ferons. Ce seront toutes des mesures légales, légitimes qui seront posées par notre Assemblée nationale et qui ne violeront aucune loi, au contraire, consolideront la démocratie.

M. Thivierge (Jean): M. Landry, 54 % d'appuis à la souveraineté, c'est un résultat qui vous apparaît difficile ou si ça vous indique autre chose?

M. Landry: Écoutez, moi, vous savez, je ne commente pas les sondages, je ne le fais pas par mauvaise foi. Je ne commente pas les sondages parce que je base mon opinion sur des phénomènes beaucoup plus profonds. Et je vous ai dit - puis au risque de vous ennuyer, je vais vous le répéter - nous étions dans la marginalité dans les années soixante. On était à 40 %, en 1980, on était à 50 %, en 1995, et vous connaissez toute mon analyse de l'alliance intergénérationnelle - je viens de faire 45 cégeps où ça s'est encore confirmé - vous connaissez toute mon analyse sur les enfants de la loi 101. Alors, c'est ça qui vous nous conduire à la victoire, et les sondages sont des photos instantanées à un moment où l'autre que je ne commente pas.

M. Nadeau (Rémi): Un momentum comme celui-là, c'est difficile de maintenir ça longtemps dans le temps. Donc, est-ce que le fait que ça arrive aujourd'hui, alors qu'il reste au moins deux ans au mandat des libéraux, est-ce que ce n'est pas votre malheur?

M. Landry: Bien, moi, ce que je vous dis, c'est que ce n'est pas une question de momentum, c'est une question de fond. Regardez bien la progression mathématique, là, 40 %, 50 %, x années plus tard, 50 % plus x. Et c'est ça le travail patient de gens dont on ne connaît même pas le nom souvent, qui sont des militants, des militantes et qui, chaque jour, à l'école, à l'hôpital, à l'usine, continuent à faire progresser une idée qui est tellement naturelle qu'une des surprises dans la vie, c'est que ça ne soit pas encore fait, mais je suis sûr que ça va se faire.

M. Nadeau (Rémi): Est-ce que vous pensez qu'une fois que la poussière de Gomery sera retombée que ça va être maintenu à ce niveau-là?

M. Landry: Parfaitement parce qu'avant le référendum de 1995, six mois avant, on avait 40 %... on avait 39 %. Alors, ça veut dire que, comme on est bien avant Gomery, entre 45 % et 50 %, et près de 50 % avant Gomery, ça veut dire que le mouvement dont je parle qui n'est pas... la souveraineté, comme certains le disent, n'est pas inéluctable, il faut se battre pour qu'elle se fasse, mais comme on a l'intention de se battre et qu'on se bat bien, elle va se faire. Mais je ne veux pas que personne dise: Ah, bien, c'est fait, plus besoin d'en parler. Non, non, non. Il faut intensifier l'action pour que le résultat soit plus spectaculaire encore.

Le Modérateur: Dernière question en français.

M. Séguin (Rhéal): En 2003, M. Landry, en 2003, vous avez beaucoup, beaucoup parlé de souveraineté, comme vous l'avez dit, mais vous n'avez jamais pris un engagement ferme de le réaliser, de tenir un référendum sitôt élu. Je me demande pourquoi vous vous refusez à prendre cet engagement ferme, aujourd'hui, comme l'avait fait Jacques Parizeau durant la campagne de 1994?

M. Landry: Je vous l'ai dit, là, moi, je suis le chef d'un parti démocratique qui s'en va vers un congrès en juin, et c'est les militants et les militantes qui vont décider, et, à mon avis, ils vont décider qu'il y aura un référendum le plus rapidement possible dans le mandat. Et, s'ils font ça, je serai ravi, parce que c'est ça que je pense moi-même.

M. Nadeau (Rémi): Est-ce que vous pensez - juste avant de passer en anglais - que l'opposition devrait faire tomber le gouvernement Martin?

M. Landry: Moi, j'ai une confiance énorme dans notre parti frère qui est là, le Bloc québécois, et qui observe ça d'heure en heure. Et, sur cette question, ce sont nos conseillers, et non l'inverse.

M. Séguin (Rhéal): Et quel impact pourrait avoir l'élection de plus de 54 députés bloquistes à Ottawa sur le mouvement souverainiste?

M. Landry: Il faudrait que je réfère à des vieux numéros du Globe and Mail pour me faire une idée.

M. Séguin (Rhéal): Non, mais je vous pose la question, là: Qu'est-ce qui arrive si vous avez 60 députés bloquistes à Ottawa? Vous pouvez répondre.

M. Landry: Vous êtes un bon analyste politique, comme moi, j'imagine que 60 députés bloquistes, ça va stimuler l'imagination populaire dans la bonne direction.

M. Grant (John): Mr. Landry, there are people that will take a look at today's poll and say: Well, it's a temporary effect, it's just the Gomery effect, it has nothing really to do with Quebeckers feelings about independence. Are you suggesting that there's something deeper than the Gomery work here?

M. Landry: No, it's not a matter of poll, first, nor a conjunctural matter. We were marginal, we, the sovereignists, in the sixties. In 1980, we were at 40 %, 1995, 50 %, and next time, majority. It's a deep movement toward what Québec must be, toward Québec's fate.

M. Tremblay (Félix): ...rather odd that that deep movement would change all of a sudden, over the last few months.

M. Landry: No. Look, I don't comment that poll, but look at the polls since months and months and months, we were between 45 and 50 before Gomery. It's an evolution. And if you want some details, first, the alliance between generations.
When I became a sovereignist, almost everyone older than me was against me, almost. It's not the case today. Next referendum, my generation votes, my children's generation votes and my granchildren generation votes. That's part of the explanation. Other part of it is important movement amongst Quebeckers from immigration sources, the children of Bill 101. They went to the scools with our children and they have about the same look over Québec than our own children. That's very deep factor plus anything related to wins. But, it's not a matter of wins, it's a matter deep movement.

Mme Barton (Rosemary): Mr. Landry, what do you think about the fact that these fights in support happened after major problems at the federa level, after the failure of Meech Lake and, now, after the Gomery inquiry?

M. Landry: Before those very serious accidents in Ottawa, the movement was going from 40 % to 45 % and 45 % between 50 % since months. So it's no surprise.

M. Tremblay (Félix): Mr. Landry, do you think that sovereignists who... well, people in the polls who say that they would vote for sovereignty just because they're upset at the way things are runned in Ottawa? What do you think of those sovereignists?

M. Landry: Of course, no, they're not saying that first. And that cannot be true because they voted at 50 % in 1995, many years ago. Imagine what it would be today.

M. Tremblay (Félix): And Mr. Landry...

M. Landry: The name of Gomery was not known and Jean Brault was still considered to be an honest person without any accusation and we were at 50 %.

M. DeSouza (Mike): Mr. Landry, over the weekend, the ADQ actually came out with one of their own polls showing support for autonomism was higher than suppor for sovereignty or federalism. Do you think that autonomism is a marginal...

M. Landry: I don't comment serious polls, I don't want to comment non serious ones.

M. DeSouza (Mike): What do you think of those? The autonomist movement, is it marginal as sovereignty was in the 1970s or...

M. Landry: Repeat the last part of the question.

M. DeSouza (Mike): How would you qualify the autonomist movement? Do you think it's serious?

M. Landry: It was fantastic in the time of Union nationale and in the aera when I was born everyone was believing to that and voting for Duplessis and all the others, Antonio Barrette, many years ago.

M. DeSouza (Mike): You don't think it's serious, a serious option?

M. Landry: No, even for Canadians. We have seen many times in polls in Canada saying take it or leave it. Take it or leave it.

M. Séguin (Rhéal): And 54 %, what is this suppose say? What message does it send to the rest of Canada?

M. Landry: You're a better expert than I am.

Journaliste: Mr. Landry...

M. Landry: But I hope that, polls or not, our friends in the rest of Canada are realizing where we are going step by step in a strictly democratically since years, and they must prepare themselves to do that. They must prepare themselves to be excellent neighbors, it is our commitment, we will be excellent neighbors to the rest of Canada.

M. Séguin (Rhéal): They should be preparing now for the advent of Québec sovereignty...

M. Landry: I think it is wise for our friends in the rest of Canada to prepare themselves to Québec sovereignty.

Mme Barton (Rosemary): Mr. Landry, the chief justice of the Québec Court Appeal, as you know, has said that sovereignists should not be involved in the judicial process in any way because they don't believe in...

M. Landry: Ah! oui, ça, je pense qu'on devrait le faire en français aussi. C'est lamentable, mais le juge en chef du Québec, le juge en chef de tout le Québec a commis une très grave erreur de jugement qui le disqualifie pour ses fonctions. Il est le personnage numéro un au Québec du pouvoir judiciaire, et, après avoir dit ce qu'il a dit, je crois qu'il devrait sagement renoncer à ses fonctions, comme le Bloc québécois l'a demandé.
Si on élabore un peu, ces propos-là sont dépourvus de jugement et insensés parce qu'il dit qu'un souverainiste ne peut pas exercer le pouvoir judiciaire. Que fait-il de tous les juges de la Cour du Québec dont un certain pourcentage est souverainiste? Ça veut dire que les juges de la Cour du Québec qui ont à juger du Code pénal canadien, du Code civil québécois et d'autres législations canadiennes et québécoises, parce que souverainistes, ne seraient de bons juges. C'est très lourd comme affirmation et, permettez-moi de le dire, pour les juges vivants et ceux qui ne le sont plus.

M. Dutrisac (Robert): Mais, est-ce qu'il n'a pas juste fait preuve de candeur, qu'il ait révélé finalement une pratique qui est celle qui existe, la réalité finalement?

M. Landry: Mais il va beaucoup plus loin que ça. Il ne fait pas juste dire que les juges sont nommés de la façon que l'on sait, il prétend qu'un souverainiste n'est pas apte à juger. Bien alors, tous les juges de la Cour du Québec, là, qui sont des gens extrêmement honorables et qui jugent parfaitement bien ne sont pas aptes à juger parce que certains d'entre eux sont souverainistes? La voyez-vous, la connexion, là? Il ne peut pas dire: C'est juste les juges nommés par Jean Chrétien, etc., là, ce n'est pas ça, là. Le gouvernement du Québec nomme des juges qui ont à appliquer le Code pénal du Canada et toutes les lois du Canada quand ça leur est soumis. Lui, il va prétendre qu'ils ne sont pas aptes. Extrêmement grave, trop grave pour rester juge en chef du Québec.

Mme Barton (Rosemary): M. Landry, would you qualify those statements in English, now, if you don't mind, what you feel should happen to the Chief Justice?

M. Landry: Yes. You are entitled to have an answer, you were the first to ask the question.
Yes, unfortunately, I think that the first magistrate of Québec committed a very serious error of judgment - and the main characteristic of the first magistrate must be judgment - because it's discriminatory. Any qualified citizen, regardless the political opinion, can be an excellent judge.
And, worse than that, many sovereignists are judges, appointed by Québec, but to judge exactly the same laws: canadian Criminal Code, Québec's Civil Code and other parts of our... by-laws. So, if a sovereignist cannot be a good judge, he's insulting all the Québec's court judges, living or dead.

Mme Barton (Rosemary): And you would like him to resign? Is that what you think...

M. Landry: I think it's a too serious error to allow him to still be in the popular imagination and, in fact, the Chief Justice of Québec.

Une voix: Merci.

M. Nadeau (Rémi): ...vous avez demandé à M. Marcoux de poser des gestes? Parce qu'hier il n'a pas commenté.

M. Landry: Bien, il n'avait pas eu le temps de lire les propos, si j'ai bien compris, de les analyser. Alors, on va voir, maintenant qu'il a eu le temps d'analyser.

Des voix: Merci.

M. Landry: Merci beaucoup, bonne journée.

(Fin à 12 h 11)

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