Point de presse de M. Rosaire Bertrand, député de Charlevoix , M. Claude Cousineau, député de Bertrand , et M. Luc Thériault, député de Masson
Version finale
Thursday, June 16, 2005, 9 h 30
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Neuf heures trente minutes)
M. Bertrand: Alors, bonjour. De la façon dont nous avons l'intention de procéder pour vous simplifier tout ça, on n'est pas trois, qui fait un trio, là, c'est simplement qu'on a pensé que c'était plus pratique pour vous autres, compte tenu qu'on fait tous la même annonce, qu'on va le faire un après l'autre, mais on va rester ici, en avant, pour après, pour la période de questions. Alors, on va essayer quand même de procéder... On m'a dit qu'il fallait fermer le cellulaire, hein? Alors, pour vous autres, ça va être efficace. Ça va comme ça? On va parler - ça va être moi, ça va être Claude Cousineau et Luc - un après l'autre, puis après ça, bien, on répondra aux questions, à qui vous les dirigez.
D'abord, je vous informe que je suis en faveur d'André Boisclair. On sait qu'il n'a pas encore annoncé officiellement sa candidature, mais j'espère que dans les prochaines heures il va le faire, et je vais vous dire évidemment pourquoi. Je vous dis tout de suite qu'André est d'abord et avant tout un souverainiste qui veut réaliser la souveraineté le plus tôt possible. Il est très jeune et très expérimenté en même temps. Bon. Tout ça, vous savez tout ça, je ne vous ai rien appris de nouveau jusqu'à maintenant.
Moi, je me suis posé trois questions principales, je m'en suis posé d'autres, mais j'ai résumé ça, j'ai ramené ça à trois questions principales. Et j'ai basé mon choix sur ces trois questions-là, des réponses que je me suis faites: Qui, des candidats et candidates déclarés et potentiels, qui peut le mieux préparer le Québec à devenir rapidement le pays du Québec? La deuxième question que je me suis posée, c'est: Qui peut préparer le Parti québécois pour la prochaine élection et le référendum? Et j'ai mis, dans ma question, un premier mot de tout ce que ça me prenait: qui était le plus rassembleur. Et une troisième question, étant de la région de Québec, le député de Charlevoix, ex-ministre de la région de Québec, pour moi, la région de la Capitale-Nationale et la région... j'ajoute la région de Chaudière-Appalaches, parce que, pour moi, c'est vraiment intimement lié: Qui, quel candidat ou candidate est le mieux placé pour développer, pour travailler davantage avec et pour la région de la Capitale et Chaudière-Appalaches? Comme vous pouvez voir, j'ai concentré sur trois questions, et, à ces trois questions-là, la réponse à chaque fois m'est venue.
J'ai analysé, comme je vous dis, même la venue de M. Bernard qui, soit dit en passant, tant qu'à moi, est une bonne nouvelle. Et au niveau de la population et de la presse, je pense que ça confirme qu'on va avoir une investiture très, très mouvementée, très profonde en discussions et avec les autres candidats qui, je le souhaite, devraient annoncer prochainement. Bien, si on s'en va vers... entre cinq et sept candidats à l'investiture, ça va faire certainement une belle course. Alors, voilà les trois questions que je me suis posées, et j'ai décidé en connaissant... J'ai l'avantage, moi, de connaître toutes ces personnes-là qui ont annoncé... ou en train de se préparer, et c'est pour ça que j'ai pu me poser ces trois questions-là et d'en venir à la conclusion qu'André Boisclair répondait positivement aux trois principales questions que, moi, je me posais pour faire mon choix. Alors, c'est la raison pour laquelle aujourd'hui, je n'hésite pas à donner mon appui à André Boisclair.
Évidemment, on pourra répondre à des questions après, mais j'ajoute simplement qu'au niveau du comté de Charlevoix, l'Association du Parti québécois de Charlevoix est une des plus... sinon celle qui a le plus de membres au Québec à l'heure actuelle. On a eu un exécutif et on a analysé à peu près dans le même sens... et l'association comme telle ne s'est pas prononcée, si ce n'est qu'elle a demandé à André Boisclair d'être de la course, mais son appui viendra plus tard parce qu'on n'a pas voulu imposer, là, aux membres de l'exécutif un choix. Alors, voici, autant que Rosaire Bertrand, député de Charlevoix, est concerné, son choix va à André Boisclair. Et maintenant je passe la parole à Claude Cousineau.
M. Cousineau: Merci. Alors, merci de votre présence. C'est bien agréable de vous voir en si grand nombre ce matin, ici. Écoutez, beaucoup d'entre vous... quelques-uns d'entre vous, la semaine dernière et cette semaine, m'avez demandé: M. Cousineau, est-ce que vous allez vous positionner dans cette course qui s'annonce au Parti québécois? J'ai mentionné: Bien, écoutez, attendez la dernière semaine, probablement jeudi ou vendredi, avant le départ pour la période estivale.
Je fais miens les propos de mon confrère le député de Charlevoix, M. Bertrand, parce que ça répond exactement à mon enlignement. C'est très clair que, depuis quelques semaines, depuis quelques mois, je réfléchis beaucoup. C'est sûr que, comme députés, évidemment, nous, on voit ça... Les gens qui s'annoncent présentement, nous les connaissons, notre idée est assez faite, là, du moins pour les gens qu'on côtoie régulièrement. Mais en ce qui a trait... Les gens de mon exécutif et puis les gens de mon entourage, j'ai posé beaucoup de questions depuis deux, trois semaines, voire même... on a fait beaucoup d'appels. Les gens de mon exécutif, les gens de ma parenté, on a essayé de voir, là, comment est-ce qu'on était pour s'enligner dans cette course.
Moi, je trouve que c'est très sain pour le Parti québécois, parce que vous savez que le Parti québécois est en pleine mutation, depuis deux ans, avec la saison des idées. Vous avez vu qu'il y a beaucoup de choses qui ont progressé. Il y a beaucoup de militants, militantes qui ont participé à l'ensemble des travaux depuis deux ans, la saison des idées. Et puis tout ça, soit dit en passant, on le doit à M. Landry. Vous avez assisté, la plupart d'entre vous, au congrès que nous avons... le congrès national que nous avons eu il y a deux semaines. Vous avez vu de quelle façon ça s'est déroulé. Moi, ce que j'ai trouvé formidable dans ce congrès-là... Bon, c'est clair qu'on a perdu un chef que j'aimais énormément, là, c'est sa décision, mais, moi, ce que j'ai trouvé formidable à ce congrès, c'est de voir le nombre de jeunes qui côtoyaient puis qui gravitaient avec les personnes de première heure. Alors, c'était assez diversifié au niveau des groupes d'âge, au niveau des différents groupes qui représentent la société. Donc, pour ça, c'est très, très, très encourageant.
Et, au bout de la ligne, moi, je pense que ça nous prend un rassembleur. Je ne minimise pas du tout, du tout les autres candidats. J'appuierai André Boisclair parce que, bon, comme je vous ai dit, beaucoup de discussions dans mon comté, beaucoup de vérifications, et puis je crois qu'André a pris une année de recul. Il est allé à l'extérieur, il a réussi à se faire beaucoup de contacts sur le plan international, donc il a des contacts internationaux maintenant, et puis il est allé chercher du plus. Pour moi, André représente le rassembleur que le Parti québécois a besoin. Et, encore là, sans minimiser le travail des autres candidats qui se présentent.
Ça va faire une belle course, comme disait Rosaire, mais, moi, je vous annonce ce matin que j'appuierai la candidature d'André Boisclair. Alors, André devrait normalement annoncer quelque chose demain. Vous allez sans doute être présents à sa conférence de presse. Mais, moi, c'est dans ce sens-là, alors donc le dynamisme du bonhomme, son ouverture, son entregent et puis sa facilité à traiter des dossiers. Et je lui ai posé une question qui est incontournable pour moi, c'est la souveraineté du Québec, et puis, André, je lui ai dit que, moi, là, il n'y a pas de raccourci, ou il n'y a pas de faux-fuyant, ou il n'y a pas de lancer en avant, c'est la souveraineté, et puis André m'a dit qu'il était sur la même longueur d'onde concernant l'accession du Québec à la souveraineté.
Alors, voici ma position, comme je l'avais mentionné. Et puis, comme Rosaire, on répondra à vos questions. Merci.
M. Thériault: Alors, je serai bref. C'est une décision mûrement réfléchie. Jusqu'à, je dirais, hier, si vous m'aviez posé la question, je vous aurais dit que je faisais partie des non alignés ou des dits non alignés.
M. Landry, qui était mon premier choix, et je tiens à le dire, M. Landry, dans les deux dernières années, nous parlait beaucoup de l'alliance intergénérationnelle pour pouvoir atteindre le pays du Québec, et lorsqu'on regarde la strate des 35, 45 en termes de militants au Parti québécois, bien il y en a peu, dans la députation aussi il y en a peu, et je pense qu'André Boisclair, qui est perçu comme, et vous allez peut-être trouver ça paradoxal, mais qui est perçu comme le candidat de la continuité et du renouveau... De la continuité, pourquoi? Parce qu'il a un parcours militant, parce que les gens savent qu'il va très bien porter le programme qu'on vient de voter, donc... et du renouveau, la perception du renouveau parce qu'effectivement il a su prendre une distance, aller visiter les gens, faire des réseaux, créer des réseaux, discuter, et ça, pour quelqu'un qui est dans l'arène politique comme il l'était comme leader de l'opposition, bien c'est quelque chose d'important, cette prise de distance. Alors, perçu comme le candidat de la continuité et du renouveau. Et donc André va probablement être dans la position où il est, et ce qu'il représente, celui qui pourra créer ce pont intergénérationnel. Et moi, ça m'apparaît très important.
Au niveau des qualités de l'individu - et ça n'enlève rien aux autres candidats - il a ce qu'il faut. C'est un très bon debater, c'est quelqu'un qui, sous la pression, ne croule pas, au contraire, il brille, et c'est quelqu'un aussi qui a beaucoup maturé, je pense, la dernière année.
On a eu, malgré que j'étais très occupé dans un dossier fort important, cette semaine, on a eu de bonnes discussions. Et la dernière a été déterminante, hier, et c'est pourquoi je pense qu'il est celui qui nous fera gagner la prochaine élection et nous amènera à la souveraineté du Québec. Merci.
M. Dutrisac (Robert): M. Boulerice, hier, a dit que le passage qu'il a fait aux États-Unis fait en sorte que M. Boisclair avait changé en profondeur. Est-ce que c'est votre avis aussi?
M. Thériault: Changé en profondeur? Je ne sais pas ce à quoi il fait référence, mais il est clair, net et précis qu'André Boisclair, dans la position qu'il postule, me semble être quelqu'un qui va se mettre en mode écoute et qui va être capable de porter ce qu'il entend. André a toujours été très volontaire, hein, dans les positions qu'il occupait. Et ce que j'ai trouvé fort intéressant, c'est que cette distance qu'il a prise depuis un an, bien, a développé beaucoup sa capacité d'écoute et de pouvoir rassembler. Alors, c'est quelqu'un qui pose beaucoup de questions plutôt que de prétendre qu'il a toutes les réponses, et ça, c'est fort intéressant quand quelqu'un veut devenir chef du Parti québécois.
M. Larocque (Paul): Il est moins... il est moins «cocky» qu'il était, moins prétentieux?
M. Thériault: Non... Bien, c'est un jugement de valeur que vous portez qui me semble déplacé, là.
M. Brunet (Claude): Comment vous expliquez que, jusqu'à présent, M. Boisclair recueille beaucoup plus d'appuis du côté de la députation que Pauline Marois qui, pourtant, est une femme d'expérience, qui a eu des responsabilités fort importantes au sein du gouvernement?
M. Bertrand: Bien, j'ai l'impression que quand vous écoutez les trois questions que je me suis posées - et j'écoute ce que Luc et Claude donnent, puis même André Boulerice aussi - l'évaluation qu'on fait, c'est que c'est la meilleure... André Boisclair est la meilleure personne parmi les candidats et candidates, inclus Mme Marois, malgré sa vaste expérience, pour atteindre les objectifs qui, à court terme, je le fais remarquer, nous attendent.
Moi, je pense que le milieu politique dans les quatre à cinq prochaines années, et tout le milieu politique, va être un milieu... à partir de maintenant ou d'il y a quelques mois, va être un milieu très, très mouvementé, que ce soit fédéral, Québec et même municipal.
Alors, quand vous regardez tout ça, l'intergénérationnel, l'ensemble des qualités requises, l'ensemble des réponses à nos questions - comment choisir quelqu'un? - ça n'enlève rien à Mme Marois.
Maintenant, moi, je n'ai pas eu... Au niveau du caucus, les gens commencent à se prononcer. Il faut faire attention là-dessus. Et il n'y a pas eu à ma connaissance encore beaucoup, beaucoup de députés qui se sont prononcés. Est-ce que, exemple, Richard Legendre va en avoir avec lui? Qui va accompagner Mme Marois? Et ce qu'elle me disait - je pense c'est hier - qu'elle avait des personnes qui l'appuyaient - elle ne les dit probablement pas tout de suite - autres que les deux qui sont connues là, Nicole Léger et Jocelyne. Alors, c'est pour ça que c'est difficile de vraiment confirmer l'affirmation que... la question que...
M. Cousineau: Sur cette question, un complément de réponse. Écoutez, les gens qui s'annoncent présentement - et probablement ceux qui vont s'annoncer, parce que j'entends des noms - sont des gens avec beaucoup, beaucoup de potentiel. C'est des gens qui ont des feuilles de route assez extraordinaires au sein du parti et comme militants, comme militantes. Donc, des gens avec du potentiel.
Mais, comme Rosaire et Luc, moi, je considère que la coche supplémentaire que possède André, c'est évident que ce jeune homme de 39 ans, bien, c'est celui qui peut rallier tout le monde et puis nous conduire vers l'objectif ultime qu'on s'est fixé, la souveraineté du Québec.
Mais ça n'enlève rien aux autres candidats et candidates. Ce sont des personnes... Regardez, vous avez M. Bernard qui s'est annoncé hier. Bien, regardez la feuille de route de M. Bernard. C'est assez, c'est assez extraordinaire. C'est un monsieur qui a eu une implication au sein de la gouvernance, au sein de l'État. C'est très important, son dossier. Mais il n'en reste pas moins que, pour moi, André Boisclair a la coche supplémentaire de rassembleur et puis de meneur au sein du Parti québécois.
Mme Thibeault (Josée): Est-ce que chacun d'entre vous allez demander, un peu comme M. Bertrand, à leur exécutif de comté d'appuyer André Boisclair?
M. Cousineau: Luc.
M. Thériault: Oui. En ce qui me concerne, depuis le lundi qui a suivi le congrès, il y a des coeurs qui ont été sondés. Alors, moi, je voulais absolument que toute l'organisation de Masson puisse aller dans ces milieux de vie et voir ce qui pouvait arriver et comment les gens réagissaient.
Et hier... Et là il est clair qu'il y a des tendances qui se dégageaient. Et hier... Et là, vous savez très bien que, bon, il y a eu aussi le départ de François Legault, le départ de Gilles Duceppe, etc. Bon, bref, hier, on a fait une mise au point là-dessus et, moi, ce que j'ai dit à mon exécutif, c'est: Écoutez, moi, je veux prendre position maintenant parce que, pour qu'il y ait des candidatures, il faut des candidats à appuyer, et je veux les appuyer.
Maintenant, nous allons nous revoir et, si votre décision n'était pas la mienne, soyez bien à l'aise là-dessus. Et vous savez le respect que j'ai pour mes militants. Et, de toute manière, je vous dis qu'ils appuient unanimement le choix que je fais. Alors, c'est plus facile dans ce temps-là. Mais je les ai mis bien à l'aise en leur disant: Je vous avertis que je vais prendre position. Je ne veux pas que des gens continuent à me courtiser et aient des attentes. Je veux que les choses soient claires. Mes couleurs sont annoncées maintenant, par respect pour les gens qui doivent faire du travail pour convaincre d'autres personnes.
M. Dutrisac (Robert): ...les fidèles, ceux qui ont été fidèles à M. Landry, est-ce que, justement, vous pensez que des députés qui sont dans votre position, etc., auront plutôt tendance, pour une raison de continuité, à appuyer M. Boisclair?
M. Bertrand: Je n'ai pas l'impression. C'est drôle, malgré qu'on se parle beaucoup, non, je n'ai pas l'impression. J'ai l'impression que ce qu'a fait M. Landry, il nous a fait énormément de peine, la décision qu'il a prise, c'est clair que le comportement de certaines personnes au sein du parti qui ont amené la démission de M. Landry nous a fait aussi beaucoup de peine, mais, moi le premier, je passe par-dessus ça parce que ce qui est important, à partir de maintenant, ce n'est pas ce qu'on peut ressentir envers d'autres personnes. Ce qui est important, c'est de se concentrer sur quelle est la meilleure personne, à mon point de vue, à leur point de vue, chacun individuellement, pour prendre la direction du Parti québécois.
Je vous donne juste un exemple. Quand je vous posais mes trois questions de tout à l'heure, la question qui dit: Quelle est la meilleure personne pour donner au Parti québécois le regain, l'énergie pour les prochaines années? Quand je dis, je réponds à ça: André Boisclair, il a tous les contacts dans les 125 associations ou presque, il a à la fois des connaissances, la capacité, il connaît les dossiers, et physiquement, on peut se le dire, là, ce n'est pas ça qui va faire la grosse nouvelle, mais c'est clair que physiquement il faut avoir la capacité.
Parce que la responsabilité du ou de la prochaine chef du Parti québécois va être très, très, très exigeante: implication dans l'élection fédérale, au niveau du Parti québécois c'est clair qu'il faut remonter la situation financière et des membres, préparer l'élection du Québec et le référendum, ça veut dire que pour les prochaines années ça va être très, très, très exigeant.
M. Larocque (Paul): Donc, Louis Bernard est trop vieux pour faire ça, c'est ce que vous nous dites?
M. Bertrand: Non, non. Pour être du même âge, soit dit en passant, mais force est d'admettre, pour être du même âge, justement, force est d'admettre que, physiquement, dans des exigences comme ça, bien, à un moment donné, tu fatigues un petit peu plus vite. Mais il y en a qui ont des résistances. On l'a vu avec M. Bernard... avec M. Landry, il a une résistance absolument incroyable, lui aussi qui est juste quelques mois de plus jeune que moi.
M. Brunet (Claude): Donc, l'âge entre en ligne de compte, c'est ce que vous dites?
M. Bertrand: C'est-à-dire que ce que je dis, je dis qu'il y a un facteur qu'on ne peut négliger, c'est que ça va être très exigeant pour la personne qui va prendre le leadership. C'est ça que je dis. Il ne faut pas confondre ou que les gens disent que, moi, c'est l'âge qui me guide, là, je dis simplement que c'est un des facteurs.
M. Nadeau (Rémi): Juste au sein de la population, est-ce que vous pensez que M. Boisclair c'est quelqu'un qui passe? Parce qu'à date, dans les sondages, là, dans le grand public, il n'avait pas tant que ça d'engouement à son endroit.
M. Bertrand: Bien, moi, je vais vous dire, depuis vendredi dernier, j'ai parlé à beaucoup de monde, et à Québec et dans Charlevoix, puis c'est le nom que les gens me disent spontanément et, ce qu'ils invoquent le plus, ce n'est pas ce qui s'est passé avec M. Landry, ce qu'ils invoquent le plus, c'est la question de changement de garde, de quelqu'un qui apporte une dimension différente. Et ça, quand on a eu notre réunion de l'exécutif, ça a sorti aussi, parce que les gens en parlaient avec d'autres personnes. Ça a été exactement la même chose. Nous, notre exécutif dans Charlevoix, je vous ai dit à l'unanimité, on demandait à André Boisclair de se présenter, mais ils ne se sont pas prononcés comme appui à l'exception d'à peu près le trois quarts des membres, c'était réglé, c'était André Boisclair. Les autres se gardaient la marge de manoeuvre nécessaire pour attendre quels étaient les candidats et candidates.
Mme Thibeault (Josée): ...Lucien Bouchard n'a plus sa place. Tout le monde va s'être décidé d'avance.
M. Bertrand: On verra en temps et lieu. Mais, des Lucien Bouchard, à ma connaissance, il n'y en a pas trop, trop.
M. Larocque (Paul): Il paraît qu'il veut revenir.
M. Lessard (Denis): Est-ce que vous estimez qu'il devrait s'engager à supporter les candidats dans un comté ou il peut faire un effet pour aller à la chefferie puis repartir à Toronto si ça ne fonctionne pas?
M. Bertrand: Ce n'est pas le style de M. Boisclair. Mais, c'est-à-dire il choisira, parce qu'il y a quand même des précédents. Quelqu'un qui est élu puis qui fait un certain temps à rebâtir son parti. On a vu ça avec quelques leaders. Alors, ça, c'est son choix. Mais, connaissant André, il ne viendra pas ici pour essayer puis retourner.
M. Larocque (Paul): M. Bertrand, est-ce que vous pensez que la question de l'homophobie risque d'émerger à un moment donné? Est-ce que ça pourrait nuire à M. Boisclair.
M. Bertrand: Non. Je ne pense pas, d'aucune façon. Moi, il n'y a personne à l'heure actuelle, dans toutes les personnes que j'ai rencontrées, qui m'a même parlé de ça ou posé la question, du tout. Quant à M. Bouchard, parce que vous avez posé la question sur M. Bouchard, les raisons que M. Bouchard invoquait à son départ, à mon sens à moi, sont encore valables aujourd'hui. Alors, je n'ai certainement pas l'impression... Et Dieu sait comment j'ai de l'amitié et du respect pour M. Bouchard.
M. Deltell (Gérard): M. Bertrand, vous êtes un parlementaire d'expérience, comment vous qualifiez les événements hier avec Elsie Lefebvre?
M. Bertrand: Je trouve que M. Charest est allé beaucoup, beaucoup trop loin. Il y a eu une réaction tout au moins en tout cas beaucoup trop - comment je dirais bien ça - impulsive. Je ne pense pas qu'il avait, vis-à-vis un jeune ou une jeune députée, à répondre avec autant de force. J'employerais quasiment le terme qui peut démolir une carrière, parce que c'est très, très dur la façon dont il l'a fait. Et, à partir du fait que la personne a posé une question basée sur quelque chose qui avait sorti dans la presse, à mon sens, M. Charest n'avait pas à s'en prendre de cette façon-là. Il aurait pu facilement faire une mise au point sur un ton très correct.
M. Deltell (Gérard): Vous parlez du ton dans sa réponse, je dirais, verbale, là, qu'on a entendue, qu'on a vue et qui était inscrite dans les Journal des débats. Est-ce que vous voulez commenter ce qu'il a dit après?
M. Bertrand: Non, bien ça, on n'a pas... J'ai lu, comme bien du monde, là, ce matin, ce qu'il aurait dit après, mais, moi, personnellement je ne l'ai pas ni vu ni entendu. Mais, cette partie-là, je ne peux pas la commenter. Moi, je commente uniquement, là, sur sa réaction que j'ai trouvée vraiment... ce n'était pas nécessaire.
M. Cousineau: De toute façon, Elsie Lefebvre, elle a soulevé une question qui avait déjà, là, été soulevé par un de vos confrères. Donc, elle a soulevé cette question-là, mais ça venait d'un de vos confrères, et puis ça se pose comme question, à l'Assemblée nationale. Donc, j'imagine que Jean Charest aurait pu réagir face au journaliste qui a écrit plutôt que de s'en prendre à une jeune députée qui, à mon avis, est extraordinaire.
M. Brunet (Claude): Est-ce que M. Charest doit s'excuser?
M. Thériault: Écoutez, ça lui revient, s'il veut s'excuser. Mais il y a une chose qui est certaine, là, à partir du moment où, nous, on lit et on écoute les nouvelles, comme vous tous, et qu'en quelque part il y a quelque chose qui apparaît sur la place publique, on est en droit de poser une question que la population se pose de toute façon, dans les circonstances.
Or, moi, je trouve que la réaction, même son intervention, il était peut-être choqué, là, mais même son intervention, je me demande si elle aurait été de la même intensité si ça avait été posé par un député chevronné, et je pense qu'il en a profité, à ce niveau-là, pour vraiment essayer, là, de faire le grand théâtre, le grand théâtre pour essayer d'écraser une députée, une jeune députée qui commence, et qui fait tout simplement son travail, et qui rapportait des propos qu'avait tenus M. Tourangeau.
M. Deltell (Gérard): Grand théâtre...
M. Bertrand: J'ajouterais...
M. Deltell (Gérard): Grand théâtre, M. Thériault, s'il vous plaît, j'aimerais...
Une voix: Oui?
M. Deltell (Gérard): Vous parlez que M. Charest a fait preuve de grand théâtre hier?
M. Thériault: Je pense qu'il faut doser nos réactions, le caractère solennel. Il y a une façon de dire les choses et de dire: Je suis touché, je pense que c'est inacceptable. Mais l'intensité, le ton, la colère et puis tout ça, moi, je pense qu'il aurait pu essayer de se contrôler davantage. C'est un homme d'État.
M. Bertrand: J'ajouterais quelque chose. Il ne faudrait pas oublier, il ne faudrait pas que M. Charest oublie, là, puis c'est vous autres qui avez déclaré, il y a quelques semaines, des noms, dans les journaux, de gens qui composent les cabinets, là, des frères, des beaux-frères, des chums, et ci, et ça, là. À la minute où tu permets ça, tu ouvres le flanc à un tas d'affaires, et il ne faut pas s'imaginer parce que c'est ça que l'opposition va s'exempter de poser des questions. Alors, c'est eux autres mêmes qui l'ont créé, le danger. Oui?
Mme Rich (Kristy): ...pouvez répondre à quelques questions en anglais?
M. Bertrand: Est-ce que c'est fini? Si c'est fini, courtes questions, parce qu'on n'est pas des spécialistes dans la langue anglaise. Merci. Oui?
Mme Rich (Kristy): Can you tell us, maybe Mr. Bertrand, why you decided to take position today on the leadership race?
M. Bertrand: Today instead of anytime else? No? Well...
Mme Rich (Kristy): ... after M. Boisclair...
M. Bertrand: Today because I think it is time for some of us - at least for me - it is time to decide and let the people know who I am going to work with at this next PQ Convention.
Mme Rich (Kristy): ...that so many people are backing Mr. Boisclair and maybe not Mme Marois?
M. Bertrand: Well, I think that... I asked myself three questions: Who will be the best person to lead the Québec people to the referendum for yes evidently? Who will be the best person to lead the Parti québécois, get the Parti québécois ready for the next election and win the referendum? And: Who will be the best leader for this region, Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches for the next years?
And my answer to my three questions was André Boisclair because I think he's the leader we need, he's our... how do you say «rassembleur»? How do you say «rassembleur» in English?
Journaliste: He brings people together, he...
M. Bertrand: He brings people together. He's the person who brings people together at all these three levels and few other qualities. And I don't have anything bad or anything against all the other people. Mme Marois, M. Bernard and the others who, I hope, will come in this race.
Mme Rich (Kristy): ...people say that Mr. Boisclair is rather cold, that he...
M. Bertrand: Well, you know, I think we all have goods and we all have qualities and... what is a «défaut» in English? False? False. And what I think is Mr. Boisclair is more - and I think Luc said it - is more mature. And, when you're going to get a big responsibility like this one, you get mature. And I don't think Boisclair is a cold man, I don't think so.
He has ideas, he can «exprime» his ideas and, as I said, when you get more responsibilities, you have to adjust yourself. He will. He's a smart guy and he will.
Mme Rich (Kristy): Mr. Charest apologized for what he said to Mme Lefebvre yesterday?
M. Bertrand: Well, he has decided, he knows what he said. But what I think is the way... let's say the words we heard were too strong, and you don't have to say that to... Even an experienced deputy, MNA, Members of National Assembly, but, worst, to a young one, girl, or woman, or man, he didn't have to go that far. Merci.
(Fin à 9 h 57)