(Dix heures trente-quatre minutes)
M. Drainville
: Alors,
bonjour, tout le monde. Merci d'être là.
On vous a convoqués aujourd'hui pour vous
annoncer que nous allons proposer à l'ensemble des députés de l'Assemblée
nationale de poser un premier geste vers un parlement moins partisan et plus
respectueux, en mettant fin aux applaudissements lors de la période des
questions et réponses orales. Nous allons également proposer à l'ensemble des
élus de l'Assemblée nationale de débuter les travaux à l'heure prévue au
règlement de notre Chambre.
Le cynisme envers la classe politique, il
est palpable au sein de la population québécoise. C'est un euphémisme que de
l'affirmer. Tous les partis ont contribué à ce cynisme-là, ayons l'honnêteté de
l'admettre, et donc nous en sommes collectivement responsables. Alors, il appartient
à nous de proposer maintenant des manières de le diminuer, ce cynisme-là.
Alors, c'est ce que veut la population. La
population veut qu'on pose des gestes. Alors, aujourd'hui, on propose d'en
poser, des gestes. Les gens, ils souhaitent des échanges, je dirais, plus
civilisés. Le mot qu'on entend très souvent à propos des travaux en Chambre et
de la période de questions, c'est le mot «cirque», hein? Très souvent, les
citoyens nous disent : C'est devenu un cirque. Bien, il faut prendre les
moyens pour que ce ne le soit plus, un cirque.
Alors, tout le monde comprend que ce n'est
pas un salon de thé, hein, le salon bleu. Ce n'est pas un salon de thé. C'est
normal qu'il y ait des débats costauds par moments, là, mais
l'hyperpartisanerie ne rend service à personne, et les applaudissements
contribuent à l'hyperpartisanerie. Pourquoi? Parce que tu cherches le clip, tu
cherches à te faire applaudir par tes collègues. Alors, en proposant de mettre
fin aux applaudissements, on pense qu'on va faire baisser l'intensité de la partisanerie
au sein de la Chambre et on pense que, de cette façon-là, on va contribuer à
réduire le cynisme.
Puis il y a juste une façon de savoir si ça
va marcher ou si ça peut marcher, c'est de l'essayer. Alors, on propose de
l'essayer et d'y mettre fin. On propose de mettre fin aux applaudissements.
Alors, ce qu'on va faire, c'est qu'on va déposer une motion sans préavis la
semaine prochaine, et dès aujourd'hui, moi, je vais m'entretenir avec le leader
du gouvernement, Jean-Marc; je vais m'entretenir avec le leader de la CAQ,
François; je vais parler probablement à Françoise chez Québec solidaire et je
vais parler à Sylvie Roy également, députée indépendante d'Arthabaska, pour
leur soumettre le libellé de la motion qui sera mise aux voix, donc, la semaine
prochaine, et le libellé de la motion prévoira la fin des applaudissements et
une modification au règlement pour les interdire. On veut le faire
formellement. Ce n'est pas juste une volonté, il faut l'inscrire dans le
règlement.
On va également proposer aux élus des
autres formations politiques que le président commence à 10 heures quand ça
doit commencer à 10 heures ou commence à 14 heures quand ça doit commencer à 14
heures. Puis ça, on n'a pas besoin d'une modification au règlement, c'est une
question de volonté des différents élus.
Alors là, moi, c'est sûr que j'étais très
content d'entendre, hier, M. Fournier dire : On est ouverts sur la
question des applaudissements, on est ouverts sur la question du temps de
démarrage, là, de la période des questions. Mais là il faut savoir :
est-ce que M. Fournier a le go de son caucus? Est-ce que le caucus libéral est
prêt à donner à Jean-Marc le go pour qu'on mette fin aux applaudissements? Et
est-ce que… comment réagira le caucus de la CAQ? Je vais voir également.
Moi, j'ai un mandat de mon caucus. Les
députés du Parti québécois sont d'accord pour mettre fin aux applaudissements
pour réduire la partisanerie, pour avoir un climat plus respectueux en Chambre.
Les élus du Parti québécois, les députés du Parti québécois sont d'accord avec
ça. Alors, dans le fond, ce que je vais faire aujourd'hui, quand je vais
approcher les élus des autres… les représentants des autres formations
politiques, je vais leur demander de se tourner vers leur caucus puis d'aller
voir est-ce qu'ils sont d'accord, eux autres aussi, pour mettre fin aux
applaudissements et pour débuter à l'heure les travaux.
Si tout le monde est d'accord, on peut
procéder très rapidement, dès la semaine prochaine, dès mardi. Et l'intention
de la motion, je vous le dis tout de suite, là, ce n'est pas de pelleter par en
avant bien, bien loin, là. Si on adopte la motion mardi, on pourrait mettre fin
aux applaudissements dès le début de la semaine suivante. Ça peut se faire
aussi rapidement que ça.
Puis juste avant de prendre vos questions,
je pense que c'est très important puis je vous le dis, là, en toute sincérité,
là il faut se sortir un petit peu de notre bulle parlementaire, là. Le
monde qui nous écoute vont dire : Les applaudissements, les
applaudissements, c'est quoi la grande révolution là-dedans? Il faut vraiment
expliquer à nos concitoyens que les applaudissements contribuent à quelque
chose qu'on veut changer. La mesure qu'on propose aujourd'hui, il faut
l'inscrire vraiment dans une approche, dans une nouvelle approche pour diminuer
le cynisme, pour redonner confiance aux gens, pour répondre, justement, à la
frustration puis à la critique qu'on entend trop souvent : vous êtes
devenus un cirque ambulant quand on vous écoute à la TV. Il faut répondre à ça.
Et je note en terminant, évidemment que la
proposition d'aujourd'hui, elle s'inscrit dans les réflexions et les
propositions qui ont été faites par François Gendron, par Sylvain Pagé, par
Benoit Charette, par Gilles Ouimet, Françoise David. Moi aussi, j'ai fait ma
part dans le temps. Alors, c'est une volonté qui est partagée, cette volonté de
lutter contre le cynisme, de ramener du décorum, de ramener plus de respect. C'est
une volonté qui est partagée par des élus de toutes les formations politiques. Alors,
mettons-nous tout le monde ensemble pour faire un premier pas. Ça ne veut pas
dire… On ne règle pas le cynisme d'un coup, ça ne sera pas une mesure qui va
régler ça, mais commençons quelque part, commençons par celle-là. C'est un
premier geste, puis on continuera par la suite avec d'autres mesures.
M. Lacroix (Louis)
: …qu'est-ce
qui arrive à une personne qui ne respecterait pas la consigne?
M. Drainville
: Le
règlement de la Chambre prévoit des sanctions. Alors, quand tu…
M. Lacroix (Louis)
: …une
expulsion?
M. Drainville
: …quand
tu manques… Bien là, Louis, c'est quand la dernière fois qu'on a eu une
expulsion? Moi, je suis ici depuis…
M. Lacroix (Louis)
:
Bien, je ne sais pas. Il faut qu'il y ait une conséquence.
M. Drainville
: Non,
mais moi, je suis ici depuis 2007, je n'en ai pas vu d'expulsion. Alors, les
sanctions qui s'appliquent au règlement vont continuer à s'appliquer au règlement.
Alors, si on s'entend pour amender le règlement, bien, les sanctions qui vont
s'appliquer dans ce cas-ci sont les mêmes sanctions qui s'appliquent déjà au
reste du règlement. Il n'y aura pas de sanction supplémentaire puis il n'y en
aura pas moins non plus. Ça va être les mêmes sanctions.
Mais, encore une fois, moi, je… Ce n'est
pas le caractère punitif qui m'intéresse beaucoup, tu comprendras, c'est la
responsabilité individuelle de chacun d'entre nous. On a tous…
M. Laforest (Alain)
:
Je peux-tu vous interrompre là-dessus, justement, M. Drainville, là?
M. Drainville
: Juste
en terminant, Alain, s'il vous plaît. On a tous une responsabilité
individuellement comme élu, là, de changer nos comportements. Alors, qu'on
décide tout le monde ensemble de se donner une règle qu'on va devoir respecter,
je pense que c'est la bonne marche à suivre. Je ne voudrais pas… parce qu'il y
en a, là, qui pourraient dire ça, là : Ah bien! justement, pas besoin de
changer le règlement, on va juste s'entendre entre nous autres pour changer nos
comportements, on va le faire sur une base volontaire. Si ça marchait…
M. Laforest (Alain)
:
Bien, c'est ça, vous dites, M. Drainville… Vous dites : Il y a des
sanctions qui s'appliquent. Vous, vous n'êtes pas intéressé par les sanctions,
vous appelez les gens à s'autodiscipliner.
M. Drainville
: Mais
oui, oui, oui. Mais écoutez-moi, là…
M. Laforest (Alain)
:
Mais, tu sais, si ce n'était pas de…
M. Drainville
: Non,
non, mais il y en a, des sanctions. C'est les mêmes sanctions qui s'appliquent
au reste du règlement. Il y a des sanctions, mais ce n'est pas là-dessus qu'il
faut mettre l'accent, je pense. Il faut mettre l'accent sur une nouvelle
attitude, un nouvel état d'esprit, un nouveau comportement. C'est là-dessus
qu'il faut mettre l'accent, et chaque député, chaque élu a sa part de
responsabilité là-dedans. C'est à nous, chacun d'entre nous de faire notre
part.
Mais ce que je dis, c'est que, de s'en
remettre seulement aux volontés individuelles, ce n'est pas suffisant. Si ça
avait été suffisant, je veux dire, le problème serait déjà réglé, hein? Parce
que tout le monde prêche individuellement, tout le monde dit : C'est
effrayant, il faut en faire plus. Bien oui, mais là allons plus loin, justement,
que la seule volonté individuelle, puis amendons le règlement, puis
donnons-nous une règle claire qu'on va devoir respecter tout le monde ensemble.
M. Laforest (Alain)
:
Donc, vous avez besoin d'une note du principal pour vous dire quoi faire, les
125 députés.
M. Drainville
: Je
pense qu'on a besoin, M. Laforest, d'un changement au règlement qui va
permettre… qui va donner au président de la Chambre l'autorité pour se lever
puis dire : Chers collègues, vous vous êtes entendus pour mettre fin aux
applaudissements, respectez le règlement que vous avez vous-même adopté.
M. Laforest (Alain)
:
…et on a vu ça — moi, ça fait quelques années que je suis
ici — qui se lève quatre fois pour dire : S'il vous plaît, s'il
vous plaît, s'il vous plaît, puis que ça n'arrête pas. Vous pensez que le
changement au règlement, le «s'il vous plaît, s'il vous plaît, s'il vous
plaît», ça va changer? Ça ne serait pas mieux de dire qu'après un avertissement
du président, si ça ne fait pas, bien, dehors, va chez le principal.
M. Drainville
: Oui,
mais là, Alain, le président de la Chambre, ce n'est pas une police, là. Tu
sais, il est là pour appliquer un règlement qu'on a nous-mêmes… qu'on aurait
nous-mêmes adopté dans ce cas-ci, tu sais. Je veux dire, à un moment donné, on
est des adultes, là, majeurs et vaccinés, tu sais. Je veux dire, si on décide
qu'on change le règlement puis que, pendant les 45 minutes que dure la
période des questions, il n'y a plus d'applaudissements, j'espère qu'on va
respecter notre propre règlement qu'on aura nous-mêmes voté, là. Tu sais, je
veux dire, on délègue au président l'autorité de faire respecter le règlement,
mais ultimement ça appartient à tous et chacun d'entre nous de changer nos
comportements puis d'accepter le règlement qu'on se sera donné.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Est-ce que, vraiment, là, à empêcher les gens d'applaudir, ça va changer le
contenu des messages, les attaques? Ça va changer ça?
M. Drainville
: C'est
un premier pas, Geneviève. C'est un premier pas. Je l'ai dit tout à l'heure, ce
n'est pas une mesure, une seule mesure qui va régler le problème de la
surpartisanerie ou de l'hyperpartisanerie, mais c'est une mesure, c'est un
début. Voyez ça comme un commencement, puis, par la suite, on pourra discuter
d'autres mesures, tu sais, en s'inspirant notamment de ce qui se fait dans
d'autres parlements, mais commençons quelque part, tu sais.
M. Boivin (Simon)
:
...la nécessité d'avoir une motion là-dessus? Pourquoi les leaders ne se
rassemblent pas au BAN puis ne s'entendent pas sur ce qu'il faut faire? Est-ce
que ce n'est pas justement...
M. Drainville
: Bien,
je vais vous dire... Oui, je vais vous dire, Simon, c'est parce qu'à un moment
donné il faut décider. Tu sais, il y a une ouverture présentement, là. Je la
salue, moi. Il y a une ouverture du leader du gouvernement pour bouger
là-dessus. Il dit : Moi, je suis d'accord avec ça. Bien, je lui tends la
main. Je lui dis : Bien, travaillons ensemble, Jean-Marc, travaillons
ensemble pour régler ce problème-là, mais inscrivons-le quelque part.
M. Boivin (Simon)
: ...
M. Drainville
: Non,
mais les écrits restent, Simon. Les écrits restent, tu sais. La volonté, là,
d'aujourd'hui peut changer demain. Le règlement, une fois qu'il est amendé, il
est là pour rester, et ça prend l'unanimité des députés pour le changer.
Alors, moi, ce que je dis, c'est : Il
y a une ouverture, il y a une volonté de régler ça, bien, réglons-le tout le
monde ensemble. La fenêtre est ouverte, là, puis vous avez suffisamment
d'expérience au Parlement pour savoir que les fenêtres qui s'ouvrent, elles se
referment. Elles se referment parfois très rapidement. Alors, la fenêtre est
ouverte, allons-y, posons ce geste-là ensemble.
Puis on s'entend, là, tout le monde va en
bénéficier. Il n'y a pas un parti en particulier qui va en bénéficier. Je l'ai
dit puis je le répète : On est tous responsables, conjointement
responsables, je dirais même individuellement responsables de la mauvaise
perception que les gens ont de nous. Bien, posons un geste tout le monde
ensemble, tous les partis, tous les élus, peu importe qui on représente en Chambre,
puis réglons ce dossier-là.
Tu sais, on en coche un puis, après ça, on
verra ce qu'il faut faire pour continuer à aller dans ce sens-là. Mais moi, je
suis certain qu'on a tous à gagner et on a tout à gagner de poser des gestes, parce
qu'ultimement, si le niveau de cynisme diminue, les gens vont avoir davantage
confiance en nous comme députés.
M. Lacroix (Louis)
:
Mais ça n'empêchera pas les députés de chahuter, par exemple, puis de se lancer
des invectives d'un côté ou de l'autre de la Chambre ou...
M. Drainville
: Bien
non, mais, Louis, je veux dire, comme je l'ai déjà dit, tu ne peux pas passer
une loi pour changer la nature humaine, hein? Tu ne peux pas passer de loi pour
changer la nature humaine.
M. Lacroix (Louis)
:
...s'ils se mettent à taper sur le bureau, si...
M. Drainville
: Non,
mais, regardez, là, il faut voir... Quelqu'un qui a un petit peu...
M. Lacroix (Louis)
:
Non, non, mais ça se fait dans d'autres Parlements, M. Drainville, vous le
savez.
M. Drainville
: Bien
oui, mais il y en a qui se tapent sur la gueule aussi, dans d'autres
Parlements, tu sais.
M. Lacroix (Louis)
:
Non, non, mais, dans des démocraties... En Angleterre, ils...
M. Drainville
: Mais,
Louis... Louis, vous aussi, vous avez une certaine expérience du Parlement,
mettons. Vous avez... Certains me disaient hier... Puis vous connaissez votre
histoire parlementaire. Moi, je l'avais oublié, ce bout-là, mais quelqu'un me
disait qu'il fut un temps où les gens prenaient leur chaussure pour taper sur
le bureau. Bon, on s'entend qu'on n'est plus là, heureusement. Voyons-y
peut-être un progrès dans la bonne direction.
Alors, moi, ce que je propose aujourd'hui,
c'est de faire un autre progrès, de poser un autre geste. Encore une fois, je
dis aux gens : Ça ne réglera pas le problème dans son entièreté, mais ça
peut peut-être diminuer un petit peu la partisanerie, ça peut peut-être aider.
Puis tout ce qui va aider un petit peu, bien, éventuellement, ça peut faire une
belle différence, une bonne différence pour que les gens aient le goût de nous
écouter un peu plus, peut-être, qu'ils nous apprécient davantage, qu'ils aient
l'impression qu'on se respecte davantage puis qu'on est moins dans notre bulle,
mais plus dans un exercice démocratique de reddition de comptes où on répond
aux questions.
M. Croteau (Martin)
:
Est-ce que votre parti va mettre en application cette proposition, peu importe
ce qu'il advient de la motion la semaine prochaine?
M. Drainville
: C'est
une excellente question. Non, mais c'est une excellente question, dans le sens
où, moi, je l'avais oublié, ce bout-là, mais on m'a dit qu'on l'a déjà essayé,
nous, au Parti québécois. Pendant une période de temps, on était les seuls à ne
pas applaudir, et je pense que le... je pense que c'est le caucus de l'ADQ
également qui n'applaudissait pas à ce moment-là. Les libéraux, eux autres,
avaient continué à applaudir. C'est ce qu'on m'a raconté. Je dis ça sous toutes
réserves, O.K.? Je dis ça sous toutes réserves, Martin, c'est important, là, ça
se peut que je me trompe, mais c'est ce qui m'a été raconté.
Et éventuellement, ce que je comprends,
c'est qu'on est revenus aux applaudissements parce qu'il y avait comme une
forme de déséquilibre. Tu sais, notre monde n'applaudissait pas nos poseurs de
questions, puis ceux qui répondaient, eux autres, ils étaient applaudis
chaudement, puis ça créait une espèce de déséquilibre dans l'atmosphère puis
dans l'atmosphère de la Chambre. Puis je vais te dire franchement, je vais vous
dire franchement, se lever en Chambre, c'est intimidant. Il ne faut pas le
nier, ça, c'est intimidant parfois de poser une question. Ce n'est pas facile
de poser une question. Alors, si, d'un côté, personne n'applaudit, puis de
l'autre ils applaudissent, ça peut avoir un effet, je dirais, un peu
intimidant. Alors, je vais me garder de répondre à cette question-là pour le
moment, je...
M. Croteau (Martin)
: …difficile
pour un seul parti de mettre en oeuvre cette proposition.
M. Drainville
: Ce que
je dis, c'est que, oui, j'irais là. Je dirais que c'est effectivement difficile
de dire : Nous autres, on va arrêter d'applaudir, mais les autres vont
continuer à le faire. Je vous dis, dans la... C'est comme jouer au hockey,
comme être sur une patinoire, là, puis tu as juste les partisans d'une équipe
qui ont le droit d'applaudir, puis les autres se privent de le faire. Je peux
te dire une affaire, ça peut avoir un impact sur le moral des troupes. C'est
bête, mais c'est ça.
Alors, cette discussion-là, là : qu'est-ce
qu'on fait si les libéraux, mettons, disent non?, on ne l'a pas eue vraiment ou,
en tout cas, on ne l'a pas réglée au caucus. Alors, on va la régler en temps et
lieu. Mais je ne présume pas... Ne présumons pas, Martin, si vous me permettez,
ne présumons pas que ça ne marchera pas. Misons sur la réussite, parce qu'il y
a une ouverture, là, de la part de M. Fournier. Puis je le redis, là :
Jean-Marc, je salue ton ouverture, je suis content. J'espère juste qu'on est
capables de faire de quoi ensemble maintenant.
M. Croteau (Martin)
:
J'ai une question sur un autre sujet, si vous permettez.
La Modératrice
: Non. On
va finir sur ce...
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Comment accueillez-vous la proposition de M. Gendron de restreindre les recours
au règlement durant la période des questions, de ne pas...
M. Drainville
: C'est
une des hypothèses d'autres changements qui pourraient être envisagés. Ça fait
que moi, je ne suis pas fermé à ça, mais je vous dirais : Aujourd'hui, je
suis dans un état d'esprit où je veux régler un problème, deux, mettons, deux,
hein : applaudissements et les retards dans le début des travaux. Réglons
ça, puis je ne suis pas fermé à ce qu'on regarde… Au contraire, je suis loin d'être
fermé, je ne suis même pas fermé pantoute. Je suis même bien ouvert à ce qu'on
regarde d'autres changements éventuellement, mais prenons-les un à la fois.
M. Bélair-Cirino (Marco) : De
façon plus générale, comment vous voyez votre rôle de leader parlementaire de
l'opposition officielle? Est-ce que vous allez avoir le règlement sous les yeux
constamment pendant la période de questions, être prêt à bondir comme certains
de vos prédécesseurs ou vous allez laisser le plus de temps possible aux
échanges entre les parlementaires?
M. Drainville
: Je
suis conscient du fait, là, qu'il faut qu'il y ait des choses qui changent.
Moi, je vais rechercher l'équilibre, O.K., je vais rechercher le bon dosage.
Qu'est-ce que ça va donner dans la réalité des choses au quotidien? Je ne suis
pas encore vraiment capable de vous le dire. Je vous dirais : Je vais
trouver ma zone de confort au fur et à mesure où je vais habiter mes nouveaux
habits, on va dire, m'habituer dans ce nouveau rôle là. Tout ce que je vous demanderais,
comme correspondants parlementaires et journalistes, c'est de me donner un
petit peu la chance d'apprendre et de me familiariser avec ce nouveau rôle. Tu
sais, ne soyez pas trop dur avec moi au début, là. Donnez-moi une petite
chance, là, pour commencer, toujours.
M. Boivin (Simon)
:
Rapidement, est-ce qu'on peut avoir plus de temps pour poser des questions,
s'il n'y a pas d'applaudissements? Est-ce que…
M. Drainville
: Oui,
oui. Sylvain Pagé… Très bonne question. Sylvain Pagé a calculé les temps
d'applaudissements, là — il les a calculés, lui, là, puis croyez-moi,
je suis sûr qu'il les a calculés s'il dit qu'il les a calculés — puis
c'est entre quatre et cinq minutes de plus de questions et réponses qu'on
aurait. Alors, l'exercice démocratique, là, l'exercice de reddition de comptes
s'en trouverait aussi amélioré et rehaussé. On va avoir plus de temps pour
avoir des questions puis espérons qu'on aura les réponses.
Alors… In English, before
we go to the other topic.
M. Hicks (Ryan) : Yes. Going on Marco's question, how are you going to measure this? How are you going to measure an
infraction on this rule?
M. Drainville
: There are sanctions that are
already included in the code, in the rules, in the book of rules. The same
sanctions will apply. There will not be new sanctions or different sanctions.
It's the same sanctions for every… It's the same sanctions for any… Voyons,
comment qu'on dit ça, «manquement»?
M. Hicks (Ryan) : Like
contradiction.
M. Drainville
: No, not contradiction. Comment?
Une voix
: Infraction.
M. Hicks (Ryan) : Infraction.
M. Drainville
: Infraction? Yes. I like that,
yes. So the same sanctions that apply for the current book of rules will apply
for these particular regulations.
M. Hicks (Ryan) : Because for some people, clapping is just like a natural thing, if
they hear, you know, something positive. So are people supposed to just sit on
their hands during question period?
M. Drainville
: Yes, people are supposed to…
Well, if this works and this is adopted, for 45 minutes during the day,
just 45 minutes, people will listen to the questions and listen,
hopefully, to the answers we will get, and they will not be clapping, indeed. And
we think that, by this measure, we will lower the intensity of the level of
partisanship that dismays and annoys people very, very much.
Des voix
:
…
M. Drainville
: Pas de
problème, viens-t-en. Aïe! ça, c'est bon, ça.
M. Fournier
: Salut.
M. Drainville
: Salut.
M. Fournier
: Comment
ça va?
M. Drainville
: Très
bien.
M. Fournier
: Alors,
voilà. Vous voulez avoir une image de la façon dont on peut tenir nos travaux.
En une image, vous allez avoir une histoire. Bernard m'a interpellé, j'écoutais
ça à travers la caméra et je veux vous dire que nous partageons tout à fait le point
de vue que nos débats doivent être plus respectueux, qu'il y a certaines règles
élémentaires qu'on devrait avoir suivies il y a déjà longtemps.
Certainement, de commencer les travaux à
l'heure, ça a l'air un détail, mais c'est déjà une mesure de discipline qu'on
devrait se donner nous-mêmes. Cesser les applaudissements à tous moments nous
semble aussi une façon de nous comporter avec, je dirais, un intérêt pour plus
d'écoute. C'est bon pour celui qui pose la question de savoir qu'il aura cette
écoute et c'est bon pour celui qui donne la réponse de savoir qu'il aura aussi
plus d'écoute.
Nous croyons qu'avec ces éléments nous
allons avoir, je dirais, une tonalité qui serait plus respectueuse. Et, je
sais, j'ai manqué certains éléments des questions et réponses parce que je
voulais absolument nous donner l'occasion d'être ensemble pour faire cette
démonstration-là. Donc, j'ai manqué la fin, mais vous avez parlé, lorsque j'ai
quitté l'écoute, vous parliez de comment tout cela va s'appliquer.
Et je suis tout à fait d'accord que ça
relève d'abord de ceux qui se donnent le règlement. L'Assemblée nationale se
donne un règlement, c'est d'abord à nous de suivre nos règles. Ceci étant, il y
a déjà un règlement et il revient au président d'appliquer ce règlement-là. Le président
doit savoir que les députés sont favorables à leur règlement et veulent qu'il
soit appliqué, et nous allons demander au président d'appliquer le règlement
dans toutes ses composantes.
M. Drainville
: Alors,
tant qu'à faire ça en public, Jean-Marc, est-ce que... là, je ne sais pas si je
dois vous vouvoyer ou te tutoyer, mais devant les caméras, on peut peut-être se
vouvoyer.
M. Fournier
: On va
faire les deux.
M. Drainville
: Est-ce
que vous êtes ouvert à ce qu'on amende le règlement, justement, pour ne pas que
ça relève juste de la volonté du président, mais qu'on amende le règlement puis
que ça dise : Pendant les 45 minutes de la période des questions, on
baisse la partisanerie, il n'y a plus d'applaudissement?
M. Fournier
: Nous, on
est tout à fait d'accord que ce soit dans le règlement, considérant surtout que
c'est une façon de répondre à la question des journalistes tantôt, à savoir
comment c'est appliqué. Dans le règlement, il y a des dispositions, notamment
l'article 42 qui permet au président de dire aux députés qui sont en
contravention du règlement… de faire un premier appel au règlement, puis un
deuxième appel au règlement, et, par la suite, il y a tout simplement une
décision du président qui enlève le droit de parole pour la journée. C'est dans
le règlement, ça existe, et c'est une façon de nous rappeler qu'il n'y a pas
lieu d'avoir des excès. Les applaudissements sont devenus des excès, puis le
chamaillage, puis sans cesse et sans cesse de revenir argumenter sur les
décisions du président peuvent aussi devenir un excès.
Alors, je crois que non seulement on peut
modifier le règlement pour dire ça, mais on peut réaffirmer en même temps que
le règlement contient des dispositions qu'on doit respecter et que le
président... On encourage le président à les respecter.
Quand Bernard nous dit tantôt comment les
caucus des différents partis vont réagir, il nous invite à offrir une réponse
là-dessus, le caucus chez nous, je pense que c'est la même chose, parce que je
conviens, je comprends bien la motivation que vous avez chez vous, souhaite
dire au président : Nous voulons un changement de comportement de notre
part, vous ne perdez pas votre rôle de nous aider dans ce changement de
comportement. Et donc, d'amener la présidence à savoir que c'est maintenant une
volonté bien exprimée, moi, je suis tout à fait d'accord qu'il y ait une
motion. On pourrait même, s'il le faut, se lever debout pour que le message
soit encore plus clair.
M. Drainville
: La
voter?
M. Fournier
: La voter,
un vote nominal, dire au président : Maintenant, c'est à vous...
M. Drainville
: On est
d'accord.
M. Fournier
: ...de
nous encadrer et de nous amener à ce que nous le respections. Et je pense
que... et je termine en disant...
M. Drainville
: Bien
oui, parce que tu es en train de kidnapper mon point de presse, là.
M. Fournier
: Oui, je
le sais. Je le sais, et ça m'embête un peu parce que ce n'est pas ce que je
veux faire. Je veux simplement démontrer dans une image qu'il est possible
d'offrir aux Québécois une Assemblée nationale où on aura nos différences, et
les Québécois le souhaitent, parce que la démocratie en a besoin, mais qu'on
est capable de l'exprimer dans le respect, et je trouve ça formidable. Et je
termine avec une poignée de main.
M. Drainville
:
Absolument. Bon, vous voyez. À cette heure, il faut passer à l'action. On va
voter ça mardi? On est capable de voter ça mardi?
M. Fournier
: On est
capable. Et en plus... Oui. Tantôt, Bernard disait : la semaine d'après.
Non, on commencera mardi. Pourquoi pas? Ça commence mardi; commençons mardi. La
motion sera après, mais on l'aura déjà testée avant la motion.
M. Drainville
: Je
n'ai pas de problème.
Une voix
: S'il y a
consentement, on peut faire la motion en partant.
M. Fournier
: Mais là
on ne s'applaudit pas tout de suite par exemple.
M. Drainville
: On
peut même commencer, oui, avec la motion.
M. Boivin (Simon)
:
J'aurais une question pour vous deux sur un autre sujet. Donc, on finit avec M.
Drainville, mais c'est parfait que vous soyez là, on va en profiter. M. Legault
a dit à qui veut l'entendre que M. Péladeau vendrait à son frère...
M. Fournier
: Là, je ne
suis pas sûr que je veux aborder la question ici. Ce ne serait pas le bon
moment. Respectons nos institutions un peu.
M. Drainville
: Oui,
c'est ça.
M. Fournier
: Alors, merci.
C'était un excellent point de presse.
M. Drainville
: Je
pense que vous avez de la bonne matière.
M. Pépin (Michel)
: Il
y a quand même un parti qui a une expertise dans ce domaine-là, les
applaudissements, hein? Québec solidaire... Est-ce que ça va être interdit, ça?
Je vous dis ça de même.
M. Fournier
: C'est une
question trop pointue. Merci beaucoup et...
Des voix
: ...
M. Drainville
: Oui. Il
n'y a pas de problème. O.K. Salut, tout le monde.
(Fin à 11 heures)