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Conférence de presse de M. Stéphane Bergeron, député de Verchères

Dévoilement de nouveaux faits troublants à l'égard du projet du gouvernement Charest de privatiser le Mont-Orford

Version finale

Tuesday, April 18, 2006, 11 h 03

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Onze heures trois minutes)

M. Bergeron: Bonjour mesdames et messieurs. D'abord, merci d'avoir accepté notre invitation après cette longue fin de semaine pascale.
Vous savez, la question du projet du parc national du Mont-Orford a fait l'objet de beaucoup d'attention de la part de l'opposition officielle depuis déjà plus d'un mois, et ce qu'on voulait démontrer dans un premier temps c'est que les motivations étaient pour le moins nébuleuses, les motivations du gouvernement pour aller de l'avant dans ce dossier.
Je pense qu'on a réussi à faire la démonstration que les deux principaux arguments avancés par le gouvernement pour aller de l'avant avec ce projet étaient pour le moins douteux. D'abord, la question de la rentabilité de la station de ski et du club de golf. La démonstration a été faite que ce n'était pas vraiment un argument valable. L'autre argument, celui de l'incompatibilité apparente entre la vocation de récréation et la vocation de conservation, on a fait la démonstration que c'était loin d'être une anomalie, c'était plutôt la règle dans les parcs nationaux au Québec.
Ensuite, on a voulu faire la démonstration qu'il s'agissait d'un projet qui faisait preuve d'improvisation, de précipitation, de cafouillage. Et le ministre, à travers ses esquives, ses euphémismes, ses ajustements ponctuels, je pense a fait la démonstration effectivement qu'il s'agissait d'un projet qui est né dans la précipitation, qui a fait l'objet d'improvisation et de cafouillage tout au long de sa mise en oeuvre.
La simple chronologie des faits le démontre. Au début du mois de février dernier, la responsable de l'accès à l'information, en réponse à une demande de l'Association des propriétaires riverains du lac Boker, confirmait l'existence dans les cartons du gouvernement d'un seul projet, celui qui avait fait l'objet de l'étude du BAPE en 2005.
Donc, jusqu'au début février, il n'y avait pas d'autre projet dans les cartons du gouvernement, contrairement à ce que le ministre affirme, selon lequel c'est un projet qui fait l'objet de l'étude du gouvernement depuis des mois. En fait, ce projet est apparu dans les cartons du gouvernement quelque part en février, on ne sait pas quand exactement, et, à ce moment-là, M. Mulcair a indiqué très clairement qu'il ne voulait pas d'aucune façon que son nom apparaisse ou que son nom soit associé à ce projet.
Il y a eu remaniement ministériel, comme vous le savez, à la fin du mois de février et, à peine une semaine plus tard, soit le 6 mars, le ministre divulguait son projet sans procéder à une mise en réserve foncière des terrains convoités, ce qui a permis, pendant un mois de temps, la spéculation foncière.
Le 6 avril, il faisait finalement cette mise en réserve pour deux ans et, contrairement à ce qu'il avait déjà déclaré, il ne fermait pas la porte cette fois à l'expropriation pour acquérir ces terrains.
Le ministre nous disait également qu'il avait marché les terrains, pour reprendre son expression. Or, ce qu'on a constaté au cours de ce mois et quelque de questions en Chambre, c'est que, d'une part, le ministre n'avait aucune idée de la valeur des terrains qu'il se proposait de vendre - la valeur foncière, il va sans dire - n'avait aucune idée de la valeur foncière des terrains qu'il se proposait d'acheter. On est passés de 16 millions, à 4 millions, ensuite à 10 millions. On a également appris que le ministre n'avait aucune idée de la valeur écologique des terrains qu'il s'apprêtait à vendre. Et à preuve cette déclaration un peu étonnante de sa part selon laquelle il invitait les scientifiques, il invitait les groupes écologistes à venir marcher avec lui, encore une fois pour reprendre son expression, les terrains qu'il s'apprêtait à vendre pour évaluer la valeur écologique de ces terrains. Et manifestement il n'a pas non plus la moindre idée de la valeur écologique des terrains qu'il s'apprête à acheter.
Le ministre a parlé d'ajouter des terrains ayant une grande valeur écologique. Il a aussi parlé de protection de la biodiversité. Et il a procédé, comme je l'évoquais, à une mise sous réserve de plusieurs terrains, et ça, pour une durée de deux ans. Outre les propriétaires particuliers, des terrains appartenant à la fondation Bombardier et à la compagnie des frères Greif sont dans la mire du ministre. Je vous indique, en passant, que Greif est une entreprise qui oeuvre dans le domaine forestier. Le ministre a dit, à l'Assemblée nationale, et ça, je pense qu'on a pu faire la démonstration que ça n'avait pas été le cas, qu'il avait marché les terrains mis sous réserve. Alors, voulant le mettre au défi, si je puis dire, nous avons nous-mêmes marché une partie de ces terrains et nous vous présentons aujourd'hui quelques clichés qui font état de la situation qui prévalait sur certains des terrains de la compagnie Greif la semaine dernière, et je vous signale que toutes les photos que nous vous présenterons aujourd'hui seront disponibles, immédiatement après la conférence de presse, sur mon site, à stephanebergeron.com.
Vous verrez apparaître, si ce n'est pas déjà fait, la carte, la carte du parc que nous indiquait le ministre. Sur la partie située à l'ouest, vous voyez deux petites pastilles en rouge. Alors, dans ce secteur, on a constaté que, dans le rang du Bloc C, à Bonsecours, on voit une tour de communication, présence entropique on ne peut plus évidente, ce qui rend cette partie pour le moins douteuse également pour un parc de conservation.
On va revenir à la carte et on va vous présenter également des photos qui ont été prises dans le secteur du mont Carré, au niveau de la pastille rouge. Alors, cette pastille rouge là se trouve à la jonction, si je puis dire, entre le parc actuel et le principal agrandissement que le ministre propose pour le parc national du Mont-Orford, ce qui veut donc dire qu'un marcheur, les gens qui emprunteraient le sentier pédestre auraient à traverser ce secteur pour se rendre du nord au sud et vice versa.
Alors, vous allez voir sur les clichés que les terrains sont passablement endommagés en raison de coupes récentes. On nous signale également qu'il y aurait certains terrains qui auraient fait l'objet de coupes antérieures et de reboisement, ce qui veut donc dire que les écosystèmes sont pour le moins jeunes et ne sont pas matures. Le 6 avril dernier, lors de sa déclaration ministérielle, le ministre déclarait: «Nous savons à quel point la population de l'Estrie est attachée à la protection de son patrimoine naturel.» Alors vous pouvez voir, à travers les différentes photos, à quel point il y a des sites pour le moins endommagés. Vous voyez des souches, et on peut voir que les souches ont été coupées assez récemment de par la couleur de la souche. Le ministre poursuivait: «Nous reconnaissons les efforts individuels et collectifs menés depuis de nombreuses années afin de protéger la biodiversité de cette région et surtout mettre en valeur des sentiers naturels, comme le font si bien des organismes comme Les Sentiers de l'Estrie, afin de permettre la découverte de la nature et la réalisation d'activités de plein air.» Alors, vous voyez sur cette photo des petits réflecteurs rouge et blanc qui sont les balises des sentiers pédestres tracés par l'organisme Les Sentiers de l'Estrie.
Alors, voilà ce que découvriront les marcheurs à travers les sentiers de l'Estrie, depuis l'exploitation récente de ces terrains. On peut voir que certains segments des sentiers de l'Estrie sont à toutes fins utiles dévastés. On peut voir sur un certain nombre de photos des terrains complètement déboisés, de la terre battue pour la circulation ou le stationnement de véhicules. On voit également des pistes pour les débusqueuses. On voit également des zones clairsemées. On voit des zones où les arbres sont, sinon coupés, on les voit déracinés, on les voit étêtés, on les voit lourdement endommagés.
Pendant que vous voyez ces images, je vous rappelle que le ministre considère avoir pris une décision importante et courageuse, celle de redonner au parc national du Mont-Orford sa véritable vocation, celle de conservation. Or, il y a lieu, à la lumière de ces photos, de poser la question: En quoi ces terrains, en particulier sous exploitation forestière, contribueraient-ils à la vocation de conservation du parc national du Mont-Orford?
Quant au délai entre le moment de la première annonce le 6 mars et la mise sous réserve foncière le 6 avril, le ministre disait: «Pourquoi avons-nous pris ce temps? Justement pour marcher le parc, pour aller vérifier chacun des territoires, pour être certains de la valeur qu'ils ont.» Il disait aussi, et je cite: «On redonne au parc national du Mont-Orford sa vraie vocation, sa vocation de mise en valeur, au niveau de la conservation de terrains exceptionnels», disait-il. «Et ce, pour nous, des terrains à conserver, des terrains exceptionnels, ce n'est pas un centre de ski et un club de golf.» Or, nous savons pertinemment, et je reviens là-dessus, qu'en marge des sites de récréation, dans le parc actuel, il y a des terrains d'une grande valeur écologique avec des espèces rares, des espèces en danger. Il y a également, à partir d'une certaine altitude, un échantillon de forêt boréale qu'on ne retrouve pas dans les basses terres. Alors, en voyant ces images, on peut véritablement se poser la question: Est-ce que le ministre a marché ces terrains?
Maintenant, revenons à la carte. On voit également une pastille jaune au nord. Ça, c'est une pastille qui a fait l'objet d'une observation cet hiver. C'est une zone qui est située au nord de la route 222. Il n'y a pas de photos qui ont été prises dans cette zone, mais on sait pertinemment qu'il y a eu des opérations de déboisement là également. Entre la pastille jaune et la pastille rouge, celui du mont Carré, se trouve une prucheraie au nord du ruisseau Ely qui sert de décharge au lac Larouche. On nous a également informés qu'il y avait eu là une exploitation récente. Les arbres épargnés, dans ce secteur, ont toutefois eu, comme dans les autres secteurs, l'écorce arrachée par le débuscage des arbres coupés. On ne sait pas exactement la superficie totale des terrains faisant l'objet d'exploitation forestière dans les terrains visés par le ministre. On constate cependant qu'il y a... que tout le territoire ou une bonne partie du territoire est sillonnée par des sentiers forestiers.
La semaine dernière, vous vous en souviendrez, j'ai questionné le ministre à propos d'une parcelle de terrain non contiguë - on la retrouve ici, là, près du lac Chevreuil - une parcelle de terrain non contiguë au parc actuel et au projet d'agrandissement. Vous vous souviendrez que le ministre s'est défilé à la question que j'ai posée. Nous avons découvert que la compagnie des frères Greif, propriétaire des lots 690, 691 et 692 du Canton d'Orford, a fait l'objet d'un rapport d'infraction générale en vertu de l'article 367 paragraphe 1° du Code de procédure pénale pour avoir effectué des travaux d'abattage d'arbres ayant pour effet de détruire la végétation naturelle de la rive du ruisseau de décharge du lac Chevreuil, situé sur le lot 692.
Alors, en d'autres termes, en conclusion, si vous me le permettez, je dirai simplement qu'on n'est pas opposés, loin de là, à ce qu'il y ait agrandissement du parc national du Mont-Orford, mais d'une part on ne peut pas échanger une montagne contre des terres basses, surtout si une partie de ces terres basses sont constituées de terrains faisant l'objet d'exploitation forestière extensive, pour ne pas dire intensive. Et il faut également s'assurer que le parc national du Mont-Orford maintienne dans son territoire, dans ses limites, la montagne, le mont dont il porte le nom. Alors, pour nous, ça nous apparaît totalement incontournable comme condition.
Alors, je suis tout à fait disposé à répondre à vos questions à compter de maintenant.

M. Thivierge (Jean): M. Bergeron, est-ce que vous nous dites que le ministre Béchard a trompé la population dans cette histoire?

M. Bergeron: Ce que je dis, c'est que le ministre, lorsqu'il prétend avoir marché les terrains pour témoigner de leur valeur à la fois foncière et écologique, n'a pas nécessairement tout marché, s'il l'a fait, puisqu'il y a des terrains là dont la valeur écologique est lourdement hypothéquée par une exploitation forestière assez étendue.

M. Thivierge (Jean): Donc, il est ignorant? Vous n'avez pas dit ça non plus?

M. Bergeron: Ce que je vous dis, c'est que si le ministre avait véritablement marché les terrains comme il le prétend, manifestement, il n'a pas tout marché parce qu'il y a certains secteurs qui lui ont échappé, et plusieurs, je dois dire.

M. Chouinard (Tommy): Paul Larocque, TVA.

M. Larocque (Paul): M. Bergeron, pouvez-vous reprendre votre carte et indiquez-nous encore une fois les secteurs qui posent problème. Et quel est le pourcentage des terrains où il y aurait exploitation forestière par rapport à l'ensemble de la superficie que le gouvernement voudrait assurer?

M. Bergeron: On ne connaît pas la superficie exacte ou totale des terrains faisant l'objet d'exploitation forestière. On a fait, si vous me permettez l'expression, des coups de sonde ici et là sur la base d'informations qui nous avaient été communiquées.
Or, nous savons qu'il y a présence d'éléments anthropiques ici, présence humaine plus précisément. Nous savons qu'il y a exploitation forestière au niveau de la partie rouge qui a été identifiée ici. La plupart des photos d'ailleurs ont été prises dans ce secteur, qui est un secteur connexe, c'est un peu le couloir de connexion entre le parc actuel qui est situé ici et la plus importante partie de l'agrandissement projeté ici au nord. Donc, les gens auraient nécessairement à cheminer dans ce secteur-là pour passer du nord au sud et vice versa.
Il y a un autre secteur qui a été visité ici durant la période hivernale, où on a pu constater un certain nombre d'opérations de déboisement qui avaient eu cours, mais évidemment, compte tenu de la saison, on n'a pas pris de photos, puis les photos n'auraient pas été aussi évidentes que celles qu'on vous a présentées. Et on a vent également d'une autre exploitation qui a cours actuellement ou qui aurait eu cours récemment entre la partie rouge ici et la partie jaune, au niveau du cours d'eau qu'il y a ici, et il y aurait une exploitation également qui aurait même fait l'objet d'une poursuite contre la compagnie des frères Greif dans le terrain non contingu visé par le ministre dans le secteur du lac Chevreuil. On a d'ailleurs copie des constats d'infraction et de la mise en demeure adressée à la compagnie des frères Greif, si vous souhaitez, pour le secteur du lac Chevreuil.

M. Larocque (Paul): ...lac Chevreuil, on parle à peu près, quoi, de 10, 20 % de la superficie totale?

M. Bergeron: À l'oeil. Et ça, c'est sans compter qu'on n'a pas marché la totalité, pour reprendre l'expression du ministre, marché la totalité des terrains. Il y a donc lieu de penser que plusieurs autres terrains font également l'objet d'exploitation forestière dans les terrains visés par le ministre.

M. Larocque (Paul): Et sur le fond des choses, pour revenir à la question de M. Thivierge, qu'est-ce que ça vous dit, qu'est-ce qu'il faut comprendre de ça?

M. Bergeron: Bien, je pense que ça ne fait que confirmer encore une fois l'improvisation du gouvernement, la précipitation du gouvernement. On veut aller de l'avant avec ce projet rapidement, on ne connaît pas véritablement les motivations qui amènent le gouvernement à aller de l'avant et le gouvernement a voulu très rapidement procéder, et je pense qu'ils ont lu les mêmes sondages que nous, ils ont vu que le niveau d'opposition était moins élevé lorsqu'on associait la vente d'une partie des installations du Mont-Orford avec un agrandissement. Alors, ils ont voulu rapidement proposer un projet d'agrandissement, mais, manifestement, dans la perspective qu'a le ministre de faire de ce parc un parc exclusivement de conservation, avec une haute valeur écologique et une biodiversité des plus riche, il faut douter de la valeur de l'ensemble des terrains visés par le ministre.
Je pense, et je l'ai évoqué en Chambre la semaine dernière, que le ministre souhaitait absolument avoir un total de plus de 5 000 acres... 5 000 hectares, pardon, pour pouvoir parler d'un doublement de la superficie, qu'importe si le terrain est contigu ou qu'importe si le terrain a véritablement une grande valeur écologique. Alors on s'est retrouvé, dans le projet du ministre, pour qu'il y ait un total de 5 500 hectares, on s'est retrouvé avec des trucs qui sont non contigus, puis des trucs qui font l'objet d'un exploitation forestière actuellement. Et pas des secteurs pour le moins banals parce qu'on a, comme je vous disais, le point de jonction entre le parc actuel et le secteur nord de l'agrandissement projeté.
Donc, c'est comme incontournable, cette zone-là. Si le ministre veut, comme il le prétendait, même s'il a semblé changer d'avis la semaine dernière, s'il veut que cet agrandissement soit contigu au parc actuel, il doit absolument joindre au parc la zone qui fait actuellement l'objet d'une exploitation forestière.

M. Chouinard (Tommy): Rémi Nadeau, NTR.

M. Nadeau (Rémi): Avec ces faits et ces photos, pensez-vous donc de tuer l'argument que présentait le gouvernement pour tenter de faire avaler la vente de la montagne?

M. Bergeron: Bien écoutez, manifestement, ce ne sont pas tous ces terrains qui ont une grande valeur écologique, ce ne sont pas tous ces terrains qui peuvent constituer une valeur ajoutée au niveau de la biodiversité et, conséquemment, il faut conclure qu'il n'y aura pas un doublement de la superficie en termes de terrains qui ont une valeur écologique, qui constitueraient une valeur ajoutée au parc dans une perspective de conservation au niveau de la biodiversité.

M. Nadeau (Rémi): Une précision. Les photos qu'on a vues ont été prises quand?

M. Bergeron: Elles ont été prises au début de la semaine dernière. Elles ont été prises par un photographe que nous avions mandaté et qui était accompagné par M. Pierre Dépôt, qui est de l'Association des riverains du lac Boker.

M. Nadeau (Rémi): Vous, vous n'avez pas accompagné...

M. Bergeron: Non, moi, j'étais en Chambre.

M. Nadeau (Rémi): Donc, la validité des photos, ça, il n'y a pas de...

M. Bergeron: Elle est indéniable parce que le parcours suivi par le photographe et M. Dépôt a été validé par GPS.

M. Chouinard (Tommy): Josée Thibeault, Radio-Canada.

Mme Thibeault (Josée): Est-ce qu'on sait si tous ces travaux-là ont été effectués avant ou après le 6 avril?

M. Bergeron: Les photos ont été prises après le 6 avril. Quant au moment où les travaux ont été effectués précisément, c'est difficile de le dire. On peut voir en regardant un certain nombre de souches que la coupe a été relativement récente. Mais relativement récente, est-ce que c'est deux semaines, est-ce que c'est trois semaines? Est-ce que c'est deux jours? Je ne suis pas en mesure de le dire sur la base de ce que nous avons.
Ce que je sais cependant, c'est qu'il y a une exploitation forestière qui a lieu sur certains de ces terrains depuis un certain nombre de semaines, sinon de mois.

Mme Thibeault (Josée): ...puisque ces terrains appartenaient à une compagnie qui faisait ces choses-là, et donc on ne dit pas ici que la compagnie en question a contrevenu à la mise en réserve.

M. Bergeron: Pas du tout.

Mme Thibeault (Josée): C'est simplement que vous vous demandez quelle est la valeur des terrains qu'on a mis en réserve.

M. Bergeron: Exactement. Je m'interroge sur le fait que le ministre et ses services aient véritablement marché, pour reprendre son expression, les terrains, ou l'ensemble des terrains pour nous arriver avec une proposition comme celle-là où il y a de grands pans de territoire qui font l'objet actuellement ou qui ont fait l'objet dans le passé d'une exploitation forestière intensive.

M. Chouinard (Tommy): Mathieu Boivin, Journal de Montréal.

M. Boivin (Mathieu): Pour faire le lien avec ce que Mme Thibeault dit, est-ce qu'il est possible que le ministre Béchard ait laissé un mois entre le moment où il a été annoncé que ces terrains-là étaient convoités et le moment où ils ont été mis en réserve pour laisser la chance à des éventuels propriétaires de sortir la valeur ligneuse de ces terrains-là pendant qu'il était encore temps?

M. Bergeron: À ce moment-là, le ministre, si tel est le cas, aurait contrevenu lui-même à l'objectif qu'il poursuit, à savoir la conservation de terrains qui ont selon lui une valeur exceptionnelle - et là je prends ses mots - qui ont une valeur exceptionnelle au niveau écologique, au niveau de la biodiversité. Si le ministre a véritablement fait ce que vous dites qu'il a fait, c'est-à-dire de permettre pendant le mois à la compagnie de sortir des matières ligneuses, il a contrevenu à l'objectif qu'il poursuit parce que manifestement la valeur écologique des terrains qu'on a pu visiter s'en trouve lourdement amoindrie.

M. Boivin (Mathieu): Pouvez-vous quand même nous confirmer qu'il s'est sorti de la valeur ligneuse de là pendant le moment où il était convenu, là, que ces terrains-là étaient convoités pour agrandir le parc?

M. Bergeron: Bien, vous avez pu voir, comme moi, qu'il y a des billots empilés, donc qui ont manifestement - à moins qu'ils soient empilés là depuis longtemps; qui ont manifestement - été coupés récemment et qui sont destinés à être sortis de là.

M. Chouinard (Tommy): Robert Dutrisac, Le Devoir.

M. Dutrisac (Robert): En dehors des terrains dont vous parlez, est-ce que vous savez si, dans les 5 000 hectares, il y a des terrains qui ont une quelconque valeur écologique?

M. Bergeron: On me dit... les groupes écologistes, sur le terrain, me disent qu'il y a des terrains qui ont effectivement une valeur écologique.

M. Dutrisac (Robert): O.K. Maintenant...

M. Bergeron: Mais ce n'est probablement pas les 5 500 hectares, contrairement à ce que le ministre prétend. Et il y a des secteurs qui font l'objet d'une exploitation. Si c'étaient des secteurs qui étaient un peu excentriques, si je puis dire, le ministre pourrait facilement dire: On va retirer ce secteur-là puis on sera toujours autour de 5 000 hectares. Or, il y a des secteurs qui sont carrément en plein centre du parc visé. Comme je vous disais, la principale pastille rouge, près du mont Carré, se trouve à la jonction entre le parc actuel et le principal agrandissement projeté, ce qui veut donc dire que c'est incontournable. Si le ministre tient toujours à ce que l'agrandissement soit contigu au parc actuel, il ne peut pas passer outre ce secteur-là. Ce secteur-là devra faire partie de l'agrandissement. Or, il fait l'objet actuellement d'une exploitation forestière intensive.

M. Dutrisac (Robert): Votre position, comme opposition officielle, vis-à-vis l'agrandissement, est-ce que c'est l'agrandissement au coût de 10 millions et le statu quo pour le reste? Est-ce que c'est le statu quo sans agrandissement?

M. Bergeron: Précisez votre question.

M. Dutrisac (Robert): Quelle est votre position par rapport au projet gouvernemental?

M. Bergeron: L'opposition officielle, on l'a répété à quelques reprises, n'est pas opposée à l'idée d'agrandir le parc. Cependant, il faut que d'une part la montagne, le mont Orford, demeure dans le parc. Pour nous, c'est essentiel. Parce que les terrains que le gouvernement se propose de vendre... Contrairement à la prétention du ministre qui essaie de badiner en disant que, pour nous, une station de ski puis un terrain de golf, ça n'a aucune valeur écologique, or les espaces forestiers qu'on trouve en bordure de la pente de ski et du club de golf ont une grande valeur écologique, une valeur attestée par les scientifiques, les écologistes qui ont eu l'occasion de se pencher sur la question. Or, pour nous, il n'est absolument pas question de retirer, il n'est pas question de procéder à un marchandage, c'est-à-dire on retire la montagne puis on agrandit. Si le gouvernement veut agrandir - j'ai déposé, la semaine dernière, en Chambre, une pétition de 171 500 signatures à l'effet que le Québec était déjà en déficit d'aires protégées - c'est sûr qu'on ne sera pas opposés à l'agrandissement, au fait d'ajouter des aires protégées au patrimoine collectif qu'on a déjà, mais on est absolument opposés à l'idée de faire en sorte que, pour agrandir, nous nous départissions d'une partie de notre patrimoine actuel, patrimoine qui incidemment a une grande valeur écologique.

M. Dutrisac (Robert): Mais les aires protégées habituellement, c'est dans des terres publiques qui sont au gouvernement, donc le gouvernement n'a pas à débourser pour ça. Là, vous êtes d'accord pour doubler la... ou agrandir le parc en consacrant de l'argent public pour l'agrandir. C'est ça?

M. Bergeron: Ce qu'on vous dit, c'est que - puis je complète la réponse que j'ai donnée à votre première question; ce qu'on vous dit, c'est que - s'il est avéré que certains des territoires visés par le ministre ont une valeur écologique, on n'est pas opposés au fait de les adjoindre au parc actuel. Mais il très clair, d'après ce qu'on vous a démontré aujourd'hui, que, dans la partie très au nord, il y a peut-être des terrains qui ont une valeur écologique, mais il y a, entre les deux, certains terrains qui font l'objet d'une exploitation forestière. Alors, est-ce que c'est réconciliable? Ça, c'est une question qu'il faut poser au gouvernement. Est-ce qu'on peut réconcilier l'idée de vouloir adjoindre au parc actuel des terrains qui ont une grande valeur écologique mais en devant, pour ce faire, adjoindre au parc actuel des terrains dont la valeur écologique a été lourdement hypothéquée par une exploitation forestière?

M. Chouinard (Tommy): Rhéal Séguin, Globe and Mail.

M. Séguin (Rhéal): Depuis combien de temps est-ce que la zone visée fait l'objet d'exploitation forestière?

M. Bergeron: Précisément, je ne saurais vous le dire. Mais ce sont des terrains qui appartiennent à une compagnie forestière, donc j'imagine que la compagnie en a fait l'acquisition dans le but d'en faire l'exploitation. Alors, on a vent effectivement de certains terrains qui auraient fait l'objet d'une exploitation passée et qu'il y aurait eu reboisement. Donc, même là on a affaire à des écosystèmes qui sont relativement jeunes, qui n'ont pas atteint leur plein degré de maturité. Alors, il n'y a peut-être plus de dévastation apparente, mais, au niveau écologique, au niveau de la biodiversité, c'est peut-être un peu plus faible, comme valeur.

M. Séguin (Rhéal): ...cette compagnie-là avait déjà fait l'objet d'autres poursuites?

M. Bergeron: Je ne saurais vous dire. On sait qu'il y a actuellement un secteur au niveau du lot 692, si je ne m'abuse, qui est contesté dans le secteur du lac Chevreuil, mais on n'a pas fait de recherche plus à fond pour savoir si ailleurs la compagnie Greif a déjà fait l'objet de poursuites ou de mises en demeure.

M. Séguin (Rhéal): ...réputation qui porte beaucoup d'attention ou de... à l'écologie de...

M. Bergeron: Bien, je vous dirai simplement qu'avant toute cette histoire du parc national du Mont-Orford, bien peu d'entre nous avaient entendu parler de la compagnie Greif.

M. Séguin (Rhéal): Qui est derrière la compagnie Greif? Le savez-vous?

M. Bergeron: Pardon?

M. Séguin (Rhéal): Qui est derrière cette compagnie-là? Les propriétaires?

M. Bergeron: Ce sont les frères Greif. C'est une compagnie familiale.

M. Chouinard (Tommy): Julien Bilodeau, Radio-Canada.

M. Bilodeau (Julien): Est-ce que ce n'est pas le but justement d'un parc de conservation de prendre des terrains qui sont sous exploitation forestière et de les protéger pour l'avenir? Est-ce que ce n'est pas ce que vous allez vous faire répondre tout simplement?

M. Bergeron: Ce que je voudrais répondre à cela, c'est que le ministre a voulu, je pense, créer l'illusion qu'il cherchait à adjoindre au parc national du Mont-0rford des terrains d'une valeur écologique exceptionnelle, pour reprendre ses termes. Or, ce que nous voulons simplement mettre en lumière aujourd'hui, c'est que ces terrains n'ont pas tous une valeur écologique exceptionnelle. Alors, le gouvernement devrait être précis dans ce qu'il dit qu'il veut faire. Et manifestement il ne l'est pas actuellement, parce qu'il prétend qu'il s'agit là de terrains d'une valeur écologique exceptionnelle, ce qui n'est manifestement pas le cas de tous les terrains. Et le gouvernement prétend avoir marché ces terrains pour, pour reprendre l'expression du ministre, s'assurer de cette valeur écologique exceptionnelle, ce qu'il n'a manifestement pas fait.

M. Bilodeau (Julien): Est-ce que vous allez demander au ministre que, les terrains qui sont mis en réserve, l'exploitation forestière y soit interdite immédiatement, par exemple?

M. Bergeron: Bien, techniquement, c'est ce qu'aurait dû avoir comme effet la réserve foncière, mais on ne saurait dire si c'est exactement l'effet que ça a eu. Maintenant, on s'attend de la part du ministre qu'il réagisse aux informations qu'on rend publiques aujourd'hui, qu'il nous dise effectivement quelles études, quels relevés, quelles caractérisations avaient été effectués préalablement pour mettre en réserve foncière ces terrains desquels il disait qu'ils avaient une grande valeur, une valeur exceptionnelle au niveau écologique. Chaque fois qu'on a demandé au ministre de nous fournir des études quant à la valeur foncière des terrains qu'il se propose de vendre, quant à la valeur foncière des terrains qu'il se propose d'acheter, quant à la valeur écologique des terrains qu'il se propose de vendre et la valeur écologique des terrains qu'il se propose d'acheter, il n'a jamais voulu produire le moindre document. C'est ce qui m'amène à réitérer aujourd'hui qu'il s'agissait d'un projet manifestement bâclé.

M. Chouinard (Tommy): Une dernière petite question en français. Paul Larocque.

M. Larocque (Paul): Juste pour reformuler la question, sur l'ensemble des 5 000 quelques hectares, quel est le pourcentage, ou à l'oeil, là, de terrains qui posent problème, selon ce que vous nous dites aujourd'hui?

M. Bergeron: On n'est pas en mesure de donner une réponse précise à cette question parce qu'on ne les a pas tous marchés, les terrains. Ce qu'on peut dire cependant, c'est qu'il y a des secteurs importants qui font l'objet d'une exploitation forestière, et certains secteurs qui sont situés à des endroits... certains terrains qui sont situés dans des secteurs stratégiques de l'agrandissement projeté.

M. Chouinard (Tommy): Rosemary Barton, CBC.

Mme Barton (Rosemary): Premièrement, j'aimerais savoir: Est-ce qu'on peut avoir copie des documents des infractions, etc., envoyé à la tribune?

M. Bergeron: Oui, bien sûr.

Mme Barton (Rosemary): Ce serait bon. You know, I'm not an ecologist, but it seems to me that when you have areas like you just showed us in photos there are ways to rebuild the environment by replanting trees and different plants and... So is that not a possibility that the Government has put this in reserve, as you say, but plans to redevelop the ecological value?

M. Bergeron: It is, but it is not what the minister said. The minister pretend or said that those lands have a great value, a great ecological value. He also said that these lands have an exceptional value. So, based on what he said, I would have expected that those lands would have a great value, a great ecological value. It seems that is not the case. I would have preferred the minister to say that we have there some territories that are under exploitation, and we will plant new trees, and we will try to preserve those ecosystems. But this is not what he said. He tried to convince Quebeckers that these lands that he want to trade for the mount itself, that these lands have a great ecological value, which is not the case. So I'm only asking the minister to say to the Quebeckers what the reality is.

Mme Barton (Rosemary): And, secondly. The things that you're showing us today, the photos are very striking, but when you look on the map, I mean, two of those red points, I can barely see from here. So, I mean, what kind of size are we talking about, about where this is happening? It seems pretty small.

M. Bergeron: It is not small. I mean, I indicated the yellow points and the red points, and I also talked about an exploitation that is going on or was going on in the past between the yellow point and the red point. There's another one in the lac Chevreuil area. So there are few exploitations on the lands that are pointed by the minister. And the big red point is located in the middle of the actual park, and the portion that would be added to the park, the northern portion, so it is at the junction of these two points.

Mme Barton (Rosemary): I understand that, sir. But out of 5 000 hectares, how much are we talking about here?

M. Bergeron: We're not able to answer this question because we haven't walked, if I can used the expression used by the minister, we haven't walked all these areas. We only walked those areas on which we ad information that there were exploitations that were going on there.

M. Chouinard (Tommy): Tim Duboyce.

M. Duboyce (Tim): M. Bergeron, what is it about the activities that have been taking place on that land that make it invalid as an ecologically protected area?

M. Bergeron: I don't say that these areas under exploitation are invalid for protection, this is not what I'm saying, because some areas, we've been told that they were under exploitation and they replant trees there. But the ecosystems are not mature enough to be consider as exceptional ecological areas. But there's a potential there, and there might be a potential also in areas that are actually under exploitation. But we can't pretend to Quebeckers that these lands are, right now, lands with exceptional value, exceptional ecological value, we can't say that now. And this is what the minister said. So, it leads me to say that either the minister didn't walk the land that he wants to buy, or that all these lands don't have the exceptional ecological value that he pretends they have.

M. Chouinard (Tommy): Merci. Oui?

Mme Plante (Caroline): Do you think the minister is trying to trick Quebeckers?

M. Bergeron: This is not what I'm saying. What I'm saying is that either he didn't know, either he knew, but, in neither case, this is not a good news for Quebeckers, I would say.

Mme Plante (Caroline): He is misguided them?

M. Bergeron: If he didn't know, he doesn't misguide them. But it is not a good news to learn that the minister didn't know. It would prove my point that the Government wasn't prepared for that project.

Mme Barton (Rosemary): Last question. You said, at the beginning, that... you say the Government has «des motivations nébuleuses», what do you think is motivating the Government? Do you have any... Have you been thinking about this over the Easter break? Do you have any idea what might be motivating the Government to do this?

M. Bergeron: We are still wondering. We are still wondering. We don't know. But the facts are the facts. And we can't invoke the question of the non-rentability, if I may say, of the golf course and ski station and we can't invoke also the fact that there is an incompatibility between the mission of conservation and recreation in a park because almost all parks, in Québec, have this dual mission. So is it an indication from the Government that it will sell all the portions, all the territories in every park that have a recreational vocation? I don't know. But we have to watch.

M. Séguin (Rhéal): Is it your contention that friends of the regime will profit from this?

M. Bergeron: It is our contention that someone will profit from this, and we would like to know why the Government wants to go forward with this project which is not supported by the population and which is not supported by facts. So what is the motivation of that Government? We have to watch, we have to find out what are the motivations of that Government.

M. Chouinard (Tommy): Merci beaucoup.

M. Bergeron: Merci.

(Fin à 11 h 41)

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