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Point de presse de M. Jonathan Valois, député de Joliette, et de Mme Marie Malavoy, députée de Taillon

Version finale

Friday, November 3, 2006, 12 h 22

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Douze heures vingt-deux minutes)

M. Valois: D'entrée de jeu, une courte déclaration de moi, suivie de la députée de Taillon, Marie.
Lorsque l'interpellation a commencé ce matin, déclaration lue, ce qui n'est pas à l'habitude du ministre, qui a l'habitude d'être dans ce dossier-là et avec lequel on a des discussions depuis que j'ai le dossier. Et là, il nous arrive, il fait une déclaration quand même assez formelle, très importante, et là, à ce moment-là, j'ai l'impression, nous avons l'impression que là il y a réellement quelque chose qui est en train de se passer. Le ministre n'est pas accompagné des gens du ministère, le ministre est accompagné essentiellement de recherchistes et des gens de son cabinet.
Alors là, on voit... Nous, on, a l'impression, lors de cette déclaration-là, qu'on est en train de changer de ton du côté des fédéralistes du Québec, du côté du Parti libéral du Québec, sauf qu'au fur et à mesure que l'interpellation a commencé, on a bien vu qu'il y avait là une déclaration, mais qu'on ne voit pas les suites de cette déclaration-là. On l'a fait de façon beaucoup plus solennelle ce qu'on faisait de façon un peu plus... de façon régulière avant, c'est-à-dire qu'on a démontré qu'il y a une position qui est là, mais qu'il n'y a toujours pas de volonté politique de la faire avancer.

Mme Malavoy: Moi, je dirais simplement que j'ai voulu illustrer par un exemple concret quelque chose qui, selon moi, contrebalance, sinon contredit les déclarations du ministre, c'est-à-dire, quand il s'agit d'un dossier tout à fait réel comme, par exemple, le Protocole de Kyoto, ce que l'on sait, c'est que le Québec partira à l'intérieur de la délégation canadienne avec des positions diamétralement opposées à défendre. Alors, de penser que nous sommes reconnus comme nation ayant une voix à faire entendre, il y a une place pour défendre nos valeurs, ça nous semble être des paroles peut-être généreuses et peut-être tout à fait bien senties de la part du ministre, mais il n'y a pas vraiment de conclusion réelle à l'effet que ça pourrait avoir demain matin, dans la position du Québec, et la voix qu'il veut faire entendre ailleurs dans le monde.

M. Brunet (Claude): Êtes-vous déçu, M. Valois?

M. Valois: Bien, écoutez, ce matin, pourquoi l'interpellation existait ce matin, 25 ans après la «nuit des longs couteaux», donc de ce premier pas qui allait nous mener au rapatriement unilatéral de la Constitution, on trouvait qu'il y avait une opportunité là de dire: 25 ans plus tard, où en sommes-nous?, surtout qu'il y a un débat, et le ministre le dit lui-même, un débat qui fait rage notamment dans le Canada anglais sur la question de la nation québécoise, et le ministre, à part une lettre qu'il avait faite dans Le Devoir, avait été somme toute silencieux. Et je dois vous dire que les propos tenus notamment dans la presse anglophone sont très, très durs par rapport à la nécessité de reconnaître la nation québécoise. On parlait même de virus, de germe. Tu sais, écoutez, à un moment donné, là, c'est que, oui, le ministre a beau dire qu'il est satisfait de ce débat-là, mais le débat, là, il semble être assez unanime du côté du Canada anglais. Et là, nous, on se disait: Mais comment ça se fait qu'il n'y a pas réponse? On commence l'interpellation, et encore une fois, bien, j'ai vécu finalement ce que pas mal de Québécois vont vivre dans les prochains mois, c'est-à-dire un premier discours qui est générateur d'espoir, de rêves, de chimères, pour ceux qui croient au Canada, puis après ça, bien, on nous laisse dans l'expectative, on nous laisse dans le rêve, on nous laisse dans... bien: Croyez-moi qu'un jour ça va pouvoir se régler.
25 ans plus tard, est-ce que je suis déçu? Bien, pour être déçu, il aurait peut-être fallu que j'aie des attentes. Comme je n'avais pas d'attente, je ne peux pas dire que je suis déçu.

M. Duchesne (Pierre): Mais ce qui n'est pas décevant chez vous, est-ce que ce n'est pas d'abord la déclaration très solide de M. Pelletier sur la nécessité d'un débat sur la nation même à l'intérieur de la Constitution, puis ensuite il termine sur un vibrant plaidoyer sur le fédéralisme? Pour lui, tout ça peut se faire à l'intérieur du fédéralisme. C'est peut-être ça qui vous déçoit.

M. Valois: Bien, moi, évidemment, ce qui est décevant, c'est que, 25 ans plus tard, après le rapatriement de la Constitution où le Québec n'est toujours pas reconnu comme nation, on a des vibrants plaidoyers sur la reconnaissance de cette nation-là mais aucun plan de match pour être sûr que ça arrive. Alors, le ministre, un peu comme nous, hein, il les lit, les journaux, il voit le débat, puis il voit très bien que tout ce qu'il pouvait faire, aujourd'hui, c'était peut-être juste un vibrant plaidoyer sur le fait qu'il croit que la nation québécoise est quelque chose de nécessaire. Pour le reste, le ministre, je pense, à la lecture des interventions, de ce qu'on entend aussi de nos partenaires fédératifs - c'est comme ça qu'il les appelle - bien il doit bien réaliser, aujourd'hui, qu'il ne peut pas aller plus loin que de faire ce vibrant plaidoyer. Et, oui, c'est décevant, dans ce contexte-là.

Mme Malavoy: Si vous me permettez, vous remarquerez qu'à chaque fois qu'on a essayé de donner des exemples, on a donné des exemples d'entente administrative. On n'a pas donné des exemples de reconnaissance de la nation québécoise et de la place que le Québec veut occuper, on a parlé d'ententes administratives, il nous semble, comme probablement toutes les autres provinces peuvent en signer. Il y a donc un décalage important entre la solennité de la déclaration et la réalité des relations fédérales-provinciales de ces dernières années.

M. Duchesne (Pierre): Pourquoi, selon vous, M. Pelletier s'est senti le besoin de répondre assez directement? Sans donner le nom Justin Trudeau, on voyait qu'il répondait à la déclaration de Justin Trudeau sur un nationalisme qui date d'un autre siècle.

M. Valois: Honnêtement, là, moi, là, il y avait beaucoup de pédagogie ce matin, beaucoup de pédagogie de la part de M. Pelletier, notamment. Parce qu'il est important, là, pour nous aussi, nous, bon, c'est assez clair, on va se présenter avec la souveraineté, et ce qu'on voulait savoir, c'était: Les fédéralistes vont se présenter avec quoi? Au-delà d'une intention de faire reconnaître la nation, ça va être quoi le plan de match? C'est un peu ça aussi, puis c'est pour ça qu'on revenait.
Et puis, je pense que, ce matin, M. Pelletier voulait réellement mettre de l'avant sa position, parce qu'il devait répondre, il devait répondre. Et nous, ça fait déjà depuis quelques semaines qu'on le presse de répondre et de s'impliquer, il le sait très, très bien que c'est totalement insatisfaisant présentement le genre de débat qui se fait, puis le silence du gouvernement du Québec, il sentait qu'il devait répondre. Mais à termes, imaginez-vous si, le débat, on le laisse aller et que les fédéralistes du Québec n'interviennent pas.
Ce que je comprends de M. Pelletier, lorsqu'il nous parle, c'est de dire: Il y a des souverainistes d'un côté, donc, des souverainistes: Bon, la nation québécoise deviendra un pays, et il y a des nationalistes canadiens, de l'autre, qui disent: Le Canada ne forme qu'une seule nation, un seul État. Il voit bien le débat, il voit bien le débat, puis son silence faisait en sorte que le tapis était en train de lui glisser sous le pied. Et lorsque des gens comme Justin Trudeau disent: Non seulement le concept même de nation est renvoyé aux oubliettes, mais là, on voyait bien que le Parti libéral et les fédéralistes du Québec, ils sont en train de devenir un peu comme l'ADQ en termes de position constitutionnelle. Où c'est qu'ils existent entre le nation building canadien et la souveraineté du Québec? Et je pense que c'est une réponse à ça que M. Pelletier est allé faire aujourd'hui: Nous existons, il y a une voie possible entre ceux qui veulent bâtir ce Canada en une seule nation et le Québec pays, et c'est cette déclaration-là. Mais c'est bien sympathique une déclaration, c'est très universitaire une déclaration, sur papier on voit bien qu'il y a une vision qui est là. Mais comment la concrétiser?
Et lorsque j'entends M. Pelletier, je veux bien saisir la subtilité de sa réflexion, mais la réalité, c'est que dans les journaux, ce que j'entends, c'est pas mal plus ceux qui croient que le débat est scellé, puis continuons à bâtir le Canada tel qu'il est. Parce que, comme certains disaient, la résignation du Québec est une voie beaucoup plus sécuritaire que de tenter de le satisfaire sur le dossier constitutionnel, et les souverainistes, de l'autre côté, qui exactement donnent une solution à cette reconnaissance-là qui est non seulement de se faire reconnaître comme nation dans le Canada, mais partout dans le monde.

M. Plouffe (Robert): Évidemment, les Québécois restent dans une position inconfortable, M. Pelletier vient de nous dire que les conditions gagnantes pour rouvrir la constitution ne sont pas là. Quand M. Bouchard était là, les conditions gagnantes pour un référendum n'étaient pas là non plus. Est-ce qu'on va rester éternellement en suspens hors des girons positifs?

M. Valois: Bien, regardez, moi, ce que je remarque, c'est qu'il y a toujours eu au moins une tentative de la part des gouvernements, lorsqu'ils prenaient le pouvoir, d'aller avec leur option et de régler la question. C'est ce jeu-là qui a fait en sorte que M. Bourassa a tenté avec Meech. Après ça, ça a été notre tour avec le référendum sur la souveraineté du Québec avec M. Parizeau.
Par la suite, évidemment la balle revenait dans le camp des fédéralistes et, là, depuis trois ans, les fédéralistes sont même au pouvoir à Québec. Et ils sont aussi... Depuis le rapatriement de la constitution, tous les gouvernements ont essayé quelque chose. Et, là, le malaise, il est sur le fait que, là, les fédéralistes n'essaient même plus rien. Il y a une résignation qui semble être là en termes de comme nous savons et comme, lorsqu'on lit les articles, notamment du Canada anglais puis de l'ampleur que prend le débat, que c'est voué à l'échec, bien, on préfère dire: Bien, écoutez, le fruit n'est pas mûr.
Alors, 25 ans plus tard, alors que la balle est dans le camp des fédéralistes depuis le référendum de 1995, le fruit n'est pas mûr. Il n'y a rien qui est là pour faire essayer d'avancer cette question-là parce qu'il me semble... Le dossier semble très, très clos du côté du Canada. Et ce matin, ce qu'on a essayé de démontrer, c'est que, même si le dossier était clos du côté du Canada, il y avaient des gens encore très, très passionnés du fédéralisme ici à Québec.
C'était bien d'entendre M. Pelletier, mais, dans le concret, là, son Canada réel n'a toujours pas reconnu le Québec puis son Canada réel, présentement, le débat sur la question nationale, on veut réellement l'oublier puis le refermer très rapidement. C'est ce que je sens, moi, personnellement.

M. Bovet (Sébastien): Mais, dans l'esprit du Québécois moyen, qu'est-ce que ça change, ce débat-là, qu'il se fasse ou qu'il ne se fasse pas?

M. Valois: Bien, écoutez, être Québécois puis être reconnu comme Québécois puis pouvoir savoir qu'on est Québécois, c'est quelque chose qui est très important. Je veux dire, moi, la prochaine élection, là, la prochaine élection, les gens vont aller voter oui sur le comportement du gouvernement de Jean Charest. C'est clair. Il y a des gens, là, qui vont sanctionner ce gouvernement-là.
Mais à Joliette, tu sais, puis dans Taillon, il y a pas mal de monde qui vont aller voter aussi parce qu'il y a un parti qui prône la souveraineté du Québec puis cette reconnaissance-là d'être Québécois partout, d'être reconnu comme ça. C'est encore très présent, cette reconnaissance-là, être... notre identité, qu'elle existe.
Ce n'est pas quelque chose qui est mis de côté, l'identité basée notamment sur la langue, sur notre Charte québécoise à nous aussi, sur l'ensemble de lois puis d'institutions qu'on se donne. Ce n'est pas quelque chose qui est à côté, c'est encore quelque chose qui divise... bien, qui divise, je veux dire, qui partage le vote.
Il y a des gens qui vont voter pour le Parti libéral ou pour le Parti québécois sur cette question-là. Alors, pour le Québécois moyen, c'est encore un enjeu qui est là. Pour le Québécois moyen, ça fait depuis le rapatriement de la constitution qu'ils n'ont pas renvoyé de majorité de libéraux à Ottawa, qu'ils ont préféré voter conservateur et pour le Bloc.
Tu sais, je veux dire, pour le Québécois moyen, c'est encore une question qui est fondamentale. Maintenant, c'est à nous - et vous avez raison avec votre question - je pense que c'est à nous de dire... Lorsque M. Pelletier nous dit que c'est nécessaire, qu'est-ce qu'il veut dire? Bien, justement, que cette reconnaissance de cette nation-là, ce n'est pas quelque chose qui est symbolique. C'est quelque chose qui va permettre, dans la théorie fédéraliste bien sûr... Mais cette reconnaissance de cette nation-là au sein du Canada permettrait de dire: Bien, il nous faut encore plus de pouvoirs, il faut encore plus de, bon, marge de manoeuvre, ces possibilités d'«opting out», de nommer des juges, de faire... Écoutez, là, toute la position... Meech puis les positions traditionnelles du gouvernement fédéraliste du Québec. Mais, et vous comprenez, c'est à nous aussi de faire valoir qu'au-delà du débat sur cette reconnaissance-là, cette reconnaissance-là, elle est nécessaire. Moi, je pense qu'il est chimérique de penser qu'elle se fera au sein du Canada. Je pense que la meilleure façon de faire reconnaître la nation québécoise, c'est la souveraineté. C'est à M. Pelletier de dire, oui, c'est nécessaire, et comment il va y arriver au sein du Canada.

M. Dougherty (Kevin): ...in English. If you look at... You know, Mr. Pelletier is saying that is an important issue, a fundamental issue, but is not time yet, we can't go there yet. But, on the other hand, I don't know if you can go there either because, if you look at the number, if you look at the CROP's poll, you could win the elections with 37 % of the votes, which is in a way below 50. And the CROP's poll also shows that 45 % would vote yes to the 1995 question, and your question is a hard question, a harder question. So, it doesn't look like it's going to happen on your side either. I mean, it seems like there is no way out of it either way...

M. Valois: Yes, yes.

M. Dougherty (Kevin): ...it's a deadlock on the federalist side but also on the sovereignist side.

M. Valois: Yes. I know what you mean, but the federalists say they don't want to go there yet but thy don't give us how that they are going to make sure that can't go there yet sometime and what are their strategy to go there and to make it happen. We have a strategy to make it happen. We saw the polls like you and... but we've seen polls before the referendum of 1995, it wasn't so great either. But, it's not just only polls, it's when you have the courage to put your idea on the table and say it's your first subject, we need to talk about it so people starts to have some reflexion on that issue. And then, and then, polls are changing, the mentalities are changing. We're not saying, «We are seeing the polls, we are afraid of failing so we're going to do nothing.» It's the opposite for us, we have a strong idea, the Parti québécois is living this idea. People are going to vote for us and give us the mandate to have a public consultation on that issue, the sovereignty issue, and we will put every thing to make sure that this discussion, and the idea is going to be put on the table so people are going to express themselves.

M. Dougherty (Kevin): But, you've said yourself that people in your ridding in Mme Malavoy ridding want to vote out the Federal Government, they want to sanction the federal Government by choosing a government in an election.

Mme Malavoy: Yes. But we can illustrate what would be the difference. For example, if we would be a country, we would go to Kyoto with our own voice and our own values. Actually, we have to be inside the Canadian delegation. I think it's easy to explain to anybody, in Québec, that being a country, we are free to explain our position and to vote the way we want to vote. And it won't be possible for the Minister who's going to Nairobi, next week. He will be part of the Canadian delegation, and Canada will talk for Québec, not ourselves.

Journaliste: O.K. Merci.

M. Valois: Merci. Thank you.

Mme Malavoy: Merci.

(Fin à 12 h 37)

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