Conférence de presse de Mme Pauline Marois, ministre de l'Éducation
Calendrier d'implantation du nouveau curriculum
Version finale
Wednesday, June 17, 1998, 11 h 41
Salle Evelyn-Dumas (1.30),
édifice Pamphile-Le May
(Onze heures quarante et une minutes)
Mme Marois: Alors, bonjour tout le monde. En septembre dernier, je vous annonçais la révision du curriculum, c'est-à-dire des matières qui, dorénavant, seraient enseignées dans nos écoles. Pour me conseiller sur cette révision du curriculum, j'ai créé une Commission des programmes d'études. Celle-ci, composée d'éducateurs et d'éducatrices représentant tous les secteurs de l'éducation, m'a remis un premier avis sur les calendriers d'élaboration et d'implantation des programmes. D'ailleurs, je voudrais en profiter pour remercier les membres de la Commission qui ont procédé très rapidement. Vous trouverez à l'intérieur de la pochette l'avis qu'ils m'ont transmis et je puis d'ores et déjà vous dire que les décisions que j'annonce aujourd'hui s'inspirent, pour l'essentiel, de leur avis.
J'en profite d'ailleurs pour saluer Mme Jeanne-Paule Berger, qui est avec nous et qui est la présidente de la Commission, de telle sorte que si des questions plus techniques voulaient être posées quant à leur proposition, vous pourrez le faire, elle sera disponible après la rencontre de presse.
Alors, depuis le rapport Parent, le programme scolaire s'est pour le moins alourdi, souvent d'ailleurs, au gré des modes, des tendances du moment. Il était temps de revenir aux matières essentielles, de mettre l'accent sur les apprentissages de base et d'enrichir le contenu des matières enseignées aux élèves. Il fallait donc choisir les matières à enseigner et le temps qui devait leur être consacré, la langue maternelle, la langue seconde, les mathématiques, les sciences, l'histoire, les arts pour ne nommer que celles-là.
Comment et quand implanterons-nous ces nouveaux programmes? D'abord, les programmes seront implantés par cycle d'études, c'est-à-dire première et deuxième années ensemble, troisième et quatrième années ensemble et cinquième et sixième années ensemble, chacun constituant un cycle, et ce, en continuité d'un cycle à l'autre, comme le recommande d'ailleurs la Commission, afin de favoriser une progression cohérente des apprentissages et de respecter le cheminement scolaire des élèves.
L'implantation des nouveaux programmes sera obligatoire dans toutes les écoles en même temps – vous comprendrez facilement pourquoi – après une période de deux ans, qui permettra une assimilation adéquate par le personnel enseignant, des activités de formation ou de perfectionnement appropriées et nous apporterons, s'il y a lieu, les corrections qui s'imposeront avant leur approbation définitive. Il s'agit là d'un processus d'adaptation continu des programmes qui évitera d'avoir à les réviser tous simultanément. Ceci veut dire qu'on ne procédera plus comme par le passé où, à tous les 10 ou 15 ans, on révisait au complet un programme, nous allons nous assurer qu'il y ait un processus continu d'adaptation des programmes à compter de maintenant.
Le programme des programmes, c'est-à-dire celui qui réunit les compétences transversales, à faire acquérir aux élèves dans l'enseignement de toutes les matières, devra être disponible au moment où commenceront à s'implanter les programmes disciplinaires. Afin de favoriser le succès scolaire des enfants et d'obtenir des élèves plus de rigueur, plus de motivation à l'égard du travail et de la réussite, on leur apprendra donc, dès le début de l'implantation des nouveaux programmes, les attitudes et les habitudes positives nécessaires au regard du travail intellectuel, mais aussi les compétences liées aux méthodes de travail, aux attitudes et au comportement à adopter dans la vie personnelle et dans la vie sociale, de même que celles qui sont liées à la maîtrise de la langue. Par conséquent, au primaire, la réforme des programmes débutera dès septembre 1999 pour les programmes suivants.Au premier cycle, soit la première et la deuxième année que nous connaissons maintenant, les élèves apprendront donc le français ou l'anglais comme langue d'enseignement, les mathématiques, la musique et l'éducation physique et à la santé et le français langue seconde pour les anglophones. Au deuxième cycle, soit en troisième et quatrième année, s'ajouteront les sciences et la technologie, l'histoire, la géographie et l'éducation à la citoyenneté et l'anglais langue seconde pour les francophones. Pour mieux respecter la séquence des apprentissages faits par les élèves, l'implantation au secondaire débutera donc en septembre 2001 pour les programmes suivants: histoire et éducation à la citoyenneté, sciences et technologie, géographie, anglais langue seconde et enseignement moral et religieux. Elle commencera en septembre 2002 pour les programmes suivants: français et anglais langues d'enseignement, mathématiques, musique, éducation physique et à la santé et français langue seconde. Enfin, comme le programme de connaissances du monde contemporain suppose des connaissances préalables en histoire et en géographie, il sera implanté en septembre 2004. D'ici là, le programme d'éducation à la vie économique continuera d'être en vigueur en cinquième secondaire.
De cette façon sera respecté intégralement le calendrier d'implantation prévu dans l'énoncé de politique éducative, qui annonçait le début de l'implantation des programmes en septembre 1999, au primaire, et sa fin en 2005, 2006 au secondaire. Dans certains cas, d'ailleurs, pour certains programmes, l'échéance se trouve devancée.
Il s'agit, vous le constatez, d'un projet ambitieux mais dont les étapes ainsi fixées m'apparaissent nécessaires. D'une part, il faut éviter l'improvisation. D'autre part, il ne faut pas allonger indûment la période de réalisation d'une réforme qui est attendue par la population. Aussi allons-nous réunir les conditions nécessaires pour que la période d'élaboration et de production des programmes garantisse le succès de leur implantation.
Qu'en est-il de la production des programmes? Le ministère constituera des équipes d'élaboration et de production pour chacun des programmes d'études où seront réunis des enseignantes et des enseignants en majorité, mais aussi du personnel d'encadrement pédagogique, une direction d'établissement et des experts du domaine du savoir, des experts en français, en sciences, en chimie, en physique, en histoire, peu importe. Les équipes assureront en outre la contribution du secteur anglophone, du secteur de l'éducation des adultes et du secteur de l'enseignement privé.
Ainsi, de par la constitution même des équipes, toutes les commissions scolaires seront engagées, à un titre ou à un autre, dans le processus d'élaboration d'un ou de plusieurs programmes. Je souhaite que cette façon de faire non seulement permette une participation de tous les milieux scolaires, mais assure une masse critique d'éducateurs et d'éducatrices qui, au fait du contenu des programmes renouvelés, deviendront des personnes ressources dans leur milieu respectif. Je confirme ainsi le rôle professionnel prépondérant que la loi n° 180 a déjà prévu pour le personnel enseignant.
Par ailleurs, il va de soi que les associations professionnelles, associations de professeurs de français, de professeurs de sciences, de mathématiques, d'histoire seront invitées à collaborer à toutes les étapes du processus. Mais, au-delà de ce modèle de production des programmes, il faudra s'assurer de l'intégration, dès la conception de ces derniers, des préoccupations relatives à l'utilisation des technologies dans chaque matière, à la présence d'élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, à la disponibilité des ressources didactiques et aux exigences qui en découleront pour la formation des enseignantes et des enseignants.
Nous convenons aisément qu'il n'y a pas nécessité, pour enseigner deux heures de plus de français ou de mathématiques par exemple, de modifier les manuels scolaires pour septembre 1999. Cependant, dans un contexte où tous reconnaissent, d'une part, qu'il faut laisser plus d'autonomie au personnel enseignant et, d'autre part, les innombrables possibilités que suscitent déjà les nouvelles technologies, nous injecterons chaque année les sommes nécessaires pour la mise à jour du matériel didactique, dont des manuels scolaires.
Je voudrais insister sur une dernière condition de succès à assurer et la plus importante, sans doute, soit celle de la formation et du perfectionnement des enseignantes et des enseignants en exercice. Déjà, mon ministère a établi trois volets essentiels de cette formation: D'abord, des activités de recyclage à l'intention du personnel affecté directement par la disparition de certains programmes.
D'autre part, une formation intensive à l'intention du personnel enseignant qui aura à enseigner des programmes ayant fait l'objet d'une réorganisation importante, tels que les programmes de science et techno, d'histoire, de géographie et d'éducation à la citoyenneté.
Enfin, en troisième lieu, une formation continue à l'intention de l'ensemble du personnel enseignant et portant sur tous les changements apportés aux programmes et sur le programme des programmes.
Je suis consciente qu'après la révision des programmes, le succès de la réforme repose sur cette formation des enseignantes et enseignants en exercice, une formation qui ne soit pas fournie, ponctuellement, mais qui fasse partie de leur développement professionnel. En même temps, j'affirme qu'on peut compter sur les personnels en place; ils ont les compétences, ils ont l'expérience nécessaire pour continuer à assurer la qualité des apprentissages des élèves et pour améliorer la réussite scolaire. Ils sont donc la ressource la plus fiable, la plus consciencieuse pour garantir, dans le respect de leur autonomie professionnelle, que les changements proposés soient effectués au bénéfice des élèves.
Alors, vous retrouverez, derrière moi, les tableaux qui font état, d'une part, du calendrier des programmes d'études préscolaire, primaire et secondaire, avec leur année d'implantation. Et, par ailleurs, ici, présenté autrement, où on retrouve chacune des matières, le même calendrier transposé en matières.
Je reviens sur deux choses: D'abord, je veux, encore une fois, remercier la Commission des programmes d'études, je suis très heureuse du travail qu'ils ont accompli, ils en ont beaucoup à venir encore, et je suis très satisfaite de pouvoir compter sur leurs services.
Deuxième chose que je veux rappeler qui est importante et qui, moi, m'a préoccupée beaucoup, étant très sensible à tous ces changements qu'on va apporter et à ce qu'ils peuvent amener comme branle-bas de combat dans nos institutions, si vous me passez l'expression, je voulais m'assurer qu'il y avait en séquence l'implantation des nouveaux programmes dans le sens où on n'allait pas demander de s'approprier l'histoire au secondaire avec le nouveau programme sans que les enfants du primaire soient passés à travers le nouveau programme. Alors là, il y a un respect intégral des séquences. C'est très important. Nos enfants ne sont pas des cobayes.
La deuxième chose qui, pour moi, était aussi importante, il n'était pas question – et ça, il y avait différentes hypothèses – qu'on procède dans certaines commissions scolaires à l'implantation dans certaines écoles et pas dans d'autres. Parce que, vous comprendrez qu'à sa face même, le jour où un jeune, qu'il soit du niveau primaire ou du niveau secondaire, déménage ou change d'école et que là, on n'a pas adopté encore le nouveau programme, ça n'avait aucun sens. Donc, tout le monde va commencer en même temps partout. Et on se donne deux ans pour faire les réajustements, les correctifs, s'il y a lieu, et pour autoriser formellement le programme au bout des deux ans, étant entendu que, par la même occasion, s'implante un processus d'évaluation continu des programmes, ce qui fait qu'on n'aura pas des programmes qui vont devenir désuets avec lesquels on va être empêtrés pendant 10, 15 ans parce qu'on ne les aura pas modifiés.
Je suis disponible pour répondre à des questions.
M. Plante (Bernard): Mme Marois, au niveau des heures d'enseignement pour ces nouvelles matières-là, est-ce qu'il y a d'autres matières qui seront enseignées moins longtemps qu'elles ne le sont actuellement? Est-ce qu'il y aura plus de français et de mathématiques? Je pense que, dans le portrait, c'est assez important qu'on sache ça.
Mme Marois: Oui. Il y a effectivement plus d'heures de français. Il y a plus d'heures de mathématiques. Il y a donc aussi conséquemment, pour les anglophones, plus d'heures d'anglais à l'école anglaise, cela est vrai aussi. Il y a des cours qui ont carrément disparu. Je pense à la formation personnelle et sociale qui est réintégrée dans les différents cours, mais qui n'apparaît plus à la grille-matières. On ne l'a pas, la vieille grille-matières, hein? Elle est dans l'énoncé de politique. Alors donc, il y a des cours comme ceux-là qui, formellement... Pardon? L'économie familiale, c'est un autre exemple. Ce sont des cours qui disparaissent des grilles-matières, et donc, cela laisse de l'espace pour d'autres matières.
Je préviens d'avance votre question. On s'est préoccupés de l'enseignement des sciences, de la technologie, des mathématiques. Dans la grille-matières actuelle, ce n'est pas aussi exigeant au niveau primaire que l'enseignement des sciences et la technologie et ça le deviendra avec le nouveau programme, ce qui fait qu'au total, les jeunes, les enfants et les adolescents seront en contact avec les mathématiques, les sciences et la technologie pendant un plus grand nombre d'heures qu'ils ne le sont maintenant pour toute leur période d'études, évidemment, cela va de soi.
M. Plante (Bernard): Juste une petite question. Est-ce qu'il y a seulement ces deux cours-là qui disparaissent?
Mme Marois: C'est-à-dire qu'il y a des cours qui sont intégrés. Une approche qui est privilégiée ici, c'est l'intégration, entre autres, de tout ce qui concerne les sciences, chimie, biologie, physique, technologie, et ça, c'est dans la foulée directe du rapport du groupe de travail sur le curriculum présidé par M. Inchauspé et avant lui, du rapport Corbo, qui nous suggéraient que l'on permette à des jeunes d'étudier en séquences les sciences et d'une façon mieux intégrée. Alors, ça apparaît moins à la grille-matières, mais c'est une façon très différente d'enseigner les sciences, en général, qui apparaît avec le nouveau programme.
M. Plante (Bernard): L'enseignement moral et religieux?
Mme Marois: Il reste ce qu'il était avec le même nombre d'heures.
M. Plante (Bernard): Pour le moment? Ou...
Mme Marois: Pour le moment et jusqu'à preuve du contraire. Vous savez que j'ai un groupe de travail... Vous avez un drôle de petit sourire. Ha, ha, ha! Je m'excuse, mon collègue ne l'aurait pas remarqué peut-être. Il est toujours comme ça. Bon. Plus sérieusement, il y a un groupe de travail qui doit me remettre son rapport à l'automne et je me suis engagée, c'est un mandat que j'ai confié – vous vous souviendrez, j'ai fait une déclaration ministérielle – à un groupe présidé par M. Jean-Pierre Proulx qui est particulièrement reconnu pour ses compétences à cet égard et sa réflexion sur ce sujet. Je lui ai donc confié un mandat accompagné d'un certain nombre d'autres professionnels de telle sorte qu'ils puissent nous proposer des avenues quant à la place de la religion à l'école. Il devrait nous remettre le rapport cet automne, à la fin de l'automne et j'ai pris un engagement de déposer ce rapport à la commission de l'éducation pour qu'il y ait débat et consultations sur différentes pistes qui nous seraient proposées.
M. Plante (Bernard): Il n'est pas impossible, donc, que ça soit diminué, la place?
Mme Marois: Il est tout à fait possible que ce soit éventuellement requestionné, mais pas maintenant. Dans deux ans, un an et demi, pas à ce moment-ci.
Mme Breton: Habituellement, ça prend des mois, des années avant d'élaborer un seul programme au ministère. Alors, pour atteindre votre objectif de septembre 1999, est-ce que vous escamotez des étapes? Mme Marois: Non, nous n'escamotons pas d'étapes, parce que, d'abord, il faut bien vous dire qu'un certain nombre de programmes ont déjà été révisés. Je pense à l'exemple qui est bien connu puisqu'il a suscité quelques oppositions et quelques querelles d'écoles, le français. Nous avons déjà révisé le programme de français. Alors, ce que cela impliquera, c'est une mise à jour pour s'assurer qu'il correspond aux séquences que nous voulons retenir, sans doute, une bonification, un resserrement de certains de ses aspects, mais on n'a pas à refaire tout le programme de français. Et c'est vrai aussi sur un certain nombre d'autres matières sur lesquelles il y a déjà du travail de fait à l'intérieur du ministère par des groupes, par des spécialistes, par des professionnels.
Par ailleurs, nous avons évalué que nous avions le temps nécessaire pour respecter l'échéancier qui est là. Quand on dit que ça prend du temps pour bâtir un programme, c'est vrai quand on pense aux programmes qui, je vous dirais, par exemple, mènent à une formation spécialisée en horticulture ou en mécanique auto ou autrement. Mais nos programmes réguliers... Je pense que l'exemple de la maternelle est un bon exemple. Il a été remanié en quelques mois et rebâti au complet. N'est-ce pas, M. Bisaillon, je ne me trompe pas en disant cela? Nous y sommes arrivés dans les temps impartis.
Il y a donc, je le mentionne, un travail qui est déjà en préparation dans certains cas, et dans d'autres, comme certaines révisions ont été faites dernièrement, on ne va pas les reprendre.
La Modératrice: Mme Gagnon.
Mme Gagnon (Katia): Mme Marois, vous dites que vous allez injecter chaque année les sommes nécessaires pour la mise à jour du matériel didactique, dont des manuels scolaires. Combien d'argent chaque année?
Mme Marois: Bon. Alors, actuellement, nous avons fait une évaluation des sommes qui nous seraient nécessaires. Déjà cette année, nous avons dégagé à même les budgets, à l'intérieur donc des budgets de l'Éducation, pas pour les manuels scolaires, pour l'ensemble de la révision des programmes parce que ça nous demande des spécialistes, ça nous demande de la recherche, etc., nous avons dégagé 5 800 000 $. Nous prévoyons que, dans les prochaines années, nous investirions 25 000 000 $ par année pour du matériel didactique et des manuels scolaire, étant entendu, comme je le mentionnais dans mon intervention, qu'on doit aussi compter sur les nouvelles technologies qui ouvrent des perspectives extraordinaires.
Il faut se promener actuellement dans nos écoles pour voir que beaucoup d'enseignants ont des guides pratiques et n'ont pas, dans certains cas, de manuels puisque le jeune travaille avec des logiciels, a accès facilement à de l'information et à de la formation par cette façon de faire. Il y a des imprimantes même qui leur donnent des outils leur permettant d'opérer.
Mme Gagnon (Katia): Est-ce que ça va être suffisant 25 000 000 $, Mme Marois, pour pallier à...? Il y a quand même un problème sérieux au niveau des manuels scolaires.
Mme Marois: Bon, là écoutez, on peut bien reprendre tout ce débat-là du manuel scolaire. Il y a un problème. Il n'est pas de l'ampleur de ce qu'on a voulu nous faire croire. On a gonflé incorrectement les chiffres et je pense particulièrement à l'opposition qui en a remis plus qu'on en demandait. Vous allez me dire: C'est son boulot. Mais enfin, c'est comme ça, parce que dans les faits on peut constater que, dans les écoles, il y a des écoles qui ont les manuels scolaires. Ils ont certains manuels qui ne sont parfois pas approuvés, au sens où l'approbation est terminée; nous approuvons les manuels pour un certain temps. Ils conservent ces manuels. Un manuel en français, il reste valable en soi pendant... à moins qu'on change les règles de grammaire. On se comprend bien. Bon.
Alors, avec les sommes que nous consacrerons annuellement à cette question, avec les changements de programmes, avec les ajustements nécessaires aux manuels, nous serons capables de répondre aux besoins.
Mme Gagnon (Katia): Mais, est-ce que vous admettez que pour l'implantation d'un nouveau programme, avoir un manuel, c'est essentiel?
Mme Marois: Oui, c'est pour ça d'ailleurs qu'on prévoit des sommes. Oui, bien sûr, pour les nouveaux programmes, ça va de soi. Mais comme je le mentionnais, pour respecter les échéanciers, il n'est pas nécessaire d'avoir des nouvelles grammaires de prêtes pour septembre 1999. On peut fonctionner avec les grammaires qu'on a déjà.
Une voix: On a connu, il y a quelques années le rapport Parent.
Mme Marois: Oui.
Une voix: Ça a été un revirement complet dans le domaine de l'éducation. Vous y faites allusion, d'ailleurs, dans votre préambule. Est-ce que vous établiriez des parallèles ou des choses différentes par rapport à ce qui avait été fait à l'époque?
Mme Marois: Je pense que c'est une rénovation aussi importante et autant en profondeur qu'on l'a fait au moment du rapport Parent, qu'est-ce qu'on fait maintenant puisque tout a été requestionné. Les institutions ont été requestionnées; de commissions scolaires confessionnelles, nous sommes passés à des commissions scolaires linguistiques. Les rôles des institutions ont été questionnés; de commissions scolaires qui avaient des responsabilités plus importantes à l'égard de la pédagogie, on est passés à des établissements qui ont plus de responsabilités et d'obligations à l'égard de la pédagogie; de curriculums qui s'étaient sédimentés par l'ajout de différentes formations, différents programmes, on a élagué les curriculums d'une façon importante pour recentrer sur les matières essentielles.
On avait évacué un peu, je dois vous dire, de la philosophie et de notre culture, ce que l'on appelle nous ici toutes les exigences, toute la rigueur, tout l'effort qui est demandé aux jeunes et aux adolescents que nous réintroduisons d'une façon très significative et très importante. C'est ce qu'on appelle le programme des programmes. On n'en a pas fait état beaucoup ici, mais il est majeur. Dans le fond, c'est toutes les compétences reliées aux capacités intellectuelles, les compétences méthodologiques, les compétences liées à la socialisation et les compétences relevant du domaine de la langue. Ça, c'est pour l'école de base.
Et si on prend l'ensemble du système éducatif du Québec, l'éducation nationale au sens strict, de la petite enfance jusqu'à l'université, on aura revu l'ensemble du dispositif de l'éducation.
Donc, c'est sans doute la plus importante réforme depuis le rapport Parent.
Mme Thompson (Elizabeth): Mme Marois, si je me souviens bien, il y a eu un autre aspect à ça, c'est-à-dire, la formation professionnelle, ceux qui ne sont pas nécessairement en piste pour l'université. Où est-ce qu'on est rendu? Puis est-ce qu'il va y avoir bientôt les programmes dont les gens ont parlé, les parrainages avec les entreprises et des choses comme ça?
Mme Marois: Alors, j'ai justement fait le point hier avec quelques-uns de vos collègues.
Nous avons, au niveau de la réforme de la formation professionnelle, engagé une série d'actions très importantes, et en qualité, et en nombre, au sens où nous diversifions les voies de formation dès après le secondaire III. Nous introduisons de l'alternance travail-étude, des stages en milieu de travail.
Nous nous étions fixé, dans la foulée du Sommet, de rendre disponibles 6 000 lieux de stages pour le niveau professionnel et technique. Nous sommes actuellement à 7 000. Nous avons déjà dépassé les cibles.
Et en ce sens, nous avons aussi des consortiums, c'est-à-dire des ententes entre des commissions scolaires, des cégeps et éventuellement des universités, pour faire des continuums de formation du niveau professionnel vers le niveau technique sans pénaliser un jeune ou ne l'obligeant pas à reprendre certaines formations ou certains cours. Il y en a trois formellement en marche, il y en a une trentaine de possibles à travers le Québec. Donc, l'ensemble des gestes à poser, au niveau de la formation professionnelle et technique, se posent actuellement. Ils sont très bien engagés.
J'ai, en plus de ça, cette opération que je mène avec tous les ministères concernés, de l'Emploi et de la Solidarité, de l'Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie, de l'Éducation, de même que les milieux d'affaires pour identifier les besoins ou pour répondre aux besoins de formation courte qui existent actuellement sur le marché du travail et qui ne trouvent pas de personnes compétentes ou formées pour occuper les fonctions.
Alors, oui, il y a un travail énorme de fait actuellement, du côté de la formation, et professionnelle, et technique.
M. Plante (Bernard): Oui, je vais revenir sur votre calendrier d'implantation, Mme Marois. C'est implanté en séquence, bon, première, deuxième primaire, etc., je pense aux élèves de deuxième, quatrième et sixième années qui auront suivi un programme différent l'année précédente nécessairement, est-ce que ça peut représenter des difficultés particulières et est-ce que vous avez songé à des mesures pour pallier à ça?
Mme Marois: C'est pour ça justement qu'on l'implante dans la séquence que vous avez là, dans le sens où, normalement, ou ils avaient... Prenons un exemple, O.K., concrètement; ici, le domaine de l'univers social, histoire, géographie, éducation à la citoyenneté, nous l'implantons à compter de 1999 au deuxième, troisième et quatrième cycles, c'est là qu'il commence, et ces enfants-là, évidemment, ensuite, en l'an 2000, vont avoir la deuxième partie du programme, mais c'est à ce cycle-là qu'ils commencent. Donc, ils n'auront pas eu à avoir de préalables, et la grille prévoit que justement le changement des programmes accompagne les enfants – comprenez-vous? – de telle sorte qu'il n'y ait pas d'introduction d'un changement où les enfants n'auraient pas eu les préalables, où les ados n'auraient pas eu les préalables. Vous voyez un petit peu la façon?
M. Plante (Bernard): Oui, je comprends très bien, mais en...
Mme Marois: Alors, ce qui veut dire que...
M. Plante (Bernard): ...français, au primaire, ce n'est pas le cas, par exemple, pour les enfants de deuxième, quatrième et sixième années.
Mme Marois: En français, primaire, deuxième, quatrième, alors français langue d'enseignement...
M. Plante (Bernard): L'année précédente, ils n'auront pas suivi le nouveau programme.
Mme Marois: Oui, mais chez les enfants qui commencent en 1999.
Mme Gagnon (Katia): Non, mais l'enfant qui est en deuxième année en 1999, il va arriver, en 2000, avec le nouveau programme en troisième année.
M. Plante (Bernard): Oui, mais celui qui est en quatrième...
Mme Marois: C'est-à-dire qu'il va entrer en deuxième année, hein, au deuxième cycle, avec le nouveau programme. Ah oui, je comprends, c'est que vous dites: Ici, il y a le premier, deuxième...
Mme Gagnon (Katia): S'il est en deuxième année en 1999, en troisième année, il va arriver...
Mme Marois: ...année. Alors, là, effectivement, il y aura certains ajustements à faire, mais comme c'est du temps que l'on... En fait, quand on prend les langues, entre autres, particulièrement, c'est plus de temps qu'on consacrera à l'enseignement de la langue. Donc, à ce moment-là, on occupera, dans le fond, un espace plus grand permettant d'atteindre mieux les objectifs. Parce qu'un des problèmes qu'on rencontre actuellement, c'est ça, c'est que les enfants sortent de nos écoles, nos jeunes, ils ne savent pas écrire, ils ne savent pas parler.
Mme Robson (Lynne): Mme Marois...
Mme Marois: Est-ce qu'il y a d'autres questions en français? Excusez-moi, madame. Ça va, parce que là, il faut que je me... O.K., d'accord.
Mme Robson (Lynne): When all of the changes have been put into place, how different will the school curriculum be than it is right now, what will people notice?
Mme Marois: Some formation will not be available because it will be integrated in the new science. I can give you like example «la formation personnelle et sociale», personal... comment on dit?
Mme Robson (Lynne): Personal, social? I don't know.
Mme Marois: Formation personnelle et sociale will be of course available in the curriculum; éducation – comment ça s'appelle, donc? – Éducation famiale? Non.
Mme Robson (Lynne): Family economics?
Mme Marois: Family economics? We can use these words, but it will not be available. So, now, the most important change I think is to put the focus ont the essential teaching like the Language, History, Science, Technology, Mathematics and Arts. If you look at the curriculum, you could see there is no other formation except at the moral teaching and religious teaching, that's all.
Mme Robson (Lynne): Will there be more or less physical education? There's a lot of debate over it.
Mme Marois: No, It will be about the same amount of education in the curriculum now because it will be integrated in some courses...
Mme Robson (Lynne): Subjects, courses.
Mme Marois: Subjects, yes.
Mme Robson (Lynne): I think she was referring to physical like gymnastic and...
Mme Marois: Yes, exactly, it will have the same amount of time on this subject.
Mme Robson (Lynne): You're saying that the biggest problem is children come out of school not very well educated, right now?
Mme Marois: Yes, exactly, and that is why we put accent on the essential courses because we want to have children who will prepare to the new economy and that will be an economy of knowledge, and it is important to know very well the science, to appropriate the language and to be well prepared to these new exigencies.
Mme Robson (Lynne): How much money is being dedicated to the changes? Mme Marois: We will invest every year money for books and for material about 25 000 000 $ by year. And for the first years in the preparation of the curriculum, we will invest 5 800 000 $ and we think that in all the operation we will invest about 25 000 000 $, maybe 5 000 000 $ or 6 000 000 $ per year during some years.
Une voix: So, Mme Minister, a child who enters the school system next fall will study the new curriculum. It will implemented each...
Mme Marois: Yes. It will be implemented each year from 1999 until 2000 and 2005 and in 2005 it will be finished. Everybody will be in the new program. I think it is important because we will implement these programs obligatory. It will not be possible for a school to decide to implement or not the new program because it will be absolutely unacceptable for the children if they have to change school.
Mme Robson (Lynne): Is that too much freedom in the system at this point to choose.
Mme Marois: Yes. They will have more freedom but it will not be possible to choose or to decide on the national curriculum. But there is some time in the agenda to decide to use some hours for a third language, on more sciences or on more arts or something like that.
M. Grant (John): In what way do you think children will be prepared to go to university and then find a work place through this?
Mme Marois: I think they will be more well prepared to be ready to work because we put the focus, we put the emphasis on the essential subjects, like language, sciences, mathematics, the Knowledge of a second language, a third language if it is possible at the secondary level and on history, geography. We put out of the curriculum some little subjects like «économie familiale», family economy, like «formation personnelle et sociale», personal and social education, we integrate these subjects because it is important to know that but we integrate these subjects in other places in the curriculum.
Mme Robson (Lynne): May I ask a question on another subject?
Mme Thompson (Elizabeth): Mme marois, it strikes me that the kids beginning school next year will be the ones that will almost be the test subjects as getting the new curriculum first. What will you say to parents who might be concerned that their kids going into grade one next year will be the guinea pigs to test your new system?
Mme Marois: They will not be the «cobaye», how you say that in English also, because we had an experience of that. We will be well prepared to implement these new curriculum. We will put an obligation on the school board to implement, at the same time, the new subject. So, if a child changes of school, he will have the same teaching, the same curriculum and, after two years, we will make some adjustments to the new curriculum. But, what we will do, I think we will not impose «une expérimentation» too long to our children, that will not be, they will not be «cobaye» in our system.
M. Grant (John): The teachers have been...
Mme Marois: Comment on dit ça?
Des voix: Guinea pig.
Mme Marois: Guinea pig. «Oh! c'est un nouveau mot.»
M. Grant (John): Teachers have been complaining that you're asking they teach too much, that they don't have time to devote now to the number of subjects they have to teach. Did you address those concerns whit this? Mme Marois: With this, we correct the curriculum where this goal because if we reduce the time for the family economy or for the personal and social formation and if we put the emphasis on the essential subjects, the same teacher will have more time with the same group, you know, so it will be more interesting, I think, for the teacher now with this new curriculum. They will have a little number of students, of children for the same subject, so I think it will be easier for the teachers now.
Mme Robson (Lynne): Mme Marois, on an other subject, the memo...
Mme Marois: Attendez, attendez, est-ce qu'il y a d'autres questions sur le curriculum?
Une voix: You say that there will be about 25 000 000 $ for books and stuff like that, how much of that will be going to English schools?
Mme Marois: The amount that will be necessary to respond to their needs because we divide the sum, the amount «selon les clientèles», you know. Selon le nombre d'enfants. Alors, ça ne se pose pas. Il y en aura autant à l'école anglaise qu'à l'école française, selon le nombre d'enfants.
Mme Leclerc (Anne): Can you say that in English, please?
Mme Marois: Yes. They will have the same amount in the English schools as in the French schools because it will depend on the number of children.
Mme Breton: Toujours sur la question, justement, des budgets pour l'achat de manuels et de matériel didactique, est-ce que vous allez resserrer les règles pour faire en sorte que l'argent que vous envoyez pour l'achat de manuels serve vraiment pour l'achat de manuels?
Mme Marois: Alors, ça, c'est une question qui a été débattue longuement déjà avec les commissions scolaires, avec les représentants des services professionnels dans les commissions scolaires et nous n'avons pas l'intention, effectivement, de changer nos règles à cet égard. Au sens où la loi prévoit qu'il y a une obligation de fournir le manuel scolaire. C'est maintenant dans la loi n° 180. Alors, à partir de cette obligation, on pourra faire un contrôle a posteriori au sens où on pourra demander si, effectivement, on a ou non le matériel didactique ou le manuel scolaire ou les nouveaux outils en technologie des communications et, donc, c'est par cette voie-là qu'on va s'assurer de l'atteinte de l'objectif et non pas en décidant préalablement que le budget doit être essentiellement utilisé à cette fin.
Prenons la situation actuelle. Il y a des commissions scolaires où tous les manuels scolaires sont disponibles. Et puis, il faut faire le tour. C'est pour ça, d'ailleurs, que vous n'en entendez pas beaucoup... Quand vous regardez comment un tel dossier aurait dû, à mon point de vue, l'identification dans telle école, telle école ou elle école des problèmes et que ce n'est pas apparu, c'est parce que, dans les faits, dans les écoles, il y a accès à du matériel scolaire. Alors, demain matin, on ajoute des sommes. Là où on a déjà des manuels scolaires, on n'en achètera pas d'autres. On va se servir de cela pour améliorer sans doute d'autres outils pédagogiques. Alors, moi, je ne veux pas obliger à fermer l'enveloppe. Je veux obliger, cependant, à respecter l'obligation et je veux amener les commissions scolaires à respecter l'obligation. Or, l'obligation, elle est dans la loi.
Mme Breton: Mais elle n'y était pas cette obligation-là?
Mme Marois: Elle était dans le régime pédagogique et nous l'avons mise dans la loi.
Mme Robson (Lynne): Mme Marois, the MEMO party in the Montreal School Commission says that it wants the government to intercede and take 52 000 000 $ out of the English Montreal Schoolboard to go into the french system. Will you support the MEMO party?
Mme Marois: I will wait if I have a file on my desk because it is a responsibility of the two school boards to make an agreement on this question. And if they don't have an agreement, I have to decide.
But now, I don't know, maybe, there is an official agreement between the English School Board and the French School Board and if they have an agreement I have to respect this agreement. Maybe after this election, when the MEMO will be at the head of the new French School Board, Montréal School Board, maybe they will ask me to intervene but I will see it is necessary to do. But now I don't have to presume that I will have to do, you know.
Mme Robson (Lynne): What do you think of the idea before they've even sat down together saying 52 000 000 $?
Mme Marois: No, I will not have 52 000 000 $ to invest!
Mme Robson (Lynne): No, but do you think...
Mme Marois: But if there is some problems, we could have a plan to correct the situation. But I can't accept – and something that I can't understand – somebody in a school board decided to privative their population of the schools of the good – «actifs», how do you say that...
Mme Robson (Lynne): Shares.
Mme Marois: ...yes, good shares. So I think they act – en bon père de famille, comme on dit – «partager les actifs», ce n'est pas «shares», c'est «assets».
Mme Robson (Lynne): Assets! Thank you, Minister.
Mme Marois: It's a pleasure for me! Ha, ha, ha!
M. Grant (John): C'est un progrès quand la ministre corrige notre anglais.
Mme Marois: J'aimerais tellement ça, mes amis. Merci.
(Fin à 12 h 25)