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Point de presse de M. Jean Charest, premier ministre du Québec et de M. Benoît Pelletier, ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes

Version finale

Monday, September 29, 2008, 16 h 18

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Seize heures dix-huit minutes)

M. Charest: Alors, bonjour, mesdames et messieurs. D'abord, je veux m'excuser du retard. Croyez-moi, c'est bien involontaire. Mais je sais que vous avez patienté.
Alors, on va entrer dans le vif du sujet. Je suis accompagné par Benoît Pelletier, que vous connaissez déjà très bien, ministre des Affaires intergouvernementales. Et, aujourd'hui, on a voulu vous rencontrer pour rendre publique une lettre que j'ai fait parvenir aux chefs des cinq principaux partis politiques fédéraux. Il s'agit des priorités du Québec sur lesquelles je souhaite voir les leaders fédéraux se prononcer dans la présente campagne électorale. Je vous avais annoncé mon intention de poser ce geste avant le débat des chefs, je le fais donc aujourd'hui, ce qui leur donnera le temps, d'ici demain soir, pour le débat en français, évidemment, de recevoir cette information et de réagir s'ils choisissent de le faire.
Les priorités, que je vais annoncer aujourd'hui, reposent sur un contexte et sur des principes. D'abord, sur le contexte, ce n'est pas aujourd'hui que j'ai besoin de vous rappeler les turbulences de l'économie américaine, au moment même où le Congrès américain étudie une proposition qui les engagerait à des dépenses de 700 milliards de dollars. Comme vous, j'ai suivi les péripéties de la négociation, qui ne sont pas terminées. On ne s'étonne pas d'ailleurs que ce soit aussi difficile. Mais tout ça traduit le fait qu'il y a actuellement une période de turbulence économique.
D'entrée de jeu, je tiens à dire aux chefs des partis politiques fédéraux que nous nous attendons... je pense que tout le monde au Canada s'attend à ce que les partis politiques fédéraux se prononcent sur ce qui se passe du côté des États-Unis et des impacts que ça aura sur l'économie canadienne, et qu'ils puissent nous dire ce qu'ils ont l'intention de faire s'il y a un ralentissement et de quelle façon ils attendent... ils vont réagir. En même temps, je veux réitérer que, pour nous, c'est une question où on s'attend à une collaboration, une coopération de la part de tous les paliers de gouvernement. Alors, on va travailler dans un esprit très constructif pour qu'on puisse travailler ensemble et soutenir l'économie québécoise et soutenir l'économie canadienne. Alors, voilà pour cette première remarque.
Parallèlement, il y a des enjeux spécifiques qui reposent sur trois principes. Je vous rappelle qu'en 2004, nous, on a signé une entente sur la santé qui a reconnu, noir sur blanc, le principe du fédéralisme asymétrique. C'est la première fois dans l'histoire du Canada qu'un tel principe était reconnu. Il a été, je le souligne, appuyé unanimement par tous les gouvernements au Canada. Il faut donc poursuivre dans cette voie qui est conforme à l'esprit du fédéralisme, qui est dans l'intérêt du Québec et, j'ajouterais, dans l'intérêt du Canada.
Deuxième principe. Le Parlement fédéral a adopté une motion reconnaissant la nation du Québec. Cette reconnaissance doit avoir des suites, notamment dans le respect plein et entier des compétences québécoises.
Troisièmement, en tant que gouvernement fédéraliste, nous croyons dans la collaboration et la coopération entre les partenaires canadiens. Pour nous, la défense des intérêts du Québec est compatible avec l'idée d'une meilleure fédération canadienne pour tous ses partenaires.
Alors, sur la base de ces principes, le gouvernement du Québec demande aux chefs des partis politiques fédéraux qu'ils s'expriment sur les enjeux suivants, et je vais en nommer un certain nombre, les commenter. Je vous souligne en passant que la liste n'est pas exhaustive. Vous devinez qu'entre les gouvernements les relations sont vastes et qu'il y a toutes sortes d'enjeux. On a donc voulu choisir des enjeux sur lesquels il y a des dossiers qui sont très actifs.
Alors, le premier dossier que nous relevons, c'est le financement de l'éducation postsecondaire. Ici, l'histoire est fort simple. Le gouvernement fédéral, dans les années quatre-vingt-dix, a fait des coupures unilatérales dans le domaine de la santé et de l'éducation. Ils ont rétabli le financement au niveau de la santé, ça n'a pas été fait au niveau de l'éducation postsecondaire, et nous demandons au gouvernement fédéral d'être cohérent et de rétablir le financement au niveau de l'éducation postsecondaire.
Au niveau des infrastructures, nous avons conclu, quelques jours avant le début de la campagne, une entente-cadre pour Chantiers Canada, mais les modalités de versement des sommes prévues à cette entente doivent encore être précisées. Dans le contexte économique actuel, nous croyons que c'est prioritaire, c'est urgent de conclure les ententes qui vont nous permettre de débourser les fonds pour la réalisation des travaux.
Sur la formation de la main-d'oeuvre, le Québec a mis en oeuvre le Pacte de l'emploi, qui est une offensive majeure qui interpelle les syndicats, les patrons, les groupes communautaires, qui va se mettre en oeuvre dans chacune des régions du Québec et qui cherche à permettre une plus large participation dans le marché du travail et une participation pour chacun de nos citoyens. Pour accroître l'impact de l'initiative, nous voulons des ententes également dans les domaines où le gouvernement fédéral a annoncé sa volonté de conclure des ententes. C'est ce qu'il faut retenir, ils ont déjà annoncé leur volonté de conclure une entente sur les programmes qui touchent les jeunes, les travailleurs âgés et les personnes handicapées. On demande donc au gouvernement fédéral - ils l'avaient fait dans leur budget de 2007 - de donner suite à ce qu'ils avaient déjà annoncé.
Sur l'environnement et les changements climatiques, vous connaissez les différences entre nous et le gouvernement fédéral. Il y a un différend qu'il faut nommer, qu'il faut dire. Et en même temps, le 30 mai dernier, la Bourse de Montréal a instauré son marché climatique en partenariat avec la Bourse de Chicago. Il y a un écueil très, très important. Pour la mise en oeuvre de la bourse climatique, il faut s'entendre sur les règles de base. Or, le gouvernement fédéral propose actuellement un règlement qui tient compte de la réduction des gaz à effet de serre à partir de 2006 comme année de référence. Nous demandons - et on n'est pas tout seuls là-dedans, je pense à l'Ontario - que la mise en oeuvre des règles tienne compte de l'année 1990 comme année de référence, à défaut de quoi le secteur manufacturier québécois sera pénalisé. En passant, ce que nous demandons, c'est exactement ce qu'il y a de prévu dans le Protocole de Kyoto. Alors, sur cette question, nous attendons, de la part du gouvernement fédéral, qu'il soit également cohérent par rapport à ce qui se fait ailleurs sur la planète.
Sur le développement et l'occupation des territoires nordiques. Hier, vous avez été témoins de ce que nous préparons, de notre vision pour le territoire québécois, incluant, et surtout, le Nord-du-Québec. Le gouvernement fédéral s'intéresse également au Nord, ce que nous applaudissons. Nous souhaitons une entente et des initiatives qui tiendront compte du fait que le Nord québécois, ça inclut également l'Arctique québécois. Et, lorsque le gouvernement fédéral fait des programmes pour le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut, il devrait inclure également le Nunavik, ce qu'il ne fait pas actuellement. C'est une question que j'ai soulevée à plusieurs reprises. Et nous nous attendons à ce que le gouvernement fédéral, sur cette question, réponde à une demande qui est légitime de la part du gouvernement du Québec.
Le train rapide Québec-Windsor. C'est à mon initiative que nous avons lancé une étude sur cette question, sur la réactualisation des études, avec le gouvernement de l'Ontario et le fédéral. Nous nous attendons à ce qu'un projet aussi emballant, aussi évident reçoive l'aval des partis politiques fédéraux. Évidemment, les mises à jour des études seront faites incessamment, mais rien n'empêche les partis dès maintenant de s'avancer sur un projet aussi important dans un contexte où c'est devenu de plus en plus évident que nous devons bouger là-dessus.
Sur l'exploration pétrolière et gazière dans le golfe du Saint-Laurent. Le Québec souhaite conclure une entente avec le gouvernement fédéral sur la mise en valeur du potentiel énergétique dans la partie québécoise du golfe Saint-Laurent. Une telle entente doit intervenir et prévoir pour le Québec les mêmes bénéfices que pour des ententes semblables conclues avec Terre-Neuve, Labrador et la Nouvelle-Écosse.
Sur l'encadrement du pouvoir fédéral de dépenser, nous réclamons que l'engagement déjà pris le 19 décembre 2005, répété dans le discours inaugural, répété dans le premier budget du gouvernement conservateur, entre autres, pour la partie qui les concerne, que cet engagement soit respecté et que le gouvernement fédéral agisse en proposant l'encadrement de son pouvoir fédéral de dépenser, quitte à ce qu'il conclue avec le Québec une entente spécifique avec nous, une entente bilatérale. Rien ne l'empêche. Cela permettrait de respecter le principe du fédéralisme asymétrique. Si d'autres gouvernements veulent agir autrement, ça les regarde. Mais on peut très bien conclure une entente bilatérale sur cette question-là avec un gouvernement fédéral.
Sur la question du contrôle des armes à feu, nous avons resserré le contrôle chez nous avec la loi Anastasia. Il y a deux choses que nous proposons. Si le gouvernement fédéral veut se délester de certaines responsabilités, nous avons déjà sollicité le fédéral pour qu'il puisse faire une délégation de pouvoir, mais notre premier choix, c'est le maintien intégral du registre des armes à feu.
Dans le domaine de la culture et des communications - on a déjà beaucoup abordé cette question depuis les coupures du fédéral - nous demandons une entente administrative qui va respecter évidemment nos compétences, qui permettrait une plus grande influence du Québec en matière de radiodiffusion et la maîtrise d'oeuvre des investissements fédéraux dans le domaine de la santé, tout en respectant également les parts historiques de financement que reçoit le Québec.
Maintenant, en terminant, il y a trois sujets que je veux évoquer aujourd'hui, qui font l'objet de propositions ou qui, à nos yeux à nous, doivent être revus.
Il y a une proposition pour un changement, à la Chambre des communes, de la représentation qui diminuerait l'influence du Québec. Compte tenu de la spécificité québécoise, nous croyons que cette loi doit être revue. Au niveau du Sénat, à plusieurs reprises, Benoît Pelletier et moi-même avons informé le gouvernement fédéral, incluant M. Harper, que les propositions sur la table actuellement sont, pour le Québec, inacceptables. Ça va au coeur même du compromis fédératif. Et nous informons à nouveau le gouvernement fédéral et les partis politiques fédéraux que, s'ils choisissent de bouger là-dessus, ils doivent absolument revoir ce qu'ils ont déjà proposé.
Le deuxième dossier, c'est les valeurs mobilières, sur lequel Mme Jérôme-Forget s'est prononcée. L'OCDE a déjà produit une étude où ils ont établi que le système actuel canadien fonctionne bien, il y a un système de passeports auquel adhèrent neuf gouvernements provinciaux, et nous demandons qu'on respecte la compétence exclusive du Québec dans ce domaine.
Et finalement les coupures annoncées en culture et pour le développement économique régional doivent être également révisées pour qu'on rétablisse le financement.

À nouveaux, ce n'est pas une liste exhaustive, on le reconnaît, mais vous avez là les principaux enjeux.

Le Modérateur: On va débuter en français avec Robert Plouffe.

M. Plouffe (Robert): M. Charest, si on prend la liste d'épicerie, si on peut l'appeler ainsi, on voit que ça vise un peu beaucoup le gouvernement Harper. Donc, est-ce que ce sont plus les conservateurs que vous visez là-dedans? Est-ce que vous ne venez pas donner des munitions aux adversaires de M. Harper?

M. Charest: On vise tous les partis politiques fédéraux. Aujourd'hui, c'est au nom de tous les Québécois que je m'exprime. Il est sain que tous les partis politiques fédéraux puissent s'exprimer sur ces enjeux sans qu'on présume du résultat de l'élection. J'irais même plus loin que ça en vous disant, M. Plouffe, qu'on ne sait pas ce qui motivera finalement les gens, là, dans leur choix du 14 octobre prochain. On s'entend là-dessus, là. Je ne suis pas sûr, moi, qu'il y a beaucoup de gens qui vont aller voter avec un enjeu particulier en tête. On verra. On sait comment ça fonctionne, la politique. Mais le minimum, c'est que, le lendemain de l'élection, le gouvernement qui sera élu saura exactement où se campe le Québec, connaîtra nos positions et agira en conséquence.

M. Plouffe (Robert): Maintenant, vous avez commencé en parlant justement de l'économie et de la turbulence américaine qui se déroule présentement. Est-ce que le Canada doit mettre de l'argent dans ses dépenses militaires? Est-ce qu'on doit retourner en déficit pour essayer de contrer un peu la turbulence qui s'en vient chez nous? J'aimerais vous entendre là-dessus.

M. Charest: Il faut à nouveau réitérer ce qui nous différencie des États-Unis. Premièrement, nos institutions financières sont dans une situation très différente, on ne vit pas du tout les mêmes turbulences que vivent nos voisins américains. Nos institutions sont solides, elles n'ont pas fait les prêts que les institutions américaines ont faits. Alors, il y a une différence fondamentale au point de départ. Et, sur le plan économique, on n'a pas connu la surchauffe, dans le domaine résidentiel, que les Américains ont connue.
Deuxièmement, au Québec, on a posé des gestes déjà avec la réduction des impôts pour la classe moyenne, l'élimination de la taxe sur le capital pour le secteur manufacturier, le programme d'infrastructures pour les investissements en énergie, qui viennent en quelque sorte, là, nous protéger contre le ralentissement.
Pour l'avenir, ce qu'on dit aux partis politiques fédéraux, c'est: De toute évidence, il y a un ralentissement qui va durer, vous prévoyez faire quoi? Et, nous, on vous déclare qu'on est prêts à travailler avec vous. On ne voit pas ça comme un enjeu partisan, loin de là, on voit ça comme étant une affaire où on doit justement travailler ensemble s'il y a un ralentissement qui se prolonge.

Le Modérateur: Pierre Duchesne.

M. Duchesne (Pierre): M. le premier ministre, vous nous dites favoriser les ententes administratives plutôt que la confrontation stérile. Ça, ça veut dire des rencontres fédérales-provinciales, ça veut dire ouvrir la Constitution. Qu'est-ce qui explique que la fédération ne soit plus réformable?

M. Charest: Elle est réformable, la fédération, et on en a fait la preuve depuis les cinq dernières années avec l'entente sur le fédéralisme asymétrique, l'entente sur l'UNESCO où on reconnaît le rôle du Québec à l'international, la reconnaissance du Québec comme nation, le rapatriement du régime d'assurance parentale, l'avancement sur le déséquilibre fiscal.
Sur la question de la Constitution, quand on parle de confrontation, je pense à Pauline Marois qui, elle, suggère d'ouvrir la Constitution, de relancer une ronde de négociations constitutionnelles; là-dessus, on n'est pas du tout d'accord. Pour nous, la priorité, c'est l'économie, ce n'est pas une ronde de négociations constitutionnelles. Je pense à Mario Dumont qui, sur la question de l'élection fédérale, a soulevé comme premier sujet dans son point de presse, dans son communiqué de presse, de réouvrir la Constitution également. Alors là-dessus, il y a une différence fondamentale entre Pauline Marois, Mario Dumont et nous. Eux, tous les deux, proposent de réouvrir la Constitution; c'est leur priorité. Nous, c'est l'économie. Et, nous, on ne veut pas s'embarquer là-dedans parce que, de toute évidence, on n'en est pas là.

Le Journaliste: Un bon fédéraliste peut vouloir modifier la Constitution. Or, est-ce que ce n'est pas le rapatriement de la Constitution de 1982 qui rend impossible toute modification?

M. Charest: Un bon fédéraliste veut d'abord un système fédéral qui marche à l'avantage des citoyens du Québec, c'est ce que nous voulons, avec des résultats concrets, comme on a eus avec le régime d'assurance parentale, comme on a eus avec les fonds obtenus dans le cadre du déséquilibre fiscal, comme on a eus avec la reconnaissance du Québec comme nation. Et, en bons fédéralistes, ce que nous voulons faire, c'est mettre à profit la flexibilité du système fédéral pour le faire marcher pour nous et de le faire dans un contexte où on a de réels, réels progrès. Si on fait le bilan de ce qu'on a réussi dans les cinq dernières années, ça se compare très bien à ce que Jean Lesage a fait, lui, dans les six années où il a été premier ministre du Québec.

Le Modérateur: Robert Dutrisac.

M. Dutrisac (Robert): ...en 1990?

M. Charest: Pardon?

M. Dutrisac (Robert) : ...en 1990?

M. Charest: Bien, la question de la réouverture des négociations constitutionnelles demeure hypothétique. Quand et à quel moment sera-t-on prêts à s'engager là-dedans? Je ne peux pas vous répondre aujourd'hui, je ne le sais pas, et personne ailleurs au Canada ne pourrait vous donner cette réponse. Mais je sais, à la différence de M. Dumont et de Mme Marois, que je ne proposerai pas aux Québécois de se lancer dans cette aventure, qu'au contraire on doit mettre toute notre énergie sur les questions économiques.

M. Dutrisac (Robert): Oui. M. Charest, dans la lettre que vous envoyez aux chefs des partis fédéraux, vous dites, au sujet de l'UNESCO, que la présence du Québec à l'UNESCO est une étape primordiale dans la reconnaissance du rôle que joue le Québec sur la scène internationale. Quelle est la prochaine étape? Qu'est-ce que vous demandez de plus? Puisque, si vous parlez d'une étape primordiale, c'est qu'il y a quelque chose qui suit, il y a une deuxième étape qui est souhaitable.

M. Charest: Je peux vous donner une réponse en deux temps. D'abord, de manière très concrète, là, il y a des choses que nous allons faire, des gestes que nous allons poser parce que ça relève de nos domaines de compétence, sans qu'on soit obligés de demander la permission au fédéral pour prendre l'initiative. Ça, c'est l'entente que nous voulons conclure avec la France sur la mobilité de la main-d'oeuvre qui, ironiquement, là, a été l'objet d'un chassé-croisé sur les compétences européennes. Chez nous aussi, là, ça a un impact sur notre négociation, mais, sur le concret, dans le fond des choses, sur l'initiative, on n'a pas demandé la permission à quiconque pour aller de l'avant, je l'ai proposé à Nicolas Saskozy, et nous espérons conclure une entente. Au niveau international, c'est grâce au Québec qu'on aura, je pense, je l'espère, le lancement de négociations pour un accord transatlantique.

Pour l'avenir, le Conseil de la fédération, depuis plusieurs années maintenant, demande que le gouvernement fédéral formalise une méthode, une façon d'impliquer les gouvernements fédérés, provinciaux dans les négociations internationales, compte tenu du fait que notre système fédéral à nous, au Canada, fait en sorte que le fédéral a le pouvoir de signer des traités, mais il ne peut pas s'engager dans nos domaines de compétences. Il y a là une affaire de bon sens. Alors, pour l'avenir, c'est la prochaine étape... une des prochaines étapes à franchir.

Le Modérateur: Antoine Robitaille.

M. Robitaille (Antoine): Depuis le début de la campagne fédérale, vous avez pris plusieurs positions plutôt revendicatrices. Comment vous voyez votre rôle dans la remontée du Bloc québécois? Vous ne croyez pas que vous avez aidé le Bloc québécois?

M. Charest: Non. Et je reviens à ce que je disais tantôt, là. Réalistement, là - vous connaissez la politique aussi bien que n'importe qui - on sait très bien que, le 14 octobre prochain, les Québécois iront voter avec peut-être une, deux, trois préoccupations en tête. Moi, je ne peux pas vous prédire, même si c'est dans deux semaines... un peu plus de deux semaines, ce qu'ils auront exactement en tête au moment où ils iront voter. Alors, je suis très franc avec vous, là, alors. Mais je mets sur la table les enjeux du Québec. Comme ça, le lendemain de l'élection, peu importe le résultat, les gens sauront où le Québec se trouve, sauront où on se campe. Personne ne pourra plaider le fait qu'on a été silencieux sur ces enjeux-là pour dire: Je fais le contraire. Alors, moi, c'est dans cet esprit-là que je l'aborde et vraiment avec la volonté de parler au nom de tous les Québécois, peu importent les allégeances politiques. Alors, je ne cherche pas à diriger le vote, je cherche à défendre les intérêts du Québec.

M. Robitaille (Antoine): Le gouvernement fédéral dit qu'il respecte les compétences du Québec, est-ce que vous croyez que c'est vrai?

M. Charest: Il aura l'occasion, le prochain gouvernement, de le démontrer.

M. Robitaille (Antoine): Celui qui retourne devant les... qui demande un mandat, là.

M. Charest: Je veux bien vous dire ce qu'on a fait dans les cinq dernières années, toutes tendances... Puis, nous, on ne personnalise pas par rapport à un gouvernement. Le bilan est clair, vous le connaissez. Que ce soit le déséquilibre fiscal, que ce soit la reconnaissance du Québec comme nation, l'UNESCO également, puis la reconnaissance du rôle du Québec à l'international, le fédéralisme asymétrique, le régime d'assurance parentale, le bilan est là.
Maintenant, parlons de l'avenir, parce que je veux parler de l'avenir, moi. C'est le 14 octobre puis après le 14 octobre qui m'intéresse. Puis, le lendemain du 14 octobre, si un gouvernement fédéral veut justement faire la démonstration que son discours correspond à ses actions, il pourra bouger sur le pouvoir fédéral de dépenser, il va respecter les compétences du Québec pour la Commission sur les valeurs mobilières, il va respecter les compétences québécoises sur le Sénat.

Le Modérateur: Michel Corbeil.

M. Corbeil (Michel): Est-ce qu'il y a des choses qui ont été... ces dernières années... la Commission canadienne sur la santé mentale, il y a des... Vous êtes en demande là-dessus.

M. Charest: C'est-à-dire, on a réglé ça, au niveau de la santé, en 2004. Dans le domaine de la santé, là, le gouvernement fédéral a reconnu l'asymétrie. Puis, en passant, en 2004, quand on a signé l'entente, en 2004, tous les premiers ministres des provinces et des territoires ont tous individuellement signé une entente reconnaissant le principe de l'asymétrie. Alors, du côté de la santé, le modèle est fait, dans le fond, là, les règles sont connues depuis l'entente de 2004.

Journaliste: M. Charest, ce n'est pas paradoxal de voir que le parti qui épouse probablement le plus rapidement vos demandes, c'est le Bloc québécois? On imagine mal M. Harper, sur la question de l'environnement, dire oui. C'est quand même lui...

M. Charest: Je n'aborde pas la question... ces questions-là sur une base partisane. À nouveau, je le fais comme premier ministre du Québec, avec une attente envers tous les partis politiques fédéraux.

Journaliste: Un parti souverainiste?

M. Charest: Je n'aborde pas cette question-là sur une base partisane, puis je ne le ferai pas, moi, puis je ne cherche pas à diriger le vote non plus. Je vous réitère à nouveau que, rendu au 14 octobre, quand les gens vont aller voter, là, ce qui les animera à ce moment-là, je ne le sais pas. Mais je veux vraiment, comme premier ministre du Québec, dire à tous les partis politiques fédéraux où on se trouve, où on se campe, nous, au Québec. Et voilà la réalité.

Le Modérateur: Dernière en français, Gilbert Lavoie.

M. Lavoie (Gilbert): M. le premier ministre, est-ce que vous faites ça dans l'espoir d'avoir une réponse avant les élections ou simplement pour vous positionner par rapport au prochain gouvernement?

M. Charest: Je m'attends à ce qu'il y ait des réponses.

M. Lavoie (Gilbert): Qu'est-ce qui se passe s'il n'y a pas de réponses?

M. Charest: Bien, les Québécois en jugeront. Mais, à tout le moins, au minimum, les partis politiques fédéraux et tous les citoyens du Québec sauront où le gouvernement du Québec, où le Québec se campe. Mais moi, je m'attends à ce qu'il y ait des réponses, et d'ailleurs les réponses, on est prêts à les rendre publiques sur le site Internet du gouvernement du Québec lorsqu'elles nous seront données.

Le Modérateur: En anglais, John Grant.

M. Grant (John): Premier, the US Congress will be lucky to have a deal on their economy by the time the federal election rolls around. Given, you know, that the relationship of Canada and the United States is the mouse sleeping with the elephant, what can you realistically ask the federal party leaders to do to shelter this country?

M. Charest: It's not by accident if I chose, in my introductory remarks, to speak to this issue. And, by the way, I don't think anyone will be very surprised to learn that spending 700 billion dollars is going to require some debate in the American Congress. I'm not surprised by that. But we all know that there is a slowdown of the American economy, that this may last for a while. And so, I've chosen, from the beginning of these remarks, to speak to that and ask the federal political parties what they anticipate doing in this environment where there's an economic slowdown.
I know what we've done here, in Québec. We've reduced personal income taxes for the middle-class. We've eliminated the tax on capital for the manufacturing sector. We have, in infrastructure, investments that will help our economy and investments in the area of energy that will help our economy. My message to the federal political parties is: What do you plan on doing to help Canada's economy get through this period? And there's a number of options they may have, whether it's helping and supporting the manufacturing sector, hold the worker's jobs, infrastructure. There are things they can do. And we will cooperate, we will work with them on whatever they propose to advance. I know what I've done, I'm asking them: What do you plan on doing?

Le Modérateur: Rhéal Séguin.

M. Séguin (Rhéal): Premier, is there a bigger scheme in play here, right now, or is this list just a series of demands you're picking... you're plugging away at, hoping to gain something down the road?

M. Charest: Well, we're not alone in expressing our expectations; other provinces have done the same. Council of Federation had done the same in the past. So I guess it's... I expect it will probably be part of federal election campaigns for the future. And it has been what we've done in the past. And, given the importance of these issues, I think... And it's not an exhaustive list, of course, it's always... You know, we always have to be clear on the fact that inner relationship is vast, and there is always all sorts of issues. But here are the main issues we believe we need to get a view and know what the positions and the answers are at the federal parties, so that they know where we stand, and we can get a sense of where they're going, and what answers they can give to people who will vote on October 14th.
So I think this is a par for the course. In other words, it's what we should do in every election campaign, while also acknowledging that, when people will vote on October 14th, they may be motivated by a number of things. I don't expect any single issue that I put on my list to drive that decision, but, at the very least, in the objectives I'm pursuing, I want federal political parties to know, the day after the vote, where Québec stands, and, on that issue, there'll be no ambiguity. For example - I'll give you two examples - on the Senate, we've been very clear, if anyone chooses to push ahead and plow ahead with changes, they'll know where we stand; same thing on the National Commission on Securities, where we have been extremely clear.

Le Modérateur: Phil Authier.

M. Authier (Philip): But I don't think I've got the answer you gave before. What if they... A lot of people ask questions to political leaders. Greenpeace sends out a list of questions, demands, or whatever. Are you really expecting them to answer, all five? And what if you don't get an answer?

M. Charest: I expect them to answer. I think it will be in their interest to answer; and, if they choose not to, then people will judge. I think it's reasonable that they answer. Why would they not?

M. Authier (Philip): ...they've got other things to do.

M. Charest: Well, I don't know. If they think they have other things to do, then they can explain that to those who will be voting on October 14th.
Thank you. Merci.

(Fin à 16 h 46)

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