(Neuf heures trente-deux minutes)
M. Cloutier : Alors,
bonjour à vous tous et toutes. Alors, aujourd'hui, on est en soutien aux
étudiants en pharmacie qui sont pris dans des négociations avec le gouvernement
du Québec, où le gouvernement... en raison de ses inactions, des coupures
qu'ils ont faites envers les pharmaciens les étudiants se retrouvent pris en
otage, de sorte que plusieurs d'entre eux voient leur formation... la capacité
d'avoir accès à la formation nécessaire par stage, elle est compromise en
raison des négociations qui ont cours avec le gouvernement du Québec, mais
surtout en raison des coupures du ministre de la Santé et du Dr Barrette. Maintenant,
aujourd'hui, nous réclamons l'intervention de la ministre de l'Éducation
supérieure.
Ce n'est pas vrai que ces jeunes qui sont
inscrits en pharmacie au Québec, qui ont besoin de suivre une formation avec
stages obligatoires vont voir leur formation remise à plus tard en raison de la
mauvaise gestion du gouvernement du Québec. Ça crée des problèmes non seulement
administratifs, mais évidemment ça crée un problème d'organisation de ces
jeunes, un problème d'angoisse, évidemment, parce qu'ils n'ont aucune idée
comment tout ça va se terminer. Alors, à un moment donné, il faut dire :
Assez, c'est assez.
Au printemps dernier, les jeunes avaient
souligné l'importance d'intervenir rapidement. Déjà, le gouvernement est
informé depuis des mois. Or, la période de stage se poursuit à partir du mois
de mars. On demande donc une intervention urgente et rapide de la ministre de
l'Éducation. Et, à un moment donné, il faut juste prendre le taureau par les
cornes et dire : Ça n'a juste pas de bon sens que ça soit les jeunes qui
paient le prix en raison des coupures du ministre Barrette envers les
pharmaciens. Sur ce, je cède la parole aux étudiants qui m'accompagnent et ensuite
à mon collègue le député.
La Modératrice
: M. Raphaël
Gagnon-Paradis.
M. Gagnon-Paradis (Raphaël) :
Alors, bonjour. À titre de président de l'Association générale des étudiants en
pharmacie, je me présente devant vous aujourd'hui afin de préciser notre
position en regard de la crise qui secoue présentement le parcours universitaire
de nos membres. Avec 26 % des étudiants en pharmacie de ma faculté se
cherchant toujours un milieu de stage d'ici avril et 52 % entre mai et
juin, on ne s'imagine plus être capables de placer ces quelque 350 orphelins
de superviseur, et ce, malgré les efforts titanesques déployés et une série de
mesures compensatoires temporaires. Les cheminements au doctorat de premier
cycle en pharmacie de mes 697 collègues de l'Université Laval ainsi que le
mien sont menacés. On ne peut y échapper, 1 600 heures de stage sont
nécessaires à l'obtention de notre diplôme, la qualité de notre formation en
dépend. Nous voulons pouvoir acquérir les compétences pratiques nécessaires
pour, ultimement, offrir des services cliniques de qualité à la population. On
assiste impuissants à un effet domino dangereux qui ne pourra s'arrêter qu'au
moment où le gouvernement et les acteurs impliqués s'assoiront ensemble pour
négocier une sortie de cette crise qui secoue notre future profession depuis
trop longtemps. Sachons interagir pour l'avenir. Merci.
La Modératrice
: M. Nicolas
St-Onge.
M. St-Onge (Nicolas) :
La situation des stages à l'Université de Montréal est tout aussi critique que
celle que vous a exposée mon collègue de l'Université Laval. En effet, en date
du 9 février dernier, on parlait de plus de 30 étudiants qui se
retrouvent sans milieu de stage pour l'an prochain... en fait, pour le mois
prochain, dès le mois de mars. Ces finissants voient donc leur diplomation
menacée dans l'immédiat. Mais ça, ce n'est que la pointe de l'iceberg. Ce qui
nous inquiète particulièrement, c'est que nous avons, pour l'instant, moins de
30 % des milieux de stage nécessaires pour la cohorte finissante de 2018.
Normalement, ces étudiants reçoivent leur assignation de stage au mois de
mars — donc dans deux semaines, ça arrive à grands pas — mais
nous n'avons pas assez de maîtres de stage pour assigner à une pharmacie,
malgré les efforts incommensurables de la Faculté de pharmacie de l'Université
de Montréal, des étudiants à leurs stages. Chaque jour, chaque semaine qui
passe, nous nous rapprochons dangereusement d'un retard de plus de
400 pharmaciens sur le marché du travail. Nous demandons donc au gouvernement
de s'asseoir et discuter de bonne foi avec les pharmaciens afin de régler ce
conflit, qui risque de faire un effet de boule de neige. Merci.
La Modératrice
: M. Nicolas
Lavallée.
M. Lavallée (Nicolas) :
Merci. Bien, bonjour à tous. On est réunis aujourd'hui à l'Assemblée nationale
pour sonner l'alarme. Le blocage entre les pharmaciens et le gouvernement
menace actuellement l'accès aux étudiantes et aux étudiants en pharmacie des
deux facultés de pharmacie à leurs stages. Par le fait même, c'est le cursus de
1 500 futurs pharmaciens qui est à risque. Comprenons-nous bien, les
représentants étudiants sont réunis ici pour faire une demande bien simple,
mais primordiale, on est ici pour demander aux parties de se rasseoir à la
table de négociation immédiatement et de cesser de mettre en péril la diplomation
des étudiants en pharmacie.
Si le blocage actuel persiste, la
non-diplomation de finissants va réduire la qualité et la quantité des soins
prodigués aux patients. En effet, dans l'état actuel du réseau, on n'a pas le
luxe de se priver de nouveaux professionnels de la santé. Si le blocage actuel
persiste, le retard dans le cursus de nombreux autres étudiants va entraîner
des problèmes logistiques et financiers importants. En effet, les stages que
les facultés tentent d'attribuer aujourd'hui aux finissants, ce sont des stages
qui sont retirés des cohortes de troisième, deuxième et première années. À
partir de l'automne, les besoins en stages de toutes les cohortes vont
commencer à se superposer. Le gouvernement et les pharmaciens doivent prioriser
ce dossier, mettre le bien-être des étudiants et des patients au centre de
leurs préoccupations. Merci.
La Modératrice
: M. Dave
Turcotte.
M.
Turcotte
:
Au fond, ce qu'on voit depuis l'arrivée du ministre Barrette, c'est des
attaques de plein fouet à la profession des pharmaciens. On l'a vu avec le
projet de loi n° 28, avec le projet de loi n° 81 et plus récemment
avec le projet de loi n° 92, à chaque projet de loi, le ministre s'attaque
toujours à la profession des pharmaciens, et là, par tout ça, là, le cumul de tout
ça, le gouvernement s'attaque même par ricochet à l'avenir même de la
profession.
Donc, ce que nous demandons aujourd'hui au
ministre de la Santé, Dr Barrette, de s'asseoir et négocier de bonne foi
avec les pharmaciens pour faire en sorte que les jeunes qui étudient en ce
moment en pharmacie, mais les moins jeunes aussi dans certains cas, puissent
avoir des milieux de stage appropriés, de qualité pour assurer leur formation
pour qu'ils puissent effectivement offrir de bons soins lorsqu'ils seront des
vrais pharmaciens.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. M. Tommy Chouinard
de LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) :
Bonjour. J'aimerais savoir combien d'étudiants... parce que vous avez donné
beaucoup de chiffres, là, mais combien d'étudiants précisément se retrouvent à
court de stages qui devraient en avoir un normalement?
Une voix
:
Présentement?
M. Chouinard (Tommy) :
Présentement, au total, au Québec, là.
M. St-Onge (Nicolas) :
Bien, je peux répondre pour l'Université de Montréal. Nos derniers chiffres
datent du 9 février, on avait 30 étudiants qui n'avaient pas de stage
pour le mois de mars prochain, donc dans deux semaines.
Une voix
: ...
M. St-Onge (Nicolas) : De
finissants, oui, exact.
M. Chouinard (Tommy) :
Donc, des finissants.
M. St-Onge (Nicolas) :
En quatrième année ou le programme de qualification en pharmacie, qui sont
supposés arriver sur le marché du travail, là, dès cet été.
M. Chouinard (Tommy) :
O.K. Puis à l'Université Laval?
M. Gagnon-Paradis (Raphaël) :
Nous, on parle de 350 étudiants, toutes années confondues, dont
19 finissants. Mais il faut comprendre qu'effectivement le nombre est
moins important du côté des finissants parce qu'on enlève des stages à des
étudiants d'années inférieures pour placer nos quatrièmes années pour essayer de
les faire diplômer dès 2017. Mais clairement, pour la cohorte 2018, il y
aura un impact parce qu'au total c'est 350 étudiants sur mes 698 qui
manquent un module de stage faute de milieux.
M. Chouinard (Tommy) :
O.K. Donc, c'est un bassin potentiel de 1 500 dont vous avez parlé qui, en
raison de problèmes d'accès... on accumule le nombre de dossiers qui sont en
attente.
J'aimerais savoir précisément, est-ce que
c'est une coupe en particulier qui a été imposée aux pharmaciens propriétaires
ou est-ce que... parce que, là, ils vous rémunéraient, au fond, les pharmaciens
propriétaires, pas du tout ou ils étaient... Qu'est-ce qui fait que, là, ils
disent : Bon, bien, moi, j'abandonne ça? C'est le moyen de pression ou...
M. Gagnon-Paradis (Raphaël) :
C'est l'ensemble. Ce n'est pas nécessairement un moyen de pression, c'est
plutôt la capacité organisationnelle des pharmacies de nous recevoir parce que
les pharmaciens qui nous reçoivent le font bénévolement. Ils n'ont jamais été
rémunérés pour le faire. Nous allons dans les pharmacies collectivement, les
étudiants en pharmacie, donner 350 000 heures de bénévolat pour les
stages. Dans le fond, c'était comme un échange de bons services : un
pharmacien me supervise, et moi, bien, je lui offre des heures, là, dans la
pharmacie pour poser des actes cliniques auprès de la population. Mais je
dirais que c'est l'accumulation depuis 2014.
M. Chouinard (Tommy) : O.K.
Mais on doit comprendre, puisqu'ils ne sont pas payés pour le faire et qu'ils
ne vous paient pas non plus, qu'ils utilisent ça peut-être comme moyen de
pression, là. Est-ce que c'est ça, la dynamique?
M.
Turcotte
:
La raison, la vraie raison, c'est qu'en ce moment les pharmaciens sont obligés
de couper dans le personnel de leurs pharmacies, coupent les heures même de
certains pharmaciens salariés, là, les pharmaciens propriétaires, et eux-mêmes
sont obligés de faire d'autres tâches plus administratives, etc. Donc, au fond,
à la fin, là, bien, ils regardent ce qu'ils peuvent couper, puis là c'est le
temps consacré, au fond, aux stages, là, pour l'enseignement. Donc, c'est ça
qui est l'enjeu. Donc, tant et aussi longtemps que le ministre ne règle pas
cette question-là avec les pharmaciens, bien, les jeunes, les étudiants ne
pourront pas avoir de stages.
(Fin à 9 h 42)