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Point de presse de M. Alexandre Cloutier, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’enseignement supérieur et de recherche, Mme Véronique Hivon, porte-parole de l’opposition officielle en matière de famille, et Mme Carole Poirier, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éducation primaire et secondaire

Version finale

Wednesday, May 2, 2018, 11 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures sept minutes)

Mme Hivon : Alors, bonjour. Aujourd'hui est un jour important parce que nous avons déposé une pièce législative à laquelle nous croyons profondément, par la voix de notre collègue de Lac-Saint-Jean, qui est cette loi n° 1191, ce projet de loi établissant un bouclier de protection budgétaire des services à l'éducation, à l'enfance et à la protection de la jeunesse.

Alors, cette loi-là, elle vise à arrêter de jouer à la loterie avec l'avenir de nos enfants, avec le développement de nos enfants. Parce que ce qu'on a vu, dans les dernières années, c'est quelque chose qui ne peut plus jamais se reproduire au Québec, c'est-à-dire de faire en sorte que, parce qu'un enfant a eu le malheur de tirer la mauvaise année de naissance, il soit l'objet d'une année de compressions importantes en éducation, en petite enfance, en protection de la jeunesse et qu'il en subisse les contrecoups pendant toute sa vie. Parce qu'on peut avoir l'air dramatique, mais c'est dramatique. Quand vous avez cinq ans, sept ans, 10 ans, 12 ans, une année, deux années de votre vie sans le soutien adéquat en services pédagogiques, en orthopédagogie, en orthophonie, en soutien psychosocial, en éducation spécialisée, ça peut faire en sorte que vous allez avoir des retards pour toute votre vie que vous ne pourrez que difficilement rattraper et peut-être ne jamais rattraper.

Alors, ce n'est pas vrai qu'on peut continuer à tolérer ça au Québec, comme ce qu'on a vu se faire au cours des dernières années, que ce soit en éducation, que ce soit en petite enfance, en services éducatifs, que ce soit en protection de la jeunesse. Avec un gouvernement du Parti québécois, ces choses-là vont être du passé, plus jamais ça ne va se reproduire. Et donc on dépose ce projet de loi ambitieux, qui vise à protéger, une loi anticompressions, c'est-à-dire que toujours au moins les coûts de système vont être absorbés et que jamais les budgets ne vont pouvoir être réduits. C'est une loi, donc, bouclier autour de nos enfants, autour de leur avenir.

Et je vais céder la parole à Alexandre Cloutier. Et c'est très important, bien sûr, le rôle qu'Alexandre Cloutier a joué. Le projet de loi qu'on dépose aujourd'hui, lui ne le dira peut-être pas, mais c'est vraiment un legs important de notre collègue de Lac-Saint-Jean, qui a fait énormément, vous le savez, pour le dossier de l'éducation au Québec. C'était son cheval de bataille. C'est un cheval de bataille que nous enfourchons tous ensemble au Parti québécois, qui va être une grande priorité, vous allez le voir au cours des semaines et mois à venir.

Mais Alexandre a fait énormément pour prioriser l'éducation, pour se battre pour l'éducation, pour l'école publique au Québec, et c'est son idée, cette idée d'avoir une loi bouclier anticompressions. Alors, on veut le remercier, je veux te remercier de cette idée très innovatrice et qui va faire toute la différence et, sur ce, je te laisse la parole pour expliquer le projet de loi.

La Modératrice : Merci. Maintenant, M. Cloutier.

M. Cloutier : Alors, c'est une très belle présentation. Je pense même que c'est un projet de loi, Véronique, je dirais, qui est à ton image, c'est-à-dire que ce qu'on souhaite faire, c'est un projet qui va transcender les formations politiques.

Peu importent les gouvernements en place, on veut établir les balises, les balises budgétaires, particulièrement pour notre réseau de l'éducation où, malheureusement, on a vu, dans les dernières années, des coupures importantes. Véronique vous en a parlé, mais une espèce de yoyo budgétaire. Une année, ça va bien, on investit, on crée des programmes, on s'enthousiasme, on met en œuvre des nouvelles mesures. L'année d'après, ça va mal, on congédie des gens, on perd de l'expertise, on met fin à des programmes.

Malheureusement, on a vécu ça, dans les premières années, particulièrement, du mandat du gouvernement libéral. Je me souviens moi-même d'avoir mené un combat important ici, à l'Assemblée nationale, sur la protection des organismes communautaires qui luttent contre le décrochage, les organismes de persévérance scolaire, où on a vu disparaître à peu près la moitié des organismes sur le territoire québécois, alors que l'année d'avant, on célébrait le travail extraordinaire qu'ils faisaient. Moi, j'ai vu des gens, malheureusement, être congédiés, perdre leur expertise. On l'a vu également dans les coupures pour les postes de psychoéducateur, technicien en éducation spécialisé. Tout ça pour dire que dorénavant, ce qu'on souhaite, c'est vraiment un projet bouclier qui va venir protéger les crédits du budget du ministère de l'Éducation.

Ce que vous devez savoir, c'est que le budget... dans le fond, le projet de loi se base sur les années précédentes aux coupures, et on a identifié, là, une hausse en éducation à la hauteur de 3,7 % pour les coûts du système, environ à 2,9 % pour le budget en matière de famille et 2,9 % également pour le budget à la protection de la jeunesse. Alors, essentiellement, ce que le projet vient dire, c'est on se fie à une tierce personne, on demande au Vérificateur général d'analyser les chiffres et de préparer le terrain pour que le budget soit en conséquence des crédits nécessaires. Ça sera donc le Vérificateur général qui, en début de chaque année, viendra mettre la table, indiquer, dans le fond, au gouvernement quels sont les chiffres qui sont nécessaires pour reconduire les programmes, donc pour assurer les crédits. Et suite à ça, bien, ça sera au ministre de l'Éducation de répondre.

Vous aurez compris que la grande... il y a des gens qui nous disaient : Oui, mais pourquoi le Québec, puis ça ne se fait pas vraiment ailleurs, puis pourquoi l'éducation? Il y a quand même des raisons historiques qui sont liées à ça. D'abord, quand même rappeler que c'est ici, au Québec, qu'on investit le moins par habitant en éducation. Il y en a qui disent : Oui, mais le Québec, on est plus pauvres, c'est pour ça qu'on fait ça. Bien, bizarre, à l'Île-du-Prince-Édouard, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et d'autres provinces plus pauvres que le Québec, on choisit quand même d'investir de manière supplémentaire. Mais je veux quand même rappeler aussi que 3,3 milliards, c'est le chiffre du déficit d'entretien de nos écoles au Québec. C'est immense.

Alors, évidemment, on ne peut pas réduire l'éducation aux enjeux liés à l'argent, puis c'est bien plus que ça, le contenu, la formation, etc., mais il n'en demeure pas moins que les sommes sont aussi nécessaires si on veut... Là, on est dans le peloton de queue, il faut être dans le peloton de tête. Et d'ailleurs aujourd'hui un rapport a été rendu public, et je vais lasser ma collègue vous en dire davantage.

La Modératrice : Merci. Maintenant, Carole Poirier.

Mme Poirier : Alors, aujourd'hui, l'Institut du Québec nous a dit qu'on était les derniers de classe. Le bouclier budgétaire que vient présenter Alexandre aujourd'hui est important. Nous voulons nous situer au sommet, au sommet du rang des meilleurs étudiants au Canada, mais surtout, au Québec, on veut que nos jeunes réussissent. Et, pour ce faire, il faut assurer les budgets en matière d'éducation, il faut assurer les budgets en matière de centres de petite enfance, il faut assurer les budgets aussi en matière de protection de la jeunesse. Nos enfants, c'est notre priorité. Nos enfants, c'est ce qu'on a de plus beau. Pourquoi ne pas prioriser nos enfants au Québec? Merci.

La Modératrice : Merci. On va maintenant passer à la période de questions. Nicolas Vigneault, Radio-Canada, micro de gauche.

M. Vigneault (Nicolas) : Deux choses. D'une part, il n'y a pas de chiffre là. Ce que je comprends, ce qu'on comprend du projet de loi, c'est que c'est le Vérificateur général, donc, qui va établir ce barème-là.

Mais justement est-ce qu'il risque d'y avoir, par exemple, des gens qui disent : Bien, les coûts de système, ce n'est pas vraiment ça? Et comment vous allez gérer tout ça? Est-ce que vous pensez que le Vérificateur général, c'est comme la garantie dans votre projet de loi?

Mme Hivon : Tout à fait. On veut vraiment un tiers externe qui va venir, justement, garantir qu'il n'y a pas cette espèce de négociation là. Vous savez que, dans les ministères, c'est très clair, l'établissement des coûts de système, c'est quelque chose qui est fait de manière, je dirais, systématique, alors c'est quelque chose qui est facilement identifiable.

L'idée, justement, c'est de ne pas pouvoir s'en sortir, donc d'avoir un tiers externe qui va venir s'assurer qu'effectivement la loi est respectée, donc que minimalement les coûts de système sont intégrés et donc qu'il n'y a jamais de régression et de compression dans le budget.

M. Vigneault (Nicolas) : L'autre chose également, évidemment, vous dites : Il y a des années où ça va moins bien. Ça, l'économie, bon, on ne peut pas tout prévoir. Qu'est-ce que vous allez faire pour équilibrer un éventuel budget si vous êtes au gouvernement? Est-ce que vous allez couper en santé? Il y a des gens qui pourraient dire : Bien là, ça n'a pas de bon sens, si on protège l'éducation... mais là, si on coupe en santé, on n'est pas plus avancés comme société. Certaines personnes pourraient être...

Mme Hivon : Il y a trois cas d'espèce. Progression économique, donc on ne coupera pas en santé... Vous savez, par ailleurs, qu'on a dit que nous, on allait geler le salaire des médecins. Évidemment que ces augmentations-là, on trouve que, dans le contexte actuel, elles n'ont vraiment pas leur place. Donc, ça, c'est déjà quelque chose qui est annoncé.

Vous avez le scénario où on est à peu près, je dirais, stables, donc une croissance limitée, auquel cas, oui, il faudra faire des efforts, mais justement on va être très rigoureux par ces choix-là. Notamment, on pense à la rémunération des médecins. Notamment, on a fait un gros débat hier sur les paradis fiscaux et la Caisse de dépôt. Pour nous, c'est quelque chose de fondamental, la justice fiscale, donc ça, ça va être évidemment une source aussi. Et, si on tombe en récession, bien, nous, on a dit qu'en récession, comme d'ailleurs c'est permis, le déficit pourra être envisagé.

Donc, non, ce n'est pas que les gens vont en pâtir, mais je pense que d'envoyer un signal fort pour dire haut et clairement que nos jeunes, et l'éducation, et la petite enfance, c'est une priorité et qu'on ne jouera jamais là-dedans, on ne jouera pas au yoyo, on ne jouera pas à la loto, je pense que c'est fondamental.

La Modératrice : Merci beaucoup. Micro de droite, Patricia Cloutier, Le Soleil.

Mme Cloutier (Patricia) : Oui, bonjour. J'aimerais savoir comment vous vous assurez que ce sera un réel bouclier? Parce que, dans le projet de loi, ça dit que le ministre des Finances peut, en cas où il décide de ne pas respecter les budgets, donner, si on veut, les raisons pour lesquelles il ne respecterait pas. Donc, je ne vois pas, à ma compréhension, vraiment d'engagement formel à dire que ça serait impossible, là, de toucher au budget de l'éducation.

Mme Hivon : C'est vraiment notre volonté, et on va vous expliquer pourquoi il y a un peu cet élément-là dans le projet de loi. C'est que, vu qu'on est dans l'opposition, on est limités dans ce qu'on peut déposer comme projet de loi en termes d'impacts financiers et budgétaires. Donc, c'était la seule manière qu'on pouvait, nous, le déposer, et on voulait, bien entendu, déposer ce projet de loi là, marquer le coup, espérer donc qu'il y ait cette pression-là pour que tous les partis s'engagent au cours de la prochaine campagne électorale. Mais nous, comme on l'a annoncé lors de la tribune au CORIM, la semaine dernière, Jean-François Lisée et moi, c'est vraiment un bouclier. On veut qu'il n'y ait pas de faux-fuyant, qu'il n'y en ait pas d'échappatoire.

Mme Cloutier (Patricia) : O.K. Donc, c'est pour ça que c'est un peu différent dans ce qu'on a aujourd'hui.

Mme Hivon : Légèrement, exact. Mais on est prêts à ouvrir le débat sur ça, mais nous, on veut la totale.

M. Cloutier : On est allés aussi loin qu'on pouvait, comme formation de l'opposition, avec le partenariat des légistes de l'Assemblée nationale.

Mme Cloutier (Patricia) : Et pourquoi ne pas avoir dit plus tôt, par exemple, peut-être que c'est la même chose, mais on voudrait que le gouvernement... un pourcentage du budget soit toujours consacré à l'éducation? Tu sais, mettons, ça pourrait être 25 % ou, je ne sais pas, là, donner, mettons, un pourcentage de tout le budget du Québec qui doit être consacré à l'éducation.

M. Cloutier : Bien, parce qu'évidemment le budget est directement lié à la croissance du PIB. Donc, il aurait été nettement plus imprévisible que le caractère identifiable des besoins de chacun des ministères par le Vérificateur général. Ça nous apparaissait plus prévisible de cette manière-là.

Mme Cloutier (Patricia) : O.K. Et le premier ministre...

La Modératrice : Dernière question.

Mme Cloutier (Patricia) : Le premier ministre tantôt a dit : Bien là, moi, je n'appuierai pas cette motion-là, ce projet de loi là parce qu'il ne va peut-être pas... Il dit : Pourquoi vous ne l'avez pas fait en santé? Pourquoi? Est-ce que vous prévoyez le faire, par exemple, pour d'autres secteurs?

M. Cloutier : Bien, si je peux me permettre, encore une fois, là-dessus, d'abord, Véronique vous en a parlé tout à l'heure, là, il y a aussi déjà des engagements qui sont pris en matière de santé, puis notre collègue Diane Lamarre pourrait vous faire la longue liste de ce qu'on souhaite faire.

Mais, de façon... si on isole l'éducation, il y a des raisons historiques, à mon point de vue, pourquoi le Québec procéderait de la sorte et non pas l'Ontario ou même d'autres pays dans le monde. Le rapport d'aujourd'hui essentiellement dit des choses assez terribles, troublantes, à mon point de vue. Essentiellement, c'est ici qu'on investit le moins. On a un jeune garçon sur deux qui, malheureusement, va obtenir son diplôme au bout de cinq ans de formation. On a 3 milliards de déficit d'entretien dans nos écoles. La rémunération des enseignants est la moins élevée de tout le réseau de l'éducation à travers le Canada. Le taux de diplomation est le plus bas de toutes les provinces canadiennes. À un moment donné, on peut continuer de se mettre la tête dans le sable, mais visiblement, même si on a fait plusieurs bons pas au Québec depuis le rapport Parent, il n'en demeure pas moins qu'on ne peut pas continuer comme ça.

Je pense que le projet de loi qui est déposé aujourd'hui et pour lequel, je suis certain, recevra l'appui de plusieurs parlementaires, marquerait une différence pour la suite des choses puis assurerait au réseau de l'éducation une prévision budgétaire. Il n'y a rien de pire pour les gestionnaires de ne jamais savoir sur quel pied danser.

La Modératrice : Merci beaucoup. Petite précision, juste derrière, il y a M. Alain Fortier de la Fédération des commissions scolaires du Québec, qui aimerait s'adresser à vous en soutien à notre projet. Merci.

Des voix : Merci.

(Fin à 11 h 21)