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Point de presse de M. Geoffrey Kelley, président de la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité et de Mme Véronique Hivon, vice-présidente de la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité

Version finale

Tuesday, May 25, 2010, 13 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures trois minutes)

M. Kelley: Alors, bonjour, Mmes, MM. les journalistes, sur cette belle journée d'été. Et c'est avec beaucoup de fierté, au nom de la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité, que je vais déposer, dans quelques instants, ce document de consultation à l'Assemblée nationale... sur la question de mourir dans la dignité.
Je veux faire un court rappel. Le 4 décembre dernier, à l'unanimité, les parlementaires de l'Assemblée nationale ont adopté une résolution pour créer une commission spéciale pour regarder toutes les questions entourant la fin de la vie, pas uniquement la question de l'euthanasie et le suicide assisté, mais également les questions des soins palliatifs, qui, comme député, comme fils, me touchent beaucoup parce que mes deux parents ont décédé dans une maison de soins palliatifs dans mon comté, mais la question de l'utilisation des médicaments, la sédation. Il y a beaucoup d'enjeux qui sont très complexes, qui touchent la fin de la vie. Et les parlementaires sont interpellés par la population. Alors, le Parlement, comme j'ai dit, d'une façon unanime, a jugé bon de faire une consultation publique à cette question. Pour bien préparer le terrain, aux mois de février et mars, nous avons tenu deux semaines de consultation avec des experts, c'est-à-dire les personnes du monde médical, du monde juridique, de l'éthique, de... les philosophes, qui sont venus nous identifier les enjeux. C'est quoi, les bonnes questions à poser? C'est quoi, les enjeux que nous devrons interpeller les citoyens? Alors, c'était vraiment, comme député ici pour quelques années, une expérience fort enrichissante, la qualité des mémoires, la qualité des échanges avec les membres de la commission. Alors, je pense qu'un des messages aujourd'hui est un gros merci beaucoup à ces experts qui ont essayé de guider les députés pour bien préparer le terrain. Alors, le document que nous allons déposer en Chambre bientôt est vraiment le fruit de ce travail. Et, comme je dis, merci beaucoup aux experts.
Maintenant, la deuxième étape, c'est vraiment aux citoyens. Et qu'est-ce qu'on lance aujourd'hui, c'est un document. Vous allez voir, il y a beaucoup de questions, parce que, comme parlementaires, on essaie de ne pas trop limiter les questions. Les citoyens ne sont pas obligés de répondre à chaque question. Ce n'est pas un examen de fin de l'année comme dans nos écoles à ce moment, mais c'est vraiment une opportunité de s'exprimer sur toutes ces questions entourant la fin de la vie, à la fois l'euthanasie, le suicide assisté, les soins palliatifs et d'autres questions annexes. Alors, pour les citoyens, il y aura trois façons de participer. La classique, c'est de déposer un mémoire. Il y a toutes les informations, d'ici le 16 juillet. Tout citoyen qui veut déposer un mémoire, tout organisme qui veut déposer un mémoire a jusqu'au 16 juillet pour le faire. Il y a un deuxième... c'est d'indiquer leur intention de faire une intervention. C'est un genre de micro ouvert à la fin de chaque séance. Nous allons voyager dans deux villes au Québec et la ville de Québec aussi. Alors, il y a une occasion pour les Québécois dans presque toutes les régions du Québec de participer dans la commission spéciale. Et, la troisième, il y aura un questionnaire en ligne. Alors, également, les citoyens peuvent participer via le questionnaire qui est en ligne.
Mais, avant tout, je veux insister, c'est une démarche qui est bipartisane. Il n'y a pas de ligne de parti. C'est vraiment une occasion où il y aura des représentants des quatre formations politiques, le député de Mercier, la députée de Lotbinière, il y en a quatre de l'opposition officielle, il y en a neuf du Parti libéral, qui vont être membres de cette commission. Et l'idée, c'est vraiment écouter les citoyens. Ce sont des questions très sensibles. Ce sont des enjeux qui sont complexes. Et vraiment, avant tout, c'est vraiment... on a besoin de l'éclairage, et on a besoin d'être à l'écoute des citoyens pour ces enjeux, qui sont très personnels. On s'attend qu'il y aura beaucoup d'émotions.
Alors, c'est vraiment au tour des citoyens de participer dans le débat de ces grandes questions. Maintenant, pour le mettre en contexte, je vais céder la parole à la vice-présidente, ma collègue la députée de Joliette.

Mme Hivon: Oui. Bonjour, tout le monde. Alors, je veux simplement peut-être remettre ça en contexte. Pourquoi aujourd'hui avoir décidé à l'unanimité, à la suite du dépôt de la motion que j'avais présentée le 3 décembre... Pourquoi donc décider de mettre en place une commission sur cette question-là? Bien, je pense que c'est qu'on a vu que le débat a pris beaucoup de place dans les dernières années mais, je dirais, avec une ampleur renouvelée à l'automne avec certains éléments comme évidemment les prises de position du Collège des médecins, la Fédération des médecins spécialistes, la Fédération des omnipraticiens et, aussi, la prise de débat et la demande au Parlement du Québec de mettre en place ce vaste débat-là par des associations comme l'AFEAS, comme l'AREQ, qui est une association de retraités. Et on a eu aussi beaucoup de lettres d'opinion, beaucoup de cris du coeur de gens atteints de maladies ou dont les proches étaient atteints de maladies.
Donc, je vous dirais que, comme députés, on estime que c'est notre rôle et, plus que notre rôle, c'est notre responsabilité quand il y a un enjeu qui prend autant de place et pour lequel on se fait autant interpeller comme élus dans nos circonscriptions respectives par la population, de mettre en place un forum, qui va permettre au débat de se faire de manière respectueuse et sereine, avec toute la légitimité qu'il doit y avoir autour de cette question-là et en invitant les gens donc à se sentir tout à fait à l'aise de venir débattre ouvertement de ce qu'ils sentent , de ce qu'ils ont pu vivre personnellement avec des proches aussi. Et donc c'est un appel à cette vaste mobilisation. Je dirais qu'on appelle les gens, la majorité silencieuse aussi à venir nous dire ce qu'ils pensent de la question. Il y a aussi eu des sondages périodiquement et il y a un élément intéressant de ces sondages-là qui montrent qu'en 20 ans les taux d'appui sont restés les mêmes, donc autour de 83 %, 84 %, quand c'est la personne qui le demande pour elle-même en toute lucidité. Mais, au-delà des sondages, nous, c'est notre responsabilité d'aller vérifier sur le terrain ce consensus, cette apparence de consensus, d'aller sonder ce que les gens pensent vraiment et qu'ils puissent venir s'exprimer avec toutes les nuances qui s'imposent, avec des enjeux aussi sensibles, comme le dit mon collègue de Jacques-Cartier, et vous allez être à même de constater qu'en effet on pose beaucoup de questions dans notre document pour aller au fond des choses.
Alors, je pense qu'au-delà des aspects médicaux ou juridiques ce qui fait en sorte que c'est une commission si riche, et d'ailleurs on a vécu déjà des moments exceptionnels dans les deux semaines de consultation avec les experts, c'est que c'est une question qui interpelle les gens au plus profond d'eux-mêmes, qui interpelle la condition humaine et qui a une résonance éthique très forte.
Donc, en terminant, je vais simplement réitérer l'appel de mon collègue de dire aux gens, à la population de venir se faire entendre, parce qu'on a bien hâte de les entendre. Merci.

Journaliste: Si vous...

M. Kelley: Jean-Marc.

Journaliste: Oui, si vous permettez. À quoi pourrait aboutir cet exercice, en bout de ligne? À une législation?

M. Kelley: Je pense qu'on ne peut pas présumer les conclusions, mais de toute évidence on va faire un rapport à l'Assemblée nationale. Et ça va dépendre de l'opinion, l'humeur des Québécois. C'est fort possible qu'il va dire : Le statu quo, on préfère ça, mais peut-être il y a des aménagements, et on va faire un rapport. Alors, de déterminer aujourd'hui quelle forme ces propositions vont faire, je pense que c'est prématuré.

Journaliste: Des hypothèses vraisemblables ou possibles, ça peut aller jusqu'à un projet de loi, jusqu'à une loi, une législation?

M. Kelley: Oui, j'imagine, toutes les possibilités sont ouvertes. Alors, il y a des choses qui sont du domaine du Québec, il y en a d'autres qui sont de la compétence fédérale aussi, alors, mais on va faire l'exercice en premier lieu, mais tout est sur la table.

Journaliste: Juste une dernière question, peut-être. Les députés qui vont participer à cet exercice, est-ce qu'ils vont n'être que les porte-voix des citoyens qu'ils ont entendus ou eux-mêmes vont devoir décider ou offrir des réponses tel qu'ils envisagent les choses?

M. Kelley: J'imagine, en tout temps, c'est oui. À la fois, c'est une question, et avant tout, à ce stade-ci, l'opinion publique est très importante. On veut parler des citoyens, mais également, je pense, comme parlementaires, on a nos responsabilités, on a notre conscience aussi. Alors, je pense que la réponse, c'est oui aux deux hypothèses. Véronique.

Mme Hivon: Tout à fait. Parce qu'on est des parlementaires, donc on veut entendre les gens, mais on est aussi, d'abord et avant tout, des citoyens. Donc, je pense que, comme ça s'est fait avec les experts, c'est un processus très riche, parce que c'est un dialogue continu. Et évidemment, à la suite des auditions, on va avoir à prendre position et nous sommes aussi, comme humains et comme parlementaires, en cheminement constant sur ces questions-là. Puis, peut-être si je peux revenir sur la question des compétences à laquelle mon collègue fait allusion, c'est certain que c'est un débat qui est beaucoup approché par la lorgnette du droit criminel. Mais c'est certain que la santé, la fin de vie, la souffrance humaine, ce n'est pas une question de compétence. Et les gens ont interpellé les élus québécois pour faire ce vaste débat là. Et, comme je l'ai dit, c'est notre responsabilité de le faire, d'autant plus que, si on veut strictement parler de compétence, on a compétence en matière de santé, de lois professionnelles et on sait que les médecins et les ordres professionnels interpellent beaucoup les parlementaires pour dire qu'à l'heure actuelle il y a un certain manque de balises. Donc, minimalement, ils souhaiteraient une clarification des choses. Je pense qu'il faut être... il faut être attentifs à ces demandes-là. Et aussi on a la compétence en matière d'administration de la justice et de poursuite. Donc, c'est aussi de notre responsabilité à titre de poursuivants.

Journaliste: Très bien. Merci. Merci.

Mme Thibeault (Josée): Concrètement, justement, la différence entre ce qu'il est possible de faire pour le Québec versus ce qui devrait être sous l'égide du gouvernement fédéral, qu'est-ce que c'est? Est-ce qu'on le sait déjà ou est-ce que vous... est-ce qu'on a encore besoin de...

M. Kelley: On a quelques idées, mais, règle générale, c'est le Code criminel, et la responsabilité fédérale, qui est le plus important enjeu parce que tout le reste, la gestion du système de santé, c'est quoi, les traitements médicaux, l'ordre des professions, le contrôle des professions, la déontologie des professions et l'administration de la justice, tout ça tombe dans la juridiction du gouvernement du Québec.

Mme Thibeault (Josée): ...par exemple, un traitement médical qui mettrait fin à la vie, c'est un... ça peut être considéré comme un acte criminel. Est-ce qu'on a compris ça avec les experts?

M. Kelley: On est dans les questions que vous allez trouver dans le document. Et, comme citoyen, je vous invite de participer dans notre réflexion.

Mme Thibeault (Josée): Ce document est un document très pédagogique. Il y a beaucoup d'exemples. Effectivement, il y a beaucoup de questions, mais vous donnez beaucoup d'exemples. Est-ce que c'est parce que vous vous êtes aperçus pendant la commission parlementaire qu'il y a des... que la plupart des gens mélangeaient les concepts? Est-ce que c'est ça?

Mme Hivon: Bien, en fait, je vous dirais qu'il y a eu un consensus pendant les travaux avec les experts, c'est de rappeler l'importance de définir, en partant, les concepts, de faire les nuances. Il y a effectivement beaucoup de confusion dans la population, mais, je dirais, chez les experts aussi, surtout chez les experts, parce qu'eux, ils rentrent dans les nuances et le détail en matière médicale: refus de traitement, arrêt de traitement, euthanasie, suicide assisté. Et ça nous est apparu très, très important que la commission se fasse sur des bases communes, que tout le monde s'entende sur le sens des mots, sur le sens des notions qui, pour plusieurs, sont déjà dans le Code civil. Donc, ça, je pourrais vous dire que, oui, ça a été un souci qu'on a eu de s'assurer que tout se fasse sur les mêmes bases de discussion.

Mme Thibeault (Josée): Une précision technique: c'est une commission itinérante. Est-ce que vous... J'ai compris que vous alliez dans seulement deux villes...

Mme Hivon: 10... 11.

Mme Thibeault (Josée): 10.

M. Kelley: 10. Pardon, 10.

Mme Hivon: 10, plus Québec.

Mme Thibeault (Josée): 10 villes, incluant Québec ou Québec en plus?

M. Kelley: Plus Québec.

Mme Thibeault (Josée): 11 en tout.

M. Kelley: Oui. Alors, de l'est à l'ouest, nord, sud et toutes les villes entre.

Journaliste: Oui. Est-ce que... Donc, pour éclaircir l'histoire des compétences, est-ce que c'est possible pour le Québec de légaliser l'euthanasie ou le suicide assisté? Est-ce que c'est possible pour le Québec de faire cavalier seul?

M. Kelley: Non, parce que ça va prendre des amendements au Code criminel du Canada, mais, comme je dis, on est beaucoup sur la fin, on n'est pas encore arrivé là. Et, l'autre chose, au niveau de l'administration de la justice, il y a la flexibilité que... je pense que c'est la Colombie-Britannique...

Mme Hivon: Oui, c'est ça.

M. Kelley: ...qui a déjà, dans la foulée du cas de Sue Rodriguez, dans les apnées quatre-vingt-dix... il y avait certains changements administratifs dans la province de la Colombie-Britannique. Moi, je pense qu'il y a une gamme de possibilités, mais, moi, je ne veux pas déjà donner l'impression qu'on a déjà décidé d'aller de l'avant, parce qu'on n'a pas encore entendu les citoyens, et j'insiste beaucoup de l'importance de cette étape dans notre démarche.

Mme Hivon: Si je peux renchérir, effectivement il ne faut présumer de rien parce que ce qu'on veut, c'est entendre les gens, les gens qui nous ont interpellés, comme parlementaires québécois, comme Assemblée nationale. Alors, nous, on ne veut pas mettre la charrue avant les boeufs. On veut entendre les gens et voir ce qui va se dégager de tout ça avant de prendre les décisions, mais, comme le dit mon collègue, c'est vrai que, dans la foulée de l'affaire Sue Rodriguez, par exemple, quand on parle du pouvoir du poursuivant, le Procureur général de la Colombie-Britannique a émis une directive que, dans certains cas, comme celui de Sue Rodriguez, il n'y aurait pas de dépôt de poursuite parce que c'est les provinces qui sont les poursuivants dans la majorité des éléments du Code criminel. Donc ça, c'est un exemple, mais, comme on dit, et on veut être très prudent, on n'en est pas là. On n'est pas en train de dessiner les solutions, on veut vraiment faire le tour avec les gens avant.

Journaliste: Mais l'exemple de la Colombie-Britannique, c'est une directive qui ne s'appliquait qu'au cas Rodriguez ou qui s'applique encore aujourd'hui dans différents cas?

Mme Hivon: C'est une directive qui est maintenue encore.

Journaliste: O.K., qui est maintenue encore. Donc, c'est-à-dire que la province décide de ne pas poursuivre si c'est un cas manifeste, là, d'euthanasie ou de suicide assisté?

Mme Hivon: S'il y a certaines conditions de remplies...

Journaliste: S'il y a certaines conditions.

Mme Hivon: ...l'intérêt public. Ça, on pourrait vous fournir le...

Journaliste: O.K. Donc, au fond, c'est peut-être de ce côté-là que le gouvernement du Québec pourrait vraiment agir.

Mme Hivon: Écoutez, c'est une possibilité...

Journaliste: C'est une possibilité.

Mme Hivon: ...mais on n'en est pas là, on n'en est pas là.

M. Kelley: Je reviens toujours... le statu quo est également une opinion.

Mme Hivon: C'est ça.

M. Kelley: ...et, moi, comme président... le document est le fruit de plusieurs séances de travail des membres de la commission, et, comme président, souvent les personnes sont venues pour me voir individuellement pour dire: Ça penche trop d'un côté ou de l'autre. Alors, on a essayé de préparer un document le plus neutre possible. On a jugé important de mettre les cas types à titre d'illustrations, parce qu'au-delà des grands principes ça veut dire quoi, un suicide assisté, pratico-pratique, ça veut dire quoi? Une décision de... un refus de traitement, ça veut dire quoi, exactement, refus de traitement? Nous avons consulté une couple de médecins qui nous ont aidé de préférer ces cas types, juste pour monsieur ou madame qui suit ce débat de près, d'avoir un exemple concret de qu'est-ce qu'on voulait discuter.

Journaliste: Est-ce que ça ne risque pas, M. Kelly, d'être un organisme... une initiative un peu vaine parce qu'effectivement il y a l'arrêt Rodriguez en Colombie-Britannique qui peut être utilisé ici s'il y a un cas qui répond aux mêmes critères? Donc, en plus, vous êtes tributaires du Code criminel. Alors, c'est... vous faites quoi? Au bout de ça, vous allez faire quoi?

M. Kelley: Ah! Il y a beaucoup d'implications pour les médecins. Et une des origines de cette démarche est effectivement la demande faite et les travaux faits par le Collège des médecins. Ils disent: MM., Mmes les politiciens, il y a beaucoup d'incertitude. Il y a des choses qui ne sont pas claires. Nous autres, comme médecins, on peut aller jusqu'ici. Mais il y a certaines choses que c'est vraiment à la société en général à déterminer. Alors, ils ont un petit peu envoyé le balle chez nous. Et on a pris ça parce qu'avec les changements dans les technologies médicales, par exemple, des choses qui peut-être étaient très claires et vraies il y a 20 ans, avec les avancées dans la pharmaceutique, et tout le reste, peut-être sont beaucoup moins claires aujourd'hui. Alors, je pense qu'on a toujours intérêt d'aller voir vers la population. Dans ces moments qui sont parmi les moments les plus difficiles, les plus forts dans la vie, on fait quoi, comme société? Alors, c'est vraiment dans cet esprit. Et, moi, comme je dis, avec tous les changements dans le domaine médical, je pense qu'il y aura toujours intérêt de faire ça.

Journaliste: Mme Hivon a dit tout à l'heure qu'il y avait 83 %, 84 % des gens qui généralement appuyaient les demandes d'euthanasie si elles venaient d'une personne... de la personne elle-même qui voulait... qui voulait en faire l'objet. Mais admettons que le commission débouche sur un consensus comme ça. Vous pouvez faire quoi, à ce moment-là?

Mme Hivon: Bien, en fait, c'est ce qu'on vous dit... qu'on essaie de vous dire.

Journaliste: Non, mais, je veux dire...

Mme Hivon: On veut aller sonder, O.K., mais il y a plein de choses comme... Mon collègue vient de faire référence au Collège des médecins. Le Collège des médecins a fait un document fort étoffé, qu'il a déposé à l'automne dernier. Et, lui, il dit: En fait, pourquoi ne par regarder toute cette question-là par le prisme des soins appropriés de fin de vie? Pourquoi, par exemple, une aide médicale active à mourir, en cas d'extrême souffrance, de fin de vie imminente, ne pourrait pas être vue comme dans le catégorie des soins appropriés de fin de vie?
Par ailleurs, on vous... Par ailleurs, il y a un grand débat là-dessus. Vous consulterez tous les experts qu'on a consultés, tout est dans la question de l'intention, du double effet. Il y a tout un débat théorique et philosophique et éthique autour de ça. Et par ailleurs, on y a fait référence, par exemple, en Colombie-Britannique, c'est le poursuivant, dans la foulée de l'affaire Rodriguez, qui a décidé que, quand certaines conditions seraient remplies, le poursuivant ne déposerait pas de poursuite. Alors ça, c'est des... Je dirais que c'est des éléments qui sont dans le décor. Et je pense que notre démarche, elle est légitime en soi. Parce qu'à partir du moment où les citoyens interpellent les élus, où il y a un débat de société, que les ordres professionnels, des médecins, des associations de retraités, des mouvements citoyens prennent position et demandent aux élus de faire le débat, bien je pense que c'est notre responsabilité de le faire et de donner toute la place pour qu'il se fasse sereinement. Puis c'est ça qu'on est en train de faire..

Journaliste: Dernière chose...

Mme Hivon: On n'abdique pas nos r responsabilités, on les prend.

Journaliste: D'accord. Dernière chose. Est-ce que vous croyez que, dans les hôpitaux, il y a une forme d'euthanasie qui se pratique présentement pour des grands, grands malades, des gens en fin de vie?

Mme Hivon: Non.

Journaliste: Non?

M. Kelley: Non, non. Mais, comme dit la zone grise, on sait, c'est tout ce débat autour, le double effet. Je vais vous donner un médicament qui aura comme premier effet de soulager la douleur, mais le deuxième effet va être de raccourcir votre vie. Est-ce que ça, c'est la même chose que faire l'euthanasie? Certains des experts qui sont venus nous témoigner ont dit qu'il y a une certaine continuité. Et d'autres personnes ont dit: Non, non, c'est complètement différent, un geste posé qui a but ultime de cesser la vie de quelqu'un, ça, c'est très différent, et on ne peut jamais tolérer ça. Alors, les experts eux-mêmes étaient très divisés sur cette question. Alors, je pense que c'est quelque chose qu'on va faire appel au grand bon sens de la population.

Mme Hivon: Et, si vous voulez aller plus loin dans cette question-là, vous pouvez aller entendre les témoignages des experts, des médecins qui, effectivement, avaient des avis divergents sur le double effet et la réalité de la pratique.

Journaliste: Sur un autre sujet, M. Kelley, depuis la semaine dernière, les partis de l'opposition demandent aux députés libéraux de se désolidariser de leur chef et de voter en faveur de la proposition pour la tenue d'une enquête publique. Vous, comment vous vous situez par rapport à ça?

M. Kelley: On va finir sur ce sujet ici. On est ici...

Journaliste: Je vous pose la question. Vous ne voulez pas répondre?

M. Kelley: Non. Non, je comprends la question, mais je ne veux pas répondre, à ce moment. Je veux compléter sur l'autre.

Journaliste: À quel moment?

M. Kelley: À un autre moment.

Journaliste: Mr. Kelley, I haven't had a chance to read the whole document yet, but, can you tell me, did your committee take a look at what is going on in other provinces? You mentioned British Columbia? I'm sure the provinces are having the same debates as we are having here. Can you draw inspiration from what is going on in other provinces or is that...

M. Kelley: All the provinces and other countries as well. There happens to be a doctor from Belgium who is in town, so informally our committee met with this doctor who has been at the heart of some of the debates in Belgium. We have looked at the debate in France, the debate in the Netherlands. Two American states, Oregon and Washington, have moved to support assisted suicide. So there are experiences around us, and obviously the experts didn't come just from Québec. We had a woman from the Dalhousie University, who had a great experience of the Canadian legal context, professor Downie, and so she gave us quite a pancanadian perspective on a lot of these legal questions.

Journaliste: But is the debate that we are having here any different then what is going on in other provinces or...

M. Kelley: I think it is something... certainly what we found is, since we have announced we are going to do this, there has been interest expressed by other provinces. The document is... the translation is almost finished, so we will have that online before the end of the week in both languages, because I think there is going to be a great deal of interest because these are hard questions, and these are questions that British Columbia, 15 years ago or 17 years ago, when Sue Rodriguez was... that was something that was a big issue in British Columbia. So, the very, very sad case of Mr. Latimer, it's a different kind of case, but in Saskatchewan there was a lot of interest in that as well. So, I think these are very tricky questions, they are very emotional questions, but I think there will be a great deal of interest right across the country.

M. Grant (John): These are perfect questions for interest groups who will and can mobilize hundreds or thousands of people who appear to be individuals but who really aren't. Have you got any mechanism there that you can use in any way or you are just going to take this for a fact?

M. Kelley: Oh, we'll just try to be as representative as possible. That's true, even if we don't go out when we have a public consultation here, you always try to make sure that the various opinions are all received, and, as I said all along, we have no preconceived notion. The important thing... we have fifteen parliamentarians who would like to go out and listen. We've asked citizens a lot of question in the document, we want to hear them, and that's the most important next step. But nothing has been decided ahead of time. And, sure, they'll always be people that will come, and perhaps we'll hear the same message more than once, that's always true, but it will be up for us to try to come up... And it's not just a question of a public opinion poll, these are a very deep principles and very deep values for Québec society. So, we'll be listening for those, as well.

M. Grant (John): I am thinking more of your online attempts, I mean, clearly, I mean, you've seen a lot of people...

M. Kelley: Yeah.

M. Grant (John): ...an online poll, I mean, if...

M. Kelley: I think some of the online polling goes on, you know, on TV shows as well. So, we'll take it all with a grain of salt, but I am surprised that usually... When you go out, if you listen carefully, you can always learn things from these kinds of exercises, and I am quite confident that because what we are talking about is so emotional, it touches a very deep cord in people... I am sure we are going to get some very, very thoughtful contribution to our debates.

 

M. Dougherty (Kevin): The Criminal Code is a barrier to this. I am just wondering, is the idea to... I know there's a federal initiative... Mme Lalonde is... a federal initiative... at the federal level, I should say. Is the idea to put more pressure on... not pressure, necessarily, but to come up with some conclusions that would influence changes perhaps...

M. Kelley: Again, you're getting to the conclusion, we are not there yet, and it's not just... If you look at it, it's dying with dignity, so it's not limited to the question of euthanasia nor assisted suicide, it's palliative care, it's questions about the use of medication, it's a code of ethics for the various professions involved. So, it's a much broader question. So you've identified a hot button for sure, and that's something that many of the experts talked to us about in the public hearings, but I was quite surprised. The debate is a lot wider than that, and there will be other subjects raised as well.

Journaliste: Can you just... Maybe another way of approaching the question is: What surprised you? You know, you heard the experts, is there anything that... Wow, I never thought of that sort of thing?

M. Kelley: Well, I think, we learned lot about the various practices, with heavy doses of medication towards the end of life and where does putting somebody under stop... and when does it actually hasten the end of life. So, I think there are those sorts of gray areas The passion of people's convictions, the... how complicated these questions are and how many people in our society have given a great deal of thought? So, I've done many public hearings, and, for listening to thirty groups, this is one of the most rich I've participated in as an MNA in 15 years, because people had given it a great deal of thought.

Journaliste: Mme Hivon.

Mme Hivon: Yes, I can... maybe I can only say that, being a new... a new elected member of the National Assembly, I felt really privileged to live that moment, because it was in a total nonpartisan way, and the experts who came where really generous and would... after they came and they appeared before us, they would send us documents and complements. And you should see everything we have. So, it was a really, really, I would say, deep and learnful experience, and it made us, as humans and as parliamentarians, I think, better people. And now we want to go to the population, because the experts can have their debate, but, like I said, among... above the questions, the juridical and the medical questions, it's deeply a human and a value question, and that's what we want to go and look at with the population.

Journaliste: ... mentioned that we're trying to reach out to the silent majority. How concerned are you that there is a silent majority out there?

M. Kelley: I mean, I think on everything there will be groups with particular interests and that we'll hear a little bit from that, but when you read memoirs you could tell how it comes from the heart, and, I am confident... everytime, whether it's doing door-to-door, during a campaign or standing at a train station, if you're willing to listen you can always learn things from the citizens of Québec. And, I am very confident, in this exercise as well, we will learn a great deal because the experts have given us their version, but there's that common sense in the public, and this is an issue that sooner or later every family, every individual is confronted with. Whether it's with your parents or someone else in your entourage, with your family, you'll be up against these very difficult issues. So I have every confidence that there's a rich vein of wisdom in the population, and we'll be able to tap into that.

Journaliste: O.K. Mr Kelley, actually, I have a question for your riding, but you're not taking questions...

M. Kelley: No, I'll do that after, but we will finish with this and get me out of the bright light.

Journaliste: O.K.

M. Kelley: It's finished. Merci beaucoup.

Une voix: Merci.

M. Kelley: Thank you.

(Fin à 13 h 30)

 

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