Conférence de presse de M. Mario Dumont, chef de l'Action démocratique du Québec
Sommet du Québec et de la jeunesse
Version finale
Thursday, September 9, 1999, 14 h 38
Salle Evelyn-Dumas (1.30),
édifice Pamphile-Le May
(Quatorze heures trente-huit minutes)
M. Dumont: Alors, bon après-midi tout le monde. On a assisté ce matin, dans la foulée d'un engagement électoral longuement mûri et réfléchi par le Parti québécois au cours de la dernière campagne, on a assisté ce matin en grande pompe au relancement – ça avait été fait cet été – des travaux du Sommet du Québec et de la jeunesse.
Il y a certainement un élément de réflexion qui a été amené au moment où le gouvernement lance ce grand processus de consultation, parce qu'on est en matière de jeunesse... Je faisais une boutade tout à l'heure, mais le Sommet était un peu un engagement improvisé qui est arrivé dans les derniers jours de la campagne électorale. Mais le gouvernement avait par ailleurs pris des engagements envers les jeunes et le lancement du Sommet s'inscrit dans une période où le gouvernement est en plein dans le non-respect de ses engagements.
Et là, je peux faire une liste des dossiers où ça s'applique. Les clauses orphelin où le gouvernement avait promis une législation très claire, très précise par rapport aux jeunes et ça n'a pas été livré. En pleine campagne électorale, le gouvernement avait promis aux jeunes que les frais champignons dans les cégeps, c'était fini, et le gouvernement est en train de se défiler par rapport à cet engagement-là. Dans le dernier sommet socioéconomique, dans le dernier Sommet sur l'économie et l'emploi, le gouvernement s'était engagé auprès des jeunes à ce que des programmes d'apprentissage soient massivement créés. Or, sur les 1 000 places, entre autres, qui devaient être créées, il y en avait encore tout récemment même pas une centaine qui étaient créées. Le gouvernement a reculé sur cet engagement-là.
Ce matin, on apprend – et là on parle de dossiers qui arrivent en même temps que le lancement du Sommet – que les jeunes profs suppléants, on est en train de trouver un mécanisme, dans les négociations du secteur public, pour baisser le salaire des profs suppléants qui sont essentiellement des jeunes. Et j'apprenais hier, en toute fin de journée, qu'un des éléments du Plan d'action jeunesse du gouvernement lui-même, du gouvernement Bouchard, qui est le dossier Place aux jeunes qui s'adressait aux jeunes surtout des régions périphériques, qui était un programme d'aide pour que les jeunes puissent améliorer leurs chances de se trouver un emploi dans leur région, cet élément-là du Plan d'action jeunesse du gouvernement est en train d'être abandonné et les jeunes eux-mêmes écrivent aujourd'hui à la ministre Lemieux, au ministre Legault, écrivent à tous les députés, un peu en panique, en disant: Bien, là, vous êtes en train d'abandonner le projet Place aux jeunes. On vous a envoyé copie de la lettre.
Alors, il y a une contradiction considérable entre l'enthousiasme que met le gouvernement, le faste avec lequel il lance l'événement du Sommet et son action où il renie ses engagements envers les jeunes. Le premier ministre, vous l'avez entendu aussi souvent que moi, dire, en parlant du Sommet – je ne sais pas, il est en train de mettre des garde-fous sur son chemin en avant de lui – mais il dit: C'est risqué. C'est risqué. Il répète ça continuellement que c'est risqué de tenir un sommet. Mais je pense que, ce qui est risqué, c'est l'attitude du gouvernement. Ce qui est risqué, c'est de jouer sur deux tableaux. De dire d'un côté: On va organiser le Sommet qui va placer la jeunesse au niveau le plus important qu'on n'a jamais vu; puis de l'autre côté, de renier ses propres engagements puis de mettre de côté des pans entiers de son propre plan d'action en matière de jeunesse.
Çela étant dit, l'autre demande que je fais au gouvernement, et c'est une crainte qui est exprimée beaucoup par les groupes-jeunes, c'est que ce sommet-là demeure. Ça a commencé durant la campagne électorale, c'était le Sommet de la jeunesse; un peu plus tard, le concept s'est élargi à un Sommet du Québec et de la jeunesse. Ce que beaucoup de monde craignent, c'est que, à terme, ce ne soit plus le sommet des jeunes du tout et que ce soient les lobbyists et activistes habituels des sommets, les partenaires, entre guillemets, des «establishments» syndicaux et patronaux qui tiennent le haut du pavé et qu'une fois la table du sommet organisée, la place des jeunes ne soit pas si importante que ça.
Alors, si on veut faire un Sommet de la jeunesse véritablement, il va falloir que ça paraisse. Il va falloir que, résolument, le gouvernement s'assure que les places autour de la table sont réservées, pas nécessairement exclusivement, mais d'une façon clairement prioritaire, à des groupes de jeunes parce qu'il y a toujours ce risque qu'on fasse aux jeunes ce qu'on n'a pas fait, par exemple, dans le cas de l'agriculture. Dans le cas de l'agriculture, on n'a pas fait venir des gens d'autres secteurs pour venir dire aux gens du domaine agroalimentaire ce qui était bon pour eux. Je ne serais pas surpris que, dans le cas des jeunes, on fasse ça, par contre, qu'on fasse venir d'autres gens pour venir dire aux représentants des groupes-jeunes ce qui est bon, ce qui est souhaitable pour la jeunesse.
Et j'invite, à l'intérieur de ça, les jeunes à participer aux travaux du Sommet et à s'exprimer parce que j'entends toutes sortes de commentaires. Mais, qu'on soit sceptiques ou confiants ou peu importe envers les résultats qui pourraient en sortir de la part du gouvernement du PQ, je pense que c'est un exercice qui est offert aux jeunes pour faire entendre une voix. C'est un exercice de réflexion collective sur l'avenir, et ça, ça a une valeur en soi et ça mérite qu'on y participe et le Québec et la société québécoise, dans son ensemble, par une forte participation des jeunes, va en tirer des conclusions qui vont être positives pour l'avenir.
Il sera souhaitable, au lendemain, que ça se transforme en des actions gouvernementales mais, même si ça devait être le cas, partiellement ou pas du tout, l'exercice aura quand même eu, à mon avis, une valeur. On ne réunit pas des milliers de personnes qui décident de réfléchir et de travailler ensemble sans que ça puisse influer sur l'avenir d'une société.
Là-dessus, je vais répondre à vos questions.
M. April (Pierre): M. Dumont, étiez-vous là ce matin?
M. Dumont: Non.
M. April (Pierre): Vous n'étiez pas là, au lancement. Il y a quelque chose qu'on a remarqué, c'est qu'on a retrouvé dans l'assistance les mêmes personnes qu'on avait retrouvées au premier sommet du gouvernement Bouchard. On a la nette impression que le droit de parole des gens risque d'être passablement réduit quand on voit les Claude Béland, Bérard de la Banque Nationale, tous ces gens-là qui étaient du premier sommet économique; on est en train de transformer un sommet de la jeunesse en sommet économique. Est-ce que c'est une bonne idée? Finalement, on risque de se retrouver avec un sommet économique.
M. Dumont: Bien, je veux dire que le seul changement... C'est sûr qu'il y a eu un changement d'orientation partiel ou total en cours de route, mais, au point de départ, en campagne électorale, c'était le Sommet de la jeunesse et ça s'annonçait pour les jeunes, et c'est sûr qu'on sent qu'il y a un glissement de ce côté-là. Ce que je demande au gouvernement aujourd'hui, c'est de s'assurer que ça demeure le Sommet de la jeunesse, parce que, sinon, on peut très bien faire un sommet... Je veux dire, on fait un sommet sur l'économie; on peut dire que c'est le sommet de tout le monde, là. Si l'économie va mieux, c'est bon pour les femmes, les hommes, les personnes âgées et les personnes malades; c'est bon pour tout le monde quand l'économie va bien. Donc, ça, c'est un sommet général. Si on fait un sommet sur la jeunesse avec un accent sur la jeunesse, à ce moment-là, il faut qu'on parle vraiment avec les jeunes et que le Sommet soit fait par et pour les jeunes. Et moi, je vous dis, là, ce que j'en entends, ce que j'en ressens, j'ai cette crainte-là que ça redevienne un nouveau concert des lobbyistes habituels, des spécialistes en sommets, des establishments patronaux et syndicaux et que les jeunes se retrouvent avec une portion congrue de l'espace total.
Mme Thompson (Elizabeth): M. Dumont, dans quelle mesure pensez-vous que le Sommet est en partie conçu pour y établir les conditions gagnantes pour un autre référendum? Parce qu'on sait que les jeunes ne sont pas nécessairement acquis à la cause souverainiste.
M. Dumont: Bien, d'abord, un sommet, ça ne peut jamais être une condition gagnante. La population regarde toujours un sommet ou un rassemblement de cet ordre-là, je dirais, d'un oeil positif, parce qu'ils se disent: C'est bon que les gens se parlent, mais d'un oeil quand même sceptique. Ce qui marque les gens, c'est des gestes concrets. Alors, là, ce que je veux dire aujourd'hui, ce que je constate, moi, c'est que, du côté des gestes concrets, on est aux antipodes du Sommet: les intentions du Sommet sont toutes pures, toutes roses, toutes belles, puis l'action du gouvernement... Je veux dire, dans la semaine même où le gouvernement lance son sommet, il y a des groupes-jeunes qui courent après le gouvernement pour essayer d'avoir des rencontres pour ne pas se faire couper des budgets qui sont déjà promis sur le plan d'action jeunesse du gouvernement Bouchard lui-même. Là, ils sont en train d'enlever des morceaux de leur propre plan d'action jeunesse avec Place aux jeunes.
Au même moment où ils font ça, on apprend que, quand ils viennent pour négocier dans le secteur public, ils se disent: On va faire payer encore la facture par les jeunes à travers l'astuce des profs suppléants. Bon. Bien, c'est certain que ça, ce n'est pas de nature à rassurer le monde.
Les gens, ce qu'ils veulent voir, c'est des gestes concrets et je pense qu'en matière jeunesse, si on veut... Moi, j'invite les jeunes à participer parce que c'est l'avenir des jeunes du Québec, peu importe le statut politique du Québec, peu importe comment notre avenir tournera – personne le sait – d'ici quelques décennies mais ce qu'on sait tous, c'est que, si on continue à sacrifier des pans entiers de notre jeunesse dans des problèmes de décrochage scolaire énormes, sans précédent, comme on a à l'heure actuelle, dans des problématiques d'insertion à l'emploi comme on a à l'heure actuelle, sans parler de toutes les problématiques sociales qui en découlent, puis ultimement le suicide, dans le pire des cas, bien, quand tu sacrifies sa jeunesse, peu importe ton statut politique, t'es dans le trouble.
Mme Thompson (Elizabeth): Si on regarde la liste des chantiers qu'ils ont établis, on trouve qu'il y a beaucoup d'emphase sur les questions de l'emploi, l'économie, puis très peu sur les sujets qui ont peut-être provoqué le sommet au début, c'est-à-dire le suicide, les problèmes de drogue, etc. chez les jeunes. Pensez-vous qu'ils doivent avoir un autre chantier pour regarder les choses plus sociales?
M. Dumont: C'est évident que le sommet – je pense que c'est monsieur qui le disait tout à l'heure – est revenu un peu dans le moule du Sommet socioéconomique autant par ses thèmes que par ses intervenants. Il glisse vers ça. Effectivement, les thèmes que vous venez d'aborder sont ceux mêmes qui avaient, selon... je me souviens de la conférence de presse, je pense, d'un dimanche, du premier ministre, où il annonçait... personne n'avait jamais entendu parler de sommet sur la jeunesse. Ça sortait d'un chapeau et c'est effectivement en référence à des problématiques sociales comme celles-là qu'il faisait celle annonce-là.
J'ose espérer par contre... Ça m'inquiète plus ou moins parce que... Vous savez, Bélanger-Campeau nous a donné une leçon au Québec en matière de consultation du peuple. Quand on donne la parole au monde, on a beau ne pas mettre un sujet à l'ordre du jour... La décentralisation dans Bélanger-Campeau, ce n'était pas tellement à l'ordre du jour puis, après huit soirées de rencontres, huit journées de rencontres, ils ont compris qu'ils allaient s'en faire parler puis, à la fin, c'est devenu une des conclusions majeures.
Quand les gens ont quelque chose à coeur, ça finit par ressortir. Alors, je pense que si les jeunes participent, si les jeunes, dans les régions, s'engagent d'une façon assez agressive dans le processus du sommet pour faire entendre leurs voix, bien, ces problématiques-là vont ressortir; ça ne peut pas faire autrement. Comment elles vont être intégrées dans la suite des événements, bien, ça, ça va être à suivre.
Une voix: M. Dumont, vous dites: C'est mal parti mais les jeunes doivent participer. Vous avez quand même espoir que...
M. Dumont: Lorsque je dis qu'il est mal parti, le sommet en soi, le processus de consultation puis tout ça, il n'y a pas de problème, ça, ça va se tenir. Je fais bien confiance au gouvernement pour organiser des consultations, puis ça va bien aller, ça va tourner, les micros vont marcher. Quand je dis que c'est mal parti, ce n'est pas dans le sens que je pense que la consultation n'aura pas bien lieu; c'est dans le sens que je trouve que, en même temps que le gouvernement lance ce processus-là, son action est contradictoire. En d'autres termes, le jupon dépasse un peu. Quand tu lances avec faste un sommet en disant «les jeunes, c'est ma priorité», et qu'on apprend dans les mêmes journées que, en matière jeunesse, ton bateau coule, disons que c'est un petit peu contradictoire. Ça va sûrement amener les gens à se poser des questions. Et c'est dans ce sens-là que je considère que, si vraiment les jeunes, c'est la priorité, ils ne devraient pas juste être la priorité quand vient le temps d'organiser un sommet. Ils devraient être la priorité quand des décisions se prennent au quotidien aussi et ça devrait paraître.
M. April (Pierre): Il va falloir insister, M. Dumont, sur la nécessité, pour les intervenants qui vont participer à ce sommet-là, de s'assurer qu'ils vont aller chercher vraiment les revendications de ceux qu'on appelle les exclus et où les graves problèmes se retrouvent. On ne retrouve pas, dans le monde des jeunes organisés, des problèmes aussi immenses qui se retrouvent chez les exclus. La voix des exclus. Qui va parler en leur nom?
M. Dumont: Oui. Et c'est difficile d'aller chercher la voix des exclus parce que, effectivement, ce n'est pas ceux qui généralement se présentent les premiers dans la file au micro quand il s'organise une soirée de discussion. C'est particulièrement compliqué d'aller chercher des exclus quand un grand nombre – on le voit encore ce matin, il y a une manchette là-dessus; on en avait déjà parlé – il y a un grand nombre des organismes qui travaillent auprès des exclus qui sont des organismes communautaires d'une fragilité épouvantable et qui, là, sont sérieusement menacés parce qu'ils vivaient souvent à coups de contrats d'emploi par Emploi-Québec et qui sont à peu près tous menacés et qui ont tous leur permanence à moitié ouverte ou avec des gens qui sont là à mi-temps. Alors, ça, ça risque d'intervenir dans le processus auprès des exclus, c'est-à-dire leur capacité, à ces gens-là, de participer à une démarche comme celle-là.
Si leurs propres organismes déjà bien fragiles n'ont même plus de permanence parce qu'ils n'ont plus les aides auxquelles ils étaient habitués, ça risque d'être d'autant plus complexe d'aller chercher les exclus. Mais c'est un peu le défi de tous les participants de faire entendre cette voix-là. C'est sûrement aussi le défi de ceux qui président des chantiers de ne pas seulement écouter ceux qui se présentent premiers au micro mais d'aller chercher les besoins généraux pour les ramener.
M. April (Pierre): Mais ça ne sera pas le devoir des régions, par exemple, là? Parce qu'on dit que le premier travail doit se faire dans les régions par le biais des CRD, etc. Est-ce que ce n'est pas dans les régions, justement, qu'on peut aller chercher l'opinion de ceux...
M. Dumont: C'est là qu'on devrait aller les chercher. Si vous m'amenez là-dessus, je vais vous amener une inquiétude supplémentaire. C'est le temps. Ça va passer vite dans les régions, là. Vous avez vu le nombre de semaines, au total, qui sont réservées à cette phase-là du processus. Il va falloir que la tournée, elle tourne rondement parce que c'est très, très bref. Moi, ce que je crois comprendre, c'est qu'à l'heure où on se parle, les gens dans les régions n'ont pas encore des directives trop, trop, trop précises sur ce qu'on attend d'eux puis ce qu'ils vont avoir à faire dans la suite des événements. Donc, ça, il va falloir que ça se mette en branle. Si on veut que les gens des régions puissent faire un travail plus pointu, faire un petit peu plus que le minimum qui leur est demandé mais aller chercher une opinion plus large, il va falloir leur donner le temps de le faire. On ne peut pas organiser tout ça dans deux semaines.
M. Greer (Stuart): What do you say that this Youth Québec Summit is ought to a bad start?
M. Dumont: Actually, the bad start is that the actions of the Government at this point are quite contradictory with the supposed will to do something better for the youth. At the same time, the Government is launching this process going to a Summit de la jeunesse, but is compromising his own action plan with regard to youth. He's telling us today that maybe for... Younger teachers will still pay some of the bill in the next negotiation.
They are actions coming from this Government which certainly do not fit the desire to do everything better for youth. And when Mr. Bouchard said: This is a risky... And he keeps saying that all the time: This is a risky operation, and organizing such a meeting is a risky business. The risky business is to speak from both sides of the mouth, to say one thing in one circumstance and do the other thing in other circumstances. That is the risk that he is facing.
But he will to be consistent before youth. If he really makes this mandate, the mandate of youth, whatever issue in which the Government is involved should demonstrate that priority.
M. Greer (Stuart): You say that you fear that this might be sliding towards what we saw in 1996, a general socio-economic type of summit with players from business and unions there, but don't those members have to be there to address specifically concerns dealing with employment?
M. Dumont: I think everybody agrees that a summit on youth has to gather other people, other key players of Québec society. Now, the big question is, if you come to a point in which you have the regular, usual lobbyists of the Government, those who are the specialists of summits, and then you have in a lesser proportion youth. One may wonder: Is that the Summit of youth actually? One may wonder: Do the young people of Québec know what's good for themselves or will we organize a summit in which some good thinker will come and tell them: This is what's good for youth? This is the big question. Certainly if you come to a point in which the voice of the young people of Québec is not the major voice in the Summit, many groups within youth will disengage from the process because that's not what they want.
Mme Thompson (Elizabeth): Mr. Dumont, you are one of the youngest politicians that has ever been elected to National Assembly. Cabinet is generally considerably older than you are. In your day-to-day exchanges with them, do they seem to be in touch with the youth of today? Or is the youth...
M. Dumont: It's a big question, but there's no doubt that there's a gap, I mean. Nobody will say the opposite because... It's especially obvious when you talk about issues such as family policies, when you talk about issues such as labor laws, because the labor market that was experienced... Most ministers in the Cabinet, what they had experienced in terms of the labor market before they entered politic is quite different than what the young people who came out from the universities last May are experiencing at this moment. So surely there is a gap. I wouldn't argue that they are totally disconnected from the reality of youth. They know certainly young people, but let's say that, in terms of age, our Parliament is certainly not a very good representation of the population.
Une voix: M. Bouchard faisait état ce matin que les résultats du Sommet, ça ne viendrait pas tout de suite, c'est bien certain, parce qu'il y a toujours des choses urgentes à régler au fur et à mesure que les événements surviennent. Mais pensez-vous que les jeunes peuvent attendre que le gouvernement soit prêt à s'investir pour des changements concrets?
M. Dumont: Bien, c'est c'est une chose d'attendre pour des résultats dont on sait qu'ils s'en viennent. C'est une autre chose de voir un gouvernement faire le contraire. Je prends le cas que je vous présente aujourd'hui avec le dossier Place aux jeunes, les jeunes n'attendent pas, les jeunes constatent que le gouvernement retire des éléments de son plan d'action en matière jeunesse. Les jeunes constatent que ça fait des mois, des années qu'ils montent des choses, qu'ils travaillent sur des choses, qu'ils ont déjà fait ces activités-là une première fois puis que là ils attendaient, ils s'étaient fait promettre dans le plan d'action jeunesse: Travaillez là-dessus parce que les budgets vont suivre, puis au moment où ils arrivent pour le réaliser, ils se font dire non.
Ça, ce n'est pas juste d'attendre, c'est d'être déçu, c'est d'être désappointé. À la limite, c'est d'être trahi. Et ça, les jeunes ne l'accepteront pas. Attendre après un processus qu'on sent bien engagé, c'est encore tel que tel. Quand on sent que le fruit est en train de mûrir, c'est une chose d'attendre, mais quand on a l'impression que le gouvernement fait le contraire de ce qui est promis, c'est une trahison qui désappointe les jeunes. Et certainement que ça, ça ne passera pas si ça se produit.
Une voix: Quel serait le moyen à utiliser pour faire en sorte que des approches soient mises en application? Parce que ça fait des années qu'on amène des genres de sommet, que ce soit le Sommet économique ou autre, mais on ne voit pas souvent de résultats. Ça serait quoi la façon de faire avancer ce genre de dossier là?
M. Dumont: Ah bien là, je vais vous répondre par une réponse simple, hein. La façon de faire avancer les choses généralement dans un système comme le nôtre en politique avec des partis, c'est que les partis se font un programme électoral puis se font élire dessus puis ensuite ils le font. Puis pour faire avancer un dossier en matière jeunesse, bien, tu mets les éléments matière jeunesse dans ton programme puis, le lendemain matin que tu es élu si c'est toi qui a gagné l'élection, tu le fais. C'est supposé être le processus simple. Maintenant où est rendue la politique québécoise? C'est qu'on fait des campagnes électorales où on ne dit pas trop de choses pour ne pas trop déplaire à personne puis le lendemain matin on fait des sommets pour essayer de consulter puis de se bâtir un programme. Moi, c'est ce que je constate puis c'est ce que je vois là, là. On va travailler là-dedans, c'est pour ça que j'invite les jeunes à y participer. On est rendu là, là. On a le nez dedans, on est rendu là. Mais c'est sûr que si on veut qu'il y ait des choses majeures qui changent pour les jeunes – je peux vous en dire – je vais refaire ma campagne électorale à moitié ici devant vous autres sur les changements des lois du travail. Les lois du travail au Québec, il faudrait qu'elles soient revues de fond en comble, sur les travailleurs autonomes, sur plein d'affaires. Mais ça va en déranger d'autres. Tu ne fais pas d'omelette sans casser des oeufs.
Alors, si tu veux, en campagne électorale, dire que tout le monde va se sentir confortable avec ton propos puis que tu n'irriteras pas personne... Nous autres, il y avait deux, en bref, par jour des gens qui étaient scandalisés de ce que l'ADQ avait dit. Par contre, il y avait des choses significatives. Mais là on peut espérer que dans le Sommet, il sorte des choses puis que le gouvernement pose des gestes. Mais c'est certain qu'on ne peut pas faire d'omelette sans casser des oeufs. Si on change les lois du travail au Québec pour faire de la place aux jeunes, si on enlève des cadenas qui ferment de la place aux jeunes sur le marché du travail dans l'industrie de la construction, il y en a d'autres qui vont crier. Mais c'est un choix de société. C'est jusqu'où on peut aller à sacrifier une génération. C'est aussi cru que ça.
Alors, moi, le Sommet sur la jeunesse, ça va être une occasion d'en parler. C'est pour ça que j'invite les jeunes à se présenter puis à aller le dire.
Mme Thompson (Elizabeth): Pensez-vous que M. Bouchard a la volonté politique de casser quelques oeufs?
M. Dumont: Je ne sais pas. Moi, je prends les étapes une par une, là. Le gouvernement a la volonté politique de tenir un sommet. Je peux vous dire qu'on invite les jeunes à y participer, mais que le lendemain où il va y avoir des conclusions au sommet, on va suivre ça de proche, puis que pendant que le sommet se tient, on va s'assurer que, si on met une priorité sur les jeunes au sommet, on ne les laisse pas tomber dans les dossiers courants, dans les dossiers qui sont sur la table en même temps. Parce que c'est toujours farfelu les sommets. Des fois, ça devient le prétexte pour dire: Ah! Tout est sur la table, tout est sur la table, puis pendant que tout est sur la table, en-dessous de la table on fait le contraire de ce qui... Alors, c'est ça qui est une de mes craintes.
Je ne voudrais pas qu'on dise pendant un an: En matière jeunesse, on laisse tomber ci, on laisse tomber ça, on abandonne un programme, mais ce n'est pas grave, des conclusions du sommet vont nous arriver des belles choses. Je veux dire, la vie continue. L'année pendant laquelle le sommet se tient puis que les jeunes discutent, il y a quand même des actions qui se posent puis il y a un projet de loi sur les clauses orphelin bidon qui est devant la Chambre, qui va peut-être être adopté puis qui devrait être modifié. Je ne sais pas s'il va l'être. La vie continue.
Il y a des négociations dans le secteur public, là. Les négociations dans le secteur public, là, une clause ou l'autre, ça représente... à l'intérieur des jeunes de moins de 30 ans, ça peut représenter des 10 000 000 $, 20 000 000 $, 30 000 000 $, 50 000 000 $. Ça va vite, là, tu sais, en termes de répartition de la richesse. Des clauses discriminatoires pour les jeunes comme celles qu'on voit ce matin, additionne ça sur toute la jeunesse québécoise, ça fait des sommes considérables, parce que ces négociations-là, elles vont avoir lieu pendant le sommet. Si les jeunes sont trahis dans tous ces événements-là, pendant qu'on leur dit de l'autre côté... on met des ballounes puis des anges roses au mur puis on dit: Tout va bien, on fait un sommet. C'est là que j'ai une crainte. Ça va prendre de la surveillance au gouvernement, même pendant que le forum se tient, parce que la vie continue.
M. April (Pierre): ...non partisan, M. Dumont, vous allez être là, vous. Donc, on peut se fier sur vous pour nous dire si ça dérape.
M. Dumont: J'ai toujours été invité à ces sommets-là et je n'ai jamais décliné les invitations. La jeunesse, c'est sûr que c'est un thème qui nous intéresse particulièrement. C'est certain que, nous autres, on va aussi constamment amener des choses. On a un bon nombre de propositions sur ce qui devrait être fait en matière jeunesse. On va continuer à véhiculer ça, puis...
M. April (Pierre): Vous ne laisserez pas déraper ça, là.
M. Dumont: On ne laissera pas déraper sans le dire. Ha, ha, ha!
Une voix: You don't seem to think that it's going to be a very productive summit.
M. Dumont: Euh...
Une voix: You don't seem to think that this will be a very productive summit, that the PQ is able to get something out of this, or that the youth will...
M. Dumont: There are two issues. First, the issue of: Will that be productive or not? There is no doubt in my mind that, if the young people of Québec get engaged in the process, it will be productive because it will provide not necessarily the Government, it will provide society with a vision of what the youth of Québec wants. Now, what the Government, the PQ Government will do out of that, that's another question. I can be more skeptical and other persons can be more confident, but that's not the point for now. When we will have the conclusions, we will make the follow-up on that, but first, we have to... I think it's good that the young people of Québec get engaged and maybe if the Government that's place does not use appropriately the conclusions of the Summit, maybe someone else will do it later on. I mean, it's not necessarily lost.
Merci beaucoup. Bonne fin de journée.
(Fin à 14 h 7)