(Treize heures quarante et une minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour à tous. Bienvenue dans la salle Evelyn-Dumas. Alors, la vice-première
ministre et ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, va
prendre la parole. Elle est accompagnée aujourd'hui des membres du Comité
consultatif sur la réalité policière, c'est-à-dire Bernard Sévigny,
Nicole Gibeault, Marlene Jennings, Alexandre Matte et
Louis Côté. La ministre va prononcer une allocution. Après quoi, elle va
répondre aux questions des journalistes, d'abord en français, ensuite en
anglais. J'invite les membres de la Tribune de la presse qui auront une
question à me faire signe pour que j'inscrire leur nom sur la liste.
Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Guilbault :
Merci beaucoup. Bonjour, tout le monde. Merci d'être ici avec nous cet
après-midi pour cette belle annonce aujourd'hui. Je suis très fière de faire
cette annonce aujourd'hui, d'ailleurs, donc l'annonce du dépôt de notre
document de consultation, notre livre vert intitulé — vous en avez
probablement une copie, d'ailleurs — Réalité policière au Québec — modernité,
confiance et efficience. Donc, c'est ce fameux document sur la réalité
policière au Québec, que je m'étais engagée à déposer en 2019. Donc, c'est
maintenant chose faite, un document qui va servir de point de départ et de base
commune à une sérieuse réflexion que nous lançons en parallèle aujourd'hui sur
l'organisation policière au Québec.
Comme je l'ai dit, c'est un engagement que
j'avais pris en septembre dernier que de déposer ce document. Et aujourd'hui il
est donc disponible pour tous. Vous en avez possiblement déjà fait un survol
sommaire et avez été à même de constater qu'il présente effectivement un état
des lieux de la réalité policière au Québec en 2019. Le document présente des
constats sur l'univers policier, un univers qui est multiple, qui est complexe,
identifie des enjeux aussi qui doivent actuellement faire l'objet de cette
réflexion, justement, au Québec, identifie aussi des pistes de réflexion pour plusieurs
des enjeux qui sont soulevés. Donc, le tout va servir de base commune, comme je
l'ai dit, va servir à orienter les futurs échanges, les futures consultations
qui vont avoir lieu en vue de moderniser notre police au Québec.
Comme je l'ai souvent dit, l'ensemble de
cette démarche, à la fois le dépôt du document et les consultations qui vont
s'ensuivre, découle du fait que près de 20 ans se sont écoulés depuis la
dernière refonte des principales lois qui régissent la prestation des services
policiers au Québec. Et, depuis 20 ans, force est de constater que notre
environnement a énormément évolué, ce qui a amené plusieurs changements, entre
autres avec l'arrivée des nouvelles technologies. Et ces profonds changements
ont eu une incidence directe et significative sur la façon dont nos policiers
doivent travailler, à tel point que plusieurs acteurs des milieux policiers et municipaux,
des gens de la société civile aussi, questionnent le modèle actuel, d'où la
nécessité et la pertinence de ce qu'on est en train de mettre en place
aujourd'hui.
Une autre chose que j'ai répétée souvent
depuis mon arrivée en poste comme ministre de la Sécurité publique, c'est le
fait que nos femmes et nos hommes qui portent l'uniforme font un travail
exceptionnel pour servir, protéger nos citoyens. Mais le fait est que la
législation qui encadre les organisations, les pratiques, la desserte
policière, doit, de toute évidence, être revue et actualisée, et c'est l'objet
de ce qu'on lance aujourd'hui. De nos jours, les policiers doivent être à la
fois des préventionnistes, des gardiens de l'ordre, des intervenants auprès de
gens qui souffrent souvent de santé mentale. On a entendu le cri du coeur de la
communauté policière sur la santé mentale. Donc, ce seront tous des éléments
qui seront pris en compte dans cette grande réflexion qu'on lance aujourd'hui.
Pour nous appuyer dans ce vaste chantier,
vous voyez à mes côtés les cinq membres du comité consultatif que nous avons
réuni, cinq professionnels hautement qualifiés, avec des profils diversifiés,
des expériences complémentaires. Je suis très fière d'avoir réuni toutes ces
personnes dans notre comité. Elles vont d'ailleurs prendre la parole. Donc, je
vais quand même les nommer : M. Bernard Sévigny>, qui agira à titre de
coordonnateur et de porte-parole du comité, Mme Nicole Gibeault, Mme Marlene
Jennings, MM. Alexandre Matte et Louis Côté. Donc, je veux les remercier encore
une fois d'avoir accepté ce grand mandat, un mandat très important, un vaste
mandat. Ça prenait les meilleures personnes pour le faire, et je pense qu'on a
réussi à les réunir.
Je veux remercier aussi mes équipes du
ministère de la Sécurité publique, mon sous-ministre associé, Louis Morneau,
qui est ici, ma sous-ministre, Liette Larrivée, et toute l'équipe qui travaille
avec eux, mon cabinet aussi. Mention particulière à Louis Breault, mon
conseiller spécial, qui a énormément travaillé pour qu'on soit tous capables de
livrer ce document-là en 2019. Mention spéciale aussi à mon directeur, Cédric,
et à mon autre directeur, Jean-François.
Donc, merci, tout le monde. On va enfin
pouvoir lancer cette réflexion pour moderniser notre police au Québec. Ce n'est
pas trop tôt. C'est une noble mission dont ils doivent s'acquitter, mais encore
faut-il leur fournir l'environnement de travail le plus sain et le plus
efficace possible.
Sur ce, je cède la parole à M. Sévigny.
M. Sévigny (Bernard) : Merci
beaucoup, Mme la ministre. Alors, bonjour, tout le monde.
D'abord, j'aimerais vous remercier pour la
confiance que vous nous accordez dans le cadre de ce mandat et vous remercier
du mandat, en tant que tel, que vous nous donnez. Je pense qu'il y a là un
travail extrêmement engageant, un travail très important à faire. Et ça, nous
prenons la mesure de l'importance des travaux que le comité va réaliser au
cours des prochains mois.
Et vous avez constaté que, dans le titre
du document de réflexion, Réalité policière au Québec
— modernité, confiance et efficience... Je veux que vous
reteniez ces trois mots parce que ces mots seront nos guides, seront au coeur
de notre réflexion et de notre travail. Ce document nous donne, comme disait la
ministre, une base extrêmement intéressante pour entreprendre les travaux, une
base intéressante et des pistes de réflexion, déjà, qui sont soumises, qui vont
nous permettre d'encadrer nos travaux.
Et nous allons... Au cours de janvier,
février, la première étape va être de se donner un plan de travail, un plan de
travail avec des échéanciers. Et ça, ce sera le rôle du comité de statuer sur
la façon dont il entend faire les choses, le rythme avec lequel il va mener les
travaux... et avec les échéanciers. Mais on a bien saisi le message à l'effet
que la consultation que nous allons entreprendre doit être large. Il faut
entendre l'ensemble des parties prenantes. Il y a des gens qui ont des choses à
dire. Il va y avoir également un volet consultations publiques qui va faire
partie du plan de travail du comité.
Alors, vous voyez comme le chantier est
exigeant pour développer une vision cohérente des services policiers. Et, comme
la ministre l'a déjà dit, ça fait déjà 20 ans qu'il n'y a pas eu de rénovation
du cadre policier. Donc, il faut se le dire, les choses ont changé beaucoup
depuis.
Par la suite, nous allons formuler des
recommandations, donc des orientations qui seront soumises à la ministre, avec
lesquelles elle va pouvoir se donner des orientations et de mettre en oeuvre un
certain nombre d'éléments, donc des changements appropriés en matière policière
au Québec.
Vous avez remarqué que notre groupe de
travail est très complémentaire. Donc, je pense que ça va nous permettre
d'aborder ce grand chantier sous divers angles, avec différentes lunettes,
donc, et je peux vous assurer que l'importance et la sensibilité également
qu'on va devoir y mettre vont être au rendez-vous dans le cadre de nos travaux.
Nous allons le faire également avec le plus grand respect et également la plus
grande ouverture possible à l'égard des citoyens, des citoyennes et des groupes
que nous allons entendre au cours des travaux.
Alors, encore une fois, je vous remercie,
Mme la ministre, de la confiance que vous nous témoignez. Et je suis
profondément convaincu que nous saurons être à la hauteur du mandat que vous nous
confiez. Merci beaucoup.
Et je passe maintenant la parole à Mme
Nicole Gibeault.
Mme Gibeault (Nicole) :
Bonjour à tous. Moi aussi, Mme la ministre, je tiens à vous remercier de la
confiance que vous nous faites pour ce mandat important, je pense, dans les
circonstances. Évidemment, tout le monde connaît ma passion pour les affaires
judiciaires, depuis plusieurs années, avec les médias, etc. Et ça continue et
ça va continuer, soyez-en assurés. J'ai travaillé 40 ans, dans le milieu, et
plus... pas cacher mon âge, là, mais 40 ans et plus dans le milieu juridique. Et
je suis extrêmement heureuse de pouvoir contribuer à ces travaux-là. C'est un
comité consultatif.
Et je pensais à ceci, je disais : Si
on a un plan de traitement de santé à faire, bien, il faut avoir un diagnostic
avant tout, là. Alors, on est là, je pense, pour s'aider mutuellement dans
différents domaines d'expérience que nous avons pour essayer de trouver
peut-être des pistes de solution proposées à la ministre pour en arriver à un
document final.
C'est sûr que j'ai vu et j'ai constaté,
pendant toute ma carrière comme juge... Et je pense que les gens me
connaissent, je suis vraiment une personne authentique, rigoureuse, et je suis
une personne qui était terrain. Je suis un juge de terrain. J'ai vraiment
rencontré des victimes, des policiers. Je jasais avec eux comme juge, comme
avocate également, et maintenant comme analyste-chroniqueuse dans les médias. Et
j'aime la proximité. J'aime rencontrer les gens. J'aime entendre, consulter. Et
ça m'est apparu comme quelque chose qui, vraiment, m'intéressait. Alors, j'ai
accepté ce grand défi. Et je pense que les crimes ont évolué, les policiers. La
Loi sur la police, c'est vrai que ça date depuis longtemps. Les lois, la jurisprudence,
on sait très bien que ça évolue.
Alors, on a beaucoup de pistes à regarder.
C'est vaste, c'est stimulant. C'est tout ce que j'ai à dire, c'est vraiment
stimulant. Alors, je pense que, là-dessus, on a... Et d'ailleurs je tiens à
dire qu'on a une très belle chimie, là. On s'est superbien entendus déjà. Déjà très
bien. Alors, on verra.
Et je passe la parole à Mme Jennings.
Mme Jennings (Marlene) :
Merci. Et j'ajoute mes remerciements à Mme la ministre, comme à mes collègues.
Je suis vraiment heureuse d'être ici aujourd'hui parce que, pour moi, c'est un
peu comme un retour aux sources.
En 1990, j'étais commissaire adjointe à la
déontologie policière du Québec et j'ai eu le mandat de mener de multiples
consultations avec plusieurs groupes communautaires pour recueillir leurs opinions
suite à la création du code de déontologie. C'était nouveau. Nous recevions des
appels de partout. Et, quand je vous dis de partout, je ne parle pas de partout
au Québec ou au Canada, je parle de partout dans le monde. On recevait des
appels du gouvernement et les forces de l'ordre en France, en Angleterre,
plusieurs pays en Afrique et plusieurs États et villes aux États-Unis. Ils
étaient émerveillés de voir la réforme que le Québec a faite, et on était vus
comme étant innovants.
Donc, aujourd'hui, 30 ans plus tard,
je suis fière de participer à cet exercice de consultation important. Le Québec
a évolué. Et nous devons nous assurer que nos forces policières, nos
communautés culturelles et nos groupes communautaires puissent travailler et
développer les solutions ensemble. Est-ce qu'il y a des problèmes? Oui, et nous
le savons, mais il y a également des succès qui méritent d'être soulignés. Et
j'ai hâte de débuter le travail avec notre comité et mes collègues.
Et je cède maintenant la parole à
M. Alexandre Matte.
M. Matte (Alexandre) :
Bonjour à vous tous. Merci d'être présents. À mon tour de remercier Mme la
ministre de la Sécurité publique du mandat qui nous est confié et de la
confiance qu'elle nous témoigne. Je suis fier de faire partie du Comité consultatif
sur la réalité policière. La qualité des services policiers fait partie de mes
valeurs les plus profondes. Je crois pouvoir dire que je m'y suis investi durant
toute ma vie professionnelle.
J'entends mettre à la disposition de mes
collègues le fruit de mon expérience de policier, d'enquêteur, de chef de
police et d'enseignant pour que nous puissions ensemble soumettre à la ministre
des orientations sur des changements possibles en matière policière. Je vois
d'un bon oeil le processus qui s'amorcera dans les prochains mois.
J'ai maintenant le plaisir de céder la
parole à mon collègue, M. Louis Côté.
M. Côté (Louis) : Bien,
bonjour, tout le monde. Je dois avouer que, dès que j'ai entendu dire que la
ministre de la Sécurité publique songeait à revisiter la réalité policière 20
ans après la grande réforme du début du millénaire, j'ai eu envie de participer
à ses efforts de réflexion. Je suis fier de faire partie du Comité consultatif
sur la réalité policière et je remercie la ministre de sa confiance. Et, en
même temps, bien, je peux lui assurer qu'elle pourra vivre un grand événement
bientôt en toute quiétude. Nous allons tout faire pour qu'elle passe une très belle
période.
Pendant quelques décennies, la qualité des
services policiers était au centre de ma mission quotidienne. À l'époque, j'ai
travaillé en étroite collaboration à la mise en oeuvre de la réforme au sein de
la Sûreté du Québec. J'en ai même fait un sujet de recherche universitaire dans
le domaine de l'administration. Je suis rompu aux problématiques de gestion de
crise. Je n'ai aucun doute que notre police est loin d'être en crise. Cela dit,
il est sage de constater le chemin parcouru en 20 ans et de réfléchir aux
orientations que nos services policiers pourraient prendre pour assurer leur
modernité, et leur efficience, et surtout pour perpétuer la confiance des
citoyens. Mes collègues peuvent compter sur mon entière collaboration pour
faire de ce mandat un succès. Vous voyez déjà la chimie qui existe. Et merci
beaucoup, tout le monde. Merci d'être ici.
Le Modérateur
: Alors,
merci à tous. Nous allons amorcer la période d'échange avec Alain Laforest de TVA
Nouvelles.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous tous. M. Côté, avec ce que vous venez de dire, j'aurais une question
pour vous. Vous avez bien dit : La police est loin d'être en crise. Le
SPVM a été mis en tutelle. Le directeur de la Sûreté du Québec est sous
enquête. L'UPAC, il y a des enquêtes qui n'aboutissent pas. Vous dites que la
police n'est pas en crise actuellement au Québec?
M. Côté (Louis) : Je vous dirais,
M. Laforest, là-dessus que la chose la plus importante, c'est de faire la
notion entre une crise, une urgence et, je vous dirais, un cas de gestion. Pour
que la police, au Québec, soit entièrement en situation de crise, il faudrait
que même leur existence soit remise en question, même des gens, à l'intérieur
comme à l'extérieur, soient complètement affectés, et que leurs mandats soient
discutables, et leurs façons de faire soient toutes discutables.
Hier soir, j'étais dans un restaurant où,
par hasard, on me mentionnait qu'il y avait une personne de 80 ans... est
disparue. J'ai fait *4141, et, en l'espace de trois minutes, la Sûreté du
Québec était à pied d'oeuvre. Elle avait l'identité du monsieur, son véhicule,
son adresse, et quelqu'un s'en allait chez elle.
Et c'est important de venir faire la
différence entre la notion de crise et urgence parce que, je vous dirais, lorsqu'il
n'y a pas crise, c'est parce que c'est une non-crise. Là, on tombe en urgence.
L'urgence, ça veut dire quoi? C'est qu'habituellement les organisations ont des
plans, ont des ressources, ont des simulations, ont des pratiques, ont des
réponses à fournir à des événements connus. La crise, elle, on se retrouve dans
des situations totalement méconnues où vous êtes vraiment sortis, je vous
dirais, de vos baskets et vous ne savez plus où donner de la tête, par où
commencer, où est le fil conducteur de ce que je vis présentement.
Ça fait que, donc, c'est la raison pour
laquelle vous voyez des gens ici aujourd'hui avec des multitudes de compétences
différentes, d'expériences différentes, qui abordent un dossier qui, à mon avis,
est un cas de gestion important, nécessaire et majeur. Mais ça ne veut pas dire
que, pour autant, la police, au Québec, est en situation de crise parce que,
mis à part ce que vous avez dit, une section d'une organisation peut être en
crise, mais est-ce que l'organisation dans son entier est en crise? Dans ce
cas-ci, la réponse, c'est clairement non.
M. Laforest (Alain) : Une question
à Mme Gibeault et M. Sévigny. Le principal défi de la police, en
2020, ce sera quoi, et pour les années suivantes?
Mme Gibeault (Nicole) : Bien,
moi, je pense que le principal défi va être de remonter la confiance que le
public a ou devrait avoir, parce que c'est sûr qu'avec tout ce qui s'est passé...
On ne peut pas se cacher, là, hein? On ne se mettra pas la tête dans le sable avec
tout ce qui s'est passé, tout ce qui se passe, toutes les enquêtes qui ont
achoppé. Et enfin on en nomme et on en nomme. La confiance du public est au
plus bas, probablement.
Le mandat qui nous appartient, c'est, en
fait, d'essayer d'écouter, de consulter, de vérifier. Je sais qu'il y en a
beaucoup qui en parlent, mais ce serait important de cibler, à mon humble avis,
les points où ce serait plus sensible, parce que la confiance, là, c'est tout.
La confiance, écoutez, à mon avis, c'est la fondation. La fondation, c'est la
police. C'est eux qui mettent en état d'arrestation. C'est la police qui monte
le dossier, qui s'en va au DPCP. En bout de ligne, là, c'est le magistrat, le
juge ou la juge, qui va décider, et c'est tout. Si la fondation est toute
croche, ça va aller mal.
Alors, à mon avis, ça va être de rebâtir...
parce que tout le système judiciaire en prend pour son rhume lorsqu'on n'a pas
de confiance dans notre corps policier. Malheureusement, on en est là, et ça ne
peut pas aller... Probablement, ça va aller mieux, j'espère. On l'espère. Moi,
je suis positive que... C'est-à-dire qu'il faut rester positif,
M. Laforest. D'après moi, là, il faut rester positif et travailler dans ce
sens-là parce que... C'est ça.
M. Sévigny (Bernard) : Et
moi, je vais reprendre un des trois thèmes, la modernité. La modernité, c'est
quoi? Vous savez que, depuis une dizaine d'années, le travail des policiers a
considérablement changé. La donne n'est plus la même. La réalité n'est plus la
même, ne serait-ce que la lecture de la population, la composition de la
population, les technologies de l'information, vous savez, la cybercriminalité.
Il y a tellement d'éléments qui se sont ajoutés dans l'organisation, dans les
tâches, dans les responsabilités des policiers, que ce soit la SQ, que ce soient
les corps policiers autochtones ou municipaux.
Donc, cette réalité-là a changé à la
vitesse grand V au cours, je dis, des dix dernières années, mais en fait c'est
depuis 15, 20 ans, et alors que... Vous me parlez d'un défi. S'il y a un
défi, c'est la raison pour laquelle on va aborder l'ensemble de la desserte
policière, l'ensemble de la réalité policière, l'aborder de façon large, de
façon à ce qu'on puisse identifier où sont les enjeux, dont certains des
nouveaux enjeux, et de formuler des recommandations pour pouvoir appréhender
ces nouveaux enjeux là, qui, dans le temps, vont continuer à se développer.
Vous savez, la société, oui, est en constante évolution, et les corps policiers
doivent évoluer également en fonction de cette nouvelle donne là, qui est
nouvelle, je vous dirais, d'année en année. Donc, ça, ça va être un grand défi
aussi.
M. Laforest (Alain) : Une question
technique, pour terminer, à Mme Guilbault. Mme la ministre, habituellement, un
livre vert, on dépose ça au salon bleu. Là, vous avez choisi de le faire à
l'extérieur du salon bleu. Pourquoi?
Mme Guilbault :
Oui. Bien, en fait, un livre vert, à toutes fins pratiques, c'est un outil de
consultation, c'est un document de travail. Et donc le document que je dépose
aujourd'hui rejoint exactement les mêmes objectifs et est fait dans le même
esprit. Donc, il dresse un portrait d'une situation, quelques pistes de
réflexion, mais sans donner trop d'orientations non plus parce qu'on veut
laisser toute la latitude au comité de faire son travail.
Et donc, si on l'avait fait dans un cadre
parlementaire, évidemment, ça exige qu'une commission soit libre pour pouvoir
faire le travail, et vous savez comme moi que les commissions sont très
engorgées. Les travaux progressent très lentement, notamment dû à l'obstruction
faite par un des partis d'opposition. Alors, si j'avais attendu qu'une
commission se libère pour procéder à cet exercice-là, probablement que ça ne se
serait jamais fait avant la fin de notre mandat. Et, nous, à un moment donné,
il faut qu'on avance. Je pense, les Québécois s'attendent à ce qu'on fasse ce
qu'on a à faire. Donc, je le fais en marge du Parlement.
Ceci étant dit, j'avais dit que je tenais
à ce que mes collègues des oppositions fassent partie du processus, et ça a été
fait. Donc, très en amont, moi, je les ai contactés, mes vis-à-vis des trois
autres partis, avant même, là, qu'on mette en place le comité, et tout ça pour
les informer de mes intentions, de la façon dont je comptais procéder, prendre
leurs suggestions aussi. J'ai rencontré ceux qui étaient intéressés, donc
Québec solidaire et le Parti québécois. Le Parti libéral a préféré qu'on ne se
rencontre pas. Donc, ils ont été inclus au tout début du processus. Bien sûr,
on peut penser qu'à la suite du dépôt du rapport du comité je vais prendre en
compte leurs recommandations. Ça pourrait vraisemblablement donner lieu à des
modifications législatives qui feront en sorte que, de toute façon, tôt ou
tard, on sera en commission parlementaire. Et, à ce moment-là, les partis
d'opposition seront partie prenante au processus comme dans n'importe quel
projet de loi.
Et, entre-temps, je termine là-dessus, les
partis d'opposition sont bienvenus pour participer s'ils veulent venir
rencontrer le comité. S'ils ont des idées, déposer un mémoire, et tout ça, leurs
suggestions sont les bienvenues. Nous, on veut consulter le plus largement
possible. Donc, tous ceux qui sont intéressés, au Québec, à réfléchir, à développer
une vision moderne et cohérente de notre modèle de service de police au Québec
seront bienvenus pour participer.
Le Modérateur
: Louis
Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : M.
Sévigny, qu'est-ce que vous pensez de l'UPAC, de l'efficacité, par exemple, de
l'UPAC, de la façon dont les dernières années se sont déroulées? Qu'est-ce que
vous en pensez?
M. Sévigny (Bernard) : Bien,
écoutez, ce que j'en pense? Moi, je pense que... Je vais vous répondre
autrement. Effectivement, l'UPAC fait partie des unités sur lesquelles on va
jeter un regard, avec l'ensemble des corps policiers, et on va l'inscrire dans
cette vision, dans cette analyse, dans cette lecture-là. Ce que je pense aujourd'hui
de l'UPAC, ou du BEI, ou d'un corps policier quelconque, je n'arrive pas... Je
n'aborde pas ce mandat-là avec une idée préconçue, qu'est-ce que je pense de
ça, parce que, bon, je ne suis pas un spécialiste dans les affaires...
M. Lacroix (Louis) :
Vous devez quand même avoir une idée sur l'UPAC, qu'est-ce que ça fait.
M. Sévigny (Bernard) :
Bien, je ne suis pas un spécialiste dans les affaires policières, sinon municipales,
que je connais très bien parce que ça a été le lieu où j'ai été en contact avec
des corps policiers. Alors, de là à savoir quel est mon jugement présentement
sur l'UPAC, je vais me réserver ça. Et ça fera partie des discussions avec mes
collègues dans le cadre des travaux du comité.
M. Lacroix (Louis) :
Mme Gibeault, vous en pensez quoi, vous, de l'UPAC? Vous avez parlé de
crise de confiance tout à l'heure. Est-ce que l'UPAC fait partie des
organisations qui font en sorte que vous avez un doute sur la... en fait, qui a
amené votre commentaire de tout à l'heure?
Mme Gibeault (Nicole) :
Moi, je vais vous dire, ce n'est pas la question de doute. Mais je vais aller directement...
Je pense qu'on me connaît pour ça. C'est sûr que je me questionne. C'est sûr
que je me pose des questions. C'est sûr que je lis, comme tout le monde, les
journaux. C'est certain que j'ai commenté ou que je vais continuer à me poser
des questions quand il arrive des choses : Pourquoi, comment, qu'est-ce
que... Je veux dire, pour moi, c'est impossible de ne pas le faire comme
juriste, là.
Maintenant, est-ce que... Non, je ne sais
pas c'est quoi parce que, là, vraiment, j'irais dans quelque chose que je ne
connais pas. Mais, de ne pas me questionner, bien non, ça serait ne pas lire
les journaux, ne pas écouter la population, ne pas écouter ce qui se passe. Alors,
oui, c'est sûr que j'ai du questionnement. Puis ça va être fort intéressant de
voir ce que je vais trouver là-dedans ou ce qu'on va être capables de discuter,
jusqu'à quel point. Je pense, ça va être intéressant.
M. Lacroix (Louis) : Sur
le plan technique, est-ce qu'on peut avoir une idée du budget qui est consacré
au comité? Et c'est très rare que ces comités-là finissent dans les temps
impartis. Alors, est-ce qu'il y a des possibilités de prolongation,
Mme Guilbault, de budget, etc.?
Mme Guilbault :
Oui. Le budget total, on l'estime à 1 million de dollars. Donc, ça inclut
les sommes pour la rémunération des cinq membres du comité, bien sûr. Il y a
aussi une portion à l'équipe de soutien. Donc, le secrétariat, ça va prendre
des gens pour les aider, là, dans le secrétariat. Ce sont des employés qui sont
déjà au ministère de la Sécurité publique, mais qui seront dédiés exclusivement
à ce travail-là. Évidemment, il y aura des déplacements, et tout ça. Donc, en
tout et pour tout, on estime à 1 million de dollars le budget total pour
l'exercice.
Je comprends votre désillusion par rapport
aux délais qu'on a tendance à se fixer au gouvernement, compte tenu des
15 précédentes années. Mais par contre nous, on s'efforce d'essayer d'être
dans les temps. Des fois, même, on nous accuse d'aller trop vite. Mais
l'objectif, c'est vraiment d'avoir un rapport à l'automne prochain, et ça a été
entendu avec tout le monde, là, sous réserve d'impondérables. C'est sûr qu'il
faut faire les consultations les plus larges possible, comme je l'ai dit, mais normalement
un rapport l'automne prochain.
M. Lacroix (Louis) : C'est
réaliste, M. Sévigny?
M. Sévigny (Bernard) : Bien,
réaliste, c'est-à-dire que le plan de travail, on va le déterminer début
janvier. On va le déposer en février, fort probablement rendu public... Il y a
là une question... Est-ce que... oui, l'automne, on vise l'automne. Est-ce que,
dépendant du nombre de consultations, de la façon qu'on va consulter... Ce n'est
pas une camisole de force. Ce que je veux dire, là, oui, il y a un horizon. Effectivement,
il y a un horizon. Est-ce qu'on va tenter d'entrer dans l'horizon? Oui. Maintenant,
le plan de travail va être parlant à l'égard de ces délais-là et au moment où
le comité va atterrir avec son rapport.
Mme Guilbault :
L'automne va jusqu'au 20 décembre, juste en passant, comme ça, là. Quand
même, ça nous laisse plus d'un an.
Mme Gamache (Valérie) : La camisole
de force va jusqu'où?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Avant de céder la parole à ma collègue... Justement, ça vous laisse
suffisamment de temps, Mme la ministre, pour légiférer après avoir reçu le
rapport, donc possiblement en décembre 2020, le temps de rédiger un projet de
loi, de le soumettre à l'Assemblée nationale, de le faire adopter avant les
élections générales. C'est possible, selon vous?
Mme Guilbault :
Bien, quand je dis : Ça va jusqu'au 20 décembre, c'est le maximum. Ça
se peut que ce soit avant. Donc, on va travailler avec la réalité de ce qui se
produira et on va voir, là. Après que j'aie pris connaissance du rapport, je
vais voir un peu les orientations à prendre ou les gestes à poser concrètement
pour donner suite à ce rapport-là. Je pense qu'il pourrait y avoir des
modifications législatives. Si ça peut se faire autrement, bien, ce sera ça. Mais
c'est rare qu'on puisse faire quoi que ce soit de moindrement substantiel ou
significatif sans passer par un projet de loi.
Donc, oui, on va prendre le temps de bien
faire les choses. Il ne s'agit pas non plus de se cantonner dans un empressement
qui serait exagéré. Mais en même temps on veut que les choses se passent avec
célérité pour en arriver, à un moment donné, avec, c'est ça, ce modèle de
police cohérent, moderne, en phase avec les nouvelles réalités. Mais c'est quelque
chose qui va prendre un petit peu plus de temps que, par exemple, un projet de
loi comme je viens de faire sur les armes à feu, où on fait deux, trois assouplissements
à un registre.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Estimez-vous que cette modernisation-là peut être faite dans un seul mandat?
Mme Guilbault :
Il faudra voir le délai que les choses prennent. Qui dit projet de loi dit commission
parlementaire et dit, donc, composition avec l'agenda législatif global et
avec, comment dire, la synergie de tous les groupes présents au Parlement. On
va voir, mais, pour l'instant, l'important, je pense, c'est vraiment d'aller de
l'avant avec le comité, avec les travaux. Eux-mêmes viennent de recevoir le
document qui a été avalisé par le Conseil des ministres tout juste tout à
l'heure, donc vont prendre connaissance, vont faire un examen détaillé de son
contenu, vont aborder les enjeux qui y sont traités sans pour autant s'y
limiter, mais, entre autres, ce qui y est abordé, vont consulter les gens et
vont évoluer aussi à travers ça. Et, s'il y a lieu d'adapter le plan de travail
ou, comment dire, la façon dont on voit le travail pour la prochaine année, on
le fera. Mais, pour l'instant, je pense que c'est réaliste de penser à un
rapport à l'automne 2020.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Une précision. Donc, vous ne formez pas aujourd'hui une commission d'enquête?
Mme Guilbault :
Non.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Les pouvoirs du comité consultatif sont limités. Est-ce qu'ils peuvent forcer
une organisation policière à remettre des documents ou ils doivent passer,
comme les gens de La Presse, par la loi d'accès à l'information? Est-ce
qu'ils peuvent convoquer des dirigeants de corps de police? Quels sont leurs
pouvoirs?
Mme Guilbault :
C'est certain que, sous réserve... Si quelqu'un voudra compléter ou, même, à la
limite... c'est ça, compléter mes propos... Ça sera sur une base volontaire. C'est
quand même une consultation qui se fait avec les gens, comme je l'ai dit, qui
sont intéressés à réfléchir à comment on peut moderniser notre police au Québec.
Je peux vous dire, pour avoir eu déjà plusieurs discussions avec plusieurs
représentants de plusieurs groupes, entre autres du milieu municipal, du milieu
policier, qu'il y a déjà beaucoup de monde qui sont intéressés. On parlait de
l'UPAC tout à l'heure. L'UPAC s'est déjà dite intéressée à participer à ça,
tous les grands corps de police aussi, à la fois la direction des corps de
police et les principaux syndicats qui représentent le milieu policier,
l'Association des directeurs de police. L'école de police, fort probablement,
va être intéressée aussi.
Donc, il y a une foule de gens, l'UMQ, les
associations qui représentent les municipalités, déjà très intéressés. Donc, je
ne pense pas qu'on doive contraindre des gens à venir contre leur gré. Au
contraire, même, je pense qu'il va y avoir peut-être plus de demandes que de possibilités
dans la réalité du calendrier et des jours ouvrables prévus au contrat, et tout
ça. Mais l'important, c'est de faire le tour de la question. Donc, c'est sûr
que, si le comité, à un moment donné, se dit : Telle ou telle personne
pourrait être intéressante à entendre, ils pourront faire des approches.
Le Modérateur
: Valérie
Gamache, Radio-Canada.
Mme Gamache (Valérie) : Je
pose la même question que mon collègue, mais est-ce que ça va prendre une forme
publique, ces consultations-là? Est-ce que vos travaux seront publics ou ça va
se faire vraiment un peu plus en vase clos?
M. Sévigny (Bernard) : Bien,
ça reste à déterminer, mais, une chose certaine, il va y avoir des
consultations publiques où les citoyens vont être appelés à venir nous parler,
à déposer des documents, et un certain nombre de rencontres en amont, qui vont
se faire de façon un peu plus privée, bon, pour des raisons, je dirais, de
sécurité. Donc, il va y avoir deux volets, mais, encore une fois, tout ça reste
à discuter dans le plan de travail, qui n'est pas encore... qui va être en
élaboration en janvier, février. Mais, oui, il va y avoir des exercices tout à
fait publics, là. Je pense que, si on parle de confiance des citoyens envers
les services policiers, c'est un peu incontournable qu'on ouvre les volets et
qu'on travaille de façon publique sur le plan des consultations.
Mme Gamache (Valérie) : Et,
quand on regarder le livre vert, ça contient passablement de choses, quand
même. Est-ce que le mandat n'est pas trop large, qu'on n'arrivera peut-être pas
justement à arriver, à l'automne prochain ou en janvier prochain, avec, véritablement,
un projet de loi? Est-ce que ce n'est pas trop tous azimuts, cette
réflexion-là?
M. Sévigny (Bernard) :
Bien, je vous dirais d'emblée, si on veut avoir une... se faire une idée
systémique de la situation, oui, il y a beaucoup de corps policiers, oui, il y
a des différences. C'est à la fois complexe et vaste, c'est vrai, et on va
l'aborder de façon complexe et vaste. Ça ne veut pas dire... Et l'objectif, c'est
d'identifier des pistes de réflexion, des pistes d'action aussi. Mais il faut
avoir une idée de l'ensemble du système, si on veut, et c'est là le défi, je
pense, entre autres, des membres du comité. On a cinq expertises tout à fait
différentes. Il va y avoir des regards croisés, donc, sur l'ensemble de la
situation. Par moments, on va focusser sur une particularité, sur un enjeu très
précis, tantôt vers un autre enjeu. Donc, ce sera... Mais il faut que ce soit
appréhendé de façon large si on veut faire le tour de la question.
Mme Gamache (Valérie) :
Mme Jennings, j'imagine que, pour vous, ce serait important d'aborder la
question du profilage. Entre autres, il y a eu ces problèmes au SPVM. Est-ce
que ce sera une priorité pour vous d'entendre parler de ça?
Mme Jennings (Marlene) :
J'ai plusieurs priorités, et c'est de regarder l'ensemble de notre système des
affaires policières. Évidemment, les relations avec les communautés
ethnoculturelles et les communautés des minorités visibles est une des
composantes. Mais il faut regarder le tout pour ensuite, comme M. Sévigny
vient de mentionner, dévoiler ou déterminer c'est où, les pistes où il y a des
solutions possibles, et concentrer sur cela pour ensuite avoir des
recommandations qui vont comprendre des mesures concrètes qu'on soumet au
gouvernement via Mme la vice-première ministre et ministre de la Sécurité
publique. Donc, oui, c'est un élément, mais ce n'est pas le seul élément.
Mme Guilbault :
Peut-être pour compléter, si je peux me permettre, sur le début de la question :
Est-ce que c'est trop vaste puis ça va un peu dans tous les sens? Mais il faut
comprendre qu'on énumère une série d'enjeux. Par contre, il y a des
dénominateurs communs là-dedans puis il y a des enjeux qui se recoupent et qui
s'englobent, si on veut, d'une certaine façon.
Je pense, par exemple, à la formation. Quand
on lit le document, quand on aborde la notion de formation, bien, ça va toucher
plusieurs éléments qui sont abordés, par exemple le profilage racial, par
exemple la formation pour être enquêteur, par exemple tous les enjeux qui sont
soulevés par rapport au statut des enquêteurs, à la formation des enquêteurs au
BEI. À l'UPAC aussi, il y a un enjeu de cette nature-là, par exemple, aussi, la
formation. On parle là-dedans du fait que les exigences en matière de fardeau
de preuve sont de plus en plus élevées, ce qui amène des enquêtes, des fois, à
ne pas avoir le dénouement escompté, ce qui amène aussi beaucoup de complexité
pour le travail des policiers, ce qui amène la nécessité à avoir des formations
particulières, des outils technologiques dispendieux, etc. Mais tout ça se
recoupe sous le fait de dire : Quel genre de formation devraient avoir nos
policiers au Québec pour être capables de régler un enjeu ou un autre qui font
l'objet de plusieurs pages distinctes, mais qui, en fait, sont regroupables
dans un seul et même enjeu un petit peu plus macro?
Je ne sais pas si c'est clair, ce que je
dis. Mais ce que je veux dire, c'est que plusieurs éléments, des fois, peuvent
être réglés par une solution globale qui va avoir des effets sur plusieurs
éléments. Donc, je pense que c'est cette vision aussi qu'il faut avoir,
d'essayer de dire : Qu'est-ce qu'on peut changer au niveau législatif, au
niveau réglementaire, qui va avoir des retombées sur un ensemble d'éléments qui
vont nous permettre d'avoir cette police améliorée au Québec?
Le Modérateur
: Patrick
Bellerose, Le Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) : Oui,
bonjour. Mme Guilbault, on va poursuivre dans la même veine. Au sujet de l'UPAC
et des enquêtes sur la corruption, on a vu plusieurs enquêtes soit tomber ou
soit s'étirer en longueur. Donc, qu'est-ce que vous souhaitez que les membres
du comité examinent? Et quelles réformes vous pourriez apporter pour éviter que
ces enquêtes-là, justement, n'aboutissent pas ou tombent à l'eau?
Mme Guilbault :
Je l'ai dit tout à l'heure, le comité va avoir beaucoup de latitude. Donc, ce
sera à eux de se fixer leur propre plan de travail, de voir quelles personnes
vont être entendues, quels enjeux vont être abordés en priorité et de quelle
façon tout ça va se dérouler. Puis je viens de donner l'exemple justement de la
formation qui peut être étroitement liée au fait d'être capable ou d'être
habilité à mener les enquêtes qui sont de plus en plus complexes. Ça, c'est un
autre problème.
Les technologies dont on parle beaucoup,
ça a amené la complexification puis l'apparition de phénomènes de criminalité.
Quand on lit le document, on voit que, parmi les phénomènes qui sont en hausse,
il y a tout ce qui touche la cybercriminalité, donc toute la cyberintimidation,
l'exploitation sexuelle en ligne, et tout ça, tout ce qui touche la fraude,
incluant la fraude d'identité. Donc, tout ce qui touche les nouvelles
technologies, c'est en hausse en ce moment : la corruption, les
stratagèmes de blanchiment d'argent, et tout ça.
Et, à l'UPAC, c'est ça, c'est l'Unité
permanente anticorruption, donc c'est des enquêtes très, très, très complexes.
Alors, ça renvoie à des questions de formation, à des questions de statut aussi
des employés, la façon de recruter, de réunir les équipes. Il y a des enjeux
qui sont spécifiques à l'UPAC, mais il y a des enjeux aussi plus généraux. Donc,
je m'attends, oui, à ce que les questions qui soient abordées puissent avoir
des retombées, entre autres, sur l'UPAC, sur nos corps de police spécialisés,
mais sur les autres aussi.
Et les histoires de l'UPAC, il y a eu une
question tantôt là-dessus, là, sur la crise de la police et tout ça, les
histoires, à l'UPAC, font, bien sûr, partie de celles auxquelles on fait
référence quand on dit qu'il y a un ensemble d'histoires, puis de manchettes,
et de problèmes divers qui ont concouru à faire en sorte qu'aujourd'hui je
lance cette réflexion-là. Il y a beaucoup de perceptions. Et donc il y a les
perceptions et il y a les faits. Il faut tenir compte des perceptions, mais il
faut se baser sur les faits pour être capable de faire un exercice intelligent,
et cohérent, et rationnel. Donc, c'est ça qu'on fait aujourd'hui. On dépose un
livre vert qui fait un portrait factuel de la situation, à partir duquel tout
le monde va pouvoir commencer à réfléchir ensemble.
M. Bellerose (Patrick) :
Est-ce que les ratés de l'UPAC sont l'élément principal qui font que vous
lancez aujourd'hui cet exercice de réflexion?
Mme Guilbault :
C'est un élément parmi d'autres. C'est sûr que c'est un élément qui est peut-être
plus retentissant parce que ça a fait l'objet de plusieurs reportages. Mais il
y a d'autres problèmes de fond aussi qu'on ne doit pas éluder parce qu'ils sont
moins médiatisés. Tu sais, je pense, bien, le profilage racial, on en parle de
plus en plus aussi, mais la santé mentale, c'est très important, les coûts liés
aux services de police aussi, qui augmentent partout. La distinction entre la
desserte par la Sûreté du Québec et les corps de police municipaux, il y a de
plus en plus de discussions là-dessus : J'ai mon corps municipal, ça me
coûte trop cher, mais je ne veux pas aller avec la Sûreté. Qu'est-ce qu'on fait
avec ça? Il y a des arbitrages à faire.
Les niveaux de service aussi, tout ça a
été décidé en 2000, alors que les agglomérations se sont beaucoup transformées
depuis. La question de la desserte en fonction de la taille de la population,
et tout ça, il y a plein de choses — la carte policière — qui
doivent être revues ou qui méritent, en tout cas, d'être réévaluées, qui ne
sont pas nécessairement populaires ou dont on ne parle pas nécessairement
souvent dans les médias. Mais c'est ça que je dis quand je dis que, oui, les
perceptions, les choses qui sont communément traitées dans les médias, vont
être abordées. Mais en même temps il y a d'autres choses qui sont factuelles,
qui sont des enjeux véritables, qui seront aussi abordées par le comité.
M. Bellerose (Patrick) :
Merci. M. Côté, vous semblez avoir une expérience assez longue dans le milieu
policier. J'aimerais savoir, pour ce qui est des questions de corruption et de
l'UPAC, quelle est, premièrement, peut-être votre perception de l'UPAC et
savoir qu'est-ce que vous allez regarder plus précisément dans les lacunes
qu'on pourrait régler.
M. Côté (Louis) : Bien, ça va
dans le sens qu'on vous a répondu jusqu'à maintenant ici, c'est l'UPAC, c'est
la police de Montréal, c'est la Sûreté du Québec, c'est la police de Sherbrooke.
Dans le fond, on va regarder ça dans son ensemble. C'est évident que ça va
toucher à peu près tous les points que vous avez pu voir tout à l'heure au
niveau du livre qui vous a été présenté, puis en même temps d'autres aussi. Peut-être
que... Vous savez, on ne pourra pas ne pas tenir compte... Des fois, on peut
avoir des surprises dans une consultation publique. Il peut nous arriver des questions
ou des demandes que personne n'avait vu venir. Ça fait qu'étant donné qu'on a, comme
Mme Guilbault disait, vraiment beaucoup de latitude dans notre plan de travail,
on va regarder plein de choses comme ça.
Mais, vous savez, porter un jugement avec
les yeux d'aujourd'hui sur quelque chose qui existe depuis 10 ans...
Prenez pour acquis qu'il y a de ça quelques années il y avait des pleins
articles dans les médias puis dans... M. Lafrenière était l'Eliot Ness du Québec.
On venait de créer quelque chose d'extraordinaire, qui allait purifier à peu
près... Puis là aujourd'hui les choses semblent vouloir changer un peu. Par
contre, il y a une belle unanimité, je pense, au niveau de la députation, pour
nommer le nouveau directeur de l'UPAC. Ça signifie quand même beaucoup sur le
lien de confiance qu'on a mis dans cet individu-là puis l'UPAC comme telle.
Moi, je pense qu'on part avec beaucoup de
latitude. On ne part pas nécessairement avec une feuille blanche puis on a
beaucoup de latitude. Là où il va falloir aller, on va y aller. Puis c'est évident
qu'on... Peut-être que, dans certains cas, on avait pensé mettre plus de temps
dessus. Mais par contre les gens vont nous dire : Ça va bien, ça, ce point-là,
ce n'est pas tellement important, c'est moins que d'autres qu'on n'a pas vu
venir. On veut se donner beaucoup de latitude. On veut vraiment écouter et on
veut que tout soit basé sur les faits.
Et, au Québec, vous savez, on est chanceux
d'avoir la police que l'on a parce que, je me souviens, en 2000, puis je ne veux
pas porter de jugement sur personne ici, vous n'êtes pas obligés de répondre à
la question que je vais vous poser, en commission, on avait présenté, nous, un
mémoire en commission parlementaire sur la formation des policiers, la
compétence des policiers. Et la première question que j'avais posée aux membres
de la commission : Qui, parmi vous, a une moyenne supérieure à 88 % à
la fin de son secondaire V? Si je vous demandais de lever la main ici, je pense
que peut-être que tout le monde ne lèverait pas la main pour autant. C'était la
note la plus faible acceptée, en techniques policières, au Québec, sur 22
concentrations, avant ceux qui vont dans le domaine du cégep pour devenir...
aller en droit, en médecine, en sciences, tout ce que vous voulez.
Donc, on a, au Québec, des gens avec un
potentiel de développement puis de capacité d'apprentissage excessivement
élevé, parmi les plus élevés des étudiants du Québec en secondaire V, qui
finissent leur secondaire V. On me dit que ça continue au cégep aussi. On a un
jardin merveilleux pour faire l'exercice qu'on fait présentement. Et moi, je ne
vais pas focusser sur une organisation par rapport à une autre. On commettrait
une erreur dès le départ. On veut focusser sur l'ensemble, la systémique.
Prendre quelqu'un qui a commis un crime puis l'amener à une condamnation,
regardez toutes les parties prenantes qui sont impliquées là-dedans. La police
ne peut pas être responsable de tous les maux de la planète, ce n'est pas vrai.
Il y a d'autres organisations, d'autres parties prenantes, probablement, qui
sont en train ou vont faire le même exercice qu'on fait présentement pour la
police au Québec.
Mais moi, je pense qu'on a un beau jardin
pour travailler. La plus belle des choses, puis je pense que tous les membres
du comité l'ont dite tout à l'heure, nous avons une latitude. On a confiance en
nous. On a confiance aux gens qui nous ont donné le mandat. Et on va avoir une
réunion début janvier pour faire le calendrier de travail. Je peux vous assurer
une chose, c'est qu'on va aller voir une cueillette de faits qui sont valides,
vérifiables et observables pour en arriver à des conclusions puis des
recommandations qui vont toucher peut-être l'UPAC, peut-être la Sûreté du
Québec, la police de Montréal, d'autres corps policiers municipaux, plusieurs
domaines d'activité policière au Québec.
Mais moi, je peux vous garantir une chose,
on part extrêmement motivés, extrêmement dédiés. C'est, tous, un dossier qu'on
a à coeur. On ne veut pas le prendre trop étroit, pas trop large, mais on veut
vraiment faire le tour de la problématique pour amener des soumissions
concrètes. La dernière, je vous dirais, réflexion a duré presque 20 ans. Si on
réussit le coup cette fois-ci, on aura fait notre job, et c'est ce qu'on vise.
M. Bellerose (Patrick) : Merci.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Entendez-vous, dans votre exercice, aller voir l'ancien commissaire à l'UPAC,
M. Lafrenière?
M. Côté (Louis) : Je vous
dirais, si c'est une partie prenante intéressée, on va l'écouter.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Puis qu'est-ce que vous en pensez?
M. Côté (Louis) : Je suis
mi-figue, mi-raisin parce que vous comprendrez que, de par mes anciennes
fonctions, j'avais connu M. Lafrenière, qui est connu comme un homme d'une
droiture impeccable, à qui on n'avait rien à reprocher. Je ne sais pas qu'est-ce
qui s'est passé par la suite, mais c'est l'homme que j'ai connu dans le temps,
et c'était unanime autour de lui. Qu'est-ce qui s'est passé par après? Je n'ai
pas aucun commentaire à faire là-dessus.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous ne pensez pas que c'est une question à laquelle vous devriez trouver une
réponse?
M. Côté (Louis) : Bien, moi,
je pense que chaque partie intéressée... Puis, comme Mme Guilbault le disait
tantôt, probablement qu'on va plutôt faire un arbitrage au nombre des parties
prenantes intéressées à venir nous voir et non pas solliciter trop de monde. Je
pense que c'est plutôt le contraire qu'on va vivre. Et je ne me vois pas
refuser une personne qui pourrait avoir des choses intéressantes à nous dire, à
nous apprendre, puis à nous aider dans la progression de notre réflexion.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
O.K. Donc, pour résumer, s'il souhaite vous rencontrer, vous allez le
rencontrer, mais, s'il ne souhaite pas vous rencontrer, vous allez rencontrer
les personnes qui souhaitent vous rencontrer d'abord?
M. Côté (Louis) : Bien,
tantôt, je pense, c'était clair, le comité consultatif n'a pas le pouvoir de
contraindre. C'est ça?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui.
M. Côté (Louis) : Et donc on
ne peut pas contraindre.
Le Modérateur
: Merci. Cathy
Senay, CBC News. On va repasser en français après.
Une voix
: ...
Mme Guilbault :Excusez, est-ce que vous vous adressez à moi? Je n'ai pas
compris le début.
Le Modérateur
: Oui. Il
y a une dernière question en français. Après, on va...
M. Bellerose (Patrick) :
Bien, la même question, en fait, à M. Sévigny. Souhaitez-vous que
M. Lafrenière soit rencontré par...
M. Sévigny (Bernard) : Ça va
faire partie des discussions de janvier des membres du comité.
M. Lacroix (Louis) : Bien là,
voulez-vous le rencontrer ou ne pas le rencontrer, vous, là, personnellement,
là? Je comprends que vous allez discuter, mais...
M. Sévigny (Bernard) : Bien,
si c'est une partie prenante qu'il faut rencontrer, évidemment, on va le
rencontrer. Mais je ne suis pas en train de vous dire aujourd'hui : Oui,
nous allons le rencontrer. On va en discuter. Écoutez...
M. Lacroix (Louis) : La
question, c'est : Souhaitez-vous le rencontrer? Vous, là, comme
porte-parole du comité, est-ce que vous aimeriez ça le rencontrer?
M. Sévigny (Bernard) : Bien,
c'est une partie prenante, M. Lafrenière, et, si on a à le rencontrer... À
ce moment-ci, moi, j'aimerais ça avoir une discussion pour qu'on puisse
travailler un plan de travail et identifier justement les «stakeholders», qui
on veut rencontrer et pourquoi on veut les rencontrer. Moi, je vous dis, on
veut rencontrer le plus de gens possible.
M. Lacroix (Louis) : Je vous
demande votre avis à vous, M. Sévigny.
M. Bellerose (Patrick) : Ça
semble incontournable, en fait.
M. Sévigny (Bernard) : Bien,
si c'est incontournable, ça va s'imposer. Je vais vous dire que, si on a à le
rencontrer, on va le rencontrer.
M. Lacroix (Louis) : Mais vous
n'avez pas d'avis, vous, personnellement?
M. Sévigny (Bernard) : Bien,
je n'ai pas d'avis... L'idée, c'est de rencontrer les gens les plus pertinents
dans le cadre du travail qu'on a à faire parce qu'aujourd'hui il y en a qui sont
pertinents. Je veux dire, on va identifier l'ensemble des «stakeholders». Si
c'est pertinent de rencontrer M. Lafrenière, on va le rencontrer. C'est ça
que je vous dis.
Le Modérateur
: Merci. Cathy Senay, CBC News.
Mme Senay (Cathy) : A colleague was sharing to me, like, a very important sentence in
the green paper, saying that a series of events have weakened the trust of the
population towards police. You have a very important task ahead and you don't
have the powers to «oblige» people to speak to you. How are you going to do
this? How are you going to achieve your goal as far as you want to go to regain
that trust of the population towards police? Perhaps,
Mrs. Jennings, you want to answer to this?
Mme Jennings
(Marlene) : It would be my pleasure. As
Mr. Sévigny has said, we do not have the power to force, order anyone
before us. But I can tell you that members of the public, community
organizations who have dealings with the police, whether it's in Montréal or whether it's up in Sept-Îles, they will want to be able to
bring their point of view,
their issues, their recommendations. We won't have to run after anyone. They'll be running to us to
speak to us. That's the first thing.
The second thing is… The
very exercise of actually saying we want to hear what you have to say already
brings an element of trust because people who receive that message say: They're
interested in what I have to say, my experience, either as an organization or
as an individual, is valuable. That's an important message that goes out. And I think that all of us want, at the end
of the day, when we give our report to the Minister, that virtually everyone
that we've met, the police forces, the police unions, the police chiefs, the
community organizations, whether it's on the health and social services sector,
because of, for instance, mental health, community organizations, youth, you
name it, that they're going to look at the report and say : They got it, they
understood.
Mme Senay (Cathy) : Racial profiling, I know that you said that it was not... It's part
of your priorities, but the SPVM didn't recognize that it was racial profiling,
even though there is an independent research that says so. I mean, you have,
like, this cleavage there just to recognize the problem.
Mme Jennings
(Marlene) : Yes, and that's part of what we're
going to be looking at, and hearing about, and, hopefully, being able to… might
get some suggestions, and ideas, and basic research, actual scientific research, that's a solid foundation to be able to make
recommendations. I mean, the issue of racial profiling... Just think, 30 years
ago, sexual assaults, sexual harassment, it wasn't taken as seriously as it is
today by any component in our society, domestic violence, 30 years ago, our
police services, largely in the main, big cities, were
just starting to grapple with it. And we were starting to have «des tables de
concertation sur la violence conjugale» in Montréal, first one in all of Québec, where you had women's groups, women's shelters coming together
with representatives of the Montréal Police Department to talk about protocols
and how they could work and collaborate together. So, racial profiling, it's
going to be the same king of thing.
Mme Senay (Cathy) : Indigenous affairs, that would be my last question. Why did you put aside indigenous affairs in this green paper? It
says at the beginning that it will be dealt with separately, but you have 22
indigenous police corps in Québec. So, I don't get why it has to be treated separately.
Mme Guilbault : Yes. It's because, as you know, there were two major inquests, one
federal, one, here, provincial, the commission Viens. And there were 31 recommendations to the ministèrede la Sécurité
publique in the rapport Viens, which is treated
separately, like you said, by my colleague. She is leading
the global answer of the Government to that report of Commissioner Viens
separately, directly with the communities. So she is working with them, but it
doesn't keep us from taking that into account into the reflection that we are
going to have because, like you said, there are 22 «corps de police
autochtones». And this is important to take that into account, but this will
not be a precise subject that will be treated in a forum here because it is in
another one. And it was really important, for us, for the Government, as you
probably remember, to be able to give a follow-up to the recommendations with
the communities to be able to priorize the recommendations with them and to
talk with them before we decide doing anything new regarding police services or
correctional too.
Le Modérateur
:
Merci. Raquel Fletcher, Global News.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good afternoon, Mrs. Guilbault. This
green book has been something that you've been talking a lot about. Can you
just tell us what your objective is and what you hope to accomplish with this?
Mme Guilbault : Yes. I am very proud and glad to table it today, this report. It
gives a portrait of the situation of police services in Québec because, as you know, almost 20 years have passed since a government decided to review the legislation regarding police services in Québec, and, since then, a lot has changed.
A lot of factors, including new technologies, have transformed our society, and
it has affected greatly the way that police officers are operating, to such a
point that a lot of people are questioning the actual model and want changes.
So we came up with a team
of five highly qualified people who will be leading this reflection that we
need to have, who will be having consultations with a lot of groups and
organizations and who will be able to make us recommendations on the way that
we can modernize our police in Québec. You see those members here, of course. And I'm expecting their
report in the fall 2020. And so it is really important for us, for me and for
all of us, that citizens can have confidence in their institutions and it is
also important to be able to provide our police officers a sane and efficient
work environment in which they are able to accomplish their mission proudly.
Mme Fletcher (Raquel) : I mean, it's quite an in-depth… What is it, 46 pages? That's quite a bit in what you've called a
working document. Do you have an idea already of maybe some of the things you
want to work on, between now and when that final report will be tabled, so that
you can maybe get a head start?
Mme Guilbault : There are going to be some changes, most likely, that need to be
made in a shorter horizon or shorter term. But I gave all latitude to the
committee to be able to address any issue and to meet any people who have
something interesting, intelligent, constructive to say about how can we
modernize our police in Québec.
So, I'm going to be expecting this report before making any important decision
or making any big change in the police legislation in
Québec.
Le Modérateur
:
Philip Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
: Thank you, sir. In the report, it talks about a
succession of events which have weakened the public's confidence in Québec's
police forces. What do you think, Mme Guilbault, is the level of confidence
Quebeckers have in their police at this moment?
Mme Guilbault :
I think people have confidence in the police officers, meaning that, if you
call the police, you have good service. I don't think that the problem is the
frontline. But, of course, there has been some questioning about investigations that did not lead to accusations. There have
been some stories regarding the internal climate in the UPAC, among other
organizations. So there have been a lot of stories whom, indeed, have made
people questioning some aspects of the police services in Québec, and that's
why, partly, we are launching this reflection today. Like I said earlier, there
are perceptions and there are facts. So we have to take perceptions into
account, but we have to base this exercise upon facts. And that's the point of
this green book today. You have facts in that. You have the portrait of the
situation in 2019. So this is the common basis. This is the starting point of
the reflection that I want to launch today with the help of this highly
qualified committee.
M. Authier (Philip)
: But you have Mme Gibeault who just said that we cannot keep our
head in the sand about what's wrong with the police.
Mme Guilbault : And we don't. That's what I just said.
M. Authier (Philip)
: And you have, then, M. Côté, who's from the SQ background, who says :
We need to be dealing with facts. You mentioned here that this panel is
quite... like, you come from very different worlds, diversified. How are you going to come up with a report that you will agree with?
Mme Gibeault (Nicole) : Oh! well, that is an issue that everyone... That's the focus, OK, to be able to agree with… and this is
the work... We have to listen. My job, all my life, was to listen. And I think
that, in every such case of different experience that they
have in their lives, they probably had to listen too. If they didn't, well,
they'll have to because this is a point that we'll need to go through. And will
we agree all the time? Probably not. Will we have discussions? Of course we
will. Will we be on different sides? Perhaps. Will we be trying to help each
other in finding a solution and see the point of the others? That's what we say
to a jury : Try to have an open mind, try to listen, try to listen not
only to the people, not only to the police… because the police needs to be
absolutely heard because they are in the focus of the limelight right now. They
are the ones who are bashed in public opinion all the time. So they will need
and they will want to express themselves, and I want to hear them. I want to
hear their emotions. I want to hear what they say, in fact, as far as their
work, how come they are feeling like that, and what can we do and try to do to
help the situation and the confidence of the public.
So that is a focus, I
think, we'll all have. And, like I say, usually, with people, if we were all
the time, all the time on the same page, we would not
advance. It's in… sometimes, conflict of explanation, and this, and that, and
then you just… Oh! yes, right, this is fine. So an open mind will be needed.
M. Authier (Philip)
: No taboos?
Mme Gibeault (Nicole) : No what?
M. Authier (Philip)
: Taboos. You know, police sometimes protect each other.
Mme Gibeault (Nicole) : Well, I mean, again, we have a lot of different experiences. I've seen
that. I've seen people trying to avoid that. Will we be able to question that?
Of course. And the transparency, authenticity, and all of that, we will ask
people… we can't force people to be like that. We cannot acknowledge that
people will come up and say : Listen, did people tell me the truth, the
whole truth and nothing but to truth all my life? I would be dreaming. But did
I see it occur? Yes, I saw it sometimes. Did I have to acquit sometimes on
benefit of the doubt? Yes, I had to. But what I mean is that… That is one part.
He has an experience and the other three have an experience. So we'll provide
each other with an «amalgamation», which I don't know the word in English, but
is it close to amalgamation? So, all together, we could try to get unified in
the situation. I don't know if it answers your question.
M. Authier (Philip)
: Yes, it does very well. Thank you very much.
Mme Gibeault (Nicole) : Thank you.
Le Modérateur
:
Alors, ceci met fin au point de presse. Mme la ministre, mesdames et messieurs,
merci beaucoup. Bonne fin de journée.
(Fin à 14 h 41)