(Treize heures trente minutes)
M. Marceau: Alors, le Conference Board a publié aujourd'hui une étude dans laquelle il examine les finances publiques du Québec. Et la conclusion à laquelle parvient le Conference Board est très, très mauvaise, là. Les finances publiques du Québec ne sont pas en bon état, selon le Conference Board. Et le Conference Board parvient à cette conclusion parce qu'il remet complètement en cause les hypothèses qui ont été faites par le gouvernement libéral. En fait, le Conference Board confirme ce que tous les Québécois savent: c'est que les hypothèses de contrôle des dépenses du gouvernement, ça ne tient pas la route. Le Conference Board ne croît pas le gouvernement lorsqu'il nous dit qu'il va contrôler les dépenses.
Essentiellement, c'est ça, le message du Conference Board. Il ne croit pas le gouvernement lorsqu'il dit qu'il va contrôler les dépenses. Et, comme les dépenses vont croître plus rapidement que les revenus, eh bien, on arrive à une impasse qui croît d'année en année et on aboutit en fin de période, en 2030, à des chiffres qui sont très, très élevés. On parle de déficits de 45 milliards en 2030, de dette qui s'élèverait à plus de 600 milliards de dollars.
Donc, cette conclusion, je le répète, repose sur le fait que les hypothèses qui ont été faites par le gouvernement quant à son contrôle des dépenses ne sont pas crédibles. En fait, évidemment, ça confirme ce que les Québécois savent. Le gouvernement n'a pas, à ce jour, pris de mesures qui laissent croire que les dépenses vont être contrôlées. Aucune mesure significative n'a été annoncée, que ce soit en santé, là où effectivement la... le taux de croissance des dépenses a été très élevé ces dernières années.
Et évidemment il y a cette question lancinante dans le décor actuellement, la question des infrastructures qui coûtent trop cher, de l'industrie de la corruption... de la construction dans laquelle il y aurait corruption, il y aurait collusion. Et on sait à quel point le gouvernement investit actuellement en infrastructures. Donc, cette question, elle est présente, et le gouvernement, là non plus, n'a rien fait. Et donc le Conference Board tire des conclusions que tout le monde a déjà tiré au Québec, c'est-à-dire qu'on ne contrôle pas... on ne contrôlera pas les dépenses au Québec dans les prochaines années. Voilà. Merci.
M. Dougherty (Kevin): Il parle d'un taux de croissance des dépenses de 5,1 % tandis que le gouvernement dit: Cette année, 2,9 %, puis les années après, 2,2 %. Est-ce que c'est... Qu'est-ce qui est réaliste là-dedans? Est-ce que vous croyez que... Est-ce que c'est possible de voir le 2,2 % comme la cible du gouvernement? Mais... Et pourquoi, eux, ils pensent 5,1 %?
M. Marceau: Écoutez, eux, ils sont beaucoup plus conformes à ce qui s'est passé ces dernières années, hein? Donc, ils se fient aux moyennes historiques. Par ailleurs, ils ont des modèles qui peuvent leur permettre de calculer de quelle... de quoi auront l'air les dépenses en santé, en éducation. Et, encore une fois, les hypothèses faites par le Conference Board sont beaucoup plus conformes à la réalité récente que celles qui sont faites par le gouvernement.
Maintenant, un gouvernement, s'il avait du courage, hein, s'il était résolu, pourrait infléchir le rythme de croissance des dépenses. Ça se fait, ça se ferait, mais encore faut-il avoir le courage de prendre... de faire les virages qui s'imposent. Il y en a en santé, hein? Il y en a en santé. Il va falloir faire prendre des mesures sérieuses en santé.
Et il y en a une qui est vraiment à l'ordre du jour présentement, c'est la question des coûts de nos infrastructures, qui coûtent jusqu'à 4 milliards de plus par année. 4 milliards de plus par année. Et, pour arriver à mettre un terme à ça, il suffirait de déclencher une commission d'enquête sur l'industrie de la construction, et on arriverait probablement à réduire les coûts de façon très importante.
M. Dougherty (Kevin): Je voudrais savoir aussi si on a besoin d'augmenter des impôts, des taxes aussi, mais ils parlent d'une taxe de vente de 8,5 %, par exemple.
M. Marceau: Oui. Ils ne prétendent pas qu'on doit augmenter les impôts, ce qu'ils disent, c'est que les revenus ne vont pas croître de façon aussi importante que ce qui a été annoncé par le gouvernement. Alors, il y a deux choses, en fait, là: donc, les dépenses, le Conference Board ne croit pas le gouvernement, ça, on s'entend là-dessus, c'est clair; par ailleurs, ils disent aussi, le Conference Board, que le gouvernement est trop optimiste.
Et, en fait, ça m'amène à vous dire que le gouvernement doit dire la vérité aux Québécois sur l'état réel des finances publiques. Il y a une part de... Il y a beaucoup de fumée présentement; le gouvernement a annoncé un cadre budgétaire qui repose sur des hypothèses farfelues. En fait, c'est ce que nous dit aujourd'hui le Conference Board, hein: ce sont des hypothèses farfelues. Nous l'avons dit déjà depuis un an, systématiquement, que ça ne tenait pas la route, qu'on n'y croyait pas, et le Conference Board ne fait que confirmer ce que les Québécois savent, ce que nous savions, c'est que ça ne tiendra pas la route.
M. Dougherty (Kevin): Indépendamment de tout ça, eux, ils parlent aussi d'un problème démographique, ils parlent d'une loi; ça, c'est un enjeu important. Est-ce que vous croyez que...
M. Marceau: Écoutez, c'est clair qu'il y a un enjeu démographique au Québec. La population va vieillir, la population des 15-64 ans... des 15-65 ans, là, la population active au sens traditionnel du terme est appelée à décroître, là, dans les prochaines années. C'est sûr qu'il y a un problème. Il ne s'agit pas de nier le problème, il s'agit de dire aux Québécois les conséquences de ça, hein, et non pas cacher ça derrière des cadres financiers qui ne tiennent pas l'allure, puis des annonces de contrôle des dépenses auxquelles plus personne ne croit. Merci.
M. Dougherty (Kevin): Merci beaucoup.
(Fin à 13 h 36)