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Point de presse de M. Harold LeBel, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’emploi, de solidarité sociale et de lutte contre la pauvreté, et M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé

Version finale

Thursday, September 17, 2020, 8 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures trente-sept minutes)

M. LeBel : Bonjour, tout le monde. Bon matin. Quelle époque. Avant de parler de logement, vous dire que, bon, je suis malheureux que la motion que j'ai déposée en début de semaine, sur une commission d'enquête indépendante sur ce qui s'est passé dans les CHSLD, ait été refusée. Mais on va continuer, comme je vous ai dit, à surveiller et à suivre ce dossier-là.

Aujourd'hui, on est avec la ministre Blais toute la journée pour étudier article par article le projet de loi n° 52, qui est un projet de loi sur les commissaires aux plaintes. Ça fait que c'est sûr que les débats, aujourd'hui, en commission, vont être teintés par tout ce qui s'est passé dans la dernière année parce que, quand la ministre a déposé le projet de loi, c'était avant la pandémie. Ça fait que la situation a complètement changé. Ça fait que je peux vous dire qu'aujourd'hui, après la période des questions, toute la journée, il y aura… Sûrement que les débats vont être teintés par la situation d'aujourd'hui, de ce qui se passe de ce temps-ci, et la ministre devra répondre.

Mais aujourd'hui ce que je voulais vous parler, c'était un peu la face cachée de tout ce qui nous arrive, et je pense qu'il faut réussir à en parler, mettre la lumière là-dessus, c'est le manque de logements sociaux, le problème de l'itinérance, le problème des familles qui n'ont pas de logement. Aujourd'hui, je dépose une autre motion où on va déplorer l'entêtement du fédéral à ne pas signer l'entente. C'est quand même 1,5 milliard qui pourrait être consacré au logement social. Le fédéral s'entête. On est la seule province qui n'a pas signé l'entente, et c'est de l'argent qui serait disponible pour créer du logement.

La motion va dire aussi que le ministre des Finances a déjà dit que, même sans l'argent du fédéral, il est capable de construire, faire du logement social, et on veut lui rappeler cette déclaration pour dire que le gouvernement du Québec pourrait bouger s'il le voulait.

Et le dernier élément de la motion, c'est de dire que l'Assemblée… que le gouvernement, dans son plan de relance, il ne doit pas oublier le logement social. Feu le projet de loi n° 61, il n'y avait rien sur le logement social. Mme LeBel est en train de regarder un nouveau projet de loi. Je ne peux pas imaginer qu'il n'y aura rien là-dedans sur la construction de logements sociaux, qui va aider à la relance, mais qui va aider des populations, des familles.     Juste pour vous rappeler quelques éléments, ce qu'on dit, c'est qu'autour de 40 000 ménages sont en attente d'un logement, dont 20 000 à Montréal. C'est beaucoup. À Rimouski, chez nous, c'est 460 personnes qui sont en attente, c'est plus de 260 jours pour avoir un logement. Dans une ville comme Rimouski, c'est beaucoup de monde, là, 460 personnes en attente. Il y a 15 % des ménages au Québec qui mettent plus que 50 % de leurs revenus dans leur loyer, ce qui est complètement inacceptable.

Ce que la CAQ a fait, ils disent que les libéraux avaient pris du retard. On parlait de 15 000 logements qui avaient été promis par les libéraux, qui n'étaient pas livrés. Depuis, la CAQ a livré 2 800 logements. On est loin du compte. On est encore en rattrapage des libéraux après deux ans. Ce n'est plus du rattrapage qu'on a besoin, c'est des investissements qu'on a besoin.

Il y a un programme apprécié, qui est l'AccèsLogis. On a, encore là, du rattrapage. On a mis 260 millions, mais on ne l'a pas indexé. AccèsLogis, au début, on demandait aux gens qui avaient des projets de mettre 50 %, le gouvernement mettait 50 % du projet. Maintenant, le gouvernement met 33 %. C'est sûr que ça retarde les projets AccèsLogis.

Puis il y a des projets dans nos communautés. Moi, j'ai un petit village, Saint-Eugène-de-Ladrière, dans Rimouski, qui attend son projet pour une douzaine de logements. Puis ils attendent, puis ils attendent, puis ils ont tout le financement, mais le programme n'est pas indexé, les réponses ne viennent pas.

Puis l'itinérance, vous avez vu… Moi, à Québec, je demeure pas très loin de Lauberivière. Je le vois aussi régulièrement, il y a l'itinérance dans les rues, mais il y a l'itinérance cachée. Dans des villes comme Rimouski puis dans Lévis, on en voit, de l'itinérance, et on appelle ça de divan à divan. C'est surtout des femmes qui n'ont pas de maison. Elles vont se promener chez des amis, un divan un bout de temps, un divan un autre bout de temps, et il y a là aussi des besoins. On a vu des campements dans Hochelaga-Maisonneuve. On ne peut pas imaginer qu'au Québec…

Quand on voit des situations comme ça, on n'arrive pas avec une stratégie. Le maire de Gatineau a réagi. Les autres maires réagissent. On a besoin d'une vraie stratégie pour construire du logement social. On est en train de travailler sur un plan de relance, mais le gouvernement doit se réveiller et doit investir dans le logement social dans son plan de relance. C'est important.

Je laisse la parole à Joël.

Le Modérateur : On va passer à une question.

M. LeBel : Ah!

M. Bossé (Olivier) : M. LeBel, on rapportait dans Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec ce matin une vague de surdoses chez les jeunes dues à des médicaments disponibles dans la rue. On a un père qui témoigne du fait, puis je pense que vous avez un adolescent vous aussi, que son gars se procurait sa drogue avant à la SQDC, mais maintenant, avec la nouvelle loi de M. Carmant, qui empêche les jeunes de moins de 21 ans de le faire, il était obligé d'en acheter dans la rue. Pensez-vous que le gouvernement a une part de responsabilité dans ce genre de vague de surdoses chez les jeunes comme ça?

M. LeBel : Bien, je peux comprendre qu'aujourd'hui, dans le climat qu'on vit, les jeunes sont aussi… doivent vivre... C'est un dérèglement, là, de notre façon de vivre. Et je suis certain que des jeunes qui sont dans la rue... Puis ça revient un peu à ce que je disais. Il faut arrêter l'itinérance. Il faut sortir le monde de la rue. Que des jeunes soient dans la rue, qu'ils se...

M. Bossé (Olivier) : Ce n'est pas nécessairement des jeunes dans la rue qui… C'est des jeunes qui achetaient leur drogue à la SQDC.

M. LeBel : Oui, je sais, mais ils vont dans la rue pour l'acheter. Ce que je disais, c'est sûr qu'on vit une période qui est... Quand je disais... J'ai commencé en disant : Quelle époque. On vit une période complètement folle. Que le gouvernement s'attarde à ce qui se passe dans la rue, je pense que, oui, c'est une de leurs responsabilités.

Mme Prince (Véronique) : Est-ce que vous pensez que tout le Québec devrait être en jaune, en préalerte, concernant le code des couleurs? Je ne sais pas si c'est M. Arseneau qui répond, là… Parce que le fait que des régions soient encore en vert, est-ce que ça fait en sorte que les gens portent moins attention aux consignes?

M. Arseneau : Bien, si vous permettez, je vais tenter un complément de réponse à la question précédente.

Le gouvernement a décidé d'inscrire dans sa plateforme électorale… monter l'âge à 21 ans pour avoir accès aux produits du cannabis, et là on en voit les effets. Donc, il y a un effet qui est direct ou indirect, dont le gouvernement doit certainement porter la responsabilité. Il doit agir. Il doit se préoccuper de ce qui se passe, mener des campagnes de sensibilisation et puis peut-être réévaluer les choix qu'il a faits. Mais c'est extrêmement inquiétant. Et moi, j'y vois un rapport direct entre l'interdiction qu'on a imposée aux jeunes entre 18 et 21 ans… Ne leur donnant plus accès à la SQDC, on les a propulsés, et on l'avait déjà dit au moment de l'étude du projet de loi, vers le marché noir, vers des produits qui sont vendus de façon illégale.

Pour répondre à votre question sur l'ensemble du Québec, devrait-il être teinté de jaune? En fait, ça va à l'encontre de la proposition gouvernementale, qui veut agir de façon ciblée. Le problème n'est pas là. Le problème, c'est dans le manque de transparence du gouvernement à dire qu'est-ce que ça implique d'avoir un code de couleurs, quelles sont les conséquences si on n'adopte pas les comportements nécessaires pour enrayer la propagation de la COVID-19.

Alors, nous, on a vu, dans l'adoption du code de couleurs, un pas dans la bonne direction. Le problème, c'est que le gouvernement n'a pas complété ses devoirs. Il présentait, encore hier... lundi, c'est-à-dire, des agents du gouvernement… un projet plus détaillé, là, de code de couleurs avec les conséquences, et hier, toute la journée, on s'est employés à nier le fait que ce document-là avait une valeur quelconque et on ramenait encore le débat à la question... au document initial.

Alors, ça, malheureusement, ça crée un déficit de crédibilité chez le gouvernement, un bris de confiance, et je pense qu'on en vit les effets actuellement. Il faut rapidement que le gouvernement donne un coup de barre parce que, je l'ai dit hier à plusieurs reprises, la deuxième vague arrive, et on navigue à vue, et on veut responsabiliser la population sans lui donner l'information nécessaire pour se gouverner correctement.

M. Laforest (Alain) : M. Legault, hier, a dit qu'il n'avait pas de scénario, de projection de pandémie, là, comme on avait présenté au mois de juin, là. En fait, les dernières projections du gouvernement, selon ce qu'a dit M. Legault hier, remontent au mois de juin. Est-ce que c'est normal?

M. Arseneau : Mais comment est-ce qu'on peut dire, depuis le mois d'août, depuis le début août, qu'on est prêts à affronter la deuxième vague? On a déposé un plan en neuf points et on n'a pas pensé de demander à l'INSPQ et aux experts de développer des projections. Alors, moi, je suis abasourdi de voir qu'on peut dire une chose et son contraire. On est prêts, mais on n'a aucune idée de la direction vers laquelle on se dirige.

On a aussi déposé un plan en neuf points, souvenez-vous, ça fait environ deux semaines. Encore hier, le ministre s'employait à nous démontrer comment il avait développé ce plan sur papier. Et, quand on lui demandait : Mais comment va-t-il s'opérationnaliser?, il faudra attendre le 30 septembre. Alors, comment peut-on dire qu'on est prêts dans ces conditions-là, quand on n'a aucune idée à savoir comment on va mettre en opération le plan? Et là on dit : Bien, faites-nous confiance, on se garde une marge de manoeuvre. Mais il faudrait surtout que les gens nous écoutent. Et on envisage des mesures répressives, alors que le discours, il est à l'effet de mobiliser les gens. Comment est-ce qu'on peut les mobiliser sans leur donner l'information? Encore une fois, le mot clé, c'est la transparence.

Et, pour revenir à votre question, si le gouvernement n'a pas commandé de projection, c'est assez irresponsable de sa part. Et, s'il a des informations qu'il possède, il doit les divulguer le plus rapidement possible pour mettre la population en confiance.

M. Bergeron (Patrice) : M. Arseneau, seriez-vous favorable, vous, à ce que, par exemple, donc, les policiers interviennent, viennent aux maisons, vérifient... sous des dénonciations, ou avec mandat, ou sans mandat?

M. Arseneau : On n'en est pas rendus là. On le dit depuis des jours et des jours, que le gouvernement doit faire confiance à l'intelligence des gens, mais, pour favoriser un comportement responsable, doit donner de l'information claire, doit sortir du flou actuel, du flou artistique actuel. Et on ne peut pas demander aux gens d'obéir, comme on l'a fait, là, en période de confinement total, de façon aveugle, sur la base d'un discours qui repose sur la peur. Je pense qu'il faut passer à une autre étape et faire confiance aux gens. Et, pour les conscientiser, pour les mobiliser, il faut d'abord de l'information. Moi, je ne suis pas favorable à l'heure actuelle à ce qu'on aille de l'avant avec des mesures répressives ou coercitives avant d'avoir implanté, mis en place un plan qui visait encore, la semaine dernière, à responsabiliser de façon plus importante l'ensemble des Québécois.

M. Laforest (Alain) : Qu'est-ce que vous pensez actuellement, M. Arseneau, de ce qui se passe avec les tests, les gens qui attendent cinq heures, qui se font retourner à la maison…

M. Arseneau : Bien, écoutez, c'est assez ahurissant de voir que, dès le mois de mai, le gouvernement, le système de santé était dépassé devant l'ampleur de la tâche, de tester, mais également de faire les suivis, là, c'est-à-dire le traçage et puis évidemment l'isolement qui vient par la suite lorsqu'on a des cas positifs. Ça, ça date de mai dernier. On a eu tout l'été pour se préparer à la deuxième vague. Et même les éclosions du mois d'août dernier, des derniers jours, ont semblé prendre de court le système et le gouvernement. On n'arrive pas à accueillir les gens.

Oui, on a augmenté le nombre de dépistages. On s'était fixé des objectifs, qu'on n'a jamais réussi à atteindre, au printemps. Maintenant, on dépasse les 20 000 par jour, mais ce n'est pas encore suffisant parce que les listes d'attente sont encore très grandes, et ça décourage les gens de patienter. Donc, il risque d'y avoir une propagation plus grande si les gens ne peuvent pas se faire tester.

Et l'autre volet extrêmement important, c'est la durée d'analyse des tests. On voit, que ce soit dans le milieu scolaire ou ailleurs dans la société civile… attendre quatre, cinq jours, mettre sa vie professionnelle sur pause, devoir retenir les enfants à la maison, tout ça, là. C'est extrêmement préoccupant. Et on ne comprend pas comment le gouvernement peut l'avoir échappé de cette façon-là, alors qu'il a eu l'été pour se préparer.

M. Carabin (François) : À ce sujet-là, Québec doit ajouter 10 000 à 15 000 tests à sa capacité dans les prochaines semaines. Qu'est-ce qu'on doit faire avec ces tests-là? Est-ce qu'on doit les envoyer dans les écoles? Est-ce qu'on doit les réutiliser dans les cliniques?

M. Arseneau : Bien, en fait, qu'est-ce qu'on doit faire, on doit déployer les ressources là où on a des zones qui ont été identifiées comme étant des zones de propagation, que ce soit sur le plan régional ou que ce soit, par exemple, sur le plan institutionnel, dans les écoles. On a dit qu'on ferait tous les efforts pour conserver, pour garder, là, les écoles ouvertes. Et évidemment ça prend, pour cela, un système de dépistage, de traçage et d'analyse qui soit efficace. On a demandé, d'ailleurs, hier, au moyen d'une motion, que le gouvernement crée un corridor de services spécifique pour les écoles. On ne l'a pas acceptée. Mais il faut déployer les moyens pour s'assurer que le système scolaire puisse continuer d'opérer si c'est la volonté gouvernementale. Oui?

Mme Lévesque (Fanny) : …soit vous ou M. LeBel, mais, sur la nomination de Denis Dolbec à la tête de la régie, qui a été chef de cabinet de M. Girard, qu'est-ce que vous pensez de cette nomination-là? Est-ce que c'est une nomination partisane?

M. LeBel : C'est clairement partisan. Dans ma vie, j'ai été quand même une vingtaine d'années dans les cabinets. J'ai rarement vu ça, passer de chef de cabinet, comme ça, à sous-ministre, là, directement. Il y en a, des anciens chefs de cabinet qui sont devenus sous-ministres. Mais, du jour au lendemain, en 24 heures, il faudrait que je fouille dans ma mémoire, mais j'ai rarement vu ça.

M. Laforest (Alain) : Il est gagnant à vie.

M. LeBel : Je connais M. Dolbec, là, il doit…

M. Laforest (Alain) : C'est un ancien ancien ami parce qu'il a travaillé avec M. Ménard. C'est un ancien péquiste.

M. LeBel : Oui, oui, oui, c'est ça.

M. Laforest (Alain) : Et là il est gagnant à vie, pour vous?

M. LeBel : Ce ne serait pas arrivé dans le temps du PQ, puis il est pas mal gagnant à vie, oui.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Pourquoi vous avez reçu, vous deux, davantage de menaces depuis le début de la pandémie? Puis à quoi vous attribuez la hausse que la SQ observe?

M. LeBel : Sans avoir de menaces, puis on en parlait en s'en venant tantôt, les messages, les réponses sur nos pages Facebook sont plus... Il y a plus de fiel, là, tu sais, il y a plus… Ce n'est pas toujours drôle, là. On remet en question nos affaires. Ton carré Web, tu peux en parler si tu veux… vas-y donc, parce qu'on a partagé son carré Web, puis c'est vrai que...

M. Arseneau : Bien, écoutez, hier, je le mentionnais tout à l'heure, on a proposé au gouvernement d'être plus actif dans le dépistage dans les écoles en mettant, au besoin, des ressources de cliniques mobiles de dépistage, par exemple, pour pouvoir s'assurer que les tests soient traités en 24 à 48 heures. Et les réactions qu'on a reçues, au carré Web ou aux statuts Facebook, sont à la limite de la menace : Ne touchez pas à nos enfants, vous, les mondialistes, vous êtes des vendus, et ainsi de suite. Un discours qui n'est pas menaçant quant à l'intégrité de ma personne ou de notre groupe, mais qui fait part, je dirais, là, d'un désaveu de l'ensemble du système politique et sanitaire, et ça, c'est inquiétant. C'est sûr que ça traduit un certain bris de confiance.

Puis cette libération, si on veut, de la critique pourrait être saine si elle reposait sur des données scientifiques. Mais, visiblement, là, tout ça repose, là, sur un certain discours, une certaine mouvance complotiste, qui est effectivement inquiétante et qui maintenant se sent habilitée à pouvoir s'exprimer sans contrainte. Donc, ça, oui, je pense que c'est un phénomène qui est plus présent et inquiétant.

M. Carabin (François) : Est-ce que ces propos-là proviennent d'une minorité, selon vous, ou c'est des idées qui sont de plus en plus populaires?

M. Arseneau : Bien, il y a des sondages que vous avez vus comme moi, là, qui parlent d'une mouvance qui regroupe peut-être 16 %, 17 % de la population. C'est une minorité qui peut être quand même significative. Mais ça prend un contre-discours qui est aussi cohérent. Donc, ça revient aussi à la question de l'information et à la transparence. Et ce que je constate, par contre, de positif, c'est : lorsqu'il y a un commentaire de cette nature-là qui est affiché sur ma page Facebook, il y a souvent d'autres citoyens qui vont le contrer. Donc, ça crée un certain débat, mais c'est quand même, disons, là, un signal qu'il y a des choses qui ne sont pas comprises par tous et qui...

M. LeBel : Juste là-dessus, deux secondes et quart… Comme président de caucus, on a eu une réunion cette semaine puis on en a parlé entre nous autres, les députés. On a vu ça chacun dans nos pages. Et on va continuer la réflexion, à savoir comment on doit agir dorénavant dans les messages qu'on passe. Mais c'est un phénomène qui est nouveau, et il faudra voir...

M. Laforest (Alain) : Il y a un individu de votre région, là, qui est sous le coup d'une libération, qui a menacé directement votre chef. Comment vous l'avez pris, au caucus du Parti québécois? Il n'est pas au pouvoir, Pascal Bérubé. Il est dans l'opposition.

M. LeBel : Non, non, puis je peux vous dire que ça ébranle Pascal, c'est sûr que c'est… puis nous autres aussi autour. C'est pour ça qu'on a eu une réflexion puis on a eu une discussion sur comment on doit gérer ça dorénavant. On n'a pas à être gênés, puis on doit être capables de communiquer avec nos citoyens, puis les médias sociaux servent à ça. Mais, si, en contrepartie, on part des débats là-dessus, il faudra se donner une stratégie, là, comme...

M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce que ça vous atteint, M. LeBel, ces commentaires-là, se faire tirer à boulets blancs, là, pour utiliser une expression nouvelle? Est-ce que ça vous atteint, ces commentaires-là?

M. LeBel : Oui, oui, c'est sûr que ça nous atteint. Puis je vois des gens que je connais, là, qui sont agressifs, là, puis c'est agressant. Puis on le voit sur les pages Facebook, mais, des fois, on le voit en se promenant dans la rue, là. Tu sais, moi, j'ai... On fait hyperattention aux photos qu'on met. Une photo avec un masque, je vais me faire dire : Je ne pensais pas ça de toi, tu as embarqué dans l'histoire, je suis vraiment déçu, c'est fini, le PQ. Une vieille photo où on est plus collés parce que ça a été fait l'année passée, bien là on va se faire dire : Belle distanciation, wow, on est très fiers de vous autres. Mais ils ne regardent pas la…

M. Lacroix (Louis) : Mais ils touchent à leur but, dans le fond, parce qu'ils font ça pour vous déstabiliser. Ils font ça pour... Puis ce que vous dites, c'est qu'effectivement ça vous atteint quelque part. Donc, ils atteignent leur but, là.

M. LeBel : Bien oui, ça nous atteint, mais toute la situation, là, ce qui se passe aujourd'hui, ça nous atteint, là. Dans notre quotidien, ça nous atteint. Ce matin, on apprenait, là, que le leader de la CAQ, il ne pouvait pas être là. C'est des collègues, là. Tu sais, on vit une situation complètement... C'est insensé. Ça fait que c'est sûr que tout ça nous atteint dans les médias sociaux, dans les rencontres qu'on fait. Et on sent le stress, là, dans nos communautés. Ça fait que...

M. Bélair-Cirino (Marco) : C'est quoi, le point de bascule, M. LeBel? Parce qu'au départ tous ceux qui critiquaient le gouvernement, les mesures sanitaires, étaient taxés de faire de la partisanerie. On disait qu'il fallait faire bloc derrière le gouvernement. Puis aujourd'hui on se retrouve à... Vous publiez une photo avec un masque puis vous vous faites critiquer. C'est quoi, le point de bascule, là, des dernières semaines, qui a fait en sorte que toute la donne a changé?

M. LeBel : Moi, je ne veux pas... Ce que je vois, c'est que les manifestants, les complotistes, là, sont plus volubiles qu'avant. Ça, je le vois. Mais la grande partie de la population sont encore à dire : Il faut respecter… et faisons attention. Ça, c'est la majorité. C'est les gens qu'on rencontre dans la rue, qui nous disent : Continuons, il ne faut pas lâcher. Ça, c'est la très, très grande majorité. Mais les médias sociaux donnent un peu plus de... Je ne sais pas comment appeler ça…

M. Gagnon (Marc-André) : Rapidement, là, il y a des gens qui ont des micros, quand même, qui entretiennent ce genre de discours là, l'idée selon laquelle la pandémie, c'est une invention de concert avec les médias, et tout ça, qu'il y a des grands complots. Est-ce qu'à un moment donné il faudra les pointer du doigt, dénoncer leur discours qui, visiblement, séduit un paquet de personnes, et de plus en plus?

M. Arseneau : Oui, mais — très rapidement — moi, je ne crois pas en la censure. Donc, ce message-là doit être contré par un message encore plus puissant, encore plus crédible, encore plus uni, je dirais, de toute la classe politique et des experts. Et il y a une réflexion à faire, là. On est dans cette réflexion-là, à savoir comment on peut justement, de façon plus convaincante encore, ramener, je dirais, là, l'ensemble de la population à se mobiliser dans une cause commune qui est superimportante, qui est urgente aussi, c'est celle de contrer, là, bien, enfin, la propagation de la COVID et de la deuxième vague. Mais moi, je crois qu'il faut un contre-discours qui est encore plus puissant, tout simplement.

Le Modérateur : En anglais.

Mme Senay (Cathy) : I would like to go back to what you said about giving police a warrant to go into homes and crack down on private gatherings. How do you see this at this point, Mr. Arseneau?

M. Arseneau : Well, I don't think we're there yet. I don't think we should go that far at this point in time. I think we need more information. We need more transparency. We need the Premier and his ministers to be frank with the population and give all of the information they have. And, once we've given the information, stated the real situation, we can, I think, mobilize a vast majority of the population.

Mme Senay (Cathy) : …police, with a warrant, going to homes, that's a fear campaign…

M. Arseneau : Yes. I think it would probably have a countereffect. I don't think it would be productive. I think it will antagonize more people because, you know, that's what they feed on. The adepts of the conspiracy will feed on that kind of method. So I really don't think that's the way to go about it at this point in time. We have to go through with the campaign that the Government launched a week ago, saying : We've got to be more responsible, we've got, you know, to behave in such and such a way. But we're not at the end of this process yet and we don't know what it involves completely. So let's get through the first phase and then, if it doesn't work, we can think about something else. But I think it comes way too quickly to try and be repressive. It would be counterproductive. That's my opinion at this point in time.

Mme Fletcher (Raquel) : When it comes to online threats, can you speak to that a little bit? I know you mentioned it in French, but, in your mind, what is going on? What is fueling this new wave of online threats — maybe it's more serious, that's what we're seeing — in relation to the pandemic?

M. Arseneau : Well, yes, I think we see it in the public space, people denying the facts or the scientific facts that we have in terms of the COVID-19 and with the pandemic. And why people feel more comfortable speaking out and contesting the facts is something that mesmerizes me. But, obviously, the solution, in my opinion, is to counter that with arguments and with information and mobilize the vast majority of the population towards the same goal. So we can't just let them speak as though it were based on facts, what they pretend. And, when it goes to a step further, when it comes to threatening the integrity of the people, I think what my leader and Mr. Premier did, reporting to the police, is the thing to do.

Mme Fletcher (Raquel) : Do you think that politicians have less tolerance? You guys are tolerating these kinds…

M. Arseneau : Yes, we can't tolerate any threats at this point in time.

Le Modérateur : Merci.

(Fin à 9 h 3)

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