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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier et de M. Scott McKay, porte-parole de l'opposition officielle en matière de mines

Version finale

Tuesday, February 8, 2011, 13 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures sept minutes)

Le Modérateur: O.K. Merci tout le monde d'être venu, les représentants des médias. Sans plus tarder, je vais passer la parole à M. Khadir, député de Mercier, qui sera, en fait, l'animateur et qui fera les présentations des différents intervenants, intervenantes à la conférence de presse.

M. Khadir: Bonjour. Alors, dans moins d'une heure, nous allons déposer à l'Assemblée nationale, en espérant que le gouvernement soit à l'écoute de la population, les signatures d'une pétition qui circule depuis plusieurs mois au Québec, qui a recueilli tout près de 128 000 noms. Comme c'est la volonté des citoyens, je voudrais immédiatement donner la parole à ceux et celles qui les représentent ici, qui sont à l'Assemblée nationale avec nous. Ils sont plusieurs, plus d'une dizaine, et il va s'en rajouter, ils vont être présents dans les gradins. Nous allons commencer par Marie-Hélène Parent, du groupe de citoyens Non au pétrole et au gaz. Ensuite, Christian Vanasse, qui est conseiller municipal à Saint-Jude et artiste bien connu des Zapartistes, va parler aussi de la réalité vécue, donc, dans la vallée du Richelieu. André Belisle, de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique va nous parler de la mobilisation alentour de ce sujet-là. Et Scott McKay, député du PQ et qui est porte-parole en matière d'énergie pour le Parti québécois, va aussi dire quelques mots.

Mme Parant (Marie-Hélène): Bonjour. Marie-Hélène Parant. Alors, je représente Non au pétrole et au gaz, qui est le groupe citoyen qui a initié la pétition sur les gaz de schiste à l'Assemblée nationale avec Amir Khadir. D'ailleurs, je le remercie chaleureusement d'avoir parrainé cette pétition et je suis très heureuse de représenter ici les citoyens qui se mobilisent à travers le Québec pour cette cause depuis des mois.
En juin 2010, en pleine marée noire, je faisais des recherches pour un tournage à l'île d'Anticosti lorsque je suis tombée sur les cartes de claims couvrant toute l'île et, ensuite, la carte des claims couvrant toute la vallée du Saint-Laurent, s'étendant jusqu'aux Îles-de-la-Madeleine et le golfe du Saint-Laurent. À ce moment-là, ce n'est pas un puits qui a pris en feu, ni l'eau d'un robinet, c'est moi qui a flambé, et mon feu ne s'est pas éteint. Alors, notre groupe citoyen non partisan est né d'une volonté d'informer et de crier haut et fort que des citoyens éveillés peuvent faire une différence dans leur pays. Ce n'était pas vrai que l'apathie et le cynisme allaient l'emporter, pas vrai que notre bien commun, c'est-à-dire nos ressources les plus essentielles et qui sont à la base de notre survie, la terre, l'eau et l'air, allaient être menacées de contamination, et ce, peu importe que ce soient des zones urbanisées ou non urbanisées. Ça, c'est non négociable. Désolée, là, j'ai le coeur qui me débat, ça n'a pas de bon sens.

Une voix: On est en famille...

Mme Parant (Marie-Hélène): C'est ça. Par la présente pétition, nous désirions donner aux Québécois la chance de s'exprimer, de peser les risques liés à la filière du gaz de schiste, d'exiger des études complètes sur un dossier qui semblait avoir été mené dans le plus grand secret. Nous demandons que le Québec, tout ensemble, revoie sa politique énergétique nationale ainsi qu'une loi des mines qui nous enferme dans un colonialisme outrageant en ce XXIe siècle. Le peuple québécois est courageux, avec le coeur sur la main, éduqué, débrouillard et inventif. Il est aussi très choyé, car le Québec est un des pays les plus riches en sources d'énergie diverses et renouvelables: éolien, marées motrices, géothermie, biométhane, solaire. Nous pouvons faire de ce pays un exemple pour le monde entier avec une politique énergétique résolument verte à l'aube de la voiture électrique. Je remercie mes amies Marie-Christiane Mathieu et Isabelle Hayeur qui ont fondé avec moi Non au pétrole et au gaz, aussi plusieurs citoyens qui sont ici, des citoyens résolus. Ils ont des idées lumineuses à vous partager. Je vous invite à rencontrer Martin et Stéphane Poirier, du Bas-Saint-Laurent; Louis Bessette, du comité de la Vallée des patriotes; Philippe Duhamel, un moratoire de 20 ans ou d'une génération; Danielle Giroux et Annie Landry, des îles-de-la-Madeleine.
Je remercie profondément Dominic Champagne, qui a donné une envolée extraordinaire à cette pétition. Et mon coeur va à M. Herrera, qui représente par son action l'appel criant de notre nature. Je vous remercie. Merci, M. Herrera.

M. Vanasse (Christian): Bonjour. Christian Vanasse. Je suis conseiller municipal pour la municipalité de Saint-Jude en Montérégie. Je viens porter à votre attention que le monde municipal a émis plusieurs craintes et aussi plusieurs recommandations au gouvernement quant à l'implantation d'une industrie lourde en milieu agricole et habité.
Maintenant, il nous semble que le gouvernement ait été très peu réceptif à toutes ces recommandations du monde municipal, des élus, des instances qui les représentent et de la population qu'ils servent, et donc, considérant les enjeux soulevés ainsi que l'absence de réponses soutenues par des études indépendantes à des enjeux de santé, d'environnement et de sécurité civile; considérant l'impact appréhendé sur les citoyens de nos municipalités ainsi que sur les infrastructures municipales; considérant la large désapprobation à l'exploration et l'exploitation des gaz sans une réelle réflexion dans le cadre d'un moratoire; la population de Saint-Jude, considérant qu'ils ont déjà voté en faveur d'un moratoire; considérant que le gouvernement a manifesté son intention de maintenir la préséance des droits miniers sur les prérogatives normalement reconnues aux municipalités, y compris sur les règles d'aménagement et d'urbanisme; et considérant les nombreuses irrégularités récemment constatées dans les puits déjà forés; la municipalité de Saint-Jude, que je représente, fera tout en son pouvoir pour empêcher les opérations d'exploration et de forage reliées à l'industrie des gaz de schiste sur son territoire, y compris ne pas donner notre soutien à une éventuelle demande d'appui auprès de la CPTAQ, et que la municipalité de Saint-Jude prenne des initiatives au sein des instances régionales sur lesquelles elle siège afin de faire connaître son opposition à la présence de telles opérations, et qu'on fasse connaître rapidement à la régie de l'aqueduc intermunicipal du Bas-Richelieu notre position d'opposition aux opérations d'exploration et de forage, c'est-à-dire en ce qui a regard à la vente d'eau pour les travaux d'exploration.
Alors, ça a été voté à l'unanimité des conseillers hier à notre conseil, et je pense que ça reflète aussi la position de la population et des élus qui les représentent, qui demandent depuis très longtemps au gouvernement un moratoire pour qu'on puisse avoir le temps de réfléchir au pourquoi de cette industrie. Et, présentement, le BAPE ne nous satisfait pas parce que le BAPE répond à la question du comment, alors que, nous, c'est la question du pourquoi qui nous avait intéressés. Et, à cette question-là, bien les citoyens et la municipalité ont répondu: Non, merci.

M. Bélisle (André): Bonjour, tout le monde. Merci, Amir. Merci, Scott. Merci à tous les gens qui ont appuyé. En septembre 2009, l'AQLPA lançait un appel à la mobilisation sur le dossier des gaz de schiste. Et, depuis ce temps-là, bien on a vu une mobilisation au Québec comme on n'a jamais vu sur une question environnementale. Et, aujourd'hui, bien c'est très encourageant de voir qu'on dépose une pétition de 128 000 personnes qui demandent au gouvernement d'écouter la logique et la prudence.
Peut-être, si vous me permettez, faire un petit rappel historique. Il y a eu une autre pétition dans l'histoire de l'environnement au Québec et au Canada qui a été déposée et qui avait plus de signataires, j'ai eu le plaisir de déposer une pétition de 176 000 noms au président Reagan et au premier ministre Mulroney à l'époque dans le dossier des pluies acides. Et il y a eu deux ministres de l'environnement qui ont eu, au niveau fédéral, à négocier les réductions d'émissions, c'étaient nul autre que M. Lucien Bouchard et M. Jean Charest qui, à ce moment-là, ont écouté l'opinion publique et ont agi comme des représentants de la population. Alors, on leur demande de faire la même chose aujourd'hui.
C'est un peu triste que le seul recours pour les citoyens présentement dans ce dossier-là, c'est de signer une pétition, mais je pense que la logique va prévaloir, et on va travailler très fort là-dessus parce que cette pétition-là est appuyée, et il y a de nombreux groupes... Je ne les nommerai pas tous, il y a un communiqué qui a été émis par l'AQLPA dernièrement, mais, entre autres, je vais nommer la CSN, la CSQ, la FTQ, la Ligue des droits et libertés, le Regroupement pour la responsabilité sociale des entreprises, Eau Secours!, Nature Québec, une série de municipalités que Christian a nommées, Mobilisation Gaz de schiste, les Ami(e)s du Richelieu, MCN21, l'Union paysanne, l'Union des consommateurs, Équiterre, Greenpeace, et le parti Québec solidaire, et le Parti québécois.
Alors, il est plus que temps que le gouvernement se mette au service de la population et du bien commun dans ce dossier. C'est quand même incroyable que, sur la base d'informations reçues du Québec et des États-Unis, que les élus de la France ont décrété sans attendre une suspension des travaux en exploration, et on appelle le gouvernement du Québec à agir dans ce sens-là. Merci beaucoup. Bonne journée.

M. McKay: Oui. Alors, bonjour. Je voudrais particulièrement souhaiter la bienvenue aux citoyens, aux citoyennes qui sont ici physiquement, mais aussi aux plus de 128 000 qui ont signé cette pétition soit en ligne, sur le site de l'Assemblée nationale, soit des pétitions papier. Elles ont circulé un peu partout dans les différents groupes de vigilance gaz de schiste, il y en a maintenant près d'une cinquantaine à travers le Québec. Il y a aussi des pétitions qui ont circulé dans les bureaux de députés. J'en vois plusieurs, ici, députés, collègues qui ont fait signer ces pétitions-là dans leur bureau de comté, alors merci à vous, chacun, dans votre territoire, dans votre circonscription, de contribuer à cette mobilisation, de contribuer à faire en sorte que, finalement, le simple bon sens finisse par prévaloir dans ce dossier-là.
Vous savez, le gouvernement libéral a émis des permis d'exploration dans une nouvelle filière énergétique sans prendre les mesures de base, de précaution au niveau environnemental, au niveau sécuritaire, sans prendre les mesures nécessaires au niveau d'assurer éventuellement un juste retour pour l'ensemble des Québécoises et des Québécois. Et vous avez vu, comme nous tous, que plusieurs amis, plusieurs personnes, des apparatchiks du Parti libéral sont très près de cette industrie pétrolière et gazière du Québec, et donc ce n'est vraiment pas surprenant de voir que plus de 128 000 citoyens, citoyennes signent cette pétition.
Ce que je voudrais dire, en plus de souhaiter la bienvenue à tous ces plus de 128 000 personnes aujourd'hui dans l'Assemblée nationale, ce que je voudrais dire au gouvernement de Jean Charest : Aujourd'hui, c'est un début, ce n'est pas la fin de la mobilisation. Alors, on n'efface pas l'ardoise aujourd'hui. Au contraire, vous allez voir que les pétitions vont être déposées. On ne les dépose pas toutes aujourd'hui, on va faire durer quand même le plaisir, on va appliquer un peu le principe du supplice de la goutte, et, M. Charest, vous allez entendre parler à chaque jour de cette pétition et de ce moratoire sur les gaz de schiste jusqu'à ce que vous imposiez ce moratoire. Il y a deux projets de loi sur la table actuellement, vous n'avez qu'à les appeler, nous allons les discuter et les voter très rapidement.
Alors, merci encore à Mme Parant, à tous les groupes écologistes qui se sont investis, tous les groupes de citoyens qui continuent à s'investir. On poursuit la mobilisation, et vous pouvez être certains que ce n'est pas... aujourd'hui, ce n'est pas une fin, on va continuer et intensifier cette mobilisation-là. Merci.

M. Khadir: Françoise David, porte-parole de Québec solidaire, et moi-même sommes heureux qu'on ait pu prendre cette initiative, qui est non partisane, comme vous avez vu, surtout avec la participation des citoyens. Je voudrais juste rajouter que, légitimement, les membres du Parti libéral, les membres de la députation du Parti libéral aiment voir en M. Charest un grand bâtisseur. Je pense que c'est un souhait légitime de leur part pour voir M. Charest laisser un legs historique positif de son mandat comme premier ministre. Voilà une occasion pour lui de rebâtir une crédibilité, malheureusement, qui a été sérieusement mise à mal à cause de la manière dont les choses se sont produites dans plusieurs dossiers, notamment dans celui des gaz de schiste. Alors, le Parti québécois comme Québec solidaire ont déposé deux projets de loi pour instituer, pour décréter un moratoire. C'est donc essentiel de le faire.
Avant de terminer, je voudrais simplement, avant de vous passer la parole, signaler la présence de plusieurs députés qui sont ici avec nous - j'y vois là une volonté de leur part - les députés du PQ, et aussi Christian Simard, de Nature Québec, et Mme Boileau, qui est vice-présidente du Syndicat de la fonction publique du Québec, et qui appuient donc les demandes de la Coalition Pour que le Québec ait une meilleure mine. Alors, des questions?

M. Chartrand (Yves): ...moyens de pression de prévus hormis la...

M. Khadir: À qui s'adresse votre question, s'il vous plaît?

M. Chartrand (Yves): Bien, tiens, M. Bélisle, tiens. Bien, en fait, là, bon, vous avez dit que ce n'est pas la fin, c'est un début. Quels pourraient être les autres moyens qui seraient envisagés par une espèce de coalition antigaz de schiste, là?

M. Bélisle (André): Bien, écoutez, on est en train d'établir un plan d'action qui va couvrir l'ensemble du Québec, et ce n'est pas aujourd'hui qu'on va en dévoiler les grandes lignes. On va peut-être vous donner seulement que l'information à savoir que la société civile du Québec, avec tous ses grands acteurs, vont participer à une action de mobilisation et d'information pour s'assurer que le Québec agisse de façon responsable dans ce dossier-là, comme l'a fait la France et comme le demandent l'ensemble des acteurs dans tous les domaines.

M. Chartrand (Yves): J'étais convaincu que vous alliez me dire que le dépôt du rapport du BAPE allait probablement relancer le dynamisme du mouvement de contestation.

M. Bélisle (André): Bien, c'est sûr. Mais, regardez, le rapport n'est pas déposé, on est déjà en action aujourd'hui, et il va y avoir des actions d'ici au dépôt et après le dépôt parce que le dépôt du rapport du BAPE n'est pas une fin en soi.

Journaliste: J'ai une question pour madame ici.

Mme Parant (Marie-Hélène): Marie-Hélène Parant.

Journaliste: Bonjour. Avez-vous l'impression que, quand même, la grande compétence de Lucien Bouchard, le fait que c'est un ancien premier ministre, et tout, que ça va aider à éteindre votre feu?

Mme Parant (Marie-Hélène): Non, pas du tout. Désolée.

Journaliste: Et est-ce que, pour vous, c'est un interlocuteur qui est valable, qui est sérieux, qui a quand même beaucoup de...

Mme Parant (Marie-Hélène): Moi, il n'y a aucun interlocuteur qui est valable quand il s'agit d'une exploitation comme celle-là. Parce que, pour moi, ce n'est pas de l'économie de vouloir détruire ce qui nous abreuve, ce qui nous nourrit, l'air qu'on respire, c'est de la destruction, c'est... C'est non négociable pour moi, puis il n'y a personne qui pourra me convaincre de ça.

Journaliste: M. Vanasse, vous avez incarné M. Bouchard à quelques reprises dans un autre univers...

M. Vanasse (Christian): Non, moi, j'étais André Boisclair. Non, c'est François Parenteau...

Journaliste: François Parenteau. Mais c'est un homme public qui a beaucoup de talent, il va vous amener à travailler plus fort, non?

M. Vanasse (Christian): Oui, il n'aime pas beaucoup la paresse. C'est quand même assez ironique de voir Lucien Bouchard maintenant à la tête des gazières, à la tête de l'industrie pétrolière et gazière, en remplacement d'André Caillé. Les deux héros du verglas étant passés, il va rester l'armée après ça, j'imagine. Mais il faut se rappeler aussi que Lucien Bouchard...

Une voix: ...pas drôle.

M. Vanasse (Christian): Non, elle n'est pas drôle. Mais il faut se rappeler que Lucien Bouchard avait placé André Caillé à Hydro-Québec, et, à ce moment-là, on avait assisté au démantèlement de la SOQUIP, la Société québécoise d'investissement pétrolier - d'investissement ou d'investigation pétrolière, on me corrigera - et puis, ensuite de ça, ça disparu, l'outil que le Québec possédait pour lui-même faire ou considérer l'exploration gazière ou pétrolière s'est retrouvé dans des mains privées, dans des mains d'investisseurs. Donc, c'est drôle de voir, à quelque part, Lucien Bouchard arriver, je pense qu'il y a une boucle qui va se boucler, probablement.

Journaliste: On a parlé d'un changement de ton au gouvernement du Québec. M. Khadir, est-ce que ça vous a rassuré? M. Vanasse aussi peut-être après? Madame?

M. Khadir: Bien, moi, je suis tout à fait ouvert... nous sommes, je pense, tout à fait disposés, tout le monde, les citoyens également, à voir ce changement de ton se concrétiser. C'est sûr qu'il y a parfois, disons, des signaux contradictoires qu'on entend: d'une part, le ministre de l'Environnement qu'on voudrait voir plus énergique; d'autre part, Mme Normandeau, qui semble collée sur le bouton du développement, qu'il faut absolument qu'on le fasse, puis elle prétend que c'est dans l'intérêt du Québec. Or, Mme Normandeau a un sérieux déficit de crédibilité. Quand on ne touche presque pas de redevances, quand on ne touche presque rien pour les permis d'exploitation, permettez-nous de douter. Quand on sait le bilan de ce gouvernement en matière minérale, c'est-à-dire 23 milliards de dollars de nos ressources naturelles qui ont été dilapidées par des compagnies privées sans aucune retombée pour les deniers publics, donc il faut vraiment que Mme Normandeau fasse une démonstration plus crédible.

Journaliste: Mme Parant, est-ce que ça vous a rassurée d'entendre le ministre dire que l'industrie n'avait pas le contrôle?

Mme Parant (Marie-Hélène): Si ça m'a rassurée? Bien, ce n'est pas rassurant du tout que l'industrie n'ait pas le contrôle. Mais, moi, j'ai toujours espoir que le bon sens va remporter, que le gouvernement actuel va comprendre les problématiques qui vont être soulevées avec les gaz de schiste, avec cette exploration-là et cette exploitation-là. Puis, en passant, l'exploration est aussi dangereuse que l'exploitation, à mon avis. Je pense qu'il y en a plusieurs qui pourraient dire la même chose. Alors, je pense que le bon sens pourrait l'emporter.

M. Chartrand (Yves): Écoutez, je vois une petite incohérence...

Une voix: ...une petite réponse...

M. Chartrand (Yves): Ah bon!

Une voix: ...une dernière réponse.

M. McKay: Je pense qu'il y a peut-être une phrase qui résume bien cette question-là: Ce dont on a de besoin, ce n'est pas un changement de ton, c'est un changement de fond.

M. Chartrand (Yves): ...M. Khadir, je vois une petite incohérence dans ce que vous dites. Vous parlez de redevances, est-ce que vous avez un prix pour permettre le gaz de schiste ou... Parce que les autres semblent dire: Ce n'est pas une question de prix, c'est une question environnementale. Si vous dites que, vous, vous êtes prêt si vous recevez 25 milliards...

M. Khadir: Non...

M. Chartrand (Yves): Mais ce que vous avez dit...

M. Khadir: J'ai compris. Vous dites donc: Pourquoi on parle de redevances, alors que ce développement ne doit pas se faire? Je suis d'accord avec vous. Les gaz de schiste, la question est claire, sauf que l'argument du gouvernement, qui, de toute façon... sur lequel on ne peut pas compter pour protéger une idée du développement durable... Ça, c'est des gens qui ne militent qu'en faveur, soi-disant, suivant leurs propres arguments, pour l'économie, le développement économique, mais, même là, ça ne rime à rien. Ce que je veux dire, c'est que le dernier argument, en bout de piste, sur lequel Mme Normandeau nous demande de prendre des risques pour la santé des gens, pour les nappes phréatiques, pour la nature, c'est que ça, c'est supposé rapporter. Alors, je dis: C'est fallacieux, ça ne rapportera rien, ça ne va rapporter qu'aux investisseurs privés et à ceux qui détiennent des actions. Mais, pour nous, ce n'est pas l'argument économique; pour nous, un développement durable doit reposer sur une multitude de facteurs, dont les retombées pour la population qui est affectée sont un élément parmi d'autres.

M. Plouffe (Robert): M. Khadir, Mme Normandeau disait ce matin que, déjà, là, le gouvernement commençait à anticiper les recommandations du rapport du BAPE. Là, je ne sais pas si, déjà, il y a... ça se parle entre le gouvernement puis le Bureau d'audiences publiques en environnement, là, mais on voit quand même qu'il y a eu comme un frein. Et on ne parle pas de moratoire, mais on sent qu'il y a une espèce de... ça a l'air un peu paralysé, tout ça, là, les... Est-ce que ça, ça n'a pas lieu de vous rassurer, le fait que le gouvernement dise: On va attendre les recommandations puis on va appliquer les recommandations?

M. Khadir: Moi, la seule chose qui me rassure pour le moment, c'est la mobilisation citoyenne, c'est que deux partis d'opposition soient unanimes là-dessus. Ça, c'est rassurant. Le peuple du Québec est debout, est conscient de ses intérêts, est capable de les défendre. Le reste, moi, je pense, le dernier mot appartient au gouvernement, à M. Charest. Il est le grand patron, il est le grand patron du plan Nord et du plan d'exploitation irréfrénée des ressources du Québec, c'est à lui que s'adresse la pétition, c'est à lui de décider. On attend de voir comment il va laisser un legs positif dans l'histoire.

M. Plouffe (Robert): Oui, mais, quand même, vous dites que ce sont les libéraux qui ont infiltré l'industrie pétrolière puis gazière, etc., mais Lucien Bouchard, ce n'est quand même pas un libéral, M. Khadir. Puis on parle aussi de Stéphane...
M. Khadir: Est-ce que la question, elle est adressée à moi?

M. Plouffe (Robert): Bien, je ne sais pas qui a avancé ça, là, les apparatchiks libéraux, mais... Puis Stéphane Perrault, c'est un ancien du PQ. Alors, peut-être que avez une réaction, vous-même, à donner ou vous... Je veux dire, on va... Je comprends, du côté de l'industrie gazière, on va piger dans les deux camps, là, pour s'assurer d'avoir un équilibre finalement, non?

M. Khadir: Bien, regardez, c'est sûr que, quand, en plus de tout ce qu'on vient de dire, c'est-à-dire les impacts environnementaux, les gens réalisent que, derrière cette précipitation du gouvernement à lancer de manière chaotique le développement gazier et pétrolier au Québec, il y a des intérêts très proches du Parti libéral, ça ajoute à l'indignation populaire. Mais l'essentiel du débat réside ailleurs, c'est que le Québec doit pouvoir décider de son développement économique pas uniquement en fonction des intérêts de certains lobbys privés et des marchés, mais en fonction des besoins du Québec. Et les besoins du Québec peuvent se situer ailleurs que quelques emplois, ça peut être la protection de son environnement, ça peut être de mettre des énergies fossiles de côté pour dans 100 ans, pour 150 ans. Ça, il faut faire un débat public. Or, le gouvernement voulait bulldozer tout ça, et, malheureusement pour lui et heureusement pour le Québec, les citoyens sont debout pour empêcher ce bulldozage.

M. Bélisle (André): Peut-être juste un complément de réponse pour M. Plouffe. Votre question quant au BAPE, il faut savoir que la question qui a été posée au BAPE, ce n'est pas, en fait, la question qu'on aurait dû poser parce que ce qu'on demande au BAPE, c'est comment on devrait faire le développement de cette industrie-là, comment l'encadrer. Bien, je porterais juste à votre attention qu'on n'a pas posé la question sur les alternatives. Bien, je ne sais pas si vous avez regardé le Super Bowl en fin de semaine, mais la compagnie américaine qui n'est pas la plus réputée pour son souci de l'environnement, General Electric, a publicisé son engagement dans la production de biométhane. Et le biométhane est l'alternative à 100 % aux gaz de schiste parce que c'est du méthane comme le gaz de schiste, sauf qu'il provient des émissions qu'on libère des sites d'enfouissement et qui ne créent aucun problème, au contraire qui règlent beaucoup de problèmes en environnement. Alors, la question a été mal posée au BAPE, on a exclu les alternatives, et, nous, on va ramener cette question-là, puisque les alternatives sont plus payantes, ne comportent aucun inconvénient pour l'environnement.

Une voix: Peut-être une dernière question. Une dernière en français.

M. Chartrand (Yves): Juste un point. Peut-on savoir si... Je voudrais savoir si M. Laliberté, du Cirque du Soleil, a signé votre pétition.

M. McKay : Est-ce qu'il a signé la pétition...

M. Khadir: ...bien, on l'invite ardemment à le faire. Je pense que...

M. McKay: S'il ne l'a pas fait...

M. Chartrand (Yves): Mais vous ne l'avez pas approché pour...

M. McKay: S'il ne l'a pas fait, il peut téléphoner à mon bureau, il n'y aura pas de problème, on va aller lui porter. Mais, en tout cas, c'est vrai qu'il y a beaucoup d'éléments de réponse, d'alternatives qui sont déjà sur la table. La semaine dernière, Mme Marois a déposé le plan du Parti québécois, un rapport sur le développement des régions, et vous avez sûrement remarqué qu'on y propose de mettre de l'avant, d'accélérer le développement de toutes les énergies renouvelables dans l'expectative, dans l'espoir que l'on puisse éviter d'avoir recours aux hydrocarbures. Et, s'il y a une société dans le monde qui peut arriver la première à se défaire de sa dépendance aux hydrocarbures, c'est certainement le Québec.

M. Khadir: Mme Marie-Hélène Parant vous a parlé de M. Lugo, citoyen de Saint-Jérôme, qui avait fait une grève de la faim pour...

M. McKay: De Joliette.

M. Khadir: J'ai dit de Saint-Jérôme? De Joliette, excusez-moi. Alors, j'invite M. Lugo à dire quelques mots, et vous pourrez lui poser des questions.

M. Herrera (Pablo Lugo): Bonjour. Je m'excuse si mon français, c'est... c'est excellent, mais je vais essayer de communiquer avec vous.

Une voix: Plus fort.

M. Herrera (Pablo Lugo): Plus fort? O.K. Cinq jours sans manger... O.K. Moi, je viens d'un pays... Vous connaissez la Colombie, où personne croit... c'est tout contaminé par la corruption. Tout le monde dit que c'est la guérilla, que c'est les paramilitaires. En tout cas, personne ne veut aller là-bas. C'est pour ça, c'est pour cette raison que j'ai quitté dans mon pays. Mais il y a une chose que vous ne savez pas non plus, c'est qu'il y a des bons journalistes, des bons soldats, des étudiants qui meurent chaque jour pour que ce pays trouve la démocratie, et c'est raison que j'ai pris la décision d'entamer une grève de la faim jusqu'à dernière conséquence pour défendre mon nouveau foyer que c'est le Québec. S'il y a des questions, s'il vous plaît, je suis prêt.

Journaliste: I have a question for Mr McKay and M. Khadir.

M. Herrera (Pablo Lugo): Je ne parle pas l'anglais.

M. Khadir: On va répondre aux questions...

Journaliste: So, Mr McKay, would you rather... I just have a question for you as the mining critic. I'm curious how important this moratorium is now to you as the mining critic into your party, the Parti québécois. How important is this...

M. McKay: How important it is?

Journaliste: As we head into this next session, how much focus is your party going to be putting on this...

M. McKay: Well, I'll let you look at what will be going on at the next question period, but, for sure, the exploitation of our natural resources in Québec is of the upmost importance for the Parti québécois. You know, Mme Marois has mentioned many times that the PQ says yes to exploiting our natural resources, but not in any matter and not at any price. So the moratorium... Actually, the petition we're presenting today at the National Assembly, it's over 128 000 Quebeckers that have signed it. So it's almost 130 000 Quebeckers that are taking their place here, inside the National Assembly today, and I can assure them that we will not let them down, and that every day that this Parliament will sit, we will come back with this request for a moratorium on shale gas.

Journaliste: Thank you. Mr. Khadir, I'm just curious, watching the developments in France, watching the shift in tone from the Liberal Government, how do you hope that this petition fits into the discussion as it's moving along?

M. Khadir: Well, it's to give the... I think it's reasonable to think that the Government... any responsible government wants to act as much as possible in consistence with the willingness of its people. So, if the actual Government needs the necessary arguments to address the unlimited appetite of the gas and oil companies, here it is, 128 000 people in Quebec, 80% of the population in the polling opinion. So we're offering the Government a legitimacy argument to confront the appetite of the private sector and say to them: No, I can't, my people doesn't want to.

Journaliste: ...generally, just very quickly, do you have any general hopes for the tone of the debate in the coming session?

M. Khadir: Well, I hope so, but the Government has to realize that it has power. Depending of its attitude in answering our questions, in being frank in the debate, and not willing to impose its agenda over the willingness of the population, I will be perfectly able to collaborate. For example, for medication, for drugs, Mr. Bolduc, minister Bolduc wants to reduce the costs, I will offer him solutions to reduce these costs.

Journaliste: Merci beaucoup.

Journaliste: ...une question pour M. Herrera. J'ai compris de votre intervention que vous avez quitté la Colombie parce qu'il y avait beaucoup de corruption. Est-ce que vous avez été surpris, en arrivant au Québec, de trouver aussi dans l'État québécois un problème de corruption et le... Je voudrais que vous expliquiez le rapport avec le moratoire sur les gaz de schiste.

M. Khadir: Je suis obligé juste d'emmener la précision suivante: Les gens qui sont présents ici sont présents pour le moratoire sur les gaz de schiste. S'il y a des questions qui touchent aux observations de M. Lugo Herrera, on peut le faire en retrait sur d'autres sujets comme la corruption. Avez-vous des questions sur les gaz de schiste?

Journaliste: Oui. J'aimerais qu'il nous explique pourquoi il fait la grève de la faim, exactement, pour le moratoire sur les gaz de schiste, qu'est-ce qui l'a motivé là-dedans.

M. Herrera (Pablo Lugo): Ce qui m'a motivé, c'est pour le gaz de schiste et une enquête publique sur la construction aussi parce que, moi, je trouve que notre démocratie commence à devenir malade. C'est vrai qu'on a droit... on a le droit à la libre expression, mais on n'a pas le droit d'être écouté. C'est pour ça que... les choses qui me dérangent. Puis, si on ne fait rien jusqu'à... si on ne fait rien, les ressources les plus riches que c'est l'eau... Je viens de m'apercevoir ça. Depuis que je ne mange pas, je prends de l'eau. Puis, si on ne fait rien, les ressources les plus riches qu'on a, les plus précieuses, on va les perdre.

M. Khadir: Merci beaucoup. Merci de votre attention. Je pense que ça met fin... Tout le monde est disponible...

(Fin à 13 h 40)

 

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