(Onze heures vingt-huit minutes)
M. Khadir: Bonjour, tout le monde. Merci d'être là. J'ai déposé, au début de la séance d'aujourd'hui, en présence du premier ministre Charest, du gouvernement, de tous les ministres du gouvernement libéral, une pétition de tout près de 250 000 signataires qui se sont prononcés en faveur d'une initiative lancée par un citoyen que vous connaissez maintenant tous, je crois, M. Steve Brosseau, qui m'accompagne aujourd'hui, et qui a lancé cette pétition à l'aide de quelques amis, d'autres citoyens, dont M. Patrick Bertrand, qui est également présent aujourd'hui. Cette pétition essentiellement disait ceci: Comme le gouvernement refuse d'entendre les citoyens qui demandent un moratoire sur les gaz de schiste, qui demandent de tenir compte de leurs besoins dans la hausse des tarifs des services publics et surtout que M. Charest soit attentif à la demande de la population sur la nécessité d'une commission d'enquête publique sur la construction, comme le gouvernement donc refuse ces demandes, les pétitionnaires demandent la démission du gouvernement Charest. Comme ce fut déposé ce matin, j'ai invité les initiateurs de la pétition de venir s'expliquer devant vous.
M. Brosseau (Steve): Bonjour à tous. Mon nom est Steve Brosseau. Je suis un simple citoyen révolté de la situation actuelle au Québec. Le 15 novembre dernier, j'ai lancé une pétition demandant la démission du premier ministre du Québec. Cette pétition, placée sur le site de l'Assemblée nationale, a recueilli à ce jour près d'un quart de million de signatures. Je m'étais alors fixé comme but 100 000 signatures en 90 jours, et j'ai dépassé ce cap en moins de 24 heures. Pire encore, j'ai doublé ce chiffre en 48 heures, du jamais-vu au Québec. Même si la pétition, qui a monopolisé les médias québécois pendant près d'une semaine et tenu en haleine tout le Québec... elle s'est terminée hier, mais la machine est toujours en marche, et de plus en plus de Québécois suivent la vague qui déferle sur le Québec.
Si vous croyez que j'ai une vendetta contre le PLQ, détrompez-vous. Ce n'est pas le PLQ qui est en cause, mais son chef. Le politicien pour qui j'ai eu la plus grande estime dans ma vie s'appelle Robert Thérien et il fut un député libéral durant les années quatre-vingt-dix. Cet homme m'a sorti de la rue alors que je n'étais qu'un adolescent. Il m'a aidé en intervenant auprès de la DPJ pour que l'organisme ouvre un dossier dans le but de m'aider. J'avais 16 ans et j'étais dans la rue. Si les députés pouvaient tous s'appeler Robert Thérien!
J'en appelle aux députés libéraux qui ont encore le goût de servir leur population et d'agir, des hommes et des femmes comme Robert Thérien. Vous seuls avez le pouvoir d'exiger son départ, comme les députés de Gordon Campbell l'ont fait en Colombie-Britannique. Vous savez comme moi qu'une réputation se construit sur plusieurs années, mais se détruit en un claquement de doigts. Si vous désirez vraiment être associés à tout ceci et traîner dans tous ces scandales et controverses tout au long de votre carrière, c'est à vous de décider.
Le gouvernement ne tient plus compte de l'opinion publique. Il n'en a pas tenu compte pour le budget, il n'en a pas tenu compte pour une commission d'enquête, puis je ne crois pas qu'il va en tenir compte pour un moratoire. Si on ne fait rien, il va nous passer sur le corps. Alors, il n'y a qu'une seule solution: exiger massivement par tous les moyens possibles son départ immédiat.
J'ai déjà dit par le passé que deux personnes avaient mon respect, la première étant Amir Khadir, pour son dévouement aveugle et son authenticité. L'autre personne, c'est Gilles Duceppe. Mais peut-être que bientôt une troisième personne va se rajouter à mon carnet. M. Legault, nos espoirs sont tournés vers vous, et, croyez-moi, si vous ne décevez pas les Québécois, ils vous le rendront au centuple.
M. Charest, si votre budget 2010 est une prémisse à votre budget 2011, les Québécois et Québécoises ne sont pas dans le rouge, mais bien dans la merde. J'ai bien hâte de voir quelle sera la prochaine dépense: une nouvelle urgence ou un colisée?
Je vais finir en remerciant quelques personnes, entre autres M. Amir Khadir, pour avoir endossé la pétition et y avoir cru. Vous êtes intègre, puis j'espère que les Québécois et les Québécoises vous le rendront un jour. J'espère aussi que la politique québécoise ne vous corrompra jamais. Merci à Josée Larouche, attachée politique d'Amir Khadir, pour m'avoir soutenu et conseillé dans les moments les plus sombres. Mais je ne peux pas terminer sans avoir remercié mes collaborateurs de première heure, qui ont fait que le MCNQ, le Mouvement citoyen national du Québec, est devenu ce qu'il est aujourd'hui: Patrick Bertrand, qui est avec moi aujourd'hui, qui est un administrateur au MCNQ depuis le tout début; Patrick Lajeunesse, qui est un ancien cofondateur, mais aussi Mike Tavares et Julie Thibault, qui m'ont aidé chacun à leur façon. Je voulais remercier aussi Anthony Leclerc pour sa collaboration auprès des médias dans la région de Québec durant le temps de la pétition. Mais le plus grand merci que je tiens absolument à dire à tous les Québécois et Québécoises, c'est pour avoir signé la pétition et pour avoir fait que cet événement soit si spectaculaire.
Je vais vous laisser en vous disant ceci: Pour que la devise du Québec Je me souviens ait un véritable sens, s'il vous plaît, allez donc voter la prochaine fois. Merci.
M. Plouffe (Robert): Mais ça a donné quoi, finalement? Le premier ministre est toujours en place. Il lisait même... il parlait même avec sa ministre de l'Éducation pendant que vous déposiez votre pétition, M. Khadir. Alors, on en est au même point aujourd'hui.
M. Khadir: La question est à moi ou à M. Brosseau?
Une voix: ...
M. Khadir: Très bien. Écoutez, les citoyens ont devant eux, dans toutes les démocraties et dans toutes les sociétés, une série d'options. Une des premières manières d'agir sur le cours des choses, bien sûr, c'est le moment du vote, mais il arrive parfois que des appareils arrivent au pouvoir avec des promesses mais font autre chose. Je ne pense pas que le Parti libéral soit venu au pouvoir en promettant d'organiser l'octroi des contrats, des permis en fonction du financement de son parti, mais il est venu au pouvoir en disant qu'il allait régler les problèmes de la santé. Donc, quand il y a une question de légitimité qui se pose, les citoyens ont d'autres... dans l'intérim, avant la prochaine élection, ont d'autres options: aller voir leurs députés. Malheureusement, les députés libéraux ne sont pas assez à l'écoute de ce temps-ci sur la question de la probité et de l'intégrité, de l'honnêteté du gouvernement. Donc, l'autre moyen légitime que nous avons placé à leur disposition, c'est pétitionner. Ça date de quatre siècles, pétitionner le gouvernement responsable; ça vient du Parlement britannique. Et je pense que les citoyens du Québec ont fait leur devoir de citoyen, donc, une dernière fois, appeler M. Charest à ses responsabilités d'homme d'État: soit qu'il écoute la population soit qu'il démissionne.
C'est sûr que, comme M. Brosseau vient de dire, l'autre étape par la suite, c'est à l'élection prochaine. Mais je crois que, dans nos démocraties, nous qui lançons souvent des leçons de démocratie à d'autres pays où ne règne pas la démocratie, où on demande aux dirigeants d'être à l'écoute de leur population, puis on a vu ce que ça donne lorsque ces logiques sont poussées très loin et l'autocratie s'installe, bien on devrait nous-mêmes appliquer ces principes pendant qu'on est en régime démocratique puis d'être à l'écoute de la population. Donc, tout ce qu'on demande à M. Charest, s'il veut tourner la page - je vais finir avec ça - il va proroger l'Assemblée, puis il veut tourner la page, mais on ne saurait tourner la page s'il continue à nier une demande importante essentielle, la demande, en fait, la plus unanime, la plus consensuelle que, moi, je me souvienne sur la scène politique depuis très longtemps.
M. Journet (Paul): ...moins de 10 % de la population a signé cette pétition-là, est-ce que c'est assez pour exercer une pression?
M. Khadir: Dans l'histoire des pétitions, en fait, s'il y avait un gouvernement responsable, n'importe quel gouvernement responsable, n'importe homme d'État digne de ce nom, à 10 % de la population qui prenne la peine d'aller signer une pétition, c'est énorme. Je ne sais pas si vous pratiquez la politique de rue, la politique citoyenne, mais les pétitions qu'on dépose ici tous les jours, ça commence parfois par quelques dizaines de signataires, et parfois il y a des ministres et responsables qui y donnent suite parce que c'est justifié, parce que ça semble légitime. Alors, 250 000... un quart de million de gens qui, en quelques jours, vont exprimer leur mécontentement de cette façon, c'est excessivement significatif. S'il y avait une écoute, s'il y avait une oreille, s'il y avait une... je dirais, une responsabilité de l'État...
M. Duchesne (Pierre): M. Brosseau.
M. Brosseau (Steve): Oui?
M. Duchesne (Pierre): Vous avez réussi cette pétition quand même avec de nombreuses signatures, mais il faut voir le geste suivant: vous avez souhaité une manif, vous avez souhaité un rassemblement devant l'Assemblée nationale. C'est plus facile signer, ça l'est moins de se mobiliser?
M. Brosseau (Steve): Non. Mais il faut comprendre une chose, c'est que, oui, j'ai voulu organiser une manifestation, sauf que, des fois, dans la vie, quand il y a trop de chefs, il n'y a pas assez d'indiens, puis c'est ce qui s'est produit avec la première manifestation. On ne reviendra pas là-dessus, pour moi, c'est un sujet qui est clos.
La deuxième partie, j'ai convoqué les gens, le 22, à venir à l'Assemblée nationale. C'était clair pour moi que c'était, je vous dirais, une manoeuvre pour déposer la pétition ce matin parce qu'on avait eu vent comme quoi qu'il était pour proroger l'Assemblée. Moi, j'avais trois sessions pour déposer cette pétition-là; ça ne me tentait pas vraiment de voir ma pétition être annulée. Ces points... Pour moi, c'est un point qui est très important.
Pour répondre à la question de monsieur, ici, avec les lunettes - je ne sais pas c'est quoi, votre nom -...
Une voix: M. Plouffe.
M. Brosseau (Steve): M. Plouffe, excusez-moi. Au niveau de la pétition, il y a plusieurs personnes qui ont voulu déclarer, entre parenthèses, invalide ou qui ont remis en question la validité de cette pétition-là. Moi, j'ai une question pour vous. Cette pétition-là, elle a été mise en place sous le règne libéral, avec l'approbation du règne libéral. Cette pétition-là, elle est gérée par des fonctionnaires de l'État québécois, des fonctionnaires de l'Assemblée nationale. Je voudrais savoir jusqu'à un certain point pourquoi que, quand c'est le temps de déposer une pétition, une pétition autre que celle que je dépose, elle n'est pas remise en question? Il y a des fonctionnaires, eux, qui ont décidé que cet outil, qui est de déposer la pétition, était valide, crédible et démocratique. Pourquoi que, quand c'est le temps de déposer une pétition qui exige la démission du premier ministre, ça ne l'est plus? Pour moi, c'est une façon de remettre en question le processus complet des pétitions qu'ils ont mis en place. S'ils ne sont pas capables de reconnaître cette pétition-là, c'est le début de la fin.
M. Plouffe (Robert): Avez-vous atteint un objectif quelconque, selon vous, monsieur...
M. Brosseau (Steve): L'objectif que je m'étais donné, c'était d'alarmer les Québécois, puis je pense que j'ai réussi mon point principal.
M. Duchesne (Pierre): Mais ils ne se mobilisent pas, M. Brosseau. Ils ne sont même pas capables de se réunir devant l'Assemblée nationale.
M. Khadir: M. Duchesne, je pense que ce n'est pas à un citoyen à lui tout seul d'organiser cette mobilisation. Nous sommes ici, devant vous, aujourd'hui, pour parler de...
Journaliste: ...
M. Khadir: Je vous reviens, si vous me permettez.
M. Duchesne (Pierre): ...
M. Khadir: Je vais... Donnez-moi quelques instants. Nous sommes ici aujourd'hui... Ce qui est important.... Ça, c'est secondaire. Ce qui est important, c'est que cette pétition a réussi le tour de force à clouer définitivement, je dirais, le cercueil de la crédibilité de M. Charest sur la question de son écoute de la population. Je pense que, lorsqu'on était à l'automne dernier, l'ensemble des dossiers... Après un an et demi, je dirais, d'accusations de multiples sortes, en fait, la pétition est venue synthétiser tout ça et exprimer une colère populaire qui a fini par, en fait, à mon avis, faire en sorte que M. Charest ne se relèvera plus de ce signal fort envoyé par la population, à moins qu'il change le fusil d'épaule, à moins qu'il décide d'écouter la population. Je pense que ça... il faut reconnaître l'impact majeur sur le plan symbolique, sur la scène québécoise.
Maintenant, pour ce qui est des manifestations, des contestations, M. Brosseau est un simple citoyen qui n'est pas rompu au militantisme, à l'organisation de manifestations. Il y a maintenant de multiples groupes, des collectifs qui sont en place, des groupes de syndicats qui se sont mis ensemble et qui vont, dans les prochaines semaines, dans les prochains mois, notamment le 12 mars prochain, organiser des manifestations pour exprimer la colère de la population.
M. Robitaille (Antoine): M. Brosseau, le 22, vous vous attendez à avoir combien de personnes?
M. Brosseau (Steve): Le 22, il n'y aura pas de manifestation, il n'y aura pas...
M. Robitaille (Antoine): ...
M. Brosseau (Steve): Oui. Je l'ai dit tantôt, c'était une manoeuvre pour déposer la pétition. Pour moi, j'ai fait le travail que j'avais à faire. Le 19 février, je suis ici, à l'Assemblée nationale, pour participer à une vigile, il n'y aura pas de suite. Moi, en tant que citoyen, je crois que j'ai fait ma job puis je pense que j'en ai fait pas mal plus que le commun des mortels, citoyens du Québec. Je pense que j'ai fait ma part. Puis, c'est ça, j'ai fait ma part pour le Québec.
M. Robitaille (Antoine): ...militer dans un parti politique?
M. Brosseau (Steve): Moi, je vais vous dire bien franchement, il y a des gens qui sont beaucoup meilleurs que moi pour faire cette job-là. Moi, je suis bien dans mes chaussures de préposé aux bénéficiaires. J'ai une facilité d'expression mais, bien honnêtement, si j'aurais une job à faire, ce serait dans les médias comme vous, ce ne serait pas politicien.
M. Robillard (Alexandre): M. Brosseau, qu'est-ce que vous attendez des députés libéraux? Vous avez lancé un appel... vous leur avez lancé un appel tout à l'heure. Qu'est-ce que...
M. Brosseau (Steve): Oui. Moi, je vous dis, regardez, la population, la grogne que la population a, ce n'est pas envers le PLQ, ce n'est pas envers le Parti libéral du Québec, c'est envers leur chef. J'aimerais peut-être que ces gens-là se réveillent un jour parce qu'à un moment donné le réveil va être brutal. Les élections vont approcher puis les Québécois, je ne pense pas qu'ils oublient. Puis, s'ils veulent traîner une réputation derrière eux tout le long de leur carrière, bien, c'est eux autres les plus pires là-dedans, ce n'est pas nous autres.
M. Robillard (Alexandre): Ils devraient montrer la porte à M. Charest?
M. Brosseau (Steve): Montrer la porte ou lui signifier qu'il faudrait peut-être qu'il recule sur beaucoup de dossiers.
M. Robillard (Alexandre): Est-ce que, M. Khadir puis M. Brosseau, vous êtes en faveur... parce que vous avez dit: «C'est symbolique.» Est-ce qu'il faudrait mettre en place une procédure de... un «recall» au Québec?
M. Brosseau (Steve): Oui. Mon avis, c'est qu'il devrait y avoir une procédure comme le «recall» qu'il y a en Colombie-Britannique. Là-bas, je crois que c'est une pétition de 200 000 personnes qui ont fait reculer le parti de Gordon Campbell sur la question de la taxe de vente, c'est ça qui a mené à sa perte. Si c'est bon là-bas avec 200 000, pourquoi ça ne serait pas bon ici avec 250 000 personnes? C'est la question à se poser. On n'a pas le Recall Act, mais ça devrait.
M. Khadir: Alors, si, la question, on me la posait à moi, comme il y a beaucoup d'autres priorités dans la réforme des institutions démocratiques, dont la réforme du mode de scrutin, et comme ce genre de réforme qui devrait amener cette possibilité-là doit prendre plus de temps que les prochaines élections, je pense qu'avant qu'on puisse avoir ce genre de procédure de destitution en cours de mandat on va avoir des élections qui vont envoyer un message clair. Mais c'est sûr qu'au cours des prochaines années nous devrions réfléchir en fonction du comportement de nos élus.
Mme Montgomery (Angelica): M. Brosseau, parlez-vous anglais?
M. Brosseau (Steve): A little bit.
Mme Montgomery (Angelica): A little bit. How does it feel to bring forward this petition today? How are you feeling today having this petition...
M. Brosseau (Steve): I feel very happy, O.K.? It's sure because it's my baby. I worked very hard to do this. Sometimes - I search my words, excuse me - ... Je veux... Je veux juste dire que j'ai négligé ma famille, O.K. Aujourd'hui, pour moi, c'est une finalité, puis en même temps, c'est un début. That's a... My petition is a fire starter, that's just the beginning. Another movement takes the lead.
Mme Montgomery (Angelica): Do you wish it could be more than just a petition?
M. Brosseau (Steve): Repeat this, please?
M. Khadir: Est-ce que tu veux autre chose qu'une pétition?
M. Brousseau (Steve): Si je veux d'autre chose qu'une pétition? No. For me, I think my petition found its own way and that's it.
M. Khadir: Est-ce que tu espères d'autres actions venant d'ailleurs?
M. Brousseau (Steve): Oui, oui. Excuse me, I just speak a little bit. Oui, j'espère, j'espère sérieusement qu'il y ait une suite, qu'il y ait sûrement d'autres actions au niveau des pétitions qui se font, là, c'est sûr.
Mme Montgomery (Angelica): M. Khadir, how significant do you think that this is?
M. Khadir: Well, I think it's very significant because it had a very symbolic and strong impact on the public opinion. I was also... For a few days, I went to the western part of Canada, and, even there, it had a considerable resonance in crystallizing all the, I wish... I would say, all the incapacity of the actual Québec Government to listen and to be... to have some respect for the opinion of the Québec population. Not that it was by itself and by its own signifying anything, but it was the amount of elements that linked toward the responsibility of Premier Charest... this petition crystallized all that discontent for this Government.
M. Nagata (Kai): When we look at the pattern of signatures, there was a huge surge in the first few weeks and then it slowly levelled off. Can you explain why you think... Why do you think there was that novelty value in the beginning and why do you think it slowed down?
M. Brosseau (Steve): O.K. First of all, I think we have a study of this. My... Comment on pourrait dire ça, un vecteur... Mon vecteur a été Facebook, O.K.? My vector is Facebook. A recent study said: We are supposed to have, I think, 2.3 million Québécois on Facebook. On this 2.3 million, we have 10%... it was active on Facebook, to go each week to respond there, the message and all the things. 3.2... 10% of 2.3 millions, I think, it is near of 2 030...
M. Khadir: 230 000... 230...
M. Brosseau (Steve): Yes... 230. I think it is near of my petition.
M. Nagata (Kai): So, that proves that people who use Facebook don't like Jean Charest. Is that...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brosseau (Steve): Not of this, but I think a big proportion of this is on Facebook.
M. Nagata (Kai): ...demographic.
M. Khadir: En fait, je voudrais qu'on... I would like to know if it is really important. I think what is really important to know: it is, in the history of Québec... And we know we have had very important issues concerning, for example, the independence of Québec, language problems. And, to all recollection, what we have been able to gather is one, if not the most important in terms of numbers, petition.... ever petition directed to the Québec government. There was one more important, I think, directed to the federal Government. So, in the history of Québec... And we know, because I come from grassroot organizations... For years, we've had petitions, and our petitions were in hundreds, sometimes in thousands, in the best of cases. Long period of time... For example, le Collectif de lutte contre la pauvreté, after a year of work among organizations, more than a year: almost 100 000. So, to be able to gather 250 000 signatures almost in a few days, in a few weeks, it's very significant in terms of translating something important in the public opinion. And, besides, we have also «sondages», we have...
Une voix: ...polls.
M. Khadir: ...polls, which are completely consistent with that. Besides, we have, for the first time ever, an important consensus from associations of police officers to grassroot organizations, to left wing parties, to the engineers... to the Order of Engineers, to the order of... le Barreau du Québec. Everybody asks for the same. So, it's nothing that could be, you know... No consideration could diminish the importance of this petition.
M. Nagata (Kai): One more technical question: Do we know how many signatures were eventually discounted? There were doubles or there were...
M. Khadir: Less than 1 000.
M. Nagata (Kai): Fewer than 1 000?
M. Khadir: Yes.
M. Dougherty (Kevin): Can we ask about the101 debate? Have you decided... Has Québec solidaire decided if people who have done 12 years of education in French, obviously speak French, must go to cegep as well in French?
M. Khadir: I have always said that, for me, as spokesperson of Québec solidaire, and in the tradition of our organization, individual freedom is very, very important. We emphasize on collective responsibilities and on the responsibilities of enterprises, of corporate business, of those who have power. As much, we want to implement measures that restrict the capability of those powers, we want to give the more freedom to individuals.
Now, that being said, that discussion is not carried within our organization. So, for the moment, I cannot suggest you any answer: will we support that or not? My own feeling is that we have a lot... many things more to do before resorting to those types of ideas to protect the French language: positive means, generous means, integration means.You know, we don't need to restrict rights. If we really have, you know, a bit of courage to tackle the problem at its root... and the problem at its root is the refusal to tackle problems of market. We let the market free and the market defines that English is the first language. And we ask ourselves: Well, we have a problem, what we do now? In our opinion, we have to find ways to tackle the market, not to restrict the rights of individuals. But we will come...
M. Duchesne (Pierre): ...donc, sur les cégeps, vous pensez qu'il y a d'autre chose à faire avant?
M. Khadir: Bon. Il n'y a pas d'autres questions sur la question de la pétition? Alors sur la question du cégep, comme j'ai dit, nous sommes en discussion. Nous ne pourrons pas prendre de décision maintenant avant que notre organisation décide: Est-ce que c'est une mesure adéquate ou pas d'étendre la loi 101 aux cégeps? Ce que je voudrais vous dire cependant, c'est que Québec solidaire insiste beaucoup sur le fait qu'il y a bien d'autres choses à faire pour le soutien du français, pour la défense du français, pour sa promotion, pour que le français soit une langue vibrante qu'on parle, qu'on choisit, qu'on adopte au Québec.
Or, le problème, c'est que les gouvernements successifs du PQ et du Parti libéral du Québec, au lieu de prendre leurs responsabilités, avoir un peu de courage pour affronter les forces du marché qui nous imposent l'anglais, ils préfèrent s'attaquer soit aux droits individuels, parfois avec ce genre de propositions qui sont comme... parce que cette proposition - je l'ai dit à Pierre Curzi - isolément, ce n'est pas intéressant. Moi, je ne pourrais pas l'appuyer et je ne pense pas que notre parti aille là, parce qu'il y a bien des choses à faire avant.
Comme je l'ai dit, il faut massivement investir dans l'intégration d'immigrants, dans la francisation des immigrants, dans la reconnaissance de leurs diplômes, dans l'amélioration de la qualité de l'enseignement du français d'abord puis ensuite de l'anglais dans nos réseaux scolaires publics. Donc, il y a bien des choses à faire. Si, après avoir fait tout ça, on veut y ajouter un grain puis que ça, ça vient dans un ensemble, on verra peut-être. Mais, pour le moment, notre parti n'a pas décidé d'aller là.
Mme Montgomery (Angelica): Alors, est-ce que vous serez là pour le vote ou est-ce que vous allez être absent?
M. Khadir: Je ne serai pas là pour le vote parce que je ne suis pas capable de me prononcer dessus en l'absence d'une décision de la part de mon parti. Mais je réitère le fait: nous, à Québec solidaire, on veut privilégier les droits, la liberté des gens le plus possible. S'il y a des limites à imposer à quelqu'un, ce n'est pas aux gens, ce n'est pas aux individus, ce n'est pas à nos citoyens. Il faut l'imposer aux entreprises. Donc, il y a bien des mesures, puis on les connaît.
M. Robitaille (Antoine): Quel est le rapport avec les droits?
M. Khadir: Bien, écoutez, déjà, la loi 101, quand on l'a introduite, puis on l'a fait collectivement, c'est de limiter des droits de choix individuels, parce qu'en société capitaliste, dont nous sommes tous les défenseurs dans le Parlement québécois comme canadien, les droits individuels sont pérennes. Alors, les droits individuels disent que tu peux choisir dans quelle langue tu veux parler, dans quelle langue tu veux travailler, dans quelle langue tu veux étudier.
Maintenant, les collectivités viennent parfois limiter ces droits, et on l'a fait avec la loi 101, et on est d'accord avec ça. Mais plus on étend l'étendue de ces limitations, ça veut dire forcément qu'on ampute des droits. C'est une question de droits. Est-ce que je me trompe, M. Robitaille? Vous semblez tomber des nues.
M. Robillard (Alexandre): ...parce que les forces du marché, c'est... Pouvez-vous être plus concret, là, parce que...
M. Khadir: Par exemple... Regardez: Quand on monte dans les échelles de hiérarchie dans une entreprise comme Bombardier, fleuron de l'entreprise... des entreprises québécoises, que nous avons soutenue avec de l'argent public, dont nous sommes fiers... Moi, j'ai des amis ingénieurs qui travaillent là: tout se passe en anglais. Plus on monte dans la hiérarchie, plus ça se passe en anglais. Quand on s'adresse... quand les gens qui sont soucieux du français dans ces organisations s'adressent à leurs dirigeants, ils disent: Bien, écoutez, on travaille en Amérique du Nord, c'est le marché qui nous impose ça. On a besoin de communiquer le plus efficacement, puis c'est en anglais que ça se passe.
C'est sûr que si, comme société, on tolère ça, puis, à côté, on va brimer le droit des individus, bien, je pense qu'il y a une inconsistance. Commençons à établir et à faire, en fait, appliquer nos propres lois. Dans le fond, il y a un laxisme incroyable à appliquer la loi. Parce que vous savez que la loi sur l'utilisation du français dans la langue au travail s'applique déjà aux entreprises de plus de 100 employés. Et, à ma connaissance, Bombardier en est une.
M. Robitaille (Antoine): Est-ce que d'obliger les gens à afficher en français seulement, dans l'ancienne loi 101, là, est-ce que c'était une brimade à l'égard des droits et de liberté d'expression?
M. Khadir: Bien, ça, c'est de la liberté de commerce. Ce n'est pas une liberté d'expression. Ce n'est pas la même chose que d'aller à une école parce que c'est un droit commercial, dans quelle langue tu affiches. Ça, j'ai beaucoup moins de problèmes avec ça, d'abord. Donc, les gens qui veulent, disons, semer la confusion en invoquant les libertés individuelles pour le droit à l'affichage, à mon avis, ne sont pas sincères, ils nuisent au respect des droits individuels. Donc, pour moi, il y a une distinction, là.
Une voix: Merci.
M. Khadir: Thank you very much. Au revoir.
(Fin à 11 h 54)