(Seize heures seize minutes)
Mme Marois: Alors, vous comprendrez évidemment que c'est une... Voyons. Vous comprendrez que c'est une réaction préliminaire, j'aurai demain l'occasion de faire une réplique beaucoup plus complète.
À mon point de vue, d'abord, c'est un discours qui sonne faux. Est-ce qu'il y a, dans le discours qui nous a été fait aujourd'hui, des réponses aux attentes concrètes des Québécois? Il y a deux choses majeures qui les préoccupent et qui les inquiètent actuellement, c'est tout ce qui concerne la malversation, la collusion, la fraude dans l'industrie de la construction. Donc, pas d'enquête pour l'industrie de la construction. Ce qui les inquiète, c'est la façon dont on gère les gaz de schiste, entre autres, au Québec. Est-ce que le premier ministre nous a annoncé un moratoire, ce que souhaitait la population québécoise? Rien. Le plan Nord, pour la ixième fois, on ne connaît toujours pas le plan Nord, on a l'impression que c'est en train de ressembler aux annonces du CHUM. Les ressources naturelles... En fait, quand je l'écoutais cet après-midi, je me disais: C'est une admission de son échec dans la gestion des ressources naturelles parce que ce qu'il nous annonce, c'est qu'il veut réparer des pots qu'il a lui-même cassés. Alors, moi, je vous dis: On va le croire quand on va le voir, parce que jusqu'à maintenant il n'a rien dit de nouveau à cet égard.
Et sa dernière phrase, elle, elle est inquiétante et étonnante. Il nous dit... Son but premier, c'est de faire fonctionner le Canada, de faire passer les intérêts du Canada avant ceux du Québec. De la part d'un premier ministre qui une responsabilité, d'un premier ministre du Québec qui a une responsabilité, c'est, là encore, une admission qu'il a été incapable jusqu'à maintenant de régler quelque dossier que ce soit, et c'est de nous dire qu'il sera incapable de le faire pour la suite des choses.
M. Chartrand (Yves): Mme Marois, est-ce que vous croyez que l'idée qu'il a lancée, quand même, là, sur... de consacrer les redevances... ou une partie des redevances, ce n'est pas clair, là, de verser ça au Fonds des générations pour payer la dette, croyez-vous que ça, c'est une bonne idée pour l'utilisation des redevances, peu importe ce qu'on pense du...
Mme Marois: Bon. Bien, d'abord, là, le Fonds des générations, c'est le... c'est géré... ou... c'est géré, oui, par la Caisse de dépôt placement. On sait qu'on aurait été mieux de ne pas se... de ne pas faire ce choix-là, compte tenu des pertes qu'il y a eu à cet égard. Et, dans le cas présent, quand il dit de mettre ça dans le Fonds des générations, c'est pour payer la dette, hein, on se comprend, là. Alors là, je suis un peu étonnée qu'il fasse ce choix-là.
M. Journet (Paul): L'anglais en sixième année, est-ce que c'est une menace pour le français?
Mme Marois: Écoutez, vous savez, ce n'est pas... Nous, on propose, entre autres, qu'il y ait aussi de l'anglais intensif, mais il a l'air de dire, lui, que c'est tout le monde qui devrait passer par là. Or, moi, je crois que certains enfants qui ont déjà des difficultés d'apprentissage à l'école pourraient connaître de plus... c'est-à-dire, de plus grands retards encore si on les obligeait à aller vers cette forme d'enseignement. Et, moi, je verrai... on verra quel... concrètement ce que ça veut dire dans son cas, parce que ça pourrait en être un, risque, justement pour ces enfants qui ont déjà des difficultés dans d'autres matières, dans le français en particulier.
M. Duchesne (Pierre): Mme Marois, l'anglais de façon intensive pour la moitié de la sixième année, ça vous coupe l'herbe sous le pied, en fait?
Mme Marois: C'est un peu différent, hein?
M. Duchesne (Pierre): C'est compliqué un peu pour votre congrès, ça.
Mme Marois: C'est pour ça que... Écoutez, moi, je l'ai écouté attentivement. Nous, ce qu'on dit, ce n'est pas l'anglais enseigné de façon intensive pour tous les enfants, c'est un peu ce que je disais à votre collègue, puisque je crois que, dans certains cas, il y a des enfants qui ont déjà des difficultés et qui pourraient être encore davantage retardés dans l'apprentissage des matières de base, dont le français. Alors, il faut apporter ces nuances-là, quant à moi.
M. David (Michel): Mais, Mme Marois, est-ce que c'est... Vous avez été ministre de l'Éducation. Est-ce que c'est matériellement possible d'envoyer tous les enfants en immersion pendant une moitié de l'année au Québec... à la grandeur du Québec, là, même là où il n'y a pas de commission scolaire anglophone?
Mme Marois: Techniquement, actuellement, ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible parce qu'à ce moment-là ça nous... D'abord, un, il faudrait que tous les profs, que ce soit de mathématiques, de sciences, d'histoire, se transforment enseignants capables d'enseigner l'anglais. Donc, techniquement, ce n'est pas possible. Sur une plus longue période, évidemment, en ajoutant des ressources... etc.
Une voix: Martine Biron.
Mme Biron (Martine): Mme Marois, vous avez dit avant le discours que vous ne vous attendiez à rien. Est-ce que ça dépasse vos attentes?
Mme Marois: Je crois qu'il n'y a pas grand-chose dans ce discours. Parce que je regardais, là... en plus, il nous a annoncé des plans, des projets, un comité ministériel, un livre vert. C'est une véritable fuite en avant, hein, dans des grandes parties de son discours.
Il ne nous dit pas: Je vais faire telle chose concrètement. Bon, il y a des petites mesures, là, je veux bien, c'est... ça peut paraître bien au départ. Mais pour les choses fondamentales, là, il nous annonce qu'il va avoir une politique qui va encadrer l'exploitation du pétrole et du gaz. Il me semble que c'est ce qu'il dit depuis deux mois, là, puis il ne l'a toujours pas déposée, sa politique. Il nous dit: On va avoir des politiques pour les personnes âgées. Il a nommé une ministre responsable du dossier des personnes âgées, et elle n'est même pas capable de contrôler les services rendus dans les ressources intermédiaires, où on voit qu'il y a des mauvais traitements dans le cas de certaines personnes âgées.
Alors donc, dans ce sens-là, là, à part de faire des beaux grands voeux pieux, de nous annoncer des orientations, sauf quelques mesures un peu plus précises, il n'y a pas vraiment une réponse à des problèmes majeurs que vivent les Québécois.
M. Journet (Paul): ...qui remplacerait le programme PromArt, du fédéral?
Une voix: ...
Mme Marois: Excusez-moi.
M. Boivin (Simon): Quand M. Charest parle de repenser l'épargne pour une retraite qui pourrait être plus longue puis que sa responsabilité de veiller à la pérennité de... du Régime des rentes du Québec... est-ce que vous voyez là un signe avant-coureur d'une augmentation des cotisations à la RRQ?
Mme Marois: Écoutez, de toute façon, s'il n'y a pas des changements de ce côté-là, là le régime va avoir des problèmes de déficit, va frapper un mur et ne sera plus capable de respecter les engagements pris à l'égard de ceux qui ont participé ou qui ont cotisé à ce régime. Moi, je vous dirais, c'est quasi une vérité de La Palice, là, ce qu'il a dit aujourd'hui, à savoir qu'il faut se préoccuper de cette question, parce que nos régimes vont s'épuiser si on ne corrige pas le tir, et une des façons de faire... Puis, tous les autres États du monde, écoutez, il y a eu des... Il y a eu des marches dans la rue, il y a eu des grèves en France parce qu'on a voulu changer cela. Parce que tous les États du monde n'ont pas le choix. Les États, entre autres, des pays industrialisés n'ont pas le choix de regarder cette avenue-là. Alors, ça fait partie des obligations qui lui sont faites.
M. Boivin (Mathieu): ...Mme Marois, apprendre, aujourd'hui, le nom de la personne qui va diriger l'Unité permanente anticorruption?
Mme Marois: Ah, bien, écoutez, on l'apprendra quand ça viendra. De toute façon, encore là, nous, on pense que, même s'ils vont... s'ils sont capables de faire un bon travail, on ne pense pas que c'est la solution. Alors, on aurait préféré qu'il nous annonce qui présiderait une commission d'enquête.
Une voix: Yves Chartrand.
M. Chartrand (Yves): Je veux savoir, il a annoncé beaucoup, aussi, des nouveaux organismes concernant le cancer.
Mme Marois: Oui.
M. Chartrand (Yves): Est-ce que c'est bienvenu ou c'est encore de la structurite, là?
Mme Marois: Ça pourrait être de la structurite, honnêtement. Ma collègue à côté de moi, Agnès, faisait remarquer, puis je... c'est vrai, il a annoncé un registre déjà depuis un bon moment; toujours pas de registre, puis il l'annonce encore à nouveau. Alors, tu sais, il annonce des choses, mais il ne livre pas beaucoup la marchandise dans certains cas. Et, dans ce cas-ci, le registre est une chose. Est-ce que c'était nécessaire d'avoir une structure? Est-ce que ce n'est pas plus nécessaire d'avoir des services concrets, là, puis des examens et du dépistage plus tôt dans certains cas de cancer?
M. Chartrand (Yves): ...est à faire le ménage dans les structures, là. Là, on parle des agences de santé, des commissions scolaires, là, sans dire que vous en êtes, là, mais, je dirais, il reste quand même quelques...
Mme Marois: Bien, il y a un peu de ménage à faire, je l'ai déjà dit, puis je crois qu'il faudra en faire.
M. Chartrand (Yves): Et là on semble aller plutôt vers le contraire. C'est qu'il va y avoir une nouvelle structure administrative qui va prendre beaucoup de...
Mme Marois: Bien, on va... Je suis d'accord avec vous. Mais on va la regarder. Comment elle est... elle peut être constituée. Est-ce que ce sont des gens qui sont déjà là, qui peuvent assumer ce travail-là? Mais, si on ajoute, en sus de ce qui est déjà là, sans réorienter certaines des ressources, on peut se poser la question.
Une voix: Dernière question en français, Paul Journet.
M. Journet (Paul): Oui. Bien, le fonds pour la culture, qui semble voué à remplacer PromArt, du programme fédéral, c'est une bonne idée?
Mme Marois: Bien, écoutez, nous, on a réclamé depuis longtemps que Québec s'occupe de cet... de ce volet-là de la représentation de nos artistes à l'international. Moi, je crois cependant que M. Charest est bien mal parti sur le fait qu'il demande à Ottawa d'assumer toute la responsabilité en cette matière et que les sommes disponibles viennent avec aussi.
Une voix: En anglais, monsieur.
M. Nagata (Kai): Mme Marois, the Premier spoke for 63 minutes...
Mme Marois: Yes.
M. Nagata (Kai): What was missing from that speech?
Mme Marois: Many things. But, first of all, the majority... and a great majority of Quebeckers wants to have an inquiry about the construction industry. There's nothing about that. And the majority... and a large majority of the population wants a moratorium on the exploitation of the «gaz de schiste». There is nothing about this in the... in this speech. They are waiting about solutions and real actions on resources and natural resources. And the Prime Minister announced exactly the same as he said yesterday. There is no news in what he's presenting in his speech.
M. Nagata (Kai): Can I just ask about the English schools or English in the sixth grade? What do you think of kids spending half...
Mme Marois: You know, it's a proposal we have in our program... in our project of program. But we do not think that... will be possible for all the students because, in some cases, some students have difficulties to learn some things about history, about French or about science and that is not possible for them to go to learn English and to not be able to understand or to know their first «matière»... their first...
M. Nagata (Kai): ...subject, I guess. Ça pourrait devenir un fardeau. It could become something extra on top...
Mme Marois: Yes. That could be... become an extra for the... for these students, and maybe that... will not... good for them. So we have to... I will have to have a look on this proposal. It's not a bad idea. We have the same. But one of your «collègues»... colleagues asked this question to me one minute ago. That will not be possible to implement this measure now because technically we do not have enough of teachers. And that is not possible, I'm sure of that.
M. Dougherty (Kevin): OK. Given it's not possible, maybe... say if it was, would it be like an option? Here, you're talking about children with learning disabilities, maybe «with learning difficulties» would be a better way of putting it. So, if you did have such an intensive program, it would be for those children who wanted it, sort of thing?
Mme Marois: Yes. That could be for the children who want to have access to these programs, but we have to do the evaluation of each student because for some students that will not be possible because they have some difficulties in other sectors of the learning in the school, and that could be not a good idea for these students.
M. Dougherty (Kevin): There are some elements that may be familiar to you, like electric cars and electric transit. Where did he get these ideas?
Mme Marois: You know... But... Yes. OK. We will see. He's the Prime Minister for... He has been Prime Minister for eight years now. And we have all the electricity we have now... he had in the past, and they didn't do anything about this question. They announced a lot, but they didn't do anything. They talk about the transportation... public transportation, but they do not invest. They did not invest in public transportation an important amount. So, you know, it's always the same for him, he says something, and he does not what he said... what he's saying.
M. Nagata (Kai): A final question about Old Harry. He wants to bring down our CO2 emissions from 38 % to 32 %... our dependence on fossil fuels. He also wants an agreement with the federal Government over drilling rights in Old Harry. What do you think of their approach to petroleum?