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Conférence de presse de M. Sylvain Gaudreault, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'énergie

Bilan de la stratégie énergétique du Québec 2006-2015

Version finale

Wednesday, March 2, 2011, 10 h 30

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Dix heures trente minutes)

M. Gaudreault: Alors, bonjour à tous. Écoutez, ça me fait plaisir de vous rencontrer aujourd'hui, parce que je trouvais qu'il était extrêmement important de faire le bilan de la stratégie énergétique rendue à mi-chemin. Je veux juste vous rappeler que c'est la stratégie énergétique 2006-2015. Étant en 2011, nous en sommes donc à mi-chemin. Et j'inviterais d'ailleurs la ministre Nathalie Normandeau à faire de même, à faire le bilan de cette stratégie énergétique.
Nous avons constaté que c'est des échecs à plusieurs niveaux parce que carrément, là, les gestes posés par le gouvernement en matière d'énergie vont dans le sens contraire de ce qui est prévu dans la stratégie énergétique. Et chaque chapitre de la stratégie énergétique comporte plusieurs erreurs, voire même, pour plusieurs filières - je pense aux hydrocarbures ou à l'éolien, aux gaz de schiste - vous savez qu'on assiste présentement à une vente de nos ressources carrément pour une bouchée de pain, qui fait en sorte que le résultat, c'est le suivant, c'est que le Québec n'occupe malheureusement pas la place qu'il devra occuper comme champion mondial des énergies renouvelables. Et c'est pourquoi, rendu à ce stade-ci, après ce bilan à mi-chemin de la stratégie énergétique, j'invite le gouvernement, particulièrement la ministre Nathalie Normandeau, à dépasser la partisanerie pour réécrire, réécrire carrément la stratégie énergétique du Québec.
Je vous invite à examiner le PowerPoint qu'on va vous présenter et qui fait un survol de la stratégie énergétique 2006-2015. Et nous avons repris... évidemment, nous avons synthétisé, mais nous avons repris essentiellement, là, les objectifs énoncés dans la stratégie énergétique et nous allons vous commenter les éléments que nous trouvons les plus évocateurs, quoique vous comprenez que nous aurions pu faire un cours de 45 heures, là, sur l'évaluation à mi-chemin de la stratégie énergétique 2006-2015. Mais on va se concentrer sur les principaux éléments.
Alors, le premier objectif tel qu'énoncé dans la stratégie énergétique: renforcer la sécurité des approvisionnements en énergie du Québec et accroître les exportations d'électricité. Sur ce point, nous accordons la note D à la ministre Normandeau et au gouvernement Charest. Je veux vous donner simplement quelques exemples. D'abord, l'entente qui est signée avec le Vermont, à 0,058 $ le kilowattheure, alors que l'an passé, à peu près à pareille date, la ministre nous disait en commission parlementaire que ce ne serait jamais en bas de 0,07 $ du kilowattheure. Et je vous rappelle que le projet, le coût initial du projet de la Romaine est établi à quasiment 0,10 $ du kilowattheure. Autre élément, c'est... Non, juste pour terminer, là, sur le Vermont, ça veut dire qu'on est en train de vivre une subvention aux exportations, là, pour vendre notre énergie aux Américains.
Deuxième élément, c'est le dégel du bloc patrimonial à partir de 2014. Écoutez, là-dessus, là, dans la stratégie énergétique, le gouvernement est très, très clair en disant qu'il entend conserver l'avantage québécois en matière de tarifs d'électricité par le maintien du bloc patrimonial. Ça, c'est dans la stratégie énergétique. Et pourtant, vous le savez, l'an passé, dans le budget, le ministre Bachand a annoncé le dégel du bloc patrimonial dès 2014, une augmentation de 0,01 $ du kilowattheure jusqu'en 2018. Et on ajoute à ça, en plus d'avoir déjà contrevenu à cet engagement de la stratégie énergétique, on ajoute une hausse de 20 % des tarifs depuis 2004, alors qu'Hydro-Québec dit elle-même dans ses présentations devant la régie qu'une hausse de tarifs plus élevée que l'inflation est difficilement acceptable d'un point de vue social.

J'ajoute à cela les 150 millions par année qu'on doit verser à TransCanada Énergie pour maintenir l'éléphant blanc de la centrale au gaz de Bécancour, qui est maintenue fermée, qui est le meilleur exemple sûrement de la mauvaise planification de ce gouvernement en matière d'énergie.
Et j'ajouterais deux autres éléments qui ne sont pas du tout dans la stratégie énergétique, c'est-à-dire l'échec de la transaction avec Énergie Nouveau-Brunswick, je pense que c'est important de se le rappeler, le gouvernement avait anticipé cette transaction-là lors de l'annonce d'un achat de 4,75 milliards - alors, imaginez - et évidemment la fermeture de la raffinerie Shell, qui, d'un point de vue d'approvisionnement en énergie, affaiblit de façon importante notre sécurité, là, d'approvisionnement en produits pétroliers.

Alors, deuxième objectif de la stratégie énergétique, c'est de se servir de l'énergie comme levier de développement économique. À ce sujet-là, je me vois forcé d'accorder la note E à la ministre Normandeau et au gouvernement Charest. Alors, pourquoi? Bien, écoutez, c'est bien simple, là, c'est... Bien là, encore une fois, on a été obligés de choisir tellement qu'on avait des éléments. Mais on pourrait parler du développement anarchique de l'éolien qui fait en sorte qu'on procède carrément à l'envers dans ce dossier-là avec le processus d'appel d'offres qui fait en sorte qu'on laisse les promoteurs établir où ils veulent les projets sans aller chercher préalablement l'accord ou l'acceptabilité sociale des populations. Et évidemment il n'était pas prévu du tout dans la stratégie énergétique que plusieurs parcs éoliens passent aux mains d'entreprises étrangères, comme si on retournait, finalement, à l'époque d'avant la Révolution tranquille, avec la Florida Light & Power pour les parcs éoliens près de Murdochville, Électricité de France, qui a racheté totalement Saint-Laurent Énergies, et Enerfin, là, qui est le promoteur espagnol du projet du côté Chaudière-Appalaches.
Nous avons également mis dans ces objectifs l'échec carrément à conclure une entente au sujet d'Old Harry. La stratégie énergétique dit qu'il y aura une entente sur ce dossier-là avant le 31 décembre 2006. Alors, on est rendus en 2011, il n'y a toujours pas d'entente et nous sommes rendus à l'étape ou Terre-Neuve se prépare à autoriser des forages du côté de sa portion, là, du gisement Old Harry.

Également, dans cet objectif, j'ajoute les 36 permis d'exploration d'Hydro-Québec sur Anticosti qui ont été cédés à Pétrolia alors qu'à cet égard - la page 88 de la stratégie énergétique - on parle de faire un partenariat avec le privé. Alors, c'est tout un partenariat quand Hydro-Québec a cédé les 36 permis d'exploration à une entreprise privée, alors qu'Hydro-Québec, vous le savez, a payé les premiers efforts d'exploration 30 millions, une fois qu'on a trouvé du potentiel, bien on a cédé les permis à Pétrolia, et aujourd'hui c'est le privé qui en profite. Et je vous rappelle que Pétrolia, malgré les exigences de la ministre Normandeau, Pétrolia refuse toujours aujourd'hui de nous rendre publique l'entente qu'elle a signée avec Hydro-Québec.
J'ajoute, sur ces éléments-là, l'abandon des projets de ports méthaniers, pourtant le gouvernement invoquait l'urgence, il faut s'en souvenir, en 2007, de Rabaska et Cacouna, et le fiasco complet dans le dossier des gaz des schiste, un dossier que vous connaissez et que vous suivez très bien depuis quelques mois.
Je poursuis avec la page suivante, sur le volet de l'efficacité énergétique. Alors là, encore une fois, c'est la catastrophe. Pour ces raisons-là, nous accordons encore une fois la note E à ce gouvernement. Sur l'efficacité énergétique, écoutez, là, c'est ridicule, là. C'était pourtant un pilier important de la stratégie énergétique 2006-2015, et on s'aperçoit aujourd'hui que le gouvernement abolit sa cheville ouvrière pour l'efficacité énergétique qu'est l'Agence de l'efficacité énergétique.
Alors, en plus d'abolir l'Agence de l'efficacité énergétique, on s'aperçoit que, dans les documents, là, autour du suivi du plan d'ensemble en efficacité énergétique, au 31 mars 2009, seulement 0,1 % - 0,1 %, je le répète - de la cible pour le pétrole et autres combustibles est atteinte au 31 mars, donc, 2009. Le programme Novoclimat n'est toujours pas intégré au Code du bâtiment. Et Hydro-Québec, comme vous le savez, n'a pas pu respecter ses propres cibles d'économie d'énergie, en 2009, de 8 % puis elle a annoncé une réduction de 18 % de ses objectifs pour 2010. Nous avons également, à ce chapitre, la fin du programme Éconologis, qui était pourtant un programme très apprécié, surtout du côté des familles plus démunies ou des familles qui vivent dans des logements, et là il y a un trou dans l'application de ces mesures.
Et, l'an passé, j'avais questionné la ministre sur les autres déboursés dans les... les autres filières renouvelables d'énergie, quels déboursés qui avaient été faits par le ministère. On pense ici au solaire... On n'est pas tout à fait dans l'efficacité énergétique, mais, par rapport à la stratégie énergétique, ça se trouve dans ce grand chapitre là, c'est pour ça qu'on en parle ici. Donc, il n'y avait aucun déboursé pour le solaire, l'hydrogène, les électrotechonologies, les gazotechnologies et la biomasse, alors que la biomasse est une filière extrêmement prometteuse et importante pour l'avenir énergétique du Québec. Et juste vous dire, là, comment on est en train de prendre du recul avec cette stratégie énergétique qui accumule les échecs par-dessus les échecs, juste pour vous dire, bien, si on compare avec l'Ontario, bien l'Ontario a annoncé des investissements de 7 milliards dans le cadre d'une entente avec un consortium formé de Samsung et Korea Power Electric pour la production d'énergie renouvelable de 2 500 MW qui comprend, entre autres, un 500 MW dans le solaire. Alors, à cet égard, sur ces nouvelles filières technologiques prometteuses et pleines d'avenir, le Québec est en queue de peloton encore une fois.
Nous terminons avec le dernier objectif de la stratégie énergétique, qui est un objectif plus large, qui est celui du développement durable. Alors, à cet égard, dans la stratégie énergétique, le gouvernement disait qu'on confierait à la Régie de l'énergie la responsabilité d'évaluer la justification énergétique et économique des projets. Vous comprenez qu'encore une fois c'est une farce monumentale parce que le mandat de la régie n'a jamais été modifié dans le sens de la justification énergétique et économique des projets. Et pourtant, nous, c'est ce qu'on dit, par exemple, sur le dossier de Rabaska, vous vous souvenez de notre position, on disait; Il faut soumettre ce dossier à la Régie de l'énergie pour la justification énergétique et économique du projet. Et on sait également ce qui est arrivé avec les gaz de schiste et ce qui arrive avec les gaz de schiste, le gouvernement va de l'avant sans aucune planification, sans aucune stratégie, aucune justification énergétique et économique de ce projet-là en amont.
Et, deuxième élément, c'est la question de Gentilly-2. Écoutez, sur le dossier de Gentilly-2, vous savez que c'est une centrale nucléaire qui produit l'équivalent d'à peu près 2,4 % de l'énergie consommée au Québec, et le gouvernement a annoncé qu'il allait de l'avant avec un projet d'au-delà de 2 milliards pour la reconstruction de Gentilly-2. Nous, nous avions réclamé une commission d'enquête là-dessus... une commission parlementaire, pardon, là-dessus, et le gouvernement l'a toujours refusée. Alors, ce qu'on apprend aujourd'hui sur Gentilly-2, bien, encore une fois, c'est du cafouillage parce que présentement le chantier est complètement stoppé, avec les conséquences qu'il pourra y avoir pour le futur, avec des retards importants qui sont en train de s'accumuler sur le dossier de Gentilly-2. Et je veux juste vous rappeler là-dessus que le gouvernement... c'est-à-dire le premier ministre, à l'époque chef du Parti libéral à l'élection de 2003, avait écrit une lettre à l'effet qu'il s'opposait au développement du nucléaire au Québec. Alors, première chose qu'on s'aperçoit, c'est qu'il va de l'avant avec la reconstruction de Gentilly-2, et il y a des retards, et ceci, évidemment, contre les objectifs de développement durable de la stratégie énergétique. Alors, nous accordons, pour ce grand volet, la note D au gouvernement.
Alors, je termine en vous rappelant que, pour nous, la stratégie énergétique évidemment est un échec lamentable à tous niveaux. Et là nous vous avons fait un résumé assez rapide, mais nous aurions pu élaborer davantage sur plein d'autres sujets. Ce que je demande à la ministre, c'est de faire le même exercice que nous, de reconnaître cet échec, parce que la stratégie énergétique telle que nous la concevons maintenant est un frein pour que les Québécois soient maîtres de leurs ressources. C'est quand même une volet important, vous savez comment les ressources naturelles sont au coeur de la fierté des Québécois. Donc, c'est un frein pour que les Québécois soient maîtres de leurs ressources et, plus que ça, c'est un frein pour que les Québécois développent le leadership mondial que le Québec serait capable de développer à partir du moment où il se donne cette ambition et il se donne les moyens d'atteindre ce leadership mondial en énergies renouvelables.
Ce que je fais, c'est que je demande à la ministre de mettre de côté la partisanerie, de se situer au-dessus de la mêlée. Je l'invite à faire ça bien franchement, bien honnêtement. Et je lui demande de s'asseoir et d'inviter les Québécois à réécrire carrément la stratégie énergétique parce que visiblement, en faisant l'exercice que nous avons fait à mi-chemin de son application, là, 2006-2015, on s'aperçoit que cette stratégie énergétique n'est pas respectée, elle est obsolète et doit être réécrite au grand complet. Alors, voilà, je suis prêt à recevoir les questions.

M. Laforest (Alain): M. Gaudreault, il y a le plan Nord.

M. Gaudreault: Bien oui, mais, vous savez, j'ai deux collègues qui sont sortis hier sur cette question-là, avec le plan Nord. Et le plan Nord, bien, je ne sais pas si vous l'avez trouvé, nous, on le cherche encore. Depuis deux ans et demi, le gouvernement fait monter les enchères sur les attentes concernant le plan Nord, et nous attendons toujours les résultats et un début d'ombre de plan, et ce n'est toujours pas fait au moment où on se parle, là. Mais le plan Nord n'était pas dans la stratégie énergétique.

M. Laforest (Alain): Au-delà de dire que la stratégie énergétique est un échec, vous reprochez quoi? D'avoir vendu les ressources au privé? De...

M. Gaudreault: Bien, en fait, c'est un peu tout ce que je viens de vous dire. C'est aussi d'avoir vendu des ressources au privé pour une bouchée de pain, mais c'est aussi de faire une stratégie énergétique qui sert à peu près à n'importe quoi au gouvernement. Je veux dire, à tout bout de champ, la ministre nous dit: C'est dans la stratégie énergétique, mais finalement... Par exemple, les gaz de schiste, il n'est nullement fait mention dans la stratégie énergétique du mot «schiste» ou «gaz de schiste». Et sans compter que, par rapport aux cibles ou aux objectifs qui avaient été fixés dans la stratégie énergétique, à plusieurs égards, à plusieurs endroits, dans la plupart des cas, le gouvernement est complètement en contradiction par rapport à ses propres ambitions à l'intérieur de la stratégie énergétique.

M. Dutrisac (Robert): M. Gaudreault, vous parlez d'une entente signée avec le Vermont à 0,058 $ le kilowattheure. Ce chiffre-là, il vient d'où? Parce qu'il me semble que...

M. Gaudreault: Il vient du Vermont lui-même. Nous pourrions vous fournir éventuellement le communiqué de l'autorité publique du Vermont qui, dans un communiqué, se... était satisfait évidemment d'avoir signé cette entente, là, sur 26 ans avec le Vermont à 0,058 $ du kilowattheure.

M. Dutrisac (Robert): Mais ça, ce n'est pas... Il me semble que c'était un tarif qui pouvait varier en fonction du prix du gaz.

M. Gaudreault: Oui, mais, justement, vous savez comment le prix du gaz présentement est très bas et sera bas visiblement pour plusieurs années à venir. Alors, je pense que les Québécois ont de sérieuses questions à se poser quand nous construisons des ouvrages hydroélectriques à 0,09 $ ou à 0,10 $ du kilowattheure et que nous vendons à 0,058 $ du côté du Vermont, par exemple, si on prend cette entente.

Mme Thibeault (Josée): Est-ce qu'il y a des éléments dans la stratégie énergétique... Parce que vous dites que vous ne l'avez pas élaborée en entier, vous n'avez pas fait la critique complète. Mais est-ce qu'il y a des éléments qui quand même auraient pu recevoir un C ou un B?

M. Gaudreault: Bien, écoutez, non, moi, bien franchement, là, je ne vois pas... Et déjà on se posait la question, hier, en préparant notre travail: Est-ce qu'on doit vraiment donner D, là, plutôt que E? Mais on reconnaît à certains égards des efforts, là, de la ministre. Mais visiblement ce n'est pas suffisant. Alors, on a voulu donner un D, là, à ce moment-là, en tant que profs de bonne foi. Mais on ne peut pas aller plus haut que ça.

Mme Thibeault (Josée): Est-ce qu'il y a... Comment on dirait ça? Compte tenu du fait qu'Hydro-Québec apporte quand même du financement à la caisse de l'État, est-ce que ça, ce n'est pas un élément qui doit être pris en considération dans le fait que la stratégie énergétique peut fonctionner à certains égards? Les redevances qu'Hydro-Québec verse au gouvernement sont quand même là.

M. Gaudreault: Oui, Mais, je veux dire, ça, ça fait partie de la... - comment je pourrais dire?- du contrat social qu'on a signé depuis de nombreuses années avec Hydro-Québec. Vous comprenez qu'on n'est pas dans l'application de la stratégie énergétique. La stratégie énergétique 2006-2015 n'est plus respectée aujourd'hui, pas du tout, c'est un échec à plusieurs égards. Il y a les redevances ou l'avantage des bénéfices, là, d'Hydro-Québec, je suis bien d'accord avec vous, mais ça, c'est une chose. Mais, au-delà de ça, il faut savoir où on s'en va en matière d'énergie au Québec, et c'est pour ça que normalement on a une stratégie énergétique, mais, à ce égard-là, c'est un échec total. Alors, il peut y avoir effectivement les bénéfices d'Hydro-Québec, mais en soi... Si, demain matin, on s'assoyait ensemble puis on faisait une autre stratégie énergétique, il resterait quand même là, ces dividendes d'Hydro-Québec, là. Alors, je veux dire, ça a toujours été, ça.
La question qu'on doit se poser, c'est: Quel type de développement qu'on veut faire avec Hydro-Québec quant à l'exportation? Ça, c'est dans une stratégie énergétique. Quel type de développement qu'on veut faire avec Hydro-Québec pour le développement de nouvelles filières énergétiques et renouvelables comme la biomasse, comme l'éolien, comme la géothermie? Quelles sont les cibles qu'Hydro-Québec devrait se fixer et atteindre en termes d'efficacité énergétique? Alors, ces modalités, mais qui sont quand même très importantes en termes d'orientation et de vision qu'on doit se donner en matière énergétique, ça, c'est dans une stratégie énergétique.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Est-ce que, M. Gaudreault, la construction de la Romaine est nécessaire?

M. Gaudreault: Nous avons donné notre appui au projet de la Romaine parce que le projet de la Romaine est très important également pour le développement régional, pour la production d'énergie également, qui nous permet de faire du développement industriel chez nous - vous savez que je viens d'une région qui est très riche en production d'aluminium - et d'autant plus que cet avantage énergétique, aujourd'hui, avec l'hydroélectricité, est encore plus intéressant parce que c'est une énergie verte et renouvelable qui est très intéressante pour des entreprises qui peuvent vouloir s'établir dans des régions.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Compte tenu des surplus qu'on aura en hydroélectricité, et compte tenu du faible prix justement de l'électricité vendue au Vermont, est-ce que ce n'est pas un pari dangereux que de croire que ça sera rentabilisé un jour?

M. Gaudreault: Par l'exportation. C'est ce que je voulais continuer de vous dire. C'est que la stratégie très claire du gouvernement Charest, et c'est ce que nous déplorons via la stratégie énergétique, c'est de favoriser l'exportation à tout prix malgré les baisses évidentes de bénéfices reliés à l'exportation, alors que, nous, nous disons: Avant d'exporter, faisons du développement chez nous. On n'exportera pas nos jobs, on va faire du développement chez nous, du développement économique dans nos régions. Puis, évidemment, pour ce qui est des projets à venir - parce que vous savez que, dans ses cartons, le gouvernement a Petit-Mécatina, Magpie - évidemment, là, ça, ça pose de très sérieuses questions. Puis, nous, on dit: Attendons un peu, là, avant d'aller de l'avant là-dedans, considérant ce qu'on sait sur les prix, les prix à la vente, là, sur les marchés étrangers.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Vous avez évoqué le dossier Rabaska. Compte tenu du fait que ça ne se réalise pas, là, en tout cas il y a un gros point d'interrogation sur ce projet-là, est-ce que, compte tenu de l'incertitude qui plane sur la tête des populations environnantes, est-ce que vous demandez au gouvernement du Québec d'annoncer que finalement ce projet-là ne se réalisera pas et qu'on rezone le grand territoire agricole qui a été dézoné?

M. Gaudreault: Bien, évidemment, ce qui est absolument déplorable dans ce dossier-là, c'est que le gouvernement a invoqué l'urgence, en 2007, pour contourner les normes réglementaires entourant l'autorisation de ce projet-là, et il y avait également... Nous, on a toujours réclamé d'aller chercher une justification ou une analyse d'un point de vue énergétique par la Régie de l'énergie. Alors, vous comprenez que, pour des citoyens, c'est absolument insultant de se faire tasser carrément ou de se faire mettre une épée de Damoclès sur la tête, soi-disant pour des raisons d'urgence, et on est rendus quatre ans plus tard, puis le projet est stagnant. Alors, effectivement, je pense qu'il faut rétablir les choses pour les citoyens qui présentement sont en train de perdre de la valeur sur leurs propriétés ou sur leurs investissements.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Les rétablir comment? Est-ce que vous demandez au gouvernement de dire: Bon, ce projet-là est carrément mis de côté, et on rezone le territoire, et on conforte les citoyens? Est-ce que c'est ça que vous demandez?

M. Gaudreault: Bien, moi, ce que je demande au gouvernement, c'est de dire où on s'en va avec ce projet-là et de dire est-ce qu'il veut continuer de le mettre de l'avant ou est-ce qu'il veut le mettre complètement de côté justement, revenir à un zonage approprié, là, pour les citoyens. Mais présentement on n'a pas ça. Alors, cette responsabilité est entre les mains du gouvernement. Pendant ce temps-là, nous avons des citoyens qui ont une épée de Damoclès sur la tête, qui perdent de la valeur sur leurs maisons. Alors, nous, on veut savoir de la part du gouvernement où il s'en va avec ce projet de port méthanier et de quelle manière, aujourd'hui, il est capable de nous le justifier d'un point de vue énergétique quand, depuis 2007, il s'est lancé tête première dans les gaz de schiste, avec les problèmes que l'on connaît aussi sur cette filière.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Oui, mais vous le qualifiez vous-même d'échec. Alors, si c'est un échec, vous devriez être en mesure de vous positionner. Est-ce que vous désirez, au Parti québécois, que ce projet-là soit officiellement écarté et qu'on redonne confiance aux citoyens?

M. Gaudreault: Je pense qu'aujourd'hui, avec tout ce qu'on a comme éléments sur l'énergie au Québec, avec les gaz de schiste, avec ce que je viens de vous dire sur l'ensemble de la stratégie énergétique, ce projet de port méthanier à Rabaska est effectivement difficilement justifiable. Et maintenant c'est au gouvernement de nous dire ce qu'il veut faire, lui, de son côté.

M. Plouffe (Robert): Sur un autre sujet peut-être? Il y en a un qui dépense beaucoup d'énergie pour revenir sur la scène politique, c'est M. Legault. Voulez-vous me dire si... votre stratégie face à l'arrivée de M. Legault? Est-ce que vous avez l'intention, au PQ, de le démoniser ou de l'ignorer complètement? Vous penchez vers quoi, vous?

M. Gaudreault: Bien, écoutez, d'abord, il faudrait qu'on ait un petit peu plus de chair autour de l'os, là, par rapport à ce que M. Legault nous a annoncé. Je pense que vous avez eu les déclarations de mon chef et d'autres intervenants de mon parti sur les sorties de M. Legault. Moi, ce que je peux vous dire, c'est que, sur le fond des choses, je ne comprends pas qu'il n'ait pas fait mention, d'aucune manière, du dossier énergétique du Québec. On est ici pour parler d'énergie, là. Vous m'emmenez sur le terrain de M. Legault, je suis prêt à y aller, mais je vais consentir avec vous qu'on l'amène sur l'angle de l'énergie. Et je ne comprends pas que quelqu'un qui prétend revenir dans l'espace public avec un discours de création de richesse ne fasse aucunement mention, dans son document de huit pages, là, de l'énergie au Québec et de tout le potentiel que recèlent les énergies, particulièrement renouvelables, au Québec.

M. Plouffe (Robert): En ce sens-là, quand même, pour vous, la stratégie la meilleure, est-ce que c'est justement... Donc, ce que vous nous dites, c'est qu'il ne sera pas épeurant s'il ne traite pas des sujets qui sont bons pour le Québec. C'est ça? Est-ce qu'il vous... Est-ce que vous le craignez? Le craignez-vous? Est-ce que votre stratégie, au PQ, c'est de l'ignorer ou bien de le démoniser un peu?

M. Gaudreault: Bien, c'est carrément de continuer et de poursuivre le travail que nous faisons, c'est-à-dire de... Nous avons la conviction que nous avons le meilleur plan puis le meilleur projet pour le Québec, puis on va toujours le défendre, puis on va être prêts à défendre... à débattre avec lui comme avec n'importe quel autre.
Mais ce que je constate, c'est que, depuis qu'il a lancé son document, ça ne lève pas beaucoup, là. En tout cas, moi, je peux vous dire, là, j'arrive de quelques jours, évidemment, dans ma circonscription, comme plusieurs autres, et tous les gens que j'ai rencontrés me disent que c'est de la poudre aux yeux, que, son document, finalement, il avait créé des attentes à ce niveau-là puis que, finalement, il arrive avec quelque chose qui est à ce niveau-là. Donc, moi, je vous dirais, en ce qui me concerne, par rapport à mes convictions, à mon action politique, je continue mon travail puis à aller de l'avant puis je suis prêt à débattre n'importe quand avec François Legault des questions qui sont sur la table. Et surtout j'aimerais discuter avec lui des questions énergétiques.

M. Plouffe (Robert): Vous attendez-vous à l'affronter à la prochaine élection, M. Gaudreault?

M. Gaudreault: Je ne pense pas qu'il soit candidat dans Jonquière.

M. Plouffe (Robert): Je veux dire, le PQ face à son parti, à un éventuel parti?

M. Gaudreault: On n'est pas rendus là. Moi, regardez, si je regarde, avec la situation depuis qu'il a fait cette annonce, là, je n'ai pas senti qu'il y avait eu un mouvement incroyable derrière lui.

(Fin à 10 h 57)

 

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