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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Tuesday, April 5, 2011, 15 h 57

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures cinquante-huit minutes)

M. Khadir: Alors, bonjour, tout le monde, merci de votre présence. J'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui à l'Assemblée nationale, à la Tribune de la presse, ma collègue Émilie Guimond-Bélanger, ma jeune collègue, qui actuellement a la fonction de porte-parole féminine de Québec solidaire. Le Conseil supérieur de la langue française du Québec vient de déposer son rapport, ses recommandations sur la langue d'enseignement au cégep. Alors, j'invite Émilie à nous entretenir sur notre réaction.

Mme Guimond-Bélanger (Émilie): Donc, bien, bonjour, tout le monde, ça me fait plaisir d'être avec vous aujourd'hui. Alors, ce qu'on réalise tout d'abord, c'est que la langue française, au Québec, elle est menacée. Donc, à Québec solidaire, c'est quelque chose qu'on prend... qu'on tient à coeur, c'est-à-dire que c'est un enjeu qu'on considère important. Et donc on voit qu'il y a plusieurs défis à relever pour que le français prospère, et particulièrement à Montréal, où l'équilibre linguistique est plus précaire.
On ne peut donc pas rester inactifs devant cette question-là, mais, ce qu'on croit, c'est qu'étendre l'application de la loi 101 aux cégeps, ce n'est pas nécessairement essentiel pour améliorer la situation. On peut penser à d'autres enjeux, comme par exemple la situation du français au travail, l'intégration des nouveaux arrivants, qui sont pour nous inquiétants et dont on se préoccupe fortement.
Donc, en réaction à l'avis du conseil, on est pour le maintien du libre choix de la langue d'enseignement au cégep et donc on accueille favorablement les recommandations du conseil qui vont dans le sens d'un renforcement de la langue française au Québec. Donc, pour...

M. Khadir: Moi, je voudrais inviter tous ceux qui nous écoutent à regarder avec intérêt un film documentaire qui vient d'être produit par un jeune cinéaste québécois, qui brosse un portrait de Gérald Godin. Gérald Godin, élu en 1976, poète québécois qui a, donc, gagné la circonscription de Mercier, dont le député était alors le premier ministre du Québec, Robert Bourassa, a connu une longue carrière de politicien dans la défense... à la fois dans la défense, l'illustration, la célébration de la langue française mais aussi dans l'intégration des immigrants. Il a même agi à titre de ministre de l'Immigration. Et, dans le film, il a des propos excessivement lumineux sur ce qui est la clé de la survie du français et de son maintien au Québec. Gérald Godin, à juste titre, fait mention que, dans tout ça, ce qui est essentiel si on veut maintenir le français et lutter contre l'anglicisation rampante qu'on observe dans certains secteurs, par exemple, de la région métropolitaine, bien c'est le travail, c'est encore et toujours le travail. C'était le cas il y a 40 ans, c'était le cas il y a 20 ans lorsque Gérald Godin tenait ces propos, c'est encore le cas aujourd'hui.
Québec solidaire, donc, revient encore une fois sur l'importance de faire en sorte que, dans les milieux de travail, ça soit le message, la perception prévalant aussi pour les immigrants: la langue qui compte, ce n'est pas l'anglais, c'est le français. Mais, pour ça, ce n'est pas la responsabilité de l'immigrant, et il ne faut surtout pas porter le poids du recul, dans certains milieux, du français sur le dos des jeunes Néo-Québécois qui sont pourtant allés à l'école française au primaire et au secondaire. Il est d'autant plus important pour Québec solidaire de faire ça que nous pensons que, lorsqu'il est possible, il faut plutôt prendre des mesures collectives pour prendre nos responsabilités collectivement plutôt que de limiter les droits individuels.

M. Dutrisac (Robert): Bon. Le Parti québécois notamment a une position différente de la vôtre. Il s'appuie sur certaines études, notamment des études qui font un lien entre le fait de fréquenter le cégep en anglais... Et ça, on sait que c'est un choix qui mène souvent, et le plus souvent, à l'université en anglais, que ça amène ces gens-là, dans une forte proportion, à travailler en anglais ou privilégier l'anglais au travail. Vous...

M. Khadir: C'est un phénomène qui est secondaire par rapport à un autre phénomène beaucoup plus important. La cristallisation des jeunes issus de l'immigration, des Néo-Québécois, la cristallisation de la langue qui va devenir leur principale langue de socialisation ne se déroule pas au cégep. Le choix du cégep est un symptôme. La cause, c'est ce qui s'est passé sur le plan culturel dans la société et surtout dans le contact culturel avec la société québécoise.
Or, comment ça se trouve? Comment ça se fait? La réalité que, moi, j'observe, que moi-même, un citoyen québécois issu de l'immigration qui a vécu pendant des années, au cours des années 2000, dans l'Ouest de l'île de Montréal... cette cristallisation s'opère au secondaire, pourtant au moment où ces jeunes immigrants vont à l'école francophone. Pourquoi? Parce qu'à la maison d'abord leurs parents, qui travaillent, dans leurs milieux de travail, en anglais, leur envoient constamment le message que l'essentiel, dans le fond, dans le milieu de travail, là où ça compte, c'est en anglais. Et, en plus, leur parents, étant socialisés en anglais à cause du milieu de travail, syntonisent la télé anglophone, achètent le journal anglophone. Le processus, disons, de socialisation culturelle de ces familles-là se déroule en anglais.
Alors, une fois terminé la langue française, vous allez... Consultez-en quelques-uns, vous allez voir, c'est... D'ailleurs, il y a des études qui démontrent... qui les ont questionnés. Pourquoi leur choix? Premier élément de leur choix: c'est parce qu'ils savent que ça va être plus facile pour eux parce que la langue qu'ils maîtrisent le mieux, malgré le fait qu'ils sont allés à l'école française, c'est l'anglais. Deuxièmement, c'est parce qu'ils savent que, pour les meilleures jobs, pour l'ascension professionnelle, l'anglais est tout aussi important. Alors, ils se disent: Comme je connais déjà le français et que l'anglais est supérieur socialement dans le contexte nord-américain... C'est le choix qu'ils font.
Donc, si on se trompe de cible, si on veut protéger le français puis on pense avoir résolu quelque chose en étendant l'application de la loi 101 au cégep, cinq ans, 10 ans plus tard, on va se réveiller, on n'aura rien accompli, puis on aura limité des droits individuels pour rien, puis surtout on aura pris du retard sur ce qu'il est essentiel de faire.

M. Dutrisac (Robert): Maintenant, il y a les francophones aussi. Parce qu'il y a les francophones qui décident en plus grand nombre qu'avant de fréquenter le cégep en anglais. On dit: Il y a à peu près 6 %, 7 %, à l'heure actuelle, de francophones qui ont suivi leurs cours, donc, en français qui vont au cégep en anglais.

M. Khadir: M. Dutrisac, à ma connaissance, en pourcentage, c'est stable.

M. Dutrisac (Robert): Il y a une légère augmentation.

M. Khadir: Une légère... Je ne pense pas que ce soit significatif, à mon humble avis. Encore là, encore là, les francophones ne sont pas imperméables à ces réalités que je vous annonce... que je vous ai énoncées, c'est-à-dire, à l'autre dimension, c'est-à-dire le fait qu'en l'absence d'une volonté politique déterminée l'anglais est encore prépondérant malheureusement dans bien des milieux du travail, même dans des entreprises québécoises prestigieuses que la mamelle de l'État a nourries depuis des décennies, hein? Allez chez Bombardier, parlez à des ingénieurs de Bombardier. Aux étages supérieurs des échelons décisionnels, bien ça se passe en anglais, M. Dutrisac. Alors, comment voulez-vous, donc, que bien des gens fassent d'autres choix si, par ailleurs, tous les messages qui leur sont envoyés, c'est que, pour réussir, l'anglais est primordial même au Québec?

M. Dutrisac (Robert): Maintenant, on sait qu'à l'heure actuelle il y a une forte demande d'admission au cégep anglais dans la région de Montréal, beaucoup plus forte que dans les cégeps français. C'est souvent de plus petits cégeps aussi, on comprendra. Mais il reste que, bon, il y a beaucoup de gens qui sont refusés, il y a beaucoup de gens qui veulent aller au cégep anglais et qui n'y parviennent pas, faute de places.
Est-ce que vous croyez que le gouvernement, pour favoriser justement, pour rendre possible ce libre-choix qui serait maintenu, doit investir pour augmenter le nombre de places dans les cégeps anglais?

M. Khadir: M. Dutrisac, le 12 avril prochain, nous avons une série de mesures que nous allons annoncer qui est l'approche Québec solidaire pour favoriser le français et pour protéger la langue française, comme Émilie l'a mentionné. Il faut faire une série de choses. Dans cette série de choses, il y a des décisions qui touchent le milieu de l'enseignement, mais il y a des choses qui touchent aussi l'ensemble de la société, y compris dans le secteur culturel. Donc, si vous permettez, on va prendre ça en délibéré puis on vous reviendra le 12 avril.
Merci.

(Fin à 16 h 6)

 

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