(Quinze heures cinquante-cinq minutes)
M. Bolduc: Écoutez, merci d'être ici présents. Je pense que pour aujourd'hui, pour notre système de santé, c'est un grand jour. Comme vous voyez, nous sommes quatre personnes en avant, c'est parce que c'est un dossier qui comporte du travail de toute une équipe de plusieurs intervenants. Et aujourd'hui j'ai eu le plaisir de déposer le projet de loi qui va permettre aux pharmaciens de poser plus d'actes dans le réseau de la santé, qui va permettre également aux pharmaciens d'utiliser leurs compétences au meilleur de leurs connaissances.
Et je voudrais remercier d'abord les deux ordres professionnels qui ont travaillé d'arrache-pied. Les gens nous disent: C'est un dossier que ça fait longtemps qu'on en parle, mais c'est un dossier extrêmement complexe qui implique deux ordres professionnels de haute compétence, et les deux ordres, au cours de la dernière année et demie, se sont réunis à plusieurs pour arriver à une entente. Puis ça, pour moi, c'est un élément important, parce qu'au début il était question entre trois et cinq actes qui pouvaient être disponibles, et, à la fin, on est capables d'avoir les cinq actes avec des modalités que les deux ordres acceptent.
Également, je voudrais féliciter l'Office des professions, parce que c'est un dossier qui est géré par l'Office des professions lorsqu'on arrive pour avoir des nouveaux actes qui sont accordés à des professionnels, et, là-dessus, l'Office des professions a joué un rôle primordial, et je tiens à souligner le beau travail qu'ils ont fait. Et également le travail avec Jean-Marc Fournier, qui est le ministre de la Justice, parce que les ordres professionnels relèvent du ministre de la Justice.
Alors, aujourd'hui, ce que j'ai déposé dans le projet de loi, dans l'espoir que ça soit adopté le plus rapidement possible, avec la collaboration de l'opposition, ça nous amène à ajouter cinq actes qui vont être faits par les pharmaciens.
Le premier, c'est la prolongation d'une ordonnance pour une période déterminée, ce qui veut dire qu'actuellement, lorsque votre prescription est terminée, vous devez revoir le médecin, et, pour ça, il faut prendre un rendez-vous, donc il y a des délais. Le pharmacien va pouvoir prolonger la prescription, la même durée que la prescription initiale.
Le deuxième, c'est l'ajustement d'une ordonnance, puis ça, je vais laisser Diane Lamarre en parler tantôt, qui est un élément également majeur.
Le troisième, c'est l'administration des médicaments afin d'en démontrer l'usage approprié.
Le quatrième, c'est la prescription de certains médicaments quand le diagnostic n'est pas requis.
Et je vais laisser les ordres professionnels expliquer en quoi ça consiste, parce que toutes les discussions ont beaucoup porté sur ce sujet, et également, un élément important, c'est la prescription et l'interprétation d'analyses de laboratoire pour pharmaciens exerçant dans un centre exploité par un établissement de santé. Ça, c'est ce qui fait partie du projet de loi, mais il y a une autre façon dans laquelle on va rendre disponibles les analyses de laboratoire pour les pharmaciens des pharmacies communautaires. Donc, ce n'est pas parce qu'on l'a mis comme ça dans la loi, mais il y avait une autre façon qu'il fallait le faire, encore là, je vais demander à nos experts de vous expliquer en quoi ça consiste.
Mon dernier mot, bien, je suis content, c'est pour les citoyens du Québec. Ça fait longtemps qu'on attendait ce projet de loi, ces modifications législatives. Et le grand gagnant, ce ne sont pas les professionnels, c'est les citoyens du Québec qui vont avoir un meilleur service de la part de leurs professionnels, une meilleure utilisation de chaque catégorie de professionnels, et on va utiliser les compétences des professionnels à leur juste valeur. Et encore là, mon dernier, dernier mot, félicitations aux deux ordres professionnels et à l'Office des professions. Vous avez fait un travail strictement extraordinaire, et tous les Québécois vous remercient pour ce beau moment qu'on va passer aujourd'hui. Merci beaucoup.
Mme Lamarre (Diane): Alors, d'entrée de jeu, j'ai envie de vous dire merci. Merci, comme vient de le dire notre ministre, au nom des Québécois qui, après l'adoption de ce projet de loi, pourront bénéficier d'une collaboration médecins-pharmaciens exceptionnelle. Merci, parce que les pharmaciens auront dorénavant les outils pour mieux aider et pour mieux soigner. Grâce à la collaboration unique et, j'oserais dire, sans précédent du Collège des médecins, nous avons su créer une véritable alliance. Nous avons atteint notre objectif de donner un meilleur accès aux patients et d'assurer un suivi plus étroit de leur santé, et ce, dans le respect de l'expertise de chacun.
Nous avons été responsables. Je dois dire que notre rôle de protection du public a pris tout son sens et a transcendé tout le reste. Dr Bernard, je salue votre travail. Sous la pulsion de l'Ordre des pharmaciens du Québec, dans les prochains mois, des Québécois pourront voir leurs ordonnances être renouvelées sans être obligés de retourner systématiquement à la salle d'attente des cliniques sans rendez-vous lorsqu'ils n'ont plus de renouvellement. La charge administrative des médecins, les piles de télécopies qui s'accumulent pour des renouvellements simples diminueront enfin.
Des mères et des pères de famille n'attendront plus pour faire ajuster la dose d'un antibiotique pour leurs enfants le vendredi soir. Le pharmacien pourra ajuster en fonction du poids de l'enfant, par exemple. Les personnes âgées seront rassurées quand leur pharmacien pourra enfin les aider à administrer, que ce soit des gouttes dans les yeux, que ce soit leur première dose d'insuline pour qu'ils puissent ensuite poursuivre à la maison. Les femmes enceintes prises de nausées et de vomissements pourront dorénavant recevoir le médicament directement de leur pharmacien dès les premiers mois de la grossesse. Les patients verront leurs médicaments ajustés grâce aux tests de laboratoire que les pharmaciens, tant en hôpital, par la modification législative dont le ministre a parlé aujourd'hui, qu'en pharmacie privée par le biais de la Loi médicale, donc l'article 19b de la Loi médicale, qui permet de déléguer ces activités. Donc, il a été convenu entre les deux ordres que les pharmaciens d'officine pourront aussi, par le biais de ce règlement 19b, procéder à la demande de certains tests de laboratoire.
Donc, par ailleurs, les bonnes nouvelles pour les patients ne s'arrêtent pas là. En plus des modifications à la loi qui ont été présentées cet après-midi, l'Ordre des pharmaciens et le Collège des médecins ont convenu que les patients ayant déjà eu un diagnostic par le médecin pour une condition simple pourront recevoir leur traitement directement du pharmacien. Ainsi, j'ai confiance que sous peu les Québécois ne manqueront plus une journée de travail en raison de leurs allergies saisonnières ou d'un feu sauvage.
Aujourd'hui, j'ai une pensée toute particulière pour mes patients que j'ai si souvent voulu aider. Maintenant, je pourrai faire plus, mais surtout, je pourrai faire mieux. Permettez-moi enfin de saluer le leadership et l'ouverture du ministre de la Santé, M. Yves Bolduc. Dr Bolduc, M. le ministre, sans vos encouragements soutenus, sans votre volonté ferme et claire d'améliorer l'accès aux soins de santé de première ligne, nous ne serions pas ici aujourd'hui pour dire aux Québécois que nous les avons entendus et qu'ensemble nous avons agi.
M. Bernard (Charles): Bon après-midi à tous, M. le ministre, Mme la présidente de l'Ordre des pharmaciens, M. le président de l'Office des professions. Alors, moi aussi, je suis heureux d'être présent cet après-midi à l'Assemblée nationale du Québec pour souligner mais surtout pour témoigner de la collaboration qui a permis ce dépôt du projet de loi qui s'intitule n° 41. Alors, le Collège des médecins a toujours placé le patient au coeur de ses préoccupations, et cette initiative aujourd'hui l'illustre particulièrement. Nous remercions l'Ordre des pharmaciens pour le travail accompli, mais spécialement notre comité mixte de l'Ordre des pharmaciens et Collège des médecins qui ont fait preuve de créativité et d'ouverture. Le Collège des médecins est un pionnier dans la collaboration interprofessionnelle.
Comme nous l'avons fait avec les infirmières et plus récemment avec les techniciens ambulanciers en soins avancés, nous avons travaillé avec sérieux et diligence avec les pharmaciens, et vous pouvez en constater les résultats aujourd'hui. On ne peut que se réjouir des efforts concrets et des décisions significatives qui sont réalisées pour améliorer l'accès et la continuité des soins pour les patients du Québec.
Encore une fois, un grand merci à tous les collaborateurs qui ont mis l'épaule à la roue dans ce dossier. Et je peux vous assurer que le Collège des médecins du Québec poursuivra son travail afin d'assurer aux patients du Québec accès et soins de qualité.
M. Dutrisac (Jean Paul): Alors, écoutez, moi, comme président...
Une voix: ...
M. Dutrisac (Jean Paul): Jean Paul Dutrisac, président de l'Office des professions du Québec. Alors, écoutez, je voudrais ici témoigner du travail important, de la collaboration qui s'est établie entre le Collège des médecins et l'Ordre des pharmaciens pour en arriver à la présentation du projet de loi qui a été déposé aujourd'hui à l'Assemblée nationale. J'ai pu voir l'importance que les deux ordres professionnels ont mise dans ce travail de collaboration. Et tout ca, évidemment, avec un objectif, qui est l'objectif ultime de protection du public et d'accès aux soins de santé, aux services pour la population. Alors, merci aux deux ordres professionnels.
Une voix: Je pense qu'il va y avoir des questions.
Journaliste: Oui. M. Bolduc, est-ce que c'est un début? Est-ce qu'on va voir beaucoup d'autres... Est-ce que les pharmaciens pourront étendre leur capacité de prescrire? Est-ce que les infirmières vont en faire plus? Est-ce qu'on s'en va vers un système plus ouvert?
M. Bolduc: La réponse, c'est oui, parce que, comme disait Dr Bernard, exemple, au niveau des techniciens ambulanciers, on a ouvert sur certains actes, et également, aujourd'hui, ce qu'on a déposé, c'est un projet de loi qui est un cadre législatif qui va nous permettre, par des règlements, de pouvoir ajuster au fur et à mesure du développement des connaissances et puis du partage des actes. Donc, la réponse est un oui franc. Les sciences de la santé, au Québec, hein, c'est un champ très, très large de pratique. Nos professionnels sont très bien formés. Et chacun des professionnels a une grande charge de travail. Donc, ça va nous permettre de bien la répartir, tout en respectant par contre les compétences à l'intérieur de chacune des professions.
Et là je mets un bémol. Ce n'est pas vrai que tout le monde peut faire n'importe quoi dans le rôle de protection du public, hein? Il y a une question. Mais, lorsque les gens sont bien formés, que c'est dans leurs champs de compétence, à ce moment-là, oui, il peut y avoir un partage des actes qui peut être différent, qui va évoluer dans le temps comme notre société est évolutive, comme d'ailleurs la médecine, la pharmacie, les sciences infirmières, la nutrition, c'est évolutif dans le temps.
Journaliste: Une question pour M. Bernard, vous quand même la réputation de garder vos pouvoirs très, très proches, vous n'avez pas la réputation de vouloir...
M. Bernard (Charles): Est-ce que vous parlez du collège ou de moi?
Journaliste: Du collège. Oui, du collège. Alors, j'aimerais savoir qu'est-ce que vous pensez de cette nouvelle approche? Est-ce que les médecins sont prêts à laisser aller une bonne partie de leur souveraineté?
M. Bernard (Charles): Écoutez, ce n'est pas laisser aller une partie de notre souveraineté. On partage puis on travaille ensemble. Écoutez, ce n'est pas le premier exemple que vous avez ici, avec les pharmaciens, on évolue, et les pharmaciens en sont un exemple. Mais je vous ai nommé deux cas, mais on pourrait parler aussi des techniciens médicaux, on pourrait parler des techniciens en électrophysiologie, on pourrait parler des ergothérapeutes. Je vous pourrais vous faire une longue liste, depuis plusieurs années, où le Collège des médecins a habilité des gens, j'ai bien dit habilité des gens, à poser certains actes.
Dans le cas des pharmaciens, comme a dit le ministre de la Santé, on a ici un projet de loi qui donne un cadre. Et le travail, je l'ai bien dit tantôt, ne fait que commencer. Alors, on a des experts qui vont s'asseoir ensemble et qui vont faire des règlements pour essayer d'assurer une amélioration de l'accès aux médicaments pour les patients. Alors là, il y a quelques articles de base, mais il y a un mémoire qui accompagne ça, et on va faire d'autres discussions dans un avenir très prochain. Ça répond à votre question?
Journaliste: Dr Bernard... Non, restez là, restez là.
M. Bernard (Charles): Oui, excusez.
Journaliste: Parce que je partage pas mal l'opinion de ma consoeur, c'est-à-dire que vous avez habituellement des chasses gardées, les médecins. D'ailleurs, vous vous êtes assurés qu'on ne... qu'il n'y ait pas d'ordonnance - attendez un petit peu - qu'on ne puisse pas faire de prescription sans qu'il y ait un diagnostic. C'est ce que vous...
M. Bernard (Charles): Mais, ça, monsieur...
Journaliste: Je pense que les pharmaciens l'avaient quand même demandé, là.
M. Bernard (Charles): Je pense que non, les pharmaciens n'ont pas demandé ça, là. Vous avez mal compris leurs demandes. Pour faire un diagnostic, il faut avoir une formation, il faut être habilité à le faire. Alors, le cours de médecine vous donne accès à la formation nécessaire pour poser un diagnostic, c'est-à-dire de faire une évaluation, faire un questionnaire, faire des examens. À ce que je sache, les pharmaciens n'ont pas encore cette formation-là. Ils sont capables de gérer la médication, ils sont capables de renouveler des médicaments, ils sont capables d'administrer des conseils dans certaines conditions, et, ici, on s'est entendu, dans un premier temps, pour des conditions de santé publique où un diagnostic n'est pas élaboré.
Mais il faut comprendre, et puis je pense que les patients l'exigent aussi, que pour avoir un diagnostic, il faut avoir une évaluation assez complète. On ne peut pas, juste sur la foi d'un autodiagnostic, traiter quelqu'un. Si vous avez quelqu'un qui a une pathologie de néoplasie, il faut toujours bien faire une investigation avant de le traiter. Alors, quand on parle de conditions mineures, c'est là qu'on peut discuter, et le collège est bien ouvert, dans les conditions qui sont des conditions de santé publique, les pharmaciens, avec le projet, s'il est accepté, seront habilités à le faire. Et on vient de vous dire que dans d'autres conditions, comme a dit Mme Lamarre, il y a une discussion qui va être faite entre l'Ordre des pharmaciens et le Collège des médecins pour des questions probablement qui ont déjà été diagnostiquées.
Journaliste: Mme Lamarre, je pourrais vous poser sensiblement la même question: auriez-vous pu réclamer un peu plus d'activités?
Mme Lamarre (Diane): Depuis le début, l'Ordre des pharmaciens a toujours affirmé qu'on ne voulait pas faire de diagnostic. Ce qu'on voulait, par contre, c'était clairement améliorer l'accès de la population à différents services. Ce qu'on a trouvé comme mode, et je pense que c'est vraiment gagnant pour tous, c'est un système où, dans la modification législative, pour des conditions qui ne nécessitent pas un diagnostic, par exemple, des conditions de santé mineures, hein... On parle de nausées, vomissements durant la grossesse, on parle de cessation tabagique, on parle de prévention de la diarrhée des voyageurs pour les gens qui vont partir en voyage. Ce sont toutes des situations qui occupent beaucoup, beaucoup, à ce moment-ci, et qui retardent les patients par rapport à l'accès à des soins. Et ça, on va pouvoir déjà le faire, c'est convenu dans la modification législative.
Parallèlement à ça, et Dr Bernard pourra en témoigner parce qu'on a déjà un agenda de réunions et de comités qui sont prévus pour travailler là-dessus, on a, pour les conditions qu'on sait qui sont, par contre, par ailleurs, très attendues par la population, celles dont je vous ai parlé: le feu sauvage, la rhinite allergique. Ces situations-là, il faut respecter le fait que le pharmacien n'a pas la formation pour le diagnostic, mais pour quand même bien comprendre que le pharmacien a la formation pour identifier des signes et symptômes. Eh bien, lorsque le patient aura eu une fois un ordonnance, il pourra y avoir accès... il pourra avoir accès, par des modalités qu'on va déterminer, à cette médication qui lui aura déjà été prescrite et donc n'aura pas nécessairement, systématiquement à revoir son médecin.
Mais ça fait partie des travaux sur lesquels on travaille conjointement et on a déjà cerné un certain nombre de conditions qui représentent ces conditions qu'on dit «mineures», problèmes de santé mineurs, dans un contexte où il y aurait, donc, une première fois, un diagnostic qui aurait été posé, un choix de traitement, et le pharmacien pourra réactiver cette ordonnance-là six mois, un an, deux ans plus tard, par exemple.
Journaliste: Dr Bolduc a dit que c'était pour les patients surtout. Avez-vous l'impression que vous allez faciliter la vie, dire même, à la limite, désengorger un peu les cabinets de médecin ou les urgences?
Mme Lamarre (Diane): Absolument. À ce niveau-là, c'est certain. Écoutez, la prolongation des ordonnances est, en soi, un problème majeur, et on pense que, par l'accès à une prolongation de quelques mois, on va justement libérer un certain nombre de consultations hebdomadaires pour... que les médecins devaient réserver ou du temps à gérer, dans le fond, ces photocopies qu'on envoyait, ces renouvellements systématiques d'ordonnances.
Donc, on est convaincus qu'il va y avoir des éléments importants à ce niveau-là. En fait, il y avait deux sur les cinq activités qui amélioraient l'accès: la prolongation et l'intervention sur des conditions mineures ou des conditions de santé publique comme celles qu'on a obtenues par la modification législative. Donc, dans la modification législative. Donc, dans la modification législative, conditions de santé publique et, dans la modalité qui est le règlement de la loi médicale, qui découle de la loi médicale, le règlement 19b, des situations où on aura convenu un certain nombre d'éléments.
Il y a également un troisième volet où on prévoit, avec des ordonnances collectives, de pouvoir permettre des collaborations, cette fois-ci, médecins, infirmières et pharmaciens.
Journaliste: ...sur les pouvoirs de prescription, qu'est-ce que vous n'avez pas eu? Je pense qu'il y avait l'infection urinaire. Il y avait des choses qui avaient... Vous étiez plus... Vous demandiez plus que ce que vous avez obtenu finalement?
Mme Lamarre (Diane): En fait, si on regarde l'ensemble des conditions de prévention, là, les conditions, on a quelque chose comme autour de huit conditions qui ont fait l'objet d'échanges au sein des comités. Et, dans la deuxième partie, qui est la partie par le règlement 19b, on a déjà aussi statué sur une dizaine de conditions. Alors, on parle de 18 conditions où les pharmaciens vont pouvoir intervenir de façon beaucoup plus directe.
Journaliste: ...combien au début, là, sur le thème prescription?
Mme Lamarre (Diane): Au tout début, il y en avait 29 dans la toute première liste, mais je vous dirais qu'il y a des choses dans ça qui peuvent se recouper. Et on considère quand même qu'avec 18, qui sont significatives, là, dans celles qui ont été choisies, qui ont été retenues, ce sont celles qui vont rejoindre un grand nombre de patients. Quand on parle d'allergie saisonnière, c'en est une.
Journaliste: La liste du début, vous aviez infections urinaires...
Mme Lamarre (Diane): Infections urinaires fait partie...
Journaliste: ...mais ça va prendre un diagnostic.
Mme Lamarre (Diane): Un premier traitement fait partie... donc, une première infection urinaire qui aura été diagnostiquée par un médecin, si la patiente se représente, selon certaines conditions, six mois plus tard, elle pourrait être éligible pour avoir son traitement. Je voudrais juste vous dire que, par contre, pour ne pas que les gens partent tout de suite, il faut bien comprendre que là on est... c'est la modification législative qui est adoptée aujourd'hui, il y a des règlements. On espère que ça va se faire rapidement, et il y a une intensité dans nos travaux qui nous permet rapidement... Mais je ne voudrais pas que la population frappe aux portes des pharmaciens demain matin, même si on sait qu'ils le souhaitent bien.
Journaliste: Vous disiez tantôt que ça allégerait le nombre de consultations un peu pro forma, là, juste pour nous renouveler. Est-ce qu'on a des chiffres là-dessus? Est-ce que c'est 10 %, 5 % des consultations?
Mme Lamarre (Diane): C'est difficile, à ce moment-ci, d'avoir un nombre exact. Mais ce qu'on sait, c'est que, dans le cadre de nos ententes et de nos échanges, on a un nombre significatif de conditions, et que celles qui sont retenues sont celles qui occupent un grand nombre de consultations, quand on parle d'infection urinaire, quand on parle de rhinite allergique, quand on parle de nausées, vomissements chez les femmes enceintes, de suppléments d'acide folique dans les mesures préventives, alors qu'on a beaucoup de difficultés à faire voir les femmes enceintes très tôt durant leur grossesse.
Journaliste: Une autre courte pour Dr Bernard, peut-être. Il y a des choses qui étaient demandées par les infirmières qui ont été... qui étaient demandées par les infirmières, qui n'avaient pas été obtenues, puis qui ont été obtenues, je pense, pour les pharmaciens, est-ce que c'est...
M. Bernard (Charles): Je ne sais à quoi vous faites référence. Écoutez, les infirmières ont déjà, eux autres, des habilités d'évaluation, O.K., elles n'ont pas d'habilité de prescription. La prescription, c'est l'expertise du pharmacien... du médecin, mais le pharmacien... non, mais le pharmacien va être habilité maintenant, dans certaines conditions où...
Journaliste: ...prescription que vous donnez aux pharmaciens, est-ce que les infirmières vont l'avoir éventuellement?
M. Bernard (Charles): Bien, écoutez, on n'a pas discuté de ça avec les infirmières, on a discuté d'évaluation. Alors, écoutez, là, actuellement, il faut que vous compreniez aussi qu'il y a d'autres voies, on en a fait état. Dans la Loi médicale, il y a un article qui s'appelle l'article 19b où on peut faire des habilitations, et c'est le chemin qui a été utilisé dans moult ordres professionnels pour en arriver à des habilitations d'actes. Et il y a aussi un autre chemin qui existe déjà depuis fort longtemps, qui s'appelle les ordonnances collectives, qui est sous-utilisé au Québec, et, nous, on va faire la promotion de ces ordonnances collectives là pour avoir accès, pour que les patients, tous ici, on pourrait accès plus facilement à un certain nombre de médications si on avait un petit peu plus de ces ordonnances collectives là qui étaient en fonction.
Journaliste: Est-ce que vous avez évalué l'impact financier que ça va avoir pour les médecins? Par exemple...
M. Bernard (Charles): Est-ce que c'est à moi que vous adressez la question?
Journaliste: Oui, à vous, oui.
M. Bernard (Charles): Moi, je suis un ordre professionnel, je suis là pour évaluer l'acte médical puis de voir à la compétence de mes gens. La question, je vais la laisser au ministre, mais je ne peux pas répondre à cette question-là.
M. Bolduc: Chacun nos champs d'action. Quand on regarde, ça va donner une meilleure accessibilité des patients aux services. C'est certain que si quelqu'un n'a pas besoin d'aller voir un médecin, puis que le problème peut être réglé par le pharmacien, ça va laisser une place de disponible pour un autre patient. Donc, en termes de consultations médicales, ça ne diminuera pas nécessairement parce qu'il va y avoir des disponibilités puis, compte tenu que les gens attendent quand même un certain temps, ça va permettre d'offrir plus de services. Ça va permettre également de mieux utiliser les compétences puis le temps du médecin à des choses qui sont vraiment considérées comme étant médicalement requises. Donc, à ce niveau-là, il n'y aura pas d'économie recherchée.
Journaliste: Donc, pour les médecins, il n'y a pas d'impact en tant que tel. Pour le médecin, là, de famille, par exemple, là, il ne va pas voir une diminution du nombre de patients qu'il va rencontrer. C'est ce que vous dites, là.
M. Bolduc: Moi, comme médecin de famille, on voit le nombre de patients qui est disponible selon nos ouvertures de bureaux, puis tout se remplit, puis je ne pense pas, à court terme, que ça va diminuer à ce niveau-là, puis je ne pense pas non plus qu'il y a des médecins qui vont travailler moins. Sauf que l'accessibilité du patient et de la population en général aux différents types de professionnels va faire qu'il va y avoir des diminutions des délais au niveau de la consultation.
Journaliste: Il ne travaillera pas moins, mais son travail va être autre. Lui, il ne verra plus les prescriptions... peut-être moins d'ordonnances temporairement, de renouvellements...
M. Bolduc: C'est ça. Bien, exemple, les renouvellements, si quelqu'un prenait un rendez-vous pour avoir un renouvellement puis qu'il n'était pas capable de voir son médecin, bien, ça veut dire que le médecin va peut-être avoir une place de disponible pour un autre patient. Ça fait qu'en termes d'accessibilité, c'est un changement majeur, et, pour la pratique du médecin, il y a des cas qu'il va voir moins, qui vont être remplacés par d'autres cas qu'il va voir plus fréquemment, qui sont plus médicalement requis.
Journaliste: Et, pour les pharmaciens, est-ce qu'il va y avoir des, par exemple, des frais qui vont être imposés aux patients? C'est...
M. Bolduc: Non. Ce qui est prévu...
Journaliste: C'est contre la loi, ça?
M. Bolduc: Non, ce qui est prévu aujourd'hui, d'abord, c'est le dépôt de la loi pour donner... habiliter des pharmaciens à faire des nouveaux actes puis à utiliser, là, au maximum leurs compétences. L'autre partie que vous dites, ça fait partie de la négociation qu'on a avec l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires, qui est un autre champ de négociation.
Donc, on règle aujourd'hui la question de la compétence professionnelle. C'est pour ça qu'on est avec les ordres. L'autre partie, par rapport à la rémunération quel que soit le domaine, ça relève de l'association négociante qui est l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires.
Journaliste: Mais eux, justement, l'association, est-ce qu'ils demandent justement le droit de pouvoir imposer des frais, par exemple, pour le renouvellement d'une ordonnance ou pour les pouvoirs qui leur sont...
M. Bolduc: Il n'y a pas eu de discussion à ce niveau-là. Une fois qu'on va avoir adopté le projet de loi... Donc, on ne peut même pas encore présupposer qu'il va être adopté, mais on s'attend à ce qu'il soit adopté assez facilement. Après ça, il y aurait des discussions avec les parties négociantes.
Journaliste: Mais là tout ce que je veux savoir, c'est que, pour le patient, par exemple, qui bénéficie de ça, qui s'en va, par exemple, bénéficier d'un service élargi accordé à un médecin, est-ce que lui va se voir imposer un frais supplémentaire?
M. Bolduc: Non, il ne devrait pas y avoir de frais supplémentaires associés à cela.
La Modératrice: On va y aller en anglais.
M. Bolduc: Yes, sure.
Journaliste: Oui, juste un... de réaction de Mme Lamarre si on peut commencer... Well, may we'll start with Dr. Bolduc.
M. Bolduc: Go in English, yes.
Journaliste: Of course. This is... Yes, this obviously will lead to a more open health system. Can you just expand on that?
M. Bolduc: It's not a more open health system, it's a system that the patient is going to have a better service, and we will have more care and more accessible care. I think this is the most important thing, but it's not an open house. People can not do all the things that other people would tell.
Journaliste: I think I'll ask the same question: Will this lead to greater costs for the patient?
M. Bolduc: Actually, what we discussed with the professional corporation... But, for the negotiation, for the payments, it's another ball game. We have to... ball of game. We have to wait, and after the law will be in action, at this moment, we will see with the negotiator.
Journaliste: Now, this is very nice new powers for pharmacists, but surely there needs to be a clear division of roles between what doctors can do and what pharmacists can. Can you expand on that a little bit?
M. Bolduc: But, at this moment, you know, they work as a team. And, today, we agree, we all agree that the pharmacist can do more than before, and he can do a few more acts. That's going to give a better accessibility. It's not something that we separate doctors from pharmacists. They work together to give better service to the patient.
Journaliste: Dr. Bolduc, why is this a good idea?
M. Bolduc: It's a very good idea, because we're going to have more care for the patient, a better accessibility, but also we use the knowledge and the competence of the professionals, and they can do these things. And we had discussion between the two corporations and we know now that both agree that, for the patient, it was a good thing to do.
Journaliste: Mme Lamarre, do you speak English a little bit? O.K. I could get you to take the mike for a second. What would you say to the sceptic who says, you know, that the same person selling medication shouldn't also be the one, sort of recommending it and prescribing it.
Mme Lamarre (Diane): Yes. You are talking about, let's say the right name, conflict of interest. I would say that already the pharmacists are allowed to sell some OTC products, over the counter products and, until now, they did correctly. A pharmacist doesn't want to sell something, he wants to keep a patient for many years with him. So, we have different ways to monitor that.
So, we closely put some conditions around the new activities, the new contributions for pharmacists. For example, the pharmacist will not decide by himself which medication he should introduce in a patient profile. This medication will be chosen by algorithms that will be done closely in relationship with specialists and pharmacists and physicians. So, the pharmacists will have some «balises» around the choice of medication. And I would say that, you know, almost all professions have some potential conflicts of interest, so the fact that pharmacists are using a lot of informatics systems to charge for their patients, for example, we have many conditions that can supervise pharmacists and we surely believe that the pharmacists and the patients will take care each other.
Journaliste: Dr. Bernard, if I can just ask you, if this all is such a great idea, why do you think this is only happening now, at the end of 2011, and not sort of years ago?
M. Bernard (Charles): There's a certain... certain reasons. First of all, pharmacists and physicians were at a committee that was working for about 20 years, and it stopped talking for about two years. So, that's the reason why you have a little delay. But when I came in, I react this committee and less than one year, we had the result. That's not too bad. And that's the good idea for the patients.
Journaliste: But were there...
M. Bernard (Charles): You have to think that we are doing this for a patient, you see? Not for doctors, not for pharmacists, not for the health system, for the patient. He doesn't have to wait so long for the renewal of his prescription and he can be adjusted at the right time.
Journaliste: Right, but I guess, concretely, if this is a good idea in 2011, wasn't it a good idea in 1987?
M. Bernard (Charles): Listen, I don't have any answer for this. I wasn't at the Collège des médecins at that time. But now, I'm there, and now it's a good idea, and now we are doing it.
Journaliste: But do you think that the fact that this is only happening now is partly due to a sort of turf battles between different professions?
M. Bernard (Charles): Maybe, maybe. But those turf battles have stopped now, with all professions.
Mme Lamarre (Diane): May I add something to your question, sir?
Une voix: Ah! Il est parti.
Mme Lamarre (Diane): Just to say that in 1995, you know, each patient in Quebec had a physician, a family physician, and in... you know, the best way we would like to do that, would be that each citizen will have his own family physician. And the way we monitored these changes is to keep a good relationship between the pharmacists and the physicians, and the physicians and their own patients. So, I think we will make this moment, the appointment that the patient will have with his physicians, more, you know, more adapted to the patient's needs.
The other point is that, in 1995, the program, the faculties program for pharmacists, for example, was very different, were very different. And, during the last 15 years, all around the world, we introduced a notion, which is called pharmaceutical care. And, in this notion, the pharmacists now are well educated to identify signs and symptoms and to work also in kind of repairing... identifying alarm symptoms, so referring very quickly to the physician. And we are working on this way to be able to refer very quickly the patient to their family physician.
Journaliste: Une dernière question, oui. Est-ce que vous diriez que l'accélération du processus est causé en grande partie par l'épouvantable encombrement actuel des services de santé en médecine de famille?
M. Bernard (Charles): Écoutez, pas nécessairement. Comme vient de le dire Mme Lamarre, il y a aussi la formation. Nous, on est prêts à discuter avec des gens qui ont des habiletés, mais la formation aussi. Alors, on vous a fait la démonstration que la formation s'est beaucoup, je ne dirai pas améliorée, mais modifiée, si je pourrais m'exprimer comme ça, depuis quelques années, qui donne accès aux pharmaciens, à des compétences nouvelles. Alors ça, ça peut être reconnu. Mais, écoutez, c'est sûr et certain que les irritants administratifs, si je peux m'exprimer comme ça, dans le réseau aident à trouver des solutions créatives. Alors, c'est ce qu'on essaie de faire, d'être créatifs.
M. Bolduc: Peut-être, pour répondre. Bon. Même si aujourd'hui on avait un médecin pour chaque Québécois, on procéderait quand même à ces modifications législatives, parce que, quand vous regardez en Europe, où il y a moins de pénuries de médecins, ils font les mêmes modifications législatives. Ça va avec l'évolution de la société, avec l'évolution également du domaine de la santé dans lequel on a des gens qui sont plus formés qu'auparavant. Les gens ont plus de compétences qu'auparavant, et on est capables de mieux partager les compétences. Ça fait que, si vous regardez l'évolution, voilà 40 ans, il y avait trois catégories en pratique, hein, vous aviez le médecin, l'infirmière puis le pharmacien. Mais, même à ce moment-là, il y a eu une période où est-ce que le médecin pouvait même vendre des médicaments.
On a évolué dans la société où chacun est plus compétent dans son domaine et on fait le partage des compétences. De nos jours, l'alimentation, c'est le domaine de la nutritionniste. Moi, j'ai connu une époque où est-ce que le médecin et l'infirmière faisaient des recommandations, comme des nutritionnistes. Aujourd'hui, on donne des conseils de base, mais l'expertise est procédée par les nutritionnistes.
Donc, c'est une évolution de société. Le fait d'avoir des difficultés d'accès, bien, c'est une opportunité, justement, d'aller encore plus vite puis de partager des actes entre nous autres.
Journaliste: Diriez-vous dans le sens de ce... que c'était révolutionnaire, d'une certaine manière? Est-ce que vous considérez que c'était relativement révolutionnaire de proposer cet...
M. Bolduc: C'est évolutionnaire.
Journaliste: Évolutionnaire?
M. Bolduc: Ça fait partie de l'évolution du réseau de la santé. Merci beaucoup.
(Fin à 16 h 28)