(Treize heures une minute)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour et bienvenue à cette conférence de presse du ministre responsable de la
Lutte contre le racisme, M. Benoit Charette, du ministre des Affaires
autochtones, M. Ian Lafrenière, ainsi que de l'adjoint parlementaire du
ministre responsable de la Lutte contre le racisme, M. Christopher Skeete.
Je vous cède la parole, messieurs.
M. Charette : Merci. Bonjour à
tout le monde. Un plaisir de vous retrouver. Très heureux d'être aux côtés de
mes collègues. Ian, non seulement un plaisir de t'avoir cet après-midi, mais de
travailler ces dossiers-là ensemble. Christopher aussi. Christopher et moi, on
partage plusieurs dossiers communs, et c'est un plaisir à chacune des fois.
Bien, peut-être vous mentionner qu'il y a
un an, le Groupe d'action contre le racisme publiait son rapport très bien
intitulé Le racisme au Québec : tolérance zéro. Malgré l'ampleur de
la tâche, nous avons livré plusieurs actions concrètes au cours de la dernière
année, et nous avançons définitivement dans la bonne direction, bien que le
travail à accomplir encore demeure colossal.
Je vous rappelle que c'est un rapport qui
contenait 25 actions à réaliser, des actions qui touchaient autant les
groupes issus de la diversité que les communautés autochtones, et on pourra,
dans les prochains instants, vous faire un bilan ou un portrait de situation.
Et ça a marqué une étape importante, le dépôt de ce rapport-là. On se souvient
du contexte. C'est un groupe qui avait été constitué dans la foulée de la mort
tragique de George Floyd avec un groupe de députés qui y ont travaillé
activement, et le dépôt du rapport ensuite qui marquait ou qui nous permettait
de réitérer cette volonté qu'on souhaitait tous s'attaquer à cette
problématique.
Et, on le sait, la question du racisme, elle
est présente au Québec. On a, au fil des années, accumulé un triste nombre de
rapports, ici et là. À travers le temps, les gouvernements passés accumulaient
les rapports, mais c'est la première fois qu'on se disait : Cette fois-ci,
c'est la bonne, non seulement il y a des actions à réaliser, on ne se mettra
pas à choisir laquelle sera retenue, on se doit de toutes les réaliser. Et on a
abordé le défi avec une très grande humilité, naturellement, en réitérant la
volonté, là, du premier ministre et celle du gouvernement de changer la donne.
Et c'est un petit peu dans la foulée de ce
premier anniversaire qu'on tenait à faire le point avec vous cet après-midi. On
est conscients qu'il y a beaucoup à faire. On est conscients que notre travail
en est un de coordination. Autant Ian, Christopher et moi, on coordonne
l'action gouvernementale à ce niveau-là, mais sans cette coordination-là,
franchement, on arriverait sans doute au même résultat, c'est-à-dire une
progression qui est beaucoup trop lente.
Et pour ma part, c'est le 24 février
que j'ai été nommé comme ministre responsable, j'ai reçu le mandat avec beaucoup
d'humilité. Mais, en même temps, il faut réitérer que c'est la première fois
qu'un ministre au Québec était mandaté pour occuper cette fonction-là. Donc, il
y a une responsabilité ministérielle qui l'accompagne, il y a donc une
obligation de résultat aussi.
Et pour cette responsabilité, je le
mentionnais, Christopher m'accompagne et c'est une belle collaboration.
Christopher était membre du Groupe d'action contre le racisme, donc il a suivi
les travaux depuis ses tout débuts et il avait aussi une sensibilité, là, pour
le dossier.
Donc, dans un premier temps, si vous me
permettez, moi, je vais attaquer le bilan des premières actions qui touchent
davantage les différentes communautés issues de la diversité et Ian prendra le
relais par la suite pour ce qui est des dossiers autochtones.
Peut-être rappeler, déjà, qu'il y a des
sommes colossales qui ont été consenties depuis la dernière année au niveau du
mandat : tout récemment, à travers la mise à jour économique, tout près de
21 millions de dollars pour la Commission des droits de la personne, une
nouvelle qui est passée passablement inaperçue, mais qui, pour la commission,
était attendue depuis des années.
Là aussi, la situation, elle est connue.
Malheureusement, lorsqu'une personne porte plainte parce qu'elle a été, par
exemple, victime de discrimination pour l'octroi ou la signature d'un bail,
souvent, oui, elle peut déposer une plainte mais on parle d'années de
traitement, non pas que la commission ne faisait pas son travail adéquatement
mais surtout qu'elle était très mal outillée, avec des effectifs nettement
insuffisants. Donc, c'est une somme et un engagement gouvernemental qui était
attendu depuis plusieurs années, qui s'est enfin concrétisé.
Un 25 millions, aussi, dans le
dernier budget pour revoir notre façon d'aborder le travail policier. Si vous
vous souvenez du rapport en question, les trois premières actions touchent
spécifiquement cet enjeu-là. Et ce que l'on souhaite, à travers ça, c'est
naturellement mieux accompagner nos policiers, policières, faire en sorte
qu'ils aient la formation adéquate. Donc, le 25 millions sert autant aussi
à développer des projets spéciaux au sein de différents corps policiers, on en
a annoncé quelques-uns. On prend beaucoup l'exemple du service de police de Longueuil
mais il y a d'autres beaux exemples, aussi, qui sont en développement et qui
sont financés par ce 25 millions là pour stimuler justement, favoriser
aussi une réforme policière et surtout, et c'est fondamental, s'assurer que le
lien de confiance est maintenu entre la population et nos corps policiers qui,
plus directement, sont en contact avec les citoyens.
Pas plus tard qu'hier notre collègue,
Geneviève Guilbault, a déposé le projet de loi n° 18,
qui est un omnibus, en quelque sorte, sur la pratique policière, mais qui
comporte des articles très importants au niveau de l'encadrement du phénomène
des interpellations policières. Ce sera dorénavant interdit que ces
interpellations policières soient basées sur un motif discriminatoire. Et
Christopher pourra vous en parler aussi par la suite, on a rencontré des
dizaines et des dizaines de groupes, et c'est sans doute l'enjeu qui
interpelle, sans jeu de mots, le plus les citoyens. Donc, une avancée majeure à
ce niveau-là.
Et là aussi, on veut bien accompagner nos
policiers. Dimanche dernier, on annonçait une somme de tout près de
1 million de dollars pour aider à constituer une campagne de formation à
travers l'École nationale de… publique… l'École nationale de police, voilà, le
nom m'échappait, mais aussi en partenariat avec la Commission des droits de la
personne et des droits de la jeunesse pour que les policiers puissent avoir
accès à une formation qui soit adéquate et qui puisse les sensibiliser
adéquatement pour cette réalité qu'on ne peut pas échapper.
On veut faire de la fonction publique,
naturellement, un employeur exemplaire, on veut s'assurer qu'elle soit
représentative de la population du Québec, et là aussi, des avancées
significatives. On est passé essentiellement de 11 %, au 31 mars 2018, à
14 % au cours de la dernière année. Je vous le dis d'entrée de jeu, c'est
trop peu, on en convient, mais la hausse, elle est constante, et on vise à être
à 18 % en 2023, pour qu'encore une fois l'ensemble de la population du
Québec puisse se reconnaître dans la fonction publique. Et aussi des avancées
significatives au niveau des conseils d'administration des sociétés d'État. Il
y a quelques semaines à peine, on a franchi un cap symbolique important,
50 % de ces conseils d'administration là ont au moins un ou une
représentante issue de la diversité, et là aussi, on va s'assurer que cette
progression-là ne cesse pas. On a notre collègue, au Trésor, qui a adopté le
projet de loi n° 60, qui sera bientôt en vigueur, et
là aussi, on vient changer les règles pour faciliter le recrutement de
professionnels issus de la diversité. Donc, nos chiffres qui sont déjà en
hausse constante risquent de progresser de façon encore plus significative au
cours des prochaines années.
Dans les actions, aussi, la mise en place
d'une campagne de publicité sociétale. Vous avez vu, il y a quelques semaines,
un premier volet a été lancé. C'est une campagne qui va s'échelonner sur une
période de trois ans, avec des moyens financiers qui sont conséquents. J'aime
la comparer à la campagne de publicité de la Société d'assurance automobile du
Québec, qui tantôt aborde le cellulaire au volant, tantôt la vitesse au volant,
tantôt l'alcool au volant. Donc, au cours des prochaines années, il y a
différents volets qui seront couverts pour, justement, que l'enjeu du racisme
soit discuté ouvertement pour qu'on puisse changer la donne.
Et naturellement, la lutte au racisme, le gouvernement
du Québec a clairement une responsabilité, mais il ne faut pas oublier que
chacun d'entre nous fait partie de la solution, en quelque sorte. C'est la
raison pour laquelle il y a d'autres mesures qui visent davantage les citoyens
et citoyennes pour favoriser un changement de comportement.
Un exemple bien simple, il y a quelques
semaines, notre collègue Jean-François Roberge annonçait une réforme importante
du cours qu'on appelle, jusqu'à présent, là, le cours d'Éthique et culture
religieuse, cours qui, très bientôt, s'appellera le cours de Culture et
citoyenneté québécoise. Et, là aussi, un volet important, de l'école primaire
jusqu'au secondaire, on aura une formation qui abordera les questions de
racisme. Donc, autant de gestes qui nous aident à avancer vers une société
exempte de racisme.
Quelques jours à peine, Christopher et
moi, on rencontrait la CCQ, la Commission de la construction du Québec, où,
malheureusement, on retrouve très, très peu de personnes issues de la
diversité. Donc, là aussi, des mesures tangibles, des formations à travers des
vidéos, des formations continues pour sensibiliser l'industrie, pour que le
recrutement soit facilité.
Et un dernier volet, pour ma part, qui est
majeur aussi, un 130 millions de dollars qui a été confirmé pour la
reconnaissance des acquis obtenus à l'étranger. Et ça aussi, ça nous est
rapporté à travers toutes les rencontres qu'on a pu tenir et ça fait partie des
actions à mettre en place, c'est-à-dire s'assurer qu'on ne gaspille pas de
potentiel. On a une grille de sélection souvent qui permet à des candidats, des
candidates pour l'immigration d'être retenus, d'être accueillis au Québec, et,
rendus au Québec, cette même grille là, ce même profil là ne leur permet pas de
se réaliser pleinement. Donc, là aussi, à travers un travail interministériel,
on a des actions en place qui nous permettront de changer la donne.
Naturellement, un rapport, 25 actions, on
ne veut pas se limiter à ces 25 actions là, mais c'est un minimum qui doit être
livré au cours des cinq prochaines années. Mais on a déjà abordé des enjeux qui
n'y étaient pas traités. Le gouvernement a reconnu, par exemple, une définition
stricte de l'antisémitisme il y a quelques mois. C'était quelque chose qui
était attendu, depuis plusieurs années, de la part de la communauté juive. On a
aussi signalé, reconnu la décennie des Afro-descendants en mettant sur pied un
programme donnant accès à du financement pour différents projets qui peuvent
contribuer à mettre en place et mettre en valeur justement ces Québécois et
Québécoises issus des différentes communautés noires.
Donc, le 25 actions, un minimum, mais clairement
on ne veut pas se limiter à ça, et surtout c'est un travail que, oui, le
gouvernement peut contribuer à faire avancer, mais avec l'appui des citoyens
parce qu'effectivement on fait tous partie de la solution. Donc, sans plus
tarder, je céderais la parole à mon collègue et ami Ian.
M. Lafrenière : Merci
beaucoup. Alors, bonjour à tous. Merci d'être là. Good afternoon, «kwe», «kwe»,
«she :kon», «wachiya», «ullaakkut». Très heureux de vous retrouver, chers
collègues. Christopher, merci d'être avec nous. Benoit, très, très fier que
notre gouvernement ait un ministre responsable de la lutte au racisme, très
heureux d'être avec toi aujourd'hui.
Il y a de cela, plus d'un an, on
remettait, le Groupe d'action contre le racisme un rapport avec un volet
autochtone. Et, aujourd'hui, bon, je vais faire un petit bilan, mais sachez que
déjà, en septembre dernier, je faisais un bilan des actions qui avaient été
entreprises dans le plan J'ai espoir.
Comme vous le savez, il y a la Commission
spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs, rapport Viens, l'ENFFADA, le
Groupe d'action contre le racisme et, bien entendu, il y a beaucoup d'actions
qui se regroupent dans tout ça. Alors, je ne repasserai pas sur toutes les
actions, mais je voulais en sortir quelques-unes quand même, je trouve ça très
important. Je l'ai déjà mentionné, le travail n'est pas terminé, Benoit l'a dit
aussi tout à l'heure, c'est vraiment un projet de société, alors c'est pour ça
qu'on a besoin de l'adhésion de tous. Merci d'être avec nous aujourd'hui.
Je vais donner certains exemples que je
trouve importants. On a remarqué que les personnes autochtones étaient
surreprésentées dans le système de justice, alors on a mis sur pied, on a fait
des annonces en ce sens-là, mise sur pied d'initiatives dans justice
communautaire en milieu urbain afin de répondre aux besoins des membres des
Premières Nations et des Inuits, en plus de renforcer les comités de justice
dans les communautés. On peut penser à SPAQ, il y a plusieurs annonces qui ont
été faites, dans ce sens-là, pour vraiment, de façon concrète, changer, adapter
nos façons de faire, et ça, ça a été très bien reçu.
Il y a d'autres mesures qui seront
prévues, entre autres, du côté policier. Vous savez, dimanche dernier, on a
annoncé un conseiller au développement communautaire avec le SPVM, ça venait
compléter une trilogie, c'est-à-dire qu'il y a de cela un an, j'annonçais de
nouveaux intervenants du Centre d'amitié autochtone de Montréal qui
patrouillaient avec les policiers de Montréal. Il y avait un agent de liaison
au Service de police de la ville de Montréal, et là on a ajouté un conseiller
en développement communautaire pour vraiment avoir une réponse qui est adaptée.
Et je parlais tout récemment au président de Makivik qui a offert aussi qu'on
puisse ajouter un intervenant, mais vraiment un intervenant inuit.
Alors, c'est vraiment d'avoir des
patrouilles mixtes, ça fait partie des recommandations du GACR, ça fait aussi
partie des recommandations de la Commission spéciale sur l'exploitation
sexuelle des mineurs, ça fait partie des recommandations de l'ENFFADA. Alors,
vous voyez qu'il y a plusieurs actions qui regroupent plusieurs recommandations
que nous avons eues. Et ça, c'est concret. Et en passant, on va en faire
d'autres très prochainement parce que je trouve que c'est prometteur et ça
amène de beaux changements.
Le racisme, c'est souvent le résultat de
l'ignorance, du manque de connaissances. Moi, je l'ai dit, on se côtoie, mais
on se connaît peu. J'ai eu la chance de faire une tournée, cet été, de
34 communautés, de voir les gens dans les communautés, de voir l'intérêt
des Québécois pendant l'été. Puis je pense que c'est la combinaison aussi avec
la COVID. Du fait que les gens n'ont pas pu voyager, ils sont restés au Québec,
ils ont pu aller voir des gens dans les communautés. Alors, on voit qu'il y a
cet intérêt-là. Tantôt, Benoit vous le disait : On en parle comme jamais, du
racisme, de l'intolérance, de la réalité autochtone. Et je pense que le terreau
est très fertile pour amener des changements et c'est ce qu'on fait.
Programmes scolaires ont été revu aussi
afin de mieux intégrer les contenus autochtones — on a fait une
annonce il y a de cela deux semaines — pour revoir le contenu et
pour mieux intégrer aussi les étudiants autochtones dans des classes, dans des
écoles qui sont allochtones.
On a eu la formation du personnel de
l'État. On l'a déjà annoncé, il y en a encore d'autres à faire.
En santé, on a présenté les mesures afin
de refaire notre façon d'interagir, d'intervenir avec les membres des Premières
Nations. Comme vous savez, la première annonce, on l'a faite à Joliette.
C'était hautement symbolique et hautement important. On parlait de navigateurs,
donc d'avoir des navigateurs qui accueillent les gens, exemple, la communauté
de Manawan qui se déplace à Joliette. On a aussi ajouté des gens en position
d'autorité, entre autres, dans le conseil d'administration et des gens qui
étaient responsables des plaintes. Et ça a permis, justement, d'avoir des
personnes en pouvoir décisionnel à cet endroit-là, ce qui a été fort apprécié,
mais ce n'est pas terminé.
On investit aussi dans des cliniques de
première ligne avec un modèle qui est différent. Je prends l'exemple de
Val-d'Or avec le Centre d'amitié autochtone de Val-d'Or où on a combiné le
savoir traditionnel et la médecine… la nouvelle médecine, on pourrait dire la
médecine plus récente. Alors, on de combiner ça, d'avoir une approche qui
répond aux besoins des Premières Nations. C'est un des exemples aussi dans
lequel on a avancé.
Le volet concernant les personnes
autochtones n'est vraiment qu'une partie des travaux qui a été entreprise par
notre gouvernement pour lutter contre le racisme et la discrimination. Et, bien
entendu, même s'il y a des volets, il y a un volet et des actions très précises
du côté autochtone. C'est clair que, lorsqu'on fait des annonces, lorsqu'on
fait du travail, de part et d'autre, ça a un impact. La publicité qui a été
lancée, qui n'est pas sur le volet autochtone a quand même un impact. Une prise
en conscience… Et je vous l'ai dit tout à l'heure, on en parle comme jamais.
C'est un sujet qui est sur toutes les lèvres, et moi, je m'en réjouis.
Alors, encore une fois, merci d'être avec
nous aujourd'hui. Merci, thank you, «meegwetch»,
«tshinashkumitin», «nia :wen», «tiawenhk» «wliwni», «woliwon», «wela'lin»,
«nakurmiik». C'est tout. Merci beaucoup. Et je laisse la parole à mon
bon ami Christopher.
M. Skeete : Bien, merci
beaucoup, MM. les ministres. Vraiment, c'est une fierté pour moi d'être avec
vous aujourd'hui. Je dois vous dire, plus jeune, quand on... quand j'ai été
moi-même victime de discrimination puis d'interpellation sans justification,
puis, un jour, bien, arrivé au gouvernement, être élu dans ce beau Québec et de
participer au Groupe d'action contre le racisme pour ensuite participer à tout
ce qui est les points d'action, les irritants, les choses qui ont un vrai
impact sur les gens, je vous avoue, ça me chauffe le coeur d'être avec vous aujourd'hui
pour faire un petit bilan après 12 mois. Vous savez, quand on a lancé le
message de tolérance zéro, et, après ça, le gouvernement du Québec a accepté de
livrer ces actions concrètes, ça m'a rempli de fierté.
Je dois vous dire, il y a un an, on
rencontrait plein de groupes, et on a constaté un malaise dans la population,
mais surtout un désir d'action. Après de nombreux rapports qui ont été
tablettés, où est-ce qu'on parlait, on disait les bonnes choses, mais on
n'avait pas de plan structurant pour pouvoir arriver à cette fin, je réalise aujourd'hui
qu'on est un gouvernement en mouvement.
Un an plus tard, on a lancé effectivement
la campagne publicitaire qui rappelle aux Québécois l'importance du bien vivre
et du vivre ensemble. Et les réalisations qu'on a accomplies ensemble, que vous
avez soulignées, messieurs, me rendent fier.
Ce n'est pas rien, se doter pour la
première fois de l'histoire du Québec d'un ministre responsable de la Lutte au
racisme. C'est une imputabilité ministérielle qui vient avec des vraies responsabilités
et des vraies questions de la part de la population et des journalistes. Et je
pense qu'on ne peut pas passer à côté de cet important symbole là, et le devoir
d'arriver à nos fins qui suit.
Je pense aussi au projet de loi que vient
de déposer ma collègue, Geneviève Guilbault, justement pour regarder et mettre
des plans concrets sur les interpellations, un grand irritant, comme le disait
le ministre, dans la population des minorités visibles. Et je vous dirais,
encore une fois, quand je pense à mes amis, quand je me vois plus jeune, je me
dis : Mais quelle fierté qui m'habite avec ça!
Donc, il faut ne jamais arrêter de mettre
de l'avant l'apport positif des minorités visibles au Québec. Je le vois beaucoup
dans les rôles gouvernementaux, dans la fonction publique, il y a un écart
qu'on doit redresser, et on y travaille pour le redresser. Il y a des travaux
qu'on fait, le ministre le disait tantôt. On se rencontre souvent avec
différents groupes qu'on a rencontrés, je vous dirais, plus d'une cinquantaine
qu'on a rencontrés et dans le groupe d'action et après pour aller prendre le
pouls, et les visites qu'on a faites avec eux, justement, pour essayer de mieux
leur monter qui sont les bienvenus au Québec, et pour leur donner le sentiment
d'appartenance qui souvent est manquant.
Donc, la lutte au racisme, ce n'est pas
quelque chose qui va se régler aujourd'hui, ce n'est pas quelque chose qui se
régler demain, mais notre gouvernement, avec les actions qu'on a prises dans
les dernières années, met la table pour, un jour, pouvoir se débarrasser de ce
fléau qui ne devrait pas exister, mais qui existe comme dans toutes les sociétés.
Et c'est avec une fierté qui m'habite que je vous dis aujourd'hui d'être fiers
de ce gouvernement-là, mais surtout fiers des actions concrètes qu'on va
apporter.
In closing, I'd like you
to know the tremendous pride that resides within me to be part of a government that, for the first time in its
history, named the Minister responsible for the Fight Against Racism. It's big,
because I look at myself as a child and I realize, you
know, those times, they were not frequent, but they
were not infrequent times, where mean things were said to me about the color of
my skin, or whether or not I was adopted, or whether or not I was born here. To
finally have Québec recognize
that that does exist and that we're doing something about it fills me with
tremendous pride, but not only that, but to be part of a government that put it in place is something
that is very special to me.
So, in closing, I'd like
to say that we are working together to move forward on this very important issue. It's not a simple issue,
it's not something that will be fixed quickly, but it's something that we
definitely all need to take stock of, and to move the needle, as we said during
our consultations.
So, merci beaucoup
pour votre attention. Merci beaucoup, MM. les ministres, pour tout ce que vous
faites dans le dossier. Et surtout merci pour le privilège de vous accompagner
dans ce bon travail.
Le Modérateur
: Merci.
Nous en sommes maintenant à la période de questions. Je vous rappelle les
règles : une question, une sous-question. Nous commençons avec
Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Oui, bonjour. M. Charette,
en tant que ministre responsable de la Lutte contre le racisme, vous disposez
d'un budget de combien, annuellement, puis de combien d'employés?
M. Charette : En fait, il y a
un bureau de coordination qui a été créé à l'intérieur de la fonction publique,
qui est logé au ministère du Conseil exécutif, donc avec un certain nombre de
fonctionnaires, un budget, là, pour ce qui est de ce bureau-là, d'un petit peu
moins de 500 000 $. Mais il ne faut pas s'arrêter là. Comme je le
mentionnais tout à l'heure, les moyens sont beaucoup dans les ministères, et le
travail qui nous revient est de coordonner ce travail-là.
Donc, oui, on a des fonctionnaires
100 % dédiés à la tâche, mais ils ont dorénavant des interlocuteurs dans
chacun des ministères concernés. Lorsqu'on parlait des premières actions,
notamment du projet de loi déposé hier par notre collègue Geneviève Guilbault,
c'est la Sécurité publique, donc, on a des interlocuteurs, dorénavant, dans ce
ministère-là, on en a dans tous les ministères concernés par les différentes
actions. Donc, il ne faut pas se limiter à la création du bureau de
coordination, mais réellement au fait que chaque ministère, maintenant, a une
obligation de répondre à ce bureau de coordination là.
Et, si on parle de budget, je vous ai
nommé quelques initiatives seulement, mais on pourrait rapidement en nommer d'autres :
un 25 millions pour revoir les pratiques policières, tout près de
21 millions pour ce qui est de la Commission des droits de la personne,
130 millions pour notamment une meilleure reconnaissance des acquis
obtenus à l'étranger, la campagne de publicité elle-même. Bref, on a, pour la
première fois, des moyens à notre disposition. Il manquait deux choses
essentiellement avant, puis ce n'était pas les données. Les données, on les
avait, Christopher le mentionnait à juste titre, les rapports ont été nombreux
au fil des ans. On manquait essentiellement de volonté politique pour mettre en
place ou appliquer les rapports et il manquait de moyens.
Maintenant, avec la disposition que
l'on... la formule qu'on a retenue, on a et la volonté politique,
manifestement, mais aussi des moyens financiers importants, là, pour changer,
là, le portrait de la situation au Québec.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : J'aimerais, si possible, que vous nous donniez le
nombre. Vous avez dit «certains», mais on n'a pas de chiffres. Puis ensuite, je
voudrais savoir, est-ce que vous estimez que plusieurs mesures que vous avez
mises en place sont systémiques?
M. Charette : En fait,
pour ce qui est du...
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Sans oublier de me donner le nombre, s'il vous
plaît. Merci.
M. Charette : Pour ce qui
est du nombre, c'est difficile à préciser. Pour le bureau de coordination, là,
une équipe de cinq à sept personnes, sept étant l'objectif à atteindre, je
pense que nous sommes à cinq aujourd'hui, sauf erreur, mais avec la possibilité
d'aller chercher quelques professionnels supplémentaires, mais c'est l'équipe
de coordination, ça. Je peux vous dire : Multipliez le nombre de
ministères, multipliez le nombre de cabinets parce que, dans chaque cabinet, on
a aussi un répondant. Donc, je ne peux pas limiter ma réponse à la seule
composition du bureau de coordination. On a réellement une équipe présente, là,
dans l'ensemble et des ministères et des cabinets, là, pour nous aider à
coordonner ce travail-là.
M. Skeete : Si je pouvais
me permettre, ici, M. le ministre, le dossier du racisme, ce n'est pas un
dossier qui appartient à un ministère. Ça appartient à toute la société. Dans
mon autre rôle d'adjoint parlementaire pour les Québécois d'expression
anglaise, on a un secrétariat, mais le rôle du secrétariat, c'est aussi
sensibiliser les autres ministères sur la réalité des Québécois d'expression
anglaise pour aider à développer les mesures qui devraient toucher tous les
Québécois et d'arriver à réduire les écarts entre les deux. Donc, le bureau de
coordination est là pour ça, sensibiliser les différents ministères sur les
réalités dans le but que tous les Québécois profitent de tous les ministères.
Le Modérateur
:
M. Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour à vous trois. À Chelsea, il y a une enseignante qui vient de perdre son
poste parce qu'elle porte le hidjab. Quel message ça envoie au niveau de la
discrimination et du racisme?
M. Charette : Je peux y
aller. Dans un premier temps, on connaît les raisons, hein? On connaît la loi
qui a été adoptée à l'Assemblée nationale. On a clairement débattu, ici, au
Parlement, et depuis plusieurs années, sur cette loi-là, sur la nécessité de la
laïcité pour les fonctions en autorité. Donc, ça découle de cette loi-là et de
ce consensus qui est largement présent dans la société québécoise.
M. Laforest (Alain) :
Bon. Hier, il y a eu un dépôt de projet de loi assez important. Vous en avez parlé
un tout petit peu, M. Skeete, de ce que vous avez vécu, quand vous étiez jeune,
au niveau de l'interpellation aléatoire des policiers. Ça prend combien de
temps, changer des mentalités au sein de la société, et surtout, au sein des
corps de police dans les grandes villes? On le voit avec ce qui se passe à Québec
actuellement. On pense que ça a été des interpellations aléatoires, là.
M. Charette : Concernant
l'échéancier qu'on s'est donné, il faut l'aborder de deux façons. On s'est dit
cinq ans pour la réalisation de l'ensemble des actions du rapport. Déjà, on
progresse sur l'entièreté de ces actions-là. Il n'y a aucune action, à l'heure
où on se parle, là, qui n'est pas en mouvement. Donc, cinq ans pour les
réaliser totalement.
Mais le racisme dans la société
québécoise, il ne faut pas se leurrer, il sera toujours présent. Je le
disais... Et c'est un petit peu amusant de se référer à l'année dernière, les
mois passent tellement vite, mais la journée de ma nomination, je le disais et
je le répète sur toutes les tribunes, le Québec est sans doute l'une des
sociétés les plus accueillantes, les plus tolérantes au monde, mais ça ne
l'exempte pas de comportements racistes ou de la présence de discrimination.
Donc, dans cinq ans, c'est malheureux, mais du racisme, il va y en avoir
encore, mais ce racisme-là, on le souhaite toujours plus... En fait, il sera
toujours plus condamnable, il sera toujours plus intolérable, et c'est cette
aversion à l'égard du racisme que l'on a le mandat de développer.
Pour ce qui est du travail policier, bien,
je vous dirais, pour l'ensemble des actions... Une société, des mentalités, ça
prend du temps, mais ça prend des moyens. Et au niveau policier... Cette
démarche-là s'accomplit avec les policiers. Moi, j'ai rencontré l'Association
des directeurs de police du Québec, j'ai rencontré bon nombre de policiers, qui
veulent bien faire dans leur quotidien, ils veulent bien faire. Souvent, c'est
des outils qu'il leur manque, et ce sont ces outils-là qu'on met à leur
disposition. Et dans bien, bien des cas, c'est une prise de conscience aussi.
Le poids de l'interpellation, il peut être très, très lourd. Donc, déjà, le
fait que cette conscience-là soit plus grande va aider à aborder la question
différemment.
Le Modérateur
: Valérie
Gamache, Radio-Canada.
Mme Gamache (Valérie) : Je
vais continuer sur l'interpellation. Hier, dans le projet de loi n° 18,
la ministre Guilbault disait : Ça va faire en sorte que le guide de
pratiques, donc, va devenir obligatoire par voie de règlement. Qu'est-ce qu'on
devrait avoir dans ce règlement-là? Est-ce qu'il devrait y avoir des sanctions,
des mesures disciplinaires, des congédiements automatiques? Qu'est-ce que vous
souhaiteriez voir écrit dans ce règlement-là qui rendra le guide de pratiques
obligatoire?
M. Charette : Ces articles-là,
présentés hier, découlent du livre blanc qui a été publié il y a quelques mois,
qui mettait à contribution, là, beaucoup, beaucoup d'acteurs, le milieu
policier, notamment, à contribution. Donc, étape importante. Ensuite, ce sera
l'étude article par article, où ces éléments-là seront largement discutés et
l'élaboration des règlements.
Mais c'est bien certain qu'on parle ultimement
d'une responsabilité au niveau des policiers, des policières eux-mêmes, mais
cette responsabilité-là peut être accompagnée de sanctions si jamais il y avait
des écarts qui étaient confirmés. On peut parler de recours devant la déontologie
policière, on peut parler d'autres types de sanctions si jamais on ne
respectait pas ces nouvelles obligations, là, qui s'adresseront à eux.
Mme Gamache (Valérie) : Et
j'aimerais vous entendre sur… Vous avez chacun, un après l'autre, parlé de
votre fameuse campagne de publicité. On va se le dire, quand même, elle a été
largement critiquée. Est-ce que vous n'avez pas raté la cible avec cette
campagne de publicité là? C'est comme si votre action numéro neuf, elle n'est
pas vraiment complétée parce qu'elle a été…
M. Charette : En fait, et
c'est une très, très bonne façon d'aborder la question, ce n'est pas parce
qu'on met une action en place qu'on la coche immédiatement. Cette coche-là,
elle n'est pas complète. C'est une campagne qui va se développer sur plus de
trois ans. Il y a un premier volet qui est présentement en ondes, mais très rapidement,
en début d'année, il y a un volet subséquent qui va prendre la relève, et ainsi
de suite, pendant trois ans. Moi, je suis heureux d'une chose. En fait,
j'aurais été inquiet si cette publicité-là n'avait pas fait réagir autant. Une
publicité qui aborde un enjeu aussi sérieux, ça ne peut pas être une publicité
qui est sans odeur et sans saveur, là. Ça heurte les gens, et je le vois bien,
et tout ça, dans une dynamique ou dans un esprit de faire changer les
mentalités.
Ce qu'il faut savoir, à l'égard de cette
publicité-là, c'est qu'elle a été bâtie autour de groupes de discussion, avec
des groupes largement constitués de la diversité, et les séquences que l'on
voit, c'est malheureusement des préjugés qui sont très, très présents dans la société
québécoise. Donc, on ne les a pas inventés, ce sont des préjugés qui sont très
présents, qui heurtent les gens. Et spécialement les gens issus de la diversité
insistaient pour dire : Malgré cette différence-là, bien, il faut nous
voir pour ce que l'on est, c'est-à-dire des Québécois aussi. Donc, non, c'est
une publicité qui est bien pensée. J'aurais été le premier malheureux si on
n'avait jamais entendu parler par la suite. Mais je rassure les gens, on ne
s'arrête pas là, là, ce n'est pas la publicité qu'ils vont voir pendant trois
ans, au contraire, c'est des volets qui vont se succéder les uns après les
autres.
Le Modérateur
: M.
Lacroix, Cogeco.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. Charette, M. Lafrenière, M. Skeete. On est passé de 11 % à 14 % de
gens issus de communautés culturelles au sein de la fonction publique. Comment
ça se fait qu'on ne soit pas capable d'embaucher plus de gens? Le problème, il
est où? Est-ce que c'est un problème à l'entrée? C'est-à-dire est-ce que c'est,
par exemple, une mauvaise sélection qui est faite? Est-ce qu'il n'y a pas
suffisamment d'offres? Comment ça se fait? Comment vous expliquez ça, qu'on n'est
pas capables de monter au-dessus de 14 %?
M. Charette : Il y a plusieurs
éléments. C'est une progression qui est quand même importante sur quelques
années. Depuis le début de notre mandat, la progression, elle est importante,
et on vise le 18 %, là, pour les toutes prochaines années, ce qui nous
amènerait à une représentativité assez juste au niveau de notre fonction
publique.
Mais on se l'est fait dire lors de nos
rencontres, il y a plusieurs facteurs. Souvent, c'est un affichage qui ne
rejoint pas certains groupes, notamment les immigrants plus récents qui se
disent : Bien, ce n'est pas fait pour moi. Donc, notre travail à nous,
c'est de diffuser les offres d'emploi. Et ça, on le fait régulièrement.
Lorsqu'il y a des possibilités, on veut informer… la possibilité qu'offre la
fonction publique.
Mais ce que l'on a vu aussi, les règles
actuelles rendaient plus difficile le recrutement par ministère, par direction
pour cibler des besoins en particulier, pour s'assurer d'une diversité. Parce
que c'est bien beau avoir 14 % ou bientôt 18 %, mais on ne veut pas,
non plus, que ce pourcentage-là soit concentré dans une seule direction ou dans
un seul ministère. On veut que cette diversité-là soit présente dans l'ensemble
des ministères.
Donc, le projet de loi qui a été adopté
par notre collègue Sonia LeBel, il y a peu de temps, et qui entre en vigueur
dans quelques semaines, va donner cette souplesse-là. Et on a eu plusieurs
rencontres avec les Emplois supérieurs, on a eu plusieurs rencontres avec le Conseil
du trésor, et il y a réellement une politique qui est en train de se développer
pour mettre l'accent sur les difficultés de recrutement et les aplanir.
Mais déjà, quelques pourcentages après des
années de stagnation, ce n'est pas assez. On ne vous dit pas, cet après-midi,
que c'est assez, mais on voit qu'on est en progression et on veut atteindre le
18 %, là, d'ici les deux ou trois prochaines années.
M. Lacroix (Louis) : Vous
avez dit, tout à l'heure, vous avez cinq personnes qui travaillent à
votre… directement, là, avec vous, à votre ministère, si on peut dire. Combien
de ces gens-là proviennent de communautés culturelles?
M. Charette : Je veux juste
apporter, déjà, une distinction. Ce n'est pas un ministère, et la distinction
est importante. Mais je le dis parce que la question nous est souvent posée :
c'est un rôle de coordination…
M. Lacroix (Louis) :
…coordination, appelons ça comme ça. Alors, combien de gens sont issus sur
les cinq?
M. Charette : Trois, trois sur
cinq, à l'heure où on se parle, là, qui sont issus de la diversité,
effectivement. Et dans l'ensemble, là, je ne pourrais pas vous dire le portrait
global. Je ne pourrais pas vous faire le ratio, là, que ce soit dans les
cabinets ou dans les ministères. Mais au niveau du bureau de coordination, là…
et ce sont des personnes qui ont été embauchées suite à un appel de
candidatures public, là, au sein de la fonction publique.
Le Modérateur
: Olivier
Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour,
messieurs. Pour, justement, pour la fonction publique, on va continuer sur ce
que M. Lacroix disait, vous me direz si c'est un problème, mais, par
exemple, dans la ville de Québec où il y a plusieurs emplois de fonctionnaires,
je crois que le pourcentage dans la population de communautés culturelles,
c'est genre 6 % ou 7 %. Donc, déjà, là, c'est sûrement un problème
pour le recrutement, non?
M. Charette : Et, je vous
dirais, nous, le mandat qu'on a reçu, c'est de mieux doter la fonction publique
québécoise, mais je suis convaincu que l'emphase ou le travail que l'on fait va
aussi aider les administrations municipales à diversifier leur fonction
publique. On n'a pas ce mandat-là précis, mais c'est bien certain qu'à partir
du moment où on en parle à chaque occasion, la pression augmente sur les
administrations publiques municipales.
Mais il y a un défi de recrutement, il y a
un défi pour interpeller les gens qui pourraient être des candidats
intéressants, mais c'est une obligation en même temps. Le fait que l'on parle
de racisme aujourd'hui, le fait qu'on en parle sur chaque tribune qui se présente,
met de la pression pour que chacune de nos administrations, qu'elles soient
municipales, ou même les organisations publiques, et même au niveau de
l'entreprise. Les données que nous avons, ce sont pour, notamment, les conseils
d'administration des sociétés d'État, mais on voit, le portrait est en train de
se diversifier aussi sur bon nombre de conseils d'administration d'entreprises
privées, et ce n'est que souhaitable, en fait, c'est une obligation.
Il faut que les gens, peu importe leurs
origines, peu importe la couleur de leur peau, peu importe leur nationalité
d'origine, puissent se sentir pleinement Québécois, et, pour ça, il faut que
leurs corps policiers, il faut que leurs administrations municipales, il faut
que le gouvernement du Québec leur ressemble aussi. Et c'est pour ça qu'on a
des objectifs bien, bien précis en termes de représentation sur les conseils
d'administration des sociétés d'État, sur... également au sein de notre
fonction publique en général.
M. Lafrenière : Si je peux me
permette, Benoit.
M. Charette : Bien sûr.
M. Lafrenière : Tout à
l'heure, Benoit disait que, justement, lui, il avait un rôle de coordination,
mais tous les ministères avaient un apport à faire. Puis je vais vous faire un
petit exemple, avec ce que vous avez apporté, dans la représentativité
régionale. Notre collègue au Conseil du trésor a un mandat de délocaliser
5 000 emplois au Québec. Alors, je pense, c'est un autre mesure qui
n'est pas directement dans ce qu'on vous présente aujourd'hui, mais qui a un
effet en soi. Si on est capables d'avoir des gens dans différentes régions au
Québec, d'avoir un bassin de population qui est différent, c'est bien évident,
ça va peut-être devenir attractif pour bien des gens qui vont vouloir appliquer
dans d'autres endroits au Québec.
Alors, encore une fois, je pense, c'est un
bel exemple que, oui, il y a une coordination et un rôle hyperimportant, mais
on travaille tous là-dedans. Puis c'est la même chose, je peux vous faire le
parallèle avec le Secrétariat aux affaires autochtones, petite équipe, petit
budget, mais tous les ministères donnent un coup de main dans différents
dossiers, en matière policière, en matière de justice, tous les collègues
donnent un coup de main. Alors, ce n'est pas une personne qui est responsable,
ce serait un grand danger, on se partage cette responsabilité-là.
Puis je pense que, précisément, dans ce
que vous avez demandé, là, pour l'attraction, pour faire en sorte que des gens
puissent appliquer, si on agrandissait à l'ensemble du Québec, mais ça permet
de donner des occasions à des gens qui seraient à d'autres endroits
d'appliquer, qui pourraient venir de la diversité culturelle et du côté autochtone
aussi. Merci.
M. Bossé (Olivier) : Merci.
Sur le profilage racial, je ne sais pas si vous êtes capables de quantifier
depuis un an, depuis le dépôt du rapport du comité, si vous êtes capables, tant
mieux, mais êtes-vous capables de dire qu'il y a moins de profilage racial? Et
sinon comment vous allez quantifier ça au fil des années, dire : On s'est
améliorés, ou pas?
M. Charette : C'est un autre
domaine qui a fait l'objet de bon nombre d'études au fil du temps. Aujourd'hui,
on ne serait pas en mesure de vous dire : Il a diminué, ou stagné, ou
augmenté au cours de la dernière année. On n'a pas accès à ces données-là à ce
moment-ci.
Ce que l'on sait, par contre, c'est qu'il
y a plusieurs actions qui ont été menées pour en faire une pratique toujours
moins présente et, ultimement, l'encadrer de façon formelle. Je le mentionnais,
le 25 millions sur l'accompagnement de la transformation de nos services
de police, la formation qu'on a annoncée dimanche dernier, le projet de loi va
jouer un rôle fondamental. Parce que c'est bien certain, changer des
mentalités, c'est l'objectif ultimement, mais il faut que ça soit balisé, il
faut que ça devienne de plus en plus encadré, de plus en plus inacceptable
quand la pratique n'est pas adéquate. Donc, le projet de loi sera un outil
important.
Cependant, un projet de loi qui a été
déposé hier uniquement. Je parlais de l'échéancier avec notre collègue, Geneviève,
une étude… bien, c'est-à-dire une consultation dans un premier temps, une étude
article par article au cours du printemps. Donc, c'est un projet de loi, là,
souhaitons-le, et je le souhaite, et nous le souhaitons tous vivement, qui sera
adopté, là, au cours du printemps. Donc, ça va nous donner des outils de plus
par la suite, une fois que la réglementation sera mise en place.
Le Modérateur
: Alexane
Drolet, Noovo.
Mme Drolet (Alexane) : Oui, je
vais continuer sur la diversité, mais au sein de la police. M. Lafrenière,
vous avez mentionné… vous parlez d'une patrouille mixte de plus en plus, le
désir… Il y a quand même des corps policiers qui ont une diversité pratiquement
nulle, notamment au SPVQ. Est-ce que vous vous êtes fixé des objectifs pour
avoir des résultats plutôt rapides à ce niveau-là?
M. Lafrenière : Vous parlez…
quand je parle de patrouilles mixtes, on inclut des travailleurs sociaux qui,
majoritairement, quand je vous donnais l'exemple de Montréal… et moi, je suis
très, très fier de vous dire qu'à Montréal on se retrouve, dans le même
véhicule de patrouille, des policiers et des travailleurs sociaux qui
travaillent au Centre d'amitié autochtone de Montréal. Et pourquoi c'est si
avantageux? C'est que, premièrement, dans plusieurs recommandations, on l'a
dit, hein, d'apporter le côté civil dans la pratique policière, ça permet
d'avoir des gens avec un… j'étais pour dire un background ou une réalité qui
est complètement différente, et, quand ils interviennent avec des gens en
situation de vulnérabilité, exemple, au Square Cabot, bien, oui, il y a la
partie policière, mais il y a toute la partie support qui n'est pas nécessairement
offerte du côté policier, pour aller à un abri, et tout ça. Et même, au niveau
de la langue, de la culture, il y a des connaissances de plus. Alors,
d'apporter cette mixité-là, ça peut se faire à d'autres endroits au Québec. Et,
très bientôt, on va faire d'autres annonces, il y a d'autres endroits au Québec
où on va aller avec cette mixité-là. Ça permet d'avoir des gens avec un bagage
qui est différent, la langue, la culture, sans avoir fait, nécessairement, la
formation policière. Parce que, sinon, on renvoie tous ces gens-là vers l'École
nationale de police avec une formation qui est unifiée puis, par la suite, on
les redistribue à la grandeur du Québec. Là, ça permet d'aller chercher des
gens avec un bagage qui est différent.
Vous demandez si on a des objectifs avec
un nombre de personnes. À ce moment-ci, je vous dirais non. L'objectif, il est plutôt
de répandre cette pratique-là à l'ensemble du Québec, dans plusieurs régions,
puis d'amener un changement. Et là, contrairement au nombre d'employés... Parce
que, si vous regardez le nombre d'employés, exemple, à Montréal, tu sais, on va
ajouter 100 policiers, mais sur 5 000 employés. Là, quand on y va avec une
patrouille spécifique qui est combinée avec des policiers, le résultat est
immédiat. Sinon, on pourrait les séparer dans les 30 postes de quartier sur
l'île, on ne serait pas capables de le voir. Et là, rapidement, là, les
endroits où ces employés du centre d'amitié autochtone ont été envoyés, on voit
un résultat immédiatement. Puis ça, vous pouvez le voir. Si vous allez au
centre-ville, vous allez près du Square Cabot, vous allez voir des policiers,
des gens du centre d'amitié qui patrouillent ensemble, puis ça, bien, c'est un
grand changement. On l'a fait en matière d'itinérance, en matière de personnes
vulnérables aussi, EMRII, ESUP. Il y a eu beaucoup d'ajouts de personnel civil
dans les véhicules de police. Ça amène une plus grande transparence et ça amène
aussi un choc de connaissances, de culture qui est fort intéressant.
Et je ne vous cacherai pas que, quand vous
parlez de police… je vais déborder deux secondes de mon rôle pour vous dire que
c'est une formation puis ce n'est pas un vaccin, hein? Ce n'est pas une
formation qui va tout régler, là. Ça va prendre plusieurs formations, ça va
prendre des outils. Et c'est pour ça qu'on dit depuis tantôt : La dernière
chose à faire, c'est une approche un petit peu de cocher dans les cases, de
dire : Regardez, la formation est faite, puis on est heureux, puis on s'en
lave les mains. Du côté autochtone, je l'ai toujours dit, je le dis du côté des
minorités culturelles aussi, il faut se donner le temps et se dire que c'est un
changement de société. Ça va prendre du temps, ça va prendre des rappels aussi.
Sinon, dans deux ans, on pourrait dire : On les a tous faits, c'est fini,
on n'en parle plus, puis ce ne serait pas la bonne approche à faire, mais pas
du tout.
Mme Drolet (Alexane) :
Peut-être juste une précision, justement, sur la formation à l'École nationale
de police. On parle de 1 million pour une campagne. Est-ce que c'est une
formation obligatoire pour tous, ça?
M. Charette : En fait, ce
n'est pas 1 million pour la campagne, c'est 1 million pour la bâtir,
cette campagne-là, donc s'assurer, là, qu'elle soit adéquate, et, oui, tous les
policiers au Québec. D'ailleurs, cet automne, il y a une mise à jour, là, qui
était demandée à tous les policiers sur cet enjeu-là. Mais la nouvelle
campagne, le nouveau volet qui est en train d'être élaboré sera une étape
obligée, là, pour l'ensemble des policiers, policières du Québec. Et Ian le répète
à juste titre, là, ce n'est pas une formation de trois heures qui les dédouane
pour les 35 ans de carrière, ou les 30 ans, ou les 25 ans de carrière qui les
attend, là. Il y aura, suite à ça, des rappels, des mises à jour, et c'est une
formation, là, qui va se faire en continu.
Le Modérateur
: Vincent
Larin, QMI.
M. Larin (Vincent) : Oui.
Bonjour. Juste une précision, peut-être, pour commencer. Vous avez dit :
18 % de membres de minorités visibles au sein de la fonction publique
d'ici 2023.
M. Charette : C'est
l'objectif, c'est l'objectif. On est à 14 % actuellement.
M. Larin (Vincent) : O.K. Je
me demandais, est-ce que ce 18 % là doit être pour l'ensemble de la
fonction publique ou ça ne serait pas important, selon vous, d'y avoir une
représentation par corps d'emploi?
M. Charette : Actuellement,
l'objectif, c'est un objectif général, comme je vous le disais tout à l'heure.
Par contre, on vise à ce que ce pourcentage-là ne soit pas concentré dans un
seul ministère, dans une seule fonction. Donc, à terme, on pourra peut-être se
fixer des balises pour les différents corps d'emploi. Là, actuellement, c'est
une cible plus générale. Mais, lorsqu'on parle des conseils d'administration,
on est au niveau de la gouvernance, donc déjà on a, oui, les fonctionnaires,
eux-mêmes et elles-mêmes, mais on veut aussi tabler sur une gouvernance qui
soit plus représentative. Mais, à terme, ce n'est pas exclu qu'on ait des
objectifs plus précis par corps d'emploi. Mais il faut augmenter ce
pourcentage-là de façon importante, là, au cours des deux, trois prochaines
années.
M. Skeete : Puis, si je peux
rajouter aussi, lors des nombreuses consultations qu'on a eues, une des
inquiétudes qu'on avait, c'est que s'assurer que, oui, les différents cadres de
travail, mais aussi les différents niveaux. Hein, ce n'est pas juste… ce n'est
pas adéquat d'avoir 25 %, mais c'est tous des commis. Il faut vraiment
s'assurer qu'on a une belle représentativité à tous les niveaux, que dans
l'encadrement que dans les postes d'entrée. Alors, c'est quelque chose qu'on
est au courant que c'était quelque chose qu'il faut surveiller et c'est quelque
chose, une fois que le résultat atteint, qu'on va commencer à mettre beaucoup
d'emphase là-dessus.
M. Larin (Vincent) : Comment
est-ce... parce que vous, bon, vous connaissez effectivement qu'il y ait des
cadres supérieurs qui soient membres d'une minorité, comment est-ce qu'on
atteint ça dans les faits? Est-ce qu'on procède par, je ne peux pas dire
privilège, là, mais on a un préjugé favorable pour les promotions au sein de la
fonction publique pour les gens de minorités visibles?
M. Charette : Un des outils
qui sera très précieux pour nous dans les prochaines années, c'est le projet de
loi maintenant adopté, le projet de loi n° 60. Si vous le lisez, ça… On a
eu plusieurs échanges et rencontres à ce sujet-là. Actuellement, les candidats,
candidates, peu importe le type d'emploi, c'est un bassin collectif qui leur
permet de se voir attribuer ou de se rendre éligibles, là, pour un poste ou
autre. Là, on veut donner une souplesse aux directions, aux ministères
eux-mêmes, d'avoir possibilité de recruter plus facilement directement. Donc,
si on a une direction d'un ministère X qui n'a pas du tout de présence
issue de la diversité, bien, ça va être plus facile pour cette direction-là, en
particulier, de cibler le personnel, là, qui pourrait être embauché, donc se
donner des objectifs, dire : Bien là, actuellement, on n'est clairement
pas suffisamment diversifiés, on n'est clairement pas suffisamment
représentatifs, donc on va essayer de redoubler d'efforts, là, pour aller
chercher des candidatures, là, issues de la diversité.
M. Larin (Vincent) : …les gens
issus de la diversité…
M. Charette : …le projet de
loi n° 60, ce n'est pas tant un «fast track» qu'une souplesse qui est donnée,
là par… parce que les critères, nous, on le dit toujours, là, et ça, c'est
applicable dans tous les domaines, on ne veut pas viser des objectifs plus bas
au niveau de la formation ou quoi que ce soit. Puis les groupes ne nous le
demandent pas, ils ne veulent pas un privilège sur les exigences attendues, en
matière de qualification, formation, ce n'est pas du tout l'objectif. On ne
veut pas niveler par le bas, mais on veut s'assurer qu'ils puissent accéder au
potentiel d'embauche plus facilement.
M. Bergeron (Patrice) : Juste
avant qu'on passe à la période de questions en anglais, si vous permettez, M.
Charette, je vais vous demander simplement de changer votre chapeau quelques
minutes pour devenir ministre de l'Environnement. Hier, les groupes écologistes
ont rencontré le premier ministre et puis ils ont fait une évaluation ou un
bilan assez critique de leur rencontre, ils auraient aimé avoir plus
d'engagements ou de nouvelles mesures en place. Pourquoi, selon vous, ils font
cette évaluation très critique de leur rencontre?
M. Charette : En fait, je vais
vous inviter à lire un communiqué de presse qui a été publié…
M. Bergeron (Patrice) : Je
l'ai lu, oui, celui-là, mais il n'y a pas juste lui.
M. Charette : …en fait, il y a
un individu qui s'est montré plus critique, mais tous les autres se sont dits
ravis de la rencontre. Il faut savoir que c'était une rencontre avec des
groupes variés aux missions très différentes les unes des autres. Moi, ce que
je retiens, c'est que la quasi-totalité des groupes se montre aujourd'hui
enchantée. C'est une rencontre qui s'est déroulée sur 1 h 30 s,
qui nous a permis de couvrir bon nombre d'enjeux. On a parlé de biodiversité,
on a parlé de gestion des matières résiduelles, on a parlé de la diminution des
émissions de gaz à effet de serre, on a parlé d'agriculture durable et les
canaux de communication étaient excellents et tous les groupes, je pense, ont
reconnu des avancées majeures dans chacun de ces thèmes-là. Je ne dis pas
qu'ils ne souhaiteraient pas davantage de mesures, mais ce que l'on a pu leur
réitérer, le premier ministre, en premier lieu. C'était un premier contact,
pour sa part, moi, ce sont des groupes avec qui je suis en contact
quotidiennement. On s'est promis de se revoir pour faire le suivi de tout ça.
Mais il faut considérer que la très grande majorité sinon, tout le monde, à
l'exception d'une personne, s'est dit très satisfaite de la rencontre.
Le Modérateur
: Merci,
M. Charette. Nous en sommes maintenant à la période de questions en anglais.
Cathy Senay, CBC.
Mme Senay (Cathy) : Good afternoon. The SPVQ just tabled… well, presented its action
plan to improve its practices, and one of the points is to foster inclusion and
diversity because of these fears of racial profiling,
and then they are going to go and work with an expert from Laval University to
basically study the bias that some police officers might have towards minority,
visible minorities.
I'm just really confused
about the fact that it's basically your job to push that type of projects. So,
how come, like, police corps will do one thing, another? Don't you want to have
coordinated actions with those recommendations? So, don't you see that it goes,
like, in different directions?
M. Charette :Well, in fact, I don't see any contradiction. During
the past year, we've met I don't know how many groups among many, many police
officers, among also many directions of different police services. So, we do
work with them, we do give guidelines.
The bill presented
yesterday by my colleague is the perfect example. We are talking about the
police, the mandatory step that we have to go through by a bill, a new bill,
and it's probably the first time that this kind of issue is in a specific bill.
So, we do work with them, and they do have to make mandatory steps also.
For all organisations,
and I don't want to limit this only for police organisations, but for municipalities, the Government,
we have to do these steps, we have to make sure that these services represent
the society, they protect the society, they serve the society we all live in.
So, it's part of our job, so there's no contradiction. But we are clearly in
touch with these organisations.
Mme Senay (Cathy) :
Where I'm getting at is that the impact you have
with those recommendations, the progress you've made is very limited. We've
seen, like, the problems with the SPVQ just a few weeks ago. The course that
you're talking about, Mr. Roberge, racism is part of one of the topics
that will be thought in that class. It's not just about racism. They are a lot
of issues that will be teach with this class. So, I'm just wondering, I mean,
what will it take that, Mr. Charette, we'll be proud of the progress
you're making against… to fight racism in Québec?
M. Charette :
Well, I don't agree that the progress is limited. It's the first time that we have a minister in charge of this important issue. It's the
first time that we have a government with the will to put the measures in
place, the will to put the money for the realization of this issue. But we
never said, and we will never say that the job is totally done. We received
this mandate less than a year ago, and today, I think we were able to show that
we are making huge progresses.
But that's not the end.
We are not here today to tell anybody that the job is done. What we want to do
is to make sure that everybody knows and understands that we are in action. We
had so many reports in the past, so many good wills, but no clear political
will, no money to put them in place, but this has changed. And we do have the
political will, we do have the tools to realize this action. But we are not
here to say that the job is done. And the progress, well, is not limited. It's
not enough after less than a year, but I think we are definitely in the good
and the right direction.
M. Skeete : If I may, also, Mr. Minister, if you look at what's been done
just in the past 12 months, we're speaking about a white paper that directly
looked at the way the policing is done in Québec. When you look at the recent
law that we just passed, it's going to further enshrine the way that policer
officers can conduct and do their searches and their stoppages… their
stoppings.
So, these are all things
that are brand-new. And, of course, the leadership is there, the political
leadership is there. All these things have to trickle down. But the good news
is, of all the police departments that we've met, not one has said that they're
not 100% on board.
But we're talking about
societal change here. Societal change is frustratingly slow. But it's something
that we're going to have always keep putting pressure on, all of us, the media,
citizens, our friends. Christmas is coming soon. At the dinner table, someone
says something ignorant, you've got to correct them. So, this is a thing that
we all have do to together.
But to say that progress
hasn't been done, what Québec has done just in the past year in terms of naming
a minister, articulating where we want to go, defining a vision, that's never
been done.
M. Lafrenière : Sorry, I'm going to jump in as well. I've been saying something in
French, I just want to bring that up in English as well. I've been referring to
mixed patrol, which is extremely important, and I believe in that, but we need
to be strong on the objective, but extremely flexible on the way that police
services will adapt that.
Just to give you an
example, Longueuil, they've got immersion, you've read about it, you see how it
is. In Montréal, they've got a different approach. I was in Val-d'Or with
EMIPIC, they've got a wonderful approach that fits to this locality, to this
city. After doing a tour of 34 different communities, believe me, there is
no wall-to-wall. We need to adapt ourselves. So, we need to be strong on the
objective, but extremely flexible on the way to get there, to adapt to local
reality which is completely different from one city to the other.
Le Modérateur
: Phil Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
: Right here.
M. Lafrenière : Right in front.
M. Authier (Philip)
: I want… That's right. That's where they put me.
Une voix
: …
M. Authier (Philip)
: What was that?
M. Skeete : It's not sad to be sitting there.
M. Authier (Philip)
: I was expecting… You've moved from 11 %
to 14 % in cultural communities in the… Did you say in all of the fonction
publique? If that is the case, can you tell me the exact dates? And surely, did
this happen in the year? Or what's the timeframe, if you could be more specific
for me?
M. Charette :
Well, in fact, the final… not the final goal, the goal for 2023 is to get to
18 %. We are now at 14 %. But less than two... two years, three
years... Less than three years ago, we were at 11 %. So, the progression
is… goes in the right direction, but I cannot tell you the exact timeframe.
What do we do… What do we know is since we are in power, even before the
creation of the group against racism, even before our own mandate, we started…
we had started this progression.
M. Authier (Philip)
:
It was moving up.
M. Charette :
And it has to continue. So, the timeline, in less than 2023, we have to be at
18 %. And we do have our board to follow these numbers. And at that
moment, probably we will have to give another mandate to where are these
people, in which direction, in which regions to make sure the full public
service is representative of the Québec population.
M. Authier (Philip)
:
And speaking of that, maybe just a question for Mr. Skeete. What… Has the
percentage of English-speaking Quebeckers increased? You and I have discussed
this many, many times. Has it… Has there been any movement? I think it was at
less than 1 %.
M. Skeete :
It is an indicator that does not move. I don't have the recent numbers. But
even if I did, it wouldn't be satisfactory. There still is an issue. One of the
issues that we identified was the knowledge of French and the mastering or
French. I'm hopeful that, with the passage of Bill 96, that each
English-speaking Quebecker will have access to and the right to learn French
for free, will help us move the needle on the abilities to write and communicate in French, which I believe, in term, will help
English-speaking Quebeckers
access the civil service.
But also, we have to do
more to generate interest in the civil service. Many of you here know that
anecdote that I once told. I studied political science at Concordia, and, you
know, I wanted to join the civil service and it never even dawned on me to
apply to Québec civil service. I still can't put myself
in that position and understand why. So, we have to really try to understand
why English-speaking Quebeckers are applying at a lower rate and why they're
getting in at a lower rate, then… in order to correct that imbalance. But I am
optimistic that making French more accessible, more available, for free, it's
going to be one of those things that helps us move the needle.
M. Authier (Philip)
:
So, the cultural communities, does that include any change in the
English-speaking representation in the…
M. Skeete : Well, of course, you can have people who are English-speaking Quebeckers who are visible minorities, like
myself. But at the same time, there are two separate metrics. One of them is
the ability to pass the French test when you're doing the actual application,
the other one is the metric of where it is that you're applying, and then in
what category you fit in in terms of visible minority status.
Le Modérateur
: Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : Yes. I was hoping that you could just give us some brief summary
for those who are listening in English or, you know, just, just a brief couple
of sentences about your what your main goals are, because there's a lot in
here. Next year, if we're doing the follow-up, what do you three want to have
accomplished?
M. Charette : The report was made public a year ago, and the goal, the final goal
is to achieve the 25 actions within this report. And the Premier is pretty
clear, it's not a pick and choose exercise, we have to realize these 25
actions. And we are pretty happy today to say this clearly : We are in
action in each of these 25 actions.
But it's not the end,
it's not because we have started the work that the work is done. So, we were
able to make, today, a summary of the work that has been done, the goal for the
coming years also. But what is reassuring, I think… we have the political will
to go through this report, we have the tools also, and that was lacking during
the last years with the previous Governments, because
we had so many reports on these issues and these reports were left without any
real action. So, we have the political will.
Just speaking about
money, because that's the tool, a mandatory tool to go
through the report, during the last days, and weeks, and months, we announced
many measures, probably the most important one,
130 millions for the integration and the full recognition of the potential
of the candidate from the immigration. We add a 25 million to help the
police to be more representative, be more in touch with the citizens at the…
servant protects. We have also, recently, a few days ago, almost
21 million for Commission des droits de la personne, because it's one
thing to be victim of racism, but it's another thing to be able to make sure
that their right… the right is protected. And that's the commission's work, but
they lack resources during the last… not the last year, the last decade.
So, we did a major step
by funding them adequately to make sure the person, one day, is victim of
racism, a victim of apartments refusal, now, yes… well, it was the case, she
was able to fulfill a complain. But it used to take years to go through this
process, not because the commission lack of will, they didn't have the
resources. So, we did a major step with this action.
And the list of examples
is quite long, but the main thing we have to repeat today, the job is not done,
but we are clearly in action.
Mme Fletcher (Raquel) : Anyone else want to add?
M. Lafrenière :
Yes.
Mme Fletcher (Raquel) : OK.
M. Lafrenière :
I am not going to start up from beginning saying hi, hello, “bonjour, tout le
monde”. Two questions, as you said. You said : What would be your
dream in a about a year? So, where do you want to be? And today, just to start
up by today, what we're announcing is that many things have been done. There's
a lot to do. I could talk to you about justice, police, housing, training,
education, but time is, today, to say : You know what? Don't see that as a
grocery list. It's not to see those actions like, you know, they are done, it's
over, it's finished. It's a society project.
So, my dream in a year
will be : You know what? You would say : Ian, we've been talking
about that so much like we've never been talking about in the past. That would
be a dream because this is important. And it's not going to change overnight,
it's going to take time. But the very least people are talking about it, they
see that reality, we'll do change. They'll be many things that will do on our
side, but we need society to jump in. So, that's why we'll be extremely happy
that we could talk about it more, more than ever.
Le Modérateur
: Kelly Greig… Tu voulais-tu une deuxième question?
Mme Fletcher (Raquel) : Oui, j'ai une deuxième question. Ça va être vite.
On the same day that your
announcing this racism action plan, a teacher who wears a hijab in Chelsea was
let go, and this is making headlines across the country. It's hard for people
inside and outside of Québec to
see this as anything other than racism on the part of the State. How do you
react?
M. Skeete :Well, Bill 21 was passed a couple of years ago now, and this the law
of the land that we have a secular society, which include the… wearing a
religious article as teachers. My understanding for that particular case is
that the teacher was hired after the passage of the bill, which meant that
there was no possibility for a grandfather clause. I believe your question indicates that she was let go. My
information is that she's been reassigned. So, my situation is this is been the
law of the land. Everybody new that this was the case. And we're proud to say
that we live in a secular society here, in Québec, and it's something that is, I think, in phase with what Quebeckers excepted us and wanted us to do,
and what we were elected to deliver upon also.
Le Modérateur
: Kelly Greig, CTV.
Mme Greig (Kelly) : Good afternoon. My first question would be : Is there any movement on recognising systemic
racism in Québec?
M. Charette :As we have said many, many times… And, well, the
unfortunate thing, we've met so many groups and people, and frankly these
meetings were not public, and that's probably one of my regret, because, well,
maybe two, maybe three groups talked directly or addressed this issue. But the
other groups, it's not their thing. They just want one thing, it's action, and
they repeated… they have repeated that for months now. So, for us, the important thing, it's not a debate around an expression, it's
clearly to be in action. And, well, when we meet groups, we don't say :
You have the right to say this or you don't have the right to say that, and
frankly these groups and those groups simply don't talk about this issue. They
have been saying the same things for years : We need action. We have so
many data, we know the problems, we know what we have
to do, and we were expecting action. And I think most of these groups are happy
to see that finally there's action about this fundamental issue.
M. Skeete :
…to say, just to add to what the Minister was saying, that debate is something
that, I think, misses the larger point. You know, if you start asking people in
Québec, you know : Do you
think that racism shouldn't exist? I think you'll get a very large… I would say
near a 100% consensus. When you start to qualify the type of racism, systemic
or not, I think that really divides us on something that really should unite
us.
When I look at the 25
actions plan or when I was thinking of myself as a younger man being pulled
over by the police, I don't think it really matters that whether or not it was
systemic, I think I just don't want it to happen, and I certainly don't want it
to happen to my kids. When someone is denied housing because of the color of
their skin, I think that they don't really care if it's systemic, they just
want a place to live. And I think, if someone is having trouble getting their
credentials recognized… I think that's an issue that, you know, systemic
doesn't really… it's ten feet over their head. What they want is to be like
gain, gain, earn a living in Québec, and be happy, and raise their kids here.
So, I think it's the way
to go, to focus on what unites us. I think we can all agree here that racism
ought not be and that we really need to do a lot more to resolve that issue.
Mme Greig (Kelly) : I understand you have certain metrics of… you want to meet
quantifiable things, but racism is very intangible at times. How do you define
success in defeating racism, aside from 18% or meeting a certain goal?
M. Charette : I think, and that's the will that we present today… Today, it's a
kind of wrap up of what we have been done during the last year, but we hope
that… «continuellement»…
Une voix
: …continually…
M. Charette : …this word is even more difficult. But, over the time, we want to
make sure that this data is available. We want to know… we want to make sure
that the population knows where
we are. So, today, it's the first exercise of this kind, but it's not the last
one. So, each time, we will be able to tell you for this action here where we
are. So, I think we will be able to show this evolution for all theses actions
to realize.
M. Skeete : And, if I may add to that, this is the kind of thing that governments are all about. When you talk
about good government, it's how
do you look at an issue that is so complex, so interconnected, that impacts so
many people, and, yet, say to yourself : We're trying to affect a societal
change.
So, to answer your
question, I don't think we can ever, you know, score the touchdown, and spike
the ball, and scream victory. I think this is going to be one of those things
where there's always going to be opportunities for improvement, measured
improvements. And I think the population is going to tell governments what they
expect, and where they want to go, and what to put emphasis on.
I think that's what's
good about the fact that this Government reacted quickly, after the death of George Floyd, to create an
action plan, to develop articulated measures, to fund these initiatives and to
put all these things into action. Because it's the right thing to do, because
the population expected it. And
then some other days, somebody else will pick up the mantle and move the needle
again. And so, I think there is no victory in this, and I think that's good. I
think it's good that there is no end to human progress.
Le Modérateur
:
Petite précision, M. Skeete, juste sur ce que vous avez dit tout à l'heure,
concernant tous les petits gestes au quotidien que la population peut poser,
là. Vous considérez que si vous entendez quelque chose, dans un party de Noël,
qui dérange, de le corriger tout de suite. Expliquez-nous ça un peu, voir…
M. Skeete : Bien, en fait, ce
que je voulais dire, quand je disais ça, c'est pour dire que changer… faire un
changement sociétal, ça nous concerne tous. Oui, le gouvernement peut agir et
intervenir. Mais le policier, dans son auto de patrouille, a une responsabilité.
Quand on est autour de la dinde pendant le temps des fêtes puis quelqu'un passe
un commentaire qui n'est pas acceptable, bien, c'est peut-être là une opportunité
d'engager une discussion avec cette personne-là. Quand on est dans la cour
d'école et on entend quelque chose qui n'est pas acceptable, bien, c'est le
moment de dire quelque chose.
Alors, oui, le gouvernement peut faire des
mesures, mais ce n'est pas au gouvernement à lui seul de faire ce
changement-là, on est tous responsables de ce changement-là. Et c'est la beauté
de la chose, c'est que ça prend tout le monde pour ramer dans la même
direction.
Le Modérateur
: Bien, merci
beaucoup. Merci beaucoup à vous trois.
(Fin à 14 h 14)