Conférence de presse de M. Daniel Ratthé, député de Blainville
Le point sur son avenir politique
Version finale
Thursday, November 24, 2011, 14 h
Salle Evelyn-Dumas (1.30),
édifice Pamphile-Le May
(Quatorze heures)
M. Ratthé: Alors, bonjour à tous et merci de votre présence surtout. Il y a quelques semaines, j'ai amorcé une réflexion quant à mon avenir au sein du caucus du Parti québécois, et, ces derniers jours, cette réflexion s'est intensifiée. Aujourd'hui, après avoir discuté avec Mme Marois, il a été décidé que je quitte le caucus et de siéger désormais à titre de député indépendant.
Eh bien, la raison de mon départ s'explique par le résultat de nombreuses consultations que j'ai menées ces dernières semaines auprès des gens de la circonscription de Blainville. Et j'estime que les avis obtenus constituent un bon indicateur que l'option de la souveraineté ne se trouve plus au coeur des préoccupations des Québécois.
Malgré nos différends, je respecte Mme Marois et sa longue contribution à la vie publique. Et, par conséquent, je lui ai fait part de mon choix dès ce matin en lui indiquant, dans une discussion courtoise, les motifs de ma décision. Il m'était tout simplement devenu impossible de lui garantir mon soutien.
Et, bien que je demeure convaincu des avantages de la souveraineté, je suis cependant réaliste et je considère, tout comme la majorité des concitoyens, qu'en raison de l'état actuel des choses il faut présentement mettre la priorité sur d'autres enjeux. Par exemple, dans Blainville, nous devons nous consacrer à des dossiers comme l'accès à un médecin de famille, la création de nouvelles places en centres de la petite enfance, l'aide à domicile pour les handicapés et les personnes aînées, l'accroissement significatif du transport en commun, surtout aux heures de pointe, et la lutte au décrochage scolaire.
Je suis un homme d'action, je me suis toujours imposé une obligation de résultat. Et, par conséquent, je vais poursuivre mes efforts à faire progresser ces dossiers au bénéfice du comté de Blainville et à mettre ainsi de côté les tiraillements, les divisions internes et les longs débats stériles.
J'en profite pour remercier sincèrement mes collègues du caucus de leur collaboration constante et de leur soutien depuis mon élection en décembre 2008. Et je tiens également à souligner la collaboration des membres de mon équipe qui ont été présents et d'un précieux conseil durant toute ma réflexion. D'ailleurs, je désire assurer mes électeurs qu'avec cette même équipe je continuerai de les servir de manière énergique et intègre.
C'est avec un grand bonheur, et un enthousiasme renouvelé, et une rigueur inébranlable que je vais poursuivre le mandat qu'ils m'ont donné il y a trois ans. Je vous remercie et je suis prêt à passer maintenant à la période de questions.
Le Modérateur (M. Alexandre Robillard): Alors, Robert Plouffe.
M. Plouffe (Robert): Bonjour, M. Ratthé.
M. Ratthé: Bonjour, M. Plouffe.
M. Plouffe (Robert): M. Ratthé, vos collègues vous appelle déjà le vire-capot. Voulez-vous nous dire si, au lendemain du 14 février, vous serez député représentant la Coalition avenir Québec, s'il vous plaît?
M. Ratthé: M. Plouffe, comme je l'ai indiqué, je vais siéger tout d'abord à titre de député indépendant. Je dis tout d'abord parce que je veux continuer de m'accorder une période de réflexion. Cependant, je n'écarte aucune possibilité, au moment où on se parle. Je veux donc prendre le temps d'évaluer les options qui s'offrent à moi afin de prendre, j'allais dire, une décision éclairée.
M. Plouffe (Robert): Donc, vous confirmez être courtisé par M. Legault. C'est ce que vous nous dites aujourd'hui, M. Ratthé?
M. Ratthé: François Legault et moi avons eu une conversation récemment, et il sait que je suis en réflexion sur mon avenir politique. Mais, jusqu'à maintenant, nous n'avons conclu aucune entente entre nous.
M. Plouffe (Robert): Une dernière, si vous le permettez. On nous a fait observer que, depuis quelques semaines déjà, vous ne posiez plus vraiment de questions à M. Lessard sur le monde municipal. Est-ce que vous aviez déjà été mis un peu sur la touche ou aviez-vous déjà entamé votre réflexion, ce qui faisait que Mme Marois le savait et vous avait mis un petit peu dans le coin?
M. Ratthé: D'une part, je vais répondre en deux volets à votre question. En ce qui a trait à la réflexion, je vous dirais que le déroulement de cette semaine a été le suivant: j'ai avisé notre whip Mme Léger, en milieu de semaine, que j'étais en réflexion et je lui ai demandé également d'aviser Mme Marois. Ce qui avait été prévu, et j'ai été un peu devancé ce matin, ce qui avait prévu, c'est que je devais rencontrer Mme Marois, en fin de journée aujourd'hui, pour avoir une discussion avec elle, comme je vous l'avais déjà mentionné, alors une discussion avec Mme Marois auparavant et à faire une conférence de presse de demain. Alors, ça, c'est le scénario qui avait été prévu. D'ailleurs, si je ne me trompe pas, là, on n'a pas eu le temps vraiment de changer la date sur l'allocution, là. On parle de la date de demain parce qu'on pensait vraiment pouvoir vous convoquer demain.
Maintenant, pour répondre à l'autre volet de votre question, M. Plouffe, je ne crois pas que j'ai été - prendre l'expression - mis en pénitence. Je pense que les dossiers qui ont été soulevés par le Parti québécois étaient davantage concentrés sur d'autres sujets, là, qu'on pense aux ressources naturelles, qu'on pense aux règlements qui sont actuellement... ou les lois qui sont en train de se faire passer au fédéral. Alors, je n'ai pas senti que j'étais en pénitence, je n'ai pas senti qu'on me mettait de côté. Je pense qu'il y avait tout simplement un petit moins de matière en termes d'affaires municipales.
Le Modérateur (M. Alexandre Robillard): Martine Biron.
Mme Biron (Martine): Oui. Bonjour, M. Ratthé. Comment ça s'est passé votre rencontre avec Mme Marois? Est-ce que vous avez été expulsé du caucus ou si vous avez démissionné du caucus?
M. Ratthé: Bien, je pense qu'on a eu... écoutez, je pense que la rencontre... c'est une rencontre qui a été de courte durée, qui est une rencontre courtoise, de bon ton, et j'ai expliqué mes motifs à Mme Marois. Et, bon, qui a pris l'autre de court? Là, je pense qu'on n'entrera pas dans ce jeu-là. C'est pour ça que je vous dis qu'après avoir discuté... en fait, nous en sommes arrivés à la même conclusion. Ma conclusion à moi, c'est que je devais quitter. Mme Marois, évidemment, avait conclu, de son côté, qu'elle devait donc m'exclure du caucus évidemment. Et, bon, en ce qui me concerne, qu'il y ait eu un communiqué quelques minutes avant la conférence de presse, le résultat est le même, et je pense qu'on pensait exactement de la même façon.
Mme Biron (Martine): Je m'interroge parce que vous avez été élu pour la première fois en 2008...
M. Ratthé: Oui.
Mme Biron (Martine): ...dans un parti souverainiste alors que la question souverainiste aussi... de l'intérêt pour la souveraineté était quand même dans l'air. M. Legault l'avait lui-même soulevée et il avait quitté. Comment se fait-il qu'en deux ans vous estimez que... vous avez estimé, en 2008, que ça valait la peine d'être souverainiste et de se faire élire sous cette bannière et que, deux ans après, vous changez d'idée? Qu'est-ce qui s'est passé?
M. Ratthé: Écoutez, moi, je ne considère pas que j'ai changé d'idée, je suis toujours souverainiste. Et d'ailleurs, je vous dirais, le Parti québécois n'a pas le monopole des souverainistes, hein? Le Parti québécois a probablement le plus grand nombre de souverainistes au sein du parti, mais il y a quand même Québec solidaire, il y a maintenant l'Option nationale. Il y a déjà plusieurs partis autres qui sont moins connus. Alors, moi, je considère que je suis souverainiste.
Quand je me suis présenté sous la bannière du Parti québécois, l'approche... j'aimais quand même bien l'approche de Mme Marois. On parle d'une approche de gouvernement souverainiste, de prendre le temps de redonner confiance aux gens, de voir à quel moment, hein, on fera la souveraineté, au moment jugé opportun. Donc, j'aimais quand même cette approche-là.
Mais j'ai réalisé, et je vous le dis, j'ai... au cours des dernières semaines, nous avons fait, j'allais dire, presque 2 000 téléphones parce qu'on a eu deux événements dans le comté. On a eu la visite de Mme Marois, comme vous le savez, qui s'est très bien passée, et on avait eu également la rencontre avec les citoyens à Saint-Jérôme. Et, dans les deux cas, on a presque contacté, pour chacun des événements, presque 1 000 personnes, surtout des gens du comté mais beaucoup de militants, et nous avons eu l'occasion donc de réaliser que, j'allais dire, que l'appétit, pour l'instant, est moins là, et que les gens nous parlent... Quand on nous appelle dans notre bureau de comté, on nous parle beaucoup plus de ce que je vous ai mentionné tout à l'heure, c'est-à-dire la santé, les CPE. Les gens nous demandent de nous concentrer davantage là-dessus. Et, si on le met dans l'ordre des priorités, eh bien, évidemment, ce n'est pas ce qui ressort.
Alors, moi, j'ai été élu par mes citoyens. Je considère que je dois aussi représenter et refléter ce que mes citoyens pensent. Et c'est pour ça que, pour l'instant, comme je vous le dis, je ne suis pas prêt à vous dire que je m'en vais dans un parti politique ou dans un autre. Comme je vous ai mentionné, j'ai eu un contact avec M. Legault, je vais regarder toutes les possibilités, tout ce qu'il y a sur la table et je vais surtout continuer, aux cours des deux prochaines semaines, à consulter, à aller dans mon comté, à rencontrer les citoyens. Ça va me donner une belle opportunité de participer à plusieurs activités et de voir ce que les citoyens en pensent et surtout à bien continuer de les servir.
M. Robillard (Alexandre): Michel Pépin.
M. Pépin (Michel): Est-ce que vous serez candidat aux prochaines élections, M. Ratthé?
M. Ratthé: Bien, écoutez, ça, je vais laisser ça... Comme je viens de vous dire, je suis un député qui a été élu par des citoyens sous la bannière du Parti québécois. Je pense que je peux terminer mon mandat actuellement et très bien les servir de façon efficace. Peut-être même avoir un petit peu plus de temps pour les servir parce que donc j'aurai un petit peu moins d'activités à titre de député indépendant. Alors, moi, je pense que j'aurai peut-être plus l'occasion d'être là. Et, pour le reste, ça sera aux citoyens de décider, à la prochaine élection, s'ils veulent continuer à me faire confiance, à titre de député indépendant ou autre. J'espère que d'ici là j'aurai complété ma réflexion, et ça sera à eux de décider. Moi, je ne veux pas m'imposer de choix, ce n'est pas à moi à imposer le choix que je ferai, ce sera à eux de décider s'ils veulent m'avoir comme député encore pour un prochain mandat.
M. Pépin (Michel): Mais pour que ça soit clair, est-ce que vous, vous avez l'intention d'être candidat?
M. Ratthé: Ah oui! Bien, je le souhaite, être candidat, et je souhaite revenir, mais pour l'instant, comme je vais siéger à partir de maintenant comme député indépendant et que je poursuis cette réflexion-là, il reste deux semaines, il y a la période des fêtes, alors je vais avoir l'occasion aussi de rencontrer des proches, la famille, des gens que je connais, des conseillers plus près, la population. Alors, j'aurai sûrement l'occasion de vous revoir d'ici le retour pour vous dire quel sera mon choix et j'espère que je vais pouvoir revenir. Mais, pour l'instant, il est prématuré pour moi pour vous dire est-ce que ce sera à titre de député indépendant, est-ce que ce sera sous une bannière politique. Je me laisse encore un peu de temps pour réfléchir, mais je veux revenir.
Le Modérateur (M. Alexandre Robillard): Denis Lessard.
M. Pépin (Michel): Vous avez peut-être lu... Simplement, vous avez peut-être lu le communiqué de Mme Marois qui parle d'opportunisme. Comment vous réagissez à ça?
M. Ratthé: Bien, écoutez, je pense que, dans mon communiqué, je vous ai dit, et puis, depuis le début, je pense que je vous dis que ma décision, elle est surtout prise sur une base idéologique, elle est surtout prise suite à une réflexion et à une réflexion qui se poursuit après avoir eu des conversations avec des citoyens. À moins que vous m'avisiez qu'il y ait des élections très rapidement, je pense que je prends cette décision-là, quand même, bien avant de savoir s'il y a des élections. Je m'en vais comme député indépendant et je vais continuer à réfléchir.
Moi, je ne vois pas ça comme de l'opportunisme, au contraire. Je pense que de réfléchir, et, à partir du moment où on est moins à l'aise dans un parti, je pense que... et Mme Marois l'a bien indiqué, rappelez-vous, elle a clairement indiqué que si nous n'étions pas en mesure de la supporter entièrement - et supporter Mme Marois entièrement, on ne parle pas juste ici de son leadership, quand on supporte le chef, on supporte l'idéologie, on supporte le parti - Mme Marois a bien indiqué qu'elle ne pouvait pas avoir dans ses rangs des gens qui ne pouvaient pas la supporter entièrement.
Alors, moi, c'est dans cette optique-là que j'ai aussi pris ma décision. Je pense que c'est honnête, je pense que c'est intègre de ma part. En ce qui me concerne, j'aurais trouvé plutôt malhonnête de demeurer au sein d'un parti avec lesquels je n'avais pas un confort complet, et c'est pour ça que je prends cette décision-là aujourd'hui, et je ne vois pas ça comme de l'opportunisme.
Le Modérateur (M. Alexandre Robillard): Denis.
M. Lessard (Denis): M. Ratthé, vous laissez entendre que, bon, vous avez eu un contact à un moment donné avec Legault, puis ça semblait assez exploratoire, alors qu'il semble que ce soit plutôt hier soir que vous vous êtes parlés au téléphone.
M. Ratthé: Bien, comme je vous ai dit, j'ai eu un contact récemment...
M. Lessard (Denis): C'est pas mal récent.
M. Ratthé: C'est ce que j'ai dit. Et, écoutez, je pense que je n'ai pas nécessairement à vous divulguer la teneur de la discussion que j'ai eue avec M. Legault. Je pense que ça peut demeurer de l'ordre du privé. Ce que je peux vous dire, et je ne le nie pas, j'ai eu une conversation très récemment avec M. Legault. Nous avons échangé, et je lui ai dit ce que je vous dis actuellement, que j'étais toujours en réflexion...
M. Lessard (Denis): ...de votre appui, parce que vos positions sur la Constitution, ça semble un copier-coller de...
M. Ratthé: Vous savez, j'ai... ce que... Je vais le répéter, M. Lessard. Je lui ai dit que j'allais prendre le temps de réfléchir. Je vous dis que je n'écarte aucune possibilité, que je vais prendre le soin de les regarder attentivement, aussi le soin de parler avec les gens qui sont près de moi. Mais, actuellement, il n'y a aucune entente qui a été conclue avec soit M. Legault, soit les gens de la Coalition pour l'avenir du Québec. Je veux poursuivre cette... prendre le temps de réfléchir. Il y a des idées là-dedans que je trouve intéressantes, il y en a d'autres qu'il va falloir explorer davantage. Et, si je décide d'aller plus loin, à ce moment-là, j'irai plus en profondeur dans les discussions avec M. Legault ou avec toute autre personne avec qui je sentirai que j'ai plus d'affinités.
M. Lessard (Denis): Dernière question. Il est assez connu que vous faites partie du groupe, là, qui souhaitait ou qui... qui souhaitait le départ de Mme Marois. Ça, c'est assez admis d'une façon... Est-ce que votre départ est une conséquence de ce qui s'est... parce qu'il ne s'est rien passé au PQ ou... Parce que c'est un peu bizarre. Vous jouez dans le film de «On veut changer de chef» puis, en même temps, vous préparez, depuis quelque temps déjà, peut-être autre chose. Est-ce que...
M. Ratthé: M. Lessard, je vais vous dire, d'entrée de jeu, je vais le répéter, je l'ai dit la semaine dernière, je le redis et je suis prêt à le redire sur toutes les tribunes: je n'ai jamais fait partie d'un groupe organisé pour fomenter un putsch avec Mme Marois. Jamais je n'ai eu l'intention de me rendre dans son bureau avec plusieurs personnes pour lui demander de quitter ou pour lui dire qu'un groupe de personnes allait quitter.
M. Lessard (Denis): Est-ce que vous souhaitiez son départ?
M. Ratthé: J'ai eu une conversation avec Mme Marois, et ce n'est pas parce que je suis sorti du caucus qu'à partir de maintenant je vais vous dévoiler la conversation que j'ai eue avec Mme Marois. Je pense que vous avez eu des informations. Nous avons eu une conversation avec Mme Marois, et, cette conversation-là, je vais continuer de la garder privée.
Ma décision d'aujourd'hui, elle se veut une décision que je prends seul, que je n'ai pas pris avec l'accord ou l'entendement d'aucun autre député. Je fais ce pas-là moi-même, seul. Et vous parliez tantôt: Est-ce que ça a rapport avec le leadership? Je voudrais simplement vous dire que quand même, depuis le mois de juin, il y a eu une succession d'événements qui nous mènent encore jusqu'à aujourd'hui, et l'ensemble de ces événements-là ont fait en sorte qu'effectivement ma réflexion a évolué. Et je vous dirais que les dernières semaines ont précipité un peu plus, là, suite aux conversations téléphoniques, aux téléphones qu'on a faits, aux gens à qui on a parlé, ça m'a vraiment fait comprendre que ça allait au-delà de tout ce que j'avais vécu, qu'il y avait vraiment, dans la population, du moins à Blainville, dans la circonscription, des priorités qui étaient autres, et les gens voulaient qu'on s'attarde à ça.
Alors, moi, j'ai dit: Bien, compte tenu de ce que j'ai vécu, compte tenu du confort avec lequel je suis, compte tenu du fait que je ne peux pas honnêtement dire à Mme Marois que je l'appuie, je trouverais que ça serait malhonnête d'être au sein du caucus et de faire semblant - je ne suis pas quelqu'un qui fait semblant - alors, compte tenu de tout ça, compte tenu surtout de ce que les citoyens me disent, j'ai préféré annoncer aujourd'hui que je m'en vais comme député indépendant. Et la réflexion va se poursuivre.
Le Modérateur (Alexandre Robillard): Pierre Duchesne.
M. Duchesne (Pierre): M. Ratthé, juste avant le fameux caucus, là, où il y a certains députés qui ont demandé à Mme Marois de partir, dont vous étiez, de ce groupe, de ce caucus, il y a eu une rencontre à votre appartement ici, à Québec, avec certains députés pour demander non pas... pas organiser un putsch, mais demander élégamment, trouver une façon à ce que le vétéran, M. Gendron, puisse agir auprès de Mme Marois pour éviter une crise, lui demandant donc une sortie élégante.
Est-ce que c'est l'échec de cette opération-là qui vous amène à la décision d'aujourd'hui?
M. Ratthé: Je vais vous dire non, parce que Mme Marois, depuis, a pris une position qui est ferme. Mme Marois a pris une décision qui lui appartient, que je respecte. Mme Marois a dit: Je vais demeurer à la tête du Parti québécois. J'ai été élue, j'ai obtenu un pourcentage fort élevé, je pense que je peux remporter la prochaine élection, que je suis la bonne personne. Là, on n'est pas dans le mot à mot, comprenez bien.
Et, pour moi, j'en suis venu à la conclusion que je n'avais pas à contester cette décision-là de Mme Marois. Ce que je dois faire, c'est moi, par rapport à cette décision-là, de Mme Marois, à savoir: Est-ce que je suis confortable? Est-ce que je me sens à l'aise dans ce caucus-là? Est-ce que l'idéologie, les idées véhiculées actuellement par le Parti québécois me conviennent? Et surtout, est-ce que ça correspond à la réalité de ce que la population veut avoir? Et l'ensemble de ce questionnement-là a fait que je réfléchis beaucoup et qui m'a amené...
Évidemment, on ne peut pas valser d'un bord, avec un partenaire et un autre. On ne peut pas dire: Bien, je vais réfléchir un petit peu à savoir si je vais aller dans un autre parti, je vais réfléchir si je vais rester au Parti québécois, je vais réfléchir si... Alors, moi, je ne peux pas tergiverser. Et c'est pour ça que je vous ai dit ce matin que la conversation courtoise que j'ai eue avec Mme Marois, c'est allé dans ce sens-là. Et, tous les deux, on abondait dans le même sens en disant: Bien, ni elle ni moi ne pouvons continuer de faire la route ensemble, en sachant qu'il y a un inconfort sur plusieurs points. Et ça ne se limite pas uniquement au leadership de Mme Marois.
M. Duchesne (Pierre): J'imagine que vous auriez préféré que M. Gendron puisse réaliser ce que vous souhaitiez, là. Ça aurait été une option préférable à celle que vous connaissez aujourd'hui.
M. Ratthé: Ça aurait peut-être été une option préférable, mais ce n'est pas le choix qui a été fait, et je le respecte, ce choix-là. Comme je vous dis, Mme Marois, pour moi, est une personne qui assume le leadership et elle le fait, elle a clairement affirmé son leadership.
Maintenant, par rapport à moi, peu importe ce qui s'est passé auparavant, je regarde de l'avant, j'ai pris une décision. Ma décision est prise, je m'en vais comme député indépendant. Et je ne peux pas regarder s'il y a eu des échecs, si ça a fonctionné ou pas. Moi, dans cette situation-là, je prends une décision pour regarder de l'avant, pour réfléchir sur mon avenir, pour voir où est-ce que je vais pouvoir mettre mes énergies à contribution. Et je me laisse encore un petit peu de temps pour le faire.
M. Duchesne (Pierre): Si elle était partie, vous seriez resté.
M. Ratthé: Aujourd'hui, je ne peux pas vous dire ça. C'est très difficile, parce que, comme je vous dis, ce n'est pas ce qui motive mon départ, ce n'est pas la raison principale. Comme je vous disais, c'est une question idéologique, c'est une question de voir que, dans la population même, il semble clair, en tout cas de tout ce que j'entends, c'est qu'on ne veut pas que la... nécessairement qu'on mette la priorité au départ sur la question constitutionnelle et qu'on nous demande, comme députés...
Dans mon comté, je vous donnais quelques exemples assez concrets, et si Mme Gagnon avait l'occasion de pouvoir vous en parler plus abondamment, elle vous dirait - c'est elle qui prend les téléphones le matin - tous les jours, on nous parle de centres de petite enfance, on nous parle de personnes handicapées, de soins à domicile. On nous parle de soins de santé, des médecins de famille dans les Laurentides.
Alors, moi, je me dis, je vais consacrer tous mes efforts là-dessus. Je vais cesser de faire la manchette parce qu'il y a des chicanes, parce qu'il y a des... parce qu'on se tiraille. Et je suis sûr que les concitoyens vont apprécier davantage ma contribution si je mets les efforts à travailler. Et puis, bien, je vais décider par la suite quelle sera la direction que je prendrai.
Le Modérateur (M. Alexandre Robillard): Julie Dufresne.
Mme Dufresne (Julie): Est-ce que vous avez l'impression, M. Ratthé, que votre départ va entraîner d'autres départs d'autres députés?
M. Ratthé: Je ne le sais pas. Je vous dis franchement, je n'ai... j'ai pris cette décision-là seul. D'ailleurs, au cours de la dernière semaine, M. Lessard pourra en témoigner, je me suis pratiquement enfermé chez moi. Je quittais tous les jours, je ne retournais pas d'appels volontairement parce que je voulais vraiment prendre une décision éclairée, être en mesure de pouvoir être à l'aise avec la décision que je prends aujourd'hui. Et je n'ai donc, par conséquent, pas parlé à aucun député de la décision que je prenais, que je m'apprêtais à prendre cette semaine. Je ne voulais absolument pas qu'on dise: Bien, on vous a vu, vous avez eu une petite discussion avec un tel. Non.
C'est une décision qui m'appartient, et je pense qu'en ce qui concerne les autres députés, c'est à eux de prendre cette décision-là. Ça leur appartient, ce n'est pas à moi de leur dire ce qu'ils ont à faire, et je n'agis pas en fonction de ce qu'ils vont faire ou ce qu'ils ne feront pas. Moi, je le fais parce que je me sens que c'est une démarche honnête, qui est pour moi, que c'est une démarche qui est intègre, que je me sens confortable dans cette position-là et que je serai, en devenant indépendant, plus libre aussi de prendre la meilleure décision en ce qui me concerne et en ce qui concerne les citoyens de Blainville.
Mme Dufresne (Julie): Mais avez-vous l'impression que le Parti québécois peut se sortir de cette nouvelle crise?
M. Ratthé: Bien, écoutez, je pense qu'en démocratie je ne voudrais surtout pas voir disparaître un parti politique, hein? En démocratie, tous les partis politiques sont importants. Le Parti québécois est un parti qui a une grande histoire, c'est un grand parti. Je serais vraiment désolé de voir que le Parti québécois disparaîtrait. Et je crois que, de toute façon, au sein du Parti québécois, connaissant les anciens collègues du parti, qu'il y a quand même une certaine base qui est solide.
Mme Marois affirme son leadership, et ça sera à eux, ce n'est plus à moi, en étant maintenant député indépendant, ce sera à eux de faire en sorte que le parti continue. Je le souhaite parce que, comme je vous dis, en démocratie, je pense qu'on n'a rien à gagner à voir disparaître des partis politiques.
Le Modérateur (M. Alexandre Robillard): Antoine Robitaille.
M. Robitaille (Antoine): Oui. M. Ratthé, avez-vous parlé à Benoit Charette récemment?
M. Ratthé: J'ai parlé à Benoit Charette à quelques reprises, mais évidemment à titre d'ex-collègue de l'Assemblée nationale. Je le croise. On a eu des discussions. Et, comme je vous disais tantôt, je n'ai pas eu de discussion sur ce que j'allais faire avec les députés, pas plus du Parti québécois, pas plus d'autres partis. Mais évidemment, je croise M. Charette, je discute avec lui à titre de collègue de l'Assemblée nationale.
M. Robitaille (Antoine): Pensez-vous que, dans Bonaventure, le Parti québécois ait des chances de l'emporter?
M. Ratthé: Bien, écoutez, je sais qu'il se fait un travail de terrain dans Bonaventure. Maintenant, je suis un député indépendant. Je pense que les collègues du Parti québécois sont là encore en fin de semaine, ils vont travailler d'arrache-pied. Mais c'est la population qui va décider. Ce n'est pas...
M. Robitaille (Antoine): Bien, pensez-vous que le Parti québécois a des chances?
M. Ratthé: Bien, écoutez, on disait que le Parti québécois n'avait pas beaucoup de chances dans Kamouraska-Témiscouata, on regarde maintenant dans Bonaventure, ils ont peut-être autant de chances qu'ils en avaient dans Kamouraska-Témiscouata. Ça va dépendre des électeurs, ça va dépendre de la campagne elle-même.
Mais, à partir de maintenant, ça ne me regarde plus. Vous savez, je suis un député indépendant, alors je les laisse travailler puis je leur souhaite bonne chance.
Le Modérateur (M. Alexandre Robillard): Pierre-Paul Noreau.
M. Noreau (Pierre-Paul): M. Ratthé, vous dites que vous ne fermez aucune option. Est-ce qu'un changement de chef à la tête du Parti québécois pourrait vous ramener au Parti québécois?
M. Ratthé: Non. Pas du tout. Je vous dirais que ma décision, elle est mûrie, elle est réfléchie, elle est ferme et irrévocable.
Le Modérateur (M. Alexandre Robillard): Jean-Marc.
M. Salvet (Jean-Marc): Oui, une précision. Je comprends un peu mal. Jusqu'ici, ceux qui contestaient le leadership de Mme Marois ne voulaient pas moins de souveraineté mais plus de souveraineté, voulaient un parti qui soit plus volontaire sur la souveraineté. Vous avez contesté le leadership de Mme Marois et vous allez vers un parti qui souhaite moins de souveraineté. Vous-même, vous dites, là: Moi, je veux mettre ça entre parenthèses pour l'instant. Je fais mal le lien entre les deux, pardonnez-moi. Il y a encore quelque temps, vous contestiez le leadership de Mme Marois avec des gens qui veulent plus de souveraineté, qui veulent...
M. Ratthé: Je vous dirais que je n'ai jamais dit que je contestais le leadership de Mme Marois parce que je voulais plus de souveraineté. Je ne pense pas que je suis sorti vous voir pour dire: Je conteste le leadership de Mme Marois et je veux plus de souveraineté. Je dirai que je ne me considère pas comme un pur et dur. Je suis un souverainiste. Je pense que... oui, je crois que le Québec devra un jour faire la souveraineté.
Mais actuellement, quand je parle aux gens de mon comté, ce n'est pas de ça qu'on me parle. On me parle de tout autres choses, et on me demande de concentrer mes efforts à faire avancer des dossiers qui touchent les concitoyens. Et devant cet état de fait, et, comme je vous dis, devant l'ensemble de tous les autres événements qui se sont produits, bien, c'est tout ça qui a fait que j'ai réfléchi à la décision que je prends aujourd'hui. Et c'est pour ça que je vous dis que ce n'est plus nécessairement une question de leadership, ce n'est plus nécessairement une question de parti. C'est plus une question de confort, de ce qui me convient à moi au niveau de ma pensée actuelle et du reflet de ce que ma population me demande de faire.
Le Modérateur (M. Alexandre Robillard): On va passer en anglais.
M. Plouffe (Robert): Une dernière en français si vous me permettez. Est-ce que c'est vrai? Vous parlez d'une décision honnête, M. Ratthé. Est-ce exact que votre exécutif n'était pas au courant de votre décision? Ça, c'est ma première question. Et ma deuxième, est-ce que c'est vrai que vous n'avez jamais demandé de rendez-vous avec Pauline Marois?
M. Ratthé: Écoutez, je suis - je vous répète pour cette semaine - je suis allé voir ma whip. J'ai indiqué à ma whip que j'étais en réflexion. Je lui ai demandé d'aviser Mme Marois, de le faire, et elle l'a fait. Et Mme Marois savait que j'étais en réflexion. Maintenant, j'ai été pris de court ce matin. Le rendez-vous, j'avais l'intention de le prendre en fin de journée pour convoquer une conférence de presse demain pour respecter ce que je vous avais dit. Et, bon, ça s'est précipité. Je vous avais dit que j'allais parler tout d'abord à la chef, ce que j'ai fait quand même aujourd'hui, et, par la suite, vous convoquer. Alors ça, c'est pour la première partie de votre question.
Pour ce qui est de mon exécutif, nous avons eu une rencontre, je pense... je crois que c'est la semaine dernière, et je n'ai effectivement pas voulu influencer mon exécutif sur quoi que ce soit. Alors, la rencontre a eu pour but de demander à chacun d'entre eux de me dire comment ils voyaient l'avenir, comment ils se sentaient actuellement au sein du Parti québécois, comment est-ce qu'ils voyaient les choses, et on a fait un bon tour de table, et je ne voulais pas les influencer dans leur décision. Et, effectivement, je ne les ai pas avisé de ma décision. Encore là, j'ai été pris de court.
Je peux vous dire que j'ai communiqué avec mon président d'exécutif dès aujourd'hui. Mais, dans le plan qui allait se dérouler, comme je vous ai dit, il était question que je rencontre Mme Marois en fin de journée, aujourd'hui, que j'appelle mon président d'exécutif, que je vous convoque en conférence de presse, et le tout devait se dérouler demain. Je pense que, compte tenu des circonstances, on a quand même bien manoeuvré dans tout ça, et je suis confortable avec ce qui se passe aujourd'hui.
Le Modérateur (M. Alexandre Robillard): Tim Duboyce.
M. Duboyce (Tim): Hi, Mr. Ratthé.
M. Ratthé: How are you?
M. Duboyce (Tim): I'm fine. Why are you doing this?
M. Ratthé: Well, I will try to find the right wording. I would say, if looking back all the events or everything that happened since June, obviously, all these different events made me think about the situation, about my own situation in the Parti québécois. And, especially over the last few weeks, it became more and more obvious for me that the population, the people that I serve, if I could say that, people in my riding are more concerned about, you know, day care, about health, about other really specific needs that they require and, most of them, when they were talking to me, when they were phoning at the office, they were asking much more questions about these concerns compared to the option itself.
And, you know, my decision today is much more... I'm trying to find the right wording, but if I'm taking this decision today, it's more due to the fact that, you know, I'm trying to reflect what the people of my riding basically are looking for and asking for.
M. Duboyce (Tim): Now, you were saying that you've never been part of a group of caucus members in the PQ who wanted to push Pauline Marois aside. Are there members of the PQ caucus who want to push Pauline Marois aside?
M. Ratthé: As far as I know, no, but you should ask them to themselves. What I'm doing today, it's an individual... I'm doing it individually and I didn't advice any other of my colleagues. I took that decision by myself. I stayed away actually during the week from... you know, I came just to work at the Assemblée nationale and, right after my different work that I had to do, I quit every... I leave... Actually, I left the Assemblée nationale every evening and I really took that decision by myself and, especially, I didn't talk to any of my colleagues about that decision. They're probably really surprised about it today, because I never... I didn't talk to them about that decision that I'm taking today.
Le Modérateur (M. Alexandre Robillard): Elysia.
Mme Bryan-Baynes (Elysia): Yesterday, you said you were worried about more moles in the Parti québécois. And today, some of your colleagues are saying maybe they should have been worried about speaking with you in presence of the Room, if you're considering going with M. Legault. What do you have to say to that?
M. Ratthé: Well, I've never said outside to anybody what was happening in the caucus, and, I mean, if they felt that I said something, whether I have said something to anybody, to you, guys, or to the Mr. Legault, I would say this is totally wrong. I've never said it. If I found it totally unacceptable, I can't see myself going out and, you know, talking to you, guys, and revealing to you what's going on in a caucus. And I just said in French, a few minutes ago, that you cannot count on me, even if I'm out of the caucus today, to tell you what was the discussion actually, even yesterday evening, I will not say anything about it and I think this is honest from... wouldn't it be honest from my side if I would start to say what's going on in the caucus, even if I left the PQ caucus.
Mme Bryan-Baynes (Elysia): Have you... Did you leave or were asked to leave? Can you just clarify that?
M. Ratthé: I was saying in French that, you know, I had a meeting with Mme Marois, a short meeting, and I would say we came to the same conclusion. She, obviously knowing that I was thinking about different avenues, that I was thinking maybe to sit as an independent deputy, on her side, it was obvious that I should leave and, obviously, on my side too, you know. I can't be sit between two chairs and I would be much more comfortable to be independent. I would have more latitude, I'll feel more free. And I think, you know, even for the party, that would be something good because they wouldn't have anymore to worry about me. And I think, you know, at the end, probably, that's a good thing for the Parti québécois.
Le Modérateur (M. Alexandre Robillard): Angelica.
Mme Montgomery (Angelica): Yes, that was going to be my next question. What kind of impact do you think this will have on the Parti québécois?
M. Ratthé: Well, obviously, you know, it will have, I will say, a kind of immediate impact, you know. And I know it's not easy to go through these crises, if we say, on a weekly basis. I'm aware that, you know, I'm causing today certainly an impact, an important impact, I don't want to minimize it. But, like I said, the Parti québécois is a big party, is a great party, it's been there for the last 35 years. I think the Parti québécois could count probably on... need to count on the people that are working with the Parti québécois. And, you know, I'm quite sure they will survive.
Mme Montgomery (Angelica): And how much of your departure has to do with the PQ stance on sovereignty?
M. Ratthé: I'm still a sovereignist - so we say in English? - Yes, I'm still sovereignist. I'm not a... the expression in French said a «pur et dur», and I do realize that, you know, it's not the first, top priority for the people, for the population, for the electors in my riding. You know, I didn't say that in French but I've got three children, I've got... I will have pretty soon, in six months, a third - how do you say that - grandchildren. And I think what I want to do is to work and spend energy to work something, to put my little contribution to build something, you know, for them.
And actually, what the people are asking, it's much more to solve big problems in health, in day care, everywhere. And, you know, I guess I'm fed up to be everyday talking with you, guys, about crisis. I would prefer talking with you, guys, about projects. This is what I am, I came from the sales, I'm someone who, normally, get objectives, surpasses objectives, and that's why I feel that, you know, if I look in the future, I'm kind of sure that I will come to the right decision which, at this moment, it's not fixed totally, yet.
Le Modérateur (M. Alexandre Robillard): Kevin Dougherty.
M. Dougherty (Kevin): Yes, Mr. Ratthé, for someone who's been expelled from the Parti québécois, I would say you look relieved today. You don't look at all shattered, you seem to be fine. Is it possible that you would remain an independent because you now have... you're independent of the party line, you can say what you want, you can do what you want, is that a possibility for you?
M. Ratthé: Frankly, it's still in the possibility and, like I said, I will not deny the fact that I spoke with Mr. Legault recently, that we didn't conclude any agreement. I want to say that, we didn't conclude any agreement. I didn't reject at all, totally, the possibility to eventually go with him, but, at this moment, I want to give me more time. I want to see at exactly what you are saying. Is it better for me to stay independent? Is it better for me to go, to join a new party? What will be that party? So far, so good, no other leader contacted me, and I won't lie to you that I speak to Mr. Legault. So, it was a brief conversation, a short conversation. We didn't have the time to elaborate on a future strategy or an agreement, but, you know, I know that it's one of the opportunities, and I will take the next following weeks, Christmas time to think about it, to talk with my family, my friends and come to a conclusion before I get back in the Assemblée nationale in February or something like that.
M. Dougherty (Kevin): But, you say that you're a sovereignist, you believe in sovereignty, but... people are thinking or rather think that's exactly what François Legault is saying. I mean, if you weren't an independent, and weren't a péquiste, then the coalition was...
M. Ratthé: I was saying that the Parti québécois don't have the monopoly of the sovereignist, you know. It's probably the largest group of sovereignist, it's the largest party of sovereignist, but, I mean, you need to recognize that there is Québec solidaire, there is now the Option nationale, there is even people in the Parti vert that are sovereignists...
M. Dougherty (Kevin): Is that an option for you, the Québec solidaire or Option nationale? Are you thinking with that as well? Is that...
M. Ratthé: Actually, like I said, I didn't make my decision, you know. Basically, today, as you could see, it's a kind of relief. I'm coming to... I'm coming here to tell you, you know, I'm going to sit like... as an independent. I think I feel better, I feel more honest and I think it's, on a long term, it probably will be a good thing for the Parti québécois, not to have to worry about me or if I'm backing, if you could say that, Mme Marois 100 %. I think, you know, obviously, for me, today, I feel better and I think it will give me as well a more objective... I'll be more objective in my decision in the future now that I'm independent and I put aside all these concerns about, you know, my political orientation.
Le Modérateur (M. Alexandre Robillard): Paul.
M. Ratthé: Ça va?
Le Modérateur (M. Alexandre Robillard): Non. Paul.
M. Karwatsky (Paul): I spoke to your former colleague Pascal Bérubé earlier in the day, and he said he, you know, he had great respect... he has great respect for François Legault, but he can't leave the PQ because he sees it so ingrained with the notion of sovereignty and he can't give up on sovereignty. What differentiates you from someone like Pascal Bérubé, who...
M. Ratthé: I can't talk for Mr. Bérubé. Mr. Bérubé, he's got his own convictions, he's got his own beliefs. I guess I clearly explained where I stand and I can't compare myself to any other deputy in the Parti québécois. Everybody is there for his own convictions. Some of them believe... Like someone says, some of them believe that it should happen more... really quickly, some of them say that we should wait. Basically, this is not clear. When you think about it, it's not really clear, but it's up to the Parti québécois to make the decision when he's going to do it, and, as far as I'm concerned, I think I clearly explained what I think and I can't speak for Mr. Bérubé.
M. Karwatsky (Paul): What if you just quickly just expand on the notion of this being an ideological decision? Because, you know, as a sovereignist, the basis of your ideology is the quest for an independent nation.
M. Ratthé: Yes, yes.
M. Karwatsky (Paul): The CAQ is not fighting for that.
M. Ratthé: I would say... How could I say that? If you look at the Liberal Party, it's quite clear what they want. They want to stay in Canada. If you look at Option nationale, at Québec solidaire, I think they say out loud, it's clear. Option nationale says: If we are elected, we're going to revise the Constitution and we'll, you know, do the sovereignty.
And, if you think about the Parti québécois, frankly think about it, I don't think Mme Marois will be ready to tell you that she will do a referendum in a first mandate. I don't think she will be ready to be more clearer than what she's saying now, that she will wait for the appropriate moment to do it. So, as far as I know, you know, they're not that far. They're not similar, but they're not that far from what Mr. Legault said, because Mr. Legault, at least, it's clear in his option, there will be no constitutional question for the next ten years.
Now, am I ready to live with that? This is what I need to think about it and I will take the next following weeks to do it.
M. Karwatsky (Paul): Is the PQ irrelevant?
M. Ratthé: I'm not saying that. I'm not saying that. I mean, the PQ's quest is the sovereignty. I'm a sovereignist as well. They have their own approach. Mme Marois was quite clear about that approach. Even if she was clear about it, you were able to see as well that some deputy want it more faster than the others. I guess, you know, they are also a coalition, so they need to deal with their... with everything and make sure that they will go... they have everybody comfortable with the decision, I would say.
Une voix: Merci.
M. Ratthé: Ça me fait plaisir. Écoutez, il reste à peine une vingtaine de minutes avant notre départ. Il faudra voir avec Mme Gagnon, là, si on accorde quelques entrevues. Et je vous remercie beaucoup de vous être déplacés, d'avoir été également courtois à mon endroit, si je peux dire.
(Fin à 14 h 39)