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Conférence de presse de Mme Nathalie Roy, ministre de la Culture et des Communications

Plan de relance économique du milieu culturel

Version finale

Thursday, February 17, 2022, 9 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Neuf heures deux minutes)

Mme Roy : Merci à vous. Bonjour, tout le monde. Alors, bonjour, tout le monde. Vous devinez que je suis très, très contente d'être avec vous aujourd'hui. Les annonces récentes sur la reprise totale de nos activités culturelles arrivent comme une grande bouffée d'air frais pour tout le milieu, toutes les Québécoises, tous les Québécois, j'en suis convaincue. Et je veux en profiter, à ce moment-ci, d'entrée de jeu, pour remercier les artistes et les artisans pour leur grande collaboration et leur discipline à appliquer, au cours, pratiquement, des deux dernières années, les mesures sanitaires dans nos milieux culturels, dans nos salles de spectacle. Ils en ont fait des lieux très sécuritaires au cours des derniers mois. C'est important de le souligner.

Vous le savez tous, le variant Omicron, bien, nous est arrivé dessus. Il a fallu réagir très, très vite et fort, dans les derniers mois, pour protéger les citoyens, notre système de santé et ceux qui y travaillent avec dévouement. Et le milieu culturel a malheureusement dû faire un pas de recul. Et les fermetures d'avant Noël ont été difficiles pour tout le monde, c'est pourquoi il était essentiel pour notre gouvernement de venir renforcer l'aide offerte au milieu.

J'ai donc le plaisir de vous annoncer, ce matin, que nous investissons immédiatement près de 60 millions de dollars de plus dans le cadre de notre plan de relance économique du milieu culturel. Ces sommes additionnelles seront principalement versées par deux sociétés d'État sous ma responsabilité, soit le Conseil des arts et des lettres du Québec, le CALQ, et la Société de développement des entreprises culturelles, la SODEC. Plus précisément, ces 58,5 millions de dollars permettront de prolonger et de bonifier des mesures d'aide de notre plan de relance.

Plus précisément, la mesure particulière à la diffusion de spectacles québécois du CALQ bénéficiera de 12 millions de dollars supplémentaires, ce qui permettra de rembourser, d'ici le 31 mars prochain, une partie des revenus de billetterie des spectacles n'ayant pas pu recevoir le public ou être à pleine capacité en raison, comme vous le savez, de la pandémie.

Pour sa part, la SODEC bénéficiera d'une somme additionnelle de 6,5 millions de dollars pour bonifier l'aide accordée à des salles de cinéma et à des distributeurs de films et aussi pour accroître celle consacrée au projet de relance culturelle dans le cadre du Programme d'aide aux initiatives innovantes. Alors, ce programme s'adresse, entre autres, aux festivals, aux producteurs de spectacles et aux salles de spectacle publiques et privées. La SODEC recevra également 38 millions de dollars pour poursuivre jusqu'au 31 mars les programmes d'aide pour le maintien des captations de production dans le secteur audiovisuel. Cet argent sert à compenser pour les coûts additionnels engendrés par les mesures sanitaires. Cette mesure, elle a permis, entre autres, la tenue de nombreux tournages de séries et de films québécois depuis le début de la crise. Pensons, entre autres, à Au revoir le bonheur, L'Arracheuse de temps, C'est comme ça que je t'aime ou encore District 31.

De plus, nous injectons une somme supplémentaire de 2 millions de dollars dans le fonds d'urgence destiné aux artistes et travailleurs culturels du secteur des arts de la scène, géré par la Fondation des artistes. Ce qui porte à 7 millions de dollars l'aide totale accordée à la Fondation des artistes depuis 2020. Je vous rappelle qu'il s'agit d'une aide directe pour les artistes. L'objectif de ce fonds, c'est de fournir une aide rapide et adaptée aux artistes et travailleurs culturels qui vivent des difficultés importantes. Les artistes pourront toucher jusqu'à 3 000 dollars en fonction des besoins de chacun.

Alors, l'annonce d'aujourd'hui porte donc à plus de 830 millions de dollars notre financement pour la relance culturelle depuis le début de la pandémie. En fait, jamais un gouvernement n'a autant investi, écouté et soutenu le milieu culturel. Et par ces investissements majeurs, notre gouvernement démontre une fois de plus que la culture est une de nos priorités.

Maintenant, notre regard se tourne vers l'avenir. Nous élaborons depuis quelque temps, en collaboration avec l'ensemble de nos partenaires, un plan pour faire briller le milieu culturel aussi fort qu'avant la pandémie et aussi pour le propulser encore plus loin. Nous souhaitons mettre en valeur nos créateurs, nos entreprises, nos artistes et notre belle relève pour faire rayonner le Québec ici et ailleurs. Alors, j'ai très hâte de vous présenter ce plan qui sera complété dans les prochaines semaines.

Je termine en invitant la population du Québec à retourner dans nos salles, nos salles de spectacle, nos cinémas, nos festivals, à acheter vos billets, à s'inscrire à des cours de musique, de danse, de chant, bref, à faire revivre notre belle culture. Puisque choisir la culture d'ici, c'est investir dans notre avenir collectif et dans tout ce qui nous rend fiers. Et je vous dirais que la culture, c'est l'âme d'un peuple, et elle est essentielle à notre bonheur collectif. Je vous remercie.

Le Modérateur : Nous en sommes maintenant à la période de questions. Nous allons commencer avec Simon Bourassa, Noovo.

M. Bourassa (Simon) : Oui, bonjour, Mme Roy. Pour ce qui est des festivals à venir cet été, est-ce que les organisateurs, producteurs, promoteurs de festivals, là, vont être en mesure de bénéficier des sommes habituelles et voire même de sommes supplémentaires, là, soit sous forme de subventions ou de prêts remboursables pour ce qui s'en vient, là, à l'été?

Mme Roy : Bien, il faut dire que toutes les sommes qui ont été annoncées dans notre budget record de mars 2020, vous vous souvenez, juste avant la pandémie, elles demeurent. Il y avait des sommes substantielles pour les festivals. Et tout cet argent leur a été versé en 2020, en 2021 et elle le sera en 2022. Et je dois ajouter que les sommes accordées aux festivals ont été bonifiées dans notre plan de relance culturel.

Par ailleurs, il y a des sous déjà là pour les festivals, et on travaille en équipe, il y a également ma collègue la ministre du Tourisme, Mme Caroline Proulx, qui, elle, a investi des sommes importantes l'année dernière, enfin, l'année en cours pour nos festivals. Alors, au total, là, nos bonifications — et là je dis bien nos bonifications pour les festivals — frôlent plus de 34 millions de dollars. Donc, il y a des sommes qui sont là. Nos deux ministères y travaillent, parce que près de 50 festivals sont soutenus, sont sous l'égide du ministère de la Culture et de ses sociétés d'État. Il y en a près de 200 qui sont sous l'égide de la ministre du Tourisme. Mais il y aura de l'argent pour nos festivals, et on espère que les gens vont revenir en grand nombre, parce que, comme vous le savez, les mesures sanitaires sont sur le point de tomber les unes après les autres et qu'à la mi-mars on est à un retour à la normale pour ce qui est des capacités. Donc, moi, j'invite les Québécoises et les Québécois à sortir et à participer à nos événements culturels.

M. Bourassa (Simon) : Dans le 60 millions ou presque, là, que vous annoncez aujourd'hui, est-ce qu'il y a également des sommes pour le milieu des musées, expositions?

Mme Roy : L'argent, il y en a dans notre plan culturel, de façon générale. Les sommes dont je vous ai parlé, j'ai fait une ventilation très précise, un 12 millions, surtout pour la mesure à la billetterie, c'est cette fameuse mesure, le gouvernement du Québec rembourse pour des billets invendus, ou des jauges réduites, ou des spectacles annulés jusqu'à concurrence de 75 % de la capacité de la salle. Donc, c'est quand même 110 millions de dollars qui ont été versés jusqu'à présent par le gouvernement. Avant Noël, nous étions rendus à 12 000 spectacles qui avaient pu bénéficier de cette aide-là, une aide qui doit descendre jusqu'aux artistes, c'est une condition sine qua non pour avoir l'argent. C'est une mesure inédite, exceptionnelle, qui a soutenu tout l'écosystème. Donc, il y a un 12 millions qu'on additionne maintenant, parce que, comme vous le savez, avant Noël, il a fallu fermer nos salles, et les salles étaient pleines, on roulait à pleine capacité. Donc, c'est des sommes supplémentaires qu'on ajoute pour la mesure, la billetterie. Un 6,5 millions à la SODEC, plus un autre 38 millions pour la capacité de production, pour compenser, parce qu'actuellement produire, tant qu'il y a ces mesures sanitaires qui sont quand même sur les plateaux, ça coûte plus cher, c'est plus long, donc on compense pour ces sommes-là. Et un 2 millions pour la Fondation des artistes.

…question très précise touchait les musées. Dans les sommes de cette année, il y a de l'argent supplémentaire pour nos musées, mais il n'est pas dans ce 60 millions-là. Mais il y en a, il y a de l'argent supplémentaire pour nos musées. En fait, il y a eu des sommes supplémentaires pour absolument tout ce que le ministère de la Culture soutient : les musées, les écoles, les bibliothèques, les salles. Et même je vous dirais qu'on a donné au-delà de notre clientèle habituelle. Dans les sommes, ici, qui sont allouées pour le remboursement à la billetterie et l'aide à la SODEC, entre autres, dans le 6,5 millions, on touche les cinémas, les salles de cinéma, on touche des salles de spectacle privées, qui ne sont pas des clientèles du ministère de la Culture. Alors, on soutient tout l'écosystème pour nous assurer qu'ils demeurent en vie pour nos artistes, pour nos artisans.

Le Modérateur : Alexandre Robillard, Le Devoir.

M. Robillard (Alexandre) : Bonjour, Mme Roy.

Mme Roy : Bonjour.

M. Robillard (Alexandre) : Mme Roy, les musées ont demandé le maintien du passeport vaccinal. Je voulais savoir qu'est-ce que vous leur avez répondu, puis c'est ça, donc, quelle suite vous avez donnée à leur souhait?

Mme Roy : Bien, en fait, nous suivons les recommandations de la Santé publique. Vous avez vu les derniers points de presse du Dr Boileau. On ne s'en va pas vers un ajout de mesures sanitaires, mais plutôt en décroissance de mesures sanitaires. Je vous rappellerai que, dans le milieu culturel, à partir du 28 février, les salles pourront être à pleine capacité, avec des mesures sanitaires, le port du masque et le passeport vaccinal. Mais, à compter de la mi-mars, le 14 mars, c'est un retour pratiquement à la normale. Donc, on ne va pas ajouter le passeport vaccinal pour les musées. On suit les recommandations de la Santé publique, compte tenu du fait qu'il y a une décroissance du nombre d'hospitalisations actuellement et que la Santé publique nous dit : Bien, c'est sécuritaire de pouvoir procéder à cette décroissance des mesures de protection.

M. Robillard (Alexandre) : Puis il y a des acteurs du secteur culturel qui ont fait circuler une pétition pour le maintien de l'ouverture des salles malgré, là, les vagues de la pandémie. Je voulais savoir : Vous, est-ce que vous êtes en mesure de statuer d'une quelconque façon sur la suite des choses? Est-ce que leur souhait pourrait être exaucé, à eux aussi, de maintenir l'ouverture des salles malgré l'évolution de la pandémie?

Mme Roy : Oui, tout à fait. On n'a pas l'intention de refermer des secteurs culturels, des salles de spectacle. Je pense qu'au fil des deux dernières années, en fait, c'est 23 mois et quelques semaines, là, on a eu un milieu culturel très discipliné, qui a su s'adapter. Puis on n'est plus au même endroit. Les gens ont été vaccinés, on a vu l'efficacité des vaccins pour contrer la maladie, pour diminuer aussi les effets de la maladie. La problématique étant notre capacité hospitalière, on est rendu ailleurs, on connaît des outils, le passeport vaccinal, le masque si nécessaire. Donc, il n'est pas question qu'on referme des lieux culturels. Ce n'est vraiment pas notre objectif ni notre but. Alors, je suis au même endroit que le milieu culturel à cet égard, parce qu'on a maintenant des solutions, des outils qu'on peut appliquer. Et je sais que le milieu culturel a été exemplaire, discipliné et sécuritaire.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce qu'on pourrait modifier les capacités ou vous pensez qu'on peut maintenir de façon permanente maintenant les salles ouvertes?

Mme Roy : Je ne suis pas devin, je n'ai pas de boule de cristal, on n'est pas à l'abri, comme partout sur la planète, d'un variant. On l'ignore, vous et moi. Un éventuel variant ne nous donnera pas un préavis de 90 jours avant son arrivée. Donc, ce qu'il est important de dire, c'est que, maintenant, avec les outils que nous avons, avec l'expertise que nous avons, les milieux culturels savent comment se comporter. Il faudra apprendre à vivre avec des variants. Et notre but n'est surtout pas de retourner en arrière, mais plutôt de regarder vers l'avenir.

M. Robillard (Alexandre) : Peut-être, rapidement, est-ce que vous pouvez peut-être donner un état de situation du processus de sélection pour le poste de directeur général au Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec?

Mme Roy : Oui, tout à fait. Comme vous le savez, nous avons une nouvelle présidente du conseil d'administration, Mme Monique Leroux. Et j'attends incessamment ses suggestions. Tout le travail a été repris en fonction d'objectifs que le gouvernement, et, bien sûr, que nous souhaitons pour nos fameux conservatoires. Nos conservatoires de musique et d'art dramatique sont importants. Et le processus de sélection, je pense, est toujours en cours, ou je devrais avoir incessamment, sous peu, des recommandations de faites.

Le Modérateur : Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Lavallée (Hugo) : Oui, bonjour. Vous mentionniez, il y a quelques minutes, que les coûts étaient plus élevés, entre autres, sur les plateaux de tournage, là, en raison des protocoles sanitaires. Dans le contexte, justement, de déconfinement, est-ce que tous ces protocoles-là vont aussi prendre fin, que ce soit dans la production de spectacles ou d'émissions de télévision?

Mme Roy : C'est une excellente question. À l'égard, par exemple, des jauges ou des spectateurs qui peuvent être... c'est la même règle qui est appliquée lorsqu'il y a des spectateurs, que l'on soit sur un plateau de télévision ou dans une salle de spectacle. Donc, pour le moment, c'est la même chose, capacité à 50 %, puis il y aura une plus grande ouverture vers le 100 %. C'est la même chose pour nos plateaux.

Pour ce qui est du travail, du fin travail des artistes, il faut que vous sachiez que, depuis le début de la pandémie, nous avons attitré un médecin aux artistes pour qu'ils élaborent, avec la CNESST, des protocoles de travail, et c'était très complexe, vous le savez, et les artistes ont été exemplaires. Il y a eu très, très peu d'éclosions sur nos plateaux de télévision, de cinéma. Et, à cet égard là, il y a une discussion qui se poursuit avec la CNESST. On est vraiment ici dans le milieu du travail, il y a toujours cette obligation d'un employeur de fournir un lieu de travail sécuritaire aux employés. Mais à cet égard là, moi, je n'ai pas d'inquiétude particulière, il y aura des ajustements qui seront faits en conséquence. Parce que, vous le savez, il y a le retour progressif. Le télétravail, bon, pourra continuer un certain temps, mais il y a le retour progressif des travailleurs dans les bureaux. Donc, il y a une adaptation à faire dans les différents milieux de travail, et ça, ça se fait de concert avec la CNESST.

M. Lavallée (Hugo) : Donc, si je comprends bien, on attend que la CNESST ajuste, par exemple, les règles ou puisse faire de nouvelles recommandations.

Mme Roy : Bien, tout à fait. Ils y travaillent, à ces ajustements, parce que c'est en parallèle, là. Vous avez le grand public pour nos salles, mais vous avez aussi les travailleurs du milieu de l'audiovisuel, entre autres, et eux ont des protocoles à suivre. Donc, c'est en continu, hein, ce sont des ajustements en continu, et c'est vraiment fait de concert avec le milieu. Donc, vraiment, nos producteurs travaillent avec la CNESST pour expliquer leur réalité, dans quelle mesure ils peuvent ou ne peuvent pas accomplir telle ou telle manoeuvre. Mais on s'en va… comme nous nous en allons vers un assouplissement des mesures, il y aura, je présume, un parallèle à faire avec la CNESST. Mais je ne peux pas parler pour elle, pour le moment, mais ce sont des pourparlers qui ont lieu avec le milieu et avec la CNESST pour les lieux de travail.

Le Modérateur : Charles Lecavalier, La Presse+… Ah! allez-y, allez-y, monsieur...

M. Lavallée (Hugo) : Je voulais savoir si on a un portrait de la situation dans le milieu culturel, plus généralement, depuis le début de la pandémie, à savoir combien de salles de spectacle ou de cinémas ont dû fermer leurs portes ou combien d'artistes ont quitté le secteur. Est-ce qu'on a ces données-là?

Mme Roy : Oui. En fait, on fait, en continu... c'est vraiment en continu, nos équipes... Puis je dois saluer ici le travail fait par les professionnels au ministère de la Culture et des Communications, et également nos deux sociétés d'État, qui sont nos bras financiers, hein, comme je vous dis, le CALQ et la SODEC sont les bras financiers du ministère de la Culture. Ils sont en contact direct avec les clientèles. C'est en continu que nous colligeons toutes ces informations. À l'égard de l'argent, si je vous dis qu'il y a... l'argent est sorti, là, quand on vous dit qu'on est rendus à 830 millions de dollars d'injectés dans le plan de relance économique pour le milieu de la culture, cet argent-là, il est dépensé. Et si je vous arrive ce matin en vous disant qu'il y a ce prêt de 60 millions de plus, il sera dépensé. Puis ce qui n'est pas dépensé sera réinvesti pour le futur, pour notre plan pour faire briller davantage la culture, à plus long terme, ce sur quoi nous travaillons actuellement pour propulser le milieu. Donc, ces données-là... nous avons des tableaux, là, incommensurables, à l'égard de la reddition de comptes, où est allé l'argent, qui reçoit l'argent. Mais c'est un travail de moine, mais tout est colligé. Il y a même une étude, je vous donnerai plus de détails, là, mais qui est en cours.

C'est vraiment de façon continue.

Entre autres, en ce qui a trait à la fameuse mesure à la billetterie, pour le remboursement des billets, qui est une mesure qui nous vient du milieu, là, nous avons tenu des dizaines, des dizaines et des dizaines de rencontres avec le milieu. Malheureusement, en Teams, là, nous n'étions pas... nous ne pouvons pas être en personne. Mais on écoute le milieu, puis il nous dit, le milieu, les gens sur le terrain nous disent : Bien, on a besoin de ça, cette mesure-là, elle n'est pas parfaite, cette mesure-ci pourrait être modifiée, parce qu'on oublie tel groupe. Alors, c'est en continu, les ajustements que nous avons faits depuis 22 mois. Et, à cet égard là, la mesure à la billetterie, qui nous vient du milieu, ces 110 millions de dollars là qui ont été investis, moi, j'avais mis une condition sine qua non, j'ai dit : Parfait, on envoie de l'argent, mais ceux qui reçoivent l'argent devront nous prouver qu'ils paient d'abord la production, que tous les artistes, les artisans soient payés pour avoir la totalité du montant qui pourra leur être alloué. Alors, c'est pour vous dire qu'il y a de la reddition de comptes, donc c'est beaucoup, oui, c'est beaucoup de documents, de documentation, mais on a tout ça, c'est très, très, très exhaustif.

Le Modérateur : Charles Lecavalier, La Presse.

M. Lecavalier (Charles) : Oui. Bonjour, Mme Roy.

Mme Roy : Bonjour.

M. Lecavalier (Charles) : Je ne sais pas si vous avez complètement répondu à la question de M. Lavallée, juste avant, je vais la poser autrement. Sur quels indicateurs allez-vous vous fier pour savoir si le retour à la normale, disons, à la situation prépandémique, va être atteint? C'est ça, votre objectif, là. Est-ce que c'est en termes de nombre de billets vendus, de nouvelles créations, de nombre d'artistes au Québec? Sur quels indicateurs allez-vous vous baser pour vous dire que, voilà, on a accompli la mission de revenir à la situation prépandémique?

Mme Roy : Bien, il y a plusieurs indicateurs. Ceux que vous mentionnez sont pertinents. Une chose qu'il est important de dire, c'est que ce que nous avons souhaité dès le jour un, le 6 avril 2020, première chose que nous avons faite, c'est que nous avons envoyé 50 % de toute l'aide au fonctionnement à près de 800 organisations et organismes culturels qui sont soutenus par tout l'appareil gouvernemental et les sociétés d'État, parce qu'on voulait s'assurer de garder en vie tout l'écosystème pour l'éventuelle reprise des activités. Mais là on est bien loin, vous me direz, c'était en avril 2020. Cependant, on collige absolument tout.

Et les indicateurs… On travaille actuellement à un plan pour faire briller et propulser le milieu. La première phase de ce plan-là, c'est pour nous assurer qu'on revienne à un niveau d'activité semblable à celui avant la pandémie. Puis, en 2019, ça allait super bien. On était en voie de battre des records de production, de vente, de billetterie. Le milieu saura vous le dire. Entre autres, nous avions mis… c'était une de nos premières promesses électorales, de nous assurer d'avoir deux sorties culturelles gratuites pour les enfants à l'école. On l'a mis en application très tôt en arrivant dans notre mandat. Et vous demanderez aux troupes de théâtre, aux artistes, les artistes donnaient des matinées, il y avait des spectacles pour les jeunes. Et ça, ça a vraiment donné... ça a propulsé ce 112 millions là, qui est étalé sur cinq ans. L'argent est toujours là. Ça a propulsé le milieu. Il y avait vraiment une envolée du milieu culturel avant que la pandémie ne frappe.

Donc, pour répondre à votre question les indicateurs, on commence par vouloir atteindre un niveau de rayonnement, de participation qui était celui de 2019. Et le but du plan à plus long terme sur lequel nous travaillons, c'est de le dépasser, puis de faire briller le secteur, et de le propulser. Alors, c'est un plan en plusieurs volets sur des indicatifs vraiment tangibles : l'exportation de nos produits, les billets, la capacité des salles, les ventes. On a vu, durant la pandémie, que certains secteurs ont sorti des grands gagnants. Vous me direz, bien sûr, tout était fermé, alors les gens lisaient, mais on voyait encore, dans vos journaux, ce matin, un article disant dans quelle mesure le livre a fait un bond incroyable, 16 %, des ventes de livres. Alors, ça, c'est tout le milieu de la littérature, ce sont nos librairies agréées, ce sont nos éditeurs qui en ont bénéficié, le livre.

Et les contenus aussi, il n'y a jamais eu autant de tournages au Québec que l'année dernière, tournages, films, télévision. Pourquoi? Parce que nous avons mis sur pied une mesure, en juillet 2020, la mesure, une forme de garantie pour nous assurer que nos producteurs puissent tourner, parce qu'aucune compagnie d'assurance ne voulait assurer les montages financiers de nos producteurs. Il n'y aurait rien eu, aucun tournage, si nous n'avions pas créé une mesure, avec la SODEC, pour garantir les tournages. Nous étions les seuls en Amérique qui tournaient, pratiquement. Pratiquement. Mais dans le Canada, prenons le Canada, là, ça a tourné, ici, puis on a pu recevoir des productions étrangères puis faire travailler notre monde. Parce que le système de l'audiovisuel... pardon, pas le système, que dis-je, le secteur de l'audiovisuel est un de ceux qui font travailler le plus d'artistes et d'artisans. Donc, on s'est assuré que ça a travaillé. On est arrivé même avec des chiffres records, durant la pandémie, pour l'audiovisuel. Donc, il y a des secteurs qui ont bien tiré leur épingle du jeu. Il y en a d'autres, les arts de la scène, de toute évidence, ça a été beaucoup plus difficile, pour eux, quand tout est arrêté puis on ne peut pas se regrouper. Donc, mes indicateurs : On regarde ce qui s'est fait en 2019, c'était une année en progression, avec des records, on veut atteindre ces niveaux et aller plus loin.

M. Lecavalier (Charles) : Pouvez-vous, aujourd'hui, nous faire une espèce d'état de la situation. Si l'objectif est de retourner au niveau de 2019, là, ça ressemble à quoi, en février 2021, là, justement? C'est quoi, l'état de la situation? On en est où, là, par rapport à 2019?

Mme Roy : J'arriverai avec cette réponse beaucoup plus précise lorsque je vous présenterai notre plan, d'ici quelques semaines, plan sur lequel nous travaillons. Et naturellement vous comprendrez qu'il y a le budget qui s'en vient, mon collègue, le ministre des Finances, M. Eric Girard, travaille sur le prochain budget. Et j'ai fait des demandes importantes pour le milieu culturel pour nous assurer d'avoir ce plan, ce plan à plus long terme pour pouvoir faire briller et propulser le milieu.

Je vous dis qu'on travaille actuellement avec les acteurs du milieu, parce qu'avec cette fermeture avant Noël, on va voir comment va se comporter le public, parce qu'il y a des réalités qui ont changé. Il faut aller chercher le public. Les gens, avant, par exemple, achetaient leurs abonnements pour le théâtre à l'avance. Lorsque la saison automne-hiver commençait, on achetait. Maintenant, on a constaté, le milieu a constaté que les gens achètent plus à la dernière minute, naturellement, craignant d'avoir peut-être une fermeture, ou peut-être pas une place, ou une jauge réduite. Donc, tout ça est à l'étude pour savoir le comportement des spectateurs. Et puis les secteurs plus... mais on peut dire, d'entrée de jeu, que les secteurs les plus touchés sont ceux des arts de la scène. Et c'est pour ça qu'ils reçoivent une part importante de l'aide, parce qu'ils en ont vraiment besoin.

M. Bergeron (Patrice) : Si vous me permettez, Mme la ministre, Patrice Bergeron, La Presse canadienne. Je ne suis pas sûr de comprendre, là, donc, ce 58,5 millions là, alors que vous avez déjà, donc, donné 830 millions. Pourquoi il est nécessaire d'en rajouter? Qu'est-ce qui manquait pour faire la transition vers le retour à la normalité, là?

Mme Roy : Bien, en fait, rappelez-vous, à l'automne dernier, nous étions à pleine capacité dans les salles. Ça allait très, très bien. Avant les fêtes, je suis allée voir des spectacles, les gens étaient heureux, les salles étaient combles. Puis, juste avant Noël, on a dû les fermer, compte tenu de la virulence d'Omicron et du taux d'hospitalisation qui a grimpé en flèche très, très rapidement. Et, à cet égard là, bien, c'était un nouveau retour en arrière pour tout le milieu. Comment allait réagir le public? Pendant le temps des fêtes, c'était une des périodes les plus prolifiques pour nos salles, tous les grands spectacles du temps des fêtes, on pense à Casse-Noisette, on pense à des comédies musicales, on pense... c'est vraiment un milieu très, très... un moment de l'année très important, si on pense aux salles de cinéma. Donc, on en rajoute parce que le milieu culturel a été impacté pendant le temps des fêtes, ce à quoi… Nous ne pensions pas qu'il fallait en arriver là. On était vraiment optimistes à l'automne.

Et, par ailleurs, comme je vous dis, c'est un travail qui est fait en continu. Le milieu nous dit : Il manque… ici, on a telle problématique, là, on a telle problématique, entre autres, les salles privées. J'ai lu dans vos journaux, on les a tous lus, certaines salles privées qui n'étaient pas couvertes, historiquement, par le ministère de la Culture ou encore nos sociétés d'État, bien, eux ont des problématiques particulières. Parce que je rembourse des spectacles québécois, et les salles privées, entre autres, bien, ont des spectacles canadiens, américains, donc c'est des billets que je ne rembourse pas. Donc, on avait besoin de développer une forme d'aide particulière. Les salles de cinéma, c'est la même chose. Je rembourse pour des films, entre autres, québécois, mais on présente aussi des films américains. Alors, il fallait trouver des façons de soutenir les salles en soutenant l'art et la culture québécoise, mais également en soutenant tout l'écosystème.

Donc, vous dire la différence, la différence, c'est le fait qu'il nous est arrivé, avant Noël, Omicron, et qu'il a fallu agir et trouver des sommes supplémentaires, parce que c'est vraiment un creux important, la période des fêtes. Ne pas avoir de vie culturelle durant la période des fêtes, ce n'était pas quelque chose que nous prévoyions.

M. Bergeron (Patrice) : Mme Roy, vous aviez promis de déposer une loi sur le statut de l'artiste. Là, il nous reste à peine trois mois de législation. La loi se fait toujours attendre. Qu'est-ce qui manque pour compléter et déposer ce projet de loi là? Et est-ce que vous avez espoir de le faire adopter avant juin? Parce que ça s'en vient rapidement, là.

Mme Roy : Nous travaillons actuellement avec le milieu. J'ai tenu, encore là, des dizaines et des dizaines de consultations. Le projet de loi est avancé. Il est très avancé, mais on veut nous assurer de faire ce qu'on appelle des ajustements pour qu'il soit le plus consensuel possible. C'est la première fois qu'un gouvernement s'attaque à cette loi de façon importante — c'est une refonte — depuis 30 ans. Alors, vous comprenez que c'est complexe et que ça implique trois ministères. Naturellement, le ministère de la Culture mais également le ministère de mon collègue, Jean Boulet, le Travail, parce qu'on touche aussi à des lois du travail, et le ministère de la Justice, parce que nous voulons faire une refonte majeure. Alors, on y travaille. Mon objectif est toujours de déposer ce projet de loi, et effectivement le temps court.

Le Modérateur : Très bien. Est-ce que vous aviez des compléments d'information à demander... Oui, allez-y.

M. Bourassa (Simon) : Une petite dernière pour Mme Roy. Concernant l'inflation, là, inflation record au Canada, bon, on est au-dessus de 5 %, ça risque d'avoir une répercussion aussi sur le prix des billets de spectacle. Donc, est-ce que vous craignez que l'inflation actuelle freine la reprise du milieu culturel et particulièrement des arts de la scène?

Mme Roy : Ça nous touche tous, à tous les égards, dans tous les secteurs, alors ça fait partie des discussions que nous avons pour essayer justement de trouver des façons de soutenir davantage, de ramener le milieu culturel à son niveau de 2019 et de le propulser. Alors, c'est une réalité économique avec laquelle nous devons vivre. Et, comme je vous dis, le fait que nous compensions pour des billets invendus, cette mesure-là, elle a été tellement porteuse que d'autres pourraient s'en inspirer, entre autres, nos collègues du fédéral, à qui d'ailleurs… ils n'ont pas voulu embarquer avec nous lorsqu'on l'a mise sur pied, mais je pense qu'ils ont vu les bénéfices, et à qui nous demandons : Bien, si vous mettez de l'argent pour compenser pour des billets invendus, donnez-nous tout de suite l'argent, parce qu'on connaît déjà nos clientèles et on sait où sont les besoins. Mais ça, c'est des discussions fédérales-provinciales. Mais à l'égard... pour la question précise que vous me posez, ça fait partie de la réflexion qui est en cours actuellement.

Et peut-être, avant de vous quitter, j'aimerais vous dire, on s'en va la période des questions, je vais déposer une motion sans préavis, parce que je pense que ce qui se passe, actuellement, dans le milieu journalistique, avec les manifestations, avec la désinformation, avec les fausses nouvelles... Vous savez, je suis une ex-journaliste, je pense qu'on reste journaliste toute sa vie. Je dépose une motion justement pour dire dans quelle mesure le travail journalistique est important. C'est un des piliers de notre démocratie, puis les journalistes ont le droit d'exercer leur travail en toute sécurité, et on dénonce les actes d'intimidation, de violence à l'égard des journalistes. Alors, je tenais à le faire. Et j'imagine que mes collègues… ce serait une motion unanime qui sera supportée par l'Assemblée nationale en entier. C'est ce que je souhaite. Mais, vraiment, le milieu vit des moments troubles, avec tout ce qui se passe, et, pour moi, une information de qualité, avec des faits vérifiés, c'est absolument indispensable. Voilà. Merci.

Le Modérateur : Bon, bien, c'est à voir. Merci beaucoup. Passez une bonne fin de journée.

Mme Roy : Merci à vous.

(Fin à 9 h 32)

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