(Treize heures six minutes)
M. Curzi: Bonjour. On est très nombreux réunis, d'ailleurs, je veux vous remercier toutes, tous d'être venus, d'avoir fait le voyage à Québec, qui de Malachie, qui de Gatineau, de Québec, de Montréal, de la Mauricie, de la région de Mont-Saint-Hilaire, bref, tout le Québec est là avec, à la fois des personnes souffrant de déficience intellectuelle d'abord, et ça, c'est important, parce que c'est pour elles et pour eux qu'on est là, avec des bénévoles, avec des gens qui s'en occupent, avec des membres de conseil d'administration, avec le président de l'association M. Philippe Gosselin, avec la coordonnatrice Sylvie Morin et avec, vous le voyez, plusieurs collègues députés: Lisette Lapointe, Louise Beaudoin, Émilien Pelletier, François Gendron et il y en a plusieurs autres qui souhaitaient aussi participer. Donc, on est extrêmement nombreux et on représente, en fait, l'ensemble des gens qui se préoccupent de la déficience intellectuelle.
On a convoqué cette conférence de presse parce que, depuis 1992, il n'y a pas eu un soutien financier suffisant, et les maisons de L'Arche ont accueilli plus de gens qu'elles en accueillaient à l'époque, de telle sorte qu'on en arrive à une situation extrêmement préoccupante, où, là, il y a des besoins urgents, sinon il va y avoir des choses qui vont se passer, et, ces choses-là, ce sera la fermeture de certains lieux, d'une part, et on a besoin aussi de trouver une situation à long terme. Marie Tifo?
Mme Tifo (Marie): Oui.
M. Curzi: Ah! Marie, je t'ai oubliée. Marie Tifo, ici, qui est venue comme bénévole. Alors, je vais parler brièvement... et je vois Amir Khadir aussi qui est là. Bref, on est très... on est extrêmement solidaires, sans partisanerie, et on sait que la ministre Vien se préoccupe de... Elle a une maison de L'Arche dans son comté, Mme la ministre des Aînés aussi en a, et il y a des députés libéraux qui ont des maisons de L'Arche. Et tout le monde est d'accord pour dire que ces maisons-là sont essentielles pour s'occuper des gens adéquatement, d'une façon familiale, d'une façon admirable des personnes qui souffrent de déficience intellectuelle.
On a tous cette situation à coeur là, et, pourtant, ça fait depuis deux ans qu'on essaie d'obtenir des éléments concrets de financement et on n'arrive pas. Alors, ce qu'on veut dire aujourd'hui, c'est: Que faut-il faire de plus? Qu'est-ce qu'il faut plus... qu'est-ce qu'il faut de plus, quand tout le monde est réuni et tout le monde partage le désir qu'on trouve une solution adéquate, un soutien financier correct de la part de notre gouvernement pour les maisons de L'Arche? Voilà. C'est ce que je voulais dire.
Je vais laisser la parole au président de l'Assemblée... de l'Association des maisons de l'Arche, à la coordonnatrice, à Mme Jacqueline Dugas. Où êtes-vous, Mme Dugas? Ah! Vous êtes juste là. Ah! Bien, je ne vous avais pas présenté Mme Jacqueline Dugas qui, elle, vient de Joliette. Et ensuite, Marie Tifo qui va dire un petit mot. Et peut-être mes collègues voudront ajouter une petite phrase.
M. Gendron: J'aurais aimé dire un mot ou une phrase.
M. Curzi: Veux-tu la dire maintenant?
M. Gendron: Oui, Maintenant, pour débarrasser.
M. Curzi: Alors, voilà. Alors, la parole à François Gendron.
M. Gendron: Non, non. Mais...
M. Curzi: C'est beau.
M. Gendron: ...la cause est importante.
Une voix: ...
M. Gendron: Alors, merci. Et moi, la cause est importante. Je connais L'Arche depuis plusieurs années. J'en ai une à Amos. Et ce qui est plate, là, c'est que, d'une main, on a ajouté du développement dans les unités de logement, parce que le problème est réel. Puis là on n'a même pas les budgets pour les faire fonctionner. Donc, je ne peux pas accepter, moi, que, d'une main, on fait semblant de soutenir puis, de l'autre main, ils n'ont pas le budget pour opérer. Alors, je voulais au moins faire le témoignage. Je le vis. J'ai écrit à la ministre. Il faut qu'il se passe des choses. Alors, je remercie tout le monde d'être là. C'est dans ce but-là. On ne veut pas faire de politique avec ça. On veut que le problème se règle, avec un meilleur financement adéquat parce que c'est un problème réel, puis il faut s'en occuper. Voilà.
M. Curzi: Merci, François. Alors, M. Philippe Gosselin.
M. Gosselin (Philippe): Bonjour. Aujourd'hui, nous sommes ici pour dénoncer l'inaction du gouvernement Charest dans la protection d'une tranche de la société québécoise qui est vulnérable. Comme président de l'Association des Arches du Québec, j'aurais vraiment préféré ne pas être ici aujourd'hui, pour faire de la pression politique ou publique, car cela aurait voulu dire qu'on aurait eu le financement adéquat. Ça fait plusieurs années que nous négocions, et il est temps que ça porte fruit.
Pour notre association, deux choses sont inacceptables. Tout d'abord, que l'équivalent per diem du montant de la subvention actuellement versée par les agences régionales de santé et des services sociaux pour les services essentiels que nous procurons à cette population soit si différent d'une région à l'autre, des écarts allant de 7,35 $ à 87,39 $ par jour, par personne. Comment accepter que le support donné à une personne présentant un déficience intellectuelle varie autant d'une région à l'autre? Est-ce qu'une personne de Joliette vaut si peu par rapport à celle des autres régions? Je suis certain que les Québécois que ce gouvernement représente répondent non à cette question.
D'autre part, notre demande d'argent neuf de 1,2 million par année nous amène à une moyenne régionale d'environ 79 $ par jour, par personne comparée à une moyenne actuelle de 58 $. Nous croyons fermement que cette demande est raisonnable car, en comparaison avec la Colombie-Britannique, la région d'Ottawa, la Nouvelle-Écosse, ce montant est largement inférieur.
Finalement, le per diem actuel alloué par le gouvernement correspond à ce qui était versé en 1992. Pourquoi nous sommes rendus là? C'est parce que L'Arche a répondu aux besoins des Québécois en augmentant de plus de 40 % les personnes accueillies dans leurs maisons et en offrant des ateliers de jour, des centres de jour pour donner vie à cette population. Étant sur le sol québécois depuis plus de 40 ans, ayant été fondée par un Québécois de renommée internationale, M. Jean Vanier, grand officier de l'Ordre national du Québec, L'Arche a le désir de rester au Québec, mais, pour cela, ce gouvernement doit bouger et doit bouger rapidement. Merci.
Mme Morin (Sylvie): Merci. Moi, je vais vous parler de l'impact du sous-financement de L'Arche. Notre mission, à L'Arche, c'est de faire connaître le don des personnes présentant une déficience intellectuelle qui se révèle à travers des relations mutuelles, de s'adapter aux besoins changeants de nos membres et de s'engager dans notre culture afin de construire une société plus humaine.
Les difficultés que nous vivons présentement rendent difficile d'accomplir notre mission dans nos huit communautés dans le Québec, et je ne parle pas des communautés qui voudraient naître et qui ne peuvent pas le faire. L'impact se fait déjà sentir depuis quelques années. Des conseils d'administration et des responsables de communauté ont commencé par couper des postes d'encadrement afin de pouvoir arriver financièrement. Aujourd'hui, ils sont obligés de prendre la décision de fermer des places, soit dans des ateliers, ou dans des centres de jour, ou dans les foyers. Ces décisions, ils les ont retardées le plus longtemps possible, mais aujourd'hui ils sont devant l'inévitable. Ils doivent fermer 15 places, soit temporairement ou définitivement, à travers le Québec, et au moins 10 personnes en janvier vont perdre un travail significatif. Il y a aussi tout l'impact humain sur des personnes qui donnent déjà beaucoup de leur temps et à qui on demande de plus en plus.
Donc, après 40 ans de présence au Québec, L'Arche se voit dans l'obligation de diminuer les services qu'elle offre aux personnes présentant une déficience intellectuelle et leur famille, tout cela dans un contexte de diminution de services dans le réseau, qui manque de ressources, de milieux de vie et de travail pour ces personnes vulnérables. Mes deux questions sont: Pourquoi enlever ce choix alternatif aux familles et aux personnes présentant une déficience intellectuelle au Québec? Et pourquoi les personnes qui ont une déficience intellectuelle, on leur enlève ce choix-là de vivre dans une maison qui leur donne une famille ou un atelier qui leur donne de la vie? Les personnes avec qui je partage ma vie vous le diront, L'Arche est leur maison, leur lieu d'appartenance, que ce soit pour y vivre ou pour y travailler, si vous prenez juste deux minutes pour leur demander et les écouter. Et finalement, ce sont elles, les grandes perdantes. Mais, dans tout cela, elles ne peuvent pas revendiquer tout ça elles-mêmes, et c'est pour ça qu'on est là pour elles. Merci.
Mme Dugas (Jacqueline): Bonjour à tous. Je me présente, Jacqueline Dugas, mère de Marc-Paul, résidant à L'Arche de Joliette depuis deux ans. Le personnel, les bons soins et les amis que Marc-Paul s'est fait à cette résidence a fait le plus grand bien à l'épanouissement de mon fils. Au fil des ans, il a développé une grande confiance. Il reçoit beaucoup d'amour avec les gens qui l'entourent. Maintenant, Marc-Paul s'est bien adapté et se sent chez lui. C'est maintenant sa maison.
Voici une courte histoire parmi tant d'autres. Notre fils est venu au monde plus tôt que prévu. Malgré cela, il était en pleine santé jusqu'à l'âge de deux ans où tout a basculé. Suite à des problèmes de santé, sa santé fut menacée. Nous avons eu un parcours médical qui a duré 38 longues années. Des soins médicaux, des consultations auprès des spécialistes, intervenants, psychologues, nous avons su que notre fils ne serait jamais comme les autres. Mais, pour nous, ce serait toujours un combattant.
Aujourd'hui, nous avons besoin d'aide car notre fils en perte d'autonomie demande de plus en plus de soins et d'attention. Nous devons nous entourer des gens qui nous comprennent et nous aideront à bénéficier d'un bon répit afin de refaire le plein d'énergie. C'est ce qu'on retrouve à L'Arche de Joliette. Mon voeu le plus cher est que Marc-Paul, toi et tes amis soient heureux ensemble au même endroit. Que 2012 soit rassembleur, parents, enfants, bénévoles. Nous faisons appel à vous, notre gouvernement, afin d'être sensibilisé à la vie de ces enfants et à leur quotidien, votre soutien essentiel pour que la maison de L'Arche... ce soutien, tant que... qu'une maison comme L'Arche, ce soutien tant précieux à des parents comme nous. Merci d'avoir écouté mon histoire, et, comme tant d'autres parents, je garde espoir. Et demain, je me demande où va aller mon fils si L'Arche de Joliette ferme. Merci beaucoup.
Mme Tifo (Marie): Bonjour à mes amis de L'Arche, bonjour à mes amis députés. Moi, je voudrais parler de L'Arche de l'intérieur. J'ai été présidente d'honneur avec Pierre Curzi pendant de nombreuses années, pour les spectacles-bénéfice, et puis, ma vie ayant un peu changé, j'avais plus de temps, étant devenue une veuve de la politique, alors j'ai décidé de m'impliquer réellement et de devenir bénévole à L'Arche Beloeil, où j'accompagne des personnes ayant une déficience intellectuelle, deux, trois avant-midi par semaine. Et c'est à cette occasion-là que j'ai vraiment rencontré des gens heureux, des gens heureux, des assistants qui viennent d'un peu partout dans le monde. Et puis ces gens-là, ils ne viennent pas nécessairement travailler. Ils viennent participer à une expérience communautaire unique qui se fait dans le respect, l'amour, le partage.
Et on parle aussi beaucoup des bénévoles. On dit toujours: Ah! Il y a les bénévoles et... Oui, il y en a, des bénévoles, à L'Arche. Il y a des bénévoles extraordinaires qui font la bouffe, qui sont là, qui sortent les gens et tout. Mais, les bénévoles, est-ce que ça paie la bouffe, justement? Est-ce que ça paie le chauffage, l'électricité, le loyer, les maisons qui ont besoin de réparation? Pas vraiment. Alors, je pense que le gouvernement doit s'impliquer, parce que, des maisons de L'Arche, on en a besoin partout. Moi, ce que je souhaite le plus, là, c'est que, des maisons de L'Arche, il y en ait partout dans les villes du Québec. Je le souhaite pour les personnes ayant un handicap, je le souhaite pour les personnes aussi, pour les familles.
Alors, messieurs et mesdames du gouvernement, on a besoin d'aide. Merci.
M. Curzi: Alors, encore une fois, merci à toutes, à tous, à chacune et à chacun d'être venus. C'est clair qu'il y a un cri du coeur. Il y a un cri du coeur, puis c'est un cri qui est puissant. C'est un puissant cri qui vient du fond du coeur, parce qu'on veut que le gouvernement ouvre toutes grandes ses oreilles, et qu'il ouvre aussi ses goussets, et qu'il soutienne adéquatement des maisons de L'Arche auxquelles on tient profondément, toutes et tous, tels que nous sommes. Alors, merci d'être venus à cette conférence de presse là.
(Fin à 13 h 21)