(Huit heures vingt-six minutes)
Mme Massé : Bonjour,
tout le monde. Ce matin, je lisais que la majorité des jeunes souffrent d'écoanxiété.
Ça résonne énormément dans mes oreilles. Pas plus tard qu'hier soir, j'étais
allée... je suis allée rencontrer des jeunes au cégep, et l'écoanxiété, elle
est palpable. Les jeunes la nomment, les jeunes mettent leur expérience de vie
autour de ça, les jeunes parlent de l'angoisse que génère l'absence de choix
politique. C'est palpable.
Et je les comprends, parce que quand tu
vois des politiciens, par exemple, qui ferment les yeux sur la crise
climatique, je pense à Pierre Poilievre, qui dit : Oui, moi, si je suis
élu, GNL Québec, on relance ce projet-là, il y a de quoi alimenter de l'écoanxiété.
Ou bien le ministre du Transport, François Bonnardel, qui, lui, laisse dormir
dans des coffres de l'argent qui pourrait servir au transport collectif, fort
utile, pas juste quand tu es jeune, mais entre autres quand tu es jeune, pour
permettre à l'ensemble des régions du Québec de pouvoir offrir du transport
collectif adéquat. Bref, nos gouvernements devraient être actuellement en train
de tout faire pour mettre le Québec en mode transition, transition juste, mais
en mode transition.
Le premier ministre est responsable de la
jeunesse. Il devrait, au lieu de baisser les bras face à la crise climatique,
au lieu de répéter des slogans qui n'accouchent pas, au lieu de nous parler
constamment d'un troisième lien autoroutier, il devrait répondre présent, parce
que ces jeunes-là vivent ça comme une trahison, les choix et les non-choix
politiques qui sont faits par le gouvernement.
Alors, cet après-midi, en étude de
crédits, je serai présente et j'interpellerai le premier ministre face à cette
responsabilité qu'il a concernant la jeunesse. Et je peux vous assurer qu'un
gouvernement solidaire, lui, ferait tout ce qui est nécessaire pour assurer que
Québec passe en mode grand V, grande vitesse, pour la transition.
M. Marissal : Merci,
Manon. Bonjour, tout le monde. Aujourd'hui, c'est les crédits en santé. C'est
un moment qu'on attend, c'est un moment que j'attendais depuis quelques
semaines, parce qu'il y a énormément de questions à poser au gouvernement,
gouvernement qui arrive en fin de mandat et qui, au lieu de prendre ses
responsabilités en ce moment, fait ce qu'il fait de mieux, pellete par en
avant, puis il nous arrive avec des nouveaux plans, des nouveaux slogans à tous
les jours.
La réalité, c'est que ce gouvernement ne
livre pas. Ils n'ont pas livré, et c'est soit de la faute des autres, soit c'est
la faute de la pandémie. Alors, c'est le monde rêvé de François Legault et
Christian Dubé, qui ne prennent aucune responsabilité. Ils avaient promis des
médecins de famille à tout le monde. Il y a plus de 1 million de personnes
au Québec qui attendent un médecin de famille. Ils avaient dit : On va
réduire le temps d'attente aux urgences. Le temps d'attente aux urgences n'a
jamais été aussi long. Et je ne parle pas juste de gens qui attendent de voir
un médecin, je parle de gens qui passent parfois trois, quatre, cinq jours sur
civière dans les corridors des urgences avant d'être montés aux étages.
Ils n'ont strictement rien fait pour la
prévention. Au contraire, on a reculé là où on était déjà très faibles. Et la
qualité du travail, la qualité des conditions de travail - je vais finir par le
dire - les conditions de travail du personnel soignant se sont détériorées
constamment sous ce gouvernement. Mais comme je le dis, c'est toujours la faute
des autres. Et là, hier, le premier ministre a poussé le bouchon encore plus
loin, en disant : Bah! C'est comprenable qu'on attend si longtemps dans
les corridors des urgences.
Est-ce que le premier ministre est en
train de nous dire, est en train de dire aux familles qui ont un proche sur une
civière aux urgences, parfois deux, trois, quatre, cinq jours, qu'ils devraient
comprendre parce que c'est comprenable? Bien, moi, pour l'avoir vécu récemment
avec un membre de ma famille, là, comme c'est arrivé à des dizaines de milliers
de Québécois et de Québécoises, non seulement je ne le comprends pas, mais je
ne l'accepte pas. Ça, c'est une démission du premier ministre, encore une fois,
qui se cache derrière toutes sortes de raisons, qui n'est pas capable de
prendre ses responsabilités, puis qui nous dit : Prenez votre mal en
patience. Moi, je ne suis pas capable de livrer, mais je vais vous demander de
comprendre. Bien non, justement, c'est un peu fort de café, là. Moi, je ne
comprends pas, et je n'accepte pas ça.
M. Robillard (Alexandre) : Sur
les délais de prise en charge aux urgences, l'association des spécialistes en
médecine d'urgence dit que ça n'a tout simplement pas changé, là, depuis
10 ans, là. Puis c'est un problème qui reste entier, là, qui est...
Pourquoi, selon vous, c'est aussi difficile de réduire les délais?
M. Marissal : Parce
qu'on n'a pas travaillé sur la première ligne. Parce qu'on a tout mis ça entre
les mains des GMF alors qu'on aurait dû garder des CLSC. Parce que les
gouvernements libéraux, et maintenant caquistes, ont mis leurs oeufs dans le
panier de la privatisation. Et là, ce qu'on nous promet avec la CAQ, c'est
encore plus de privé. Mais il n'y a pas de magie, là. Comme je le dis souvent,
il y a juste un bassin de ressources humaines. Si, parmi ce bassin, des gens
partent du public vers le privé, bien, ce n'est pas compliqué, puis le
comptable devrait comprendre ça, là, ça fait moins de monde dans le public.
Alors, il y a des gens qui sont partis en
masse, jusqu'à 80 par mois juste dans le CIUSSS de l'Est de Montréal,
80 infirmières par mois qui quittent vers des agences, puis vers le privé.
Comme je le dis, là, pas besoin, là, d'être un génie en mathématiques pour
comprendre que, nécessairement, on perd du monde puis on n'en récupère pas
assez. La question, la raison pour laquelle les gens attendent si longtemps sur
des civières aux urgences, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de lits en haut,
c'est parce qu'il n'y a pas de personnel pour s'occuper des gens sur les lits.
Alors, les gens attendent, je l'ai dit, pendant des jours et des jours en
civière, alors qu'ils sont malades, alors qu'ils sont vulnérables, alors qu'ils
ont besoin d'une opération. C'est un échec et un fiasco lamentable de la CAQ,
mais qui va nous arriver avec d'autres projets puis d'autres slogans au cours
des prochains jours, j'imagine, d'ici la fin de la session, pour masquer ces
échecs-là.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
en même temps, est-ce que c'était réaliste de s'attendre à ce que les
statistiques de prise en charge puis d'attente dans le réseau de la santé
diminuent compte tenu des deux dernières années, là, qui ont été éprouvantes
sur les réseaux de la santé?
M. Marissal : De un,
c'est à la CAQ de répondre de ses propres promesses.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
je vous demande, vous, est-ce que vous pensez qu'on peut pondérer?
M. Marissal : De deux,
il n'y a rien qui a été fait avant la pandémie. Et là, maintenant, on met tout
sur le dos de la pandémie, et non seulement ça, mais en plus on nous promet
plus de privé. Alors, on va ouvrir plus de salles d'opération privées. On va
envoyer plus de patients vers le privé. Où est-ce qu'on va les prendre, les
infirmières, les médecins, les préposés aux bénéficiaires, les infirmières
auxiliaires, les inhalothérapeutes? Ils viennent du bassin du public. Alors, on
est encore en train de siphonner. Puis moi, je vous garantis que si on continue
sur cette très mauvaise voie, dans un an, dans deux ans, dans trois ans, là, on
aura un résultat encore pire, et les gens attendront encore davantage. La CAQ
n'a rien fait pour corriger les erreurs lamentables des libéraux, puis ils nous
en promettent encore plus.
M. Lacroix (Louis) : Mme Massé,
est-ce que les partis politiques anglophones émergents à Montréal, là, en fait,
au Québec, là, qui veulent, comment dire, faire valoir les droits des
communautés anglophones, et qui prônent le bilinguisme, est ce que ce sont des
partis extrémistes? Est-ce que ces idées-là, de prôner le bilinguisme au
Québec, c'est extrême?
Mme Massé : Bien, ce que
je vous dirais, c'est qu'il est clair, pour nous, à Québec solidaire, mais de
façon assez générale, ici, à l'Assemblée nationale, que le Québec est un pays,
on le souhaite, en tout cas dans notre cas, francophone. Qu'il y ait des gens
qui veulent nous faire revenir en arrière, ça leur appartient. Ceci étant dit,
soyons clairs : La langue commune au Québec, c'est le français, ça l'est
et ça va le demeurer.
M. Laforest (Alain) : La
cheffe du Parti libéral n'a pas hésité de dire que ces deux partis-là étaient
des partis extrêmes, justement pour cette prise de position-là. Vous n'allez
pas là, donc ils ne sont pas extrêmes, ils prônent une position...
Mme Massé : Moi,
écoutez, le débat politique, là, ça existe, le débat politique, là. Ce n'est
pas tout le monde qui pense comme moi, puis moi, je ne pense pas comme tout le
monde. Ceci étant dit, ce que je vous dis, là où il n'y a pas de retour en
arrière possible, c'est de dire : Ici, au Québec, la langue commune, c'est
le français, et on l'honore puis on va continuer de l'honorer, pas question
d'être bilingues au Québec.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
vous semblez avoir une position plus, comment dire, donc, moins forte que celle
du Parti libéral sur cet enjeu-là... sur l'apparition de ces partis-là puis
l'enjeu qui est défendu.
Mme Massé : Écoutez,
moi, je pourrais vous parler du Parti conservateur, là, je pourrais vous en
parler longtemps, hein? D'avoir des candidats qui...
M. Robillard (Alexandre) : ...juste
que Mme Anglade, elle sort plus fortement contre la présence puis les
enjeux...
Mme Massé : Écoutez, ça
lui appartient, là.
Journaliste : Est-ce que le
Parti conservateur, c'est extrême, pour vous, Mme Massé?
Mme Massé : Bien, je ne
sais pas pourquoi vous cherchez un qualificatif. Moi, ce que je trouve
extrêmement, disons, préoccupant pour le Québec, c'est quand je vois un parti
politique comme le Parti conservateur qui met de l'avant des candidats
antiavortement dans un pays comme le Québec. Ça, je trouve ça vraiment
préoccupant.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
vous avez l'air de trouver ça moins grave que Mme Anglade, la présence de
ces deux...
Mme Massé : Écoutez, ça
existe, en démocratie, des idées différentes. Moi, je peux comprendre pourquoi
elle trouve ça menaçant, mais...
M. Robillard (Alexandre) : Pourquoi?
Parlez-nous pourquoi vous trouvez ça moins menaçant.
Mme Massé : Bien, parce
que le débat politique, là, ce n'est pas un débat tout le monde pense pareil.
Mais je pense qu'il y a des choses sur lesquelles il faut être clairs, et nous
le sommes, à Québec solidaire. Le Québec est un pays français.
M. Lachance (Nicolas) : Mais
est-ce que c'est une position valable, être antiavortement? Parce que vous
dites : Tout le monde peut prôner des...
Mme Massé : Il peut
absolument penser ce qu'il veut, ça, il n'y a pas de trouble là-dessus. Mais,
pas vrai qu'un homme va venir dire aux femmes quoi faire avec leur corps, pas
au Québec.
Journaliste : Est-ce que
c'est extrême, ça?
Mme Massé : Je ne vais
pas répondre à ça, c'est-u extrême, pas extrême. Ce que je vous dis, c'est que
ce n'est pas acceptable.
M. Laforest (Alain) : L'amendement
que va déposer le ministre Simon Jolin-Barrette, là, pour imposer les trois
cours — hier, vous étiez là, M. Marissal — satisfaisant,
plus ou moins satisfaisant? Content? Pas assez? On envoie le projet de loi à la
poubelle encore?
Mme Massé : Bien,
écoutez, pour nous, on va voter pour ce projet de loi là, cette loi-là, cet
amendement-là. Ceci étant dit, je pense que, pour nous, là où il n'a pas été
assez loin, c'est notamment en matière du français au travail. Tu sais, il y a
des places où, si on veut affirmer le Québec dans toute sa fierté francophone,
il faudrait être capables de l'affirmer pas mal plus dans les milieux de
travail. Il faudrait être capables de valoriser beaucoup plus les cégeps
francophones. Et ça, malheureusement, M. Jolin-Barrette n'a pas décidé
d'aller là.
M. Robillard (Alexandre) : On
a entendu sur les ondes d'une radio de Québec la semaine dernière qu'il y aurait
pu y avoir des tensions entre Mme Dorion puis M. Nadeau-Dubois puis peut-être
le caucus de Québec solidaire, aussi, qui auraient précédé sa décision de ne
pas se représenter à l'automne prochain. Est-ce que vous avez des informations
à cet effet-là?
Mme Massé : Non, pas du
tout. Au contraire, je pense qu'on a, dans le caucus solidaire, bien sûr, on a
des bons débats, là, ça, vous vous en doutez, j'imagine. Mais vous avez employé
le mot «tensions»? Je n'ai pas entendu le mot.
M. Robillard (Alexandre) : Oui,
c'est ça.
Mme Massé : «Tensions».
Écoutez, je vous dirais qu'on a plutôt très bien travaillé ensemble, et
Catherine vous l'a bien dit que, pour elle, ce qui l'anime dans sa décision,
c'est notamment de pouvoir être encore plus active à travers son art, dans sa
passion à elle, de pouvoir amener les changements que souhaite Québec solidaire.
Ça fait qu'on va continuer de marcher main dans la main. C'est ça, ça fait que,
non, je ne peux pas...
Journaliste : Est-ce que
c'est arrivé à certains moments que Mme Dorion veuille exprimer des idées
d'une certaine manière et qu'à un moment donné, le parti a décidé que non, ça
ne se ferait pas de cette façon-là, pour une question d'image ou une question
d'unité au sein du parti?
Mme Massé : Bien, je
pense que vous avez vu Catherine aller, là. Elle a largement utilisé son art,
son art oratoire, ce qu'elle... l'écriture qu'elle a, les réseaux sociaux
qu'elle maîtrise de façon extraordinaire. Tout ça a été mis au service du
projet de Québec solidaire et on en est super contents, et, d'ailleurs, on en
est très tristes, qu'elle quitte. Mais ceci étant dit, on comprend que ce qui
l'anime, c'est beaucoup sa passion, et qu'elle veut pouvoir le faire à temps
plein.
M. Bergeron (Patrice) : Sur
quels enjeux vous n'étiez pas d'accord?
Mme Massé : Pardon?
M. Bergeron (Patrice) : Sur
quels enjeux vous n'étiez pas d'accord? Est-ce qu'il y a des enjeux sur
lesquels vous n'étiez pas d'accord? Vous étiez toujours, toujours, toujours
d'accord avec elle?
Mme Massé : Bien,
écoutez, je ne vous dirai pas c'est quoi les échanges qu'on avait au caucus,
mais vous savez comme moi... puis là, vous me parlez d'elle, mais quand il y a
un échange, il n'y a pas rien qu'une personne, on est dix députés. Ça fait
qu'on échange. Puis, à ma connaissance, quand on ressort de là, on ressort pas
mal en se disant : Coudon, on pense pas mal pareil, on doit être du même
parti.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
qu'elle trouvait que vous parliez assez de souveraineté puis d'indépendance?
Mme Massé : Ah! écoutez, dans
le parti, il y en a qui trouvent qu'on n'en parle pas assez, d'autres qui
trouvent qu'on en parle trop, d'autres qui trouvent que le féminisme, on n'en
parle pas assez, d'autres qui trouvent qu'on en parle trop. C'est ça...
M. Laforest (Alain) : Non,
mais elle puis M. Zanetti, c'est la branche d'Option nationale, là. C'est
votre branche plus indépendantiste qui a fusionné, là, on s'en rappelle tous.
Puis vous avez été longtemps à ne pas beaucoup parler d'indépendance, là, au
cours des dernières années, là.
Mme Massé : Bien,
écoutez, on a écrit un livre, on a fait des propositions, ça fait partie de
notre plateforme électorale. Non, je ne sais pas où vous prenez ça, là. Puis il
n'y a pas juste Catherine qui était à Option nationale, il y a Sol aussi, là.
M. Laforest (Alain) : C'est
ce que je vous disais, oui, Sol et Catherine.
Mme Massé : Oui, c'est
ça.
M. Duval (Alexandre) : Juste
une petite précision. Je vous demandais : Est-ce qu'il y a eu des moments
sur lesquels Mme Dorion aurait voulu faire les choses d'une certaine façon
ou exprimer des choses d'une certaine façon, et que, ensemble, vous avez décidé
que ça ne se ferait pas comme ça, ou elle a été réprimandée, parfois, sur
certaines manières de faire? Est-ce que c'est arrivé, ça, au sein du parti?
Mme Massé : Je ne peux
pas témoigner de ça, je peux... parce que, là, vous dites : la façon de
faire. Tu sais, je veux dire, porter un message, c'est important. Tu sais, je
regarde son implication...
M. Duval (Alexandre) : Est-ce
que ses façons de faire dérangeaient, alors, au sein du caucus? Je vais vous poser
ma question autrement.
Mme Massé : Je peux vous
dire qu'on est tous des députés très colorés qui ont différents talents.
Catherine a les siens. Vincent a les siens. Moi, j'ai les miens. Ça fait que
non, je... non.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
quand elle avait été absente du congrès de Québec solidaire, par exemple,
est-ce que c'était lié à des tensions?
Mme Massé : Écoutez, à
cette époque-là, si vous vous rappelez, elle avait quelque chose. Il faudrait
que je retourne, moi-même, là. Je n'ai plus cette...
Une voix : …campagne de
Jean-Talon.
Mme Massé : C'est ça,
elle était en train de servir le parti ici, dans la campagne de Jean-Talon. Et,
durant nos congrès, ça arrive, là, qu'il y a des députés qui... Puis elle était
venue, il me semble, à ce congrès-là, une petite partie en tout cas. Bref, non.
Je ne sais pas…
M. Robillard (Alexandre) : Non,
quoi?
Mme Massé : Bien, vous
me dites : Est-ce qu'il y avait un problème? Non. Elle était ici, dans
Jean-Talon. Nous, on était à Montréal ou à Longueuil, je ne sais pas trop. On
faisait le congrès. Comme, des fois, c'est d'autres députés qui ne sont pas là,
mais le congrès se passe. C'est ça, le membership.
M. Lachance (Nicolas) : Mais,
M. Marissal, j'aurais besoin d'une précision sur les projets de loi en santé
puis les crédits qui s'en viennent. Ce matin, on voit qu'il y a de l'argent
qui... presque... plus d'un demi-milliard qui sont investis dans la
transformation numérique de la santé. Toutefois, il n'y a pas d'échéance, ou on
ne connaît pas le plan encore. Ce qu'on nous dit, c'est qu'on souhaite entre-temps
brancher tous les vieux systèmes désuets pour essayer de créer une cohésion
là-dedans entre-temps. Est-ce que c'est une bonne façon de faire, selon vous?
M. Marissal : Bien, on
va attendre d'avoir les détails et les échéanciers, qui sont apparemment
secrets. Pour le moment, ça fait une maudite bonne ligne dans un programme électoral,
mais je pense que les Québécois et Québécoises ne sont pas dupes, là, ils ont
vu neiger, là. Des réformes en informatique, il y en a eu une puis une autre,
là, qui ont généralement échoué. Et je le dis à regret, parce qu'on a dépensé
je ne sais pas combien de milliards là-dedans.
Moi, j'ai posé déjà des questions au
ministre Dubé dans les crédits provisoires, il y a deux semaines. Tout ce qu'il
m'a dit… des questions sur combien ça coûte, qu'est ce que vous allez faire,
qui va payer. Tout ce que j'ai compris de ce qu'il m'a dit, là, et c'est
essentiellement ce qu'il m'a dit, c'est qu'il a priorisé 65 projets, en ce
moment, de télémédecine, par exemple, et que c'est le gouvernement, donc nous,
qui allons payer, y compris pour les cliniques privées, pour l'infrastructure,
la mise en place d'une infrastructure électronique… informatique, devrais-je
dire, et sur la maintenance. Alors, c'est ce que j'ai compris de ses réponses.
Pour le reste, j'ai demandé des échéanciers, j'ai demandé à quoi ça va servir.
Est-ce qu'on ne s'en va pas vers, justement, une autre ronde de technophilie,
là, qui va tout régler, là, alors qu'on devrait travailler sur l'humain? Je
n'ai pas eu de réponse, mais j'ai au moins deux ou trois chances aujourd'hui,
en crédits, de reprendre les questions. J'espère avoir des réponses.
Cela dit, ça me semble pour le moment être
un autre écran de fumée pour cacher les échecs des quatre dernières années. Ça
fait bien de dire : Ah! on va vous brancher, là, ça va être
extraordinaire, là. Vous allez faire un petit téléphone, ou sur Internet, puis
on va vous trouver tout de suite un médecin ou une infirmière. Le but ultime
est le bon, là, c'est-à-dire de rouvrir la première ligne. Mais en ce moment,
on se cache derrière des slogans, puis des gadgets, là, pour dire : Ça va
super bien marcher.
Puis je fais une dernière mise en garde
là-dessus, là, et j'ai posé la question, hier, à Sonia LeBel, la présidente du
Conseil du trésor : Là, on ne veut pas d'autres contrats sans appel
d'offres, là, parce que vous avez vu, là, qu'il y a des gens qui rôdent, là.
Puis il y a des grosses entreprises au Québec qui rôdent, là, qui ont compris
qu'il y a une piastre à faire, là. Ça fait que là ils rôdent, là, puis ils ont
toutes sortes de systèmes clés en main, là. Là, le gouvernement va encore se
faire enfirouâper par des vendeurs de chars usagés. On va minimalement en appel
d'offres et on évalue les besoins avant de dire : Eurêka, j'ai trouvé la
solution, c'est extraordinaire, c'est de la poudre de perlimpinpin.
Ça, c'est un des défauts du ministre Dubé.
Souvent, il s'entiche d'une patente de même, puis il nous dit : C'est la
solution à tous les problèmes. Moi, je ne crois pas ça. Mais minimalement, là,
gardons les garde-fous, là. Ça prend des appels d'offres. Pas de contrats, là,
sur le côté, là, avec des affaires qui marchent plus ou moins.
M. Bergeron (Patrice) : Une
petite dernière. Elon Musk vient d'acheter, donc, Twitter. Est-ce que pour le
Québec ou les sociétés démocratiques, ce n'est pas un risque, et est-ce que ça
peut vous amener à réfléchir sur votre présence, du parti, donc, sur Twitter?
M. Marissal : Ça, c'est
une sacrée bonne question.
M. Bergeron (Patrice) :
Merci.
M. Marissal : Pas que les
autres avant n'étaient pas bonnes, mais c'est parce que là vous heurtez
l'ancien journaliste en plus. Ah! j'ai souvent des questions existentielles sur
Facebook, notamment. J'ai l'impression qu'on nous a tendu des immenses pièges
et qu'on est tombés dedans, puis maintenant on n'a plus vraiment le choix. Ma
réflexion, elle n'est pas faite, sur Twitter, sur Facebook. Ce que je sais,
c'est que la concentration de pouvoirs entre les mains de multimilliardaires
mégalomanes, ce n'est certainement pas une bonne chose. Le Docteur Folamour
version Elon Musk, je trouve ça dangereux.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous allez continuer à utiliser Twitter?
M. Marissal : Jusqu'à
preuve du contraire, oui. C'est quand même une façon de communiquer avec des
gens, là. Je n'ai pas regardé récemment mon compte, mais j'ai quand même
quelques dizaines de milliers d'abonnés. Ça me permet aussi d'avoir un certain
fil de nouvelles. On verra.
Vous avez vu, par ailleurs, que Facebook
menace aussi, là, de débrancher certaines informations au Canada, parce qu'ils
n'aiment pas un des projets de loi. Ces entreprises, qu'elles soient dirigées
par Zuckerberg ou par Elon Musk, elles ont trop de pouvoir. Ça, c'est connu.
Même le Congrès américain le reconnaît. Alors, le moins qu'on puisse faire,
c'est de garder un oeil sur ces gens qui ont des tendances mégalomaniaques.
M. Duval (Alexandre) : En
quelques secondes. Le fait que le ministère de la Santé ne veuille pas révéler
les échéanciers pour la mise en place du plan de refondation du système, qu'est
ce que ça signifie ou qu'est ce qu'on peut en déduire, selon vous?
M. Marissal : Bien, ça
déduit que soit ils ont un plan irréaliste puis qu'ils ne veulent pas le
démontrer, soit que leur plan demanderait des décisions très fermes qu'ils ne
veulent pas prendre, par exemple, notamment sur la fin du temps supplémentaire
obligatoire, qui passe nécessairement par le sevrage de l'État envers les
agences de placement de personnel privées. Moi, ça fait des mois déjà que je
demande au ministre Dubé : On veut au moins un bilan trimestriel de votre
utilisation du temps supplémentaire obligatoire dans le réseau et du recours
aux agences privées. Ça aussi, ça m'a été refusé. Alors, un plan pas
d'échéance, pas d'argent, ce n'est pas un plan, c'est un slogan électoral.
Mme Senay
(Cathy) :
I'll
jump on this. You said that you're about to start the budget credits on Health
and you have the plan, that you don't have the deadlines, and also the fact
that the time that patients are waiting at the ER is even longer than what it
was in 2018.
M. Marissal : That's right.
Mme Senay (Cathy) : What Quebeckers understand right now is to not get sick, please,
because the health system is too sick to help them. So, is it disappointing,
for you, as a critic of health, trying to ask questions and make progress on
health matters, to come to that conclusion?
M. Marissal :
Well, what disappoints me most of all
is to see a government that
doesn't take his responsibilities towards Quebeckers. This Government
has made promises for ER, for general practitioners, and he failed in every
aspect of his programs and his engagements against… with Quebeckers, I mean. So, to see this Government trying again to hide behind a
smoke screen, getting out again with new slogans, with new programs, with new
plans, with no timeline, no money, I mean, yes, it's disappointing, but it's
time for the Government to
answer questions. And I will
try to do just that today.
Mme
Senay
(Cathy) :
So, they should have not made promises,
they should have not promised that Quebeckers will wait 90 minutes at the ER in 2018, they should have not made
promises on general practitioners, but then, what's next? The National Assembly is not able to shake
things up in the health system and go in the right direction.
M. Marissal :
Yes. You should not make promises just
for the sake of making promises. If you don't know how to achieve that, you
should just try something else. And the Government came back with the oldest trick in the book : promising a
general… practitioner — this word is very
tough — practitioner to every Quebecker. So, that was the plan four
years ago. Obviously, they just failed Quebeckers.
Mme Senay (Cathy) :
Yes. Buthow do you explain, as an
MNA, to your constituents, that if they go to the ER, they might wait this
number of hours?
M. Marissal :
You know, do the maths. There's only one
pool of human resources. You have the pool that should be in the public sector.
If people are leaving the public sector to the private sector, of course, you
have less people in the pool of the public sector. That's what happened, that's
what has been happening in Québec for so many years, and that's why people are waiting for so long in
ER halls in Québec. It's not
because beds are not available on the highest floor, it's because we don't have
the human resources on the floors to take care of these people. That's what I
would explain to the people. So, let's go back to the basic, open the first
line and do all you can to attract and keep your personnel in the public
sector.
Mme Henriquez
(Gloria) :
And
so, today, at the «étude de crédits budgétaires», what are going to be your
priorities, what are you going to… what questions are you going to ask? What
are you going to push… the Government?
M. Marissal :
If you don't mind, I will not reveal
all my questions right now. I
have a few questions that I
would like to keep for myself and for Minister Dubé in just a few hours. But you can imagine that I have some questions regarding the pandemic, of course,
and what's next with this famous infamous plan of Mr. Dubé.
Mme Henriquez
(Gloria) :
And
in terms of the ER wait times, you know, we heard, we had some details,
yesterday, about how bad they were. So, what do you think about that and what
are you going to be pressing the Government to do on that?
M. Marissal :
Well, I think the Government and the CAQ has misleaded Quebeckers four years ago, trying to make
them believe that they will solve the problem just like this. And then, they
just did the opposite by encouraging people to leave the public sector to the
private sector. And then again, they used the oldest trick in the book,
promising a general practitioner to all Quebeckers. And they knew, in my heart I think that they knew that it was not
feasible, that was not the best solution. But then
again, it was so easy to go out there and say to the public who desperately
need a general practitioner : You will get one, I promise that you will
get one. This is not responsible.
And what is not
responsible is that, four years later, this Government is not able to face the truth and take his responsibility. The real
fact is that they failed.
Mme Henriquez
(Gloria) :
The
Government is not seeing that as their fault but they're putting the blame on the
pandemic, so...
M. Marissal :
Of course. Well, it's always somebody
else's fault with this Government. That's the way François Legault governs,
it's always somebody else's fault.
Journaliste
:
Merci.
(Fin à 08 h 55)