(Dix heures trente-six minutes)
M. Nadeau-Dubois :
Bonjour, tout le monde. Content d'être parmi vous en cette dernière semaine de
la législature, non seulement de la session parlementaire, mais de cette 42 ᵉ
législature.
Hier, le premier ministre a refusé de
participer à un débat sur la crise climatique. François Legault et moi, je veux
être bien clair, là, je pense qu'on n'est pas obligés d'être d'accord sur l'environnement.
On n'est pas obligés d'être d'accord sur le plan de match pour lutter contre
les changements climatiques, mais je pense qu'on a tous les deux la
responsabilité d'en débattre devant les Québécois et les Québécoises. La
responsabilité de tous les leaders politiques, en 2022, là, c'est d'avoir des
solutions pour la crise climatique et c'est d'en faire un enjeu de premier plan
dans tous nos débats politiques. On n'a pas le droit d'ignorer la crise
climatique, on le doit à nos enfants.
Moi, je pense que François Legault, il n'est
pas capable de défendre son bilan en environnement. En fait, je pense que François
Legault n'est pas capable de parler d'environnement pendant plus que cinq
minutes. C'est facile, quand je lui pose des questions au salon bleu, de bomber
le torse, c'est facile de lancer des slogans, de coller des étiquettes, mais la
vérité, c'est que l'environnement, François Legault, il ne connaît pas ça, ça
ne l'intéresse pas et c'est pour ça qu'il refuse d'en débattre avec Québec
solidaire et les autres partis d'opposition.
La job des leaders politiques, en 2022,
là, c'est d'affronter cet enjeu-là de front, c'est d'avoir une vision pour
lutter contre les changements climatiques, c'est d'avoir des solutions pour
lutter contre les changements climatiques, et François Legault n'a aucun des
trois. François Legault a échoué en environnement, il a échoué sur toute la
ligne et s'il refuse d'en débattre, c'est qu'il a peur de défendre son échec.
Mme Massé : Bonjour.
Comme femme, je suis actuellement extrêmement inquiète concernant la
recrudescence des drogues du viol partout au Québec. C'est dans les salles de
spectacle, les bars, sur les terrasses, bref, c'est partout. Et, dans les
dernières semaines, on a vu, bien sûr, on en a entendu parler à Trois-Rivières,
hein, très dernièrement, à Sherbrooke, dans ma circonscription, à Montréal, et ça,
c'est les cas qui ont percé les médias. Et parce qu'on le sait que les femmes,
souvent, se font refuser les tests, rendues à l'hôpital, ne se rendent pas
jusqu'à l'hôpital parce que des policiers leur disent : Bon, bien, écoute,
vas-y pas, «anyway», ils ne te testeront pas. Bref, je suis inquiète parce que
c'est ma fille, ma sœur, moi, vous, parce que l'été s'en vient. L'été, c'est
festif, c'est les terrasses, c'est les sorties dans les festivals, etc., et
actuellement, au Québec, ce n'est pas dans tous les hôpitaux où on peut se
faire tester sur les drogues du viol, là, bien sûr, le GBH, mais aussi les
autres substances.
Alors il faut, il faut, il me semble, c'est
l'intégrité du corps des femmes qui est en jeu ici... C'est criminel, c'est
criminel, on va se le rappeler, là, droguer quelqu'un contre sa volonté, c'est
criminel. Et donc il faut donner aux femmes le moyen de pouvoir être testées
partout sur le territoire du Québec.
Et d'ailleurs je vais déposer une motion
ce matin, en espérant... qui demande que le gouvernement envoie des messages
clairs et donne les moyens à ce que nos hôpitaux puissent tester les femmes qui
arrivent, les femmes et les hommes qui arrivent à l'hôpital et demandent à
recevoir ce... en fait, à être testées pour cette réalité-là. Et la motion
demande que le gouvernement agisse promptement, puisque cette recrudescence-là
est très inquiétante, pour nous, les femmes, mais pour tout le monde.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Quelle
est la responsabilité des tenanciers de bars? Est-ce qu'il y a quelque chose qu'ils
peuvent faire de plus pour augmenter la sécurité de leurs établissements?
Mme Massé : Définitivement,
collectivement, je pense qu'il faut prendre les moyens. Mais un des enjeux,
actuellement, c'est qu'un tenancier de bar ne le sait pas, puisqu'on n'a pas de
données sur ces drogues du viol, très peu. Les policiers ne sont pas capables d'identifier
est-ce que, par exemple, dans un tel établissement, il y a plus de cas, hein?
Alors, donnons-nous les moyens, puis ça commence par l'hôpital, parce que c'est
là que les femmes se dirigent en premier lieu, par la possibilité d'être testées,
et, un coup testées, on va être capables de dire : Oh! nous avons six cas
du même établissement, et là, peut-être, d'avoir des actions ciblées plus
intéressantes.
Mme Lajoie (Geneviève) : Donc,
dans quels cas, exactement, les tests devraient être systématiques?
Mme Massé : Pardon?
Mme Lajoie (Geneviève) : Dans
quels cas exactement les tests devraient être systématiques à l'hôpital?
Mme Massé : Écoutez,
quand il est question d'intégrité du corps, moi, je pense qu'il faut qu'on se
donne les moyens. En matière de viol, on a toute la trousse médicolégale, mais
on le sait, ce n'est pas partout, et, «anyway», dans le cas des drogues du
viol, il n'est pas toujours question que la personne a été violée, que la femme
a été violée, mais elle a été droguée contre son gré. C'est un acte criminel.
Moi, c'est ça. Alors, toute femme qui arrive à l'urgence et qui dit : J'arrive
d'un bar et je pense que j'ai été droguée devrait pouvoir être testée sur
place, parce que le temps court vite dans ces moments-là, hein, vous le savez,
la drogue reste très peu de temps dans le sang, un petit peu plus dans l'urine.
Mais, bref, il faut agir vite, et c'est dans ce sens-là où nous, on dit :
Si on veut pouvoir agir à la base et être capables de mettre les policiers à
contribution, les tenanciers à contribution, c'est d'être capables d'avoir des
données. Et ça, au Québec, on n'en a pas, présentement.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Si
on est témoin d'une scène ou qu'on pense qu'une personne a été droguée, qu'est-ce
qu'on doit faire?
Mme Massé : Bien,
actuellement, aller à l'hôpital pour aller chercher le test, vous risquez de
vous faire fermer la porte. C'est pour ça qu'on dépose une motion ce matin,
pour que le gouvernement du Québec prenne cette situation-là au sérieux. Tu
sais, on parle de plus ou moins un millier de cas l'an dernier, mais c'est un
millier de cas qu'on a été capables de comptabiliser, mais combien de personnes
ne se sont pas rendues parce que c'est connu, chez les femmes, que, rendues à
l'autre bout, les chances vont être que tu vas te faire retourner en disant :
Tu vas voir, ça va se revenir. Mais, quand vous avez été droguée contre votre
gré, de vivre avec le poids de est-ce que j'ai... de ne pas vous souvenir :
Est-ce que j'ai été attouchée? Est-ce que j'ai été violée? Est-ce que j'ai été
agressée? C'est un poids terrible. Et donc, si le sentiment de pouvoir... pas
le sentiment, si la possibilité de pouvoir repousser ce sentiment-là par un
test en disant : Vous n'avez pas ou vous avez été violée... droguée,
pardon, je pense c'est d'enlever un poids important sur les épaules des femmes.
M. Carabin (François) : ...qu'est-ce
que le gouvernement peut faire pour le contrôle de ces drogues-là, de ce type
de drogues là?
Mme Massé : C'est-à-dire
que c'est des drogues qui sont en marché... tu sais, qui sont accessibles. Moi,
je pense que là où je souhaite que le gouvernement agisse présentement pour
qu'on puisse documenter cette réalité-là, c'est notamment en disant : Dans
les hôpitaux, sur tout le territoire du Québec, lorsqu'une femme arrive, une
femme ou un homme, arrive et dit : Je pense que je... j'ai tous les
symptômes qui me laissent croire que j'ai été droguée, qu'on puisse,
effectivement, tester et commencer à se faire une tête sur ces réalités-là.
M. Duval (Alexandre) : C'est
un outil, mais est-ce qu'un autre outil ce ne serait pas de durcir les peines
pour ce genre de crime là, pour que le message soit clair?
Mme Massé : Bien, je
pense que, dans un premier temps, il faut que nous, comme société, on prenne ça
au sérieux. Actuellement, quand un policier dit à une femme : Ah! ne va
pas à l'hôpital, ça ne sert à rien, ils ne te testeront pas, alors que c'est un
geste, potentiellement, un geste criminel qui vient d'être posé, alors ça ne va
pas bien.
Donc, d'enlever ce stigma où les femmes
doivent se battre pour dire : Écoute, écoute, je pense que j'ai été
droguée contre mon gré, en disant aux femmes : Vous avez cette conviction
que vous avez été droguée contre votre gré, allez à l'hôpital, vous allez avoir
les services nécessaires. Et, après ça, découlera les gestes, dont notamment la...
que les policiers vont pouvoir accompagner adéquatement les victimes.
M. Duval (Alexandre) : Est-ce
qu'il faudrait réfléchir aussi à cet aspect-là des peines pour que ce soit un
effet dissuasif sur ceux qui perpètrent ces crimes?
Mme Massé : Bien,
écoutez, je n'ai pas de connaissance spécifique sur c'est quoi, les peines ou
pas les peines. Ce que je sais, c'est que c'est un acte criminel de droguer
quelqu'un contre son gré. Et ça, pour moi, d'entrée de jeu, ça doit être
réaffirmé haut et fort.
Mme Plante (Caroline) : M. Nadeau-Dubois,
est-ce que le dossier de l'environnement...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
si vous me permettez, juste avant, là-dessus, là… puis d'ailleurs, les services
policiers eux-mêmes demandent, d'abord et avant tout, des outils, notamment
d'être capables de savoir si c'est arrivé, pour faire leur travail de policier
puis appliquer les peines même déjà existantes. On part de là. Donc, la
discussion sur les peines éventuelles, elle est intéressante, mais on peut-u
commencer par donner les outils aux services policiers pour qu'ils fassent leur
travail et qu'ils mettent ces gens-là devant des cours de justice? On n'est
même pas capables, en ce moment, de faire ça. Donc, on pourrait toujours bien
commencer par ça.
Puis je veux ajouter, parce qu'on parle de
la responsabilité des tenanciers de bars, la responsabilité des centres de
santé, mais la solution, c'est quoi, là? C'est que les hommes arrêtent de
droguer les femmes. Et, nous, les hommes, on a une responsabilité d'être
vigilants. On a une responsabilité de le dire à nos chums de gars, à nos
cousins, à nos oncles, aux gens qu'on croise dans les bars, puis quand on voit
ces situations-là, de les dénoncer. Ce n'est pas seulement un combat que les
femmes doivent mener pour se protéger. Nous aussi, les hommes, on a une
responsabilité, de un, de ne pas le faire, c'est un maudit bon début, puis, de
deux, d'interpeller les autres hommes autour de nous pour dire que ces
affaires-là, non seulement ça ne se fait pas, mais c'est illégal, c'est
criminel, puis de dénoncer les situations quand on en est témoin. C'est vrai
pour les violences sexuelles puis c'est aussi vrai pour la drogue du viol.
Puis, nous, les hommes, on a une responsabilité de prendre la parole, puis
d'être clairs, puis d'être fermes, et de pointer du doigt, autour de nous, les
hommes qui font ça.
Mme Plante (Caroline) : J'aimerais
revenir sur l'environnement. Donc, est-ce que vous pensez que le dossier de
l'environnement, c'est le dossier qui va faire trébucher François Legault en
campagne électorale?
M. Nadeau-Dubois : L'environnement,
c'est le talon d'Achille de François Legault. François Legault est parti en
campagne, en 2018, avec aucune vision, avec aucun plan de match en
environnement. Pouvez-vous imaginer ça? Là, la réalité est en train de le
rattraper, donc il essaie de se bricoler un bilan à la dernière minute pour se
sauver la face. Mais la crise climatique, là, c'est la plus grande crise de
notre époque. C'est irresponsable, comme leader politique, de ne pas mettre ça
au cœur de son projet de société.
Mme Plante (Caroline) : Non,
mais ça va le faire trébucher?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je vais travailler très fort pour que ça le fasse trébucher. Moi, je vais
travailler très fort pour que l'environnement soit l'épine dans le pied de
François Legault tout l'été et tout l'automne.
M. Laberge (Thomas) : Vous
accueillez comment la décision du ministre de l'Environnement fédéral de faire
une évaluation sur le troisième lien?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je n'ai pas besoin de l'opinion de Steven Guilbeault pour savoir que le projet
de troisième lien, c'est un mauvais projet pour l'environnement. Ce projet-là
ne verra jamais le jour. Ce projet-là ne verra jamais le jour parce que la
mobilisation citoyenne va gagner et parce que c'est un projet électoral
irréaliste et broche à foin, quels que soient les résultats de l'étude
fédérale.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
En cette dernière semaine de travaux parlementaires, on a beaucoup parlé de
comment ça va mal au PQ, mais quand on regarde vos sondages, vous n'êtes pas
sur une croissance phénoménale qui vous mène aux portes du pouvoir. Qu'est-ce
qui explique qu'en quatre ans vous n'êtes pas encore positionné comme un
gouvernement en attente, aux yeux de l'électorat?
M. Nadeau-Dubois : À peu
près au même moment, en 2018, les sondages et les projections faites à partir
des sondages nous donnaient quatre députés. On en a fait élire 10. Donc, à
Québec solidaire, ça fait 15 ans qu'on déjoue les pronostics, et à chacune
des campagnes qu'on a faites, chacune des campagnes qu'on a faites, on a
amélioré notre score par rapport au début de la campagne électorale. Donc, moi,
je suis très confiant qu'on va non seulement, bien sûr, conserver nos 10 circonscriptions,
mais qu'on va faire des gains lors de la prochaine campagne électorale.
Ça a été une législature pas comme les
autres, avec un deux ans de pause pandémique qui, il faut le reconnaître, a
bouleversé complètement la politique québécoise. Ça a déstabilisé pas mal tout
le monde. Mais là, la campagne, elle commence à commencer. On a le meilleur
projet pour les Québécois, Québécoises, on a une équipe exceptionnelle, et moi,
je n'ai pas l'intention de rendre la tâche facile à François Legault.
Mme Lajoie (Geneviève) : ...sur
l'environnement, est-ce que vous allez faire campagne principalement sur
l'environnement?
M. Nadeau-Dubois : L'environnement,
ce sera un des piliers principaux de notre campagne électorale, parce que c'est
notre responsabilité. Moi, ce qui m'intéresse, là, ce n'est pas les chiffres
dans les sondages. Ce qui m'intéresse, puis c'est ma responsabilité, c'est de
trouver des solutions à la crise climatique qui est en train de bousiller
l'avenir de nos enfants puis la possibilité même de la prospérité économique
pour les prochaines générations.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...parle
de la crise climatique, la question... systématiquement, à chacune des
élections, là, ça n'arrive pas.
M. Nadeau-Dubois : Ce
n'est pas facile de faire parler d'environnement. Ça fait des années, à Québec
solidaire, 15 ans, depuis notre création qu'on essaie d'en faire parler.
Mais ce n'est peut-être pas facile, là, mais c'est nécessaire. C'est notre responsabilité.
On a une obligation morale envers les générations futures de faire de la
question climatique un enjeu de premier plan. Moi, les sondages, là, ils
m'intéressent très peu. Ce qui m'intéresse, c'est ma responsabilité de tout
faire en mon pouvoir pour que le chiffre du réchauffement climatique soit le
plus bas possible, pour ma fille, pour sa génération.
Mme Lajoie (Geneviève) : Vous
en avez parlé tout à l'heure, vous disiez, justement : La CAQ, aux
dernières élections, il n'y avait pas de plan en environnement. Ils ont été
élus, là, avec un très gros score.
M. Nadeau-Dubois : Oui.
Ce n'est pas facile.
Mme Lajoie (Geneviève) : Ils
continuent. On s'attend à ce qu'il y ait peut-être plus de députés. Comment
vous expliquez ça, pour un parti qui n'avait, comme vous disiez, pas de plan en
environnement?
M. Nadeau-Dubois : Les
voix de la démocratie sont parfois impénétrables. Mais c'est les gens qui
décident, c'est les gens qui décident, puis moi, je vais toujours respecter ce
choix-là. Moi, ce qui m'intéresse, puis ce qui nous intéresse, à Québec
solidaire, c'est d'être à la hauteur de notre responsabilité qu'on a, de faire
de la crise climatique l'enjeu numéro un de notre époque. C'est une obligation
qu'on a, puis on n'a pas juste cette obligation-là, on va avoir des solutions,
on va avoir le meilleur plan en environnement, avec non seulement les cibles
les plus ambitieuses, mais des mesures chiffrées et concrètes pour atteindre
ces cibles-là. On va faire nos devoirs, on va avoir le meilleur plan puis on va
se présenter devant les Québécois, Québécoises, puis c'est les Québécois,
Québécoises qui vont trancher.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Ça
va vite, quatre ans, dans le mandat d'un gouvernement.
M. Nadeau-Dubois : Oui.
Surtout quand il y en a deux qui passent à la trappe avec une pandémie, ou
presque, oui.
M. Pilon-Larose (Hugo) : S'il
y avait un gouvernement de Québec solidaire, votre priorité numéro un
serait-elle de faire des actions concrètes et rapides sur l'urgence climatique
ou de réaliser la souveraineté du Québec?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je pense que ça va de pair. Moi, je pense que l'indépendance du Québec, c'est
une manière de se donner les moyens d'atteindre nos ambitions climatiques.
C'est ça, notre vision, à Québec solidaire. C'est l'idée que notre projet de
société, on ne peut pas le découper en petits morceaux. C'est un projet, oui,
qui est ambitieux, oui, qui est différent, mais qui est porteur d'un vrai
changement profond au Québec.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...c'est
comme ça que vous pourriez le décrire?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
les étiquettes, ça n'a jamais été mon style. Ce que je sais, c'est qu'on veut
changer le Québec pour vrai. On veut changer le Québec pour vrai. On veut
changer notre système politique, on veut changer notre système économique. On
veut construire un Québec de justice, d'égalité, d'équité, où l'économie
fonctionne au service de la qualité de vie puis au service de l'environnement.
Je ne dis pas que c'est facile, faire ça, mais je dis que c'est nécessaire puis
que c'est notre mission dans les prochains mois, de parler de ce projet-là aux
Québécois, Québécoises.
M. Duval (Alexandre) : Est-ce
c'est une bonne chose pour Québec solidaire que M. Bouchard ait dit que le
PQ était un véhicule usé et que, bien, peut-être que ce serait un autre
véhicule qui serait à regarder pour la question de la souveraineté? Est-ce que
c'est une bonne chose pour vous?
M. Nadeau-Dubois : Ouf!
mon Dieu! Tu sais, M. Bouchard est un des artisans du virage à droite du
Parti québécois, il a été lobbyiste pour les entreprises pétrolières et
gazières, il a été un des artisans du déficit zéro, qui a fait tellement mal à
notre système d'éducation et de santé. Donc, moi, j'ai rarement été d'accord
avec lui. Donc, son opinion sur l'avenir de la politique québécoise,
honnêtement, n'influence pas beaucoup ma lecture des choses.
M. Carabin (François) : Vous
n'en voulez pas des anciens membres du Parti québécois qui seraient portés à
voter pour Québec solidaire?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
une chose est claire, là, puis les événements des derniers jours le démontrent,
c'est que les indépendantistes qui veulent un projet de société, qui veulent un
projet d'inclusion, les indépendantistes qui veulent marcher main dans la main
avec les Premières Nations, leur maison, c'est Québec solidaire.
Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce
que c'est complètement exclu, M. Gabriel Nadeau-Dubois, une alliance avec…
que ce soit le Parti québécois, puisqu'ils sont aussi indépendantistes comme
vous, en vue des élections, là, étant donné...
M. Nadeau-Dubois : Les
prochaines élections?
Mme Lajoie (Geneviève) : Oui,
étant donné la force de la CAQ? Il n'y a jamais…
M. Nadeau-Dubois : Il
n'y a aucune discussion en ce sens-là. Puis, selon mes informations, il n'y a
pas d'intérêt de part ou d'autre, là.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Qu'est-ce
que ça dit de la CAQ, l'arrivée de Bernard Drainville?
M. Nadeau-Dubois : L'arrivée
de Bernard Drainville à la CAQ, c'est la confirmation que la stratégie
électorale de François Legault, c'est de faire campagne sur l'immigration et
les signes religieux. Les gens parlent beaucoup des changements de convictions
de M. Drainville. Je trouve qu'on devrait parler plus de ce qui n'a pas
changé.
Drainville, c'est le rédacteur de la
Charte des valeurs, un des événements les plus divisifs de l'histoire politique
récente au Québec, divisif, d'ailleurs, notamment, au sein même du mouvement
indépendantiste. Il n'y a rien qui a autant déchiré les indépendantistes,
récemment, que le débat sur la Charte des valeurs. Donc, les gens disent
beaucoup : Ah! M. Drainville a changé de convictions. Moi, je trouve
qu'il y a une affaire sur laquelle il est très cohérent, M. Drainville. Il
a rédigé la Charte des valeurs, et maintenant il s'en va en politique avec un
premier ministre qui veut faire campagne sur les signes religieux et
l'immigration. Ça, c'est les priorités du tandem Legault-Drainville. Nos priorités,
c'est le coût de la vie, l'environnement puis la crise du logement.
Mme Lajoie (Geneviève) : Qu'est-ce
que ça dit des gens qui veulent faire campagne sur l'immigration et la laïcité?
M. Nadeau-Dubois : Qu'ils
ont les priorités aux mauvaises places. Moi, je pense que les crises du Québec,
en ce moment, là, ce n'est pas ça. Moi, j'étais à Sherbrooke en fin de semaine.
Je me suis promené, il n'y a personne qui m'a parlé de signes religieux et il
n'y a personne qui m'a parlé d'immigration, mais les gens m'ont parlé
systématiquement de la crise du logement, par exemple.
Mme Lajoie (Geneviève) : Pourquoi
ils veulent faire ça, alors?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je ne suis pas dans la tête des stratèges de François Legault, je ne sais pas
quels sont leurs objectifs, mais ils veulent faire une campagne électorale
autour de l'immigration et des signes religieux. Ça, c'est leur priorité. Nos
priorités, c'est l'environnement, le coût de la vie, le logement. Et je pense
que nous, on est connectés sur les vraies préoccupations des Québécois et des
Québécoises.
M. Laberge (Thomas) : ...connectés
sur la population, pourquoi ça ne se transmet pas dans les sondages?
M. Nadeau-Dubois : Les
voies de la démocratie sont impénétrables, comme je disais tantôt.
M. Laberge (Thomas) : …
M. Nadeau-Dubois : Non,
non, mais je veux dire, moi, là, je ne fais pas de la politique en regardant
les chiffres de sondages. Je fais de la politique en regardant le nombre de
degrés de réchauffement, le nombre de logements disponibles, puis combien ça
coûte au monde faire leur épicerie. Moi, c'est ça, les chiffres qui
m'intéressent. Je laisse François Legault s'intéresser aux chiffres qui
l'intéressent.
M. Laberge (Thomas) : Mais,
si vous ne gagnez pas plus de sièges, vous ne pourrez pas pas mettre vos
politiques environnementales en place.
M. Nadeau-Dubois : Bien
sûr, c'est pour ça qu'on travaille à chaque jour pour avoir le plus de sièges
possible. Nous, on ne fait pas de la politique pour arriver deuxièmes ou
troisièmes, on fait de la politique pour gagner, mais on fait aussi de la
politique en fonction de nos valeurs puis de nos principes.
Mme Plante (Caroline) : Est-ce
que Bernard. Drainville a regardé les chiffres?
Mme Massé : Excuse-moi.
J'ai juste envie... puis ça, on tend à l'oublier. À la dernière élection, là,
avec moi qui s'en allait au débat des chefs, là, personne n'avait prévu, un,
qu'on ferait élire 10 députés, et deux, qu'on sortirait jusqu'en
Abitibi-Témiscamingue, en Estrie. Ce n'était pas possible, Québec solidaire,
c'est un parti montréalais. Alors, moi, je dis : Vous le savez comme moi,
le vrai sondage, et le seul et l'unique sera le 3 octobre, et moi, j'ai
confiance, parce que je le suis, sur le terrain, et je vois les équipes de
solidaires qui, avec toute la fougue de l'urgence qui pousse, avec l'urgence
climatique, avec le cri du cœur de nos concitoyens qui n'arrivent plus à se
loger, avec nos aînés qui se retrouvent dans des situations inacceptables, bien,
c'est avec cette énergie-là que nos militants, militantes entament cette
campagne dès maintenant. Et moi, je vous dis : On verra le quatre.
M. Carabin (François) : Est-ce
qu'on va vous voir beaucoup à Sherbrooke l'automne prochain?
M. Nadeau-Dubois : Vous
allez nous voir beaucoup à Sherbrooke cet été. Vous allez nous voir beaucoup à
Sherbrooke l'automne prochain. On y était, Manon et moi, dimanche, et on était
300. Il y avait 300 solidaires réunis pour lancer la campagne de notre
équipe estrienne dans la région. Je veux dire, il n'y a pas d'autres partis
politiques en ce moment qui font des rassemblements de cette ampleur-là.
En 2018, personne n'avait vu venir la
victoire de Christine, pas un sondeur, pas un analyste, et elle a gagné par 3 500 voix.
Donc, on est très confiants qu'on va bien sûr faire réélire Christine, mais
qu'on va ajouter des députés autour d'elle, notamment Philippe Pagé, dans
Richmond, et Mélissa Généreux, dans Saint-François.
Mme Plante (Caroline) : Vous
parlez des sondages. Est-ce que vous pensez que Bernard Drainville a regardé
les chiffres des sondages? Est-ce qu'il est opportuniste? Parce que c'est ce
que Joël Arseneau vient de dire.
M. Nadeau-Dubois : Je
pense que le pouvoir a son attrait. Je pense que le pouvoir a son attrait en
politique, mais, encore une fois, tout le monde parle, ces jours-ci, de ce qui
a changé chez Bernard Drainville. Moi, j'aimerais aussi pointer ce qui n'a pas
changé. Cet homme a rédigé la Charte des valeurs du Québec, la Charte des
valeurs québécoises, un des épisodes les plus divisifs de notre vie politique.
Et, aujourd'hui, il joint un premier ministre qui veut faire des signes
religieux et de l'immigration la priorité de sa campagne. Il y a là une
continuité plutôt qu'une rupture. Et ça, je pense qu'on devrait s'y intéresser.
M. Pilon-Larose (Hugo) : …faire
campagne sur l'immigration et les signes religieux, est-ce que, pour vous,
c'est faire appel au côté sombre de la nation? Est-ce que c'est xénophobe?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je ne suis pas un gars d'étiquettes, puis je... Moi, ce qui m'intéresse, c'est
de parler de nos priorités puis de notre vision pour le Québec. Moi, je vous le
dis, quand je me promène sur la rue, personne ne me parle de la Louisiane. Les
gens, ils me parlent de leur logement, de leur épicerie puis de la planète
qu'ils vont laisser à leurs enfants.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais
les gens votent pour la CAQ. Qu'est-ce qui ne marche pas?
M. Nadeau-Dubois : C'est
une excellente question, c'est une excellente question, peut-être à poser à des
scientifiques de la science politique, ce que je ne suis pas.
M. Duval (Alexandre) : Je
veux revenir brièvement sur le troisième lien. Je comprends que vous avez dit
que la population va bloquer le projet, mais il y a quand même beaucoup de
monde qui aime ce projet-là et qui veut le voir se concrétiser. Est-ce c'est
quand même une bonne chose, selon vous, que le ministre fédéral dise :
Nous autres, ce projet-là, on va l'évaluer, puis c'est peut-être ça qui
pourrait mettre de vrais bâtons dans les roues du projet, à court terme?
M. Nadeau-Dubois : Depuis
qu'il a donné le feu vert à Baie du Nord, Steven Guilbeault n'a plus de
crédibilité écologique.
M. Duval (Alexandre) : Mais
ce n'est pas lui qui fait l'évaluation.
M. Nadeau-Dubois : C'est
lui qui la commande. Je veux dire, moi, honnêtement, l'opinion du fédéral sur
le troisième lien, il ne m'intéresse pas. Parce que l'opinion qui m'importe,
c'est l'opinion des Québécois et des Québécoises, et, en majorité, les
Québécois, Québécoises refusent ce projet-là.
M. Duval (Alexandre) : Même
si ça vous apporte de l'eau au moulin, vous n'en voulez rien?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
nous, notre objectif, c'est que ce projet-là, il ne voie pas le jour. Et je
suis convaincu qu'il ne verra pas le jour. Pourquoi? Parce que c'est un projet
qui est à rebours de l'époque puis qui est à rebours du bon sens. Il n'y a
aucun expert de la mobilité qui va vous dire qu'ajouter des voies d'autoroute
ça diminue le trafic. Moi, je pense que le bon sens va triompher, que ce
projet-là ne verra jamais le jour, peu importe ce qu'en dit Steven Guilbeault.
Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 1)