(Neuf heures trois minutes)
M. Marissal : Bonjour, tout
le monde. Merci d'être là. Ça commence à ressembler à une vraie rentrée
parlementaire même si on ne sera pas ici très longtemps.
Dans les derniers jours, j'ai profité du
fait qu'on ne siégeait pas à Québec pour faire une tournée du réseau de la
santé au Québec. Je ne suis évidemment pas allé partout, c'est immense, le
Québec, mais j'ai fait beaucoup d'hôpitaux, des CHSLD, des CLSC, services à
domicile aussi. Je voulais aller voir sur le terrain, probablement une
déformation professionnelle, j'ai été journaliste pendant quelques années, alors
je suis allé sur le terrain vraiment pour voir comment ça fonctionne, entendre
les doléances des gens.
Et il y a une chose qui ressort et qui est
immanquable, et il suffit de passer quelques minutes avec le personnel soignant.
M. Dubé fonctionne par slogan depuis presque deux ans et il dit notamment :
Je veux que le réseau de la santé soit un employeur de choix. Or, sur le
terrain, ce qu'on nous dit, c'est que c'est un employeur qui déçoit. C'est même
un employeur qui démobilise, c'est un employeur qui rudoie son monde, en
particulier les femmes, qui sont, évidemment, en majorité dans le réseau de la
santé, des gens qui n'ont plus de qualité de vie, qui se font rudoyer pour
faire du temps supplémentaire. Puis, quand elles ne l'acceptent pas, c'est du
temps supplémentaire obligatoire.
Ça fait que je ne ferai pas comme M. Dubé,
je ne vais pas tourner autour du pot. Parce que M. Dubé tourne autour du
pot, il arrive avec un slogan par semaine, un problème, un slogan, puis, à
partir du moment où il a trouvé son slogan, c'est comme s'il avait réglé le
problème. Malheureusement, c'est la permanence de l'objet, comme on dit en
psychologie, là. Vous savez, quand un enfant ne voit plus un objet, l'objet n'existe
plus, là. Alors, le gouvernement ne regarde plus le problème, donc le problème
disparaît. C'est faux.
Sur le terrain, ça empire. La réalité, là,
c'est que, depuis deux ans qu'il est ministre, ça empire. Il ne peut plus
mettre ça sur le dos de la COVID, il ne peut plus mettre ça sur le dos de Gaétan
Barrette, il ne peut plus mettre ça sur le dos de ses prédécesseurs. C'est lui,
le grand gestionnaire, qui n'est pas capable d'amener des solutions qui
fonctionnent.
Et la solution qu'il faut mettre de l'avant
le plus tôt possible, même si ça fait mal, même si c'est drastique, c'est de
mettre fin au régime systématique de temps supplémentaire obligatoire. Et ça,
ça passe par une discipline des agences de placement de personnel, qui font la
pluie et le beau temps, qui font la loi dans le réseau.
Ça veut dire notamment... et on me le
disait encore hier, ça passe notamment par le fait qu'on devrait les priver des
quarts de travail de jour. Parce que les agences débarquent avec leurs gros
sabots, disent aux gestionnaires : Vous avez besoin de monde, ça tombe
bien, j'en ai, mais on va prendre que les postes de jour et quelques postes de
soir. Si on exclut la possibilité pour les agences de prendre les postes de
jour, bien, nécessairement ces postes-là restent disponibles pour les gens du
réseau. Parce qu'autrement ce qui se passe, c'est un jeu de dominos : les
infirmières de jour se font bumper de soir, puis bumper de nuit, puis, quand
elles ont fini, à 8 heures le matin, leur premier chiffre, on leur dit
qu'il faut qu'elles en fassent un double puis qu'elles vont finir à 4 heures
de l'après-midi. C'est un cycle infernal.
Alors, je demande à M. Dubé d'arrêter
de tourner autour du pot puis d'arriver avec des vraies solutions. C'est le
temps pour M. Dubé, justement, de cesser la machine à slogan puis
d'arriver avec des solutions sur le terrain, parce que ce qu'on est en train de
faire, on va le payer pendant des décennies. On est en train de démobiliser
toute une génération d'infirmières qui soit flirtent avec le burn-out, soit
vont quitter puis s'en vont.
Puis je termine là-dessus. Vous aurez
remarqué que tout le monde parle de pénurie de main-d'oeuvre en santé. Les
agences de placement n'ont pas de pénurie de main-d'oeuvre. Au contraire, depuis
un an, alors que M. Dubé avait dit qu'on allait se débarrasser des
agences, il n'y a jamais eu autant de personnels qui, justement, vont
travailler dans les agences de placement. Il faut casser ce cercle infernal, et
rapidement. Merci. Puis je suis prêt pour vos questions.
Mme Lévesque (Fanny) : Sur
les agences, vous dites de les priver des quarts de jour. Il me semble que vous
avez déjà eu... vous avez été un peu plus dur avec les agences, de dire :
Il faut les abolir complètement. Est-ce que vos tournées vous ont plutôt fait
réaliser qu'on en avait besoin dans l'immédiat et que de les abolir, c'était un
peu une situation... en fait, une solution difficilement applicable?
M. Marissal : Bien, en fait,
ce que je dis depuis que je suis porte-parole en critique de santé, c'est qu'il
faut les abolir par inanition, il faut les priver de leur pain quotidien à un
tel point où ça ne deviendra plus rentable pour les gestionnaires d'agences que
de fournir du personnel. Sauf dans certains cas, notamment dans le Grand Nord,
où il y a systématiquement des problèmes de main-d'oeuvre, puis on ne peut pas,
évidemment, laisser cette population-là complètement démunie en soins de santé.
Ce que je dis, c'est que, si on fait ce premier geste là, on démontre notre
sérieux et on passe le message aux agences que ce ne sont plus elles qui sont
maîtres à bord mais bien nous et le personnel soignant du réseau.
Mme Lajoie (Geneviève) : Vous
avez parlé du gouvernement Legault, de ses agissements notamment envers les
femmes. Au début, vous avez parlé de ça. Est-ce que, selon vous, c'est délibéré,
il cible des femmes? Parce que, quand on parle d'infirmiers, c'est
majoritairement des infirmières, là.
M. Marissal : En tout cas,
tout le monde sait que cette profession est majoritairement occupée par des
femmes. Ce n'est pas nouveau, ça a toujours été comme ça. Et ces femmes sont
maltraitées, elles souffrent d'une forme de violence institutionnelle. Ces
termes-là, rappelez-vous, c'est quelqu'un qui est maintenant députée de la CAQ
qui l'avait écrit alors qu'elle était à la FIQ, Shirley Dorismond, qui est
maintenant la députée de Marie-Victorin. Puis je vais être d'accord avec elle,
il y a une forme de violence institutionnelle.
Et vous savez, quand on fait du terrain,
vous le savez, vous en faites, du terrain, là, puis qu'on parle à des gens dans
une salle de repos, systématiquement, dans tous les hôpitaux où je suis allé,
il y a des gens qui se mettaient à pleurer. Ces gens-là sont à bout, là. Je ne
fais pas du théâtre, là, je ne fais pas du psychodrame, là, ces gens-là sont à
bout. Puis il se trouve qu'à chaque fois, bien, il y avait 95 % de femmes
autour de la table.
Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce
que vous pensez que, donc, si c'étaient majoritairement des hommes qui
occupaient ces postes-là, ça serait différent?
M. Marissal : On ne le saura
jamais. Ce que je sais, c'est qu'en ce moment, sur le terrain, ce sont des
femmes. Ce sont aussi les femmes, souvent, qui ont les charges familiales, le
plus souvent. Quand on dit une mère monoparentale, imaginez-vous de gérer, en
plus de vos deux enfants qui sont à la garderie ou à l'école, un patron qui, à
tout moment, va vous dire : Tu restes pour faire huit heures de plus, pas s'il
te plaît, TSO, tu n'as pas le choix. Ça, ce sont des femmes qui vivent ça.
Alors, je pense qu'on a une responsabilité,
là, comme gestionnaires de l'État, là, comme législateurs, de prendre des
mesures, parce que, pour le moment, effectivement, la majorité des infirmières,
ce sont des femmes, c'est un fait.
M. Bourassa (Simon) : Est-ce
vous avez constaté la mise en place ou les effets de la mise en place de la
cellule de crise dans les urgences pédiatriques? Parce que ça ne semble pas
s'améliorer, là, à court terme.
M. Marissal : Bien, j'étais
notamment au CHU, à Québec, ici, jeudi dernier, puis je peux vous dire que ce
qu'on me dit, c'est que ça n'a jamais été aussi pire. Je pense qu'il y a
quelques idées intéressantes qui peuvent sortir de la cellule de crise. Le
problème, c'est que M. Dubé a essayé de régler sa propre crise en créant
cette cellule et pas tant la crise sur le terrain. Parce que, pour le moment,
moi, ce que j'ai vu notamment au CHU, ici, à Québec, ce n'était pas beau.
Puis là on court après le trouble, là.
Moi, on me parle de plus en plus d'erreurs médicales. On m'a raconté ici, au
CHU, à Québec, qu'un petit bonhomme à qui on a oublié un garrot pendant
24 heures... Un garrot pendant 24 heures. Un garrot, ça arrête la
circulation sanguine. Parce que tout le monde est débordé, parce que tout le
monde court après sa queue, parce que tout le monde n'en peut plus de ce
régime.
Il y a une infirmière de garde à l'hôpital
de Cowansville qui m'a dit : Je suis vraiment inquiète, surtout pour la
nuit, parce qu'on engage n'importe qui. C'est dangereux, là, on vit une
situation de crise dangereuse. On doit rapatrier notre monde qui sont partis
vers les agences, on doit leur redonner des conditions de travail, un employeur
de choix, pas un employeur qui déçoit.
Mme Plante (Caroline) : Pourtant
le gouvernement semble avoir tous les outils. C'est-à-dire, il y a un plan
santé, il y a M. Dubé qui est reconnu comme étant un bon gestionnaire, il
y a Shirley Dorismond, une infirmière, il y a des budgets qui sont là.
Qu'est-ce qui... On dirait qu'il y a tout, là, pour que ça marche, mais ça ne
marche pas. Qu'est-ce... Comment expliquez-vous la situation?
M. Marissal : C'est
clairement un manque de courage politique. Je ne sais pas pourquoi le
gouvernement continue de protéger les agences, c'est clairement la racine du
mal. Pourquoi est-ce que ce gouvernement, comme les libéraux précédemment,
protège les agences? J'ai posé la question à maintes reprises, ça va faire un
an et demi que je suis critique en santé, je n'ai pas eu la réponse à ça.
Alors, pourquoi est-ce qu'on permet à ces caïds de la santé de faire la loi et
l'ordre dans les établissements puis placer leur personnel au tarif où ils
veulent? C'est un manque de courage politique. Puis, quant au grand
gestionnaire ministre de la Santé, on jugera l'arbre à ses fruits, mais, pour
le moment, il n'y a rien qui pousse.
M. Denis (Maxime) : Sur les
cliniques d'IPS, là, Christian Dubé dit : C'est la solution, c'est un
exemple. En un temps un record, en trois semaines, on a implanté la première
dans Rosemont, Montréal, mais c'est quand même des infirmières qui se
retrouvent à travailler en temps supplémentaire les soirs, les fins de semaine.
Est-ce que c'est une véritable solution, selon vous, ces cliniques-là?
M. Marissal : Vous savez,
c'est dans ma circonscription, puis je l'accueille, la clinique, mais, vous
savez, si vous prenez trois infirmières qui viennent de finir un temps double
dans le réseau public pour les amener dans une nouvelle clinique, on ne règle
pas le problème, on l'aggrave, on aggrave le problème.
Ces femmes-là sont pleines de bonne
volonté. Ça fait des années, au Québec, qu'on a le débat sur les IPS puis qu'il
ne s'est rien passé. On a voté une loi ici, à la dernière législature, pour
ouvrir la première ligne. C'est une bonne nouvelle, mais on n'inventera pas des
infirmières. Les infirmières, là, ça ne pousse pas dans des serres le long de
l'autoroute, là. Il faut les former, il faut les amener dans le réseau et
surtout leur donner plein de raisons de rester. Parce que, si vous faites juste
déplacer de a à b, vous faites juste déplacer de a à b, c'est ça qui arrive.
C'est une des solutions. Et, pour le
moment, je vous rappelle que cette clinique n'a vu aucun patient.
M. Denis (Maxime) : Qu'est-ce
que vous souhaitez entendre dans le discours, tout à l'heure, inaugural de
François Legault en matière de santé?
M. Marissal : Bien, je
m'attends à ce que M. Legault donne la commande ferme à son ministre de la
Santé de régler le problème de main-d'oeuvre, parce qu'en ce moment c'est
essentiellement un problème de main-d'oeuvre. Pour régler le problème de
main-d'œuvre, il faut qu'on se débarrasse des agences, il faut qu'on ramène le
monde dans notre réseau public avec des conditions de travail saines.
Je me suis fait raconter des trucs encore
récemment, là. Ces derniers jours, là, à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, la
nuit, c'est une infirmière pour 15 patients à l'urgence. Savez-vous ce qui
est complètement absurde, là? C'est que, si des infirmières décidaient de faire
des moyens de pression, elles seraient déjà en deçà des normes minimales des
services essentiels parce qu'à une infirmière pour 15 vous êtes en deçà des
normes minimales des services essentiels. Ça ne va pas, là. Puis je le répète,
on court après le trouble, il y a des gens qui vont mourir, il y a des gens qui
vont être mal soignés, il y a des gens qui retournent à la maison qui ne voient
pas les professionnels de santé.
Alors, si M. Legault est sérieux, et
je pense que la santé, c'est un des postes les plus importants du gouvernement,
il doit donner le mandat très ferme à son ministre, avec des échéances, de
régler le problème de main-d'oeuvre.
Mme Plante (Caroline) : Dans
le dossier des transferts en santé avec Ottawa, est-ce que vous sentez qu'on
progresse?
M. Marissal : Bien, je n'ai
pas senti qu'on progresse beaucoup. Parce que M. Dubé, c'est un non
catégorique à Vancouver, puis M. Legault, c'était un petit peu mieux avec
Justin Trudeau au Sommet de la Francophonie, mais là-dessus, soyons clairs, là,
on fait front commun avec le gouvernement, on veut l'argent. Après ça, on
décidera ici, puis je critiquerai de la façon dont l'argent est dépensé ou pas.
Les libéraux fédéraux en particulier — vous
savez, moi, j'ai couvert Jean Chrétien, là, dans le temps, là — c'est
une vieille marotte, ils ne sont pas capables de s'en débarrasser, ils veulent
absolument mettre leur nez puis leurs pattes dans le réseau de santé des
provinces. Alors, si on pouvait déjà régler ça, là... La santé, c'est
clairement un champ de compétence du Québec, envoyez le chèque, mais il va
falloir qu'on fasse de la pression, parce que, pour le moment, souffler le
chaud et le froid, comme MM. Dubé et Legault l'ont fait récemment, ça ne
suffira pas.
Mme Plante (Caroline) : Vous
sentez qu'ils disent des choses différentes?
M. Marissal : Bien, en tout
cas, M. Dubé était très ferme à Vancouver, et j'étais d'accord avec lui puis je
le soutiens là-dedans, parce qu'on ne peut pas baisser la garde là-dessus,
surtout pas avec les libéraux à Ottawa. Si on baisse la garde, ils vont
rentrer, là, par la porte de garage, là, ça, c'est sûr et certain. Ils
fantasment là-dessus depuis 40 ans, les libéraux à Ottawa. Et là M. Legault,
lui, baisse la garde un peu en disant : Bien, je serais peut-être prêt
à... Ce n'est pas négociable. Il y a des affaires qui ne sont pas négociables,
là, dans la vie. Ça, ce n'est pas négociable, c'est notre juridiction. C'est
notre argent, en passant, ce n'est pas Justin Trudeau qui va nous faire un
cadeau, là. C'est notre argent, alors envoyez donc l'argent.
M. Robillard (Alexandre) : M. Marissal,
est-ce que vous avez l'impression que les résultats électoraux dans la
circonscription de Rosemont sont fidèles à la réalité?
M. Marissal : C'est-à-dire?
M. Robillard (Alexandre) : Bien,
c'est une question comme ça, là, c'est clair.
M. Marissal : Pas tant, non.
Excusez-moi, c'est parce que je ne comprends pas, là.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que les résultats électoraux dans la circonscription de Rosemont sont, selon
vous, fidèles à la réalité? Ça n'a pas l'air clair pour vous. C'est la question
qui n'est pas claire ou la réponse qui est difficile à formuler?
M. Marissal : Bien, c'est
parce que je n'ai pas trop de mal, d'habitude, à parler puis à formuler des
réponses, mais là la question... Est-ce que le fait que j'ai été réélu dans
Rosemont... Bien là, ce n'est pas moi qui pose des questions, là, essayez
encore.
M. Robillard (Alexandre) : Bien,
je veux dire, je vais essayer d'être plus clair, là, mais est-ce que vous avez
l'impression que les résultats électoraux dans la circonscription de Rosemont,
donc les résultats, là, du DGE, sont fidèles à la réalité?
M. Marissal : À la réalité de
ce qu'on avait dans les boîtes?
M. Robillard (Alexandre) : À
la réalité du vote, là, de ce qui...
M. Marissal : Bien, je n'ai
pas passé beaucoup de temps à réfléchir à ça, là. J'ai été réélu avec, quoi, 37 %,
38 %. La CAQ a fermé le...
M. Robillard (Alexandre) : ...on
a publié un article sur la circonscription de Saint-Laurent...
M. Marissal : Ah! O.K., O.K.,
c'est là que vous allez.
M. Robillard (Alexandre) : Oui,
c'est ça.
M. Marissal : O.K., je ne
sais... Je suis peut-être fatigué aussi.
M. Robillard (Alexandre) : Non,
mais c'est parce que la réponse aurait pu être plus claire, mais c'est correct.
Avez-vous l'impression que les résultats électoraux dans Saint-Laurent sont
fidèles à la réalité?
M. Marissal : Je n'en ai
aucune idée.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que ça vous inquiète de voir que, quand on va sur le terrain, il y a une
distorsion entre...
M. Marissal : Bien, est-ce
que c'est une anomalie dans une section de vote? Je ne le sais pas. Ça arrive,
des fois, ça arrive. Des fois, il y a des trucs qui ne sont pas nécessairement
frauduleux, là. J'ai lu ça ce matin, je pense que j'avais peut-être les mêmes
questions que vous, même si ma réponse n'est vraiment pas claire, là.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que le DGE devrait faire quelque chose avec ça?
M. Marissal : Bien oui. C'est
sûr que, s'il y a quelqu'un qui soulève une question puis qu'il y a un doute
raisonnable de croire, mais là je ne veux surtout pas sauter aux conclusions,
là.
M. Robillard (Alexandre) : Non,
non, non, mais je veux savoir, tu sais, qu'est-ce qu'il faut faire avec ça,
selon vous? Il faut-u faire rien ou quelque chose?
M. Marissal : Bien, je pense
que ça mérite d'y jeter un coup d'oeil, assurément, assurément, puisqu'il y a
des électeurs et des électrices qui ont soulevé la question. Vous savez, si
tout un quartier dit : J'ai voté libéral, puis qu'il n'y a pas de vote
libéral, bien, je pense qu'on peut minimalement vérifier, mais je ne crois pas
avoir eu ce problème-là dans Rosemont.
M. Robillard (Alexandre) : Parfait,
mais donc c'est le DGE, là, qui devrait vérifier ça, selon vous?
M. Marissal : Oui, je pense
que oui, s'il y a une plainte. Il y a quand même un protocole à suivre. Si c'est
juste une impression ou une anecdote, on ne fait rien avec ça, là, on ne peut
pas commencer à envoyer des inspecteurs sur des anecdotes, mais, s'il y a
quelque chose qui ressemble à une anomalie, moi, je pense qu'il faut juste
éclairer la situation.
M. Robillard (Alexandre) : Donc,
le DGE devrait... Puis est-ce que ça prend un réveil national sur le déclin du
français au Québec, comme le gouvernement semblait le laisser entendre hier?
Puis, en même temps, qu'est-ce que vous pensez de 100 % d'immigrants
francophones? Est-ce que c'est une cible qui est raisonnable?
M. Marissal : Bien, le réveil
national, je ne sais pas si M. Legault et ses ministres sont en train de
dire qu'on est endormis, là, moi, ça m'a un petit peu irrité. Puis franchement
c'est un slogan électoral, là. Ils sont au pouvoir, ils ont été réélus, là, majoritairement.
M. Legault a lancé cette idée hier, là, mais ce n'est pas clair encore. J'espère
qu'on aura les détails aujourd'hui, parce que le diable est dans les détails.
M. Robillard (Alexandre) : ...100 %
d'immigrants francophones?
M. Marissal : Bien, on va
attendre de voir qu'est-ce qu'il veut dire par ça. Parce que 100 %, c'est
100 % de l'immigration économique? Est-ce que c'est 100 % de tout le
monde qu'on choisit?
M. Robillard (Alexandre) : ...celle
qui est sélectionnée par le gouvernement.
M. Marissal : Est-ce que ça
vient avec un vrai programme de francisation qui fonctionne? Parce qu'en ce
moment ce n'est pas le cas. Ça, c'est notre responsabilité comme État, au
Québec, de s'assurer que les gens parlent français. Puis, en ce moment, il y a
beaucoup de sable dans l'engrenage de la francisation, ça ne fonctionne pas.
Alors, on va attendre les détails de M. Legault. Hier, il a lancé ça,
comme il le fait souvent, d'ailleurs. Il y a un discours d'ouverture
aujourd'hui, je m'attends à ce que ça soit beaucoup plus clair. Pour le reste,
bien, on va suivre. Puis vous savez que mes collègues vont suivre ça aussi.
Mme Plante (Caroline) : M. Marissal,
juste pour compléter votre réponse, là, sur les transferts en santé. Vous avez dit :
M. Legault baisse la garde. Alors, d'après vous, est-ce qu'il est en train
d'accepter des conditions comme le partage de données, par exemple? Est-ce
qu'il est en train d'accepter des conditions d'Ottawa?
M. Marissal : Bien, il n'a
rien signé pour le moment. Je lui suggérerais de retirer cette suggestion
d'ouvrir les données au fédéral, parce que ça, c'est se mettre le doigt dans
l'engrenage, puis, avant qu'on ait le temps de crier ciseau, on va être rendu à
l'omoplate puis on va y passer au complet. Le fédéral, et en particulier les
libéraux à Ottawa, fantasme depuis des siècles à obtenir les données des
provinces et à mettre leur nez dans le fonctionnement du système de santé.
Alors, il serait plus prudent de fermer la porte maintenant et il serait plus
respectueux aussi du consensus qu'on a ici, tous les partis de l'Assemblée
nationale, à savoir que c'est notre champ de compétence, et on le garde.
Mme Vermette (Kim) : Hier, M. Legault
parlait du déclin du français, là, il disait que c'était vraiment son grand
défi de l'arrêter. Il dit même qu'il était ouvert aux suggestions, à entendre
ce que les autres avaient à dire. En avez-vous, vous, à Québec solidaire, une
suggestion, justement, pour arrêter le déclin du français?
M. Marissal : Bien, M. Legault
ne parle jamais des immigrants temporaires, notamment, qui sont ici, qui sont
ici, puis plusieurs vont rester. Des gens, ils vont rester, ils vont
s'installer ici parce qu'ils auront trouvé un travail, parce qu'ils auront
trouvé l'amour, parce qu'ils auront trouvé l'amour du Québec. Peu importe, on
les accueille de toute façon, alors il faut qu'on s'assure d'être capable de
franciser ces gens-là.
Juste le centre de services scolaire de l'est
de Montréal, en septembre, a dû ouvrir 82 classes de francisation parce
qu'il y a un flot, en ce moment, d'immigrants qui arrivent. 82 classes,
c'est l'équivalent de quatre à cinq écoles. Le problème, c'est qu'il manque de
personnel pour franciser ces gens-là. Les horaires de francisation ne sont pas
adéquats, ce qui fait qu'il y a des gens ici qui veulent être ici, qui veulent
travailler, qui veulent contribuer, fonder une famille, qui ne sont pas
capables d'apprendre le français parce que cette partie-là, on l'a échoué. Et
ça, c'est notre partie. À partir du moment où on a un contrat avec les
immigrants de leur dire : Venez ici, nous allons vous accueillir, nous
allons faire en sorte que vous apprenez le français, c'est notre partie de le
faire. Alors, effectivement, il faut s'assurer que ces gens-là puissent
apprendre le français.
M. Legault, hier, et M. Roberge,
là, ont quand même parlé du français en emploi. Puis ça, j'étais heureux. Et
nous sommes heureux, à QS, d'entendre ça parce que ça fait longtemps qu'on le
dit, il y a un problème aussi et surtout dans les grandes entreprises et dans
l'emploi. Effectivement, il faut s'assurer que les gens puissent travailler en
français.
Mme Lajoie (Geneviève) : Sur
le réveil national, je veux vous entendre un petit peu plus là-dessus,
justement. Vous considérez que c'est un peu une façon pour le gouvernement de
mettre la responsabilité sur les Québécois maintenant, visiblement, les
citoyens?
M. Marissal : Bien, c'est
encore un slogan populiste. M. Legault fait souvent ça, lance des idées
assez populistes qui manquent de détail. Tu sais, vous savez, l'immigration,
là, on parle de gens, hein, c'est du vrai monde, là, c'est des gens qui
arrivent ici, qui choisissent de venir ici, souvent qui sont en exil, qui
quittent leur pays, qui arrivent ici, qui ont toutes sortes de problèmes.
Vous savez, dans un bureau de député, là,
les problèmes qu'on a, notamment avec la RAMQ, pour des gens qui, par exemple,
accouchent ici puis se ramassent avec des factures astronomiques. J'ai des
attachés qui font à peu près que ça, des dossiers de RAMQ en immigration. On a
une partie, nous aussi, envers les immigrants qui viennent ici, nous assurer
qu'ils soient bien reçus, qu'ils aient des soins de santé, puis qu'ils parlent
français, puis qu'ils aient des conditions de travail décentes.
Mme Lévesque (Fanny) : Juste
une précision sur le masque dans les urgences pédiatriques... pas le masque,
mais en lien avec ça. Parce qu'on lisait ce matin, entre autres, là... Est-ce
que vous sentez qu'il manque peut-être de la part du gouvernement un sentiment
d'urgence, là? C'est comme s'il y avait une fatigue pandémique, on appelle aux
gens à porter le masque dans les lieux publics, les gens ne semblent pas avoir
envie de le faire alors que là les urgences pédiatriques débordent. Est-ce
qu'il y a comme péril en la demeure en ce moment? Est-ce qu'on devrait être
plus ferme sur le message? Qu'est-ce qu'on devrait faire pour essayer de
limiter les effets des virus dans les urgences pour enfants?
M. Marissal : Je pense qu'on
devrait faire ce qu'on avait fait au début des premières vagues de la COVID,
c'est-à-dire écouter la science et la Santé publique. Donc, j'aimerais que M. Boileau
et son équipe nous fassent des recommandations fermes, sans le ministre à côté
pour souffler les réponses, qu'on sache à quoi s'en tenir en termes
d'épidémiologie et non pas en termes de politique. Alors, si la Santé publique
veut vraiment faire oeuvre utile, c'est ce que les médecins pédiatres,
notamment, demandent en ce moment, envoyer les bons messages à la population.
Les bons messages en matière d'épidémiologie, il faut que ça vienne de
spécialistes, de scientifiques.
Mme Lévesque (Fanny) : Donc,
de maintenir la recommandation du port du masque, mais comment on fait pour que
les gens adhèrent?
M. Marissal : Bien, pour le
moment, il n'est pas question de maintenir le port du masque, il est suggéré
de. Ça, c'est M. Dubé qui dit ça, c'est M. Legault qui dit ça, c'est
moi qui dis ça. Qu'est-ce que la Santé publique en dit en ce moment,
considérant la situation en particulier dans les urgences pédiatriques?
J'invite le directeur national de la santé publique à nous faire part de ses
recommandations rapidement, pas dans une conférence de presse politique avec le
ministre mais dans un cadre scientifique, de quelle serait la meilleure mesure
à apporter. C'est toujours comme ça qu'on s'est comporté. En tout cas, nous, à
QS, c'est toujours comme ça qu'on s'est comporté, qu'on s'est gouvernés. Moi,
je peux vous dire quelque chose, mais ça vaut ce que moi je dis, là.
Mme Lévesque (Fanny) : ...
M. Marissal : Oui, puis la
dernière conférence de presse, elle était parfaitement politique, quant à moi. Entre
M. Boileau et M. Dubé, je pense qu'il y a une belle occasion, cette
fois-ci, de marquer la séparation. On a besoin de guides scientifiques.
M. Laberge (Thomas) : On
sait, M. Marissal, que la P.D.G. d'Hydro-Québec a maintenant deux
conseillers, deux bras droits dont les salaires sont confidentiels. Est-ce que
c'est quelque chose qui vous préoccupe?
M. Marissal : Bien, toute
forme d'opacité, quand il est question de fonds public, devrait nous
préoccuper, oui. C'est quelque chose qui, moi, me préoccupe toujours quand il
est question d'argent public puis qu'on n'a pas la plus grande transparence. À
moins qu'Hydro-Québec soit capable de nous expliquer qu'il y a une raison
fondamentale à ça, je ne crois pas. Et puis on aura l'occasion, aux crédits, au
printemps, de questionner, évidemment, la P.D.G. d'Hydro-Québec là-dessus, mais
moi, je prône et je prônerai toujours la plus grande transparence dans
l'utilisation des fonds publics.
M. Laberge (Thomas) : On
demande aux Québécois, à cause de l'inflation, de se serrer la ceinture. Est-ce
que vous pensez que les hauts dirigeants des sociétés d'État doivent faire la
même chose?
M. Marissal : Bien, c'est
difficile à dire si on ne sait pas combien ils gagnent.
M. Laberge (Thomas) : ...assez
élevé.
M. Marissal : Probablement.
C'est pour ça qu'on aurait besoin de transparence.
M. Laberge (Thomas) : Une
autre chose aussi, là, le Groupe Massif demande 20 millions à
Investissement Québec pour poursuivre son expansion, ses activités. Est-ce que
c'est une demande qui est légitime selon vous?
M. Marissal : À juger au mérite.
Est-ce qu'il y a un potentiel réel? Est-ce qu'on crée des bons emplois? Il y a
eu toutes sortes d'histoires avec Le Massif, là, sur les emplois, sur les
salaires. Vous savez, c'est trop facile de lancer une entreprise, puis ensuite
de dire : Bien, ça ne fonctionne pas, j'aurais besoin de l'État. C'est à
vérifier au mérite. Je pense qu'Investissement Québec doit recevoir la demande
puis nous expliquer après si oui ou non et pourquoi on devrait mettre de
l'argent public là-dedans.
La Modératrice : Il faudrait
passer en anglais.
Mme MacKenzie (Angela) : In the Premier's speech this afternoon, what exactly would you like
to hear from him regarding the ongoing crisis in the health care network right
now?
M. Marissal : Well, the heart of the problem with our health care system is
mandatory overtime, forced overtime, if you will. So, I would like and I want
Mr. Legault to give the very precise mandate to Christian
Dubé to end this practice that is now almost normal in
our health public sector, and we have to get rid of this as soon as possible
with strong measures.
Mme MacKenzie (Angela) : With regards to what's happening in pediatric hospitals right now, what more should... Should we be
going back to, in your view, some of the measures that were in place before?
Should we be having masks in schools, for example?
M. Marissal : I think it's time for Luc Boileau to come back to the stage and
have a press conference, explaining to Quebeckers what exactly we should do now, because there are some levels of
confusion right now. And I
think that it's its job to tell us alone, not with the Minister, not with the Government, to come back to the center stage
and enlighten us.
Mme MacKenzie (Angela) : Is the Government
paying enough attention to what's happening, though, with children right now?
We spent a lot of time being concerned about what was happening with seniors,
for example, early in the pandemic. Are we really paying attention to the
problem with children at this time?
M. Marissal : It all comes back to the lack of employees, the lack of staff. And
that's why I'm waiting for Mr. Legault, this afternoon, to make a strong
move to get rid of TSO.
Mme Mignacca (Franca
G.) : We heard François Legault say yesterday
that he plans on putting a major emphasis on the protection of the French
language, and especially in Montréal. He did ask for suggestions from other
parties. What would you suggest in terms of protecting the language and
especially as far as immigration goes?
M. Marissal : Well, two things. First, make sure that the immigrants that choose
to come to Québec, and they
decide to live their life here, in Québec, that they can learn and speak French. And that's my number two,
learn and speak French in big businesses. Because sometimes it's difficult, and
everybody switches to English, and these people, if they don't have the skills
to understand and speak in French, they will switch to English as well. This is
something we've been asking for four years.
M. Spector (Dan) : How much blame do you put on the Government for the crisis right now in the pediatric emergency rooms? How much
of this is their fault?
M. Marissal : Well, it's difficult. I know it's difficult, it's a difficult
situation, so I will not say it's only the fault of Christian Dubé. But the
thing is, he's been there for almost two years now, and he's just coming up
with new slogans every week, and the fact of the matter is that the results are
not there. So, basically, in our political system, ministers have responsibility.
And I think it's more than the time for him to act with strong measures to make
sure that we bring back the personnel, the staff into our public service. Thank
you.
(Fin à 9 h 33)