(Huit heures)
M. Bouazzi : Bon matin,
mesdames et messieurs. On a appris hier une nouvelle hausse du taux directeur
de la Banque du Canada. D'abord, je vais avoir une pensée particulière pour
tous les gens qui vont en souffrir, spécialement les personnes immigrantes, les
familles qui viennent d'acheter des maisons et qui voient leur marge de crédit
et leur taux hypothécaire exploser.
Moi, j'ai une mission très simple, de la
part de Gabriel et Manon, on a exposé nos demandes. Il y a une mise à jour
économique aujourd'hui, c'est la première que je vais vivre et je suis assez
content d'y participer. On a quatre demandes qu'on espère voir dans cette mise
à jour : la hausse du salaire minimum, le gel des tarifs gouvernementaux,
l'indexation, deux fois par année, des prestations et un fonds d'urgence pour
la STM.
Le gouvernement ne peut pas abandonner les
Québécoises et les Québécois à la hausse des taux de la Banque du Canada. Les
propositions qu'on fait, le gel des taux, ça a une double qualité : ça
baisse l'inflation et ça donne... le gel, pardon, des tarifs de l'État, ça
baisse l'inflation et ça donne de l'oxygène aux familles. Les questions de
logement, aussi, permettent ça, les questions de transport aussi. On s'attend à
ce que le gouvernement prenne ses responsabilités. Merci.
M. Marissal : Merci,
Haroun. Alors, à moi, maintenant, de vous parler de santé et de la dernière
idée fantastique du ministre Dubé, je pourrais dire : La balloune de la
semaine. Les urgences débordent, on craint à un mois de décembre et janvier
terrible dans les urgences du Québec, et ailleurs. Et M. Dubé nous est arrivé
hier avec une nouvelle idée de facture symbolique qu'on enverrait, peut-être,
peut-être pas, probablement pas ce mandat-ci, peut-être l'autre, aux Québécois et
aux Québécoises, qui reçoivent des soins de l'État, pour leur démontrer, si je
comprends bien la logique de M. Dubé, à quel point l'État est généreux,
que c'est un cadeau qu'on fait aux gens de les soigner. Bien, de un, ce
n'est pas un cadeau, là, on paie des impôts, dans notre système, au Québec, les
gens le savent. Et à quoi bon envoyer des factures symboliques? Est-ce que
c'est pour culpabiliser les gens, leur dire : Ton infarctus du myocarde a
coûté 42 000 $? Ça change quoi? Quel est le but de ça? Pourquoi arriver
avec ça maintenant? Est-ce que c'est pour faire diversion sur les histoires de
pizza, de toast, et autres? Parce qu'il y en a d'autres, des histoires. Est-ce
que M. Dubé met la table pour un ticket modérateur, qui est une vieille marotte
de la droite?
Puis franchement, si monsieur Dubé veut
vraiment envoyer des factures, là, faire preuve de la plus grande transparence,
pourquoi est-ce qu'il ne rend pas publics, sans caviardage, les contrats qu'il
est en train de signer ou qu'il a signés avec les cliniques privées puis les
mini hôpitaux privés, incluant, j'insiste, là, parce que c'est toujours ça qui
est caviardé, la marge bénéficiaire qu'on paie? Puis ça, c'est un cadeau qu'on
fait au privé, là, ça, c'est un cadeau, la marge bénéficiaire qu'on paie aux
cliniques privées. Alors, si M. Dubé veut vraiment faire œuvre utile, bien, ça,
ça rendrait service à la population, de savoir combien on va payer de plus avec
les contrats au privé.
Sinon, en attendant, franchement, là,
franchement, je ne sais pas quelle mouche a piqué le ministre, là, mais se
mettre à fantasmer sur un système de facture, en plus, c'est complètement
contre-productif pour la CAQ. Ils sont toujours à chialer qu'il y a trop de
bureaucratie, que ça prend trop de monde. Imaginez, dans le réseau de la santé,
ça va prendre combien de gens pour calculer : O.K. Tu as eu deux
pansements au lieu de trois, c'est-tu des pansements à 8,95 $ ou des
pansements à 12,50? Imaginez, le bordel, dans le réseau de la santé qui déborde
déjà de sa première mission, là, en plus, on va leur demander de faire des
factures pour envoyer ça au monde. C'est n'importe quoi. Merci.
M. Laberge (Thomas) : Mais le
but, aussi, c'est d'évaluer le coût réel des soins donnés aux Québécois. La
facture, ça serait comme après. Vous n'êtes pas d'accord avec l'idée qu'il
faudrait évaluer le coût réel des soins donnés aux Québécois?
M. Marissal : Bien,
absolument, on devrait le savoir déjà. Si vous vous faites opérer, il y a un
coût qui est payé, notamment aux médecins spécialistes. Les coûts réels, on les
connaît ou on devrait les connaître. Après ça, qu'est-ce que ça change? Vous
vous cassez une jambe, vous avez une fracture ouverte, de recevoir une facture,
six mois après, en disant : L'État vous fait un don de 12 000 $ parce
qu'on vous a réparé la jambe. À quoi bon? Quel est le but derrière ça?
M. Lacroix (Louis) : Bien, en
fait, c'est l'approche qui avait été amenée, entre autres, par Gaétan Barrette,
là, quand il parlait de l'approche client, là. C'était exactement ça, de dire :
Suivre la facture, suivre le client, là, à travers les services qu'il reçoit,
pour être capable de dire : Bien, voici combien ça a coûté pour traiter un
infarctus, une fracture, etc.
Alors, vous ne trouvez pas qu'il y a
quelque chose, administrativement parlant, comment dire, de responsable de dire :
Bien, on donne des services, on ne sait pas combien ça coûte, mais, en suivant
le patient de cette façon-là, on va établir un coût. Donc, on va savoir où, par
exemple, ça coûte le plus cher être soigné. C'est-tu en Estrie, c'est-tu en
Abitibi, c'est-tu... C'était ça, l'approche client, là.
M. Marissal : Bien,
généralement, juste que ça vienne de Gaétan Barrette, je serais tenté de dire
qu'on devrait, justement, laisser ça de côté, là. L'approche client de Gaétan
Barrette, on a vu ce que ça a donné dans sa réforme. Mais la partie que je ne
comprends pas, c'est : Pourquoi envoyer la facture au patient ou à la
patiente? Qu'on suive combien ça coûte, j'en suis, c'est pour ça que je demande,
d'ailleurs, à voir les contrats avec le privé. Combien ça coûte, une opération
au privé? Combien on paie de marge bénéficiaire à la clinique? Combien
paie-t-on de primes? Vous vous souvenez de la prime jaquette, par exemple, là,
pour les médecins qui mettent une jaquette. Ça, oui, on devrait le savoir, mais
la RAMQ devrait savoir combien ça coûte, un infarctus du myocarde. La partie
que je comprends mal, là, puis qui cache quelque chose, c'est : Pourquoi
envoyer la facture aux gens? M. Dubé dit : Ah! les gens vont être
tellement heureux de voir qu'on leur a fait le cadeau de la santé. Ce n'est pas
un cadeau.
M. Denis (Maxime) : Trouvez-vous
que ça glisse vers Éric Duhaime, aussi, qui proposait qu'on compétitionne un
peu entre les hôpitaux? Donc, si on se rend compte qu'un hôpital fait plus de
chirurgies, on va lui donner plus d'argent, un autre, moins. Est-ce qu'on ne
risque pas de tomber un peu dans ça aussi?
M. Marissal : Bien, c'est sûr
que ça tangue à droite, là. Ce n'est pas la première fois que la CAQ essaie de
se coller un petit peu plus sur Éric Duhaime puis sur les conservateurs pour
reprendre ce genre d'idée là.
Mais, de toute façon, là, partons, là, de
la réalité, là. Vous savez, là, je vous le répète souvent, là, je suis désolé
si je radote, là, mais je suis en train de faire une tournée, là, des hôpitaux
au Québec, là. Bon sang, il n'y a personne qui parle de ça, là. C'est quoi,
l'idée de lancer une autre balloune de quelque chose qui va peut-être arriver
dans quatre, cinq, six, huit ans alors que le bateau coule? Le bateau coule,
là, puis M. Dubé, là, il nous joue du violon sur les factures sur le pont du
Titanic. C'est n'importe quoi.
M. Laberge (Thomas) : M.
Marissal, vous critiquez le fait que ça impliquerait plus de bureaucratie pour
savoir le coût réel des soins pour envoyer cette facture-là.
M. Marissal : Clairement.
M. Laberge (Thomas) : Mais,
je veux dire, cette bureaucratie-là, vous êtes d'accord que ça la prend pour
évaluer le coût des soins?
M. Marissal : Les coûts sont
déjà... Non, non, non...
M. Laberge (Thomas) : Vous
critiquez le fait qu'on envoie la facture après. Je veux dire, une fois...
envoyer la facture, ce n'est pas...
M. Marissal : Les coûts sont
déjà évalués. Les coûts sont évalués sur un panier de services. Si vous allez
sur le site de la RAMQ, là, puis que vous faites des recherches, là, on va vous
dire : Un infarctus du myocarde, ça coûte entre tant puis tant. Mais, après
ça, vous le savez que le diable est dans les détails, là. Je fais une métaphore
avec les pansements, mais pas tant, là. Est-ce qu'on a utilisé deux cathéters
ou un? Est-ce qu'il y a eu deux infirmières au chevet du patient? Est-ce qu'on
a dû changer le soluté du patient parce que ça ne fonctionnait pas? Combien de
pansements? Lui a-t-on refait un pansement deux fois? Wouf!
M. Lacroix (Louis) : Bien, il
me semble, c'est ça qu'on essaie de savoir, non? Avec l'approche client, il me
semble, c'est ça, c'est de dire combien ça coûte pour être capable d'être
optimal après, en disant, par exemple : À tel centre hospitalier, ça coûte
plus cher traiter un infarctus du myocarde que dans tel autre. Puis là tu dis :
Bien, pourquoi? Ça fait que, là, si tu as le détail de la facture, bien, tu
peux comprendre que, peut-être, ils sont plus, je ne sais pas, moi, efficaces à
tel endroit plutôt que l'autre. Non, ce n'est pas logique, ça?
M. Marissal : Si le ministre,
puis le ministère, puis la RAMQ ne sait pas ça déjà, on a un problème.
M. Lacroix (Louis) : Mais ils
ne le savent pas. Je vous le confirme, qu'ils ne le savent pas.
M. Marissal : Bien, on a un
problème. Alors, qu'ils travaillent là-dessus puis qu'ils laissent faire les
factures imaginaires au monde, là.
M. Bellerose (Patrick) : ...en
matière d'éthique, qu'est-ce que vous pensez du fait que M. Fitzgibbon s'est
rendu sur une île privée pour aller à la chasse et surtout du fait qu'il refuse
de révéler avec qui il a été, quel montant ça représente et s'il a averti la Commissaire
à l'éthique de ses activités?
M. Marissal : C'est notre bon
vieux Fitzgibbon de retour. Effectivement, je peux vous confirmer qu'on est en
train d'écrire une lettre de plainte à la Commissaire à l'éthique, parce qu'il
y a matière, effectivement. Il a dépassé les délais normalement prescrits pour
déclarer ce genre de cadeau. On va s'entendre que c'est plus que 200 $, là,
je pense bien que c'est plus que 200 $, là, de un.
Ça fait que c'est M. Fitzgibbon qui,
encore une fois, a l'éthique assez slaque, M. Fitzgibbon qui n'a pas compris
qu'il n'est plus dans le monde des affaires, qu'il est un serviteur de l'État
maintenant et qu'il doit faire attention à ses gestes et aux apparences aussi
de ses gestes. Et vous avez lu, comme moi, la déclaration de son attachée de
presse, c'est assez baveux, merci. Donc, c'est parfaitement assumé. Je vous
dirais : C'est notre bon vieux Fitzgibbon qu'on connaît.
Combien de temps le premier ministre va
tolérer ça? Parce qu'il y a un bris éthique ici, là, il y a un bris éthique.
Alors, si lui n'est pas capable de déclarer ses affaires, on va être obligés de
faire ce qu'on a déjà fait, de toute façon, passer par la Commissaire à
l'éthique puis déposer une plainte.
M. Bellerose (Patrick) : Qu'est-ce
que ça envoie comme image, ça, d'aller à la chasse avec de riches amis, dont
certains, peut-être, reçoivent des subventions de l'État?
M. Marissal : Bien, ça
démontre, en tout cas, dans l'imaginaire, une proximité très, très, très grande
entre un ministre omnipotent, qui a entre les mains les leviers économiques,
notamment de subventions, et des gens d'affaires très, très, très influents.
Vous savez, cette île-là, pour connaître un petit peu ce coin-là des Cantons-de-l'Est,
là, ce n'est pas tout le monde qui peut aller là, hein? C'est assez sélect, là,
ça prend une invitation.
M. Lacroix (Louis) : Êtes-vous
déjà allé?
M. Marissal : Non, non. J'ai
passé à côté en bateau, une fois ou deux, mais, non, je ne suis jamais allé, je
n'ai jamais été invité à ce genre d'événement.
M. Denis (Maxime) : Sur
l'arrogance, tu sais, on disait, à la CAQ : Faites attention, 90 élus,
prochain mandat, l'arrogance va être un enjeu. La réponse de l'attaché, là,
c'est un peu ça, là.
M. Marissal : Oui, puis je ne
crois pas que l'attaché de M. Fitzgibbon a improvisé cette réponse, je pense
que ça vient directement de son patron. Franchement, je pense qu'on est même
l'autre bord de l'arrogance, là, c'est une arrogance assumée avec un front de
boeuf. Jusque-là, ça pourrait aller, mais le problème, c'est que c'est en bris
avec notre code d'éthique.
Journaliste : Un mot sur les
maisons des aînés, M. Marissal, quand on voit, justement, les besoins en
main-d'oeuvre qui seront nécessaires pour faire rouler ces nouvelles maisons
des aînés là, je pense que c'est à peu près 6 000,
un peu moins de 6 000 travailleurs
qu'on cherche d'ici 2025, est-ce qu'on va venir déshabiller les CHSLD, qui
souffrent déjà, pour faire fonctionner ce nouveau concept là?
M. Marissal : Clairement.
C'est très clair. On me le dit, d'ailleurs, partout où je passe, ce n'est pas
juste les CHSLD, des infirmières d'urgence aussi, ou sur les étages, qui en ont
marre de faire du TSO puis de travailler dans des conditions pitoyables, qui
vont, nécessairement, poser leur candidature pour ce genre de poste là. Mais
c'est vrai aussi pour le 8-1-1. En ce moment, il y a des vases communicants,
puis tout le monde se siphonne.
Le problème, c'est qu'en raison des mauvaises
conditions de travail on n'est pas capables de retenir, il n'y a aucune
rétention sur la première ligne puis aux urgences. C'est ça, c'est là qu'il est,
le problème, c'est que non seulement on a besoin de renfort, puis les gens
quittent, soit qu'ils sont malades, soit qu'ils sont en burn-out, soit qu'ils
s'écoeurent puis qu'ils vont faire autre chose. Puis là, en plus, bien, il y a
des postes plus attractifs, notamment, pas juste dans les maisons des aînés,
les fameuses cliniques privées, dont rêvent tant M. Legault et M. Dubé, puis
des hôpitaux privés.
Je le dis souvent, là, il n'y a qu'un
bassin de main-d'oeuvre en santé. Si c'est plus attractif ailleurs, on ne
blâmera pas les infirmières puis le personnel soignant d'aller là. Un hôpital
privé, là, quand... Ils viennent d'en ouvrir une, mégaclinique, à côté de chez
moi, là, dans Rosemont : sept salles d'opération flambant neuves à la fine
pointe de la technologie, des quarts de travail de jour puis des beaux cas, là,
pas des multitraumatisés, là, des beaux cas simples à faire. Bien, je les
comprends, les infirmières puis les inhalothérapeutes d'aller travailler là. Je
les comprends, mais, en ce moment, là, le problème, c'est aux urgences. Puis on
ne retient pas notre monde puis, en plus, on les écoeure avec des niaiseries,
là, toast au beurre de peanut, et autres.
Mme Plante (Caroline) : Justement,
donc, en lien avec ça, hier, André Fortin disait, en Chambre, là : Le
ministre dit une chose, puis il se passe le contraire dans son réseau. Et il a
dit qu'il faut attirer des gens dans le réseau, qu'on est désespérés, mais,
pendant ce temps-là, son réseau suspend du monde pour des pacotilles. Et puis
il allait jusqu'à demander, là, si le ministre avait perdu le contrôle de son
réseau, en évoquant aussi que Mme McCann avait perdu son emploi parce qu'elle
disait une chose, puis le contraire se passait. Êtes-vous d'accord avec cette
analyse-là? Puis est-ce que vous iriez à dire que M. Dubé a perdu le contrôle
de son réseau?
M. Marissal : Soit il a perdu
le contrôle de son réseau, soit qu'il s'est acheté une paire de lunettes roses,
parce que sa nouvelle approche, c'est : il faut être positif, il ne faut
pas parler de ce qui ne va pas bien, mais, si on n'en parle pas, on ne réglera
pas les problèmes. Puis M. Dubé vit dans son monde, hein? On le voit, là, avec
ses factures imaginaires, alors que, je le répète, le bateau coule. Il arrive
avec cette idée-là de factures, tout d'un coup, qui sort de nulle part.
M. Dubé a beaucoup de difficultés aussi à
prendre la responsabilité. Il est imputable de ce qui se passe. Alors, au lieu
d'être imputable de ce qui se passe, il dit : Bien, arrêtez donc de
critiquer puis parlez donc de ce qui va bien. C'est connu, quand on n'aime pas
le message, on tire sur le messager, là. Ça, c'est assez connu. Mais
effectivement M. Dubé n'a pas le contrôle complet de ce qui se passe dans le
réseau en ce moment.
Mme Plante (Caroline) : Vous dites
qu'il dit une chose, puis il se passe le contraire dans son réseau?
M. Marissal : Je l'avais dit,
la dernière session, puis c'est encore plus vrai maintenant. Il y a le monde
imaginaire de M. Dubé, là, qui dit que ça va bien, puis que les infirmières
reviennent, puis qu'on est en train de régler les problèmes, puis il y a le
monde réel où c'est le bordel le plus complet dans les urgences. Les gens
attendent des heures au 8-1-1. On me racontait, encore hier, là, les gens, là,
qui appellent le 8-1-1, qui attendent trois heures puis qui se font dire, à la
fin : Bien, va à l'urgence. Alors, j'en conviens que c'est difficile puis
que ça va supermal, dans le réseau de la santé, puis que c'est une accumulation
sur des années, des années, mais on ne rendra pas service en niant la réalité
puis en se mettant des lunettes roses. Et c'est ce que fait M. Dubé en ce
moment.
Mme Plante (Caroline) : Il y
avait des questions aussi, hier, sur la capacité de Mme Bélanger de traiter des
cas de maltraitance organisationnelle ou de maltraitance tout court des aînées.
Parce que, dans son propre CIUSSS, il y avait des cas puis il y avait des
hausses de plaintes. Est-ce que vous vous posez des questions par rapport à ça,
vous aussi?
M. Marissal : Bien, Mme
Bélanger vient d'arriver, là, je vais être bon joueur, on jugera l'arbre à ses
fruits puis la ministre à ses résultats. J'ai vu sa réaction hier, elle me
semblait assez irritée, très rapidement, là, sur son bilan comme gestionnaire
du réseau. Quant à sa performance de ministre, bien, je pense qu'on va la
regarder aller quelques mois, puis on verra. Ce que je reconnais, c'est qu'elle
aussi semble avoir du mal à prendre l'imputabilité qui est la sienne. Elle
était responsable de ça. Si on pose des questions sur le résultat de sa
gestion, bien, elle est imputable de ça, ça va de soi.
Mme Morin-Martel (Florence) : Sur
le sujet du bras de fer entre le ministre Jolin-Barrette et la juge en chef
Lucie Rondeau, est-ce que M. Jolin-Barrette doit accepter l'offre de
conciliation, là, de la bâtonnière du Québec, pour trouver un terrain
d'entente, justement, avec Lucie Rondeau?
M. Marissal : Bien, toute
forme de médiation, ou de dialogue, ou de conversation qui pourrait mener vers
une solution ou, en tout cas, à désamorcer cette situation serait bienvenue.
Alors, effectivement, je pense que ce serait une bonne chose que tous ces
gens-là s'assoient ensemble, rapidement, puis qu'ils trouvent des solutions
plutôt que de tirer la couverte de leur bord ou de faire de la politique avec
ça. Parce que vous avez vu, encore, qu'il y a eu 5 000 cas, récemment, qui ont été abandonnés.
La justice, comme la santé, d'ailleurs, est malade en ce moment au Québec. Ce
n'est pas bon pour une démocratie. Puis, si quelqu'un tend une branche
d'olivier et qu'elle est valable, je pense que c'est la responsabilité du
ministre de la saisir et puis d'ouvrir le dialogue pour qu'on soit capables de
régler ce problème-là.
M. Bellerose (Patrick) : Pour
revenir sur l'annonce d'hier, M. Caire a aussi dit qu'il n'était pas question
de vendre les données médicales des Québécois aux chercheurs privés, mais que, par
contre, il était convaincu que M. Fitzgibbon pourrait faire des deals avec les
pharmaceutiques qui viennent faire de la recherche privée, donc c'est une façon
de les attirer, autrement dit. Je sais que ça vous préoccupe, à Québec
solidaire, qu'est-ce que vous pensez de la déclaration?
M. Marissal : Bien,
rappelez-vous que, M. Fitzgibbon, c'était même pire que ça, et il ne parlait
pas de les vendre, il parlait de les donner. Souvenez-vous, là, je ne me
souviens plus de l'expression, si c'était «win-win» ou c'était «winner». On
reste extrêmement inquiets, préoccupés et sur nos gardes quand il s'agit de
manipuler des données aussi délicates et sensibles que nos données de santé.
Puis je rappellerai à M. Caire qu'il n'est pas ministre des Pharmaceutiques, il
est ministre de la Sécurité informatique, au gouvernement du Québec, c'est sa
première responsabilité de s'assurer de la probité de nos systèmes et de la
sécurité de nos données personnelles.
M. Bellerose (Patrick) : Dans
le fond, ce n'est pas «win-win» si on fait de la recherche qui fait
avancer la science et qu'on attire les compagnies qui amènent des bons salaires?
M. Marissal : Vous savez, les
pharmaceutiques, ce n'est pas des OBNL, hein, elles ne font pas ça par charité,
là. C'est sûr que, dans les données de la RAMQ, il y a une mine d'or, c'est le
terme que M. Fitzgibbon avait justement employé pour parler de ça. Mais les
pharmaceutiques, si elles ont l'oeil là-dessus, c'est parce qu'elles savent que
ça pourrait être hyperpayant. Je ne crois pas que les Québécois et les
Québécoises veulent que leurs données servent à ça, ce n'est pas pour ça qu'on
a la RAMQ.
M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : Mise
à jour économique, j'ai besoin d'un... là-dessus. Avec la hausse du taux
directeur d'hier, je comprends bien vos quatre points, mais qu'est-ce que ça
vient changer pour vous? Qu'est-ce que vous allez surveiller puis demander
après ce qu'on a vu hier?
M. Bouazzi : Ce qui passe,
c'est que la hausse du taux, je reprendrais les mots du prix Nobel Stiglitz :
C'est une saignée, là, ça fait mal, là. Et il y a un effet rebond, c'est-à-dire
que, par définition, le logement, le coût du logement va augmenter, ce qui est
une poussée inflationniste. On se retrouve dans une situation où le mal est
probablement plus grand que le bien qui vient de ces taux-là. Donc, on pense
que c'est important d'aider les gens qui en ont vraiment besoin. On a 200 000 personnes qui sont au
salaire minimum aujourd'hui, 800 000 qui ont moins de 18 $ de l'heure. Ce
que nous dit le gouvernement, là, c'est que, pour que l'économie fonctionne
bien, il faut absolument garder ces personnes-là sous le seuil du revenu
viable. Nous, on pense qu'une économie qui fonctionne bien ne garde pas des
gens, qui travaillent à temps plein, sous le seuil du revenu viable. Et c'est
pour ça qu'on fait cette proposition-là, on pense qu'elle est plus que
responsable, elle est très importante pour les gens qui souffrent aujourd'hui.
La même chose pour le transport en commun.
La STM nous parle de coupes de services. Il y a des choses qui touchent aux
conducteurs d'automobiles, actuellement, dans le gel des tarifs. Il n'y a rien
pour le transport en commun. Il n'y a rien. On est en 2022, il y a une crise
climatique, c'est les gens, en général les moins fortunés, qui prennent le
transport en commun. Il n'y a rien pour eux. Nous, on va être là pour ces
gens-là.
M. Denis (Maxime) : Un mot
sur Céline?
M. Marissal : Bien, c'est un
peu en dehors de mon champ d'expertise, là, pour le domaine artistique, mais,
regardez, on ne peut pas être insensibles à ça, là, Céline, c'est un monument
national. On lui souhaite, évidemment, la meilleure des chances. Je ne connais
pas la nature exacte de la maladie qu'on lui a diagnostiquée, mais je pense
qu'on peut, collectivement, souhaiter bon courage puis bonne chance, là-dedans,
en souhaitant la revoir et surtout l'entendre bientôt.
Mme Mignacca (Franca
G.) :Quickly, in
English, can you go over your priorities for the budget today?
M. Bouazzi : Yes, thank you. So, we have, actually, four priorities that we'd
like to see in the economic update today. We're talking about the raise of the
minimum wage, we're talking about an indexation, twice a year, for all the Government's «prestations», and a freeze of
all the governmental tariffs.
And finally the STM is actually in trouble, and we think it's very important
that there is a help for the STM so that we don't see a decrease in the public
transportation, in all the cities, but in Montréal specifically.
Mme Mignacca (Franca
G.) : We saw the inflation rate go up again
yesterday. What would you like to see in terms of… You mentioned you wanted to
see help for people, but what exactly would you like to see here?
M. Bouazzi : So, it's as if the Government, you know,
abandoned the Quebeckers in front of what the Bank of Canada decides. The Bank
of Canada has just one tool, and they're actually… everywhere. Technically, we
can't actually do more against the inflation and against the consequence of the
inflation. Against the inflation, as an example, a freeze of the raise of the
services, the price of the services of the state, has two positive things.
First, it gives some oxygen to the families and, second, it actually fights
inflation, because, by definition, it's actually taken in account in
calculation of the inflation.
We actually have also
people that are working fulltime at minimum wage. They're not even able to
actually pay their rent, they have to choose between buying vegetables and
paying rent, this is absolutely not normal in economic decisions that we're
seeing right now. So, sadly, we didn't take our responsibility so far to fight
inflation. We just, you know,
decided that the Bank of Canada can do everything with this unique tool, it has
very bad consequences for the people that, you know, have bought houses lately, for the immigrants, for the young
families, etc. It's important that the Government does something, you know, pinpoint the help where it really means something, not as we're
seeing, you know, with all the
checks. As you probably know, as elected people, actually, some of us received
the 400$. We don't think it's the good way of pinpointing the help. We're very
happy that people that need it receive it. It's important now to help the
people that really needs it.
M. Spector (Dan) : Mr. Marissal, a word on why you're upset about Mr. Dubé sharing the
cost of medical interventions with patients?
M. Marissal : Well, I'm just wondering where that comes from and why. At this
point, at this moment, we are going through a major crisis in the health
sector, especially in ER, and Mr. Dubé comes out with this new idea. And, as I
understand it, it's not for this mandate, maybe the next one. I mean, it's a
matter of priorities. I just don't understand why Mr. Dubé is dreaming about
bills, that we will send to people, at this time. And frankly I'm just
wondering also what is the idea behind this new idea from Mr. Dubé. Is it
contemplating the idea of coming back with «ticket modérateur», just to make
people feel ashamed that they cost so much to the state? I don't see where he's
going with this, but I can clearly see all the crisis that we're going through
right now in the public sector, and I think he should focus on that right now.
Merci.
(Fin à 8 h 26)