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Point de presse de M. Gilles Robert, porte-parole de l'opposition officielle en matière formation professionnelle et d'éducation des adultes, et de Mme Véronique Hivon, porte-parole de l'opposition officielle en matière de Justice

Version finale

Wednesday, March 21, 2012, 9 h 36

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-six minutes)

M. Robert: Oui. Alors, bonjour. Merci pour votre présence. Je voudrais simplement remettre la démarche de la pétition dans son contexte. Alors, j'ai rencontré Mme Gaston en avril l'an dernier, à mon bureau de circonscription, Mme Gaston qui voulait nous parler un peu, là, du sort des victimes, là... des parents des victimes d'actes criminels, et on s'est entendus sur le contenu d'une pétition. Donc, vous comprendrez que, par la suite, le procès a commencé, vous l'avez tous suivi, et ça a fait en sorte que, ce projet de pétition là, on l'a mis sur la glace. Et Mme Gaston est revenue à la charge en janvier dernier, et on l'a mis en ligne assez rapidement. Et vous savez que cette pétition-là a atteint, là, près de 32 000 signataires, ce qui est assez rare, et ça a touché le Québec. Et, dans cette pétition-là, il y a du gros bon sens, alors ça m'a fait plaisir de la parrainer. Et ce matin, Mme Gaston va s'adresser à vous, là, pour faire le point sur le fait qu'aujourd'hui on va la déposer officiellement à l'Assemblée nationale. Alors, merci.

Mme Gaston (Isabelle): Aujourd'hui, je suis témoin que les politiciens sont solidaires à la situation des parents qui se font tuer leur enfant et ils ont de la compassion pour nous. Pour une fois depuis longtemps, je trouve que le soleil brille un peu plus fort. Perdre son enfant d'un meurtre, c'est une atrocité qu'aucun parent ne devrait subir. Sans le vouloir, nos enfants partent avec une partie de nous. Alors que notre monde s'arrête, la vie et ses obligations, elles, continuent. Un matin où j'allais probablement mieux parce que j'ai eu de l'énergie pour m'offusquer du sort réservé aux gens comme moi, je me suis dit que je ne peux pas croire qu'on accepte la situation telle qu'elle est. J'ai choisi d'être debout et d'avancer pour que demain soit plus facile pour les autres. Plusieurs ont montré la voie: Boisvenu, Carreta, Surprenant, Bolduc, les fondateurs de l'AFPAD, mais également bien d'autres familles qui sont dans l'ombre mais tout aussi présentes.
La pétition a pris vie grâce à mon député, Gilles Robert, aidé de M. Lalande, Mme Véronique Hivon et le Parti québécois avec leur chef, Mme Marois. M. Robert et son équipe ont été d'une efficacité et d'un respect complets à mon égard. Ils ont accepté de fonctionner à mon rythme, en ne faisant pas de cette cause un enjeu politique. Pour cela, je les remercie. Seule, je n'y serais jamais parvenue. Alors, aujourd'hui, au plus profond de mon coeur, je tiens à dire 31 897 fois merci. L'avancement du sort des victimes n'est jamais l'affaire d'une seule personne. C'est tous ensemble que nous pouvons changer les choses. Merci aux journalistes, animateurs et tous ceux que je ne nomme pas ou que j'oublie mais qui croient en cette cause.
Aujourd'hui, je pense que nous pouvons parler d'avancement et même de victoire car c'est avec joie, hier, vers 4 h 30, que Mme Hélène Ménard, la directrice de cabinet du ministre de la Justice Jean-Marc Fournier, m'annonçait l'intention de ce dernier de donner suite à plusieurs demandes de ma pétition. Je le remercie et reconnais les efforts déployés et le souci d'être efficaces pour en arriver à ces solutions. La loi doit être votée et les montants précisés, mais ce qu'on m'a annoncé hier, c'est qu'on allait augmenter substantiellement le montant des indemnités aux parents qui perdent leur enfant mineur, qu'on allait augmenter les montants consentis aux frais funéraires, qu'on allait rembourser les frais de nettoyage de la scène de crime, qu'on allait augmenter le nombre de séances de psychothérapies avec un prix concurrentiel au marché actuel.
Finalement, comme les programmes de type assurance-emploi ne sont pas un programme provincial, je comprends que le ministre ne peut s'engager à cet effet pour supporter les parents quelques semaines au début de leur deuil. Il s'est montré disponible pour discuter avec son homologue fédéral. À cet égard, je sais que le sénateur Boisvenu, la ministre du Travail Lisa Raitt et le ministre des Ressources humaines Diane... et la ministre Diane Finley travaillent très fort depuis plusieurs mois sur un projet qui devrait, espérons-le, voir le jour sous peu.
Alors, c'est... En terminant, je suis très satisfaite de ces mesures et je suis très heureuse de voir avancer les conditions des victimes. Au bout du compte, je sais que la société sera gagnante car un parent en santé est un parent qui redonnera en étant plus productif. Merci encore à tous ceux qui font que demain sera un monde plus doux pour ceux qui ont le malheur d'être confrontés à ce qu'il y a de plus horrible. Merci.

Mme Hivon: Bien, moi, je veux simplement dire que je suis très fière aujourd'hui d'être à côté d'une femme de grand courage, une femme qui a décidé de transformer son drame inqualifiable, sa peine en actions très concrètes pour aider d'autres victimes. Pour nous, c'était important de soutenir la démarche de Mme Gaston et celle qui a été appuyée donc par près de 32 000 personnes. Essentiellement, ce sont, vous l'avez vu, des demandes très simples, très concrètes, raisonnables. Et on est très heureux de constater qu'hier on a vu, dans le plan budgétaire, apparaître un montant, un petit montant de 500 000 $, pour donner suite aux demandes de la pétition de Mme Gaston. Évidemment, on va voir le détail, le concret de ça dans le projet de loi qui va venir. Nous, ce qu'on veut dire aussi, c'est qu'il faut que le gouvernement saisisse cette opportunité-là, ce débat que Mme Gaston a fait lever avec beaucoup de courage, pour se pencher sur toute la place et les droits des victimes dans le système de justice québécois.
Vous savez qu'il y a un rapport sur l'indemnisation des victimes d'actes criminels qui existe depuis quatre ans, qui n'a pas connu de suites, qui n'a pas connu même de débats avec les groupes des victimes d'actes criminels. Il y a aussi une table de concertation qui existait entre la justice et les groupes de victimes, mais qui est inactive depuis deux ans. Pourtant, ce serait vraiment formidable pour être sûrs qu'il y a un échange constant, qu'il y a une fluidité dans l'échange entre les victimes et le ministère de la Justice. Puis finalement, on sait aussi qu'il y a un 36 millions de surplus dans le Fonds d'aide aux victimes d'actes criminels, alors que les victimes et les groupes qui les représentent ont des besoins criants.
Donc, aujourd'hui, je pense qu'il faut dire bravo, il faut dire bravo à Mme Gaston. Il faut dire bravo à tous les citoyens qui ont pris le temps de signer la pétition. Il faut leur dire que chaque petit geste peut faire une énorme différence. Et leurs gestes, et leur courage, et le courage de Mme Gaston vont faire une différence très, très concrète pour beaucoup de victimes au Québec, et donc, en soi, c'est une victoire extraordinaire. Et espérons maintenant que ça va être un tremplin pour une plus grande place et un débat plus fondamental sur les victimes au Québec.

Le Modérateur: On prend vos questions. D'abord, en français.

M. Nadeau (Rémi): Mme Gaston, vous dites donc que les politiciens ont fait preuve de compassion, sauf qu'il a fallu justement que survienne malheureusement la tragédie qui vous a affectée et que vous ayez, comme vous l'avez si bien mentionné, suffisamment de courage pour, malgré l'épreuve, en plus, aller faire des revendications, intervenir sur la place publique. Ça a dû être difficile, et, pendant ce temps-là, le gouvernement avait un rapport, comme Mme Hivon l'a dit, en mains depuis des années et ne faisait rien. Est-ce que ce n'est pas dommage? Est-ce que ce n'est pas tragique, dans le fond, qu'il ait fallu attendre ce genre d'événement-là et une intervention comme la vôtre pour faire bouger les choses?

Mme Gaston (Isabelle): Oui, c'est dommage parce qu'en fait si on prend les gens qui sont passés là avant moi, d'où mon point où j'ai ressenti une frustration, c'est que, je pense... alors qu'on devrait, les gens comme moi, pouvoir être en boule, puis pouvoir se concentrer à guérir, puis que les gens qui sont en place pour faire avancer les choses devraient le faire, là, finalement. Mais je comprends aussi qu'une victime, c'est souvent dans l'ombre, ça n'a pas une voix très grande. Donc, je... On dirait qu'il faut déranger, des fois, pour faire avancer les choses. Mais je pense que de mettre... quand on regarde les victimes sur papier, on les voit comme un chiffre comme parmi tant d'autres, alors que peut-être que, comme d'autres, là, j'ai mis un visage humain sur les demandes qui, sur papier, ça n'a pas d'émotion. Donc, je ne peux pas m'expliquer pourquoi il aura fallu que je me batte, là, puis que d'autres avant moi le fassent, puis que ça n'a pas eu écho. Mais qu'est-ce que vous voulez, c'est... Des fois, il y a des choses qui sont évidentes, pour nous en tout cas, en tout cas pour moi.
Donc, aujourd'hui, je savoure juste cette victoire-là en me disant qu'on ne regardera pas en arrière, on va regarder en avant. J'espère que les... parce qu'ils n'ont pas annoncé les montants. J'espère que je ne serai pas encore déçue, là, dans le sens que j'espère que ce n'est pas juste pour acheter la paix ou parce qu'on est... le dépôt du budget a été fait hier et des choses comme ça. J'espère que sincèrement il y a une sincérité en arrière ces offres-là. C'est ce qu'on va voir, là, dans les semaines à venir.

M. Plouffe (Robert): Alors, deux questions, si vous me permettez. Allez-vous être avec M. Fournier tout à l'heure à son point de presse pour justement...

Mme Gaston (Isabelle): Je ne penserais pas, là.

M. Plouffe (Robert): Non?

Mme Gaston (Isabelle): Je ne pense pas que... Bien, je...

M. Plouffe (Robert): S'il vous demande d'être présente?

Mme Gaston (Isabelle): Bien, en fait, si ça a sa pertinence, je dirai oui. Tu sais, puis ce n'est pas parce qu'on chicane notre enfant une journée que le lendemain on ne peut pas le féliciter. Donc, moi, je n'ai pas d'allégeance politique. C'est ma plus grande force, je pense. Je suis très bien comme docteure, donc je n'aspire pas...

M. Plouffe (Robert): Dans votre bataille, vous avez effectivement touché la population. Vous avez dit que les parents n'étaient pas considérés comme des victimes ou des proches. Est-ce que le statut, justement, du parent va changer sur le plan de...

Mme Gaston (Isabelle): C'est le point qu'ils n'ont pas voulu s'engager. On m'a dit que ça coûterait trop cher. Lorsque j'ai demandé les montants, on n'a pas été en mesure de me dire... on était encore en train de calculer.
Donc, je pense que c'est un concept très philosophique, j'en conviens. Les gens, dans la société, ne s'entendent pas tous sur ce qu'est une victime, mais je pense que, si on appelle un victime quelqu'un qui perd sa maison, qu'on appelle quelqu'un une victime... quelqu'un qui se fait flouer financièrement, je pense que, dans ma tête à moi, perdre son enfant, pour un parent, c'est d'être atteint à jamais dans son intégrité.
Ceci étant dit, on ne permet pas aux parents de vivre un deuil normal, là, on est lancés devant les tribunaux. Puis, si on regarde Boisvenu, Caretta, Surprenant, toutes nos démarches sont aussi pour la société, là. Donc, je ne sais pas. J'aimerais savoir, avant d'abdiquer sur ce point-là, quels sont les coûts, parce que c'est une reconnaissance morale, mais si, au bout du compte, on est compensés, aidés puis que c'est les mêmes résultats mais qu'on n'a pas le titre de victime, je peux vivre avec ça parce que j'ai quand même une reconnaissance sociale, là, de mes pairs, donc...

M. Boivin (Simon): 500 000 $ par année de plus, est-ce que ça vous apparaît quelque chose de suffisant? Et je me demande, par 6 millions de surplus accumulés, comment c'est possible, ça? Est-ce que les critères sont très sévères pour octroyer les sommes?

Mme Gaston (Isabelle): En fait, ce qu'on m'a dit, c'est qu'on manquait d'informations face aux services offerts. Mais vous avez devant vous quelqu'un qui, je veux dire, est dans le système, là, puis je pense que, oui, c'est un point intéressant dans le sens que c'est difficile, les rapports à remplir. C'est tellement d'étapes qu'on se décourage. En tout cas, moi, dans mon cas, je me suis découragée, là.
Donc, pourquoi il y a autant d'argent qui reste dans le fonds, je me le demande. 500 000 $, ça ne m'apparaît pas beaucoup. C'est certain que les drames comme les miens ne sont pas fréquents, donc je vais attendre de voir exactement c'est quoi les montants avant de m'offusquer parce qu'on m'a dit «substantiellement». Donc, moi, «substantiellement», j'ai une définition dans ma tête, là. Donc, vous savez, on utilise beaucoup les chiffres, là, pour dire qu'au Québec on aide beaucoup les victimes, mais on met ça tout dans le même bateau, comprenez-vous, tout dans la même enveloppe. Donc, c'est vrai qu'on aide beaucoup les victimes, mais, si on compare avec les victimes de meurtre, l'aide, comparée à l'Ontario, on est en retard, là, beaucoup.

M. Hébert (Michel): Vous avez dit un... vous avez donné un détail tantôt, ça m'a frappé, vous avez dit que vous réclamez des fonds, une compensation pour le nettoyage des scènes de crime. Pouvez-vous me dire comment ça se passe actuellement? Et qu'est-ce que... comment, vous, vous avez dû assumer ces frais-là? Est-ce que c'est... Est-ce que je comprends ça?

Mme Gaston (Isabelle): Non, en fait, eux, ils ont... ce n'était pas... ça ne faisait pas partie de mes demandes, mais ils m'ont dit que ça serait une des demandes qui... dans le sens que c'est quelque chose qu'ils mettraient de l'avant. Donc, moi, ce n'était pas dans mes demandes. Moi, dans mon cas, ça ne s'est pas passé dans ma maison, donc je ne peux pas vous parler, là, par rapport à ça. Mais je pense que, s'ils l'ont mentionné, alors, à ce moment-là, ça devait que ce n'était pas la norme, là.

M. Hébert (Michel): Donc, est-ce que je comprends qu'une victime comme vous ou n'importe quelle autre, si ça se passait chez elle, c'est elle qui doit appeler le nettoyeur ou les experts en la matière et payer le nettoyage de la scène. C'est ça?

Mme Gaston (Isabelle): Bien, écoutez, c'est... j'ai...

Mme Hivon: Oui.

M. Hébert (Michel): C'est ça?

Mme Hivon: Je peux le confirmer. Effectivement, c'est qu'il n'y a pas de dédommagement de prévu pour le nettoyage de la scène à ce jour. Donc, ce n'est pas pour rien qu'ils arrivent avec ça, c'est parce que ce n'était pas une revendication de Mme Gaston mais c'est une revendication des groupes de victimes. En ce moment, souvent, ça fonctionne avec de l'aide, par exemple de l'Association des personnes disparues ou assassinées qui va fournir des petits montants pour aider la famille.
Puis peut-être juste sur le 36 millions de surplus, ça, c'est dans le Fonds d'aide aux victimes d'actes criminels qui est différent du fonds d'indemnisation, juste pour... Et ça, c'est le soutien aux groupes qui aident les victimes, par exemple dans le système de justice, qui aident pour les droits des victimes, mais qui ont aussi d'énormes besoins, donc ça va tout un peu ensemble. Et c'est sûr qu'on n'arrive pas à avoir des réponses sur comment expliquer un 36 millions de surplus là, alors qu'il y a des besoins importants.

Mme Thibeault (Josée): Quand vous dites, Mme Gaston, que vous vous êtes découragée, c'est sur quel point que vous vous êtes découragée de remplir tous les formulaires...

Mme Gaston (Isabelle): En fait, c'est que les définitions, tu sais, sont... Exemple, juste pour «victime», je veux dire, on n'a pas la même conception, si on veut, quand on est dans le drame que ceux qui sont fonctionnaires puis qui administrent le régime, si on veut, là. Donc, moi, il a fallu... Tu sais, il faut comprendre que quand tes enfants, ils meurent, juste de te laver le matin, ça devient un exploit, je veux dire. Donc, de remplir cette grille-là, tu sais, cette feuille-là, qui est compliquée... Moi, je me suis rendue à Montréal, donc il a fallu que je prenne un rendez-vous. Ensuite de ça, on l'envoie, on attend, puis, quand on reçoit, on n'a pas tout... ce n'est pas comme si on avait une carte puis qu'on a les services, là. Il faut après demander au psychologue de savoir s'il est inscrit sur la liste, disons, des psychologues autorisés, puis, ensuite de ça, lui, il fait cette demande-là, il doit recevoir un... tu sais. Comprenez-vous?

Ça fait qu'il y a beaucoup de temps qui se passe. Moi, ça a été rapide, et mes enfants sont décédés le 20 février, puis j'ai reçu la réponse aux alentours du 27 avril. Donc, vous pouvez imaginer que pour ceux que c'est... les autres, ce n'est peut-être pas aussi rapide que ça, là. Puis pour terminer, ce que je dirais, c'est que c'est un peu comme si on est dans le siège de quelqu'un qui quémande à son psychologue de tout faire ces démarches-là, alors qu'on aurait juste besoin de se concentrer sur le crime. Donc, c'est ça.

Mme Thibeault (Josée): Vous avez dit tout à l'heure que vous vouliez, d'une certaine façon, en tout cas, si ça répond à vos attentes, savourer la victoire de la pétition et de la mobilisation que vous avez réussi à susciter. Mais est-ce que, pour vous, c'est la fin d'une étape quelque part? Est-ce que vous estimez avoir complété une espèce de cycle?

Mme Gaston (Isabelle): Je me suis posée cette question-là parce que... pour cette bataille-là, oui. Il y en a une autre qui est dans le fond de ma tête, que je ne peux pas avancer présentement. Mais il me reste une bataille pour faire avancer les choses dans la société, puis dans les mois...

M. Plouffe (Robert): Vous ne pouvez pas nous en parler?

Mme Gaston (Isabelle): Non, parce que ça implique trop de choses, mais...

M. Plouffe (Robert): Ça a rapport avec l'auteur du...

Mme Gaston (Isabelle): Non, pas du tout. Pas du tout. Mais c'est ça, ça a ouvert une autre porte, puis soyez assurés que je vous en parlerai au moment opportun.

La Modératrice: On va prendre une dernière question en français et ensuite deux, trois questions en anglais.

M. Boivin (Simon): Concrètement, là, pour qu'on sache ce à quoi quelqu'un peut avoir droit, est-ce qu'on peut savoir, vous, vous avez eu droit à combien pour le drame?

Mme Gaston (Isabelle): Oui. En fait, les choses que j'ai eu le droit, c'est un montant... des fois, je les inverse, là, mais bref, pour les frais funéraires, je pense que c'est 3 200 $ et pour la compensation pour notre revenu, là, 2 000 $. Donc, j'ai calculé, au salaire minimum, avec un 40 heures semaine, si je ne me trompe pas, ça donnait... bien là, je n'ai pas ma calculatrice, ça fait longtemps que je l'ai calculé, mais il me semble que c'est quelque chose comme deux, trois semaines ou un mois... ou trois semaines, là, je me... Il faudrait prendre le 2 000 $, divisé par le salaire minimum, divisé par le nombre d'heures, là. Vous pourrez avoir le chiffre, mais c'était vraiment minimaliste.

M. Nadeau (Rémi): Et vous dites que, dans le fond, vous avez hâte de voir à quoi ça va correspondre, les montants. Qu'est-ce qui serait raisonnable, d'après vous? C'est difficile de mettre un chiffre sur la... Évidemment, un enfant n'a pas de valeur, là, sauf que le... Qu'est-ce qui serait raisonnable, d'après vous, comme compensation financière pour chaque enfant perdu dans un drame comme celui-là?

Mme Gaston (Isabelle):

Je pense, comme les dommages estimés sont à court et à long termes, je pense que, si on égalisait ce qui se fait en Ontario, en termes de compensation pour les enfants qui décèdent de meurtre, qui est de 50 000 $ par enfant, serait, somme toute, un montant que je considérerais... Quand on parle d'argent avec les enfants, c'est très particulier parce que ça ne va pas ensemble. Mais, par contre, quand on est dans la vie de tous les jours, malheureusement, l'argent, c'est ça qui fait qu'on en a de besoin pour payer notre loyer puis pour pouvoir, tu sais, manger. Donc, je pense que ça rejoint... C'est ça. Je pense que ça serait...

M. Plouffe (Robert): ...le régime d'indemnisation pour les victimes de la route, pour, bon...

Mme Gaston (Isabelle): Oui, puis, je veux dire, on a vu les inondations, tout ça. Moi, je ne suis pas quelqu'un qui va dire: Parce qu'un groupe a quelque chose, il faut lui enlever et tout ça. Je suis consciente qu'il y a des limites financières, mais ce que je dis, c'est que regardons un peu dans nos finances si on ne peut pas les assainir puis pas injecter de la nouvelle argent, mais juste de faire du ménage dans nos...
Regardez juste les primes de départ pour les gens qui quittent avant la fin de leur mandat puis le coût des élections que ça coûte pour les remplacer. Si on va sur la ligne des contribuables du Québec, je pense qu'ils sont arrivés à un montant de 5,2 millions. Je veux dire, tu sais, il y a des chiffres comme ça, les redevances sur notre eau qu'on, tu sais, qu'on siphonne dans nos sous-sols puis qu'on nous revend avec des profits de millions, c'est juste ça. Moi, je vais être prête à faire des concessions, je vais être prête à arrêter de chialer à partir du moment où est-ce que je pense que, nos ressources, elles vont être exploitées de manière... avec une conscience.

La Modératrice: Une question en anglais.

Mme Montgomery (Angelica): Mme Gaston, you, yourself, have said that with your salary, you were able to afford to cover these costs.

Mme Gaston (Isabelle): Yes.

Mme Montgomery (Angelica): So, do you feel that it is fair to be asking for more money from the State as compensation?

Mme Gaston (Isabelle): What I'm saying is that people always address me this question, but what I'm saying is that it's a philosophic debate to say who is the fault of the person that murdered your child, you know. What I'm saying is that I don't believe that it should be all the same person that assumes the terrible tragedy that she goes through, OK, because it's not just life that made that happen. It's other human beings that took action stealing the life of others. So, what I'm saying is it's a philosophic vision of the situation.
We could debate for hours on that, but I think: How can you give to the criminals? How can you say to the family of the criminal that they are not in charge of nothing, and the person that has the burden - I don't know what is the right word - but has the bad luck, you know, and the tragic situation of losing his child, to assume everything? So, as a doctor, I am «autonome» worker and I had a small - how do you say «insurance invalidité» - so, I relive what is it to have a small salary, OK. So, what I say is that people that don't have insurance, people that are not covered, like the nurses or some groups, they are left with almost nothing.
So, I don't know for you, but if you wouldn't work for three or four months in the first year of the dying of your children and if you would be at the court for almost three months and another, you know, time, I don't know if there's a lot of Quebeckers that can manage to have all those months without a salary. People should put money aside, but, you know, in those kinds of crimes, the insurance don't pay because it's a criminal act.

Mme Montgomery (Angelica): Mme Hivon, what are the finances right now for this fund for victims' compensation? Can it afford this extra money?

Mme Hivon: Well, you know, I think what Mme Gaston's petition has at its core merit is really concrete, precise requests that touch the everyday life of people who suffer such a tragic loss, first of all, and this doesn't cost much. You know, it's many, many millions which are in the fund for the indemnization of the victims, OK. So, there's this fund, and what you have to know is that it's been four years now that a report specifically on this system has been tabled to the Government, with very precise issues and recommendations like the ones that Mrs. Gaston is putting forward, like other things.
We were talking about, you know, all the burden of filing the paper, well, they're saying there should be three years instead of just one year for the victim to write down and to request the aid, there should be three years. So, the prescription... because now it's one year, and then you are done if you haven't filed the paperwork. And some victims, you know, they cannot find the strength to do that. So, it's really little things, but that can make such a difference, and that's why we are asking for a larger debate starting with the demands of Mrs. Gaston.

Mme Gaston (Isabelle): And I will add this thing, it's that sometimes we invest, you know, like we invest in something and we don't realize that, at the end, probably the parent that is going to give back to the society because, you know, when you are stressed at a point that you don't see any issue, when you have a financial addition of another stress, it can be the line between saying no to life and continuing or, you know... So, I think that sometime we see the amount of what we invest, but we don't see at the end all the positive things that it will do. And I think if a doctor has trouble filing in the chart, if a doctor has a problem, you know, financially, I think I can say with certitude that a lot of people will have problem.

Mme Plante (Caroline): Well, how difficult was it for you to bring this fight forward on the public scene, to do this kind of public battle?

Mme Gaston (Isabelle): It was very difficult, but I was so frustrated, I think, I don't know if I put all my «colère» - I don't know - anger, and saying this doesn't make sense, and I say: I cannot believe that it's like that for many years, I mean. So, for me, it doesn't show because I'm a lot in the media recently, but I think that the stress that I go through, if it can help other people not living what I went through, that's the - how do you say - the balance of the «calcul», là, that I did. So, it was... It's very difficult. I don't feel at ease in all this situation. I will go back in the darkness very soon, I hope, but I think, at the end...

Mme Plante (Caroline): $500,000 more per year, is that enough for you?

Mme Gaston (Isabelle): Oui, bien... We will have to see. It doesn't look a lot. I think that Mme Hivon really pointed out the thing that they will be... Now, what is fun in this debate is that all the politics are going in one way. We have the Parti québécois that started it, that is going to look at it. We have the Parti libéral that told me that they would invest, and we have Ottawa that is going to do a part. So, I think, finally the victim doesn't have a political smell, you know. We are going to go in one direction, so...

(Fin à 10 h 04)

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