(Onze heures trente-quatre minutes)
M. Bérubé : Bonjour, tout le
monde. Ce matin, le Parti québécois a déposé une motion ne réclamant rien de
moins que la fermeture du chemin Roxham. C'est réclamé par 68 % des
Québécois dans un dernier sondage. C'est la position qui s'impose pour bien
accueillir les gens, pour avoir un contrôle de notre immigration, un contrôle
de nos frontières.
Or, nous apprenons ce matin qu'après avoir
réclamé la fermeture du chemin Roxham, et là je parle du premier ministre du
Québec qui a réclamé ça, bien, la nouvelle position du gouvernement, c'est
celle de la ministre de l'Immigration, qui ne réclame pas qu'on ferme le chemin
Roxham et qui, pire, maintenant adopte exactement la même position que Justin
Trudeau pour justifier la non-fermeture du chemin Roxham.
Alors, le premier ministre contredit sa
ministre. La ministre contredit le premier ministre. La confusion est totale,
sauf pour le Parti québécois qui assume clairement sa position : nous
réclamons la fermeture du chemin Roxham. C'est possible de le faire, ça a été
fait par le gouvernement fédéral en temps de pandémie. Il peut le faire à
nouveau. On se souvient que le Nouveau-Brunswick, par exemple, a interdit aux
Québécois de se rendre sur son territoire lors de la pandémie aussi.
Alors, nous demandons au gouvernement Trudeau
de fermer le chemin Roxham pour des raisons humanitaires, pour des raisons
évidentes. Le Québec n'a jamais accepté 40 000 immigrants par année
et maintenant 20 millions supplémentaires de déboursés d'aide sociale par
mois. Et manifestement nous prenons acte aujourd'hui de la nouvelle position du
gouvernement du Québec, qui est celle de ne pas réclamer la fermeture du chemin
Roxham.
Et je regrette l'opération de relations
publiques de la semaine dernière, où la ministre s'est promenée partout, se
faisant photographier avec chacun des journalistes qui l'a rencontrée, en
disant que c'était la nouvelle politique. Finalement, il n'en est rien. La
politique de la CAQ sur le chemin Roxham, et un observateur aguerri, qui est
Romain Schué de Radio-Canada, l'a bien indiqué, est maintenant exactement la
position de Justin Trudeau. Alors, pour tous les Québécois qui pensent, et ils
sont nombreux, qu'on devrait fermer le chemin Roxham, on a eu la démonstration
ce matin que seul le Parti québécois fait la promotion de cette position. Je
vous remercie.
Journaliste : Comment
proposez-vous de fermer le chemin Roxham?
M. Bérubé : On envoie une
motion à M. Trudeau, un message fort, M. Trudeau la reçoit, ferme le
chemin, comme il l'a déjà fait d'ailleurs.
Journaliste : Bien, M. Legault
a dit ça ce matin, a dit : On demande à M. Trudeau, c'est une
question fédérale, on demande à M. Trudeau de le faire, mais c'est à eux
de le faire.
M. Bérubé : Bien, je veux
dire, non. Il y avait une motion qui demandait la fermeture. M. Legault
s'est rallié à sa ministre qui ne veut plus qu'on ferme le chemin Roxham.
C'était écrit, la ministre vous l'a dit en point de presse, elle ne demande pas
la fermeture du chemin Roxham. Donc, toute l'opération de la semaine dernière :
poudre aux yeux. C'est exactement, et là presque mot pour mot, la position de
justification de Justin Trudeau pour ne pas fermer le chemin Roxham. C'est
maintenant la ministre Fréchette qui l'a. Donc, si c'est ça la nouvelle méthode
à l'immigration, bien, on en prend acte. Je rappelle le dernier sondage
national là-dessus, 68 % des Québécois, à juste raison, demandent sa
fermeture. Nous en sommes. Et je comprends que la CAQ, le Parti libéral, ce qui
est moins une surprise, et Québec solidaire ont décidé qu'il ne fallait pas
demander une telle chose. Les positions sont maintenant claires.
Journaliste : Mais qu'est-ce
que vous faites avec l'argument de Mme Fréchette ce matin de : si on
ferme ce chemin-là, il y en aura d'autres, les gens passeront par d'autres
chemins? Qu'est-ce que le PQ propose?
M. Bérubé : Mais qu'est-ce
qu'elle en sait, elle? Elle défend les intérêts canadiens ou québécois? Je veux
dire, ce n'est pas à une contradiction près, là. En tout respect, Mme Fréchette
avait quitté le Parti québécois à cause de la charte des valeurs de Bernard
Drainville pour se retrouver dans le parti de Bernard Drainville qui a fait
adopter la loi n° 21. Ce n'est pas la première contradiction. Alors,
l'opération de la semaine dernière, moi, je le savais très bien, qu'il allait y
avoir un moment de vérité. Et je prends à témoin Romain Schué, votre collègue,
qui suit ça avec beaucoup d'attention. Il arrive à la même conclusion que moi,
Christine Fréchette est maintenant porteuse de la nouvelle position de la CAQ
en matière de gestion du chemin Roxham. Ce n'est plus la position du premier
ministre, que d'ailleurs je suis allé voir en début de période des questions
pour lui rappeler ses paroles, maintenant, c'est la position de la ministre
Fréchette. Donc, la nouvelle position, c'est de ne pas toucher à ça. Je m'en
désole. Vous, est-ce que vous vous en désolez, monsieur?
Journaliste
: J'ai
manqué le début, là.
M. Bérubé : Bon, résumé des
épisodes précédents. Je le refais pour tous ceux qui viennent de se joindre à
nous à la télévision. On a déposé une motion ce matin demandant la fermeture du
chemin Roxham. On pensait avoir l'appui de la CAQ. Le premier ministre a dit ça
clairement l'an dernier. Bien, coup de théâtre, ce n'est plus la position de la
CAQ, c'est la position de la ministre de l'Immigration qui ne demande pas la
fermeture, qui refuse la motion de fermeture. Et, selon, je prendre quelqu'un
d'éminemment crédible, tout comme l'ensemble de la presse parlementaire, Romain
Schué, spécialiste en ces questions, de Radio-Canada, qui dit que c'est
exactement, mot pour mot, la position de Justin Trudeau, qui justifie qu'on ne
peut pas fermer le chemin Roxham, il va en ouvrir ailleurs.
Alors, je demande de puiser dans cette
fameuse réserve de courage, là, qui semble être à la disposition du premier
ministre pour prendre une décision au nom du contrôle humaniste de l'arrivée
des demandeurs d'asile, de bien en prendre soin. Mais on ne peut plus permettre
aux gens de passer dans le bois, 40 000 par année, je veux dire, c'est
l'évidence même. Donc, on prend acte de la nouvelle position qui est celle
de : on ne demande de plus la fermeture du chemin Roxham. Alors, tous ceux
qui ont accordé des entrevues à Mme Fréchette la dernière fois ont tous
dit : Ça l'air d'une femme décidée. Bien, elle a décidé qu'il y avait une
nouvelle position puis c'était la sienne. Je m'en désole.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Christine
Fréchette, justement, dans le corridor, voilà deux secondes, là, c'est pour ça
que je suis en retard, était incapable de dire comment on fermerait le chemin
Roxham, comme vous ce matin vous avez été incapable de dire comment.
M. Bérubé : Oui, je suis
capable de vous le dire.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Comment?
M. Bérubé : Bien, d'abord, le
gouvernement fédéral peut le faire. Il l'a fait pendant plus d'un an quand même,
il l'a fait pendant la pandémie. Donc, il peut le refaire à nouveau. Il n'y a
rien qui l'empêche de gérer sa...
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais
le Québec, lui, là? On est au Québec ici.
M. Bérubé : Non, non, mais je
commence par le gouvernement fédéral. Si les partis avaient demandé, comme
nous, la fermeture du chemin Roxham, déjà, on envoyait un message fort. Donc,
la CAQ ne demande pas la fermeture, Québec solidaire non plus. Québec
solidaire, c'est genre : On tient la porte puis on invite les gens à rentrer.
Puis le Parti libéral, ils sont de l'autre côté de la porte puis ils tiennent
la porte aussi. C'est ça, la position des partis. Le seul parti qui demande de
le fermer, courageusement, c'est nous. Ça, c'est le gouvernement fédéral. Si le
gouvernement fédéral ne le fait pas, bien, est-ce qu'on peut, nous, faire en
sorte de contrôler le territoire? Et, si on n'y arrive pas, puis si les Québécois
n'acceptent pas qu'il rentre 40 000 et potentiellement d'autres demandeurs
d'asile presque uniquement au Québec, bien, je pense que le Québec devrait
prendre des mesures.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais
comment? C'est ça, la question, puis vous ne répondez jamais. C'est voulu,
j'imagine, là, de ne pas répondre.
M. Bérubé : On est une
province, on n'a pas beaucoup de moyens.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Donc,
c'est de faire la souveraineté, c'est de faire un référendum? Tout mène à la
souveraineté?
M. Bérubé : Non, mais tout
indique qu'elle est nécessaire. Alors, une autre démonstration ce matin. D'ailleurs,
si Mme Fréchette était demeurée indépendantiste, elle aurait une position
plus cohérente. Mais peut-être qu'elle ne serait pas ministre.
Journaliste : Je voudrais
vous entendre, justement, sur la contradiction ce matin, là, dans l'équipe
gouvernementale.
M. Bérubé : Vous l'avez vue,
vous aussi.
Journaliste : Oui. Tout à
l'heure, Mme Fréchette un peu plus tôt nous disait : Non, ça ne sert
à rien de le fermer, c'est dangereux. Là, elle revient devant nous et elle
dit : Je dis qu'il faut le fermer. Qu'est-ce que vous comprenez de ces
contradictions?
M. Bérubé : Bien, voyons donc!
On rit du monde. Écoutez, j'ai pris l'article tantôt. Ah! je ne l'ai pas ici.
J'ai pris l'article tout à l'heure, je l'ai fait imprimer, je l'ai montré au
premier ministre, je l'ai montré à la ministre. C'est ça que vous réclamiez. Puis
là elle demande de le fermer? Pourquoi elle n'a pas adopté la motion? Trop tard,
c'était là qu'il fallait le faire. Elle était informée, je suis allé la voir au
début de l'ouverture de la session. On rit du monde.
Donc, la nouvelle position, c'est celle de
la ministre, pas celle du premier ministre. Là, il y a confusion. Alors, pour
ceux qui ont organisé la tournée la semaine passée, c'est un beau coup d'épée
dans l'eau parce que le moment de vérité, c'était maintenant, d'envoyer un
message très clair, et les gens retiendront que la CAQ a choisi de ne pas
demander la fermeture du chemin Roxham, et c'est regrettable. Alors là, ils
sont en mode de gestion de crise, là, sur cet enjeu-là.
Nous, la beauté de la chose, c'est qu'on
n'a pas besoin de convaincre tout le monde, on a une position, puis c'est la
même pour l'ensemble de notre formation politique. Et je suis allé plus loin, j'ai
consulté notre porte-parole en matière d'immigration, dans nos porte-parole
civils, Me Stéphane Handfield, qui est une sommité dans le domaine, et il
me confirme toutes les positions des partis, qu'on s'attendait que la CAQ nous
appuie parce que c'était la position du premier ministre. Alors là, je pense
qu'il y a beaucoup de monde qui découvre aujourd'hui que la ministre a imposé
une position qui est la sienne. Alors, je les laisse se dépêtrer avec ça. Mais
c'est dommage, on n'a pas de rapport de force. Est-ce que ça vous va? Activités
libres.
(Fin à 11 h 43)