(Huit heures vingt-quatre minutes)
Mme Massé : Bonjour, tout le
monde. C'est sûr que, ce matin, sur toutes les lèvres des Québécois et
Québécoises, dans le coeur de tous les Québécois et Québécoises, des parents,
des grands-parents, des enfants aussi... La tragédie d'hier, c'est une tragédie
sans nom. C'est une tragédie qui nous coupe les jambes. C'est une tragédie qui
fait mal à nos coeurs d'humains, je dirais.
Alors, bien sûr, dans un premier temps,
encore, je vais réitérer, au nom de Québec solidaire, nos sympathies pour les
familles qui ont perdu leurs enfants, pour les familles qui sont dans l'angoisse
de ce qui va arriver à leurs enfants. On leur dit : Courage! On est là, on
est là, solidairement, le Québec est avec vous. D'ailleurs, mon collègue, mon
co-porte-parole, comme vous savez, Gabriel Nadeau-Dubois, est là ce matin. On
est de tout cœur avec les familles, avec les proches, avec les gens qui sont
intervenus, c'est un choc qui doit être terrible, hein, les ambulanciers, les
policiers, policières, tous les intervenants, bien sûr, les éducatrices qui
sont là, qui étaient sur les lieux, et aussi la communauté, parce que c'est le
genre de drame qui laisse des traces, qui marque. J'en sais quelque chose, avec
le décès de la jeune Maria, on est encore, dans mon comté, à prendre soin de
notre communauté, tellement ça marque.
Alors, je veux dire que je reconnais que
la guérison va être longue, mais qu'on va être ensemble là-dedans et qu'on va
être sensibles à offrir ce qu'il est possible d'offrir quand on n'est pas au
cœur de ces tragédies-là. Et j'ai envie de vous dire que, ce matin, il n'y a
pas de mots, il n'y a pas de mots qui peuvent être à la hauteur de la tragédie
qui se vit et de ce que les parents et proches doivent vivre aussi aujourd'hui.
Alexandre.
M. Leduc : Merci, Manon. Deux
sujets, ce matin. D'abord, le gouvernement a ouvert la porte à hausser l'âge
minimal pour retirer sa rente de 60 à 62 ans en refusant notre motion. De ce qu'on
a entendu hier pendant les auditions, syndicats, actuaires, aînés, à peu près
personne n'est en faveur de ça, et on espère que le gouvernement va entendre ce
qui a été prononcé hier et va faire volte-face.
Autre sujet, vous avez certainement vu l'article
de M. Bordeleau dans Le Devoir, hier, qui se base sur une étude massive,
là, plus de 18 000 jeunes consultés, qui couvre plein de sujets. Mais un
de ceux-ci, dont je veux vous parler, ce matin, c'est le travail des enfants. Vous
le savez, qu'il y a un projet de loi qui s'en vient, du ministre. Le graphique
est hallucinant. Vous l'avez peut-être vu, je vous le remontre, là. La colonne
de gauche, c'est les jeunes qui disent travailler. Là, vous avez secondaire I à
secondaire V. Je ne sais pas vous, quand vous avez fait votre première job, là,
quand vous étiez plus ado, peut-être plus secondaire IV, secondaire V. Ça, c'était
comme la norme, avant, là, le bleu foncé. Le bleu plus pâle, c'est depuis un
an, en un an, 2022-2023, la proportion des jeunes qui disent travailler.
Regardez, là, secondaire V, c'est à peu près similaire, puis, plus vous
descendez en âge, plus vous arrivez à 12, 13, 14 ans, précisément la période où
on veut intégrer un âge minimal d'accès au travail. Ça a explosé, ce n'est pas
compliqué, là.
Regardez ce qui est ici, c'est précisément
ce que l'Association des restaurateurs puis les lobbys patronaux veulent
protéger. Ils veulent garder ces jeunes-là au travail, ils veulent les
maintenir en emploi. Et, quand il y a un consensus patronal et syndical qui a
été établi, très fort, pour dire : Non, non, c'est vrai, au Québec, on est
en retard, on va instaurer un âge minimal au travail, ça va être 14 ans, c'est
ici que ça se passe. Il y a une révolution, en ce moment, ou, j'oserais dire,
une contrerévolution, où les jeunes se mettent massivement à travailler encore
plus jeune que d'habitude. C'est épeurant, c'est affolant. Il faut s'en
préoccuper et il faut que le ministre du Travail entende raison et qu'il ne
cède pas au lobby des restaurateurs.
C'est écrit, noir sur blanc, hein, on vous
l'a montré, la semaine passée, je le remontre, là, registre des lobbyistes, l'Association
des restaurateurs du Québec : «Empêcher l'ajout d'un âge minimum pour
avoir accès au marché du travail.» Le consensus, c'est 14 ans. Ils poussaient
pour 13, à la table de négos, de ce que j'ai compris. Les syndicats ont fait
des compromis sur le nombre d'heures travaillées par semaine et ont dit : On
va s'entendre sur 14. Dans les coulisses, ils poussent pour avoir l'exception
du 14 ans pour la restauration et le commerce de détail. C'est inacceptable! J'espère
que le ministre a pris connaissance de ce rapport-là, et qu'il refusera de
céder, et qu'il ne cédera pas aux lobbys de patrons. Merci.
M. Bellerose (Patrick) : Comment
vous expliquez que des jeunes comme ça, 12, 13 ans, souhaitent travailler ou
que leurs parents les laissent travailler? Si on revient un petit peu en
arrière, socialement, comment vous expliquez cette explosion-là de cas?
M. Leduc : On le savait, qu'il
y avait un peu plus de jeunes qui travaillaient, c'est pour ça qu'il y avait
plus d'accidents, notamment. Sur les motivations profondes, c'est une bonne
question. Il y a des pistes dans l'étude, la grosse étude qui est publiée hier.
Il y a des gens qui disent que c'est pour se procurer des objets. Est-ce que ça
vient combler un vide, un vague à l'âme difficile? La pandémie a été difficile,
en particulier pour les jeunes, moi, je trouve que c'est une piste qu'il faut
approfondir.
Il y a tellement de matière, dans ce
rapport-là, sur la santé mentale, sur les jeunes filles, sur le travail des
enfants, sur l'angoisse. Moi, je pense qu'on serait bien servis si on faisait
venir ces gens-là en commission parlementaire pour l'étudier en profondeur puis
essayer de tirer des conclusions sur différents aspects de notre jeunesse. Il y
a un cri d'alarme qui est lancé ici.
M. Bellerose (Patrick) : On
voit que Québec essaie d'aller chercher des plus jeunes et des plus vieux pour
avoir le plus de monde possible. On est en train d'étirer un petit peu l'élastique
des deux côtés?
M. Leduc : Il y a une limite,
là, à ce qu'on veut utiliser comme pénurie de main-d'œuvre pour faire des
mesures sociales de ce genre-là. Nous, on n'embarque pas là-dedans du tout.
Mme Morin-Martel (Florence) : ...l'âge
d'admissibilité à la rente de retraite, si c'était haussé à 62 ans, comme une
des options de Retraite Québec, est-ce que vous inviteriez la population à se
mobiliser et à sortir dans les rues?
M. Leduc : Vous faites le
parallèle avec la France, j'imagine. Les gens peuvent se mobiliser. Moi, je
pense qu'on n'est pas à cette étape-là. Là, on est à l'étape de faire entendre
raison au gouvernement. Et, hier, à ma connaissance, de manière unanime, les
gens qui se sont prononcés disaient que c'était une mauvaise idée. Le régime va
bien, il n'est pas en mode sauvetage parce qu'il n'y a plus d'argent. Personne
ne réclame ça. S'il y a des enjeux sur la pauvreté de la tranche 60 à 65, ce
qui est un vrai enjeu, cherchons des solutions à ça plutôt que de modifier le
régime dans un sens que personne ne souhaite.
M. Laforest (Alain) : Mme
Massé, j'aimerais ça, revenir sur ce qui s'est passé à Laval, puis je veux
faire appel à votre ancienne vie, là, avant la politique. On sait qu'au cours
des dernières années il y a eu moins de solidarité dans la société, là, on est
devenu plus individualiste. Est-ce qu'un drame comme ça, ça doit du moins
tenter de devoir faire plus attention aux autres, d'être plus à l'écoute des
autres, selon vous? Est-ce que ça devrait sonner un réveil, ce genre de
situation là?
Mme Massé : Un drame
comme hier, ça laisse tout le monde sans mots. Je pense que la vague de
solidarité s'exprime, depuis hier. Vous interpellez mon ancienne vie, qui se
déroulait à Laval, d'ailleurs.
Je ne suis pas la meilleure pour faire ces
analyses-là. Ce que je sais, c'est que notre société, actuellement, traverse
des moments difficiles. Et, pour ça, bien, il faut que les gouvernements soient
au rendez-vous. C'est notre outil collectif pour prendre soin les uns des autres.
Alors, on parle d'accès aux services, on parle de... tu sais, vous me parlez de
solidarité sociale. Certes, mais il faut qu'on se donne les moyens collectifs
aussi.
M. Laforest (Alain) : Mais
l'écoute de l'autre, là... peut-être, des fois, on sent qu'il y a des proches,
il y a des collègues qui vont moins bien. Est-ce qu'on doit porter plus
attention que de dire : Ça ne me regarde pas? C'est un peu ça, la société
d'aujourd'hui, là.
Mme Massé : Bien,
écoutez, moi je vois aussi plein d'exemples de solidarité, et tout ça, ce n'est
pas un seul comportement, je dirais, mais c'est clair pour moi que notre
société a des défis quand il est temps de parler de bien commun, quand il est
le temps de parler de vivre-ensemble, quand il est temps de parler de prendre
soin les uns des autres, comme vous l'évoquez. Mais, pour moi, prendre soin les
uns des autres, c'est bien sûr dans notre contact quotidien. Je pense que, oui,
quand on voit des signes — tu sais, on est en pleine semaine de
prévention du suicide, là — quand on voit des signes, il faut, je
pense, avoir l'humanité de se mettre en contact avec l'autre, même si on ne
sait pas quoi faire. Juste d'avoir un lien, ce n'est pas rien. Mais, de l'autre
côté, il faut que notre outil collectif qui est l'État fasse ce qu'il a à faire
aussi, puis ça, ça s'appelle des ressources.
M. Bellerose (Patrick) : ...notre
société ne va pas bien, présentement. Je comprends qu'il y a eu la pandémie,
mais qu'est-ce qui fait que vous voyez que la société ne va pas bien,
présentement? C'est quoi, les signes, outre ce qui est arrivé, là?
Mme Massé : Bien,
écoutez, moi, je vous dirais que ce qu'Alexandre vous disait tantôt... il y a
une étude qui est sortie hier, qui nous parle de la santé mentale des jeunes à
travers un échantillon quand même assez important. Je pense qu'on a besoin de
comprendre collectivement les impacts à court terme de la pandémie, à moyen
terme.
Et moi, ce que je vous dis, puis je ne
veux pas faire de lien directement avec hier parce qu'il faut qu'on commence à
comprendre ce qui s'est passé là, mais ce que le rapport nous disait hier,
c'est que l'état de santé mentale, de défi de détresse chez nos concitoyens et
concitoyennes, particulièrement chez les jeunes et particulièrement chez les
jeunes filles, bien, ça, il faut qu'on s'en préoccupe. Ça fait que l'idée de
faire venir l'équipe de recherche pour voir l'ensemble des aspects... je pense
qu'on a déjà été un Québec fou de ses enfants, je pense que ça vaut la peine
encore.
M. Lacroix (Louis) : Comment
vous avez trouvé la réponse du gouvernement, jusqu'à maintenant, entourant
cette tragédie-là? C'est à dire, il y a eu, bon, un paquet de gestes, on a envoyé
des gens, M. Legault va se présenter ce matin et a invité les chefs
d'opposition. Comment vous trouvez la réponse du gouvernement?
Mme Massé : Écoutez, à
mon sens, le genre de geste, la présence sur le terrain du premier ministre,
des ministres, comme hier, des chefs d'opposition — aujourd'hui,
Gabriel sera là avec le premier ministre — c'est essentiel. C'est
essentiel parce qu'il y a des gens, que ce soient les parents, les familles,
mais aussi les voisins, les voisines, les intervenants, qui ont besoin de
savoir qu'on est avec eux, qui ont besoin de savoir qu'on les soutient dans le
traumatisme qu'ils vivent. Et, dans ce sens-là, je pense que c'est un bon
geste. Ce que je trouve extraordinaire aussi, et je tiens à le dire,
peut-être je ne l'ai pas assez clairement dit... on a vu comment s'est déployée
la sécurité civile, hein, que ce soit à travers les ambulanciers, tout le monde
était au rendez-vous, les hôpitaux qui ont accueilli, les premiers répondants.
Chapeau! Chapeau! Je ne sais pas comment ils font. Je ne sais pas. Vraiment, je
suis très reconnaissante et je suis contente qu'on soit sur le terrain et qu'on
va le rester, parce que des traumatismes comme celui-là, dans une communauté,
c'est long à guérir, et je pense qu'il faut être là tout le long.
M. Duval (Alexandre) : Je ne
sais pas qui de vous deux voudra répondre, là, sur les demandeurs d'asile. Ce
matin, on voit des témoignages de gens qui se retrouvent dans une précarité
assez inquiétante en attendant leur permis de travail. On savait que les délais
étaient longs, ça, ce n'est pas une surprise, mais là on a des exemples
concrets. Qu'est-ce qu'on demande au gouvernement fédéral de faire ou qu'est-ce
qu'on demande à Québec de faire, étant donné que les gens ont deux options,
travailler au noir ou être sur l'aide sociale, là?
Mme Massé : Écoutez, le
système d'immigration a plein de failles, et, dans un Québec indépendant, nous
en aurions l'ensemble des leviers. C'est la première chose que je veux vous
dire.
Ce que vous dites, j'en suis témoin très
proche, parce que ces endroits où le gouvernement canadien prend les réfugiés
et les accueille pour le mois... je n'ai pas le fin détail, là, mais pour les
quelques semaines dans des hôtels, que chez nous, ils appellent, là, les hôtels
de réfugiés, c'est fou, c'est fou, l'extrême pauvreté, le défi. Quand tu es
réfugié, ce n'est pas un voyage en vacances, là, ces gens-là arrivent avec de
multiples traumatismes. Et ce qu'on fait, grosso modo, c'est qu'au bout du mois
on leur met un chèque d'aide sociale dans les mains puis on leur dit :
Allez vous trouver un appartement, en pleine crise du logement, là, où il
manque déjà des logements pour les plus pauvres de nos sociétés. On met ces
gens-là dans une précarité terrible.
Alors, vous soulevez la question du permis
de travail. Vous avez raison, vous avez raison, le gouvernement d'Ottawa doit
faire beaucoup mieux. Le gouvernement du Québec doit... Si on parle, par
exemple, en matière d'accueil, bien sûr, il y a l'aide sociale, mais vous le
savez comme moi qu'avec un chèque d'aide sociale, une famille de trois enfants,
tu ne vas pas trouver de logement, là. Ah! peut-être un taudis. C'est-u ça
qu'on veut pour l'accueil de ces gens-là? Alors c'est très problématique.
M. Duval (Alexandre) : Mais
on fait quoi? On bonifie l'aide sociale qui est offerte à ces gens-là en
attendant, on trouve un moyen d'essayer de les faire travailler sans permis,
Québec crée quelque chose pour leur donner... Qu'est-ce qu'on fait?
Mme Massé : Écoutez, cette
situation-là existe depuis très longtemps, 2015, je crois — mais ne
retenez pas ma date, là, ma mémoire fait défaut, mais je pourrai vous revenir
si vous le voulez — où le gouvernement du Québec a modifié des
programmes, qui fait en sorte que ces gens-là se retrouvent dans une précarité.
Moi, je pense que l'urgence, c'est le permis de travail. C'est ça qu'ils
veulent, ces gens-là, ils veulent travailler. Ils ne veulent pas vivre de l'aide
sociale, ils veulent travailler, mais, en même temps, tu sais, si on veut
vraiment être une belle et bonne société d'accueil, bien, on va s'assurer que
ces permis de travail là arrivent, qu'ils se retrouvent des emplois, non pas à...
C'est quoi, le salaire minimum en ce moment?
M. Leduc : 15,25 $.
Mme Massé : 15,25 $ de
l'heure, parce qu'ils ne seront pas plus capables de se payer un logement. Et
donc le gouvernement du Québec doit les accompagner là-dedans. Puis un bout,
c'est aussi d'avoir accès à, par exemple, des services de garde, à l'éducation.
Ils ont déjà accès à un certain nombre de services, mais ce que les gens
veulent, c'est travailler.
M. Bellerose (Patrick) : Mais,
si on fermait le chemin Roxham puis que les gens passaient par la frontière, si
on réglait la situation de l'entente sur les tiers pays sûrs, est-ce qu'on
n'aurait pas des entrées plus régulières qu'on pourrait prévoir puis on
pourrait mieux encadrer les gens qui entrent?
Mme Massé : Le statut de
réfugié, c'est un statut qui se demande aux frontières, etc. Vous mettez le
doigt sur ce qui est problématique.
M. Bellerose (Patrick) : On a
vu la différence d'afflux, quand même, entre Roxham versus...
Mme Massé : Oui, bien,
exactement. Vous mettez le doigt sur ce qui est exactement le problème,
c'est-à-dire, cette entente-là force plusieurs personnes à passer non pas par
les chemins définis comme les frontières canadiennes, etc., mais passer par,
notamment, le chemin Roxham — mais ce n'est pas le seul, là — de
passer à côté de ces endroits-là. Mais les réfugiés, on en a toujours accueilli
puis on va continuer à en accueillir. L'enjeu, c'est qu'actuellement, en pleine
crise du logement, en pleine crise d'entente entre le Québec et le Canada sur
les questions de l'immigration, ça fait que ces gens-là sont laissés à eux-mêmes,
puis c'est problématique.
Mme Plante (Caroline) : J'aimerais
revenir sur votre réponse, la réponse que vous avez donnée sur les jeunes,
l'anxiété, la santé mentale. Est-ce qu'on peut nommer les écrans comme quelque
chose de particulièrement problématique?
Mme Massé : Les quoi?
M. Leduc : Les écrans.
Mme Plante (Caroline) : Les
écrans comme quelque chose de particulièrement problématique. Puis, si on fait
le lien avec le travail des enfants, moi, j'ai entendu, dans l'espace public,
des parents dire : J'aime bien mieux qu'il aille travailler qu'il passe sa
journée sur son écran. Est-ce qu'il y a un gros problème à ce niveau-là?
M. Leduc : Il y a un enjeu
avec les écrans. J'ai entendu ce genre de commentaires là aussi. Moi, ce que je
réponds... Je peux vous garantir une chose : si l'enfant veut voir des
réseaux sociaux deux, trois, quatre heures par jour, qu'il en travaille quatre,
cinq, six avant, revenu à la maison, il va quand même aller les écouter, ses
heures sur son téléphone, pareil. Ça fait que ce n'est pas un qui remplace
l'autre. Cette équation-là est fausse. On la souhaiterait, à la limite, pour
qu'il y ait moins d'écran, mais elle ne fonctionne pas comme ça. S'ils veulent
regarder leurs écrans, ils vont moins dormir, ils vont moins faire autre chose,
mais ils vont le regarder, l'écran. Ça fait que le problème, avec l'écran, ou
l'enjeu, avec l'écran, il faut le traiter en soi puis il ne faut pas le
comparer ou le substituer à l'enjeu du travail.
M. Bossé (Olivier) : Autoroute
Dufferin-Montmorency, à Québec, je sais que Québec solidaire a même proposé un
plan de transformation en boulevard urbain. La ministre dit : Bien, un
radar, pour l'instant, ça fait l'affaire. Les élus de la ville proposent, comme
compromis, peut être, ou, en tout cas... à étudier de juste fermer la sortie
François-de-Laval. Est-ce que, pour QS, ce serait un compromis acceptable, au
moins pour commencer, peut-être?
Mme Massé : Bien, écoutez, je
laisserai Sol répondre, mon collègue Zanetti de répondre de façon plus
spécifique, mais je peux vous dire que, lorsqu'on a une autoroute comme ça, qui,
malheureusement, blesse et tue des gens, je pense qu'il est plus que temps
d'agir. Nous, on a proposé effectivement un boulevard urbain parce que c'est
sur le bord de l'eau, c'est magnifique, il faudrait être capable d'en profiter.
Ceci étant dit, je pense que là, c'est assez, là. Combien ça va en prendre,
d'accidents, avant qu'il se passe quelque chose? Alors, mais, pour plus de
détails, je vous inviterais à parler avec Sol, qui maîtrise beaucoup plus la
situation que moi-même.
M. Duval (Alexandre) : Peut-être
une petite précision, M. Leduc. Ce ne sont peut-être pas tous les enfants de 12
et 13 ans qui ont, entre guillemets, la chance d'avoir des familles qui vont
les emmener faire des activités sportives ou artistiques la fin de semaine, qui
vont avoir de quoi s'occuper en dehors des journées d'école. Est-ce qu'il n'y a
peut-être pas certaines vertus ou certains avantages à ce que certains jeunes
puissent trouver une forme d'accomplissement et d'occupation à l'extérieur de
l'école, même s'ils ont un peu moins de 14 ans?
M. Leduc : Vous posez une
bonne question, puis c'est un débat social important, puis on doit l'avoir,
puis on va l'avoir bientôt avec le projet de loi qui va être déposé.
D'abord, il risque d'y avoir des
exceptions, hein, dans le projet de loi, sur les moins de 14 ans, par exemple,
pour le gardiennage, par exemple, pour l'arbitrage dans les compétitions de
sport. Ça fait que c'est une forme d'exception qui va exister de manière pas
mal consensuelle, patronale, syndicale, pas mal toutes les parties vont être
assez à l'aise avec ça. Ça fait qu'on n'est pas en train de dire qu'il va y
avoir une police qui va se promener, qu'il n'y a absolument aucune forme de
travail qui va être interdite et il y aura des... On est tous en train d'être
capables de trouver des compromis.
Maintenant, ce qu'on recherche, c'est une
politique globale. L'âge de l'admissibilité en emploi, on est en retard, au
Québec, la plupart des autres législatures canadiennes ont fixé un âge minimal
d'accès à l'emploi, puis eux autres aussi avaient toutes sortes d'exceptions.
Est-ce qu'un cas individuel à gauche ou à droite, ce jeune-là, lui, il pourrait
aller travailler 12, 13 heures par semaine... à 12, 13 ans, pardon, puis ça
n'aurait pas trop d'impact? Peut être, mais là on n'est pas dans des cas
individuels, on est dans des politiques globales, des politiques de société,
puis on considère, pour le bien-être de l'enfant dans ses études, dans sa santé
mentale, que ce n'est pas profitable d'aller travailler, de manière générale, à
12, 13, 14 ans.
Mme Massé : Parle des
accidents aussi.
M. Leduc : Bien, c'est sûr
que, plus tu mets des jeunes aussi au travail, plus ils sont jeunes, moins ils
sont formés. Des fois, on est un petit peu plus... comment je le dirais
positivement, moins soucieux de notre propre santé et sécurité, quand on est
dans ces âges-là, ça fait que, mathématiquement, plus on met des jeunes puis
plus ils sont jeunes, plus on se magasine des accidents de travail malheureux.
M. Laforest (Alain) : Il y a eu
une hausse de 36 %.
M. Leduc : Oui, bien, c'est
ça.
Mme Massé : Et ça, ça marque
pour la vie.
M. Leduc :
Exact.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
Can you
explain in English why you think… why we're seeing such an increase in the
number of children working?
M. Leduc :
I don't have the exact answer. One of
the answers that is proposed in the big study is maybe they want to have some
money, maybe there's a lack of… I don't know, they want to fill some kind of
void in their lives. The pandemic has been very hard on the young, on the very
young, more specifically.
What I think we should do
is invite those researchers in a commission here to analyze very deeply this study project and hear from them
what they think we should do in different areas, around mental health, child
labor, etc.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
You are
expecting Minister Boulet to table a bill on this. Can you explain why it's
still a concern for you?
M. Leduc : Because the rumor… it's more than a rumor, there's a lobbyist
called «l'Association des restaurateurs», the restaurant's lobby, who... they're
obliged to fill a mandate on the lobbyist registry, «le Registre des lobbyistes»,
and they said clearly, plainly, they want to forbid, they want to break the
attempt to install a new minimum age of work. And the minimum age that has been
discussed between the bosses and the unions is 14. It's the compromise they
arrived... It's a compromise we can agree to, but they want an exception, they
say : Yes, yes, 14 is O.K., but one exception for the entirety of the
industry of restaurants and the detail commerces... the detail businesses? «Commerce
de détail», I don't know how to translate that.
Une
voix : Retail.
M. Leduc : Retail. But basically, where are the young working? When you're 12, 13… they
work in those two industries. So, you want to take back with the right hand
what we just took you from the left hand. It's ridiculous. And the minister, I
asked him last week and I'll ask him again, he needs to refuse this lobbyist
attempt to install this exception for those two industries, because otherwise
this bill will serve nothing.
Mme Mignacca (Franca
G.) : Can I just get one more question? It's about
something else entirely, but we've been following the class-action lawsuit on
racial profiling in Montréal. Mme Massé, do you feel like racial profiling is
still an issue in the city on the SPVM's part?
Mme Massé :
I don't know the story, so, I'm sorry.
M. Leduc :
Sorry,we'll get back to you.
Mme Massé :
Yes. We'll get back to you, of course. Merci.
M. Leduc : Merci, tout
le monde. Bonne journée.
(Fin à 8 h 47)