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Point de presse de M. Marc Tanguay, chef de l’opposition officielle, et M. Frédéric Beauchemin, porte-parole de l’opposition officielle en matière de finances

Version finale

Tuesday, February 14, 2023, 10 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures sept minutes)

M. Tanguay : Alors, bonjour à toutes et à tous. Ce matin, nous vous annonçons que le Parti libéral du Québec est en défaveur, très clairement, de la hausse de l'âge de l'admissibilité à une rente à la RRQ, Régie des rentes du Québec. L'intention est d'analyser le fait d'augmenter de 60 à 62 ans l'option de prendre la rente Régie des rentes du Québec. Nous sommes, au Parti libéral du Québec, résolument contre cette modification-là de 60 à 62 ans.

Ce matin, on pense à la caissière, on pense au travailleur de la construction, au plombier qui sont fatigués puis qui veulent prendre leur retraite à 60 ans, ne pas leur enlever, lorsque vous avez 60, 61 ans, cette option-là. Et ça, c'est le Parti libéral du Québec, d'avoir l'option, la libre option de décider de prendre votre rente à 60 ou 61 ans. Alors, on veut fermer cette porte-là de façon très claire ce matin.

Il y a eu des auditions la semaine passée, deux jours, elles se termineront aujourd'hui. Mon collègue de Marguerite-Bourgeoys, qui est notre porte-parole de l'opposition officielle en matière d'économie et de finances, est sur cette commission-là, Fred Beauchemin. Je vais lui céder la parole, mais très clairement nous fermons la porte, au Parti libéral du Québec, à une modification de l'âge d'admissibilité de 60 à 62 ans. Nos travailleurs qui sont fatigués doivent avoir l'option de prendre leur rente à cet âge de 60 ou 61 ans, très clairement. Fred, je vais te laisser la parole.

M. Beauchemin : Merci, Marc. Ça fait que, donc, le mot, en fait, là, le plus simple, je pense, à garder en tête, c'est flexibilité. Je ne pense pas qu'on est tous égaux quand on arrive à 60 ans. Il y en a qui ont travaillé dans des métiers pénibles toute leur vie, ils n'ont plus de genoux, ils n'ont plus de bras, ils ne peuvent plus travailler. Donc, enlever la possibilité pour eux de retirer, de recevoir leur Régime des rentes du Québec, c'est leur dire à peu près, en d'autres mots : Bien, tu n'as pas à manger, là, pendant les deux prochaines années, avant de pouvoir retirer ton régime des rentes. Donc, pour nous, c'est la flexibilité. On le voit, que la proportion de Québécois qui décident de soutirer sur le régime... le RRQ à partir de 60 ans diminue depuis plusieurs années. Naturellement, ça va se rendre à un chiffre encore plus bas, mais pour nous, ça, c'est vraiment important.

Puis parallèle à ça, ce qui est superimportant aussi, c'est d'éduquer, de s'assurer que les Québécois puissent avoir toute l'information pertinente pour qu'ils puissent prendre la meilleure décision possible. Lorsque c'est rendu à 59 ans et quelques mois, quand vous recevez la lettre de la Régie des rentes, c'est le temps de prendre votre décision, bien, justement, à ce moment-là, que toute l'information soit bien expliquée à tous les Québécois à savoir quelles sont les alternatives, qu'est-ce que ça veut dire prendre tes rentes à 60 ans versus 61, 62, etc., et aussi, si vous avez travaillé toute votre vie et que vous voulez, justement, avoir besoin de revenus additionnels, quels sont les autres guichets, à l'intérieur du gouvernement, qui peut aider les citoyens à rejoindre les deux bouts.

Donc, flexibilité et éducation, une campagne de sensibilisation. D'après moi, c'est mieux d'avoir la carotte que le bâton, on va se rendre pas mal plus facilement à l'objectif de faire en sorte que les Québécois en aient plus dans leurs poches à la fin de tout ça.

M. Tanguay : Bravo, Fred. Est-ce que vous avez des questions?

M. Laforest (Alain) : M. Tanguay, concernant le Conseil de la fédération, là, hier, c'est très clair, là, il y a eu une entente, donc le Québec va avoir 1 sur 6 milliards. M. Legault dit qu'il veut toujours aller chercher le 35 %. Est-ce qu'il a encore un rapport de force?

M. Tanguay : Bien, écoutez, lorsque l'on a entendu... je n'étais pas seul, là, à être très surpris de la réaction de François Legault ou de la non-réaction, c'était la grande résignation. Alors, quand vous dites : Ce n'est pas vrai, moi, je ne signe pas ça... Il peut bien prendre le 1 milliard, mais, à ce moment-là, c'était la demande, la nécessité était de 6 milliards. Se contenter de 1 milliard quand on a besoin de 6 sur 10 ans, pendant 10 ans, je pense que ça, c'est envoyer le très mauvais message.

Et je pense que, dans son comportement, M. François Legault, là, le premier ministre n'a pas démontré la combativité qu'on aurait pu s'attendre. Et, nous, de l'opposition officielle, j'ai eu l'occasion de le questionner la semaine passée, on lui donne tout notre appui, là, pour qu'il aille chercher, j'ai repris l'expression, notre butin à Ottawa, on a besoin de ça. Et, en terminant, on pense à qui? On pense à celles et ceux qui sont sur les listes d'attente, qui sont dans les urgences puis qui attendent après leurs chirurgies. Ça n'a pas de bon sens.

M. Lacroix (Louis) : On fait comment pour convaincre Ottawa? Quel est le levier pour... Je vous ai posé la question la semaine passée, vous n'aviez pas de réponse. C'est quoi, le levier que vous auriez utilisé, vous, pour convaincre Ottawa d'en mettre plus sur la table? Il est où, le levier, le rapport de force?

M. Tanguay : Le rapport de force est dans la pression politique qu'on peut faire, la pression politique, le fait de dire : Ça ne passe pas la rampe, Justin Trudeau a des députés, a un caucus de députés libéraux fédéraux à Québec, pas de dire d'attendre les élections en 2025, là. Dans une fédération, dans la fédération canadienne, ça a toujours été ça, notre histoire, là, des rapports de force entre les provinces et Ottawa, mais, si, le soir même, vous dites : Bien, coudonc, ce sera 1 milliard, puis on aura essayé, vous venez d'éliminer votre rapport de force.

M. Lacroix (Louis) : ...ils l'ont dit, pendant trois ans, qu'ils voulaient avoir 35 % de financement. Ils l'ont dit, là, qu'ils se contentent... Une fois que tu as dit ça puis qu'Ottawa ne fait rien, il est où, ton rapport de force?

M. Tanguay : Écoutez, on apprenait, ce matin, sur une radio, que même les gens au fédéral, là, si on leur avait dit, en début janvier, là, que ça allait être canné, que ça allait être signé six semaines plus tard, ils ne le croyaient même pas, ils ne vous auraient même pas cru. Même le fédéral, je pense, a été surpris par la rapidité avec laquelle l'entente est signée, et une entente à rabais pour le fédéral.

Encore une fois, le rapport de force n'est pas anodin, et l'Assemblée nationale, lorsqu'elle parle d'une seule voix... Vous vous rappelez, avant la semaine passée, il y a deux semaines, trois semaines, vous me posiez des questions : Vous, quelle est votre demande en termes de milliards? Moi, j'ai toujours appuyé le gouvernement de François Legault. Et, quand l'Assemblée nationale, quand le peuple québécois, 8,5 millions, on parle d'une seule voix, désolé, mais il est là, le rapport de force.

M. Bergeron (Patrice) : Est-ce que ce n'est pas la débandade de l'ensemble du Conseil de la fédération? Est-ce que ce n'est pas... Ça ne remet pas en cause la pertinence de cet outil-là?

M. Tanguay : Non. Moi, je pense qu'il faut faire une distinction entre les acteurs au sein du Conseil de la fédération et la pertinence du Conseil de la fédération. Si M. Legault...

Une voix : ...

M. Tanguay : Pardon?

M. Bergeron (Patrice) : En quoi il est pertinent, actuellement...

M. Tanguay : Bien, si le front commun avait tenu, si François Legault avait décidé de mener ce combat-là de tous les instants et dire : Ce n'est pas vrai que je vais signer une entente à rabais, bien, il y aurait eu un rapport de force. Le forum, il faut faire une distinction avec...

M. Laforest (Alain) : Doug Ford a eu une entente avec Dominic LeBlanc.

M. Tanguay : Oui.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que ça a encore sa place quand la deuxième plus grosse province au Canada décide de faire des ententes parallèles?

M. Tanguay : Ça a toujours été le cas, hein, la possibilité que les fronts... On l'a vu de tout... beaucoup d'épisodes historiques où le front commun se lézarde souvent, et finalement il y a des ententes qui peuvent être faites de façon asymétrique. Ça, c'est toujours une possibilité.

Mais, encore une fois, François Legault parle pour le Québec. François Legault... Moi, je n'étais pas là, dans les discussions qu'il a eues avec l'Ontario, avec les autres, il pourra peut être nous en faire état en toute transparence, mais, quand François Legault parle pour le Québec, puis s'il voit que les autres alliés des autres provinces ne le suivent plus dans le front commun, bien, c'est à lui à continuer à faire la bataille.

Mme Prince (Véronique) : ...chercher plus dans les ententes bilatérales, d'abord?

M. Tanguay : Bien, on espère qu'il va être capable d'aller chercher plus dans les ententes bilatérales, mais là, sur le 6 milliards qui était demandé, il en a obtenu un seul. Je pense qu'il aurait dû nettement aller chercher beaucoup plus que ça. Il y avait là aussi possibilité d'un rapport de force, et Québec a toujours loisir de dire : Bien, non, je n'accepte pas ça, mais ce n'est pas ce que j'entends. Maintenant, il espère.

M. Laberge (Thomas) : Est-ce que vous auriez laissé l'argent sur la table, le milliard?

M. Tanguay : Non, je pense qu'il faut faire une distinction, l'argent, on en a de besoin après-midi. On a de besoin de l'argent, du 1 milliard, parce qu'il y a des listes d'attente.

Ceci dit, une entente n'est pas close, n'est pas terminée si vous désirez de continuer à faire les négociations et les discussions. Et, une fois que l'on a dit ça... Le premier ministre Legault dit : Quant au manque à gagner... Bien, nous, à Québec, on va le combler, le manque à gagner, et on va voir l'impact que ça aura sur le déficit budgétaire. Donc, je pense qu'il ne doit pas signer, il ne devait pas signer une entente à rabais en disant : Bien, la discussion est terminée, la discussion est terminée.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Est-ce que le gouvernement du Québec peut... doit forcer une enquête concernant ce qu'on a appris dans le monde du hockey, le reportage de Radio-Canada qui a été repris, là, le jugement en Ontario, des initiations qui s'apparentent à de la torture? Qu'est-ce que le gouvernement du Québec doit faire face à ça?

M. Tanguay : Bien, je pense... D'abord, excessivement bouleversant d'apprendre jusqu'où ces initiations-là, si on peut appeler ça une initiation, ces actes quasiment de barbarie ont eu lieu. Donc, c'est excessivement préoccupant, troublant.

Je pense que Québec doit trouver une façon d'encadrer puis aura notre collaboration. Mon collègue, Enrico Ciccone, est toujours là pour aider et a connu le monde du hockey, hockey junior, hockey également dans la ligue nationale. Je pense que le Québec, on doit se poser la question : Comment on peut mieux encadrer ça? Mais, à la fin de la journée, je pense que ça prend un changement de culture, un changement de comportement. On ne pourra pas réglementer les comportements, mais, si on doit encadrer, l'interdire, augmenter les peines, et ainsi de suite, il faut voir ce qui peut être fait, parce que visiblement...

M. Laforest (Alain) : ...suspendre le financement?

M. Tanguay : Ah! bien, il faut regarder les options. Si...

M. Laforest (Alain) : Est-ce que ça peut être une option pour vous...

M. Tanguay : Pour une organisation qui ne serait pas suffisamment vigilante et qui ne ferait pas le strict minimum, ça pourrait être, le cas échéant, un levier pour Québec.

M. Lacroix (Louis) : Justement, parlant de levier, M. Tanguay, vous dites que le levier du Québec et des provinces, là, c'est l'opinion publique, O.K.?

M. Tanguay : Oui.

M. Lacroix (Louis) : On se rend compte que le Conseil de la fédération n'a pas de dent puis n'est pas capable de mordre sur le fédéral, ça n'a aucune emprise. Est-ce qu'il n'est pas temps, au Québec, de lancer une commission, par exemple, sur l'avenir du fédéralisme, comme avait fait M. Bourassa à la suite de l'échec de l'accord de Charlottetown? Il avait lancé la commission Bélanger-Campeau pour redéfinir ce qu'était la place du Québec dans la fédération. Puis on se souvient des conclusions, etc., ça avait fait peur, ça, au fédéral. Est-ce qu'il n'est pas temps d'arriver avec une commission sur, justement, les disparités entre les forces qui appartiennent au fédéral et les provinces?

M. Tanguay : Écoutez, là-dessus, vous le savez, moi, en termes de commission nationale québécoise, on a soumis la commission nationale de l'énergie, la commission... Je pense que c'est important d'avoir une jasette sur l'énergie. Je ferme la parenthèse là-dessus.

Moi, je pense que, d'abord et avant tout, c'est un enjeu de négociation. Le choix du fédéral de faire l'offre qu'il a faite n'est pas lié ou tributaire de l'équilibre constitutionnel. Alors, je ne pense pas qu'on ait besoin d'ouvrir le dossier constitutionnel pour dire que c'est une mauvaise entente pour le Québec, puis il faut que ce soit négocié de façon beaucoup plus en lien avec les besoins du Québec. Québec doit en avoir plus.

M. Lachance (Nicolas) : Mais ça ne semble pas fonctionner, là. Si on revient à l'ère Couillard, là, M. Couillard était allé chercher beaucoup moins, c'était forfaitaire. Là, on va chercher 1 milliard au moins récurrent. Donc, il est où, le noeud? Qui serait la bonne personne pour négocier si ça ne fonctionne pas avec toutes les provinces ensemble?

M. Tanguay : Bien, écoutez, je pense que... Encore une fois, excessivement surpris de la réaction de François Legault. Il y a un rapport de force. Il y a un rapport de force, dans la population, à l'Assemblée nationale, de dire que ça ne passe pas. Je veux dire, quand le premier ministre du Canada dit : Aïe! Le Québec, ça ne marche pas, c'est quand même 8,5 millions, province majeure au sein du Canada, vous devez tabler sur ce rapport de force là. Puis ce n'est pas une ronde constitutionnelle qui changerait ça, c'est un aspect de négociation puis c'est un aspect que François Legault, il a dit : Écoutez, c'est le deal que je vais signer, j'aurais aimé ça en avoir plus, finalement j'en ai assez, puis finalement je vais prendre ça. Il ne dit pas : J'en ai assez, mais il dit : Je vais prendre ça. C'est inacceptable.

M. Laforest (Alain) : Il s'est mis à genoux?

M. Tanguay : Ça, non, je n'irai pas jusqu'à dire ça.

M. Laforest (Alain) : Comment vous le qualifiez?

M. Tanguay : Moi, je pense qu'il se résigne. Et, au Québec, on ne peut pas, surtout en matière de santé, se résigner. Les gens sont sur les listes d'attente.

M. Lachance (Nicolas) : Vous auriez fait cavalier seul, vous-même, là, vous auriez dit : Non, je tourne le dos aux autres provinces, moi, je refuse? Il est où, le rapport de force, dans ce temps-là?

M. Tanguay : Bien, le rapport de force, c'est que, si le Québec fait cavalier seul, si le Québec dit : Non, on n'accepte pas ça, le Québec existe, politiquement, le Québec met de la pression et...

M. Lachance (Nicolas) : ...

M. Tanguay : Pardon?

M. Lachance (Nicolas) : On n'a pas le milliard. Tantôt, vous avez dit : Ah! on aurait accepté le milliard. Ça fait que là...

M. Tanguay : Bien, ça fait partie d'une négociation, hein?

M. Lachance (Nicolas) : Je ne sais pas trop quelle différence il y a entre vous et M. Legault, là, par ce que vous dites, tu sais.

M. Tanguay : Bien, M. Legault se résigne aujourd'hui, c'est ça, la différence.

M. Lachance (Nicolas) : Bien, vous auriez accepté le milliard, M. Tanguay, vous vous seriez résigné, vous aussi?

M. Tanguay : Non, non, il ne peut pas accepter que c'est 1 milliard sur 6 milliards. Alors, il ne peut pas accepter que c'est 1 milliard quand on demande 6 milliards, les besoins sont là.

M. Lachance (Nicolas) : Mais vous l'auriez pris, le milliard, ou pas, là?

M. Tanguay : Bien, moi, j'aurais continué à négocier. Il faut continuer à négocier, il faut continuer à négocier.

M. Lachance (Nicolas) : Vous auriez refusé le milliard?

M. Tanguay : Ce n'est pas une question de refuser ou pas le milliard.

M. Lachance (Nicolas) : Le budget arrive, là, vous auriez refusé le milliard?

M. Tanguay : L'offre est sur la table, de 1 milliard. Je pense que, d'ici à ce que l'offre soit comblée, le Québec a les moyens financiers d'avancer les sommes nécessaires pour que le système fonctionne, mais le point, c'est que le 6 milliards, c'était la demande. Il ne peut pas se résigner et dire : Ça va être uniquement ça. Encore une fois, l'Assemblée nationale est unanime là-dessus.

M. Laberge (Thomas) : ...vous prenez le milliard. Vous le prenez ou vous ne le prenez pas, là?

M. Tanguay : Bien, le milliard, là, est nettement insuffisant. Le milliard est nettement insuffisant.

Des voix : ...

M. Tanguay : François Legault doit continuer à négocier. François Legault doit continuer à négocier.

M. Lacroix (Louis) : Mais en ramassant le milliard ou pas?

M. Tanguay : Bien, le milliard, s'il est accessible, on le prend, mais il ne peut pas dire : C'est la fin. Il ne peut pas dire : C'est la fin des discussions. Maintenant, le rapport de force avec Ottawa...

Une voix : ...

M. Tanguay : Il ne peut pas l'accepter. Puis, encore une fois, la résignation qu'on voit dans le contexte de la discussion qui était faite au point de vue national, François Legault est en résignation par rapport à ça.

M. Lachance (Nicolas) : Là, vous dites : On a assez d'argent pour se rendre au budget avec ce qu'on a, là. Donc, si on n'accepte pas le milliard, qu'est-ce qu'on fait, on l'emprunte?

M. Tanguay : C'est une entente sur 10 ans, hein? Cette entente va lier le Québec pendant 10 ans. On peut parler également du taux d'augmentation de 5 % sur cinq ans, après ça, ce sera l'indexation. Sur 10 ans, on va lier le Québec, on ne peut pas accepter ça.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Donc, vous laissez le milliard, vous n'y touchez pas.

M. Tanguay : On veut notre butin à Ottawa, on a besoin de l'argent. Maintenant, ça...

M. Pilon-Larose (Hugo) : ...l'argent si vous ne signez pas l'entente.

M. Tanguay : Bien, écoutez, l'argent, c'est insuffisant, c'est insuffisant, le 1 milliard, c'est nettement insuffisant. On continue à négocier.

M. Lachance (Nicolas) : Est-ce que ça prendrait un référendum sectoriel en santé, par exemple?

M. Tanguay : Non, non, non, je ne suis pas encore rendu là.

Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) : Les agences de santé coûtent vraiment... On voit que le prix a doublé. On parle de 3 milliards de dollars, agences de santé pour les infirmières, préposés, tout ça. Premièrement, vos réactions, mais qu'est-ce que vous attendez dans le projet de loi qui va être déposé incessamment, là, par rapport à la fin des agences privées dans le secteur de la santé?

M. Tanguay : Je pense qu'il y a deux niveaux de lecture. Les gens qui sont en attente de chirurgies, sur les listes d'attente, ont besoin d'avoir accès aux soins. Alors, dans le très court terme, aujourd'hui, là, il est important de donner le service. Alors, ça, nous, on est en faveur pour l'accès, favoriser l'accès.

Maintenant, sur le long terme, il faut se poser la question par rapport à la place des agences, l'impact que ça a sur les infirmières, infirmiers et les professionnels de la santé. On doit s'assurer d'avoir un secteur public en santé très fort. Et notre système, notre accès est public. Alors, c'est une conversation.

Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) : Quelle question vous voulez vous poser? Parce qu'on parle d'une facture qui a triplé, quintuplé dans certains secteurs, ce qui vient finalement fragiliser les autres soins aussi, là.

M. Tanguay : Alors, je pense que ce sera l'occasion, effectivement, de se poser toutes les questions en lien avec la présence des agences, le recours aux agences. Vous savez, quand le système a des défaillances, le système public, c'est peut-être un peu trop facile d'aller à l'externe, au privé, pour combler la défaillance du système public. Alors là, il y a une réflexion à y avoir là-dessus, comment on peut être plus performant au public et quelle est la place que devrait avoir le privé.

M. Laforest (Alain) : Vous êtes pour ou contre les agences? Ce n'est pas clair, là.

M. Tanguay : Bien, écoutez, les agences...

M. Laforest (Alain) : Vous êtes comme sur la ligne, vous vous promenez sur la ligne d'un côté puis de l'autre. Vous êtes pour ou contre, là?

M. Tanguay : Moi, je suis pour qu'on fasse une réflexion quant à la présence des agences. Je pense que c'est important qu'il y ait cette réflexion-là. À court terme, à court terme, il faut que les citoyens, citoyennes aient accès aux soins, c'est important. Et je pense que, le gouvernement, lorsqu'il déposera son projet de loi, on aura occasion de faire ce débat-là, quelle est la place des agences. Ultimement, le système doit demeurer public. Ultimement, l'accès doit être public.

M. Lachance (Nicolas) : Êtes-vous menotté parce que vous êtes chef par intérim, M. Tanguay? On dirait que vous n'êtes pas capable de prendre de décision sur aucun sujet.

M. Tanguay : Non.

M. Lachance (Nicolas) : Vous êtes entre les deux tout le temps : Il faut voir, peut-être, le milliard, on le prend, on ne le prend pas. C'est parce que vous êtes chef par intérim que vous n'osez pas plonger un peu plus?

M. Tanguay : Non, non, non, je n'ai pas la même lecture que vous.

M. Lachance (Nicolas) : Non?

M. Tanguay : Non.

Des voix : ...

M. Laberge (Thomas) : Oh! j'aurais une dernière question, excusez-moi. Pour revenir sur la santé, là, on a vu, ce matin, là : les compagnies privées d'ambulance font énormément de profits, sont subventionnées par le public. Il n'y a pas beaucoup de transparence. Est-ce qu'elles doivent faire preuve de plus de transparence?

M. Tanguay : Oui, tout à fait. Tout à fait, elles doivent faire preuve de plus de transparence. Ce sont des...

M. Laberge (Thomas) : ...parce que le gouvernement n'est pas capable.

M. Tanguay : Bien, écoutez, dans un rapport... lorsque vous avez un rapport contractuel, lorsque vous donnez un service, il peut y avoir des demandes de reddition de comptes quant à votre co-contractant, puis je pense que, publiquement, on aimerait ça avoir davantage de données, entre autres, sur la couverture ambulancière partout sur le territoire, c'est un défi. Je pense que plus de transparence, c'est nécessaire.

Mme Martin (Léa) : Puis, toujours en santé, en santé mentale, il y a une grande enquête qui est sortie, la semaine dernière, sur la santé mentale des adolescents, puis on voit que la situation est encore plus alarmante pour les jeunes trans et non binaires. Dans un article du 24 heures, là, il y a des organismes LGBTQ+ qui ont dit qu'ils manquaient énormément de financement, qui vont peut-être devoir fermer des lignes d'écoute, qui voudraient aider à désengorger le système. Qu'est-ce qu'on fait avec cette situation-là?

M. Tanguay : Je pense qu'il faut s'assurer que les organismes qui oeuvrent sur le terrain, notamment les organismes communautaires, aient le financement nécessaire, encore une fois davantage de financement à la mission plutôt que de financement par projet. Et, en ce sens-là, on l'a vu durant la pandémie, l'importance de nos organismes communautaires qui étaient sur le terrain et qui ont assuré, notamment, un suivi par rapport à la détresse mentale. Alors, en ce sens-là, oui, il faut les épauler, il faut reconnaître pleinement leur rôle et il faut les financer à la hauteur, là, des services qu'ils donnent.

Mme Martin (Léa) : Mais ils se disent pas écoutés.

M. Tanguay : Je pense qu'il faut, évidemment, les écouter, il faut, évidemment, s'assurer, encore une fois, de pérenniser leur financement. Et ça, on l'entend souvent sur le terrain : Nous, on a un financement sur un an, trois ans, d'avoir du financement à la mission et non par projet, et reconnaître les services essentiels qu'ils donnent sur le terrain aux citoyens.

Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) : On a vu des chiffres, aujourd'hui, sur l'immigration temporaire qui serait rendue à 300 000. Quelles conséquences, selon vous, il y a à ce que le gouvernement dise qu'on ne peut pas avoir une capacité de plus de 50 000 immigrants ici, au Québec, par année, et le fait qu'on ait 300 000, finalement, immigrants temporaires?

M. Tanguay : Vous avez raison de le mentionner. Ces dernières années, on a vu une hausse fulgurante du nombre de travailleurs temporaires. On voit même plusieurs entreprises, parce qu'en immigration ça ne fonctionne pas pour les entreprises, elles-mêmes, mettre sur pied, à des coûts, là, très, très substantiels, les entreprises, là, nos PME, des missions de recrutement à l'étranger pour attirer, finalement, des travailleurs qui vont peut-être, bon an mal an, rester deux ans ici, au Québec, puis, après ça, vont quitter.

Alors, ça prend une immigration ordonnée. Ça remet en perspective la capacité d'intégration que M. François Legault fixait à 50 000. Je pense qu'il faut y avoir... encore une fois, l'important, c'est l'impact des travailleurs temporaires, et, encore une fois, documenter... Ces gens-là, la plupart vont rester pendant deux ans. Combien de fois je me suis fait dire, moi, par des entreprises de mon comté : M. Tanguay, ça n'a pas de bon sens, ça nous coûte des dizaines de milliers de dollars, je suis capable d'attirer deux, trois travailleurs, puis après deux ans on les perd? Il faut réellement mieux faire.

Puis, de plus en plus, pénurie de main-d'oeuvre fait une pression tellement forte sur les entreprises qu'on a vu ce chiffre-là exploser parce qu'on n'est pas efficace pour ce qui est de l'immigration au Québec et à Ottawa aussi.

Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) : ...prioriser les immigrants temporaires pour la résidence permanente?

M. Tanguay : Moi, je pense qu'il faut avoir un contrôle sur notre immigration. Il faut avoir également un regard sur la capacité d'accueil. Et on ne peut pas laisser continuer la situation. On est rendus à 300 000, près de 300 000 travailleurs temporaires, ça ne peut pas continuer comme ça.

Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) : Doit-on augmenter le seuil du 50 000?

M. Tanguay : Nous, vous le saviez, dans la campagne, on le mettait à 70 000. Et, plus loin que ça, c'était 70 000 le temps que nous mettions en place notre proposition qui était de demander aux régions... j'ai fait la tournée du Québec, aller demander aux régions, aux femmes et aux hommes d'affaires, notamment, et aux gens dans les services publics, dans les régions, leur dire : Vous avez besoin de combien de travailleurs aujourd'hui, dans trois ans et dans cinq ans? Maintenant, d'être capable de déterminer avec les régions leur capacité d'accueil et d'avoir un dialogue : Parfait, qu'en est-il de vos besoins, à ce moment-là, en service de garde, en logement? Et c'est avec ce dialogue-là avec les régions qu'elles pourront, elles, participer de l'immigration, plutôt que dire : Les gens arrivent à Montréal, puis on va essayer de les pousser en région. Et là vous verriez que la capacité d'accueil, j'en suis convaincu, est plus élevée, nettement, que le 50 000 de M. Legault.

M. Authier (Philip) : I'm just wondering how, in the dynamic of negociations for the health transfer... In the dynamic of negociations, to put that in the context, how exactly do you go about taking the billion dollars on the table but continue negociating at the same time? I don't understand...

M. Tanguay : The end results... And I'm not in the strategy here with respect to the details of the agreement of the proposal from the federal, but it was announced as being a very, very major point of discussion, and we see that, very, very quickly, François Legault decided to say : Well, it's not a lot, but we're going to take it. And it's basically the end of this «rapport de force». You must, as the Premier of Québec, maintain this «rapport de force», and it's not... With François Legault's attitude of last week, I think that we lost this «rapport de force».

Now, they're going to sign this agreement. And again, far and beyond the technicality of this, 1 billion when we were asking for 6, it's clearly not enough.

M. Authier (Philip) : Where would exactly he get more bargaining power? The other premiers already said they're signing on, they closed the books yesterday.

M. Tanguay : Yes, but which is not a good thing, obviously. And if François Legault cannot count on the support of the other premiers, I think that he must continue to negociate it, to negociate, and he must continue, he must not accept that. Again, this is a deal, an agreement that will have force for the next 10 years. It's quite something and it goes beyond François Legault's mandate here. So, we must continue, but unfortunately, last week, with Legault's reaction, we lost a lot of bargaining power.

Mme Mignacca (Franca G.) : On the use of private agencies in the public system, we heard a report, this week, that $3 billion of public money has been spent on public agencies since 2016. I know you said that we have to review those processes, but how exactly do you feel about the use of private agencies?

M. Tanguay : It's a lot, it's a lot of money. We have a public system here, health care system here, in Québec, it must stay as it is, as a public system. Again, for those who are on a waiting list, waiting to receive a treatment, I think that we must hurry and make sure that they will be receiving in a proper time the health support that they are requiring. But that being said, I think that we have to revise this way of dealing with the agencies. It's a lot of money.

Mme Mignacca (Franca G.) : Do you think it's even possible to do away with agencies at this point, in your opinion?

M. Tanguay : I think that it could be an option as well. But again, we must make sure that, at the end of the day, the patients will be receiving the services. That's the only question. And we have to have a discussion with respect to the place of the agencies. Is there a way for them to be complementary to the public system? We have to have a transparent dialog, national discussion on this. And again, for those who, today, are on the waiting list, we must act, but $3 billion, it's a lot.

Mme Henriquez (Gloria) : Wouldn't that billion dollar offer help in tackling those waiting lists that you say are urgent?

M. Tanguay : Sorry?

Mme Henriquez (Gloria) : Wouldn't that billion dollar offer from the federal Government help in tackling that urgent waiting list that you're mentioning?

M. Tanguay : Again, it's with respect with the proper financing of our health system, and we needed that money, this $6 billion, and not $1 billion. We supported, we fully supported François Legault's demand, but now we saw, very surprisingly, last week, that he decided that he will be signing for $1 billion then, and we were asking and we need $6 billion. So, it's really not enough, and he must continue to fight for Quebeckers.

Mme Henriquez (Gloria) : So, you take the billion, and then you continue fighting in the bilateral agreements?

M. Tanguay : We must not stop fighting for that money. We need, in Québec, $6 billion, and again, on a 10-year period. It's a long long-term deal. We must not stop the fight and hope for the best, this is not a negotiating strategy. Merci beaucoup.

(Fin à 10 h 33)

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