To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de M. Vincent Marissal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de santé

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de M. Vincent Marissal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de santé

Version finale

Wednesday, February 15, 2023, 12 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Douze heures trente minutes)

M. Marissal : Alors, rebonjour. On s'était donné rendez-vous ce matin, hein, on savait qu'on allait revenir. Projet de loi n° 10, ma première réaction, c'est que le ministre dit qu'il veut abolir les agences, je dis la même chose, c'est juste qu'on ne prend pas, visiblement, le même chemin, on ne prend pas la même route pour y arriver. Le ministre Dubé prend, visiblement, un itinéraire beaucoup plus long, beaucoup plus long, parce que, de fait, par règlement, il prévoit se donner le moyen de faire perdurer le service des agences partout où il y a besoin. Puis malheureusement, en ce moment, bien, il y a beaucoup d'endroits où on en a besoin parce qu'on n'a pas été capable de s'en débarrasser, puis elles se sont implantées.

Alors, la première question que je me suis posée, moi, comme député de Rosemont, c'est : Ça change quoi, ça, à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont? Bien, ça ne changerait pas grand-chose, dans la forme actuelle, parce que le ministre se permet de continuer, parce qu'il y a urgence, par règlement en plus, à utiliser les agences. Cela dit, il veut limiter la voracité des agences, ça, j'en suis, ça, je suis parfaitement d'accord, je vous l'ai dit. Effectivement, les agences appuient beaucoup trop fort sur le crayon, là, puis on se retrouve avec des factures qui n'ont aucun bon sens. Ça, déjà, si on peut régler ça, c'est un pas dans la bonne direction.

Le fait est que, dans ce qui nous a été présenté ce matin en briefing, il revient souvent, dans les objectifs du projet de loi, les mentions «permettre de», donc permettre de faire usage des agences, permettre de déterminer là où elles sont, permettre de prolonger, par exemple, la durée d'utilisation. Là, on permet, on n'interdit pas. Alors, moi, j'ai quand même quelques questions, et on étudiera le projet de loi à son mérite, mais, pour le moment, il semble que le ministre s'est donné une route très, très longue pour y arriver.

Puis franchement, pour prendre une métaphore de santé, là, il y a deux façons d'arracher un plasteur, il y a deux façons d'arracher un pansement. Vous pouvez y aller très, très lentement, là, ça fait mal longtemps, puis vous arrivez, effectivement, à l'objectif de l'enlever. Ou vous pouvez tirer d'un coup, ça, c'est l'autre façon, ça fait mal aussi, mais ça fait mal moins longtemps. Je pense que le ministre a choisi vraiment la méthode la plus longue, ça va faire très, très mal longtemps.

Puis dernière observation là-dessus. Pour les infirmières, supposons qu'on plafonne — effectivement, qu'on plafonne, c'est déjà ça de pris, là — les tarifs, une infirmière qui va gagner 25 % de plus dans une agence que dans son hôpital, ou qu'elle gagne 35 %, à 25 %, elle gagne encore pas mal plus que dans le public.

Alors, moi, je vais faire le travail consciencieusement, comme je le fais toujours en étude d'un projet de loi. Je vais viser à ce qu'effectivement on atteigne l'abolition des agences. Le ministre dit 2026, moi, je trouve qu'il a pris un chemin qui est bien compliqué puisqu'il est bien long, mais je vais le prendre au mot, son objectif, c'est ça. Ça fait qu'on va travailler en ce sens-là, mais il faut aussi travailler au fait que ça ne soit pas si avantageux ou très avantageux d'aller travailler en agence. Parce que sinon, évidemment, on ne réglera pas tous nos problèmes, du jour au lendemain, dans les hôpitaux puis dans les services publics au Québec, et les gens vont quand même vouloir aller vers les agences parce que c'est permis. Alors, un modeste pas dans la bonne direction, mais c'est un pas très lent qui emprunte une route très longue.

Mme Lamontagne (Kathryne) : Est-ce que vous demandez, à ce moment-là, au gouvernement de négocier des conditions avantageuses? Parce qu'il le lie directement à la négociation du secteur public, là. Dans le fond, le fardeau incombe au gouvernement.

M. Marissal : Oui, effectivement, le fardeau de la preuve est sur les épaules du gouvernement. Il faut agir sur deux fronts, et ils sont concomitants, ils sont indissociables. Il faut se débarrasser des agences pour ramener le monde dans le public. Pour ramener le monde dans le public, ça passe par des bonnes conditions de travail, des bonnes conditions de travail négociées sur les horaires, bien sûr, mais aussi pour les salaires.

L'histoire que j'ai racontée ce matin, pendant la période des questions, n'a aucun bon sang. À Maisonneuve-Rosemont, des infirmières d'agence qui prennent la place d'infirmières du public, de l'hôpital, sur les postes de jour, évidemment, parce que les agences, généralement, c'est ce qu'elles font, elles sont formées par des infirmières qu'elles bumpent, puis elles gagnent trois fois leur salaire. Ça n'a aucun bon sens. Si on n'est pas capable de mettre un frein à ça, là, on peut adopter tous les projets de loi qu'on voudra ici, là, c'est peine perdue.

Mme Lamontagne (Kathryne) : Est-ce que vous trouvez que la façon de procéder, tu sais, y aller avec un projet de loi qui est quand même large, puis après ça découper ça dans des règlements...

M. Marissal : C'est malheureusement trop souvent, maintenant, le modus operandi du gouvernement dans tous les projets de loi. On y va avec une structure, là, un ensemble, puis après ça on y va dans le détail. C'est un peu comme si le gouvernement dit : Dessinez avec moi les plans de la maison, puis on va débattre du plan de la maison, mais tout ce qui est aménagement, couleurs des murs, disposition des pièces, c'est moi qui va choisir après coup. Ce qui fait qu'on s'est retrouvé, récemment, avec des projets de loi qu'on a adoptés, la législation précédente, où il ne donne pas du tout ce sur quoi on avait discuté. Ça fait que c'est dangereux, là, un chèque en blanc à un ministre, là, qui part avec un projet de loi puis une loi, puis qui dit : Moi, je peux faire maintenant tout ce que je veux. C'est dangereux.

Puis je pense que ça contrevient aussi à l'esprit du parlementarisme, parce que moi, j'ai voté des affaires qui se sont transformées avec le temps puis qui ne sont pas du tout ce dont on avait discuté. Alors, le ministre, s'il veut se donner tous les moyens de garder les agences, ce n'est pas un projet de loi pour les abolir. On va avoir des discussions fort intéressantes.

M. Laforest (Alain) : C'est un solage, puis vous n'aurez pas le droit... vous n'aurez pas votre mot à dire sur la grosseur des murs puis les divisions.

M. Marissal : Bien au moins, tantôt, je parlais du plan de la maison, là vous nous ramenez au solage. Effectivement, c'est la base. On est pas mal à la base de la base, puis après ça le ministre se réserve beaucoup, beaucoup de pouvoirs discrétionnaires. Discrétionnaire, c'est dit, dans le projet de loi, là : Le ministre peut. En plus, entre vous puis moi, je trouve ça un peu contradictoire, parce que le ministre nous dit que lui, là, la microgestion, là, puis les feux dans les urgences, puis dans les CISSS, les CIUSSS, ça ne l'intéresse pas, là, il veut se donner un mégaoutil pour intervenir personnellement pour envoyer des infirmières d'agences.

M. Laforest (Alain) : ...que vous développiez un peu plus, là. Là, vous faites de la politique, mais j'aimerais ça que vous développiez un peu plus sur l'esprit du parlementarisme. Parce que, dans sa loi, est-ce que c'est là ou ce n'est pas là?

M. Marissal : Qu'est-ce qui est là ou pas là?

M. Laforest (Alain) : L'esprit du parlementarisme.

M. Marissal : Bien, ce n'est pas tellement dans sa loi, c'est dans la transformation des lois puis dans le processus d'adoption d'un projet de loi. Si on discute d'un sujet x, dans un projet de loi, puis qu'on débat, par exemple, d'un article, on discute d'un point précis, puis qu'après adoption le règlement vient complètement faire bifurquer ou amène un autre sujet complètement, je pense que ça ne respecte pas l'esprit du parlementarisme. Autrement dit, je ne sais pas sur quoi je vote puisque je viens de donner un chèque en blanc au gouvernement.

On nous a fait le coup, notamment, avec la télémédecine. La pratique mixte en télémédecine, on n'a pas discuté de ça en forme de projet de loi dans le projet de loi qu'on a adopté à la dernière législation. Par règlement, le gouvernement est venu en arrière changer complètement les règles du jeu.

Mme Mignacca (Franca G.) : Just, in English. What did you make of this bill?

M. Marissal : Well, if it's a good step in the right direction, it's a very, very small step, baby steps. And if, and I say if, the minister and the CAQ Government really want to get rid of agencies, I mean, they took probably the longest road ever to get there. Because, at the end of the day, when you look at what the minister is trying to gain as power is to act by reglements. The day this draft bill will be adopted, the minister will have all kind of new powers in hand to adapt new reglements, new articles and will allow him to basically keep the agencies in place. My idea of this draft bill is to rid of agencies.

Mme Mignacca (Franca G.) : Are you concerned, then, that nothing will change with this bill?

M. Marissal : No, I'm not saying that because, first of all, this draft bill aims at limiting the profit that it can make and the money that they can make. That's a good thing, that's a good first step because, I mean, they've been exaggerating over the years, so that's probably the best part of this draft bill. So, I wouldn't say that it will change nothing, but let's take the example of Maisonneuve-Rosemont, the hospital in my riding, I mean, if we adopt this tomorrow, nothing will change at Maisonneuve-Rosemont because the hospital will be in bad shape as well as now, and the CIUSSS will be able to call agencies, because of the lack of personnel. So, basically, it doesn't go far enough.

Mme Mignacca (Franca G.) : What would you have done differently?

M. Marissal : Well, I mean, we have to stay focus, one thing, get rid of agencies, and if you have all kinds of provisions in the draft bill that allow the Minister, personally, to decide that he will keep agencies, I mean, it's counterproductive.

M. Authier (Philip) : ...there are too many exceptions?

M. Marissal : Too many exceptions, yes.

M. Authier (Philip) : But he argues that, if you elimitate the agencies to fast, a shock in the system, the lack of personnel would be too dramatic.

M. Marissal : And I totally agree with that. I totally agree with that, I said : Three years, two years, you know, I'm flexible on that very point, but the thing is that. by reglement, the Minister will have all kinds of powers to keep the agencies in place and that, I think, is the problem with this draft bill.

M. Authier (Philip) : It will be too tempting to keep them going?

M. Marissal : Well, I mean, it's the easiest solution, right? Like, personnel, some ERs are closing, well, call the agencies. And the agencies, they will make less money, that's right, that's a good point, but they still will make a lot of money. Thank you.

(Fin à 12 h 41)

Participants


Document(s) Related