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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition, et M. Etienne Grandmont, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de transports et de mobilité durable

Version finale

Wednesday, February 22, 2023, 8 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures trente-trois minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Je veux revenir sur mon échange d'hier avec François Legault en période des questions. Hier, François Legault m'a confirmé qu'il a induit les Québécois en erreur sur sa promesse de construire 15 000 nouveaux logements sociaux au Québec. Son chiffre de 15 000 logements, qu'il nous répète depuis des mois, c'est du vent, en fait. La grande, la majeure partie de ces logements-là, c'est des logements imaginaires. Et on n'est pas dans Les Sims, donc les gens ne peuvent pas vivre dans des logements imaginaires, ils vivent dans des logements construits avec des vrais murs, un vrai toit. Et la CAQ n'a pas livré les logements qu'elle avait promis.

En fait, c'est bien pire que ça. Il y a une étude, publiée hier, qui l'a confirmé. Depuis cinq ans, c'est 90 000 logements abordables qui ont disparu, seulement à Montréal, 100 000 au total au Québec. Autrement dit, François Legault, c'est le champion canadien, le champion canadien de la perte de logements abordables. Il a fait pire que l'Ontario, pire que la Colombie-Britannique, des endroits où la crise du logement, pourtant, là, frappe durement. Puis, derrière chacun de ces 90 000 logements abordables à Montréal, qui ont été perdus, derrière chacun de ces logements, là, bien, il y a du vrai monde, du monde qui vivaient dignement et qui ne vivent plus dignement parce que leurs loyers ont explosé et qu'ils doivent dorénavant consacrer 50 %, 60 % de leur revenu pour se mettre un toit sur la tête.

Donc, François Legault doit arrêter de vanter ces logements imaginaires, puis il doit aussi arrêter de travailler avec le Parti libéral du Québec pour bloquer nos solutions à la crise du logement. La semaine dernière, les libéraux, la CAQ se sont alliés pour battre notre proposition d'enfin mettre fin à la clause F, hein, la clause du bail qui légalise des hausses abusives de loyer. C'est notamment à cause de cette clause-là qu'on a des chiffres comme ça aujourd'hui. 100 000 logements abordables perdus, au Québec, en cinq ans, c'est une hémorragie, et François Legault est le principal responsable de cette hémorragie-là.

En terminant, je veux, encore une fois, dire quelques mots sur la commission parlementaire qui aura lieu aujourd'hui. Je rappelle qu'à la demande de mon collègue Vincent Marissal les dirigeants du hockey québécois seront entendus en commission aujourd'hui. On a des questions, on a beaucoup de questions, parce que moi, je ne crois pas que des initiations violentes, humiliantes, voire sadiques, comme celles dont on a appris l'existence récemment, ont pu avoir lieu, au Québec pendant des années, sans que personne, nulle part, dans les hautes sphères du hockey québécois, ne soit au courant. Il y a une culture du silence qui existe, il y a une omerta qui existe, et aujourd'hui, à la demande de Québec solidaire, on va la casser. Merci.

M. Grandmont : Bonjour, tout le monde. Donc, moi, je vais vous parler de financement de transport collectif. Vous avez vu hier que la Société de transport de Montréal est forcée de faire des compressions de 18 millions de dollars. Il y a quelques semaines, ils ont été forcés d'abandonner, de couper les services, d'abandonner le service 10 minutes max, ce qui laisse un trou encore de 60 millions pour boucler le budget 2023.

Puis la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, elle fait quoi, pendant ce temps-là? Bien, elle fait quoi, en fait, pour aider les gens de Montréal qui utilisent les transports en commun ou qui voudraient le prendre davantage, en cette période de crise climatique, par exemple, dans les secteurs comme le sud-ouest? Il y a des statistiques complètement incroyables de gens qui prennent... jusqu'à 40 % de gens qui se déplacent le matin en heures de pointe, le matin, en transport en commun. Donc, qu'est-ce qu'elle fait, Geneviève Guilbeault?

Moi, je lui ai posé une question là-dessus en Chambre, en décembre dernier, et elle s'en est lavé les mains, elle a remis cette responsabilité à des choix budgétaires de la municipalité. C'est renier la promesse de son prédécesseur, François Bonnardel, qui, lui, disait qu'il n'abandonnerait aucune société de transport à cause de la pandémie, qu'il n'y aurait jamais aucune coupure de services à cause de la pandémie. Donc, d'une part, j'ai un problème avec le fait qu'elle ne réponde pas à l'urgence. On a encore 60 millions manquants dans le budget de 2023 et on ne sait pas comment ce 60 millions de dollars là va être épongé. Est-ce qu'on aura... La Société de transport de Montréal n'a pas beaucoup de possibilités, soit elle coupe encore des services, soit elle augmente les tarifs, mais, dans les deux cas, ce n'est rien pour aider ou pour motiver des gens à prendre le transport en commun.

Donc, pour ce qui est de l'aide d'urgence, déjà, on a un problème, mais, pour ce qui est du financement structurel de transport en commun, qui a été noté par l'association des transporteurs urbains du Québec... Je n'ai rien contre le fait de bien faire les choses, d'avoir une bonne discussion franche avec les partenaires pour régler le problème à long terme, mais la ministre Guilbault a annoncé, il n'y a pas longtemps, une consultation, une consultation des partenaires pour savoir comment on allait régler le problème de financement des sociétés de transport en commun. Elle aurait pu sauver beaucoup de temps et beaucoup d'argent en demandant à son prédécesseur, François Bonnardel, de lui envoyer ce rapport.

Le rapport sur le chantier sur le financement de la mobilité, ça découle de la Politique québécoise de mobilité durable. Il y a eu un chantier, Claude Reid qui s'est déplacé, un peu partout au Québec, pour rencontrer les partenaires, trouver des pistes de solutions pour financer le transport en commun au Québec. C'est ridicule, on a le rapport ici, elle a juste à le prendre puis à mettre en application les différentes recommandations qui sont à l'intérieur.

Investir en transport en commun, c'est la clé pour régler les transports collectifs au Québec. Il y a un budget qui va être déposé, dans quelques semaines, par le gouvernement du Québec, par le ministre des Finances, on espère qu'il y aura à la fois des solutions pour régler très rapidement l'urgence du déficit anticipé de 2023 de la STM, mais aussi des solutions à très court terme aussi pour régler le problème structurel de financement. Merci.

Mme Plante (Caroline) : Pourquoi vous avez voté... c'est-à-dire, refusé le dépôt de la motion du PQ, hier, qui affirmait que la capacité d'accueil du Québec est largement atteinte?

M. Nadeau-Dubois : Largement dépassée.

Mme Plante (Caroline) : Je pense que, dans la motion, c'était écrit «atteinte».

M. Nadeau-Dubois : «Largement dépassée», dans la version finale qui a été présentée en Chambre. Je ne veux pas vous corriger, mais mon souvenir, c'est «largement dépassée». Bien, si on affirme que la capacité d'accueil du Québec est largement dépassée, la seule conclusion logique, c'est qu'on ne peut plus accueillir personne, ce qui voudrait dire tourner le dos à nos obligations internationales d'accueil des personnes réfugiées.

Et j'ai été très clair, à cet égard-là hier, le statu quo, en ce qui a trait au chemin Roxham, n'est pas possible. Il faut suspendre l'entente sur les tiers pays sûrs, il faut la renégocier, mais le Québec aura encore une responsabilité d'accueillir certaines personnes. Ça doit se faire de manière équitable avec les autres provinces canadiennes, de manière à respecter le poids du Québec à l'intérieur du Canada.

Mais d'affirmer, comme ça, de manière définitive, que la capacité d'accueil est largement dépassée, c'est donc induire qu'on ne peut plus accueillir personne, et ce n'est pas ça, la position de Québec solidaire. On a une responsabilité humanitaire d'accueillir les personnes qui fuient la violence, la persécution, l'oppression. Il faut le faire dans un processus bien organisé. En ce moment, c'est mal organisé, c'est ça, le problème qu'il faut régler en suspendant l'entente sur les tiers pays sûrs.

Mme Plante (Caroline) : Vous ne vouliez pas que ce soit le message lancé par l'Assemblée nationale, même si M. Legault le dit, le répète, vous ne vouliez pas que l'Assemblée nationale le dise?

M. Nadeau-Dubois : Bien, la motion était largement incomplète. D'ailleurs, on avait proposé des amendements pour bonifier la motion, la rendre plus complète. Il y a une situation particulière, d'ailleurs, à Montréal. C'est assez clair qu'à Montréal, là, il y a une situation très, très, très aiguë où les organismes sont débordés. Personne ne le nie, les organismes nous le disent, puis on est en contact étroit avec ces gens-là sur le terrain, mais de là à dire qu'au Québec, globalement, la capacité d'accueil est largement dépassée, ça, ce serait donc sous-entendre qu'on ne peut plus accueillir personne.

Puis, je suis désolé, mais c'est une position qui est complètement naïve, parce que la vérité, c'est qu'il y a des réfugiés qui vont continuer à cogner à nos portes. Il faut les accueillir de manière bien organisée en suspendant l'entente sur les tiers pays sûrs.

M. Laberge (Thomas) : On en est où, la capacité d'accueil au Québec, selon vous? On l'a atteinte, on est en deçà, 70 %, 90 %?

M. Nadeau-Dubois : J'ai envie de vous répondre par une question : De quelle capacité d'accueil parlez-vous? Est-ce qu'on parle de la capacité d'accueil en termes d'immigration permanente? Est-ce qu'on parle de l'immigration temporaire qui a explosé, dans les dernières années, hein? Des centaines de milliers de personnes vivent maintenant au Québec sur des statuts migratoires temporaires? François Legault nous parle assez rarement de ces gens-là, par ailleurs, quand il parle d'immigration. C'est des gens qui ont un statut précaire, souvent qui est suspendu à un emploi. Ça donne des situations d'abus comme celles qu'on a vues, récemment, chez BRP. Donc, il y a ça et il y a la question de l'immigration humanitaire des réfugiés, qui est une tout autre question.

Donc, la notion de capacité d'accueil, là, la vérité, là, c'est que c'est surtout une notion politique, chaque parti a sa définition. Et c'est pour ça qu'en campagne électorale à Québec solidaire, qu'est-ce qu'on proposait? On proposait un comité d'experts pour définir, une bonne fois pour toutes, sur des bases objectives, la capacité d'accueil du Québec pour l'immigration permanente. Il y a des démographes qui nous disent que c'est autour de 50 000, 60 000. Il y a des économistes qui nous parlent de plus autour de 80 000. Nous, on avait une position, je pense, posée, nuancée sur cette question-là, en campagne électorale, où on disait : C'est à un comité d'experts de recommander une cible adossée à une capacité d'accueil qui serait définie sérieusement. Parce que la vérité, c'est qu'en ce moment cette notion-là de capacité d'accueil, c'est surtout une notion politique, chaque partie en fait son interprétation.

M. Lachance (Nicolas) : Les problèmes sont réels sur le terrain.

M. Nadeau-Dubois : Je viens de le reconnaître, d'ailleurs.

M. Lachance (Nicolas) : Là, récemment, on a nommé des articles concernant la francisation qui était impossible, même à Québec, pour des jeunes dans les écoles, ici, des jeunes Ukrainiens que ça faisait cinq semaines qui n'avaient pas eu de cours. Donc, les ressources, est-ce qu'ils sont là, selon vous, ou on les invente? Qu'est-ce que...

M. Nadeau-Dubois : Je viens de dire que c'est pour ça qu'il faut préciser de quelle capacité d'accueil on parle. Si vous me parlez des demandeurs d'asile, en ce moment, à Montréal, les organismes nous le disent, là, il y a une situation de crise, les ressources ne sont pas suffisantes. Le gouvernement du Québec, le gouvernement du Canada doivent ajouter des ressources pour qu'on soit capables d'accueillir ces gens-là en dignité et convenablement. Il faut que ce soit bien organisé.

M. Lachance (Nicolas) : Elles sont où, ces ressources-là?

M. Nadeau-Dubois : Bien, il faut ajouter des ressources en hébergement, il faut mieux financer les groupes communautaires qui accueillent ces gens-là sur le territoire. Et je le disais hier, je le redis ce matin : Il faut s'assurer d'une répartition équitable des demandeurs d'asile à travers le Canada. Ce principe-là, on y adhère tous et toutes tant qu'on ne force pas les gens.

M. Robillard (Alexandre) : Pour l'accueil des demandeurs d'asile, est-ce que la capacité est atteinte?

M. Nadeau-Dubois : Encore une fois, la situation à Montréal, elle est critique, elle est critique, les organismes nous le disent, là, qu'ils ne fournissent pas. Il faut ajouter des ressources pour aider ces organismes-là. Il y a une situation très difficile à Montréal, tout le monde le reconnaît, les organismes nous le disent, puis on les entend, à Québec solidaire, c'est aussi notre position. La situation à Montréal, pour les demandeurs d'asile, là, elle est très difficile. C'est pour ça que le fédéral doit faire sa part, c'est pour ça qu'il faut une répartition équitable à travers les différentes provinces, tout en ne forçant personne.

M. Robillard (Alexandre) : Mais est-ce que la capacité est atteinte?

M. Nadeau-Dubois : À Montréal, la situation, elle est très critique. À Montréal, il y a, en effet, des organismes qui sont débordés. Les ressources en hébergement, en ce moment, ne suffisent pas. Donc, la capacité d'accueil de ces organisations-là, des ressources actuellement en place, elle est atteinte. Et, encore une fois, la solution, ce n'est pas de fermer la porte ou de construire un mur à la frontière, ça ne fonctionnera pas. Ce qu'il faut, c'est ajouter des ressources pour mieux accueillir les gens, c'est de s'assurer d'une répartition équitable à travers le Canada. Et la seule manière durable de faire ça, la seule, c'est de renégocier ou de suspendre l'entente sur les tiers pays sûrs.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que c'est une bonne idée de faire en sorte que les maternelles quatre ans soient ralenties, là, actuellement? Parce que le ministre Drainville conçoit qu'il manque de monde, il manque de locaux.

M. Nadeau-Dubois : Bien, M. Drainville a vu la lumière, c'est juste dommage qu'avant lui M. Roberge ne l'ait pas vu et c'est surtout dommage qu'au départ de tout ça François Legault ne l'ait pas vu.

Je veux quand même rappeler que François Legault avait mis son siège en jeu sur les maternelles quatre ans. François Legault, rappelez-vous, avait mis son siège en jeu sur les maternelles quatre ans. François Legault avait mis son siège en jeu sur un projet mal ficelé, mal organisé. Et aujourd'hui la décision de Bernard Drainville, c'est un désaveu total de l'obsession de M. Legault envers les maternelles quatre ans. C'est la démonstration que cette promesse lancée en l'air par François Legault, pour laquelle il avait mis son siège en jeu, était mal ficelée.

Mme Plante (Caroline) : Mais qu'est-ce que ça veut dire «mettre son siège en jeu»? Ça ne veut plus rien dire, finalement. Un politicien peut dire ça n'importe quand, puis...

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est une très bonne question, parce que moi, je m'en rappelle d'avoir vu François Legault répondre à la question : Pour quelle promesse mettrez-vous votre siège en jeu? Il avait dit : Les maternelles quatre ans. Ça fait qu'il avait mis son siège en jeu sur quelque chose d'irréaliste, sur une obsession personnelle dont on se rend compte aujourd'hui qu'elle était inapplicable dans un contexte de pénurie d'enseignants, d'enseignantes, pénurie qui était prévisible.

Combien de fois avez-vous vu Christine Labrie talonner Jean-François Roberge pour l'alerter de la pénurie à venir en matière d'enseignants, enseignantes? Combien de fois avez-vous vu Québec solidaire dire : Là, votre obsession pour les maternelles quatre ans mur à mur, là, ce n'est pas réaliste, ça ne marchera pas. François Legault s'est entêté, il a amené avec lui Jean-François Roberge. Et, une fois au fond du trou, Bernard Drainville réalise que ça ne tient pas la route.

Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce qu'on doit avoir un salon de jeu au Centre Bell? On a vu ça ce matin. Est-ce que ça vous préoccupe qu'on installe ça à côté du Centre Bell?

M. Nadeau-Dubois : La question qu'il faut se poser, c'est : Est-ce que c'est de ça dont le centre-ville de Montréal a besoin, des milliers de machines à sous? Je pense que poser la question, c'est un peu y répondre. Et on a bien hâte d'entendre la Santé publique sur ce dossier-là. Parce que, par le passé, la Santé publique avait sonné l'alarme sur des projets de développement de casinos autour du centre-ville de Montréal en soulignant la présence de populations vulnérables dans ce coin-là puis en disant que ce n'était peut-être pas l'idée du siècle, là, d'ajouter des minicasinos comme ça proche de populations vulnérables. Donc, moi, j'ai hâte d'entendre la Santé publique là-dessus, mais je me pose sérieusement la question : Est-ce que c'est de ça dont le centre-ville de Montréal, en ce moment, a besoin?

Mme Lévesque (Fanny) : Les libéraux ont déposé un mandat d'initiative, ce matin, pour qu'on entende, justement, la Santé publique en commission.

M. Nadeau-Dubois : O.K. Vous me l'apprenez.

Mme Lévesque (Fanny) : Bon. Est-ce que vous allez l'appuyer ou êtes-vous favorables à cette démarche-là?

M. Nadeau-Dubois : On va étudier la demande de l'opposition officielle, mais plus de transparence sur ces enjeux-là, ce n'est jamais de refus pour Québec solidaire.

Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) : François Legault est parti à Terre-Neuve pour entamer les négociations. Qu'est-ce que vous attendez de François Legault par rapport à ces négociations? Est-ce que Québec doit donner une compensation pour l'entente passée avec Terre-Neuve?

M. Nadeau-Dubois : Pouvez-vous répéter votre question? Est-ce que...

Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) : Est-ce que le Québec doit donner une compensation pour l'entente passée avec Terre-Neuve? Parce que, là-bas, il y a énormément de grogne, à Terre-Neuve, pour ce qu'ils, eux, considèrent une injustice. Alors, est-ce qu'on devrait, pour négocier, penser à une certaine compensation pour l'ancienne entente vers la nouvelle entente?

M. Nadeau-Dubois : Ce n'est pas Québec solidaire qui négocie cette entente-là, donc je ne négocierai pas sur la place publique à la place de la personne qui négocie pour le Québec, mais, moi, ce à quoi je m'attends, c'est une bonne entente pour le Québec, c'est une bonne entente, un bon deal pour le Québec, pour l'avenir énergétique. C'est un approvisionnement énergétique important pour le Québec, et on espère que François Legault va ramener une entente satisfaisante pour les Québécois, Québécoises.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que c'est incontournable que ce renouvellement-là soit maintenu, que cette capacité de production là soit maintenue pour l'avenir énergétique du Québec?

M. Nadeau-Dubois : C'est important pour le Québec. Il faut aussi que ça se fasse, c'est important pour moi de le préciser, avec le consentement des peuples autochtones qui habitent le territoire, mais c'est une source énergétique importante pour le Québec. Tout le monde le sait, tout le monde est d'accord.

M. Robillard (Alexandre) : Mais est-ce que M. Legault joue gros, dans le sens où… Je veux dire, est-ce qu'il y a une obligation de résultat?

M. Nadeau-Dubois : C'est une négociation qui est importante pour l'avenir énergétique du Québec, c'est absolument certain, oui.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que ça pourrait compromettre des projets si on n'a pas l'apport d'énergie de Churchill Falls?

M. Nadeau-Dubois : Des projets?

M. Laforest (Alain) : Bien, entre autres, pour des projets d'exportation.

M. Nadeau-Dubois : O.K. Je pensais qu'on parlait...

M. Laforest (Alain) : Tout le développement… on le sait, là, c'est écrit dans le plan stratégique d'Hydro-Québec, là, qu'il va manquer d'énergie, là.

M. Nadeau-Dubois : Pour accomplir la transition énergétique, on a besoin de plus d'électricité au Québec, et Churchill Falls, c'est un approvisionnement important. Donc, ce serait un recul que de perdre cet apport énergétique là. C'est pour ça qu'on s'attend à une entente qui soit satisfaisante pour les Québécois, les Québécoises.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce qu'on doit se poser des questions sur l'augmentation des exportations d'Hydro-Québec? Est-ce que c'est encore un sujet qui est d'actualité?

M. Nadeau-Dubois : Plus que jamais.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce qu'il faut arrêter ça, les exportations?

M. Nadeau-Dubois : C'est une question fondamentale, c'est extrêmement important. Si on veut faire la transition énergétique au Québec, là, il faut bien choisir comment on dépense notre électricité. Est-ce qu'on la dépense dans des mégaprojets industriels triés sur le volet par Pierre Fitzgibbon? Est-ce qu'on la dépense dans des ententes d'exportation ou est-ce qu'on la dépense ici, au Québec, pour électrifier notre économie, notre société? Ces questions-là sont déterminantes, pas pour les cinq prochaines années, pour les 50, 60 prochaines années.

M. Robillard (Alexandre) : ...d'exporter de l'électricité dans la conjoncture actuelle.

M. Nadeau-Dubois : Ce que je vous dis, c'est que c'est une question qui est essentielle pour l'avenir énergétique du Québec et que, pour voir clair sur ces questions-là, il faut un plan de match transparent et complet. Ça commence par étudier, en commission parlementaire, le plan stratégique d'Hydro-Québec, avec Mme Brochu derrière le micro, pour savoir quelle était la vision d'Hydro-Québec avant que M. Fitzgibbon ne débarque avec ses grosses bottes et se mette à gérer ça comme si c'était son entreprise personnelle. On ne peut pas gérer l'avenir énergétique du Québec sur le flair, sur le coin de la table comme ça, ça prend un plan de match global, transparent. En ce moment, il n'y a pas de transparence, Pierre Fitzgibbon fait une conférence le lundi, un scrum le mercredi, et c'est comme ça qu'on apprend la politique énergétique du Québec. C'est inacceptable.

Et, pour être sûr de bien répondre directement à votre question, là, oui, la question des exportations, dans le cadre de cette réflexion-là, elle est essentielle, il faut l'aborder. A-t-on les moyens d'exporter davantage? Est-ce que c'est rentable? Est-ce que c'est la bonne chose pour l'avenir énergétique du Québec? Il faut avoir ces discussions-là de manière transparente. Il faut un vrai plan de match.

Mme Lévesque (Fanny) : M. Grandmont, juste, peut-être, sur le pont de l'Île-aux-Tourtes, là, on voit, ce matin, que ça va coûter beaucoup, beaucoup plus cher que prévu. Est-ce que cette explosion des prix là vous surprend?

M. Grandmont : Bien, il y a une surchauffe, actuellement,, dans le domaine de la construction, ça, c'est très, très clair. Maintenant, moi, ce qui m'intéresse, dans ce projet-là, c'est de s'assurer que la nouvelle infrastructure qui va être mise en place va bien répondre aux besoins des gens sur place, qu'il va y avoir de la place pour du transport collectif, parce qu'il y a beaucoup de gens qui voudraient l'utiliser qui ne peuvent pas le faire. Donc, ça, c'est un enjeu qui est très important pour moi. Pour ce qui est des coûts, évidemment, là, on regardera le projet avec détail, ça vient tout juste de sortir, là, mais, oui, il y a une surchauffe dans les projets d'infrastructure actuellement, là.

Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce qu'on est condamnés, justement, à vivre un peu avec cette surchauffe-là pour les prochaines années pour les projets d'infrastructure publique, là?

M. Grandmont : Combien de temps elle va durer cette surchauffe-là? C'est dur à dire aussi, là. On sait que les prix pourraient se restabiliser, on l'a vu dans le domaine de la construction résidentielle, ça a commencé à rebaisser un petit peu. Donc, est-ce que c'est temporaire? C'est une chose qu'on devra suivre avec attention, évidemment, là.

Mme Lévesque (Fanny) : Mais il faut continuer quand même les projets?

M. Grandmont : Bien, il y a des projets qui doivent malheureusement... ou, en tout cas, ils doivent se faire, ça, c'est sûr. On ne peut pas jouer avec la sécurité des gens, ça, c'est évident, là.

M. Lachance (Nicolas) : Est-ce qu'il y a un deux poids, deux mesures dans les dépenses d'infrastructures, M. Grandmont? Par exemple, quand on parle de transport en commun, les gens s'offusquent lorsque les prix sont gonflés à cause de cette surchauffe-là, mais, lorsque c'est question d'autoroutes, de ponts, de tunnels, on semble un peu s'en laver les mains.

M. Grandmont : Votre question est très bonne, mais il y a, de base, un deux poids, deux mesures au Québec, il y a ça, ce que vous nommez, effectivement. Il y a un problème où, quand c'est des projets qui sont menés par des municipalités, par exemple, le transport collectif, c'est souvent les municipalités, il y a beaucoup d'attentes, de reddition de comptes, de transparence qui est exigée auprès des municipalités.

Quand il s'agit des projets menés par le gouvernement lui-même, notamment le ministère des Transports et de la Mobilité durable, c'est des choses qui avancent, pour lesquelles on n'a pas beaucoup d'information. On pourrait prendre le projet de troisième lien, c'est un projet pour lequel il y a un bureau de projet où qu'il y a 325 millions de dollars, et on ne sait absolument pas comment ce projet-là avance. Et ça me faisait rire, tantôt, parce qu'Éric Caire aussi avait mis son siège en jeu, pour faire écho à la question de tout à l'heure, sur la réalisation de ce projet-là, avant le début des travaux, avant la dernière élection de 2022.

Mais il y a un deux poids, deux mesures structurel, aussi, au Québec. D'une part, quand c'est des projets de transport collectif, le gouvernement finance entre 75 % puis 90 % des infrastructures, puis l'opération revient entièrement à la charge des municipalités et des usagers. Aïe, à Montréal, c'est 50 % des gens qui paient le fonctionnement du transport collectif, l'autre 50 %, c'est des revenus autonomes puis l'agglomération de Montréal. L'autre côté, quand c'est des transports routiers, autoroutiers, c'est entièrement payé par le gouvernement du Québec, autant pour les infrastructures que pour l'entretien, l'opération.

Donc, en quoi ce système-là, qui existe depuis le début des années 90… c'est la réforme Ryan. En quoi ce système-là encourage les villes à se développer autour du transport collectif? Bien non, ils font comme la ville de Lévis, ils vont taper à la porte du ministère des Transports du Québec, demandent des élargissements de l'autoroute 20, des nouvelles sorties, des nouvelles entrées d'autoroute puis investissent le moins possible dans le transport collectif pour garder les taxes résidentielles le plus bas possible. Donc, ce n'est pas un incitatif à développer le transport collectif. On est en pleine crise climatique, c'est exactement le contraire qu'il faudrait faire. Il y a un problème structurel, au Québec, actuellement.

M. Laberge (Thomas) : Est-ce que le tramway, le projet de tramway à Québec est victime de ce deux poids, deux mesures là, selon vous?

M. Grandmont : Absolument. Sur les deux volets qui ont été nommés, on demande beaucoup de redditions de comptes, il y a des autorisations à obtenir du BAPE, il y a des enjeux environnementaux, il faut être plus blanc que blanc dans le transport collectif. Puis, en plus, toute l'opération de ce nouveau système-là, puis une bonne partie, là, 10 % du projet, va être payée par le gouvernement municipal, par le palier municipal et par les usagers, par les gens de l'agglomération de la ville de Québec. Donc, il y a clairement un deux poids, deux mesures, au Québec, sur les deux volets que j'ai nommés là.

Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) : Sur le Fonds des générations, le Parti libéral, là, vous a attaqués en disant que vous hypothéquez l'avenir des jeunes. Il y a une campagne électorale partielle, en ce moment. Donc, est-ce que c'est ce que vous faites?

M. Nadeau-Dubois : Si le Parti libéral se préoccupait de l'avenir des jeunes, je ne serais pas en politique. Ce qui m'a amené en politique, c'est mon opposition aux politiques libérales qui s'attaquaient à la jeunesse du Québec en voulant faire exploser les frais de scolarité. Ça fait qu'en ce qui a trait à la défense de la jeunesse québécoise, là, je n'ai aucune leçon à recevoir des libéraux, puis Québec solidaire n'a aucune leçon à recevoir du parti qui a creusé notre dette climatique comme personne, qui a créé la crise du logement comme personne puis qui a négligé le système d'éducation comme personne. Les libéraux ont été, pendant 15 ans, un gouvernement antijeune, ils n'ont aucune crédibilité, ils n'ont aucune leçon à donner.

Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) : Mais cet argent-là va servir aux services publics dans le futur. Est-ce que vous pensez... Comment vous allez faire en sorte que les jeunes d'aujourd'hui auront les mêmes services publics qu'ailleurs si on ne fournit plus dans le Fonds des générations?

M. Nadeau-Dubois : L'objectif du Fonds des générations, c'était de mitiger le poids de la dette québécoise, la dette publique du Québec sur notre économie, sur nos finances publiques. Cet objectif-là, il a été atteint, hein, le Québec est en avance sur les objectifs, qui étaient ceux de Jean Charest quand il a mis en place le Fonds des générations. Donc, le Fonds des générations, on pouvait être pour ou être contre sa création, à l'époque, il a accompli son mandat. Est-ce que c'est sage, en 2023, de continuer à ajouter toujours plus d'argent dans ce fonds, ou est-ce qu'il ne serait pas préférable d'utiliser ces milliards de dollars là pour s'attaquer à la vraie iniquité intergénérationnelle, en ce moment, la dette climatique?

Moi, quand je rencontre les jeunes, dans les universités, dans les cégeps, sur la rue, la dette dont ils me parlent, c'est de la dette climatique que les libéraux leur ont léguée. Et ce qu'ils nous disent, c'est : On a besoin d'un gouvernement qui investit pour que notre avenir n'ait pas l'air d'une catastrophe. La dette qui préoccupe la jeunesse, c'est la dette environnementale, c'est dans cette dette-là, nous, qu'on veut investir, à Québec solidaire, et on ne propose pas de vider le Fonds des générations, on propose simplement d'arrêter d'ajouter des milliards et des milliards.

Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) : Dernière petite question, sur BRP, qu'est-ce que vous demandez au ministre Boulet sur cette question?

M. Nadeau-Dubois : Il faut absolument faire la lumière sur cette situation-là. C'est inacceptable, un traitement différencié comme celui-là, de travailleurs, de travailleuses qui viennent de l'étranger. Et moi, je veux bien qu'on... Je pense que c'est important de le souligner, là, ce scandale-là, c'est un symptôme de quelque chose de plus profond. L'explosion de l'immigration temporaire au Québec, sous François Legault, hein, qui fait des déclarations tonitruantes en disant vouloir protéger la nation québécoise de la menace de l'immigration, mais qui, de l'autre côté, a fait exploser l'immigration temporaire, qui est une immigration précaire, fragile, qui, souvent, s'intègre moins bien parce qu'elle est plus précaire, justement.

Donc, on parlait de la capacité d'accueil du Québec, tantôt, là, voilà un bel exemple d'à quel point cette question-là, elle est complexe, puis d'à quel point, si on veut avoir le débat sur l'immigration, on ne peut pas juste avoir un débat de chiffres, il faut avoir un débat de modèles. Est-ce que le modèle d'immigration qu'on veut, au Québec, c'est une immigration fragile, précaire, à la merci, souvent, de grandes entreprises qui les embauchent, ou est-ce qu'on veut un modèle d'immigration régionalisé, francisé, bien intégré sur l'ensemble du territoire?

Mme Mignacca (Franca G.) : On the hearings into hockey teasing, what exactly are you hoping will come out of it?

M. Nadeau-Dubois : You know, I don't believe that those cruel initiations could have been going on, in Québec for years, without anyone anywhere knowing about it. I don't believe that. There is a culture of silence, and today we will break that culture of silence.

Mme Mignacca (Franca G.) : And, on BRP, do you feel like there is anything Minister Boulet could be doing differently to prevent situations like this?

M. Nadeau-Dubois : Well, the core problem here is our model of immigration. You know, François Legault keeps saying that he will protect the Québec nation against the threat of immigration, but what he is actually doing, on the ground, is opening the gate to unbelievable numbers of temporary immigrants, which is a fragile and vulnerable type of immigration that leaves those human beings at the mercy of, sometimes, employers that, like in the case of BRP, do not treat them well. So, that's why we cannot have only a debate of numbers in terms of immigration, we need to talk about the model. And the model, right now, is a bad model. We need a model with more efforts  for immigrants to learn French, a model that respects their rights and that regionalizes them all across Québec.

Mme Mignacca (Franca G.) : And, on Churchill Falls, you mentioned, in French, that you'd like to see a good deal for Québec, but what would it look like to you?

M. Nadeau-Dubois : Yes.Well, the future of the energy, in Quebec, it's a very important challenge. It's one of the most important challenges that we have as a collectivity in the next decades, and Churchill Falls is an important source of energy for Québec. So, of course, it's an important deal for Québec. We need to keep that energy coming in. But we also need, and that's the more important thing, a transparent and overall plan to know where we're going collectively. Mr. Fitzgibbon cannot keep inventing, day-to-day, declaration by declaration, the future of energy in Québec. It's too important to be a thing that is left to the day-to-day impulse of one minister.

M. Authier (Philip) : How do you think Mr. Legault will do as a negotiator with Mr. Furey?

M. Nadeau-Dubois : Well, you know, I'm not at the table of negotiation and I will not negotiate in public at the place of the guy actually negotiating, but it's an important deal , it's an important source of energy for Québec. We need that energy for the future of Québec. And we all hope the deal is going to be a good deal for Quebeckers.

M. Authier (Philip) : And the casino that they're talking about opening in the Bell Center. I think it's Loto-Québec and the club du CH, negotiating, is it a good thing?

M. Nadeau-Dubois : The question a lot of people have, the question I have is :  Is this what downtown Montréal needs right now? Thousands of lotto machines, is it…

M. Grandmont : Slot machines.

M. Nadeau-Dubois : Slot machines.

Une voix : Videopokers.

M. Nadeau-Dubois : Videopoker machines. So, I think that's the question : Does downtown Montréal needs videopoker machines by thousands? Honestly, I can't wait to hear the Direction of Public Health on that issue because they, in the past, have been vocal in their opposition to similar projects in a similar area. There are vulnerable populations in these neighborhoods, and we need their expertise to take a good decision, but, I'll be honest with you, when you ask : Does downtown Montréal need thousands of videopoker machines? I think a lot of people, knowing that area, tends to say that the answer is no.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

M. Nadeau-Dubois : Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 03)