(Onze heures trois minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Content de vous retrouver ce midi, ici, à l'Assemblée nationale. Bien, d'abord,
je veux témoigner de ma solidarité envers tous les gens qui sont touchés en ce
moment par des inondations au Québec. C'est des milliers de vies qui sont
ébranlées en ce moment, puis c'est important pour moi, ce matin, de commencer
en leur transmettant toutes nos pensées, tout notre courage, toute notre
solidarité.
Je veux aussi remercier, bien sûr, les
premiers répondants qui sont sur le terrain en ce moment, mais aussi les
maires, les mairesses, les élus municipaux, les gens de la sécurité publique,
les bénévoles, tout le monde qui travaille sur le terrain en ce moment à aider
les gens qui sont touchés par les inondations dans plusieurs régions au Québec.
On ne se le cachera pas, c'est une semaine
difficile qui s'annonce. Et je veux dire au gouvernement du Québec que Québec
solidaire est à... on se met à la disposition du gouvernement pour collaborer,
pour aider. Si c'est souhaité, on sera là, parce que tout le monde doit
travailler dans le même sens dans ces situations difficiles.
Depuis plusieurs années déjà, les
scientifiques, mais aussi les gens sur le terrain, les maires, les mairesses
nous le disent, que le Québec doit se préparer à vivre de plus en plus d'événements
climatiques extrêmes comme ceux-là. Les inondations, les canicules, ce sont des
phénomènes climatiques qui vont s'intensifier, qui vont se multiplier, dans le
contexte des changements climatiques. Il ne faut pas avoir peur de le dire, il
ne faut pas avoir peur de le reconnaître. Et le rôle des élus, le rôle de toute
la classe politique, bien sûr, c'est d'être sur le terrain pour aider les gens
qui sont touchés. Il faut le faire, je suis heureux de voir le gouvernement le
faire, mais notre rôle, c'est aussi de prévoir, de préparer le Québec aux
prochaines catastrophes, parce qu'il y en aura d'autres, malheureusement.
C'est pour ça que, depuis des années, à
Québec solidaire, on fait la proposition de la création d'un fonds d'urgence
climatique au Québec pour mettre de l'argent à disposition des gens qui sont
sur le terrain et qui font face, déjà, aux changements climatiques. Je pense
aux citoyens, aux citoyennes, mais, bien sûr, également aux municipalités, qui
sont en première ligne de ces situations-là et qui appellent à l'aide depuis
des années, qui ont appelé à l'aide lors de la dernière campagne électorale.
Alors, à nouveau, ce matin, je tends la
main au premier ministre François Legault. Je lui demande d'être à l'écoute des
demandes, des appels à l'aide des municipalités du Québec, qui le disent :
Les changements climatiques sont commencés, il faut s'adapter, il faut se
préparer. Ça va coûter cher, aidez-nous. Moi, je pense qu'il faut les aider. C'est
notre responsabilité, au-delà des lignes partisanes, d'être au rendez-vous pour
aider les gens qui aident les Québécois, Québécoises qui ont les deux pieds
dans l'eau des changements climatiques.
Bien sûr, je veux revenir sur la saga du
troisième lien, une saga qui n'en finit pas de finir. Et je pense que ce à quoi
on assiste en ce moment, c'est à une véritable comédie d'incompétence, une
comédie d'incompétence, parce que, ce matin, ce qu'on a appris lors de l'étude
des crédits, c'est phénoménal. Vous savez que, lors de mon échange de mercredi
dernier avec le premier ministre du Québec, il a admis qu'il n'avait pas vu les
chiffres qui estiment le coût de son nouveau projet de troisième lien
100 % transport en commun. Il nous a dit qu'il savait que les chiffres
existaient, qu'il savait qu'ils étaient caviardés, mais qu'il ne les avait pas
vus puis qu'il ne les avait pas demandés.
Déjà, c'est phénoménal, pour un premier
ministre qui prétend, depuis son retour en politique, être un bon gestionnaire,
faire des choix, faire une promesse aux gens de la région de Québec de leur
construire un troisième lien sans même avoir regardé le chiffre qu'il a
pourtant juste ici, à savoir combien ça va coûter, ce projet de transport
collectif. Puis, à Québec solidaire, on a un préjugé favorable aux projets de
transport collectif en général, je le rappelle, mais il me semble que savoir
combien ça coûte, ce n'est pas un détail. Je ne demande pas de connaître la
couleur des murs à l'intérieur du tunnel. Je demande de connaître, puis je
pense que les Québécois demandent de connaître c'est quoi, l'estimé du
gouvernement de ce nouveau projet de troisième lien.
Et, ce matin, la ministre Guilbault, lors
d'un échange en étude des crédits, a confirmé qu'elle, elle les connaît, les
chiffres. Donc, elle, elle sait qu'est-ce qui est écrit ici, elle a vu la
version non caviardée. Ça, tout le monde s'en doutait, ça aurait été quand même
le bout du bout que la ministre des Transports, qui a commandé l'étude, ne
connaisse pas la version non caviardée de l'étude, mais la ministre Guilbault
nous a confirmé en crédits qu'elle n'en a pas parlé avec le premier ministre.
Donc, la ministre des Transports connaît
l'estimé du projet, mais décide de ne pas le dire au premier ministre. Le
premier ministre ne pose pas la question. Le chef de cabinet du premier
ministre ne pose pas la question. Alors, on a, à l'intérieur du gouvernement,
une partie du monde qui connaît le coût, une partie du monde qui ne connaît pas
le coût, puis ce monde-là ne se parle pas. Je veux dire, je ne sais plus par où
prendre ça, là. C'est une comédie d'incompétence.
Et là la seule chose à faire pour que ce
gouvernement-là se sauve la face, pour que François Legault se sauve la face,
c'est qu'il rende public l'estimé qu'ils ont fait produire. Donc, à nouveau, ce
matin, là, je demande à François Legault de se rendre service à lui-même et de
tout simplement faire preuve de transparence, dévoiler l'estimé des coûts du
troisième lien 100 % transport en commun. Je réitère qu'il est normal,
usuel pour un gouvernement, quand on annonce un projet, de donner un estimé
général des coûts. Personne ne s'attend à voir une ventilation exacte, mais un
estimé général, tous les gouvernements produisent ça quand ils annoncent des
projets d'infrastructure d'une telle ampleur. C'est la moindre des choses. Ruba.
Mme Ghazal : Merci,
Gabriel. Donc, comme vous le savez, j'ai déposé le projet de loi pour combattre
et prévenir les agressions à caractère sexuel dans nos établissements
scolaires. C'est la deuxième fois que Québec solidaire dépose ce projet de loi
là. Cette fois-là, je suis vraiment fière que le Parti québécois et le Parti
libéral du Québec aient joint leur voix à la mienne, en solidarité avec les
jeunes de La Voix des jeunes compte, notamment, qui appellent à ce qu'il y ait
une loi-cadre, la même qui existe déjà depuis quelques années dans les cégeps
et les universités pour protéger les jeunes adultes.
Non seulement La Voix des jeunes compte
appelle à ce qu'il y ait un projet de loi comme celui-là, mais il y a aussi les
parents, la Fédération des comités de parents qui a dit haut et fort que, pour
protéger les jeunes dans les écoles contre les agressions sexuelles, les jeunes
qui sont des mineurs, hein, je le rappelle... Il y a aussi le regroupement des
CALACS, il y a plein d'organisations de la société civile qui disent qu'on est
rendus là, qu'il faut une loi-cadre, comme celle dans les cégeps et les
universités, pour protéger et prévenir, aussi, les agressions à caractère
sexuel dans les écoles.
Donc, moi, ce matin, ce que je demande au
ministre Bernard Drainville, c'est d'être à l'écoute non seulement de Québec
solidaire, des oppositions, mais aussi des jeunes qui reçoivent des
témoignages, qui vivent des situations difficiles dans les écoles, les parents
et la société civile, qui demandent à ce qu'on protège les jeunes, qu'on ne
soit pas uniquement en mode réaction, mais aussi en prévention contre ces
agressions sur des mineurs. Merci.
Journaliste : Est-ce que vous
l'avez senti à l'écoute, justement? Sentez-vous qu'il y en a une, ouverture?
Mme Ghazal : Bien,
écoutez, jusqu'à maintenant, en fait, il me parle beaucoup qu'il existe déjà
des mécanismes. Moi, je le sens sensible, hein, M. Drainville. Il le
répète souvent, il ne réagit pas comme un politicien, mais il réagit comme un
père de famille qui a trois enfants. Il a été, comme tous les Québécois,
indigné par les cas d'agressions sexuelles qu'on a vus dans les médias, et il a
décidé d'agir, par exemple, avec des enquêtes, une ligne téléphonique, etc. Ce
que je lui demande ce matin, c'est d'écouter puis d'aller plus loin pour
protéger les jeunes, simplement d'être à l'écoute de ce que tout le monde lui
dit, puis aussi de faire ce qui existe déjà, comme je le disais, dans les
cégeps et les universités.
M. Bellerose (Patrick) : Connaître
l'estimé du troisième lien transport collectif, ça servirait à quoi? Parce que
c'est vrai, quand même qu'on... parce que c'est vrai, quand même, qu'on ne sait
pas du tout, pour l'instant, le tracé, qu'est-ce qui va passer dedans. Je veux
dire, la marge entre une formule et une autre est très, très, très importante,
là.
M. Nadeau-Dubois : Personne
ne s'attend à voir une ventilation sur 27 pages puis un estimé détaillé,
là, mais, avant de faire une promesse à nouveau, une deuxième promesse
solennelle aux gens de Québec, demander au premier ministre de regarder le
chiffre dans sa propre étude, là, c'est juste lui demander de faire preuve de
la rigueur minimale à laquelle on s'attend de la part d'un chef d'État.
M. Bellerose (Patrick) :
...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est que c'est une information... le premier ministre a reconnu que le coût de
son précédent projet avait été un facteur dans sa décision de tirer la plug. Et
là le coût ne serait plus un facteur pour proposer le nouveau projet? C'est
injustifiable. Le premier ministre a un estimé, la ministre des Transports a un
estimé. On ne leur demande pas de signer une promesse avec leur sang qu'il n'y
aura pas une piastre de plus de dépensée dans le projet. On leur demande de
faire preuve de transparence et de nous dire, grosso modo, qu'est-ce que ça
pourrait représenter pour les gens au Québec qui paient des taxes et des impôts
et qui vont financer la promesse. Parce que la promesse, elle a été réitérée.
Il me semble que ce monde-là a le droit de savoir combien ça va leur coûter.
M. Bellerose (Patrick) : ...que
la promesse n'est pas sérieuse si on n'a pas un chiffre qu'on peut avancer?
M. Nadeau-Dubois : Malheureusement,
là, cette saga du troisième lien, ce qu'on découvre de jour en jour et ce qu'on
continue à découvrir, c'est que ça n'a jamais vraiment été sérieux. Là, il
faudrait que ça le devienne. Il faudrait que ça le devienne, sérieux. Puis la
première étape pour que ça devienne sérieux, parce que du transport en commun,
on en a besoin dans la région de Québec, c'est de juste dire : En ce
moment, les données qu'on a nous parlent d'un estimé de x milliards, et on dit
tout de suite aux Québécois, Québécoises que ça pourrait évoluer si le projet
évolue. Les Québécois, Québécoises, c'est du monde intelligent. Ils sont
capables de comprendre que le coût d'un projet évolue à cause de l'inflation, à
cause des modifications à un projet. Habituellement, les gouvernements ont
cette transparence-là pour des projets d'infrastructure. Ça a changé combien de
fois, l'estimé de la ligne bleue à Montréal? Ça a changé combien de fois,
l'estimé de la réfection du tunnel Hippolyte-La Fontaine? Tout le monde
comprend, dans la vie, que les coûts, ça peut changer. Mais cacher un chiffre,
parce que c'est ce que fait le gouvernement en ce moment, c'est injustifiable.
M. Lacroix (Louis) : Mais,
au-delà du chiffre, dans l'étude en question, on a des temps de déplacement,
là, on compare des temps de déplacement versus, actuellement, transport en
commun, mais il n'y a pas de fréquentation envisagée dans ce tunnel de
transport en commun là. Est-ce que c'est normal qu'on n'ait pas... Parce que,
là, on dit : On est «all in» là-dessus, on s'en va là-dessus, on fait ça,
mais, dans le fond, on ne sait pas combien de personnes, on n'a pas
d'évaluation en termes de fréquentation. Ce matin, Mme Guilbault
a dit : «Build it and they will come», là, mais...
M. Nadeau-Dubois : Oui, c'est
ça. C'est ça qu'ils ont dit aussi avec le précédent projet. Je commence à avoir
de la misère à répondre à ces questions-là parce que, là, tu sais, je ne sais
plus par où prendre ça, là. Tu sais, il y a tellement d'improvisation. C'est
pour ça que je parle d'une comédie d'incompétence, là. Est-ce que le
gouvernement, par respect pour les gens de la région de Québec, des gens qui
étaient certains pour, certains contre, pourrait prendre une grande
respiration, là, faire preuve de rigueur, documenter son projet, et, une fois
qu'il est documenté, faire une annonce aux gens de Québec, faire une promesse
aux gens de Québec?
M. Lacroix (Louis) : Bien,
c'est ça que Mme Guilbault dit qu'ils sont en train de faire, là, puis qui
justifie...
M. Nadeau-Dubois : Non, non, mais
là, c'est parce que, non, non, ils l'ont déjà fait...
M. Lacroix (Louis) : ...qui justifie
le fait de ne pas donner de prix.
M. Nadeau-Dubois : Non, non,
mais ils ont estimé les coûts des projets. Les chiffres sont là. Mme Guilbault
s'est vantée de faire preuve de transparence en dévoilant l'étude et elle cache
une des informations les plus essentielles, de l'aveu même du premier ministre,
qui dit : C'est parce que l'autre projet nous coûtait pas mal trop cher
qu'on a fini par l'annuler. Donnez-nous les chiffres que vous avez en ce
moment, faites preuve d'humilité à l'effet que vous êtes... vous continuez à
documenter le projet et, une fois que vous aurez fait vos devoirs, vous ferez
une promesse. Là, ils continuent à faire une deuxième fois... en fait, une
huitième fois ce qu'ils ont fait déjà sept fois dans le passé, faire des
promesses broche à foin.
M. Bellerose (Patrick) : Avez-vous
l'impression que ça va coûter trop cher, justement?
M. Nadeau-Dubois : Je ne le
sais pas.
M. Bellerose (Patrick) : ...pour
Québec solidaire, c'était de passer par les ponts, on s'entend, là, on s'en
souvient.
M. Nadeau-Dubois : Nous, le
projet...
M. Bellerose (Patrick) : Avez-vous
l'impression qu'on ne veut pas le dire parce qu'il serait trop cher puis qu'au final...
M. Nadeau-Dubois : Nous, on a
pris un projet qui avait déjà été dans les cartons jusqu'à tout récemment dans
la grande région de Québec. On a fait ce qu'on a pu avec les ressources qui
sont les nôtres, comme parti d'opposition, pour faire une proposition crédible,
qui a été saluée, à l'époque, d'ailleurs, dans les pages du Journal de
Québec par de nombreux experts. Moi, je ne sais pas si cette
proposition-là, aujourd'hui, c'est encore la meilleure. Ce n'est pas moi qui
commande des études à millions de dollars. Mais la job du gouvernement du
Québec, la job du gouvernement du Québec, c'est de documenter ses promesses
puis ses projets. Puis François Legault ne le fait pas. Non seulement il ne le
fait pas, quand il le fait, il décide de ne pas regarder la page. Ça fait que
la page 124, là, on décide qu'on ne la regarde pas. Je veux dire, c'est
une comédie de l'incompétence.
M. Lacroix (Louis) : Sur les
changements climatiques, les municipalités, je pense, demandent 2 milliards
de dollars pour s'adapter aux...
M. Nadeau-Dubois : C'était leur
demande lors de la campagne électorale.
M. Lacroix (Louis) : Exactement.
Et ça, vous êtes d'accord avec ça? Est-ce que le gouvernement devrait,
justement, compte tenu de ce qu'on vit en ce moment, là... C'est une autre
démonstration quand même assez évidente qu'il y a des problèmes, là, qui s'en
viennent.
M. Nadeau-Dubois : Les coûts
de l'adaptation du Québec aux changements climatiques, ils vont être énormes,
et, plus on attend, plus cette facture-là va grandir. En ce moment,
malheureusement, collectivement, on fait les frais de l'inaction de plusieurs
gouvernements dans le passé. Moi, je veux qu'on arrête de pelleter par en
avant, qu'on investisse maintenant, qu'on épargne maintenant pour que ça nous
coûte moins cher plus tard. Les villes, en campagne électorale, parlaient de
2 milliards de dollars. Nous, on a fait, à l'époque, lors de la campagne,
une proposition de fonds d'urgence climatique. Il y a une étude récente qui
parlait de 20 milliards de dollars d'estimé des coûts d'adaptation aux
changements climatiques pour les 10 prochaines années au Québec. Ça va
prendre beaucoup d'argent, ça, c'est sûr. Ce n'est pas à moi, ce matin, à
dire : C'est x milliards de dollars, mais François Legault doit envoyer un
message. Il doit envoyer un message aux municipalités puis aux gens sur le
terrain que le gouvernement du Québec sera au rendez-vous et qu'il va augmenter
significativement ses investissements.
Journaliste : Bien, est-ce
qu'on est dans un genre de bataille de chiffres? Parce que, si je me rappelle
bien, on avait posé beaucoup de questions là-dessus en campagne électorale, là,
puis M. Legault n'avait pas l'air d'être fermé à de l'aide aux
municipalités, mais c'était le 2 milliards qu'il ne voulait pas. C'était
ça qui...
M. Nadeau-Dubois : Ce que M. Legault...
Je lui ai posé deux fois la question, au premier ministre, dans les dernières
semaines. Vous remarquerez que, la première fois, il vantait son Plan pour une
économie verte, il parlait de 9 milliards de dollars qui étaient à la
disposition des municipalités. Moi, je lui ai répondu que ça, c'est les
investissements totaux et qu'il y a là-dedans peut-être un peu de sommes pour
l'adaptation, mais surtout des sommes pour la lutte aux changements
climatiques. Ce n'est pas la même affaire. Par la suite, quand je lui ai posé
la question une deuxième fois, il avait changé sa réponse. Là, il a dit :
Il y a à peu près 400 millions. Là, on apprend que ce serait plus autour de
600 millions de dollars, dans ce 9 milliards, qui est réservé pour de
l'adaptation aux changements climatiques. Je ne sais pas si c'est 400 millions
ou 600 millions, mais ce n'est pas assez, il faut mettre beaucoup plus
d'argent.
Et qu'on me comprenne bien, là, chaque
dollar qu'on va mettre aujourd'hui pour se préparer, on va l'économiser
plusieurs fois dans l'avenir, là. Je vous invite à consulter le rapport de la Commissaire
au développement durable de la semaine dernière qui chiffrait les coûts de
l'érosion côtière au Québec, provoquée par les changements climatiques. Et là
aussi on parle de sommes qui sont extrêmement importantes, de centaines de
bâtiments menacés. Donc, ça ne peut plus être... en fait, les changements
climatiques, ce n'est plus un sujet théorique, c'est commencé. Il faut
s'adapter, et le gouvernement du Québec doit donner aux municipalités les
moyens de le faire, parce que les coûts de l'adaptation dépassent largement les
moyens qu'ont les municipalités en ce moment pour adapter leurs infrastructures.
Journaliste : Est-ce que vous
incluez là-dedans aussi les infrastructures, tu sais, comme... Parce qu'ils
demandaient aussi d'adapter les...
M. Nadeau-Dubois : L'adaptation
aux changements climatiques, c'est beaucoup de choses, hein, ça va des systèmes
d'égouts, par exemple, des municipalités à la question de l'érosion côtière, en
passant par la lutte contre les îlots de chaleur en ville, parce que, dans...
avec les canicules qui vont se multiplier, ça a des conséquences sur la santé
publique, sur la santé des gens. Il y a de plus en plus de décès, hein, partout
à travers le monde à cause des canicules qui se multiplient. Donc, c'est un
vaste chantier qui touche à peu près tous les pans de notre société. Puis faire
du Québec une société plus résiliente, ça commence par le gouvernement du
Québec qui envoie un message et qui dit : Nous allons être là, nous allons
investir. Et il faut que François Legault reconnaisse qu'en ce moment, c'est
une évidence, là, en ce moment, on n'en fait pas assez puis, en ce moment, on
n'est pas prêts.
M. Lacroix (Louis) : ...puis je
ne veux pas... moi, je connais très bien la région de Charlevoix et de
Baie-Saint-Paul particulièrement, j'ai vécu dans cette région-là pendant
plusieurs années, et je sais très bien que ce qui se passe en ce moment, là,
c'est du jamais-vu, O.K.?
M. Nadeau-Dubois : Oui, exact.
M. Lacroix (Louis) : Et même
l'adaptation, construire des murets de... ça n'aurait rien changé à ce qui se
passe en ce moment. On est au-delà de ça, on est dans des phénomènes
météorologiques extraordinaires.
M. Nadeau-Dubois : ...de
toute proportion, exact.
M. Lacroix (Louis) : Toutes
proportions gardées, ça n'aurait rien changé. Alors, qu'est-ce qu'on doit faire
dans ces...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
quand il va y avoir des catastrophes climatiques comme ça, il va y avoir des
dommages. Il va falloir reconstruire. Est-ce qu'on reconstruit pareil ou est-ce
qu'on reconstruit en mieux, de manière plus résiliente pour que, la prochaine
fois, on soit mieux préparés? Parce qu'en effet, moi, ce que j'entends aussi
sur le terrain de la part des gens à Baie-Saint-Paul, c'est : On n'a
jamais vu ça en des décennies. Malheureusement, ça va peut-être se reproduire.
Donc, ce qu'il faut, c'est que, quand on va réparer les dégâts, on ne
reconstruise pas à l'identique, on reconstruise en plus résilient puis en plus
adapté aux changements climatiques. Mais ça, ça va coûter plus cher, puis la
ville de Baie-Saint-Paul n'aura peut-être pas les moyens de le faire. Là, on
spécule, vous et moi, sur le cas de Baie-Saint-Paul, mais c'est un bel exemple
de pourquoi il faut... Quand on dit : Investir en adaptation puis en
résilience, c'est dire qu'il faut adapter nos infrastructures, parce qu'en
effet, en ce moment, dans plusieurs situations, nos infrastructures ne sont pas
prêtes.
Journaliste : Mais même pour
les citoyens? Parce qu'il y a plusieurs citoyens qui n'étaient même pas
assurables parce qu'ils ne sont pas en zone inondable, mais...
M. Nadeau-Dubois : Les zones
inondables changent.
Journaliste : Il faut revoir
la carte encore? Tu sais, il faut bonifier les programmes?
M. Nadeau-Dubois : Il y a
énormément de choses à faire. Est-ce qu'il y a certaines... On pourrait
reparler des pannes de courant de quelques semaines. Est-ce qu'il y a certaines
portions de fil qui pourraient être enfouies? Est-ce qu'il y a certaines routes
qui devraient être reconstruites différemment? Est-ce qu'il y a des plans
d'évacuation à moderniser, à la lueur de la nouvelle réalité climatique? Est-ce
qu'il y a des centres de crise à installer sur le territoire? Je veux dire, il
y a énormément de questions à se poser, mais il y a des scientifiques, il y a
des experts qui nous le disent : Les solutions existent. On est inventifs
au Québec, on est ingénieux, on est capables de s'adapter aux changements
climatiques, mais il faut que ça commence en haut de la pyramide avec le
premier ministre du Québec qui dit clairement : À partir de maintenant, ce
sera une priorité.
M. Bellerose (Patrick) : ...vous
entendre, un petit mot sur les athlètes trans. Il y a le Réseau sport étudiant,
par exemple, qui demande que Québec mette en place des balises claires pour
encadrer les demandes, parce que, pour l'instant, ça fonctionne par fédération.
Est-ce que Québec doit se mêler du dossier?
M. Nadeau-Dubois : C'est
la... c'est qui? Vous m'apprenez. C'est qui qui a fait la demande?
M. Bellerose (Patrick) : Le Réseau
sport étudiant, donc, qui demande qu'on mette en place des balises claires pour
les athlètes trans, parce que, pour l'instant, ça fonctionne par fédération, certaines
acceptent ou pas. Donc, est-ce que Québec devrait envoyer un signal?
M. Nadeau-Dubois : O.K. Bien,
honnêtement, vous m'apprenez que la demande a été faite par le Réseau du sport
étudiant. On pourra vous revenir avec une réponse plus complète, mais une chose
m'apparaît évidente, c'est que c'est une question qui est importante puis qui
est sensible. Il faut qu'on fasse ça dans le respect de tout le monde puis il
faut qu'il y ait un dialogue sur la question avec les gens sur le terrain, les
gens du milieu sportif, les groupes qui représentent les personnes trans pour
qu'on trouve une solution qui respecte les droits de tout le monde.
Mme Morin-Martel (Florence) : On
apprenait ce matin, là, qu'il y a certaines personnes trans, justement, non
binaires qui ne sont pas capables de faire changer le sexe sur la carte
d'assurance maladie. La RAMQ assure qu'il y a un comité qui se penche sur la
question, mais qu'est-ce qu'on doit faire? Ces personnes-là souffrent.
Qu'est-ce qu'on peut faire pour eux?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, il y a une loi qui a été adoptée. Cette loi-là doit être respectée par
les organismes publics. Ce n'est pas optionnel, ça. S'il faut faire... s'il
faut mettre en place des solutions temporaires, mettons en place des solutions
temporaires. Ma collègue Manon est en contact avec la jeune personne, là, Alexe,
dont il est question dans la nouvelle aujourd'hui. Donc, nous, on accompagne
cette jeune personne-là puis on va continuer de poser des questions à Mme Biron
pour s'assurer que la pression soit faite pour que les organismes appliquent la
loi, et qu'en attendant qu'ils soient capables de l'appliquer qu'ils mettent en
place des solutions transitoires. Parce qu'on a fait un pas en avant, au
Québec, en modifiant la loi. Il faut que les organismes suivent.
Mme Morin-Martel (Florence) : Quand
vous parlez des solutions temporaires, vous...
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
sais qu'en crédits ma collègue Manon avait demandé à la ministre Biron, par
exemple, si c'était possible de produire des papiers temporaires, des papiers
qui viendraient compléter le papier officiel, qui, lui, c'est ce qu'on nous
dit, n'est pas encore prêt à être mis à jour. C'est la question qu'avait posée
ma Manon à la... «ma Manon», c'est un peu ma Manon, mais je veux surtout dire
ma collègue Manon, puis je pense que c'était une bonne question. La ministre
Biron avait donné une réponse un peu évasive. Je pense que la piste pointée par
ma collègue Manon était intéressante. Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 26)