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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition, et Mme Alejandra Zaga Mendez, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’environnement

Version finale

Wednesday, May 3, 2023, 8 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures une minute)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour, tout le monde. Content de retrouver ce matin à l'Assemblée nationale. Bien, d'abord, sur une note pas mal moins joyeuse, je veux à nouveau ce matin témoigner de ma solidarité envers les familles... bien, enfin, d'abord, tous les Québécois et Québécoises qui sont touchés par les inondations. Mais c'est sûr que, dans les dernières heures, on a entendu des témoignages qui brisent le cœur de la part des familles qui sont toujours à la recherche de leurs proches, des deux... les familles, donc, des deux pompiers qui sont disparus dans la région de Charlevoix. Ces témoignages-là sont épouvantables, ils brisent le cœur. Il n'y a à peu près rien d'aussi tragique dans la vie que de perdre un être cher, que de perdre un fils, dans le cas d'un des témoignages qu'on a entendus. Voilà. Donc, les mots, on les cherche dans ces moments-là, mais je voulais commencer par témoigner de toute ma solidarité envers ces gens-là, parce que c'est triste, c'est des vies brisées. Et puis surtout, quand des vies sont perdues alors qu'elles essaient d'en sauver d'autres, ça a toujours un caractère encore plus tragique puis ça brise encore plus le coeur.

Aujourd'hui, d'ailleurs, le premier ministre va se rendre Baie-Saint-Paul. Puis, moi, je veux saluer ce matin ce déplacement-là de la part du premier ministre. Je pense que c'est important. Je pense que c'est important que les sinistrés voient que le gouvernement du Québec est là puis que le gouvernement du Québec va les aider à se relever de la tragédie qui les frappe en ce moment. Ça fait partie des responsabilités du gouvernement du Québec d'être là quand les catastrophes se produisent, en chair et en os, pour aider les gens.

Mais le gouvernement du Québec a aussi d'autres responsabilités. Et cette autre responsabilité du gouvernement du Québec, de l'État québécois, c'est de préparer l'avenir, c'est de préparer le Québec aux prochaines catastrophes, parce qu'on le sait, malheureusement, des catastrophes comme celles qu'on vit en ce moment, il va y en avoir de plus en plus puis elles seront de plus en plus fortes. C'est pour ça qu'il faut investir maintenant en adaptation aux changements climatiques. Et chaque dollar qu'on investit aujourd'hui, c'est 2 $, 3 $, 4 $, 5 $, 10 $ qu'on va économiser demain.

Quand j'entends François Legault parler de capacité de payer, je me dis : C'est ça qu'il ne comprend pas. Il ne comprend pas que, si on ne fait rien aujourd'hui, ça va coûter encore plus cher demain. François Legault parle de capacité de payer. Bien, la capacité de payer, ça ne se conjugue pas juste au présent. Moi, je demande au premier ministre d'arrêter de faire de la politique à court terme. Et là il faut se mettre à penser à long terme, puis envoyer la facture à nos enfants, ce n'est pas une solution. Il faut investir aujourd'hui pour économiser demain. Puis chaque dollar qu'on investit aujourd'hui, ce n'est pas une dépense, c'est un investissement, parce que c'est des économies qu'on va faire dans quelques années.

Quand j'ai posé la question au premier ministre hier, et j'ai fait de grands efforts pour la poser en m'élevant au-dessus de la partisanerie, le premier ministre a, encore une fois, rejoué le film de la dernière élection, a offert une réponse qui était complètement en deçà des attentes, une réponse qui n'est pas à la hauteur de ce qu'on s'attend d'un chef d'État en pleine urgence climatique. On a besoin de politiciens qui pensent à long terme et qui réalisent qu'investir en adaptation aux changements climatiques, ce n'est pas une dépense, c'est un investissement. Chaque dollar qu'on investit aujourd'hui, on va l'économiser plein de fois demain. Il faut que François Legault comprenne ça.

Mme Zaga Mendez : Merci, Gabriel. Et, pour faire suite, il faut qu'on reconnaisse à l'Assemblée nationale l'urgence d'agir face aux changements climatiques, et c'est pour cela qu'aujourd'hui je vais déposer une motion, pour que le gouvernement reconnaisse ce que la science nous dit. La science nous dit qu'il faut prévoir, il faut agir en prévision et s'adapter aux changements climatiques. Et la science nous dit aussi que ce sont les municipalités qui vont avoir ce fardeau-là, et que les villes, on a évalué qu'il nous faut 2 milliards par année pour l'adaptation des infrastructures municipales aux changements climatiques. Et c'est pour ça qu'on dépose cette motion-là.

J'aimerais quand même dire un mot sur la Fonderie Horne. Ce qu'on a appris ce matin concernant la pollution d'arsenic qui se trouve sur la neige à côté de l'école, dans les cours d'école où des enfants de Rouyn-Noranda jouent, c'est très, très grave. C'est très, très grave parce que les émissions... les constats qu'on a, là, c'est que, depuis trop longtemps, nos enfants sont exposés à des substances chimiques nocives pour la santé à des proportions qui sont anormalement élevées. Puis c'est quand même quelque chose de se dire qu'on doit réfléchir avant d'envoyer un enfant jouer dehors parce que ça se peut qu'il soit en contact avec l'arsenic quand il joue. C'est inconcevable qu'au Québec on ait cette situation-là.

Et il faut se rappeler c'est quoi, les conséquences pour la Fonderie Horne, parce que la Fonderie Horne continue à polluer notre environnement, elle continue à émettre des émissions d'arsenic au-delà de ce qui est suggéré par la Santé publique. Alors, c'est le temps que le gouvernement, que la CAQ mette ses culottes et qu'il responsabilise la Fonderie Horne, parce qu'il faut arrêter avec cette négligence-là. Il faut que la fonderie assume les conséquences de ses actes.

M. Laforest (Alain) : M. Gabriel Nadeau-Dubois, on comprend ce matin que c'est un mauvais pari politique du premier ministre de se lancer dans le projet de troisième lien et de le mettre à l'avant comme promesse électorale. Quelle est la lecture que vous faites de ça, à la... avec le sondage, là, qui ne vous est pas très favorable d'ailleurs?

M. Nadeau-Dubois : Au-delà des chiffres de sondage, ce que la saga du troisième lien nous apprend, c'est que lancer des promesses en l'air, c'est une mauvaise idée. Puis ce n'est pas juste une erreur politique, ce n'est pas bon pour la confiance que les gens devraient avoir dans les institutions politiques. Et, en ce moment, que les gens aient été pour ou contre le projet de troisième lien, tout le monde sent qu'ils se sont fait avoir. Puis ça, c'est un problème qui dépasse largement les chiffres de sondage ou l'avenir des partis politiques. Ce n'est juste pas bon pour la démocratie.

M. Laforest (Alain) : Juste pour conclure là-dessus, ça ne vous profite pas du tout, là?

M. Nadeau-Dubois : Bien, les élections sont dans trois ans. On a deux députés à Québec qui font de l'excellent travail, qui sont sur le terrain à temps plein. Je pense que, là, on jugera l'arbre à ses fruits en 2026. Ce n'est quand même pas demain matin.

M. Lacroix (Louis) : Sur ce qui s'est passé à Saint-Urbain, les deux pompiers, les familles des deux pompiers sont, évidemment, bien, dévastées. Il y a même une des familles qui dit qu'on a envoyé M. Lavoie à la mort. C'est des pompiers volontaires là-bas, c'est-à-dire que c'est une petite organisation, c'est des pompiers de proximité. Est-ce que ça prend une enquête pour savoir ce qui s'est véritablement passé? Là, ce qu'on sait, c'est qu'ils étaient dans un Argo qui n'était même pas propriété du service des pompiers. C'était un particulier qui avait prêté cet Argo-là. Il y a des circonstances qui sont assez inquiétantes, la façon dont ça s'est passé. On comprend que ces gens-là voulaient évidemment aider, là, mais est-ce que ça ne prend pas une enquête pour comprendre ce qui s'est passé et savoir s'ils étaient bien préparés pour faire face à un événement comme ça?

M. Nadeau-Dubois : Moi, ces témoignages-là, ils m'ont viré à l'envers, là. Quand je les ai entendus hier en fin de journée, ça m'a viré à l'envers. Des vies perdues, c'est toujours tragique, mais là on a des gens qui se sont mis en danger pour en sauver d'autres, et on se rend compte qu'ils n'étaient peut-être pas les mieux équipés pour le faire. On en sait encore assez peu sur les circonstances, mais disons que ça pose des questions. Moi, ces témoignages-là, je ne les trouve pas juste troublants, je les trouve inquiétants. Et puis on va suivre la situation de près. Puis disons qu'à ce stade-ci je pense qu'il ne faut pas fermer la porte à une enquête pour faire la lumière là-dessus, parce que c'est des gens qui sont appelés à venir aider leur communauté. Il faut qu'ils soient bien équipés, il faut qu'ils soient capables de faire leur travail, souvent bénévole d'ailleurs, sans mettre leur vie en danger.

M. Lacroix (Louis) : Mais c'est parce que, tu sais, des situations comme ça, d'abord, ça va survenir dans le futur, là, on comprend que... et des petits corps de pompiers volontaires comme ça, il y en a énormément au Québec, là, qui font... des gens qui font un travail extraordinaire, là. On ne remet en question leur volonté, tout ça, mais est-ce qu'ils sont bien encadrés, est-ce qu'ils ont la bonne formation?

M. Nadeau-Dubois : Quand on parle d'adaptation, là, à la nouvelle réalité climatique, on ne parle pas juste de rénover des égouts, hein, on parle de revoir les plans d'urgence, de revoir le déploiement des ressources sur le territoire en cas de catastrophe. Donc, l'adaptation aux changements climatiques, ce n'est pas juste une question d'infrastructure, c'est aussi une question de ressources humaines. Est-ce qu'on est prêts, comme société, à affronter ces catastrophes-là qui vont être plus fréquentes puis qui vont être plus féroces? C'est une vaste question. C'est pour ça que ça prend une vision, ça prend un plan à long terme. Oui, il faut répondre aux besoins des municipalités sur le plan strictement financier pour les infrastructures, mais ça pose aussi des questions comme celle-là. Est-ce qu'on a ce qu'il faut en termes de services d'urgence sur le territoire, en termes de centres de crise, de centres opérationnels, de plans d'évacuation? C'est tout ça, l'adaptation aux changements climatiques. Il y a des coûts directs, il y a des coûts indirects et il y a aussi des coûts humains, et c'est pour ça qu'il faut avoir une vision à long terme et qu'on ne peut pas se restreindre à dire : Ça coûte trop cher pour mon budget l'année prochaine. Il faut penser sur cinq, sur 10, sur 15 ans.

M. Desrosiers (Sébastien) : Mais, sur les coûts, c'est quand même 10 milliards de dollars sur cinq ans que demandent les municipalités. Je comprends, là, ce que vous dites à M. Legault, là, que c'est une question d'investissement, mais ça représente quand même beaucoup d'argent. Est-ce qu'il faut absolument atteindre cette cible-là pour vous?

M. Nadeau-Dubois : D'abord, les chiffres du premier ministre ont changé, hein? La semaine dernière, je lui posais déjà des questions sur l'adaptation aux changements climatiques et il nous parlait, là... le ministère de l'Environnement nous parlait d'à peu près 650 millions de dollars pour l'adaptation aux changements climatiques. Hier, il nous est revenu avec un nouveau chiffre de 1,2 milliard. Puis ce qu'on comprend, c'est que, dans ce 1,2 milliard là, il y a un collage de plusieurs sommes qui viennent de plusieurs ministères. Nous, on n'a pas les détails des calculs de M. Legault. Qu'est-ce qui, dans ces sommes-là, pourrait déjà être inclus dans l'enveloppe de 2 milliards demandée par les municipalités? Ça, c'est une question, vous comprendrez, à laquelle moi, je ne suis pas en mesure de répondre parce que je n'ai pas les détails du calcul de M. Legault. Est-ce que c'est 2 milliards d'argent neuf? Est-ce qu'il y a une portion des sommes déjà annoncées par M. Legault qui comble ça? Je ne suis pas au ministère des Finances du Québec, je ne le sais pas. Mais ce que je sais, c'est que les municipalités sont claires, elles manquent d'argent pour faire face à ce qui s'en vient, et faire une économie aujourd'hui là-dessus, c'est se magasiner une facture trois, quatre, cinq fois plus chère plus tard. Donc, un bon comptable, là, ce n'est pas juste quelqu'un qui compte pour aujourd'hui, c'est quelqu'un qui compte aussi pour demain, et M. Legault devrait, ça, le comprendre.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Donc, est-ce qu'il faudrait mettre ça sur la dette, le 10 milliards? Est-ce que ça serait responsable de faire ainsi?

M. Nadeau-Dubois : Bien, moi, je pense que... en fait, vous connaissez, là-dessus, la position historique de Québec solidaire, qui était de cesser les nouveaux versements au Fonds des générations pour les rediriger vers la lutte aux changements climatiques et l'adaptation aux changements climatiques. C'est ce qu'on a proposé lors de la dernière campagne électorale.

M. Lacroix (Louis) : Ça, ce n'est pas pelleter par en avant la dette?

M. Nadeau-Dubois : Non, parce qu'on ne pigeait pas dans le Fonds des générations, contrairement à ce que François Legault a fait pour ses baisses d'impôt. On conservait les sommes déjà présentes au Fonds des générations, mais on priorisait et on disait : Là, les nouvelles sommes, là, les centaines de millions, voire les quelques milliards de dollars par année qu'on envoie dans le Fonds des générations, là, la priorité pour les générations futures, c'est la dette climatique, c'est l'adaptation aux changements climatiques, il faut faire des choix pour l'avenir et, dans un contexte où la dette publique est sous contrôle au Québec, même Eric Girard le reconnaît, la décision sage, c'est d'investir ces sommes-là pour préparer l'avenir de nos enfants dans un contexte de changements climatiques.

M. Bossé (Olivier) : ...gouvernement du Québec serait rendu à imposer une taxe climat, expliquer : Regardez, ça nous coûte tant de plus par année, alors...

M. Nadeau-Dubois : Moi, je pense qu'on peut faire des...Moi, je pense qu'on peut faire des choix différents, puis je viens de vous donner un exemple. Est-ce que c'est sage de continuer à verser des nouvelles sommes dans le Fonds des générations alors que la dette publique est sous contrôle? Est-ce qu'on ne devrait pas rediriger ces sommes-là, à l'avenir, vers la lutte aux changements climatiques, vers l'adaptation aux changements climatiques? Une chose est certaine, si on ne fait rien aujourd'hui, là, le fardeau économique et fiscal des changements climatiques va écraser les prochaines générations. Alors, c'est sage de commencer aujourd'hui à épargner, à investir pour diminuer le fardeau économique que ça va représenter dans quelques années. On va le payer... Chaque économie qu'on fait aujourd'hui, là, on va le payer en triple, en quadruple, en quintuple dans quelques années. C'est une mauvaise philosophie comptable que d'économiser en adaptation aux changements climatiques.

M. Laforest (Alain) : Lorsque le premier ministre dit, hier, entre autres, que c'est un partage avec les municipalités, dans le fond, c'est qu'il ne veut pas porter l'odieux d'augmenter le fardeau de taxation des contribuables. Parce que tout ce que les gouvernements proposent, ça sort de la même poche, là, ça sort de la poche des contribuables. Est-ce que vous faites la même lecture que moi?

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est-à-dire que moi, j'irais plus loin. L'adaptation aux changements climatiques, ce n'est pas juste une responsabilité partagée entre le Québec et les villes, c'est une responsabilité de toute la société québécoise : les villes, Québec, les municipalités, les syndicats, les communautés, on a des partenaires autochtones là-dedans. Je veux dire, c'est toute la société québécoise qui doit se concerter.

M. Laforest (Alain) : Moi, je parle de ceux qui paient.

M. Nadeau-Dubois : Bien, ceux qui paient, là, ce n'est pas seulement les citoyens en chair et en os, il y a des grandes entreprises qui sont responsables d'une portion importante de nos émissions de gaz à effet de serre au Québec. Et, oui, il faut faire des choix, il faut faire des choix, mais faire les bons choix, c'est faire des choix pas juste pour aujourd'hui, c'est penser aussi à l'avenir. Puis économiser aujourd'hui, ça veut juste dire une chose, économiser aujourd'hui, là, en adaptation aux changements climatiques, ça veut juste dire envoyer la facture à nos enfants puis nos petits-enfants, puis se boucher les yeux, se boucher les oreilles. Je pense que ce n'est pas une bonne idée.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Le réseau de l'éducation veut faire une réforme, comme en santé il y en a une aussi, sur deux plans. Un institut national d'excellence en l'éducation, les profs ne semblent pas en vouloir, mais est-ce que vous, vous êtes d'accord avec ça? Ça serait une bonne idée?

M. Nadeau-Dubois : D'abord, c'est qu'on se retrouve encore dans une situation où le gouvernement décide de communiquer aux médias en détail le contenu d'un projet de loi qui n'a pas été déposé et qu'on n'a pas lu. Donc, moi, commenter sur les détails d'un projet de loi qui n'existe pas encore, ce n'est pas possible pour moi, c'est très périlleux. Sur l'idée d'un institut, il y a des gens dans le passé qui ont dit que ça pourrait améliorer la pratique enseignante, d'autres qui étaient plus critiques. Moi, ce que j'espère du projet de loi de demain, là, ce que j'espère de la réforme Drainville, c'est qu'elle va nous aider à faire face aux problèmes qui sont, sur le terrain, criants en éducation. Et le problème en ce moment qui est urgent et criant, je ne dis pas que c'est le seul, mais c'est le plus pressant, c'est la pénurie de main-d'oeuvre. Il manque de profs, il manque de professionnels. Comment on ramène ces gens-là dans le système d'éducation? Si la réforme Drainville ne répond pas à ça, elle passe à côté du problème numéro un en éducation en ce moment.

M. Robillard (Alexandre) : Vous avez dit : Il reste encore trois ans d'ici la prochaine élection, on jugera l'arbre à ses fruits. Qu'est-ce qui va changer pour Québec solidaire d'ici trois ans, comparativement à ce qu'on observe actuellement, là, dans sa situation, dans les intentions de vote?

M. Nadeau-Dubois : Bien, on a déjà annoncé qu'on allait entamer, d'abord, puis ça, je pense que c'est une démarche qui est importante pour notre parti, une grande tournée des régions du Québec. Elle va se mettre en branle bientôt. On a des annonces qui s'en viennent à cet effet. Puis ça va être l'occasion pour nous vraiment d'établir un vrai dialogue avec les gens partout sur le territoire du Québec pour savoir comment on peut améliorer le projet qu'on a pour le Québec pour qu'il réponde encore plus aux préoccupations des gens dans toutes les régions. C'est une démarche qu'on a entamée à notre dernier conseil national, on est en train de la déployer, et moi, je pense que ça va porter ses fruits pour qu'on apprenne.

M. Robillard (Alexandre) : Comment vous expliquer, là, on est à... Ça ne fait même pas six mois, je pense, depuis les dernières élections, là. Il y a une tendance à la hausse pour le Parti québécois. Comment vous expliquer cette...

M. Nadeau-Dubois : Je vais laisser... Il y a des gens dont c'est le travail dans la vie d'analyser les différents partis politiques. Je vais les laisser faire leur travail. Pour ce qui est de mon parti...

M. Robillard (Alexandre) : ...réflexion par rapport à cette situation-là? Est-ce que, par exemple, l'indépendance joue un rôle dans cette analyse-là?

M. Nadeau-Dubois : Bien, je vous dirais que, dans la vie comme en politique, il est sage de se concentrer sur ce qu'on contrôle. Puis moi, ce que je contrôle, comme porte-parole de Québec solidaire, ce sur quoi j'ai une influence en tout cas, c'est ce qu'on fait comme formation politique puis c'est quoi, les efforts qu'on fait pour s'améliorer, devenir meilleur, puis être encore plus pertinents en 2026. La tournée des régions qui va s'ébranler bientôt... se mettre en branle bientôt, c'est une piste intéressante. C'est ce que nos membres nous... ont décidé de planifier, puis on va travailler là-dessus.

Une voix : ...

M. Nadeau-Dubois : Bien, je pense que le constat de la dernière élection, pour nous, là-dessus, était assez clair. On a d'ailleurs fait... On est le seul parti depuis la dernière élection à avoir fait un gain. On l'a fait dans la région de Montréal. Ça, je pense, ça montre qu'on est encore une force politique qui est capable de faire des gains en ce moment. La prochaine étape pour nous, j'ai eu l'occasion d'en parler abondamment dans la foulée de notre dernier conseil national, c'est de relever le défi de continuer à s'étendre dans toutes les régions du Québec. On est conscients que c'est un défi qu'il faut relever puis on y travaille déjà.

Mme Plante (Caroline) : ...le PQ, actuellement, fait mieux, fait quelque chose de mieux que vous?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je vais laisser les gens dont c'est le travail dans la vie analyser le travail du Parti québécois. Moi, je me concentre sur mon travail comme porte-parole de Québec solidaire. Puis je pense qu'on a un plan de match qui va nous permettre de revenir encore plus fort en 2026. Et je vous rappelle que, cette session-ci...

M. Laforest (Alain) : ...trouver le café amer un peu.

M. Nadeau-Dubois : Ah! le militant solidaire, il se rappelle qu'on a gagné avec une grosse majorité une élection partielle qui était importante pour nous. Personne n'avait prévu une victoire aussi importante de Québec solidaire dans Saint-Henri—Sainte-Anne. Je ne vous dis pas que ça règle tous les enjeux, mais c'était quand même une très bonne nouvelle pour Québec solidaire cette session-ci, et je pense que nos troupes restent mobilisées suite à cette victoire-là.

M. Robillard (Alexandre) : ...le thème de l'indépendance, le Parti québécois en fait son cheval de bataille. Avez-vous l'impression que ça, c'est un facteur dans le...

M. Nadeau-Dubois : Je vais... Il y a des analystes qui analyseront le Parti québécois. Moi, je suis porte-parole de Québec solidaire. Je trouve qu'on a une excellente session parlementaire, je trouve qu'on a en ce moment une excellente session de crédits. On a gagné une élection dans Saint-Henri—Sainte-Anne. On avait misé gros, on avait l'obligation de gagner puis on l'a fait.

M. Pilon-Larose (Hugo) : ...frustrant pour vous quand même. Si tout va si bien puis que ça ne se reflète pas dans les sondages, vous, votre café doit être amer en maudit.

M. Nadeau-Dubois : Mon café était très bon ce matin. Je suis content que vous vous inquiétiez pour la qualité de mon café ce matin, M. Pilon-Larose. Mon café était très bon ce matin. Les élections sont dans trois ans. Il reste beaucoup de travail à faire. Moi, je pense qu'on a un bon projet. Puis, je vous répète, le gros test pour nous, là, en fait, le gros test pour tous les partis politiques, ce n'est pas de réussir dans les sondages, c'est réussir dans les élections. Il y en avait une puis on l'a gagné.

M. Gagnon (Marc-André) : Parlant de réussir aux élections, là, mon collègue Alexandre parlait de l'indépendance. Est-ce qu'éventuellement une fusion avec le Parti québécois, vous pourriez...

Une voix : ...

M. Gagnon (Marc-André) : ...non, mais retourner à des discussions vers ça, ou est-ce qu'aujourd'hui vous l'écartez complètement?

M. Nadeau-Dubois : Il n'y a pas de discussion à cet effet et il n'y a pas de discussion, à ma connaissance d'ailleurs, ni dans un parti ni dans l'autre à cet effet pour le moment.

Mme Plante (Caroline) : Est-ce que le PQ, d'après vous, s'illustre? Êtes-vous prêt à dire qu'il s'illustre en ce moment?

M. Nadeau-Dubois : Je vais... je ne commenterai pas la manière dont s'illustrent les différents partis politiques à l'Assemblée nationale. Je pense que tout le monde...

M. Laforest (Alain) : François Legault n'est pas... Ça, vous le dites souvent.

M. Nadeau-Dubois : Bien là, c'est parce que moi, je suis dans l'opposition. Vous comprenez que mon adversaire premier, c'est François Legault, parce que le parti...

M. Laforest (Alain) : Pas à Québec...

M. Nadeau-Dubois : Bien, il y a deux partis à Québec qui ont des députés, M. Laforest, la Coalition avenir Québec puis Québec solidaire.

M. Laforest (Alain) : Mais comprenez-vous mieux pourquoi Bernard Drainville pleurait il y a deux semaines?

M. Nadeau-Dubois : Moi, l'émotion, en politique, ça ne me dérange pas, puis ne je regarderai pas de haut des politiciens qui vivent des émotions compliquées puis fortes. Mais je constate qu'il n'y a pas eu cette émotion-là quand ils ont renié leur promesse de réformer le mode de scrutin.

M. Gagnon (Marc-André) : Mais, pour Taschereau et Jean-Lesage, les résultats qu'on voit ce matin, quand même, ce n'est pas encourageant. Ce n'est pas un bon signe pour M. Grandmont, M. Zanetti.

M. Nadeau-Dubois : Si ma mémoire est bonne, bien des analystes, bien des sondages, bien des projections nous prédisaient de perdre Jean-Lesage jusqu'à il y a quelques semaines avant l'élection. Pourtant, mon collègue Sol Zanetti l'a emporté avec une marge quand même confortable. Moi, je pense que le vrai test pour les partis, ce n'est pas les sondages, c'est les élections.

M. Gagnon (Marc-André) : Malgré tout, vous croyez que des surprises, c'est encore possible pour QS?

M. Nadeau-Dubois : Des surprises?

M. Gagnon (Marc-André) : Bien, vous dites : On a surpris les gens dans Jean-Lesage, on a surpris...

M. Nadeau-Dubois : Bien, je pense qu'à trois ans de l'élection... à trois ans des prochaines élections, je pense qu'on n'est pas encore dans le vocabulaire des surprises ou des pas surprises. Ce que je vous dis, c'est que le vrai test pour un parti, ce n'est pas sa capacité à bien performer dans un sondage, c'est sa capacité à gagner des élections. Il y en a eu une cette session-ci puis on l'a gagné.

In English.

Mme Henriquez (Gloria) : Do you think that Mr. François Legault has failed to plan the potential disasters that we're seeing right now when it comes to climate change?

M. Nadeau-Dubois :You know, in such times, when people are in distress, and it's not only the people that are affected right now that are in distress, it's the million of Quebeckers that are asking themselves : Am I next?, in those times, our responsibility is not to point fingers at someone and say : You're to blame, our responsibility is to find solutions for the future and to prepare the future. What I don't understand is why Mr. Legault keeps talking about our capacity to pay for adapting ourselves to climate change, because, if we don't pay right now, we're just going to pay ten or 100, a thousand times more in a few years. So, a wise accounting strategy would be to spend now in order to save money later. Mr. Legault is doing the opposite, is talking the opposite, and I think that's short-term politics. And, right now, we need long-term politics.

Mme Henriquez (Gloria) : He's meeting with the UMQ, and one of the topics that they are going to discuss is more money for municipalities to tackle that kind of thing.

M. Nadeau-Dubois : I think he's going to hear a lot of things in the next days that goes in that direction. I think he can expect to be questioned by the municipal elected officials in Québec, because those men and those women are… those mayors are on the frontline of climate change, they are seeing it concretely on their… on the ground. And Mr. Legault keeps talking about the fact that it's going to cost too much. I mean, it's just going to cost more if we wait. So, that's not a wise thing to do, it's not a logic thing to do, even from an accounting point of view.

Mme Henriquez (Gloria) : But where do you get the money from? Because it's a lot of money, according to...

M. Nadeau-Dubois : At the last general election, we... the proposition of Québec solidaire was to stop putting new money into the Fonds des générations to use that money, really, to help next generations. Because the debt that is not under control is the climate debt. The public debt is under control in Québec. Even Mr. Girard and Mr. Legault recognize it. So, we need to use that new money. The money that is in the Fonds des générations right now, let's keep it there, no problem with that. But the new money, there are hundreds of million and sometimes billion of dollars we put each year in that fund, should be redirected to fund the fight against climate change and the adaptation to climate change. This is the way, in 2023, to take care of future generations. Merci beaucoup.

(Fin à 8 h 26)